Mois : avril 2013

  • Les droits des sahraouis avant tout calcul politique ou sécuritaire

    L’escalade des évènements au Mali suite à l’offensive terroriste visant Bamako a fait que les puissances internationales focalisent leur regard sur la solution d’un des plus vieux conflits au monde : le Sahara Occidental.
    Selon les câbles américains révélés par Wikileaks, le Maroc, avec le soutien de la France, a décidé d’envahir l’ancienne colonie espagnole par crainte de se voir entouré par des pays socialistes. L’argument de « l’intégrité territoriale » n’est à aucun moment invoqué, ce qui prouve que l’origine du conflit revient à la situation provoquée par la Guerre Froide.
    Les autorités marocaines brandaient la menace communiste pour attirer le soutien des puissances occidentales. Le soutien reçu par le Maroc de la part de la France et les pays du Golf reflète le conflit des intérêts géopolitiques originés par la Guerre Froide.
    Aujourd’hui, le Maroc tente de refaçonner le conflit en l’adaptant à la lutte contre le terrorisme. A ce titre, les autorités marocaines n’hésitent pas à qualifier les sahraouis de terroristes. Pour Rabat, ceux-ci de communistes se sont transformés en dangeureux terroristes prêts à défendre l’intégrisme, les régimes de Kadhafi et Bashar El Assad, et même le diable sur terre.
    La sympathie des puissances occidentales envers la dictature marocaine a éloigné le débat de son véritable contexte et mis sur la même balance la victime et le bourreau en réduisant la valeur des droits des sahraouis à l’autodétermination et la dignité.
    Si Wikileaks a révélé que l’une des erreurs de Hassan II était celle d’avoir sous-éstimé la détermination des sahraouis à défendre leurs droits, la communauté internationale doit être consciente du danger de mépriser la volonté des nouvelles générations sahraouies dont les parents sont des martyrs de cette cause. Par conséquent, toute approche qui n’est pas basée sur cette vérité est vouée à l’échec et risque de maintenir la situation de déstabilisation dans la région provoquée par les vélleités expansionnistes du Maroc.
    Si hier, l’Occident a financé et armé le Maroc au nom de la lutte contre l’Union Soviétique, aujourd’hui, il ne doit pas commettre la même erreur en défendant le Maroc contre des menaces inexistantes ou produit de l’imaginaire de quelqu’un qui ne voit que les avantages tirés d’une occupation illégale et inhumaine. Les droits des sahraouis doivent prévaloir avant tout calcul économique, politique ou sécuritaire. Le business ne doit passer avant le droit. Sauver la face du Maroc ne doit pas être au détriment des droits légitimes du peuple sahraoui. Le non respect de cette règle impliquera forcément la poursuite de sa lutte pour ces droits.
    Au nom de la justice et de la légalité internationale, les droits des sahraouis doivent être au centre de toute solution de ce conflit qui n’a que trop duré.
    La Tribune du Sahara, 14 avril 2013
  • L »Algérie et l’Afrique du Sud partagent la même position à l’égard du Sahara Occidental

    Le président d’Afrique du Sud, M. Jacob Zuma est arrivé dimanche à Alger dans le cadre d’une visite de travail.
    L’Algérie et l’Afrique du sud adoptent la même position à l’égard de plusieurs questions dont celle du Sahara Occidental.
    Il s’agit, selon eux, « d’une question de décolonisation » dont la solution doit être basée sur « le droit à l’autodétermination » du peuple du Sahara occidental, à travers l’organisation d’un référendum libre et transparent.
    Concernant la situation au Proche-Orient, les deux parties sont favorables à une solution « juste et durable » du conflit israélo-palestinien qui offrira au peuple palestinien, le droit d’instaurer son Etat avec El Qods comme capitale.
  • Sahara: le Front Polisario appelle la France à "clarifier" sa position

