Mois : avril 2013

  • Communiqué Sortir du Colonialisme: François Hollande chez Son ami le Roi

    Le Président de la République en venant au Maroc prend une fois de plus position au nom de la France en faveur de la politique coloniale du Maroc exercée à l’encontre du peuple sahraoui. L’Association Sortir du colonialisme qui organise la Semaine anticoloniale et antiraciste dénonce cette orientation qui empêche la conclusion d’une paix juste et durable dans cette région. Alors que la France a entrepris une guerre au Mali au nom de la lutte contre l’occupation d’une partie de ce territoire par les forces djihadistes, elle ne dit et ne fait rien face au Maroc qui occupe illégalement le territoire d’un autre peuple.
    Sortir du colonialisme considère que la question de Sahara Occidental est d’abord un problème de décolonisation. Le Sahara Occidental, considéré depuis 1964 par l’Onu comme un territoire non-autonome, est avec Mayotte la dernière colonie en Afrique que le Maroc, occupe depuis 1975. Le Maroc refuse obstinément l’organisation d’un référendum sur l’autodétermination sous le contrôle de l’ONU. La France a toujours soutenu la politique coloniale marocaine de Hassan II à Mohamed VI et son cortège d’exactions. Sortir du colonialisme considère que toute avancée dans la région repose sur le droit à l’autodétermination des peuples et pays coloniaux.
    Quand la délégation de SDC a été reçue le 27 février 2013 au Ministère des Affaires étrangères nos interlocuteurs « n’avaient pas de réponse à donner aux deux questions : La France condamne t’elle le procès des 24 Sahraouis ? La France va-t-elle demander la libération immédiate des 24 condamnés ?  » Nos interlocuteurs nous ont affirmé, comme l’avait déclaré Laurent Fabius, au nom de la France, que des progrès en matière de démocratie et de droits de l’homme étaient « un exemple pour la région ». Depuis ce procès la France « officielle » s’obstine à ne pas dénoncer la répression contre les militant-e-s du Mouvement du 20 Février, le non-respect des droits de l’homme, les peines infligées aux 23 résistants sahraouis en février 2013, dont 9 condamnations à perpétuité.
    Sortir du Colonialisme exige leur libération immédiate ainsi que celle de tous les prisonniers politiques incarcérés dans les geôles du Makhzen à l’occasion de ce voyage d’Etat. En demandant leur libération, François Hollande montrerait au roi et au plan international que son discours sur les droits de l’homme n’est pas à géométrie variable.
  • Une visite sans surprise de François Hollande au Maroc

    Deuxième déplacement de François Hollande au Maghreb. Après l’Algérie en décembre dernier, le chef de l’Etat français est au Maroc pour consolider, dit-on, les liens, déjà très bons, de son pays avec la monarchie alaouite marocaine. Ni les milieux d’affaires français ni les Marocains ne s’attendent à des décisions économiques et politiques importantes.
    Le président de la République française, François Hollande, entame, depuis hier, une visite officielle au Maroc à un moment où rien ne va plus pour lui et son gouvernement dont la crédibilité s’est érodée en quelques mois de pouvoir, atteignant les abysses de popularité avec une côte de 27%, la plus basse de la Vème République. A la même période, son prédécesseur, Nicolas Sarkozy, qui a connu le même désamour de l’opinion, chutant continûment dans les sondages, était à 35%. 
    Non seulement François Hollande ne parvient pas à inverser cette tendance, mais il est fort à craindre pour lui et son camp qu’il ne plonge encore plus dans l’impopularité.
     
    La guerre du Mali qui devait faire remonter sa côte de popularité n’eut aucun effet positif sur celle-ci ; au contraire, le conflit malien risque de devenir un sérieux handicap au fur et à mesure que la guerre s’enlise et que les cercueils des soldats français arrivent en France. 
    Le mariage pour tous qui, pourtant, est approuvé par 66% des Français ne l’aide pas à trouver grâce aux yeux de ses concitoyens préoccupés par la crise économique et la montée inexorable du chômage.
     
    François Hollande que l’on sent écraser par sa charge et les mauvais résultats, n’ayant atteint, jusqu’à maintenant, aucun objectif qu’il s’était assigné ; au lieu des 0,8% de croissance prévus, celle-ci est quasi nulle, remettant en cause la réduction à 3% des déficits budgétaires et obligeant le gouvernement à trouver 20 à 30 milliards d’euros supplémentaires par l’augmentation de l’impôt ou la réduction drastique des prestations sociales, ce que la Droite redoutait à faire, s’est rendu à Rabat dans un contexte politique français délétère, empoisonné par l’affaire de son ancien ministre du Budget, Jérôme Cahuzac, dont les mensonges à propos de son compte bancaire suisse l’affaiblissent encore, comme elles affaiblissent le gouvernement de Jean-Marc Ayrault qui s’est montré d’une sévérité extrême à l’égard de son ancien collègue.
     
    C’est sur des œufs que marche le président de la République française au Maroc, d’autant que personne ne s’attend à la signature de contrats mirobolants qui pourraient soulever l’espoir d’une relance de l’économie en France, bien que plusieurs ministres et une soixante de chefs d’entreprises accompagnent François Hollande. L’Algérie qui sait que les relations entre Rabat et Paris sont plus qu’excellentes suit avec beaucoup d’attention les discussions entre les deux pays à propos du Mali, de la Libye et de la région maghrébine, surtout du conflit du Sahara occidental dont la France a pris fait et cause pour le Maroc, soutenant le plan d’autonomie marocain en contradiction des résolutions des Nations Unies qui réclament l’organisation d’un référendum d’autodétermination. 
    Le chef de l’Etat français qui voulait normaliser les relations de la France avec l’Algérie, s’étant rendu dans notre pays en décembre dernier, ne peut que froisser, sur ce dossier brûlant, les Algériens et le Front Polisario qui a appelé, à maintes reprises, Paris à « réviser sa position » favorable au Maroc. 
    Brahim Younessi
    Mon Journal3 avril 2013 
  • Hollande a trouvé la corde sensible au Maroc

    « La Fraance soutient les démarches du Secrétaire Générale de l’ONU pour résoudre le conflit du Sahara Occidental conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité » (François Hollande devant le parlement marocain).

    A l’instar de Hillary Clinton, François Hollande l’a compris. Les marocains sont très sensbiles aux louanges. Au Maroc,il faut louer la monarchie, saluer la stabilité du pays, ses « changements démocratiques » et sa « politique visionnaire qui lui a évité le chaos engendré par le Printemps Arabe ».
    Ainsi, le président français a notamment évoqué l’adoption, à l’été 2011, d’une nouvelle Constitution qui garantit, selon lui, « la tolérance » et « reconnaît le caractère multiple de l’identité marocaine ».
    Dans son allocution lors d’un dînner offert par le roi du Maroc, Hollande a fait une légère allusion, sans le citer, au conflit du Sahara Occidental qui entrave la construction maghrébine.
    Après un long discours d’encensement et de glorification du Maroc devant les députés marocains, Hollande a certainement déçu la classe politique marocaine. Le soutien attendu était plutôt « aux démarches du Secrétaire Générale de l’ONU pour résoudre le conflit du Sahara Occidental conformément aux résolutions du Conseil de Sécurité », pour ensuite déclarer que « la France considère le plan d’autonomie marocain de 2007 sérieux et crédible ». 
    Hillary Clinton a aussi utilisé cette expression à plusieurs reprises pour faire plaisir aux autorités marocaines, mais le jour où Rabat a décidé de retirer sa confiance de l’Envoyé Personnel Christopher Ross, Clinton a refusé de recevoir le ministre des affaires étrangères, Saad Eddine El Othmani à Washington.
    Reste à voir l’attitude de Paris si Ban Ki-moon propose d’établir un mécanisme pour la surveillance du respect des droits de l’homme au Sahara Occidental lors de la réunion, fin avril, du Conseil de Sécurité.

