Mois : avril 2013

  • Sahara occidental : L’ONU met la pression sur le Maroc

    La « victoire morale » de la RASD se dessine. Aujourd’hui, la proposition américaine, légèrement remaniée, a consacré la légitimité du combat sahraoui, reconnu à l’unanimité des membres du Conseil de sécurité, appelé à se prononcer sur l’avant-projet de résolution portant sur le renforcement des droits de l’Homme au Sahara occidental.
    Même si, de ce fait, la Minurso reste la seule mission de paix onusienne qui n’est pas encore dotée de mécanisme de surveillance, l’avancée est, toutefois, tangible. Une perception claire du drame humanitaire, fondé sur le déni colonial, caractérise le consensus mondial en gestation, y compis parmi les alliés les plus fidèles du Maroc. Cette réalité, placée en porte-à-faux avec la mondialisation des valeurs humanitaires et démocratiques, a été clairement dénoncée par la famille des organisations internationales de défense des droits de l’Homme et, également, par l’envoyé spécial de l’ONU chargé de la lutte contre le terrorisme, qui ont fait état des actes de torture, des disparitions, des détentions et des jugements arbitraires pratiqués à large échelle par l’occupant marocain, désormais, mis au banc des accusés. C’est le cas, notamment, du département d’Etat qui, dans son rapport 2012, a dénoncé les multiples et massives violations des droits de l’Homme. 
    Pour la première fois, la visite dans les territoires occupés de l’émissaire onusien, Christopher Ross, a contribué à lever le voile sur le génocide à huis clos d’un peuple en lutte par la voie pacifique pour la reconnaissance de ses droits inaliénables à l’autodétermination et à l’indépendance. C’est dire que, si «l’initiative américaine reste à l’ordre du jour», le Maroc est sous la pression de la communauté internationale, mieux éclairée sur « le vrai visage » de la barbarie coloniale. « C’est une manière d’avertir les Marocains que la communauté internationale surveille davantage la situation au Sahara occidental », estime un diplomate qui relève la nette progression de l’ONU, demandant et contractant l’engagement solennel pour le respect des droits de l’Homme sahraoui, alors qu’elle s’est contentée, l’année dernière, d’un simple appel à une « amélioration de la situation ». 
    Cet engagement s’interprète, selon le représentant sahraoui à l’ONU, Ahmed Boukhari, comme « un grand soutien à la lutte pour la liberté du peuple du Sahara occidental occupé » et le refus ancré, notamment américain, de la politique de deux poids, deux mesures pratiquée par certaines puissances soucieuses de préserver leurs intérêts économiques et commerciaux conclus avec l’occupant marocain. Pour le représentant sahraoui, « l’initiative américaine restera dans le radar, aujourd’hui et demain, et ne va pas disparaître dans le cadre du suivi par le Conseil de sécurité de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental qui sont bafoués d’une manière systématique et cruelle par le Maroc ». 
    La question incontournable des droits de l’Homme fonde l’urgence ainsi reconnue de la relance du processus de négociations pour dépasser le statu quo jugé inacceptable et improductif. Car, pour le Front Polisario, aussi légitime que soit la dimension humanitaire, cette approche nécessaire et insuffisante, ne saurait se substituer au principe cardinal des « négociations directes » entre les deux belligérants. La bonne foi du partenaire sahraoui, alliée à la volonté de paix jamais démentie, le prédispose à un engagement immédiat en faveur d’un processus « intensifié et assorti d’un délai » mandaté par le Conseil de sécurité et placé sous l’égide de l’envoyé onusien, Christopher Ross.