    Le chef du Front Polisario Mohamed Abdelaziz a appelé la France à « clarifier » sa position sur le Sahara Occidental, dans un entretien publié dimanche par l’agence nationale algérienne APS.
    Dans une première réaction à la visite d’Etat au Maroc début avril du président François Hollande, M. Abdelaziz a noté un élément « positif »: en s’adressant au Parlement marocain le 4 avril, M. Hollande a insisté sur la nécessité de résoudre le conflit du Sahara occidental, ex-colonie espagnole occupée par le Maroc.
    « Nous aurions aimé qu’il (François Hollande) nomme les choses par leurs noms. Il y a des principes qui ne sauraient être marchandés — principes de démocratie, des droits de l’Homme et du droit à l’autodétermination des peuples », a déclaré M. Abdelaziz qui était interrogé dans un camps de réfugiés sahraouis proche de Tindouf, dans l’extrême sud-ouest de l’Algérie.
    « La France doit être plus claire à ces sujets », a-t-il demandé.
    M. Hollande avait rappelé devant les députés marocains que cette question « attendait son règlement depuis plus de 30 ans ». « La crise au Sahel rend encore plus urgente la nécessité de mettre fin à cette situation », avait-il ajouté.
    « La France soutient la démarche du secrétaire général des Nations unies pour parvenir à un règlement politique acceptable » sur la base des résolutions de l’Onu, avait-il poursuivi. Il avait jugé que le plan de 2007 de Rabat accordant une large autonomie aux Sahraouis constituait « une base et sérieuse et crédible en vue d’une solution négociée ».
    Le Front Polisario, soutenu par l’Algérie, réclame un référendum d’autodétermination dans l’ex-colonie espagnole occupée depuis 1975 par le Maroc, un référendum que prévoient aussi les Nations Unies.
    La visite de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu, Christopher Ross, en mars dans la région a été « importante », a jugé M. Abdelaziz. M. Ross doit remettre son rapport sur le Sahara occidental au Conseil de sécurité de l’ONU le 22 avril.
    Le haut responsable du Polisario a souligné que l’émissaire avait rencontré des Sahraouis des territoires occupés à Dakhla, ville sous contrôle marocain, alors que son déplacement précédent s’était limité à la ville de Laâyoune, capitale de l’ex-colonie.
    « La prochaine réunion du Conseil de sécurité sera un test pour les Nations unies et les Etats influents, notamment la France », a soutenu Mohamed Abdelaziz se demandant si ce pays « continuera à protéger le Maroc qui est accusé de tant de violations (notamment des droits de l’Homme), ou bien verra-t-on un changement de sa position ».
    AFP
  • Laurent Fabius : La France est attaché à l’amélioration des droits de l’homme au Sahara occidental

    Question écrite de Mme Troallic Catherine ( Socialiste, républicain et citoyen – Seine- Maritime)

    Ministère interrogé > Affaires étrangères
    Ministère attributaire > Affaires étrangères
    Rubrique > politique extérieure

    Analyse > Sahara occidental. attitude de la France

    Question publiée au JO le : 12/02/2013
    Réponse publiée au JO le : 02/04/2013

    QUESTION : Mme Catherine Troallic appelle l’attention de M. le ministre des affaires étrangères sur la situation du « peuple sahraoui » et du « Sahara occidental ». Malgré la lutte armée du Front polisario pour l’indépendance, la création en février 1976 de la « République arabe sahraouie démocratique », sa reconnaissance par l’Organisation de l’unité africaine en 1982 et par près de 80 pays à ce jour et en dépit du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui consacré par près d’une centaine de résolutions de l’assemblée générale des Nations-unies, le Sahara occidental est toujours occupé par le Maroc. Depuis le sévère rapport du secrétaire général des Nations-unies au conseil de sécurité sur la situation du Sahara occidental en date du 1er avril 2011, des progrès ont été enregistrés notamment avec la mise en place par les autorités marocaines d’un conseil national des droits de l’Homme. Toutefois, la situation humanitaire des Sahraouis est
    toujours très difficile et les violations des droits de l’Homme continues, ainsi que le précise notamment la fondation Robert Kennedy dans un rapport daté du 3 septembre 2012. La volonté des autorités marocaines de traduire 24 détenus politiques sahraouis dit du groupe de « Gdeim Izik » devant un tribunal militaire au début du mois de février suscite des inquiétudes légitimes. En décembre 2012, le Parlement européen adoptait une résolution sans ambiguïté en faveur de l’autodétermination du peuple sahraoui. Interrogé par un journaliste sur la position française sur le Sahraoui lors de son déplacement à Tlemcen en Algérie, François Hollande, Président de la République a répondu « nous sommes favorables aux résolutions de l’ONU et rien que les résolutions de l’ONU […] nous devons aller vers l’application de toutes les résolutions de l’ONU ». M. Christopher Ross, envoyé spécial du secrétaire général des Nations-unies pour le Sahara occidental, considérait en novembre 2012 « qu’un statu quo concernant le statut final du Sahara occidental est « insoutenable » et « dangereux » dans le contexte de la montée de l’extrémisme, du terrorisme et de la criminalité organisée dans la région du Sahel ». Elle l’interroge sur les initiatives et les actions que le Gouvernement met en oeuvre pour rechercher avec les parties concernées une solution juste, durable et mutuellement acceptable au conflit du Sahara occidental permettant l’autodétermination du peuple sarhaoui.

