Mois : avril 2013

  • Rabat prise à son propre piège

    Les Etats-Unis présenteront prochainement aux membres du Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution qui préconisera sans aucun doute l’élargissement de la mission de la Minurso à la supervision des droits de l’homme tant dans la partie du Sahara Occidental sous occupation marocaine que dans les camps de réfugiés en Algérie sous contrôle du Front Polisario. Pour avoir elles-mêmes, sous prétexte d’être soucieuses de la situation de ces droits de l’homme dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie, réclamé la mise en place en ces lieux d’un mécanisme international de surveillance de ces droits et affirmé à grand renfort de propagande que le Maroc n’a rien à se reprocher en la matière dans le territoire qu’il occupe, les autorités de Rabat se retrouvent prises au piège dans lequel elles pensaient enferrer le Front Polisario. 
    Du moment que Rabat prétend qu’il n’y a pas de problème des droits de l’homme en territoire sahraoui sous autorité du Makhzan, pourquoi ses autorités s’offusquent de l’élargissement de la mission de la Minurso puisque affirmant le respect de ces droits par elles ? S’il en est ainsi, l’initiative américaine permettra de le confirmer et le cas échéant de vérifier la véracité des accusations marocaines contre le Front Polisario en matière des droits de l’homme, lequel s’est déclaré accepter d’être sous le regard de cette Minurso ayant compétence de surveillance des droits de l’homme. 
    La réaction de rejet manifestée par le trône et le Makhzan marocain pour l’élargissement du rôle de la Minurso est de même nature que celle qu’ils ont s’agissant d’admettre le principe du droit pour le peuple sahraoui à s’exprimer par la voie de l’autodétermination. Dans les deux cas, elle est en flagrante contradiction avec les certitudes sur lesquelles s’arcboute la diplomatie marocaine pour tenter de faire valoir le bien-fondé de la politique du royaume sur la question sahraouie. On ne peut en effet prétendre comme le font les Marocains qu’il n’existe de problème des droits de l’homme au Sahara Occidental et s’affoler jusqu’à l’hystérie dès lors que la communauté internationale veut en avoir le cœur net. De même que l’on ne peut affirmer que la population sahraouie est attachée au trône et convaincue de la «marocanité» de son territoire et user de tous les stratagèmes pour la priver du droit à l’exprimer par voie d’autodétermination à travers un référendum. 
    Avec ses logiques contradictoires, le Maroc a fini par lasser ses plus «intimes amis» étrangers et rendu possible qu’une initiative américaine se déclare qui le met «dos au mur». La crainte est que se sentant acculés, le trône et le Makhzan tentent de se lancer dans la fuite en avant sous la forme d’une provocation qui aurait pour effet de créer une situation dangereuse dans la région avec l’espoir qu’elle dissuadera ses «amis et alliés» de distendre leurs liens de solidarité avec le royaume. La campagne médiatique anti-algérienne qui s’est amplifiée au Maroc depuis l’annonce par Washington de l’initiative américaine fait craindre qu’elle prépare une opération de ce genre. Dans le climat d’affolement qui prévaut à Rabat tout est à redouter y compris l’incontrôlable dérapage. Paris sur qui le Maroc semble miser à fond pour le sortir de sa mauvaise passe diplomatique, doit se garder de jeter de l’huile sur le feu en lui manifestant une solidarité sans frein et allant à l’encontre de ses propres intérêts géopolitiques au Maghreb et dans toute la région méditerranéenne. 
    par Kharroubi Habib
    Le Quotidien d’Oran, 21 avril 2013
  • Sahara Occidental : Washington accuse Rabat de tortures