    La Tribune du Sahara, 4 avril 2013

  • Dictature Marocaine et complaisance Française

    Le président français a entamé aujourd’hui une visite officielle en grandes pompes au Maroc, le royaume plus grand producteur de cannabis au monde. Va-t-il aborder ce sujet avec le roi Mohammed VI? Bien sûr que non! Comme il ne parlera pas des massacres commises par le Maroc au Sahara Occidental, cette ancienne colonie espagnole envahie par Hassan II pour livrer ses richesses à ses amis de l’Elysée. Eh oui, les droits de l’homme ne feront pas non plus partie de l’agenda de François Hollande malgré l’insistance de Human Rights Watch. 
    Cette ONG a demandé la libération des Sahraouis condamnés par un tribunal Militaire suite au soulèvement de la population locale à Gdeim Izik, dans la banlieue de El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental.
    Dans un rapport accablant sur le Maroc, HRW a souligné que ce procès a été “entaché d’irrégularités” et que la justice marocaine “a sapé la crédibilité de son propre procès”.
    Dans son rapport détaillé sur cette affaire, elle soutient que le Maroc “devrait également mettre en œuvre la recommandation récente de son Conseil national des droits de l’Homme, celle de mettre fin aux poursuites de civils devant les tribunaux militaires en temps de paix”.
    Parlera-t-il de la question du Sahara Occidental qui, selon les déclarations de l’ambassadeur Ross, risque d’aggraver la situation au Sahel déjà assez incendiée par l’intervention militaire française? Selon certaines sources, il trouvera les mots justes pour ne pas soulever les susceptibilités. Bref, il sera maître en hypocrésie.
  • Patates chaudes : François Hollande osera-t-il aborder avec Mohammed VI ces sujets tabous de la relation franco-marocaine ?

    François Hollande se rendra ce mercredi au Maroc pour une visite officielle. L’objectif : consolider une relation privilégiée entre le Maroc et la France, son principal partenaire économique.
    Atlantico : François Hollande se rendra ce mercredi 3 avril au Maroc pour une visite officielle. L’objectif est de consolider une relation privilégiée entre le Maroc et la France, son principal partenaire économique. Outre l’aspect économique, quels seront les autres sujets abordés lors de cette visite ? Et quels seront les sujets qui fâchent, qui eux, ne seront pas abordés ?
    Abdelmalek Alaoui : Je pense que tous les sujets seront évoqués, avec bien entendu des thématiques bilatérales très classiques telles que la coopération sécuritaire, l’appui substantiel de la France au plan d’autonomie au Sahara occidental ou encore les intérêts économiques communs. Cependant, seront également traités les sujets plus récents comme le soutien a la démocratisation et l’appui de la France en termes de coopération culturelle, technique et scientifique. Dans un contexte très tendu en termes budgétaires, il faut d’ailleurs s’attendre à ce que ces sujets soient mis en avant par Paris, à défaut de signatures de grands contrats.
    Ali Amar : Les sujets ayant trait à la coopération économique seront certes au cœur des discussions, comme il est de coutume entre Rabat et Paris et quel que soit le locataire de l’Elysée. C’est une constance qui se traduit par une très forte présence des investissements hexagonaux dans le royaume. Il est de tradition de dire que le CAC 40 a fait du Maroc sa chasse gardée. Sur ce chapitre, les cris d’orfraie de la gauche alors dans l’opposition sur le non-sens de certains contrats signés sous Sarkozy comme celui du très contesté TGV ou des délocalisations des industries françaises encouragées par une AFD à chéquier ouvert avec Rabat ont été mises en sourdine. La realpolitik a repris ses droits tant les intérêts croisés sont inextricables. Il est remarquable d’ailleurs de constater qu’Arnaud Montebourg ne sera pas du voyage au Maroc, lui qui ferraillait pour rapatrier les emplois délocalisés en masse au Maroc. Les sujets qui rendaient fébriles le Maroc vis-à-vis de la gauche avant l’élection de Hollande ont vite été remisés, comme les critiques sur le non-respect des droits de l’Homme, sur l’auto-détermination du Sahara Occidental ou sur l’ingérence marocaine dans l’Islam de France pour ne citer que ceux-là.La doctrine française pour le Maroc est de soutenir son régime coûte que coûte et elle ne varie pas en fonction de l’alternance politique. A l’UMP, comme au PS, la France au pouvoir parle d’une même voix en faveur de la monarchie chérifienne. 
    Dans un contexte de révolutions arabes, le Maroc est bien souvent désigné comme un exemple de transition démocratique par les Occidentaux, notamment par la France. Qu’en est-il dans les faits ? Comment expliquer l’indulgence des pays occidentaux vis-à-vis du Maroc ?
    Abdelmalek Alaoui : Le terme « indulgence » pourrait laisser penser que la bienveillance française à l’endroit du Maroc serait injustifiée. Or, quelle que soit la focale que l’on utilise, les faits sont têtus et les statistiques incontestables. En effet, le Maroc, bien qu’il lui reste du chemin à parcourir, a entamé sa transition démocratique bien avant les autres pays du monde arabe. Dès le début des années 2000, le pays organisait sa réconciliation mémorielle à travers les auditions publiques de l’instance Equité et réconciliation, pilotée par d’anciens prisonniers d’opinion dont l’emblématique Driss Benzekri. D’autre part, le Maroc représente pour l’Occident un laboratoire en termes de dialogue inter-religieux et inter-culturel, ce qui explique en partie le souhait de l’Occident de l’accompagner dans son processus de réforme. Enfin, il ne faut pas croire que le chemin qu’emprunte le Maroc, parce qu’il est apaisé, en soit pour autant moins exigeant, le débat politique n’a jamais été aussi vivace et libre que depuis le printemps arabe.
    Ali Amar : La réalité est que l’Occident et la France tout particulièrement ont de tous temps choisi le camp des dictatures arabes agitant pour se justifier le spectre de l’islamisme. On l’a vu avec Ben Ali en Tunisie, Moubarak en Egypte etc. Le Maroc, allié de toujours de l’Occident est considéré comme un pays dont le régime a choisi une forme de tempérance qui le rend acceptable. Ce que l’on qualifie de transition démocratique en douceur n’est en fait qu’une transition générationnelle d’un régime qui ne s’est pas débarrassé des scories du passé. Le vrai pouvoir se situe encore et toujours au cœur du Palais royal où une génération remplace doucement la précédente tout en continuant d’exercer un pouvoir omnipotent. Le roi concentre entre ses mains tous les pouvoirs qui, paradoxalement, ont été renforcés par la récente réforme constitutionnelle. Une réforme cosmétique rendue possible grâce à la domestication totale des partis politiques qui acceptent de s’adonner à cette farce démocratique et qui autorise toutes les dérives autoritaires.
    Mais dans la rue, malgré le calme apparent, la contestation couve et il suffirait d’une simple flammèche pour que la société s’embrase. La situation est d’autant plus périlleuse en raison de la crise économique et sociale dont la gravité n’est pas encore totalement révélée. L’indulgence envers le Maroc de Mohammed VI est due à la conjonction de plusieurs facteurs : la foi surréaliste et peu sincère de certains dans les intentions du monarque de vouloir établir une plus grande justice sociale, alors que celui-çi s’adonne à une prédation économique sans nom sans être inquiété à l’étranger sur ses biens mal acquis à l’instar d’autres potentats africains, le cynisme de la France qui continue de faire du pays le terrain de chasse fétiche de cette «diplomatie économique» que semble vouloir réinventer François Hollande, la corruption généralisée des oligarques français par le Maroc. Résultat, jamais les turpitudes du royaume en matière de droits de l’Homme, de mal gouvernance ou de la persistance d’une politique répressive ne sont dénoncées. Ici, et pire qu’en Tunisie sous Ben Ali, la République est coupable. Sa responsabilité directe dans le bouillonnement social marocain et par ricochet dans la montée des exaspérations populaires et des extrêmismes est à rappeler avec insistance.
    Cette complaisance est-elle liée aux liens « incestueux » entre les élites françaises et marocaines ? 
    Abdelmalek Alaoui : Le Maroc dispose d’une élite francophone et francophile qui ressemble, par bien des aspect a la communauté des Sciences Po – ENA -grandes écoles que vous avez en France. Cette élite francophone est et a été très importante dans la mesure où elle a tenu la technostructure du pays depuis l’indépendance et a permis à ce royaume sans ressources naturelles de se déployer d’une manière raisonnablement satisfaisante, notamment au niveau de ses infrastructures. Il y a , depuis longtemps, la tentation de stigmatiser ces élites et d’imaginer une connivence avec l’étranger. Tout ceci, à mon sens, est très exagéré.
    Contrairement à ses prédécesseurs, François Hollande a su garder ses distances avec le pouvoir marocain. Cela lui permettra-t-il une parole plus libre ?
    Abdelmalek Alaoui : François Hollande a reçu le Roi Mohammed VI à l’Elysée une semaine après qu’il ait été élu. Je ne pense pas que l’on puisse qualifier cela de distance mais au contraire de signal fort quant au souhait que le « passé ait un avenir » . Il y a incontestablement une différence de style entre François Hollande et Nicolas Sarkozy , mais cela ne signifie pas pour autant que le Maroc sera traité différemment. Dans la politique étrangère française, le nombre de dossiers passé par Rabat et Paris le sait, c’est pourquoi l’hexagone est attentif à préserver cette relation particulière.
    Ali Amar : François Hollande a semblé vouloir se démarquer de ses prédécesseurs, mais en réalité les liens incestueux qu’entretiennent les élites au pouvoir des deux pays sont telles que la volonté présidentielle de garder ses distances avec le Palais demeure bien marginale. Le puissant lobby pro-marocain à Paris, au cœur des réseaux politiques qu’ils soient de gauche ou de droite, dans les cercles affairistes qui défendent leur pré-carré au Maroc, dans les rédactions gavées de voyages d’agrément à La Mamounia et chez les stars du show-biz et autres intellectuels médiatiques, alimente cette complaisance vis-à-vis d’une monarchie marocaine faussement sublimée. Certes, Hollande n’est pas un habitué des palaces de Marrakech et des raouts organisés par le Maroc pour séduire la classe dirigeante française, mais au PS, la vieille garde mitterandienne où l’on compte des afficionados du Maroc comme Jack Lang pour ne citer que lui, a été regénérée pourrait-on dire avec l’arrivée de nouveaux «amis du Maroc» toujours prompts à louer la soit disant « exception marocaine » dans un monde arabe aux prises avec des révolutions à l’issue incertaine. Pierre Moscovici, Najat Vallaud-Belkacem ou encore Manuel Valls en sont les dignes représentants. De ce point de vue, la continuité dans l’aveuglement envers la situation politique et sociale au Maroc, voire la complicité avec l’entourage royal sont assurés. Le premier chef d’Etat africain à être reçu à l’Elysée par Hollande a été Mohammed VI. L’Elysée avait alors affirmé dans un bref communiqué l’attachement de François Hollande à l’amitié entre la France et le Maroc et souligné les liens exceptionnels qui la caractérise. Dans ce concert de louanges, pas un mot n’a été prononcé, pas une allusion n’a été faite aux revendications de la société civile sur ce qu’elle considère comme des réformes en trompe-l’œil, ni aux jeunes militants du Mouvement du 20 Février né dans le tumulte des printemps arabes et qui ont battu le pavé pendant plus d’un an et dont nombre d’entre eux croupissent depuis en prison pour avoir exprimé des opinions dissonantes. Rien non plus sur la corruption des proches de Mohammed VI et de son appareil sécuritaire, dont certaines affaires avaient filtré grâce notamment à Wikileaks. Tous les ouvrages édités en France qui abordent ces questions sont systématiquement interdits au Maroc sans que cela n’émeuve grand monde dans les salons parisiens.
    Le 27 août 2012, François Hollande traçait les grandes lignes de sa diplomatie à l’occasion de la traditionnelle Conférence des ambassadeurs, à l’Elysée. Le Président avait déclaré la vouloir en rupture avec la «Françafrique». Il avait affirmé que la politique africaine de la France devait être «différente du passé». Avant tout, «elle doit être fondée sur la transparence dans nos relations commerciales et économiques, la vigilance dans l’application des règles démocratiques» avait-t-il dit. Pour ce faire, il avait promis de rencontrer les oppositions politiques, les militants associatifs, la société civile et de «tout dire partout et faire en sorte que ce qui soit dit soit fait». Or, que constate-t-on dans son programme de visite à Rabat et Casablanca ? Rien de tout cela, il ira à la rencontre d’ONG et d’individualités soigneusement sélectionnés pour leur compromission avec l’Etat. La vraie opposition, elle, est tenue à l’écart des agapes franco-marocaines, notamment les figures du Mouvement du 20 Février, les associations de défense des droits de l’Homme non adoubées par le Palais, les forces politiques opposées à la nouvelle Constitution taillée sur mesure pour maintenir la prévalence du roi sur les institutions, sans parler de la presse indépendante en voie de disparition qui n’aura pas, encore une fois, droit au chapitre.