    Larbi Chaabouni
    Horizons, 25 avril 2013
  • L’ONU devant ses responsabilités

    C’est aujourd’hui que l’ONU décidera de la nature de la mission de la Minurso. A la suite de sa tournée diplomatique au Sahara occidental, Christopher Ross, l’envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU, devait présenter un rapport. Les Etats-Unis proposent d’étendre la mission de l’ONU dans la région à la surveillance des droits de l’Homme. Une initiative qui a irrité le Maroc et Paris. Le jour de vérité arrive. Ce rapport sera observé de très près par les Marocains, alors que les Américains ont proposé, il y a quelques jours, d’étendre la mission de l’ONU dans la région à la surveillance des droits de l’homme. Une initiative qui n’est pas du goût de Rabat qui s’oppose depuis toujours à ce que l’ONU ait un droit de regard sur les droits de l’homme dans la région. 
    Le projet prévoit d’étendre le mandat de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) aux droits de l’Homme avec la mise en place d’un mécanisme de surveillance et de compte rendu de la situation des droits de l’Homme, tant dans la partie du Sahara dominée par le Maroc que dans les camps de réfugiés contrôlés par le Front Polisario.
    C’est sans prévenir personne que les Etats-Unis ont fait cette proposition devant le Groupe des amis du Sahara occidental composé des Etats-Unis, du Royaume-Uni, de la Russie, de la France et de l’Espagne. Les autorités marocaines s’opposent à l’extension de la mission dans la région à la surveillance des droits de l’Homme.
    «Incompréhension», «rejet», «parti pris». «Ces quelques qualificatifs extraits d’un communiqué officiel donnent une idée de l’ampleur de la colère de Rabat», rapporte RFI. Depuis une semaine, la presse marocaine ne parle que de cela : la proposition américaine d’intégrer la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la mission des Nations unies au Sahara occidental et le rejet viscéral qu’elle suscite. Cela démontre bien le mécontentent du makhzen vis-à-vis des Américains. Le Maroc a aussitôt dépêché un conseiller de Mohammed VI, l’ex-chef de la diplomatie Taïeb Fassi, dans les grandes capitales, dont Paris, Moscou et Pékin. Des manœuvres militaires conjointes américano-marocaines ont été reportées sine die. La France se trouve également dans une position délicate. Opposera-t-elle son veto à la proposition des EtatsUnis ? 
    Dans une récente déclaration, un diplomate français avait indiqué que «Paris n’opposera probablement pas son veto à l’initiative américaine» . Embarrassée, la France, qui vient de réaffirmer par la voix de François Hollande son soutien à la position marocaine, favorable à un plan d’autonomie, craint le «piège» : difficile de s’opposer frontalement à une initiative estampillée «droits de l’homme».
    Même si les Américains ont la main, les diplomates français s’activent pour trouver une «solution acceptable». À défaut, Paris, qui n’a pas usé seul de son droit de veto depuis 1976, devrait s’abstenir. 
    Mehdi Ait Mouloud 
  • La France des droits de l’homme et les droits bafoués des sahraouis

    Le soutien sans équivoque que tous les pouvoirs en France, qu’ils soient de gauche ou de droite, accordent à l’entreprise marocaine de recolonisation du Sahara Occidental constitue une autre de ces preuves que la France des grands mots sait très bien préserver ses amitiés douteuses quitte à bafouer tous ses principes déclarés et déclamés, quand il s’agit pour elle de préserver ce qu’elle conçoit comme ses chasses gardées et ses amitiés douteuses et intéressées… ce n’est pas nouveau !
    LA FRANCE DES DROITS DE L’HOMME ET LES DROITS BAFOUES DES SAHRAOUIS
    L’Occident et la France ne défendent pas des valeurs, ils défendent des intérêts.
    Les gros coups de gueule contre El Bachir et Assad, les menaces de TPI et le « chope-le ! » criés à Ocambo, ne proviennent pas d’une quelconque inquiétude pour la liberté du Darfour ou pour le droit des Syriens à se débarrasser de Bechar et à se faire multipartistes comme les Libyens, les Tunisiens, les Yéménites et tous les autres Arabes qui se sont fait printaniser par BHL & Co…
    Les silences devant les Malouines, la Palestine, les Rohyingas de Burma et les gros boucans devant l’Afghanistan, l’Iran, le Tibet montrent très clairement le caractère orienté de ces conceptions des droits de l’Homme.