    REPONSE : La France appelle à un règlement rapide de la question du Sahara occidental. Les défis sont importants. Ils sont politiques : ce différend maintient des tensions entre le Maroc et l’Algérie, tant dans leur relation bilatérale que dans les enceintes multilatérales, et freine la construction d’un Maghreb uni, stable et prospère. Ils concernent en outre la sécurité : ce conflit élève les risques dans le contexte d’instabilité régionale au Sahel. Ils sont enfin humanitaires : les familles sont séparées depuis près de quarante ans et les réfugiés des camps de Tindouf, en Algérie, sont dépendants de l’assistance humanitaire de la communauté internationale, à laquelle la France contribue, et des ONG. Cette question est complexe et concerne plusieurs parties : le Maroc, qui a proposé en 2007 un plan d’autonomie, que la France considère comme base sérieuse et crédible pour une solution négociée ; le Front Polisario, qui revendique la tenue d’un référendum d’autodétermination incluant l’option de l’indépendance ;; et l’Algérie, qui indique qu’elle s’alignera sur toute solution conforme au principe d’autodétermination. Lors de son déplacement à Tlemcen le 20 décembre 2012, le Président de la République a rappelé que c’était l’organisation des Nations unies qui menait la médiation. Depuis 1991, la mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) assure la préservation et l’observation du cessez-le-feu entre les parties. La France, membre du groupe des amis du Sahara occidental, estime que la priorité doit être donnée au processus politique et soutient les efforts de l’ONU en ce sens. Elle entretient des contacts réguliers avec l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross. Seul le dialogue peut permettre de parvenir à une solution politique réaliste, juste, durable et mutuellement agréée. La France a des contacts bilatéraux fréquents avec le Maroc et l’Algérie et encourage les efforts de rapprochement entre ces deux pays voisins. La France est attachée à l’amélioration des droits de l’Homme tant au Sahara occidental que dans les camps de réfugiés de Tindouf. Depuis plus d’une décennie, le Maroc a effectué des progrès en la matière : nouvelle constitution du 1er juillet 2011 ; conseil national des droits de l’Homme indépendant, dont deux commissions régionales au Sahara occidental ; invitation de plusieurs rapporteurs spéciaux du conseil des droits de l’Homme des Nations unies. La France entretient un dialogue suivi avec les autorités marocaines à ce sujet. Elle souhaite que les efforts marocains continuent et que des mesures comparables soient mises en oeuvre dans les camps de Tindouf.