    Atlantico, 03 avril 2013

  • François Hollande au Maroc : Un "printemps" pour le Sahara occidental!

    Hollande saura-t-il ramener Mohammed VI à la raison?
    Au-delà des questions économiques et commerciales liant les deux pays, le conflit du Sahara occidental pèsera de tout son poids sur la visite de François Hollande.
    Deuxième escale dans son agenda maghrébin, après l’Algérie – ce qui avait d’ailleurs suscité des grincements de dents à Rabat – la visite, aujourd’hui, du président français, François Hollande au Maroc, intervient sur fond de polémique et d’interrogations. Au-delà des questions économiques et commerciales liant les deux pays, le conflit du Sahara occidental pèsera de tout son poids sur la visite du président français.
    Connu pour son réalisme et sa clairvoyance, l’hôte de marque de Mohammed VI pourrait, à l’occasion de son séjour chez le partenaire «le plus intime» de la France, ramener ce dernier à la raison. Celle de la légalité internationale et du respect de ses engagements. En effet, depuis l’éclatement en 1975 du conflit du Sahara Occidental, la France, membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU, a fait fi des résolutions favorables à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental.
    Qu’ils soient socialistes ou de droite, tous les présidents qui s’étaient succédé à l’Elysée ont adopté la même ligne de conduite; celle du palais royal. Ainsi, la France qui a, jusque-là, tenu un double langage, va-t-elle à l’ère Hollande prendre une décision courageuse à l’égard de la dernière colonie du XXIe siècle? Le locataire de l’Elysée va-t-il contribuer à ouvrir un épisode qualitatif dans la résolution du dossier sahraoui, ou va-t-il, comme ses prédécesseurs, céder à la pression des lobbies? Il est de l’intérêt de la France de contribuer à trouver une solution juste et durable au conflit sahraoui. Une solution qui, non seulement favorisera la réédification de l’Union du Maghreb (UMA), mais surtout consacrera la stabilité de la sous-région. C’est, mu par ce souci, que le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a, dans une lettre adressée à François Hollande affirmé que la position de la France à l’égard de la question sahraouie est un obstacle pour la paix et la sécurité.
    «Nous pensons, toutefois, qu’il n’est jamais tard pour (la France) de réviser une position qui est perçue aujourd’hui comme un obstacle pour les intérêts bien compris de la France qui sont ceux de la paix et de la justice», souligne M. Abdelaziz. L’autre argument avancé par le président sahraoui pour conforter sa démarche, est l’instabilité qui règne dans la région du Sahel et qui sans la résolution du conflit sahraoui, aura des répercussions désastreuses sur la région du Maghreb. «Les leçons tirées des événements en cours dans la région voisine du Sahel confirment cette vérité», ajoute le président de la Rasd dans sa lettre au chef de l’Etat français.
    Sur un autre chapitre, la France des droits de l’homme et des libertés doit également exhorter les autorités du Royaume à approfondir les réformes et garantir le respect des droits humains.
    Après le rapport accablant de la fondation Kennedy sur les violations à grande échelle des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, c’est au tour de Human Rights Watch de saisir l’opportunité de la visite du président français au Maroc pour l’interpeller sur la question. Elle cite notamment, la récente condamnation à de lourdes peines de prison, par une cour militaire de Rabat, de 25 Sahraouis pour le meurtre de membres des forces de l’ordre lors du démantèlement du camp contestataire de Gdiem Izik, fin 2010.
    Le président Hollande doit donc à la fois être fidèle à ses déclarations faites lors de sa campagne électorale, que tout ce qu’entreprendra la France en matière de politique internationale se fera conformément aux résolutions du Conseil de sécurité, mais aussi éviter de «contrarier» la démarche algérienne qui abonde dans le même sens.
    L’Algérie qui n’est pas partie prenante du conflit, mais ne fait que réitérer l’un des principes fondateurs de la diplomatie, à savoir le soutien à tous les mouvements de libération dans le monde, comme de soutenir les résolutions de l’ONU comme les stipulent celles votées par le Conseil de sécurité, notamment la résolution 1514 de juin 1960 qui affirme le droit des peuples coloniaux à l’autodétermination et à l’indépendance.
    C’est le cas de la question sahraouie, de par sa nature de dossier de décolonisation, qui doit être résolue dans le cadre de la légalité internationale.
    En somme, tous les regards sont braqués sur le discours que doit prononcer le président Hollande devant le Parlement marocain et dans lequel il doit opérer – à juste titre – un réajustement «révolutionnaire» par rapport à la position traditionnelle de son pays, à l’égard du dossier sahraoui.
    Une position qui, non seulement ouvrira une nouvelle ère dans les relations France-Maghreb, mais surtout favorisera un climat d’entraide et de solidarité inter-maghrébine.
    L’expression, 03 avril 2013
  • Les Occidentaux ont-ils peur pour le Maroc ?