    L’une des causes qui dévoile le mieux cette ambigüité dans la perception de ces valeurs dont on a fait un cheval de bataille après en avoir abusé à volonté en esclavagisant, colonisant, boycottant, défoliant, génocidant etc , est sans conteste la lutte que mènent les Sahraoui de l’ex Rio de Oro pour se libérer du joug marocain…
    L’histoire de cette cause est aussi simple et claire que celles de tous les peuples colonisés, sa légitimité ne peut souffrir du moindre doute… Il y’avait un territoire et un peuple qui y vivait… le territoire fut spolié par les « conquistadors » espagnols à l’époque où les pays occidentaux avaient organisé la ruée vers le Sud afin d’y « civiliser » ses habitants… c’est du moins la version qu’on donne aujourd’hui à ce brigandage à grande échelle pour camoufler son ignominie. Après l’avoir dûment « civilisé », l’Espagne s’en est retirée mais sans permettre aux Sahraoui de s’émanciper puisqu’elle a rétrocédé le territoire sans en référer à ses habitants, au Maroc, dans un marché aux clauses très peu soucieuses des droits des peuples… le territoire fut en effet abandonné au Makhzen, contre l’abandon par ledit Makhzen de toute revendication sur deux enclaves qu’occupait et occupe l’Espagne à ce jour en ce pays…
    Ce marché n’a tenu compte, ni de l’avis des Sahraouis du Rio de Oro ni de celui des Marocains des deux enclaves, un peu comme si ces territoires étaient des no-man’s land et que les Rois des deux pays avaient le droit d’en disposer comme de propriétés privées… Ceci mesure un peu le respect que l’Espagne et le Maroc accordent à ces peuples considérés comme simples occupants d’un espace ouvert à tout négoce…
    Cette absence de toute considération pour l’Homme et cette fixation exclusive sur ce que recèlent les terres et leurs prolongements maritimes en richesses et ce qu’elles offrent comme atouts stratégiques sont des constantes de l’occident, depuis le génocide des Incas et des Apaches jusqu’à la ruée coloniale…
    Mais si la réserve est de mise chez la plupart des pays occidentaux qui refusent de faire partie du problème tout en évitant de s’impliquer dans la recherche d’une solution, il n’en est pas de même de la France qui n’a jamais caché son penchant pour l’option annexionniste du royaume alaouite, fidèle en cela à son pêché mignon pour l’amalgame et l’ambigüité… et la gauche débridée qui lui tient la bride, contrairement à tout ce qu’on peut penser n’est ni moins vicieuse ni moins hargneuse que la droite mais seulement plus hypocrite et plus cynique en matière de défense du droit des peuples … Si on a vu de quelle manière la mère Fafa a géré les problèmes de la Côte d’ivoire, du Tchad, du Rwanda et de Centrafrique, on voit aujourd’hui, avec quelle gymnastique sémantique, logistique et militaire elle défend la chose et son contraire en soutenant l’intégrisme en Syrie et en le combattant au Mali…
    Le soutien sans équivoque que tous les pouvoirs en France, qu’ils soient de gauche ou de droite, accordent à l’entreprise marocaine de recolonisation du Sahara Occidental constitue une autre de ces preuves que la France des grands mots sait très bien préserver ses amitiés douteuses quitte à bafouer tous ses principes déclarés et déclamés, quand il s’agit pour elle de préserver ce qu’elle conçoit comme ses chasses gardées et ses amitiés douteuses et intéressées… ce n’est pas nouveau ! On se souvient, pour l’exemple, des safaris que se permettait un de ses présidents, des diamants qu’il se faisait offrir et peut être même des repas anthropophagiques qu’il aurait partagés avec l’empereur Bokassa 1er, ex-sous-officier de l’armée française…
    Devant cette cause qui ne souffre pourtant d’aucune ambigüité sur sa justesse, sa légitimité et sa légalité au regard du droit universel, la France, habituellement si prompte à envelopper ses méfaits d’analyses et d’explications souvent emberlificotées pour passer la pilule ne s’embarrasse pas de justifications car elle sait qu’il lui sera impossible d’en trouver. Cette réputée championne du respect de la légalité, manifeste un arrogant parti-pris pour le Maroc qui viole le principe consacré du respect des frontières héritées du colonialisme, le principe consacré du droit des peuples à l’autodétermination et celui du respect de droits de l’Homme et du citoyen dont la déclaration universelle fut faite, il faut le rappeler, en terre de France …