  • Maroc : Le sort du Sahara confié à la MAP

    Les autorités du Maroc, convaincus que la bataille du Sahara Occidental se livre sur le champ médiatique, ils y ont déployé tous leurs moyens. Pour arriver à leurs fins, l’arme de pointe, à leurs yeux, est la MAP. Toutes ses dépêches portent la marque de fabrique des services secrets marocains. 
    Alors que Wikileaks vient de révéler que le roi Hassan II a décidé d’envahir le Sahara Occidental pour empêcher un nouvel Etat proche de l’Algérie, la MAP défend, avec becs et ongles, qu’il s’agit pour le Maroc d’une affaire d’intégrité territoriale. Pour garder ce territoire sous contrôle marocain, la MAP et ses relais de la presse makhzénienne, n’ont trouvé comme argument que le sujet de la sécurité dans la région. De ce fait, Rabat tente de relier le Front Polisario au terrorisme qui sévit dans le Sahel.
    Les convulsions fébriles des autorités marocaines les poussent au point d’autoriser la MAP à attribuer des déclarations à des personnalités qu’elles n’ont jamais faites. L’une de leurs dernièrs victimes est le Ministres des Affaires Etrangères du Mali, Thiéman Coulibaly. Lors de son passage à Alger le 10 avril 2013, il a exprimé son mécontentement face à la manipulation de la MAP. Selon la MAP il a confirmé à Washington la présence de sahraouis parmi les groupes terroristes pourchassés par les troupes françaises au Nord du Mali »
    Quelques jours avant, le 5 avril 2013, le Ministre des Affaires Etrangères Panaméen était la nouvelle proie de la MAP. Selon celle-ci, il a déclaré au journal « La Estrella de Panamá » que « le problème du Sahara n’est pas un conflit entre le Maroc et le « front polisario », mais plutôt entre le Royaume et l’Algérie ». Nous avons beau chercher dans ce journal pour trouver une trace de cette déclaration. 
    A force de répéter leurs mensonges, les marocains ont fini par les croire. Ainsi, dès que les forces françaises ont initié leur offensive contre Al Qaida au Mali, la MAP et un certain nombre d’officines connues pour être en service commandé ont commencé à rameuter que les terroristes se sont réfugiés chez les sahraouis. Ils se sont dit « ça y est, l’armée française va attaquer les camps de réfugiés sahraouis et ce sera la fin de cette histoire qui dure depuis près de 40 ans. Il ne restera plus au Maroc qu’à engager ses troupes pour annexer le 20% restant du territoire qui était géré par le Polisario ». Les rêveurs de Rabat ont commencé à voir l’armée française en train de se déplacer du Massif des Ifoghas direction le Sahara Occidental.
    A cause des dépêches de la MAP et consorts, les dirigents marocains se léchaient les babines en voyant les phosphates et autres ressources du Sahara Occidentales exploités par les sociétés françaises touchées par la crise financière qui secoue le vieux continent. 
    L’agitation médiatique frénétique et la rhétorique bruyante et stérile traduisent un profond désarroi des marocains face à l’échec de leur politique au Sahara Occidental. Quoia qu’ils fassent pour travestir la question du Sahara Occidental, elle restera, aux yeux de la communauté internationale une question de décolonisation inachevée qui ne trouvera son règlement qu’au sein des Nations unies et à travers une solution qui pourvoie à l’autodétermination du peuple sahraoui.
    La Tribune du Sahara, 13 avril 2013
  • Pression onusienne sur Rabat