    Nouvelle salve des Etats-Unis contre le Maroc à moins d’une dizaine de jours de la réunion du conseil de sécurité de l’ONU qui devrait adopter une résolution US pour l’extension des prérogatives de la Minurso (Mission des Nations-Unies pour un référendum au Sahara Occidental) aux droits de l’homme dans ce territoire non autonome. En fait, Washington, après la dernière tournée de l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara Occidental, avait annoncé la semaine dernière la présentation avant la fin du mois un projet de résolution aux 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU pour étendre le mandat de la mission des Nations unies au Sahara Occidental (Minurso) au respect des droits de l’homme. »Le projet de résolution indique que la surveillance et l’information en matière de droits de l’homme puissent faire partie des responsabilités de la Minurso», indique une source proche des négociations. 
    Vendredi, le département d’Etat US, dans son rapport 2013 sur les droits de l’homme dans le monde, accuse le Maroc de bafouer les droits de l’homme au Sahara Occidental. Contrairement aux précédents rapports, le département d’Etat réserve cette fois-ci une douzaine de pages à la situation au Sahara Occidental, et les nombreuses violations des droits de l’homme commises par l’appareil sécuritaire du makhzen au Sahara Occidental. Une position à l’opposée de celle adoptée jusqu’à présent par les Etats-Unis dans ce dernier dossier de décolonisation en Afrique. D»’autant que la publication de ce rapport très critique contre le Maroc intervient juste quelques jours après l’annulation par Rabat de manœuvres militaires conjointes avec les Etats-Unis, en réaction à l’annonce américaine de la présentation de la résolution au Conseil de sécurité sur les nouvelles missions de la Minurso. 
    Le document du département d’Etat souligne ainsi que «des rapports crédibles indiquent que les forces de sécurité marocaines sont impliquées dans la torture, les coups et d’autres mauvais traitements infligés aux détenus sahraouis». En outre, ces violations des droits de l’homme au Sahara Occidental occupé ont été rapportés par des ONG internationales et locales, relève le même rapport selon lequel ces ONG «continuent à signaler les abus contre, particulièrement, les indépendantistes sahraouis», alors que «la torture est pratiquée généralement lors des détentions provisoires». 
    ‘’Les militants des droits de l’homme et les indépendantistes (sahraouis) affirment que les autorités marocaines les accusaient faussement d’infractions pénales », ajoute le document. Outre «les viols commis contre des détenus politiques sahraouis», le rapport cite d’autres abus pratiqués par les forces de sécurité marocaines, tels «les coups avec des câbles électriques, l’asphyxie avec des chiffons humides trempés dans l’urine ou dans de produits chimiques, les brûlures de cigarettes, et la suspension par les bras ou comme un « poulet ficelé » pendant une longue durée», et cite également les ‘’traitements dégradants » qui surviennent suite ‘’aux manifestations indépendantistes ou à celles appelant à la libération des prisonniers politiques sahraouis». 
    Le rapport du département de John Kerry, remplaçant d’Hillary Clinton, revient par ailleurs sur l’absence d’enquêtes des autorités marocaines sur les cas de torture et violation des droits de l’homme au Sahara Occidental, même si les lois du pays l’exigent, ainsi que le refus d’examens médicaux dans le cas d’allégations de torture. Mieux: ‘’la plupart des plaintes ne sont pas examinées, les médecins n’attestent pas des traces de blessures causées par la torture, alors que les ambulances ne sont souvent pas mobilisées pour soigner les blessés lors des manifestations», révèle le département d’Etat, qui rappelle qu’après sa visite au Maroc et au Sahara Occidental, le Rapporteur spécial des Nations Unies sur la torture, M. Juan Mendez, avait déclaré en mars dernier qu’il avait «de bonnes raisons de croire qu’il y a des allégations crédibles sur les agressions sexuelles, les menaces de viol de la victime ou des membres de sa famille, et les autres formes de mauvais traitements». 
    IMPUNITE DES TORTIONNAIRES 
    Mais il y a pire: pour les Etats-Unis, et sur l’implication de l’appareil sécuritaire marocain dans la répression des indépendantistes sahraouis, »l’impunité de la police demeure un problème». Allant dans les détails et en se référant aux rapports d’ONG internationales et locales, il soutient que si le gouvernement marocain prétend qu’aucune plainte n’a été déposée contre la police, «les victimes sahraouies présumées des violations des droits de l’homme avaient déposé, en 2012, davantage de plaintes contre les agents de police et les forces auxiliaires que l’année précédente». 
    Par ailleurs, les Etats-Unis épinglent le Maroc sur le cas des détenus politiques sahraouis, pour qui ces derniers sont seulement accusés de crimes de droit commun, et refuse ainsi de les considérer comme des détenus politiques. Or, selon les ONG internationales de défense des droits de l’homme, il y a au moins 74 prisonniers politiques sahraouis, rappelle le rapport US, qui fait suite à un autre rapport publié il y a six mois qui avait été adressé par le département d’Etat au Congrès, dans lequel il avait été souligné que la situation générale des droits de l’homme dans les territoires sahraouis soulevait de «sérieuses inquiétudes». 
    Il faut juste rappeler à ce niveau que le précédent rapport avait été élaboré en application d’une loi adoptée en 2011 par le Congrès américain, exigeant du département d’Etat de s’assurer du respect des droits de l’homme au Sahara Occidental avant l’octroi de toute aide financière ou militaire au Maroc. 
    par Yazid Alilat
  • L’Union Africaine écrit à l’ONU au sujet du Sahara Occidental