    Si des doutes subsistent encore sur l’immense supercherie qui fait de la France un pays de la défense des droits de l’Homme, ils sont aujourd’hui levés par son opposition déclarée à la décolonisation du Sahara Occidental et par le soutien qu’elle apporte aux options annexionnistes du Makhzen, soutien qui l’encourage à persévérer dans ses exactions graves qu’il commet à ciel ouvert sur un peuple qui ne revendique que son droit à reprendre possession de sa patrie…
    Rictus, 23 avril 2013
  • Guéguerre médiatico-politicienne

    La question de l’ouverture des frontières doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).
    L’AFP vient d’en remettre une couche. Décidément, l’agence de presse française n’en finit plus de chercher des poux sur la tête de l’Algérie, nous prouvant chaque jour un peu plus qu’elle se montre, on ne peut plus subjective, dès lors qu’il est question du Maroc et de la question sahraouie.
    On se souvient encore que l’AFP, citant une source sulfureuse en la personne de son chef de bureau à Bamako, avait osé prétendre que des terroristes du Mujao (Mouvement pour l’unicité et le jihad en Afrique de l’Ouest) auraient trouvé refuge dans les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf.
    Bien sûr Alger, mais aussi le Front Polisario, s’étaient tous deux empressés de démentir de pareilles sornettes. Le porte-parole des Affaires étrangères algériennes avait rappelé à cette occasion que ce bonhomme n’en était pas à son premier coup d’essai. Il faut dire en effet que le sieur Serge Daniel doit très certainement être un mercenaire à la solde du Makhzen, pour qui il loue les services de sa «plume». Nul besoin de rappeler ici que la diplomatie marocaine a toujours usé et abusé de la corruption pour acheter les consciences, les voix et les plumes des diplomates et des journalistes. Me Farouk Ksentini nous a même appris que la position de Washington était demeurée partiale vis-à-vis de la question sahraouie simplement parce que le roi Mohamed VI finance une fondation au nom de la famille des Clinton, dont une des membres, Hillary, était secrétaire d’État jusqu’à un passé très récent.
    L’on se souvient, par ailleurs, que le chef de la diplomatie sahraouie avait jeté un véritable pavé dans la mare en révélant, il n’y a pas bien longtemps de cela, que le Mujao est en fait une création des services secrets marocains. Ces derniers, qui soutenaient déjà le GIA durant les années 90, espéraient ainsi faire d’une pierre plusieurs coups. D’une part, ils voulaient poser le pied enfin au Sahel, car l’Algérie les en avait toujours empêchés à cause de leur esprit retord et de leurs liaisons sulfureuses avec les mouvements terroristes islamistes. De l’autre, cela leur permettait de se livrer à leur sport favori, celui du commerce de la drogue, sans jamais risquer d’attirer l’attention sur eux, puisque ce sont les terroristes du Mujo qui s’en chargent, désormais, pour eux. Enfin, ils pouvaient carrément passer aux actes criminels les plus abjects qui soient sans risquer, là encore, de se voir accuser de quoi que ce fut. C’est, au reste, la raison pour laquelle le Mujao n’a jamais commis d’actes terroristes que contre l’Algérie et le Sahara occidental. Il s’agit, on s’en souvient, des deux sanglants attentats commis contre les sièges des brigades de gendarmerie de Ouargla et Tamanrasset, ainsi que l’enlèvement de militants humanitaires européens au niveau du camp de réfugiés sahraouis de Rabouni, à Tindouf. Et, pour la petite histoire, qui permettrait aussi d’établir de nouveaux liens entre la France et le Maroc, signalons que le patron du Mujao, un certain Ould Kheiro, fait partie des dangereux terroristes libérés par Bamako sur demande instante de la France afin d’obtenir en échange la libération de son agent secret, Pierre Camatte.