    Le document, de 27 pages, dont nous nous sommes procurés une copie, évoque les manifestations pacifiques du peuple sahraoui, violemment réprimées par les forces d’occupation marocaine, mais aussi les procès iniques, les tortures et les détentions arbitraires de militants dont le grand tort et de continuer à revendiquer l’indépendance de leur pays. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU n’a guère été tendre avec le Maroc colonialiste dans son dernier rapport relatif au Sahara occidental. Celui-ci, en effet, ne laisse pas de réitérer la nécessité de tenir un référendum d’autodétermination, ce qui bat en brèche la proposition marocaine basée sur la «large autonomie», officiellement soutenue par la France, en dépit du fait qu’elle soit contraire au droit international.
    Le rappport, en outre, relève que «dans le territoire, des manifestations généralement pacifiques ont eu lieu périodiquement à Laâyoune et dans d’autres localités importantes. Il s’agissait le plus souvent de petites manifestations organisées à l’improviste, qui étaient rapidement dispersées par les forces de sécurité marocaines ». Or, lit-on encore, « le Frente Popular para la Liberación de Saguía el-Hamra y de Río de Oro (Front Polisario) a fait état de l’emploi de la force disproportionnée à certaines occasions ». Il faut dire que des vidéos, des photos et des rapports accablants, existent, pour prouver que les forces d’occupation n’hésitent à s’en prendre à tout le monde, y compris les femmes.
    Le rapport ajoute, toujours à propos du même sujet, que « dans certains cas, les manifestants attiraient l’attention sur des aspects de l’exploitation des ressources naturelles de la région qu’ils jugeaient contraires au droit international. Dans d’autres, ils exprimaient leurs préoccupations concernant la prestation des services sociaux. Et d’enchaîner pour dire qu’ « en octobre 2012, 11 Sahraouis, dont quatre femmes, sont entrés dans la base d’opérations de la Minurso à Smara, à l’ouest du mur de sable, pour exiger une augmentation de l’assistance sociale. Quelques heures plus tard, le groupe a été persuadé de quitter le complexe après que les autorités ont promis d’examiner leur demande. Cinq membres du même groupe sont revenus pendant la visite de mon Envoyé personnel en mars 2013, et ont demandé à le rencontrer. Là encore, ils ont été persuadés de quitter les lieux.
    Mais le plus important c’est que « d’autres manifestations visaient à exprimer un appui à l’autodétermination ou la solidarité avec les Sahraouis arrêtés après les événements de Gdeim Izik de novembre 2010 et les incidents de Laâyoune de septembre 2011 ».
    Mais le plus important reste à venir. Après l’échec du plan de large autonomie du Sahara, c’est le refus marocain d’élargissement du mandat de la Minurso au respect des droits de l’homme qui risque d’être lui aussi réduit à néant. Que l’on en juge : « la question des droits de l’homme était au centre des visites effectuées par plusieurs organisations de défense des droits de l’homme pendant la période considérée. En août 2012, une délégation du Robert F. Kennedy Centre for Justice and Human Rights s’est rendue au Sahara occidental et dans les camps près de Tindouf. Ses membres ont rencontré des représentants de la Minurso, des organisations marocaines et sahraouies de défense des droits de l’homme et de la société civile, ainsi que les autorités marocaines et celles du Front Polisario. En septembre 2012, des membres du Leadership Council for Human Rights se sont également rendus dans le territoire et ont rencontré des interlocuteurs locaux et mon Représentant spécial… »
    L’ONU devrait en effet imposer au Maroc un mécanisme spécial relatif à ce sujet.
    Et en finissant d’enfoncer le clou, Ban Ki moon revient sur le camouflet diplomatique reçu par le Maroc à propos de son retrait de confiance à Christopher Ross : « la période allant de mars 2012 à mars 2013 a été marquée par une pause de quatre mois dans le processus de médiation et par de graves troubles dans la région du Sahel et au-delà. Cette pause dans les négociations, due au fait que le Maroc a retiré sa confiance à mon Envoyé personnel en mai 2012, a pris fin le 25 août à l’issue d’une conversation téléphonique que j’ai eue avec le Roi Mohamed VI, au cours de laquelle j’ai précisé les mandats de mon Envoyé personnel et de la Minurso. Après avoir eu plusieurs contacts bilatéraux avec les parties et les États voisins à New York, mon Envoyé personnel a repris ses activités de médiation en se rendant dans la région en octobre et novembre 2012, effectuant ainsi sa première visite au Sahara occidental. Il s’est également rendu dans les capitales des États membres du Groupe des Amis du Sahara occidental (Madrid, Moscou, Londres, Paris et Washington), ainsi que de l’Allemagne et de la Suisse, du 28 janvier au 15 février 2013 pour mobiliser un appui international en vue de trouver une nouvelle formule pour faire avancer les négociations et surmonter l’impasse actuelle ».
    Signalons pour finir que « dans les camps de réfugiés près de Tindouf, le secrétaire général du Front Polisario a exprimé sa profonde exaspération face à l’incapacité de l’Organisation d’organiser un référendum sur l’autodétermination. En ce qui concerne la situation au Mali, il a souligné que le Front Polisario est fermement opposé aux activités des groupes terroristes et criminels et que celui-ci avait pris des mesures pour empêcher tout recrutement dans les camps ».
    Kamel Zaïdi