    Par Matthew Russell Lee, Exclusif
    NATIONS UNIES, 20 Avril – L’Union africaine a suivi le mouvement sur le Sahara occidental, dans une lettre adressée au secrétaire général Ban Ki-moon réitérant la nécessité d’un référendum avec l’indépendance comme option. (Inner City Press a obtenu la lettre de l’UA et mise en ligne, ici.)
    C’est ce référendum pour lequel la MINURSO ONU a été créée, mais l’ONU a échoué à l’organiser.
    Cette année, la question est caractérisé par un affrontement des Etats-Unis contre la France et le Maroc. La dynamique est colonial, et en ce qui concerne la France et les Etats-Unis, une question de carte de jeu de l’après Deuxième Guerre Mondiale qui a divisé le monde, un sujet que le Secrétariat de Ban semble vouloir garder secret, cliquez ici.
    Tel que rappelé par la lettre de l’Union africaine envoyé par la présidente de la Commission Nkosazana Dlamini-Zuma notes, le Sahara occidental a été mis sur la liste onusienne des territoires non autonomes en 1963. Il ya une raison derrière le rituel annuel de la Quatrième Commission de l’ONU.
    C’est l’un des plus grands échecs de l’ONU – un des nombreux, bien sûr, mais l’un des plus grands.
    Cliquez ici pour la nouvelle, mais potentiellement troublante, position de l’ONU exprimée cette semaine à Inner City Press sur Sahara occidental dans deux (ou trois?) testes .
    Ces dernières années, le scénario de la fin Avril était assurée par la France en s’opposant à un mandat relatif aux droits humains pour la MINURO et des membres de l’Union africaine – l’Ouganda pendant deux ans, puis l’Afrique du Sud pour deux ans aussi – qui le réclamaient.
    L’an dernier, le Maroc a rejoint la fête, dans la première de ses deux années dans le Conseil de sécurité. Pour être juste envers le Maroc, sur d’autres questions de maintien de la paix à Gaza, il a contribué aux travaux du Conseil au cours des 16 derniers mois.
    Cette année, ce n’est pas le Togo mais le Rwanda qui devrait défendre la position de l’Union Africaine. Mais il ya un problème: en tant que président du Conseil de sécurité pour Avril, le Rwanda doit souvent agir non pas en sa capacité nationale, voire régionale, mais en tant que président.
    La semaine prochaine il ya des consultations sur le Sahara occidental et la MINURSO le 22 Avril avec l’adoption prévue pour le 25 Avril, un repli avec Ban Ki-moon (le destinataire de la lettre de l’UA) entre les deux.
    Ban Ki-moon a tardé à libérer la lettre; cecu est un modèle, sur lequel son Secrétariat a sollicité l’appui de son Alliance de Censure de l’ONU, ici.
    Des États africains non membres du Conseil ont rencontré Eugene Richard Gasana, apportant la gamme complète de la la perspective de l’Union Africaine, tel que l’un d’eux a déclaré vendreri à City Press.
    Inner City Press, 20 avril 2013
  • Le Maroc, un allié qui n’est pas fiable

    L’élargissement des prérrogatives de la MINURSO en vue de veiller sur le respect des droits de l’homme au Sahara Occidental est une initiative qui exprime la volonté du Conseil de sécurité d’en finir avec un statu quo qui a perduré depuis le cessez-le-feu en 1991. 
    Le Maroc s’oppose à ce que l’ONU corrige une anomalie frappant sa mission au Sahara Occidental. Convaincu qu’il était intouchable, le Maroc s’est permis tous les excès. 
    Si les rapports de Ban Ki-moon et de son Envoyé Spécial ont clairement précisé qu’ils n’ont pas le moyen d’apporter des statistiques sur le nombre des sahraouis pro-marocains et pro-indépendentistes, l’initiative américaine créera les conditions de liberté d’expression qui permettra de s’en faire une idée assez précise.
    Le Maroc contrarié par cette mesure démocratique qui permettra de faire un référendum populaire sans urnes a violemment réagi trahissant les véritables raisons de son alliance avec les puissances internationales.
    Se cachant derrière le soutien du peuple marocain, les autorités marocaines tentent d’organiser une « marche millionnaire » qui passera devant l’ambassade USA à Rabat.
    De peur de subir un grave revers au cas où il n’y aurait pas de mobilisation, les autorités marocaines tentent de mobiliser les marocains par le réseau social Facebook et en distribuant des billets de 200 Dirhams.
    Entretemps, les voix libres se lèvent contre les errements de la diplomatie marocaine. Ils rappellent que le Maroc aurait pu s’épargner cette situation en respectant ses engagements envers la communauté internationale en matière de libertés et des droits de l’homme. Ils dénoncent la culture de la fabrication du « consensus » via un torrent de condamnations et de dénonciation au lieu de s’interroger sur l’origine de la situation dans laquelle se trouve le Maroc.
  • Pourquoi cette peur de la Minurso ?