    Bref, si des criminels du Mujao ont pu trouver refuge quelque part dans le monde, cela ne saurait être que sur le sol chérifien.
    Mais revenons aux manipulations médiatiques de l’AFP, qui tendent ces derniers temps à se démultiplier.
    Une dépêche, pour le moins énigmatique, vient en effet d’affirmer que l’ouverture des frontières terrestres entre l’Algérie et le Maroc serait imminente. Pour comprendre le caractère tendancieux et intéressé d’une pareille sortie médiatique, vite reprise par pas mal de journaux et de chaînes satellitaires, il conviendrait de rappeler que c’est le Maroc qui avait procédé de manière unilatérale à la fermeture de ces frontières en 1994, au plus fort du terrorisme qui frappait l’Algérie, un pays également sujet à un embargo qui ne disait pas son nom. Rabat a donc choisi ce moment pour nous tourner le dos, nous laissant livrés à nous-mêmes, allant carrément jusqu’à proposer des aides militaires, financières et logistiques aux criminels du GIA (comme révélé par l’émir fondateur de ce groupe criminel, Abdelhak Layada), quand le défunt roi Hassan II voulait faire de l’Algérie un «laboratoire grandeur-nature et à ciel ouvert» en matière d’islamisme terroriste et radical.
    Plus tard, lorsque l’Algérie a fini par s’en sortir avec brio, et que rabat a commencé à ressentir les douloureux retours de flamme de cette politique suicidaire, elle s’est également rendu compte qu’elle enregistrait un manque à gagner de l’ordre de plusieurs milliards de dollars chaque année à cause de la fermeture de ces frontières.
    D’où ses multiples sollicitations et suppliques afin que l’Algérie procédât enfin à leur réouverture. Or, la position algérienne n’a jamais dévié d’un iota. Cette question doit faire l’objet d’un traitement global, lié notamment aux questions du Sahara occidental, de la contrebande, du trafic de drogue, de l’émigration clandestine et du processus d’édification de l’UMA (Union du Maghreb arabe).
    C’est dire que ce n’est pas parce que Ould Kablia s’est rendu à Rabat, et qu’il s’est montré un tantinet conciliant (diplomatie oblige) que la position algérienne concernant l’ouverture de ses frontières terrestres avec le Maroc va dévier, ne serait-ce que d’un iota. C’est à Rabat de faire les concessions qu’il faut. Tout le reste n’est que littérature de bas étage, aussi insipide que celle que commet de temps à autre le sieur Serge Daniel…
    Mohamed Abdoun
  • Sahara occidental : Lorsque l’Onu retrouve sa voie

    Plus de deux décennies après les accords de paix de septembre 91, prévoyant au bout d’une année la tenue d’un référendum d’autodétermination, l’espoir renaît. Dans la dernière colonie africaine, dûment inscrite dans l’agenda onusien dans le chapitre des territoires non autonomes, le retour de la confiance, entamée par la volonté de perpétuer un ordre colonial anachronique et la complaisance avérée des puissances tutélaires avides de marchés juteux, remet sur orbite un processus dévoyé et dérouté de ses fondements légaux.
