Mois : octobre 2013

  • D’Escobar à Mohamed VI

    Le Maroc utilise cette drogue comme « moyen de chantage » pour tenter d’imposer ses visions dans la question du Sahara occidental : un atout politique par excellence.

    Massinissa Boudaoud
    Cinquante ans après la signature de la Convention de l’ONU sur les drogues et quarante ans après que le président Nixon eut lancé la guerre antidrogue du gouvernement nord-américain, le monde atteste impuissamment à son propre échec. C’est un organisme international qui vient d’annoncer cette débâcle interplanétaire face une prolifération des psychotropes sur toutes ses formes connues et méconnues. 
    Et comment attendre un autre résultat que celui que vient d’établir les experts de la lutte contre la prolifération de la drogue quand des États, comme le Maroc, s’impliquent dans la production et font de cette « saloperie » un marché juteux. Actuellement, selon ce même document, les fournisseurs développent une politique commerciale agressive multipliant les offres quantitatives : héroïne, cocaïne et cannabis sans se soucier du prix. 
    Quant à la qualité, c’est une autre paire de manches : variée, produits de synthèse, amphétamines et dérivés… Tout se fait dans un silence médiatique impressionnant, minimisant ou ridiculisant les opposants, présentés comme ringards, idéologues ou tout simplement moralistes… Si dans la Colombie d’Escobar la culture de l’héroïne s’est ancrée dans la culture sociétale des paysans démunis et marginalisés par l’État, le royaume alaouite continue de verser son fuel sur l’Algérie. Tout compte fait, il n’y a pas que le discours belliciste et haineux marocain contre l’Algérie qui est pernicieux, les drogues, douce et dure, pénètrent facilement dans le territoire pour finir entre les mains des jeunes, des ados, voire même des écoliers. 
    Le Maroc utilise cette drogue comme « moyen de chantage » pour tenter d’imposer ses visions dans la question du Sahara occidental : un atout politique par excellence. En étant permissif devant les agissements des réseaux de trafic de drogue, il exerce aussi un chantage sur Alger, pour la contraindre à changer de position ou abandonner leur soutien au peuple sahraoui auquel l’Organisation des Nations unies reconnaît le droit à l’autodétermination et à l’indépendance. Le bilan des services de sécurité est effrayant : quotidiennement les décomptes font état de saisies d’importantes quantités. Face à l’ampleur, l’armée algérienne est appelée à la rescousse pour lutter contre ces trafics. La politique de « sois avec moi ou je te drogue » adopté par le Makhzen est une arme qui pourrait se retourner contre son auteur.
  • Le Maroc tente de limiter son isolement dans la région

    La politique extérieure du Maroc est guidée par son ambition de contrôler les ressources du Sahara Occidental. Une ambition partagée avec les locataires de l’Elysée. De ce fait, le Makhzen est un symbole de l’influence de Paris dans la région et un modèle indiscutable d’allégeance au fait colonial.
    Le Maroc rêve de retourner par la fenêtre du continent africains duquel il est sorti par la porte. Profitant de ses relations avec la France, Mohammed VI est arrivé dans les bagages de François Hollande à Bamako accompagné d’un énorme brouhaha pour, selon les déclarations officielles, apporter son aide au gouvernement malien. Une assistance très limitée par la mauvaise conjoncture traversée par l’économie marocaine. Le royaume va former 500 imams maliens et installer un « hôpital temporaire de campagne », à Bamako, où des médecins marocains vont soigner gratuitement « tous ceux qui le souhaiteront ». Une aide bien maigre pour un pays ravagé par la guerre et la sécheresse.
    Mohammed VI, connu pour son absence dans ce genre d’événements, veut récupérer un peu du terrain perdu en Afrique et renouveler l’allégeance à la France. Le Maroc rêve d’être gratifiée avec un retrait de la reconnaissance malienne de la république sahraouie, sous les prescriptions évidentes de François Hollande. 
    La diplomatie marocaine tente de reprendre la main et de peser sur les événements dans la région. Dans ce but, Rabat mène aussi une guerre de propagande visant à envenimer les relations entre le Mali et la Mauritanie. L’entente entre Nouakchott et Rabat n’est pas au beau fixe. Le Maroc a même menacé d’accueillir Maaouiya OUld Taya sur son sol pour attaquer Mohamed Ould Abdelaziz.
  • Sahara Occidental : L’autre guerre de la France

    Le conflit du Sahara Occidental qui oppose le Maroc aux sahraouis dure depuis plus de 37 ans. Un des plus vieux contentieux de la planète. Nombreux sont ceux qui se posent des questions sur les raisons de la longévité de ce conflit. 
    Pourtant, il s’agit d’un problème de décolonisation. Le colonisateur espagnol parti, le peuples sahraoui devrait se prononcer sur son destin. Rien de plus simple. Mais, la France s’y oppose.
    En 1975, la France et les Etats-Unis, ont encouragé le Maroc à envahir l’ancien Sahara Espagnol pour freiner l’expansion de l’idéologie socialiste du pays voisin, l’Algérie. Mais cela n’a plus de sens, aujourd’hui, puisque la Guerre Froide est finie il y a plus de 20 ans.
    Aujourd’hui, le conflit persiste grâce au soutien français à Rabat. La France ne veut pas d’un pays hispanophone dans la région. Elle veut en faire un territoire marocain pour profiter de ses nombreuses richesses naturelles : phosphates, pêche, uranium, pétrole, etc.
    De ce fait, Paris s’oppose à tout référendum d’autodétermination dans l’ex-colonie espagnole. Plus encore, grâce à son veto au Conseil de Sécurité, le Maroc poursuit et multiplie ses actes de répression en toute impunité. 
    Ban Ki-moon et la communauté internationale laisse faire la France sans tenir compte des conséquences graves que cela pourrait engendrer. 
    La situation dans le nord du Mali a démontré que la violence ne peut être une solution. Tant que la volonté de la population touarègue n’est pas respectée, la paix sera un mirage dans le désert. 
    Au Sahara Occidental, si le président François Hollande s’imagine que la violence marocaine apportera la solution, il se trompe. Il se trompe aussi, s’il pense que les sahraouis vont rendre les armes. Le respect des aspirations du peuple sahraoui est le seul gage pour la pais et la stabilité dans la région. La répression marocaine ne fera que radicaliser une jeunesse sahraouie déjà meurtrie par la situation de ni guerre ni paix qui prévaut depuis plus de 20 ans.