    Avant d’entreprendre toute critique de l’initiative américaine ou d’aller quérir le soutien français, posons donc la question, crûment : Que craint donc le Maroc si la mission de l’ONU est étendue à la supervision des droits de l’Homme au Sahara ?
    Ce n’est pas la première fois que le rapport de l’ONU demande l’inclusion d’une recommandation sur l’extension de la mission de la Minurso aux questions des droits de l’Homme au Sahara et à Tindouf. En effet, cela avait été le cas lors des précédents rapports, mais le Maroc avait toujours réussi à contrecarrer ces demandes. La nouveauté aujourd’hui est que cette recommandation n’est plus seulement le fait du Secrétaire général des Nations-Unies et de son Envoyé personnel au Sahara, qui l’auront rédigée et adressée au Conseil de Sécurité pour qu’il l’adopte ; non, aujourd’hui, c’est un des membres de ce Conseil qui présente un mémorandum en forme de proposition de résolution, appelant à élargir les taches de la Minurso aux droits de l’Homme. Et ce qui complique les choses est que ce membre est une superpuissance, les Etats-Unis, qui a toujours considéré et continue aujourd’hui encore de tenir l’initiative marocaine d’autonomie des territoires contestés comme « sérieuse et crédible ».
    Aujourd’hui donc, l’affaire est grave, et cela se reflète dans la très ferme réaction officielle marocaine, traduite dans le communiqué publié par le Cabinet royal et qui considère que l’attitude américaine est « partiale et unilatérale », exprimant sa nette opposition et son rejet de cette initiative de Washington. Il apparaît donc que par cette réaction, Rabat a coupé le « cheveu de Mouaouia » avec les Etats-Unis, et qu’il ne lui reste comme seul recours que la position que prendra la France ; et comme il est peu probable que Paris entre en confrontation directe avec Washington en lui opposant son veto, la France devrait se contenter d’alléger les termes de la résolution à venir.
    Mais avant d’entreprendre toute critique de l’initiative américaine ou d’aller quérir le soutien français, posons donc la question, crûment : Que craint donc le Maroc si la mission de l’ONU est étendue à la supervision des droits de l’Homme au Sahara ?
    Nous lisons dans le communiqué du Cabinet royal que « le Royaume du Maroc a adopté des mesures volontaristes pour la promotion et la protection des droits de l’homme, sur l’ensemble de son territoire. C’est dans ce cadre que s’inscrivent, notamment, le renforcement de l’indépendance des mécanismes nationaux des droits de l’homme et l’élargissement de l’ouverture du Maroc sur les procédures spéciales des Nations Unies, répondant ainsi aux attentes de la communauté internationale et, plus particulièrement, du Conseil de Sécurité ». Dans un autre paragraphe, le même communiqué précise que « les efforts du Royaume en faveur de la promotion des droits de l’homme sur l’ensemble du territoire national – y compris dans les provinces du Sud – sont salués par la Communauté internationale et par de nombreux partenaires internationaux ». Pourquoi donc avoir peur, et de quoi avoir peur, si les droits de l’Homme sont respectés, et que le monde entier le reconnaît ? Partant de ce principe, il est évident que même la Minurso se joindra au concert des nations pour louer le respect des droits de l’Homme par les autorités marocaines et, ce faisant, confortera encore davantage la position de Rabat. Ne devrait-on donc pas nous féliciter de cette proposition américaine ?
    Le rapport du Secrétaire général des Nations-Unies, Ban Ki-moon, adressé au Conseil de Sécurité le 8 avril, contient ce paragraphe (116) : « Comme les violations des droits de l’homme n’ont apparemment pas cessé, la surveillance indépendante, impartiale, complète et constante de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps devient plus que jamais une nécessité primordiale ». Pour sa part, le mémo américain parle d’un contrôle des droits de l’Homme au Sahara et dans les camps de Tindouf, ce qui rejoint parfaitement le discours officiel marocain qui désigne les réfugiés sahraouis dans ces camps comme des « otages » détenus par les « bandes du Polisario ». Il est à rappeler aussi que le Maroc avait demandé lors du 7ème round des négociations informelles (Manhasset, juin 2011) d’inclure la question des droits de l’Homme dans l’ordre du jour des discussions tenues sous l’égide de l’ONU. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Taïeb Fassi Fihri, avait alors précisé qu’il y avait là « une demande pressante pour la mise en place d’un mécanisme indépendant qui assurerait une protection quotidienne des résidents dans ces camps depuis plus de 30 ans ; ce mécanisme permettra à la communauté internationale et aux instances onusiennes spécialisées de s’assurer de la réalité sur le terrain, dans ces camps ». Or donc, si la mission de la Minurso devait être étendue pour superviser le respect des droits de l’Homme dans les camps de Tindouf, pourquoi alors le Maroc s’oppose-t-il à la résolution ? Ne serait-il pas au contraire plus logique de s’en féliciter ?