    Que cache la nouvelle attaque ciblant notre armée provenant de l’observatoire géostratégique britannique StratRisks lié aux think tanks occidentaux, qui se hasarde à publier des études ciblant notre armée et son potentiel, allant jusqu’à faire des comparaisons avec le royaume du Maroc ?
    Ce n’est certainement pas un travail pédagogique que de parler de l’état des lieux de notre armée au moment où le sang de la prise d’otages de Tiguentourine n’a pas encore eu le temps de sécher. Laurent Touchard, le spécialiste qui a élaboré une analyse comparative de notre armée par rapport à celle du roi du Maroc est certainement un ex-agent, spécialiste français en barbouzerie. Il s’est livré dans son analyse à une véritable acrobatie disant une chose et son contraire et affirme que notre armée possède un vieux matériel souvent hérité de l’Union soviétique alors que le Maroc s’approvisionne chez les Français et les Américains. Cet individu est à classer dans la rubrique journaliste-agent, nouvelle formule journalistique sur qui s’appuie l’empire pour attaquer et détruire des pays qui ne s’alignent pas sur les choix des puissances occidentales. Bien évidemment, son travail contient plein de contrevérités concernant l’ANP qui a dans la réalité plusieurs fournisseurs en armes. Je pense que ce monsieur doit sans doute être traumatisé par le syndrome de la guerre froide et éprouve une peur bleue de l’ex-Union soviétique. Laurent Touchard, de son vrai nom ou pseudo de barbouze, nous offre une antithèse en guise de synthèse, ce qui le rend vraiment unique en son genre, et il peut décrocher le Prix du mensonge de l’année. Bien sûr, ses écrits ne sont pas du tout anodins et il faut les prendre très au sérieux. Reflètent-ils l’état d’esprit du monde militaro politique occidental par rapport à notre armée qui est la garante de la souveraineté de notre pays ou s’agit-il seulement des errements d’un néocolonialiste ? Il affirme ainsi : «Deux pays, deux doctrines, deux visions du monde. L’Algérie et le Maroc appartenaient à deux blocs distincts. Dans chaque «camp», des années d’alignement – sur celui de l’Est pour la première et sur celui de l’Ouest pour le second – ont marqué les gradés. Les officiers sont devenus officiers supérieurs et officiers généraux, les sous-officiers sont parfois devenus officiers et officiers supérieurs. Les uns formés «à la soviétique», les autres «à la française» ou «à l’américaine». Les doctrines militaires héritées de cette période continuent à façonner les forces armées contemporaines des deux pays, sans pour autant exclure les évolutions. Du côté algérien, le processus d’adoption d’une doctrine a été plus complexe que pour le Maroc. Les problèmes apparus lors de la guerre des Sables, en octobre 1963, ont démontré qu’une armée exclusivement populaire ne convenait pas. Il fallait créer une force plus professionnelle, disciplinée, en mesure d’utiliser des matériels modernes dans l’éventualité d’une guerre conventionnelle avec le voisin marocain. Des années 1960 à nos jours, c’est la doctrine soviétique qui a prévalu. En cas de guerre ouverte avec le Maroc, l’Algérie engagerait ses unités blindées, mécanisées et motorisées dans des opérations aux contours strictement définis par des plans rigides. L’aviation viendrait appuyer les actions des troupes terrestres ou intercepter les chasseurs adverses sous le contrôle des stations radars au sol, de concert avec les batteries de missiles surface-air. Si elle se veut souple sur le plan stratégique, cette doctrine laisse peu de place à l’initiative tactique et contraint les officiers à exécuter vaille que vaille les consignes pour anéantir l’ennemi en profondeur. Deux idéologies À l’opposé, le Maroc a lui privilégié le combat mobile. Les chefs d’unité ont été encouragés à faire preuve d’initiative en manœuvrant, en mettant à profit la qualité et la quantité des moyens de transmission, du matériel… ainsi que le niveau d’entraînement des officiers, sous-officiers et militaires de carrière. Cela a conféré aux hommes du rang, un encadrement solide et compétent. Tandis que les cadres militaires algériens étaient formés – et politisés – dans les académies d’Union soviétique et des «pays frères», ceux de Rabat apprenaient et se perfectionnaient en France, aux États-Unis… Plus que deux pays, ce sont deux idéologies qui s’affrontaient. Les troupes algériennes n’étaient pas préparées pour affronter des combattants entraînés à la guérilla. Les forces terrestres chérifiennes sont donc plus expérimentées et mieux encadrées. Comme le veulent les doctrines militaires françaises et, surtout américaines, les unités de soutien marocaines sont nombreuses et bien organisées. La disponibilité des matériels est donc grande et les unités du royaume auraient la garantie, en cas de conflit. » Les contradictions, du travail très orienté de ce spécialiste en art de la guerre qui essaye sans doute de rassurer un des agents de l’impérialisme dans la région du Maghreb, nous alertent toutefois sur le fait que le danger peut nous venir de toutes nos frontières, et pas seulement de celle du sud, tout en négligeant un fait très important que partagent tous les stratèges militaire occidentaux dont témoigne la dernière sortie du commandant en chef de l’Africom, David Rodriguez, qui qualifie l’Algérie et notre armée de puissance régionale très importante : «Je considère l’Algérie comme un leader régional, capable de coordonner les efforts des pays du Sahel pour faire face aux menaces à la sécurité transnationale». A mon avis, l’étude de ce journaliste spécialiste en art culinaire guerrier made in France a négligé le fait que notre armée a vaincu un ennemi redoutable et donne du fil à retordre à toutes les armées du monde, en l’occurrence le terrorisme islamiste, et la preuve en a été démontrée lors de l’intervention magistrale de l’ANP sur le site gazier de Tiguentourine qui a prouvé suffisamment sa capacité professionnelle et sa maîtrise stratégique. Le même auteur revient dans une autre analyse pour confirmer son manque de discernement ou tout simplement le déni des vérités qui fâchent. Il se contredit sur le potentiel militaire de l’Algérie et du Maroc dans les propos suivants : «Les budgets militaires consacrés à la Défense culminent à 9,8 milliards pour l’Algérie et à 3 milliards de dollars pour le Maroc. Dans le domaine terrestre, Alger conforte sa supériorité numérique globale, avec 185 chars russes T-90 (sur 300 commandés), et jusqu’à 500 T-72, additionnés à 300 T-62, lesquels dotent vraisemblablement une partie des régiments d’infanterie mécanisée, sans oublier les T-55, utilisés pour l’instruction. Côté marocain, les 200 M1A1-SA américains annoncés ne réduiront que peu l’écart avec l’Algérie, car ils remplaceront une partie des M60A3. En revanche, leur livraison équilibrera le rapport de force qualitatif : les M1A1-SA dominant les T-90 et les T-72. Concernant les blindés de reconnaissance, de transport de troupes et de combat d’infanterie, l’Algérie est aussi en tête, en nombre et en termes de performances des véhicules. Au Maroc, les crédits étant plus modestes, rien ne semble prévu pour les remplacer. Même chose pour les variantes de M113 acquis d’occasion – en dehors de modernisations locales de véhicules de l’avant blindé (VAB). Dans tous les cas, la question du renouvellement du parc de blindés de reconnaissance et de transport marocains se posera d’ici à quelques années. Concernant les blindés de reconnaissance, de transport de troupes et de combat d’infanterie, l’Algérie est aussi en tête, en nombre et en termes de performances des véhicules. Au Maroc, les crédits étant plus modestes, rien ne semble prévu pour les remplacer. Même chose pour les variantes de M113 acquis d’occasion – en dehors de modernisations locales de véhicules de l’avant blindé (VAB). Dans tous les cas, la question du renouvellement du parc de blindés de reconnaissance et de transport marocains se posera d’ici à quelques années. Le parc aérien défensif et offensif vieillit de part et d’autre, ce qui augmente les risques d’accident. Dans le domaine aérien, le contrat de vente de 34 MiG-29 (1,27 