  • Wikileaks : les faux calculs de Hassan II

    Dans un câble envoyé le 23 février 1976, sous le titre de « Sahara Espagnol, l’erreur calcul multilatéral en règle de politique », l’ambassade américaine à Alger faisait un bilan des erreurs de calcul de toutes les parties impliquées ou concernées par le conflit du Sahara Occidental. 
    Ce câble intervient trois jours avant la date officielle du retrait espagnol, le 26 février 1976 et 4 jours avant la proclamation de la RASD par le Front Polisario dans les territoires libérés du Sahara Occidental.
    Certains éléments de cette analyse sont parfaitement applicables à la situation actuelle. Le diplomate américain souligne l’engagement de l’Algérie à défendre le droit à l’autodétermination au Sahara Occidental et met en avant les erreurs de calcul du défunt roi Hassan II. Parmi celles-ci, le fait d’avoir sous-estimé la volonté du peuple sahraoui de défendre son territoire et ses droits.
    Face à l’entêtement de Hassan, le diplomate propose de lui montrer moins de soutien pour le faire infléchir. Cette situation perdure jusqu’à présent à cause du soutien inconditionnel de la France au Maroc. 
    TEXTE INTEGRAL DU CABLE 
    SAHARA ESPAGNOL : L’ERREUR DE CALCUL MULTILATERAL EN REGLE DE POLITIQUE
    23 Février 1975
    De : Ambassade d’Alger
    Destinataires : Department of State | Libya Tripoli | Mauritania Nouakchott | Morocco Rabat | Spain Madrid | Tunisia Tunis | United Nations (New York) 
    HASSAN, le Premier décideur, a fait plusieurs erreurs de calcul concernant les attitudes des Sahraouis et des Algériens.
    Tout d’abord, il a mal calculé les désirs des sahraouis et a participé activement dans la promotion de l’autodétermination jusqu’en 1973, date à laquelle il est devenu prisonnier de sa propre rhétorique et a dû prendre des engagements et déclarations ultérieures qui étaient contradictoires avec la politique qu’il a éventuellement suivi quand le moment est venu de prendre une décision, ce qui a donné aux algériens un bâton util pour le sermonner. Plus important encore, il a sous-estimé la force d’opposition sahraouie à l’administration marocaine et apparemment et il a mal calculé le degré de disponibilité de l’Etat algérien à soutenir le Polisario. Ce dernier semble être devenu une force beaucoup plus efficace que prévu par les marocains.
    La perspective actuelle est une guerrilla durable et amère, et le Polisario pourrait bien réussir à rendre le Sahara ou une partie d’elle intenable pour les civils marocains. S’il en est ainsi, les marocains vont probablement être poussés à attaquer les sanctuaires principales du Polisario en Algérie et l’escalade rendra le conflit en guerre entre le Maroc et l’Algérie.
    Malgré l’habilité de Hassan II en calcul, il semble évident qu’il a été trompé par les Algériens dans, au moins, une occasion : la visite de Bouteflika à Rabat en juiller 1975, les marocains ont pensé qu’ils avaient conclu un accord sur le partage du territoire en échange de la ratification de l’accord sur les frontières avec l’Algérie: D’autre part, l’absence d’un ambassadeur ici voulait dire qu’il a été mal informé sur la position algérienne et il ne pouvait que s’auto-blâmer de cela. 
    Boumédienne a aussi mal calculé la fidélité de l’Espagne face aux pressions marocaines lors de la crise interne comme il a mal calculé la détermination du Maroc et le soutien officiel à Hassan II.