    Bien entendu, il existe des gens qui soutiennent que l’élargissement de la Minurso vers une fonction de contrôle des droits de l’Homme portera atteinte à la souveraineté du Maroc dans les provinces sahariennes. Mais il est de notoriété publique qu’il n’y a pas un Etat au monde, et même les Nations-Unies,qui reconnaisse la souveraineté du Maroc sur ces territoires. De plus, les locaux de la Minurso au Sahara ne relèvent pas de la « souveraineté marocaine » ; la présence de la mission onusienne au Sahara, avec ses bâtiments, ses véhicules, ses petits avions, tous estampillés du signe de l’ONU, pourrait alors être à son tour considérée comme une atteinte à la « souveraineté nationale marocaine »…
    L’affaire du Sahara est soumise à l’examen des Nations-Unies pour qu’elles lui trouvent une solution ; et quand le Maroc accepte le principe de la négociation, il admet en creux l’existence d’un litige.Alors lorsqu’il estime que la souveraineté sur ces terres est chose acquise, il entre en contradiction flagrante avec lui-même. Ou il existe un problème de souveraineté et dans ce cas, il est nécessaire de recourir à l’arbitrage onusien pour régler ce problème, ou alors la souveraineté marocaine est acquise et donc nul besoin d’aller au palais de verre de New York et même nécessité de refuser toute intermédiation de ce dernier si elle devait aller dans le sens d’une atteinte à la « souveraineté marocaine ».
    Enfin, le responsable des dernières évolutions dans ce dossier est celui qui en détient la gestion et le suivi. Il importe donc de définir cette responsabilité. Le gouvernement n’a aucune relation avec le traitement de ce dossier, ni politiquement, ni diplomatiquement ni sur le plan interne. L’affaire du Sahara, depuis qu’elle existe, a toujours été gérée, et continue de l’être, par le renseignement, l’Intérieur et l’armée, autant d’organismes qui relèvent directement du palais royal qui détient le monopole donc de gestion, jusques-y compris dans les informations liées au sujet.
    Or, dans les dernières années, plusieurs erreurs ont été commises, essentiellement en matière de droits de l’Homme, et spécialement dans l’affaire du camp Gdim Izik, lorsque des ordres avaient été adressés aux services de sécurité et à l’armée pour pénétrer dans le camp, nuitamment, pendant que les protestataires dormaient sous les tentes. Le résultat, on le connaît, mais pas les responsables, dont aucun n’a été déféré devant la justice. Et puis, depuis 2010, les villes du Sahara, Laâyoune, Smara, Dakhla, Boujdour, vivent dans ce qui ressemble fort à un blocus sécuritaire renforcé, et dans certains quartiers les patrouilles circulent nuit et jour. Tout le monde a vu comment des femmes ont été traînées dans les rues de Smara et de Laâyoune, et avant aussi, à Boujdour. Mais malgré cela, pas d’enquête ni de poursuite judiciaires… quant aux médias et aux partis qui font aujourd’hui un vacarme assourdissant contre le mémorandum américain, ils ont toujours observé un silence aussi assourdissant face aux violations répétées des droits de l’Homme, au Sahara et ailleurs.
    Et donc, la demande d’élargissement de la mission de l’ONU n’est que la conséquence de la politique de tous temps suivie dans le dossier du Sahara. Quand, à l’avenir, cette affaire sera traitée démocratiquement, et qu’elle sera confiée à un pouvoir disposant de la légitimité démocratique, soumis au contrôle populaire, nous nous engagerons alors sur la voie de la résolution du conflit, une résolution qui ne saurait être que démocratique.
    On dit que la question du Sahara est l’affaire d’un peuple et d’un système politique, mais le problème est que c’est le second qui gère ce dossier sans revenir au premier, dont il n’a besoin que pour applaudir ou protester, selon les cas.
    Quand le Maroc sera une démocratie qui rompra avec le pouvoir individuel et personnel, quand les droits de l’Homme et sa dignité seront observés dans toutes les régions du pays, du nord au sud, à Taza, Beni Bouayach, Imider, Douar Chlihate, Sidi Ifni, Dakhla, Laâyoune et même devant le parlement à Rabat, alors le problème sera en voie de résolution. Car, comme le dit si bien le proverbe marocain : « Aucun chat ne fuit la maison où se tient un mariage »…
    Lakome, 19 avril 2013
  • Trois commentaires de Fouad Abdelmoumni