milliard de dollars), qui est allé de pair avec l’annulation de la dette algérienne en 2006, a rapidement tourné au fiasco. Mécontents face à la mauvaise qualité des appareils, les Algériens ont cessé de payer en 2007, avant que Moscou accepte de reprendre ses avions. Contrat qui incluait également 28 Sukhoi Su-30 (16 ayant été commandés par la suite, dont au moins 8 reçus). Quant aux autres MiG-29 de la force algérienne, ils ont été achetés avant 2006 à la Biélorussie. Leurs capacités sont limitées aux missions d’interception et d’attaque au sol avec des armes non guidées. Toutefois, une modernisation devrait leur permettre d’utiliser des bombes guidées ainsi que des missiles air-sol, tout en les maintenant en service jusqu’en 2018. Rafale Le Maroc a «riposté» au Sukhoi Su-30 en signant, en 2008, un contrat avec les États-Unis pour 24 F-16. Son coût, de 2,4 milliards de dollars, a été en partie financé par l’Arabie Saoudite. Nonobstant les modernisations et l’achat de Sukhoi pour les uns, de F-16 pour les autres, le parc aérien défensif et offensif vieillit de part et d’autre, impliquant une augmentation des coûts de maintien en service ainsi que des risques d’accident accrus. Depuis environ trois ans, Alger songe donc à acquérir un chasseur multirôle qui succéderait à ses vieux appareils. Plusieurs concurrents sont en lice : le Saab JAS-39 Gripen, le EFA Typhoon, le Rafale, ainsi que le Sukhoi Su-35 ou de nouveaux Su-30, pour 80 à 100 avions. Reste que la Russie paraît avoir pris une longueur d’avance pour la vente de bombardiers Sukhoi Su-34. Et ce, d’autant plus que l’acquisition d’avions de combat occidentaux et leur intégration se révéleraient complexes et onéreuses. Se pose aussi la question du transfert de technologie, au moins pour le Rafale. Cela étant dit, l’achat du Rafale serait un geste politique fort. La récente visite de François Hollande à Alger et le réchauffement des relations entre les deux pays créent un contexte favorable. Le président français est aussi attendu à Rabat début avril. Suite de la page 4 Côté marocain, un budget militaire deux à trois fois plus réduit selon les années n’autorise pas de tels projets. La modernisation récente de 27 Mirage F1, mis aux standards MF2000 pour un coût estimé entre 518 et 542 millions de dollars, implique qu’ils resteront en service encore un moment. Il en va tout autrement pour les vieux F5 de l’armée de l’air royale. Certes, ils gardent une utilité en cas de missions d’appui rapproché contre les irrédentistes du Polisario. Ils sont, en revanche, totalement dépassés face aux Su-30 ou aux armes antiaériennes modernes d’Alger. Dans le domaine maritime, Alger développe la puissance de sa flotte. Enfin, par ses hélicoptères, l’Algérie surpasse le Maroc à tout point de vue. Les Mi-24 rescapés des lots reçus dans les années 1990 et 2000 sont passés aux standards MkIII Super Hind en Afrique du Sud, avec des composants de l’hélicoptère d’attaque sud-africain Rooivalk. Le couple Mi-24 Super Hind/missiles antichars Ingwe a ainsi été engagé contre les terroristes à In Amenas. En outre, jusqu’à 48 hélicoptères Mi-28 auraient été commandés. Les premiers sont arrivés en Algérie entre fin 2012 et début 2013. Le Maroc, quant à lui, ne possède que quelques Gazelle-HOT et Gazelle-Canon. Loin de disposer des capacités des hélicoptères algériens, ils sont en outre beaucoup plus vulnérables aux tirs d’armes légères et de mitrailleuses lourdes de 12,7 mm ou 14,5 mm. Pourtant, leur remplacement n’est pas évoqué. Frégates Depuis plusieurs années, les spéculations sur les intentions d’achat des uns et des autres vont bon train. L’Algérie occupe une place centrale dans ce jeu de dupes, tant par son souci de moderniser sa flotte que par sa volonté de lui donner une stature plus méditerranéenne, voire océanique. L’achat de deux sous-marins russes Kilo 636 en 2006, pour 400 millions de dollars, et la commande de deux autres, il y a peu, illustrent cette ambition. Dans le domaine maritime enfin, Alger développe la puissance de sa flotte. Tout en modernisant les bâtiments déjà opérationnels, elle s’appuie sur deux frégates Meko 200, auxquelles s’ajouteront deux autres, assemblées en Algérie. Elle acquiert aussi des corvettes. Côté marocain, la Frégate européenne multimission (Fremm) Mohammed VI, commandée en 2008 pour 500 millions de dollars, le navire le plus puissant de la flotte marocaine, est apte à la lutte anti-sous-marine, à la lutte antiaérienne avec ses missiles Aster 15 et à la lutte antinavires avec ses missiles Exocet MM40. En 2009, une option aurait été prise sur une seconde Fremm, mais sans suite. Moins «athlétiques», et néanmoins capables de damer le pion aux futurs Meko 200, les frégates Sigma néerlandaises constituent l’autre pièce maîtresse de la marine marocaine. Enfin, comme mentionné plus haut, le Maroc négocierait avec l’Allemagne l’achat d’au moins un sous-marin Type 209, pour environ 500 millions de dollars, tandis que la Russie aurait proposé deux S-1000 pour un coût unitaire moindre… » Le barbouze journaliste va très loin en parlant du potentiel du Polisario : «Selon les sources, le Front Polisario dispose de 6 000 à 15 000 hommes et femmes en armes – 7 000 étant le chiffre le plus crédible. Il peut recruter des auxiliaires/miliciens si nécessaire. Militairement, il se structure en sept régions. Celle de Tifariti regroupe l’essentiel des moyens blindés du mouvement, tandis que Tindouf accueille les éléments de soutien et le commandement. Dans chacune sont implantés quatre à cinq bataillons. On en recense trois de chars, six d’infanterie mécanisée, deux ou trois d’infanterie motorisée. Il existe aussi des compagnies du génie et des commandos. Plus surprenant, le Front dispose en outre d’une unité de «commandos marine» supposée opérer le long du littoral marocain. Enfin, l’ordre de bataille inclut deux batteries de lance-missiles sol-air SA-6.» Ce journaleux-agent planqué est-il contre toutes les résolutions de l’ONU qui considèrent que la solution de l’affaire du Sahara Occidental s’inscrit dans le cadre de la décolonisation ? Notons par ailleurs que le peuple sahraoui est l’un des derniers peuples colonisés au monde avec le peuple palestinien. Evidemment, ce ne sont pas les nouveaux Croisés qui vont donner des droits aux peuples damnés de la terre ! Concernant les ONG des droits de l’Homme qui ferment les yeux sur les crimes du royaume du Maroc contre le peuple pacifique du Sahara Occidental, comme elles le font avec les prisonniers palestiniens en grève de la faim depuis plusieurs mois et dont l’un d’entre eux, Samer Tariq Issawi, est en train de mourir sans qu’Amnesty International ou Human Right Watch qui ont labellisé les droits de l’Homme en les vidant de leur sens pour devenir une marque déposée, ne lèvent le petit doigt. Au moment où un ancien chef du Mossad (1989-1996), Shabtaï Shavit, déclare que le Qatar a joué un rôle historique en faveur d’Israël «plus important que celui de la Grande-Bretagne», c’est ce qu’a rapporté le quotidien israélien Yediot Aharonot. Evoquant le rôle de Doha dans l’application des politiques des Etats-Unis et du régime israélien dans la région du Moyen-Orient, Shavit a ajouté que les services rendus par le Qatar à Tel-Aviv sont plus décisifs que les services rendus à «Israël» pendant de longues années par d’autres pays. Selon l’ancien chef du Mossad, le Cheikh Hamad Ben Khalifa Al-e Thani, émir du Qatar, s’était toujours rangé aux côtés des Etats-Unis et d’Israël dans les dossiers régionaux. Pour Shavit, la politique étrangère du Qatar est comme le levier arabe des politiques de Tel-Aviv et de Washington. Ces mêmes Israéliens bien représentés par les Azoulay père et fils, sont conseillers spéciaux du roi du Maroc. Qatar, Maroc, Israël : la boucle est bouclée ! «Une partie des armes (légères et lourdes) a été fournie par l’Algérie, d’autres ont été prises aux forces marocaines au début du conflit. Concernant les armes lourdes, le Polisario aligne, pour les blindés, des T-62, des T-55, quelques SK-105 (ex-marocains), plusieurs blindés de type AML (également ex-marocains), des BRDM-2 et EE-9, des BTR-60 