    L’Espagne semble avoir mal calculé: (a) l’engagement algérien en faveur de l’autodétermination, (b) les désirs de la population sahraouie et (c) les extrêmes jusqu’où Hassan II était prêt à aller pour arriver à ses fins.
    Les Tunisiens et les mauritaniens ont mal calculé l’intensité des sentiments et l’engagement de Boumediene. Ainsi, aucune des parties au Maghreb ne semble avoir prévu sa réaction. 
    La situation actuelle n’intérêsse personne, sauf probablement les soviétiques qui pourraient profiter de leur relation de fourniture d’armes avec les algériens pour s’établir davantge ici. La question que se posent les Etats-Unis est s’il y a une sortie de l’impasse. Théoriquement, l’Algérie pour jetter l’éponge et tout résoudre. Cela voudrait dire abandonner ses principes et positions officielles, ce qui serait extrêmément embarassant.
    Cela signifierait l’abandon des principes et positions officielles, ce qui serait extrêmement embarrassant. Plus important encore, cela signifierait un aveu de défaite par Hassan II, un pas humiliant et potentiellement fatal pour Boumédienne. S’il doit y avoir une solution pacifique, il devra, cependant, accepter quelque chose de moins que la demande officielle de son gouvernement d’autodétermination complète. Nous pensons qu’il est conscient de cela et qu’il accepterait un compromis qui sauvera la face s’il contient l’élement d’autodétermination.
    Le revers de cette proposition, cependant, est que Rabat doit accepter de modifier sa position selon laquelle le dossier du Sahara est clos, que le peuple sahraoui n’existe pas, et qu’il n’y a rien à discuter. S’il doit y avoir un accord de paix global, les marocains devront accepter au moins l’autodétermination partielle, y compris éventuellement (A) consultation d’une Jemaa reconstituée, (B) un accord avec le Polisario, et (C) une sorte de régime spécial qui ne diminuera pas sérieusement la souveraineté marocaine. (Il ya un précédent dans le statut douanier spécial dont a bénéficié Tan-Tan). Si l’on croit les ministres du roi, cette approche est une anathème, mais quelque chose de semblable serait une condition sine qua non de la solution.
    En disant cela, je suis bien conscient de la fermeté de la position actuelle du Maroc.Cependant, l’alternative est une longue et coûteuse guerre qui minera la stabilité de cette région et affectera les intérêts de la communauté internationale et des pays directement concernés. Une des victimes sera, bien sûr, les relations entre les USA et l’Algérie, telles qu’elles sont maintenant. Je suis bien conscient des limites de notre influence sur Hassan II. Cependant, il faut lui dire clairement que nous avons d’importants intérêts en jeu en Algérie et qu’il ne peut pas compter sur notre soutien indéfiniment si la situation se détériore.
    Vu d’ici, l’approche intransigeante de Hassan II est fondée sur l’hypothèse que nous (et d’autres, surtout les français) lui soutiendront éternellement. S’il devait commencer à en douter, il pourraient décider de faire preuve d’un un peu plus de souplesse. Il pourrait aussi devenir moins coopératif sur les arrangements basiques et les visites de la flote, mais le passé a démontré qu’il a besoin de notre présence là-bas et nous manquons pas de cartes à jouer.
    https://www.wikileaks.org/plusd/cables/1976ALGIER00460_b.html
  • L’Espagne réïtère son soutien à l’autodétermination du Sahara Occidental