    Voici quelques commentaires très intéressants de Fouad Abdelmoumen sur les derniers évènements au Sahara Occidental et la réaction du Maroc après l’annonce de la proposition de résolution américaine concernant la MINURSO.

    -Au moins les institutions des droits humains sont unanimes pour exiger que la protection desdits droits soit partie intégrante de toute mission onusienne de maintien de la paix, y compris la MINURSO au Sahara. C’est une revendication ancienne de l’AMDH, de Amnesty et de Human Rights Watch. Malheureusement, les marocainEs sont quotidiennement soumisES au matraquage médiatique, et on leur fait croire aujourd’hui qu’il s’agirait là d’une ignominie, rien que parce que le palais a choisi de s’y opposer lorsque c’était une option lointaine. N’oublions pas que l’Etat marocain s’est aussi radicalement opposé au référendum, et qualifiait les marocainEs qui l’appuyaient de renégats et les mettait en prison pour délit d’opinion, avant que Hassan II ne change son fusil d’épaule et mette ceux qui refusaient le référendum en prison (Abderrahim Bouabid et consorts en 1981)…
    – L’Espagne a rétrocédé ce qu’elle avait : l’administration du territoire, mais pas la souveraineté, que presque aucun Etat ne reconnaît au Maroc sur le Sahara Occidental, et surtout pas l’ONU. La question diplomatique aujourd’hui est : jusqu’où les grandes puissances pourront jouer la duplicité, en refusant le fait accompli marocain temporaire sans faire avancer une solution durable et légitimement admise. Le Maroc a joué la durée depuis toujours, mais les puissances internationales sont excédées de le voir bloquer toute avancée, à un moment où le conflit de la région n’est plus de très basse intensité vu l’instabilité de la région et le coût du « ni guerre ni pais ». Et le Maroc ne peut pas narguer les grandes puissances en refusant toutes avancées substantielles et en insultant leurs émissaires. Plusieurs donnes ont évolué : nouvelles administrations moins pro-marocaines à Washington et à Paris (et même à Madrid), moins de confiance aux régimes autoritaires de la région, plus de crainte de voir les indépendantistes ruer dans les brancards, inclusion des droits humains dans le mandat de l’intégralité des missions de paix (à part celle du Sahara Occidental, car mise en place avant l’adoption de cette démarche). Le Maroc ne peut plus refuser ce genre de modifications. Elles seront douloureuses car il ne pourra plus réprimer comme il le voudrait les Sahraouis qui manifesteraient pour l’indépendance et il ne pourrait plus prétendre que les réfugiés de Lahmada sont des séquestrés, mais ce ne serait pas dramatique, et il pourrait même en tirer profit car il a peut-être plus de capacité à s’adapter à la nouvelles situation que les pouvoirs d’en face…
    – Ne jamais oublier que les puissances dominantes ont toujours entre les mains la capacité de faire migrer la question du Sahara Occidental vers le chapitre 7 de la charte des Nations-Unies, qui prévoit la possibilité d’utiliser la force contre toute puissance menaçant la paix et la stabilité. C’est pour empêcher une telle attitude que le Maroc reste doucereux avec tout le monde et qu’il préfère acheter les bonnes grâces des Etats-Unis (F5), de la France (TGV…) et du monde (recherche d’une solution de « ni vainqueur ni vaincu »), plutôt que de leur tenir le discours de consommation intérieure « Le Maroc est dans son Sahara et rien ni personne ne l’en fera jamais bouger… ».

    Source : Facebook

    Né en 1958, Fouad Abdelmoumni va suivre l’école primaire à Fès. Il se retrouvera à Casablanca pour la fin de ses études secondaires, aux lycées Ibn Toumert puis Mohammed V, où il obtient un bac sciences expérimentales en 1976. Il s’inscrira ensuite à l’Institut des études agronomiques et vétérinaires de Rabat.
    Actuellement DG d’Al Amana, Fouad Abdelmoumni est un vieux routier des droits de l’homme. Il a fait plusieurs séjours à Derb Moulay Chérif et autres lieux de détention sans être ni jugé ni condamné.
    En 1985, il reprend une vie normale et fera, en 1990, connaissance avec la microfinance.
  • La MINURSO, retrouvera-t-elle sa dignité?

    Depuis 22 ans, date du cessez-le-feu, la Mission des Nations Unies pour le référendum au Sahara Occidental est malmenée par le Maroc. D’abord, Rabat lui a imposé ses plaques d’immatriculation et son drapeau à l’intérieur de son siège à El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental. Ses officiers étaient victimes de l’harcèlement, ses déplacements filés par les agents des services de sécurité marocains. Pire encore, ses communications confidentielles avec la centrale à New York étaient mises sous écoute. 
    Sur le plan militaire, les officiers de la MINURSO n’ont cessé de se plaindre des restrictions imposées par les autorités marocaines lors des opérations de contrôle des unités marocaines stationnées le long du mur de la honte qui divise le territoire et la population sahraouie. 
    Dans son dernier rapport, le Secrétaire Générale de l’ONU, Ban Ki-moon n’a pas oublié de faire état d’une première dans le genre de la MINURSO : la présence des officiers de la MINURSO lors des entretiens de Chritopher Ross avec les sahraouis était « la première fois que la MINURSO prend contact avec avec des organisations locales de la société civile sahraouie ».
    Selon les paroles de Ban Ki-moon « la MINURSO n’a pas l’autorité voulue pour prévenir ou réprimer les violations » en ajoutant que si « les violations que les parties occasionnent n’ont pas compromis le cessez-le-feu, elles ont pourtant produit une érosion progressive de l’autorité de la MINURSO et par conséquent du statut dont la Mission jouit dans sa zone d’opérations ». 
    « La Mission reste bridée dans sa capacité à rendre compte de manière véritablement indépendante des faits nouveaux au Conseil et au Secrétariat », a-t-il ajouté. Et en raison! Parmi les huit missions que l’ONU a déployé en Afrique pour le maintien de la paix, la MINURSO est la seule qui ne veille pas pour les droits de l’homme. 
    Au Congo, « la Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la stabilisation en République démocratique du Congo (MONUSCO) est autorisée à recourir à tous les moyens nécessaires pour mener à bien son mandat concernant, entre autres, la protection des civils, du personnel humanitaire et des défenseurs des droits de l’homme immédiatement menacés de violence physique, ainsi que le soutien du Gouvernement de la République démocratique du Congo dans ses efforts de stabilisation et de consolidation de la paix ».
    En Côte d’Ivoire, le Conseil de Sécurité a bie défini dans le mandat de l’ONUCI « la protection de la population civile du risque imminent de violence physique sans préjudice de la responsabilité principale des autorités ivoiriennes et dans les limites de ses moyens et de ses zones de déploiement ; l’appui aux efforts de promotion et protection des droits de l’Homme et l’appui à l’assistance humanitaire ».
    L’engagement pour les droits de l’homme est encore plus explicite au Liberia. « Soutenir les activités humanitaires et les initiatives en faveur des droits de l’homme » souligne le mandat de la Mission de l’ONU dans ce pays.
    Dans la Mission des Nations Unies au Soudan du Sud (UNMISS), trois paragraphes insistent sur la protection de la population et les droits de l’homme : « Aider les parties à l’Accord de paix global à promouvoir l’état de droit, y compris une justice indépendante et la protection des droits fondamentaux de toute la population soudanaise, en appliquant une stratégie cohérente et coordonnée visant à lutter contre l’impunité et à contribuer à la paix et la stabilité durables, et aider les parties à l’Accord à développer et à consolider le cadre juridique du pays; Se doter, en matière de droits de l’homme, de moyens, de capacités et de compétences suffisants au sein de la MINUS pour mener des activités de promotion, de défense, de protection et de surveillance dans ce domaine; Se doter, en matière de droits de l’homme, de moyens, de capacités et de compétences suffisants au sein de la MINUS pour mener des activités de promotion, de défense, de protection et de surveillance dans ce domaine ».
    Les prérrogatives octroyées à toutes ces missions constituent justement le coeur des revendications sahraouies pour la MINURSO. 
    Le sentiment d’impuissance devant les dépassements des autorités marocaines a contribué à érosionner le moral des troupes de la MINURSO. Tout renversement de la situation donnera aux officiers de la MINURSO la satisfaction morale tirée du sentiment d’avoir accompli leur devoir sans aucune contrainte.
  • Têtes couronnées au secours de Karim Wade