et une soixantaine de BMP-1. Il possède aussi de nombreux véhicules tout-terrain sur lesquels sont montées des mitrailleuses de 12,7 mm ou de 14,5 mm, ainsi que des bitubes de 23 mm. En termes d’artillerie, il détient des pièces de 130 mm, des lance-roquettes multiples BM-21 et des mortiers de 120 mm et de 160 mm. S’ajoutent environ 40 postes de tir pour missiles antichars AT-3 Sagger et une centaine de missiles sol-air à très courte portée SA-7, dont beaucoup ne fonctionnent probablement plus. À ne pas en douter, une partie de ces matériels n’est plus opérationnelle aujourd’hui. » Je vais essayer de faire une synthèse du travail pour le moins incohérent de Stratrisks et de leur agent Touchard. Je leur rappelle que la force d’une armée n’est pas le matériel ni la logistique, ce que feint d’ignorer ce charlatan qui oublie de mentionner que le pilier d’une armée est le renseignement et la motivation du peuple, et c’est la preuve de l’amateurisme de l’auteur. Sinon comment aurions-nous gagné notre révolution contre la France et l’Otan ? La force de l’ANP provient de sa sève patriotique qui est le prolongement direct d’une épopée historique de l’armée de Jugurtha à l’ALN en passant par les braves guerriers d’Al-Mokrani et de l’Emir Abdelkader. Notre force, c’est tout simplement notre histoire ; on en trouve la démonstration dans l’implication des anciens de l’ALN dans la lutte antiterroriste en Algérie qui été mortelle pour les terroristes. L’ANP, qui a brisé les reins du terrorisme islamiste le plus assassin et dévastateur de ce siècle, n’a pas attendu les analyses et les supputations à répétition de certains cercles occidentaux qui sont restés figés dans le mythe du «qui tue qui» alors même qu’ils ont pactisé et formé la plupart des terroristes. L’ANP restera leur cauchemar pour bien longtemps et leurs délires sans fin à propos de notre armée et de la personnalité du chef de nos renseignements et même de l’état de santé de notre président reflètent une fébrilité démesurée de la part de ces puissances qui ont enfanté Ben Laden et Zarquaoui et qui sont les alliés des Wahhabite Saoudiens et Qataris. La sortie récente d’Yves Bonnet qui demande l’ouverture du dossier qatari est très importante dans ce contexte de guerre non déclarée contre notre armée. Yves Bonnet sait des choses et c’est pour cela qu’il s’insurge et recadre le débat vers la source du terrorisme qui est actuellement au Qatar qui arme les mercenaires syriens et abrite des terroristes comme Al- Qardaoui, le mufti millionnaire de l’Otan qui n’a jamais prononcé de fatwa contre Israël, et le chef du FIS et ses fils reconvertis dans le bizness religieux après avoir saigné le peuple algérien avec une monstrueuse fitna. Au moment où notre armée et notre pays sont la cible des esclaves de l’impérialisme des soi-disant politiciens comme Abou Guera qui a changé son prénom en cassant la jarre et un Belkhadem qui joue comme un gosse avec le sigle d’un parti qui a fait la grandeur de la nation, ces trois lettres magiques du titanesque FLN, il les vend à un souffleur de gasba (le corrompu Saïdani). Des ONG algériennes continuent la énième attaque contre l’Algérie sous l’égide de l’organisation sioniste Trial, instrumentalisant l’empêchement de cette organisation de disparus à aller participer à un colloque du forum social mondial en Tunisie. Que va faire une organisation liée au Rachad des islamistes suisses et du boulanger diplomate Monsieur Croissant- Zitout et le criminel wahhabite Dehina qui a bénéficié d’une bourse de l’Algérie pour devenir un opposant à la solde du Qatar et des Occidentaux qui lui ont offert l’asile politique à condition de combattre son pays, au moment où l’ONG Freedom House, vitrine de la CIA, cherche un responsable de la région du Maghreb ? En outre, on apprend par la voix de Madame Louisa Hanoune que le candidat ingrat à la présidentielle de 2014, Ahmed Benbitour, a pris contact avec les manifestants de Ghardaïa pour être leur porte-parole. L’aveuglement et la stérilité des partis et associations ne nous produisent que des Bagara, des nouveaux riches qui utilisent les moyens de l’Etat pour s’enrichir à l’image de Saïdani et son pote Belkhadem. La politique n’est pas un jeu de gamin et tous ces éléments internes doivent prendre en considération la conjoncture externe à laquelle notre pays est confronté : menaces à toutes nos frontières exacerbées par une classe politique médiocre et sans vision stratégique pour la nation, le mouvement associatif, au lieu d’inculquer les valeurs de notre grande nation à nos enfants, soit il s’est emmuré, soit il travaille avec des ONG qui ne veulent que le chaos et la chute du rêve algérien et qui n’arrêtent pas leurs assauts malsains contre notre nation. Le peuple algérien les connaît très bien, pourquoi les islamistes qui ont échoué et qui nous ont ramené un océan de sang s’investissent-ils au sud de l’Algérie, à Ouargla, Ghardaïa ou ailleurs ? Pourquoi les «qui-tue-quistes» de chez nous reviennent-ils par la porte du Sud au moment où les «think tanks» occidentaux évoquent l’éventualité de la force militaire de notre voisin marocain qui est le supplétif parfait d’Israël ? A vrai dire, nous sommes amenés à regretter le mouvement national et ses débats visionnaires de l’émir Khaled à Ben M’hidi. Alors, l’Algérie peut-elle compter sur ce véritable nid de guêpes malfaisantes pour contrer l’offensive impérialiste ? La presse algérienne connaît-elle le poids des mots surtout de certains journaux qui font de la surenchère en ouvrant leurs colonnes à des terroristes rejetés par la société ? Elle a raté le coche d’être un contrepouvoir tout en ratant le train d’être une opposition crédible, à l’instar de la plupart des partis politiques en Algérie. Pas besoin d’aller au sud pour voir le désert, nous le contemplons dans les éditoriaux de certains journaux et les communiqués des partis stériles et antinationaux. L’ANP est la seule institution sur laquelle le peuple peut compter pour briser les rêves de conquête des nouveaux Croisés et de leurs traîtres vassaux. C’est un élément qui échappe à la compréhension des «think tanks occidentaux et des experts qui se vendent au plus offrant. Quant à nous, les patriotes résiduels dans un pays encerclé par une horde de traitres vendus sans honneur aux pingouins du Golfe, ou à la France qui ne guérira jamais de la plaie algérienne, nous continuons à porter le flambeau de nos martyrs et à supporter les accusations des traîtres de tous bords, alors que notre seul but est la sauvegarde de la souveraineté nationale. Nous n’avons aucun intérêt personnel ni avec les mafieux corrompus au sein des administrations ni avec les corrompus islamistes liés au Qatar et au grand capital impérialiste. Nous n’avons que le souffle éternel de la patrie. Le néocolonialisme n’a pas d’avenir chez nous comme l’islamisme qui menace de couper les têtes en Egypte et qui va dresser des potences en Tunisie. La spécificité de l’Algérie doit être enseignée dans nos écoles en panne de créativité. Donc, au moment où nos vaillants soldats de l’ANP traquent des offensives et des entrées d’armement venant de Libye et où nos frontières avec le Mali sont menacées, ces études des think tanks occidentaux attirent notre attention et nous confortent dans l’idée que nous devons rester vigilants par rapport à la frontière ouest qui n’est pas seulement génératrice de cannabis et autres trafics, mais qui peut constituer un danger tant les Occidentaux s’acharnent à vouloir soutenir le Maroc dans le dossier sahraoui ou contre l’Algérie. Notre combat restera permanent tant que le continent africain ne sera pas décolonisé et tant qu’existeront des Etats travaillant pour le compte de l’impérialisme. Et pour ceux qui cogitent dans la perspective de l’élection présidentielle de 2014, nous leur disons que la fumée de la cheminée d’El Mouradia est déjà blanche et que «Habemus Président» ! Menacer le brave de la mort, c’est menacer le canard de la rivière (proverbe algérien)
    MOHSEN ABDELMOUMEN
    La Nouvelle République, 03 avril 2013
  • François Hollande au Maroc: plutôt les affaires que les droits de l’homme !