    Le Premier ministre espagnol, Mariano Rajoy, a de nouveau déclaré être favorable à l’autodétermination du Sahara Occidental, lors de la visite du chef de l’ONU, Ban Ki-moon, à Madrid.
    Ainsi, dans un tweet sur ​​son compte Twitter, sur le Sahara Occidental, le chef de l’Exécutif español a écrit « L’Espagne continuera à soutenir une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui prévoit l’autodétermination ».
    Devant les journalistes, Rajoy a affirmé que l’Espagne « soutient le travail de l’ONU au Sahara Occidental. L’Espagne restera membre du groupe d’amis et défendra l’autodétermination du Sahara Occidental dans le cadre des résolutions des Nations Unies ».
  • Sahara : l’enjeu caché des phosphates (Kissinger Cables)

    Les derniers câbles diplomatiques publiés par Wikileaks révèlent l’importance des gisements de phosphate de Bou Craâ dans les négociations entre le Maroc et l’Espagne au début des années 70.
    Les « Kissinger Cables » publiés lundi par Wikileaks regroupent l’ensemble des câbles diplomatiques américains échangés entre 1973 et 1976, à l’époque où Henry Kissinger était Secrétaire d’Etat à Washington. Ces câbles, dont plusieurs milliers concernent le Maroc, apportent des perspectives inédites sur la nature et l’évolution des négociations au Sahara pendant cette période charnière du conflit.
    Parmi les informations révélées par Wikileaks, celles concernant les phosphates du Sahara sont particulièrement intéressantes dans le sens où les enjeux politiques liés au territoire ont toujours occulté la réalité géologique et que les données fiables sont rares.
    Aujourd’hui, l’OCP extrait à Bou Craâ entre 2,5 et 3 millions de m3 de roches brutes par an, pour un chiffre d’affaires de 527 millions de dollars en 2011 (1). Le Polisario accuse l’Etat marocain de « pillage des ressources naturelles » ; Rabat prétend au contraire que les mines de Bou Craâ «ne sont pas rentables et sont maintenues en production pour des raisons sociales».(2)
    « L’Espagne, 3e ou 4e producteur mondial de phosphates »
    C’est au début des années 70 que l’exploitation du phosphate à Bou Craâ a démarré. Selon les câbles diplomatiques, les Espagnols, à travers la société Phosboucraâ, ont investi 200 millions de dollars de l’époque en équipements et en installations. En 1974, la mine produisait déjà 2,3 millions de tonnes de roches, expédiées en majorité en Espagne. Madrid prévoyait d’augmenter la capacité de production à 10 millions de tonnes par an. Un objectif réalisable « probablement d’ici fin 1975 », selon un câble diplomatique en provenance d’Espagne et daté de septembre 1974. La même source indique que les réserves prouvées à l’époque, 1,7 milliard de tonnes, permettraient de maintenir ce niveau de production à Bou Craâ pendant 150 ans et feraient de l’Espagne « le 3e ou 4e producteur mondial de phosphates, juste devant ou derrière le Maroc ».
    Bou Craâ, objet de négociations entre Madrid et Rabat
    Au cours de l’année 1975, alors que le départ de l’Espagne était devenu inéluctable et que le Maroc se positionnait pour récupérer le territoire, en attendant le verdict de la Cour internationale de justice, les diplomates américains relevaient l’importance de la question des phosphates dans les négociations en cours entre les deux pays. Selon des conseillers économiques étrangers en poste à Rabat, cités dans un câble daté de septembre, «lorsque des discussions sérieuses commenceront sur l’exploitation future de la mine de phosphates de Bou Craâ, alors l’accord sur le Sahara pourra être considéré comme conclu ».
  • Sahara occidental : Christopher Ross reçu par le roi du Maroc

    RABAT – L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a été reçu, mercredi à Fès (180 km à l’est de Rabat), par le roi Mohammed VI du Maroc, a-t-on annoncé de sources officielles.
    Il s’agit de la deuxième visite de l’envoyé onusien dans le royaume après celle effectuée, en mars dernier, entrant dans le cadre d’une tournée régionale qui l’avait mené au Sahara occidental, notamment, dans les villes d’El-Ayoun et de Dakhla, en Algérie et en Mauritanie.
    Au cours de son premier séjour, il s’était entretenu avec les présidents des deux chambres du Parlement marocain, respectivement Karim Ghellab (Chambre des représentants) et Mohamed Cheikh Biadillah (Chambre des conseillers) le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane, le ministre des Affaires étrangères Saad Dine El Otmani et le ministre de l’Intérieur, Mohand Laenser.
    A l’issue de son entretien avec le Chef de la diplomatie marocaine, M. Ross avait déclaré que « la situation dans la région du sahel et de son voisinage rend une solution plus urgente que jamais » la question du Sahara occidental.
    Il avait également déclaré que sa nouvelle tournée était « consacrée à la recherche d’une solution de la question du Sahara occidental conformément aux résolutions successives du Conseil de sécurité ».
    Durant ce séjour, Christopher Ross n’avait pas été reçu par le roi du Maroc, ce dernier ayant été en tournée en Afrique de l’Ouest.
    M. Ross doit présenter les conclusions de cette nouvelle tournée au conseil de sécurité le 22 avril prochain.
    Cette nouvelle visite de M. Ross dans la région intervient après celle effectuée, en octobre dernier, à la suite de laquelle il avait présenté un rapport devant le Conseil de sécurité de l’Organisation des Nations unies, rappelle-t-on.
    L’envoyé personnel de Ban Ki-moon avait alors exprimé sa « forte préoccupation » du statu quo de la situation, en prévenant que s’il perdurait, « ce conflit pourrait nourrir une frustration croissante et déclencherait de nouvelles violences et hostilités qui seraient tragiques pour les peuples de la région ».
    APS, 9 avril 2013