    Le roi du Maroc, Mohamed VI, et l’émir Sabah al-Ahmed al-Jabir al-Sabah du Koweït ont disculpé Karim Wade en envoyant des mémorandums signés de leurs royales mains dans lesquels ils ont juré (sur le Coran?) que les luxueux véhicules qu’emploie le fils de l’ancien président Abdoulaye Wade sont des « cadeaux » qu’ils lui ont offerts. Ce n’est pas la première fois que M6 vient à la rescousse de son ami Karim Wade. Selon les câbles américains de WikiLeaks, le souverain marocain a fait libérer Karim Wade, après l’arrestation de ce dernier à l’aéroport Mohamed V de Casablanca en possession d’une quantité non précisée de drogue. Le responsable policier qui avait cru faire son devoir en arrêtant Wade a été, toujours selon l’ambassade américaine à Rabat, muté brutalement à El Ayoune, au Sahara occidental occupé. 
    Pour rappel, Karim Wade, fils et ex-ministre de l’ancien président sénégalais Abdoulaye Wade, a été interpellé lundi 15 avril par les gendarmes à Dakar. Peu avant, des justificatifs sur son patrimoine, évalué par une cour spéciale à un milliard d’euros, ont été remis à la justice. Karim Wade avait été mis en demeure le 15 mars, après une audition par la Cour de répression de l’enrichissement illicite (CREI), de justifier dans un délai d’un mois des avoirs évalués par cette cour à 694 milliards FCFA (1,058 milliard d’euros). Cette somme proviendrait de sociétés dont l’ancien ministre serait le« propriétaire », ainsi que de « propriétés immobilières » et de comptes bancaires, selon les avocats de M. Wade. Karim Wade, 44 ans, avait déjà été entendu plusieurs fois par la justice ou la gendarmerie l’an dernier, avec plusieurs responsables du régime d’Abdoulaye Wade (2000-2012), dans le cadre d’enquêtes sur un enrichissement illicite présumé. 
    Le fils Wade fait aussi l’objet d’une enquête en France à la suite d’une plainte de l’Etat du Sénégal pour recel de détournement de fonds publics, recel d’abus de biens sociaux et corruption. Après sa dernière audition par la gendarmerie sénégalaise, en novembre 2012, il avait été interdit de sortie du territoire avec six autres dignitaires de l’ancien régime. Karim Wade, ex-ministre de la Coopération internationale, des Transports aériens, des Infrastructures et de l’Énergie, doté de gros budgets, était surnommé « super-ministre » ou « ministre du ciel et de la terre ». Ancien conseiller de son père, Karim a également occupé plusieurs autres fonctions, dont celle de responsable de l’agence nationale de l’Organisation de la conférence islamique, chargée de grands travaux avant le sommet de l’OCI organisé en mars 2008 à Dakar.
    Mokhtar Bendib