    C’est un Président français sévèrement diminué politiquement qui s’apprête à se rendre en visite d’Etat au Maroc, les 3 et 4 avril.
    Battant des records d’impopularité, François Hollande n’a cessé, depuis le début de son mandat, de chuter dans les sondages, où il a encore perdu cinq points, cette semaine, pour s’établir à trente six pour cent (36%) d’opinions favorables. Sa dernière prestation sur la deuxième chaîne française, n’y a rien changé. Peu ou prou de ses compatriotes ont été convaincus de sa capacité à relancer la machine de la croissance et résoudre le problème du chômage. Trente deux pour cent (32%) seulement, d’entre eux l’ont trouvé «convaincant» et trente pour cent (30%) à le trouver «rassurant». En outre, neuf (9) chefs d’entreprises français sur dix (10) interrogés, lors d’un sondage, ont déclaré n’être pas confiants, dans un redressement prochain de l’économie, tandis que l’INSEE prévoit une croissance quasi nulle, pour l’économie française, au moins jusqu’à la fin du mois de juin.
    Susceptibilité marocaine et « minauderie protocolaire »
    C’est dans ce contexte de morosité qu’a lieu la visite de François Hollande. Une visite très courte, au regard des enjeux et de la forte délégation qui accompagnera le chef de l’Etat français. Elle tranche nettement avec celles de ses prédécesseurs, Jacques Chirac ou Nicolas Sarkozy, dont les liens avec ce pays du Maghreb, à l’instar de bon nombre de politiciens français, débordent du cadre purement diplomatique. Chirac avait ses habitudes au Palais des hôtes de Rabat et à « La gazelle d’or », à Taroudant, avant que son état de santé, qui s’est fortement dégradé, ne le contraigne à réduire tous ses déplacements.
    Nicolas Sarkozy a, quant à lui, fait l’acquisition d’un riad de luxe, en guise de résidence secondaire, à Marrakech, peu avant son élimination à la présidentielle française. Un rude coup pour le Maroc qui avait misé à fond sur le candidat UMP.
    Le président socialiste a choisi le haut de gamme des visites, à un moment où la France à bout de souffle économique, se cherche un bol d’air, en dynamisant les relations avec la rive sud de la méditerranée. Les appels du pied et les panégyriques des responsables français à l’endroit du Maroc se sont multipliés, au cours des mois qui ont suivi les élections, d’autant que la première visite présidentielle aura été pour l’Algérie, où François Hollande s’était déjà rendu en mars 2012, alors qu’il n’était encore que candidat et promettait d’y revenir s’il était élu.
    Pour qui connaît la susceptibilité du protocole marocain, la priorité donnée au frère ennemi était une égratignure. L’Elysée avait bien tenté de donner des gages, en envoyant son premier ministre en visite, rien n’y a fait. Comme il fallait s’y attendre, le palais ne s’est pas privé de rendre la politesse, sous la forme d’une « minauderie protocolaire » qui a choisi de faire passer l’hôte français, après le déplacement africain de Mohamed VI, au Sénégal, en Côte d’ivoire et au Gabon. Un déplacement dans le pré carré traditionnel marocain en Afrique qui ne revêtait ni un caractère d’urgence, ni une importance vitale, sinon pour les affaires personnelles du roi, dans les domaines des banques, des mines, des télécommunications ou encore de l’immobilier. Un timing soigneusement choisi, également, pour éviter au roi d’avoir à accueillir Christopher Ross, l’Envoyé Personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara, en tournée dans la région. Fait notable, la visite du souverain marocain qui aurait du passer comme lettre à la poste, a eu à pâtir d’une autre susceptibilité protocolaire du palais, « ennuyé » que les gabonais aient annoncé la visite royale avant les médias officiels marocains.
    Le Maroc arrière-cour de l’économie française
    Avec la quasi totalité des entreprises du Cac 40 représentées sur place, des échanges commerciaux dépassant les vingt-deux (22) milliards et plusieurs dizaines de milliards d’euros d’investissements, on peut dire que le Maroc est l’arrière-cour ou le prolongement naturel du tissu économique français.
    Le Président qui compte prononcer un discours devant le parlement marocain au cours d’une session extraordinaire, tiendra sans doute compte de ce postulat et se gardera de franchir le Rubicon, en abordant les sujets qui fâchent, tels que les droits de l’homme, que la France préfère voir comme un verre à moitié plein, bien que le Maroc se retrouve pointé du doigt de toutes parts pour la rudesse de sa répression du « Mouvement du Vingt février » et les procès fabriqués contre ses militants. Autre point noir et non des moindres, le pays du couchant est également sur la sellette au Sahara occidental où ses forces de sécurité, tous uniformes confondus, se livrent à une chasse impitoyable aux indépendantistes. Des images volées circulent sur la toile et montrent, en effet, des hommes sévèrement battus, à Laayoune, par des policiers en civil et qui n’ont pas hésité à s’en prendre également aux femmes sahraouies et à leur intimité, leur arrachant voile et vêtements et les menaçant de viol collectif.
    La grogne en embuscade
    Comme un mauvais présage, la visite du représentant français dans la capitale économique marocaine démarre dans la colère et la détestation populaire, les autorités de la ville ayant jugé nécessaire de délocaliser au stade El Abdi, d’une capacité de quinze mille (15.000) places dans la ville d’El Jadida, distante de plus de cent kilomètres, le match qui devait opposer le Raja de Casablanca, aux koweitiens d’Al Arabi, au stade Mohamed V, d’une capacité de soixante mille (67.000) places, mercredi à vingt heures.
    Beaucoup plus préoccupant pour la vitrine du Maroc, cette visite intervient dans un contexte où l’agitation sociale reprend, de plus belle, au moment où le gouvernement Benkirane semble avoir atteint ses limites, face à l’ampleur de la tâche et à l’omnipotence du Palais. Les promesses de justice sociale, de lutte contre la corruption, d’indépendance de la justice sont restées lettre morte.
    Transparency International a classé pour l’année 2012 le Maroc au quatre-vingt huitième (88) rang sur cent soixante-seize (176) pays, avec un indice de perception de la corruption (IPC) de trente sept (37) sur cent (100). Les autres indices flirtent toujours avec la médiocrité comme celui de la compétitivité défini par le Forum économique mondial qui classe notre pays en soixante-dixième (70) position sur cent quarante deux (142) pays. L’indépendance du système judiciaire fait pire, le royaume se classant, selon le Forum économique mondial, à la quatre-vingtième (80) place sur cent quarante deux (142) pour 2011-2012.
    Le chômage des jeunes diplômés et la crise économique qui touche également le royaume entretiennent un fond diffus de grogne sociale qui menace de mettre, à tout moment, le feu aux poudres. La forme sporadique de grèves, de sit-ins et de manifestations, semble reprendre de la vigueur, après le moment de grâce ayant suivi les élections qui ont porté le PJD au pouvoir et Benkirane à la chefferie du gouvernement. La manifestation unitaire syndicale qui a eu lieu ce dimanche 31 mars à Rabat, a regroupé un arc-en-ciel d’organisations, de mouvements et de partis politiques vent debout contre les mesures d’austérité appliquées par le gouvernement marocain. Le nombre des manifestants témoigne de l’ampleur des revendications et de la détestation croissante des méthodes d’un Benkirane personnellement conspué par la foule.
    Plutôt les affaires que les droits de l’homme
    Sur tout cela, François Hollande fermera sans doute les yeux, préférant parler économie. Les soixante-dix patrons français qui font le déplacement en même temps que le Président, tenteront de refaire le retard accumulé par l’Hexagone sur l’Espagne qui lui a pris la moitié des parts du marché marocain. La dizaine d’accords prévus porteront sur l’agro-alimentaire, mais surtout sur les énergies renouvelables. La France, qui compte réaliser le TGV, tant décrié par la société civile marocaine, ne cache pas son ambition de remporter la deuxième tranche de la centrale solaire de Ouarzazate, et de réaliser et gérer le plus grand parc éolien à Tarfaya, d’une puissance de trois cents (300) mégawatts, pour un coût de cinq cents millions (500.000.000) d’euros.
    Enfin, Paris qui ne peut se permettre de s’aliéner ses propres écologistes, lorgne avec un intérêt non dissimulé, sur le programme marocain de plus en plus contesté, comme un fait du Prince, de la prospection et de l’exploitation éventuelle du gaz de schiste, une source d’énergie dont on sait qu’elle pourrait polluer irrémédiablement, la nappe phréatique dans un pays qui manque souvent cruellement d’eau.
    Rien de spectaculaire, ni de particulier ne sortira donc de la visite présidentielle, sous les auspices de la crise économique la plus grave que le monde ait eu à affronter depuis 1929, sinon à confirmer, une fois de plus, que la France reste une fidèle adepte de la Realpolitik. Et qu’elle soit de droite ou de gauche, elle affectionne de parler plutôt affaires que droits de l’homme !
    Lakome, 01 avril 2013
  • Visite de l’Envoyé de l’ONU pour le Sahara Occidental à Alger