  • Mohamed Dihani victime de tortures moyenâgeuses au Maroc

    Au cours de son procès à l’issue duquel il a été condamné à 10 ans de prison par le tribunal de première instance de Rabat, le 27 octobre 2011, le militant sahraoui Mohamed Dihani a révélé avoir été torturé par la police et contraint de passer à des aveux qui ont été retenus comme preuves contre lui. Mohamed Dihani a rejeté toutes les accusations portées à son encontre, au titre de la loi antiterroriste marocaine, de conspiration en vue de commettre des actes terroristes. Il affirme qu’il a été régulièrement torturé et maltraité en prison, ainsi qu’au poste de police de Maarif, où il aurait été transféré pendant trois jours en mars 2013. Il a raconté à son avocat et sa famille qu’il avait une nouvelle fois été soumis à des actes de torture en vue de lui arracher des «aveux». 
    Selon certaines informations, Mohamed Dihani a été pendu par les poignets pendant des heures, voire toute une nuit, à plusieurs reprises. Les agents chargés de l’interroger auraient tenté de le forcer à signer des documents écrits à la main dont il ignorait le contenu. D’après son avocat, il est désormais incapable de lever les bras, en raison des actes de torture et des mauvais traitements endurés. Dans un communiqué dont Algeriepatriotique détient une copie, Amnesty international a dénoncé ce procès et exigé que les «aveux» obtenus sous la torture et la contrainte ne soient pas retenus à titre de preuve lors de son procès en appel. Elle exhorte les autorités marocaines à mener des investigations au sujet de la disparition forcée et la détention au secret de Mohamed Dihani, par des membres de la Direction de la surveillance du territoire (DST), le service de renseignement intérieur du pays, entre le 28 avril et le 28 octobre 2010. 
    Amnesty International souligne que les demandes auprès des forces de sécurité marocaines et les multiples plaintes déposées par ses parents et son avocat auprès du procureur du roi à Laayoune dès le 5 mai 2010, ainsi que les requêtes répétées demandant l’ouverture d’une enquête adressées au ministre de l’Intérieur, au ministre de la Justice, au président du Conseil consultatif des droits de l’Homme (désormais remplacé par le Conseil national des droits de l’Homme, CNDH) et le CNDH, ont été soit ignorées, soit rejetées. Amnesty International avait à l’époque écrit au ministre de la Justice, lui demandant de révéler ce qu’il était advenu de Mohamed Dihani et déclarant craindre qu’il ne soit détenu au secret par la DST. 
    Le 29 octobre 2010, le ministère de l’Intérieur a annoncé le démantèlement d’une cellule terroriste, dont l’un des membres était un Sahraoui correspondant à la description de Mohamed Dihani. C’est à ce moment-là, six mois après la disparition forcée de Mohamed Dihani, que sa famille a reçu la confirmation qu’il avait été arrêté pour des accusations liées au terrorisme. Amnesty international dénonce les violations par la police marocaine des lois de son propre pays et des conventions internationales relatives à la protection de toutes les personnes soumises à une forme quelconque de détention ou d’emprisonnement.
    Sarah L.
  • Sahara Occidental : Le test

    Le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir, en principe, le 22 avril pour le renouvellement du mandat de la Mission de l’ONU pour l’organisation du référendum d’autodétermination au Sahara occidental (Minurso). D’ores et déjà, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, suivi par les Etats-Unis a exprimé le vœu d’élargir les pouvoirs de la Minurso à la protection des droits de l’homme au Sahara occidental et de l’inclure dans la prochaine résolution. La même proposition a été faite il y a de cela une année. Quatorze membres sur les quinze qui forment le Conseil ont voté pour. La France l’a bloquée en y opposant son veto. Le pays de la révolution de 1789, le pays où est née la Déclaration des droits de l’homme, est contre les droits de l’homme ! Et au secours d’une monarchie médiévale qui foule aux pieds toutes les libertés ! On aura tout vu.
    Il est vrai que ce comportement est dicté par le fait que la destination Maroc est très prisée par une grande partie de l’élite politique française, qui y trouve tout ce qu’elle désire. Comportement qui laisse penser que le royaume chérifien est encore sous protectorat. Dès l’apparition du conflit du Sahara occidental, Paris s’était rangé résolument aux côtés de la monarchie marocaine, empêchant ainsi la décolonisation du dernier territoire africain encore occupé ! Pour preuve, l’aviation française a utilisé les avions bombardiers Jaguar dès leur sortie d’usine contre un convoi de réfugiés sahraouis qui fuyaient vers l’Algérie, en avril 1976. Le Front Polisario avait parlé, à l’époque, de 500 tués au moins.
    Depuis, ce soutien ne s’est jamais démenti. La gauche française, quant à elle, n’étant pas au pouvoir, appuyait le combat du peuple sahraoui, mais changeait de politique quand elle émigrait de Solférino à l’Elysée. Le président François Hollande s’est, lui aussi, mis de la partie en manifestant son appui à l’inapplicable «plan d’autonomie» proposé par Rabat. Le PS, maintenant qu’il est à nouveau au pouvoir, va-t-il poursuivre un combat solitaire en s’opposant au minimum souhaité, c’est-à-dire le respect des droits de l’homme au Sahara occidental ? La réunion du Conseil de sécurité sera un test pour Paris. Va-t-il continuer à soutenir inconditionnellement et aveuglément l’injustice et le dernier bastion du colonialisme ?
    Tayeb Belghiche
    El Watan, 17 avril 2013