    M. Ross avec les réfugiés sahraouis en Algérie

    ALGER– Après les contacts réalisés au Maroc, le Sahara Occidental, les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, l’envoyé personnel du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross est arrivé dimanche à Alger.
    Après des entretiens avec le ministre des Affaires étrangères, Mourad Medelci, et du ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, M. Ross a été reçu par le présdient algérien Abdelaziz Bouteflika.
    Dans un entretien à la radio publique francophone algérienne, M. Messahel a déclaré qu’il voudrait » voir dans cette nouvelle visite de M. Ross l’espoir en effet d’avancées qui pourraient être réalisées entre les deux parties, c’est-à-dire le Maroc et le Polisario ».
    La visite de Ross dans la région s’achèvera le 3 avril et les résultats de cette tournée seront présentés au Conseil de sécurité de l’ONU le 22 avril prochain. Le rapport présenté par le Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon, au Conseil de Sécurité est prévu pour le 8 avril. Le Front Polisario a exprimé le souhait de voir la question du respect des droits l’homme au Sahara Occidental dominer dans la prochaine session du Conseil de Sécurité prévu fin avril pour la prorrogation du mandat de la MINURSO.
  • Ban Ki-moon, assumera-t-il sa responsabilité cette fois-ci?

    Face au comportement inadmissible des autorités du Maroc au Sahara Occidental, le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz vient d’écrire au roi du Maroc, Mohamed VI pour protester contre le traitement réservée aux femmes sahraouies dans les territoires sahraouis occupés qui manifestaient pacifiquement pour revendiquer le droit à l’autodétermination. Une attitude qui constitue « un dépassement grave et une violation de l’éthique humaine », selon les termes utilisés dans une lettre ouverte au souverain marocain.
    Le fait que la police marocaine fasse recoure aux coups sauvages et au dénudement des femmes sahraouies en marge de la visite de l’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental relève d’agissements contraires aux préceptes de l’Islam. « De tels actes obscènes n’honorent ni le Maroc ni le peuple marocain », a souligné le président sahraoui. 
    Il a rappelé les rapports télévisés et les témoignages des victimes confirmés par des organisations internationales des droits de l’Homme et des médias, y compris marocains, soutenant à l’unanimité qu’il s’agissait d’un « scandale pour l’élite marocaine ».
    Sur le même sujet, le président Mohamed Abdelaziz a envoyé des dizaines de lettres au Secrétaire Général de l’ONU, Ban Ki-moon. Celui-ci n’a jamais daigné rappeler le Maroc à l’ordre pour ne pas attirer les foudres de la France. Ses rapports sur la situation au Sahara Occidental contenaient plus de louanges que des critiques envers ce pays qui depuis près de 40 ans viole les droits les plus fondamentaux dans un territoire qui dépend théoriquement de la responsbilité des Nations Unies.
    A présent que la situation dans la région risque de s’enflammer davantage, le Secrétaire Général, Ban Ki-moon, suivra-t-il le dictat de sa conscience ou celui de Paris? La réponse dans quelques jours.