    Par Larbi Chaabouni
    Deux décennies d’errements et de reniements du Maroc outrancièrement engagé dans le déni légal et de la légitimité sahraouie, reconnue pourtant de jure et de facto dans les négociations avortées de Houstan I et II et de Manhassat, usant des artifices qui font croire au fils, imbu du plan d’autonomie, les vieilles chimères mortes et enterrées du défunt souverain abandonnant de guerre lasse le rêve perdu du « référendum confirmatif ». 
    Deux décennies d’engagement en faveur de la paix que la jeune République sahraouie et le Front Polisario ont érigé en choix stratégique et en dogme quasi immuable, privilégiant la mobilisation et la lutte par des moyens pacifiques, lorsque la répression au quotidien dans les territoires occupés et la violence coloniale ont consacré l’autre Ghaza du génocide silencieux, de la torture institutionnalisée et des pires sévices jamais exercées sur un peuple sans défense. Au cœur de la tragédie coloniale, la bataille des droits de l’Homme, consacrée par le recours aux manifestations pacifiques dans les territoires occupés, ont fait vaciller dans ses certitudes les plus ancrées l’occupant marocain submergé par la déferlante du « printemps sahraoui », en prélude au mouvement de révolte dans le monde arabe. 
    Au banc des accusés, le Maroc colonial est désormais l’expression antinomique de la revendication démocratique et humanitaire portée à bout de bras, sous d’autres cieux, par les puissances occidentales alliées excellant dans l’art de pratiquer la démocratie à double standard. L’enfer du camp Gdeim Izik, provoquant des émeutes dans la plupart des villes du Sahara occidental occupé, a profondément laminé le fameux mythe de la « marocanité » des provinces du Sud et conforté une rupture radicale avec les composantes de la société sahraouie, notamment la jeunesse et la famille des humanitaires, en quête de meilleurs conditions de vie, de reconnaissance identitaire et, bien sûr, politique s’agissant du droit consacré à l’autodétermination et à l’indépendance. 
    De la 1re Intifada (septembre 1999) à la seconde intifada (mai 2005 jusqu’au début de l’année 2006), la volonté de résistance a mué dans des formes de lutte inscrites, aujourd’hui, dans les campements de la protestation généralisée contre la marginalisation sociale (emploi, logement, taux de chômage très élevé) et politique. Osman, un jeune témoin privilégié de Gdeim Izik, incarcéré plusieurs mois, dresse le tableau noir de la condition sahraouie. « Les jeunes Sahraouis… deux mots liés au désespoir, au manque d’opportunité et au chômage. Nous n’avons pas de travail dans les mines de phosphate, ni dans la pêche, l’assistance sociale favorise les colons marocains, l’accès à l’éducation et, surtout, la formation universitaire est pleine d’entraves…Nous, les jeunes, nous avons l’impression que le but est de nous appauvrir, de nous marginaliser jusqu’au point d’accepter la situation. C’est un jeu de pouvoir et de résistance. Si tu veux manger, travailler, avoir une vie digne, tu dois renoncer à tes idées. Si tu ne le fais pas, tu es destiné à la pauvreté, à passer toute ta vie en prison ou à la migration irrégulière », dit-il dans un entretien réalisé à Madrid le 11 septembre 2011 (CNRES, l’année du Maghreb). 
    Gdeim Izik a été le puissant mouvement révélateur de l’injustice coloniale dans toutes ses formes décriée par les organisations des droits de l’Homme. Cette réalité longtemps occultée a refait surface à la faveur de la visite tumultueuse de l’émissaire onusien, Christopher Ross, effectuée pour la première fois dans les territoires occupés. Une visite rédemptrice qui a contribué à briser le mur du silence imposé à la société internationale, privée de toute liberté de circulation, et, surtout, rétabli la force de la légalité sur le déni colonial gravement appliqué, y compris à la Minurso mise en coupe réglée et sous étroite surveillance. 
    Dans le bras de fer avec les autorités coloniales que l’émissaire onusien a brillamment remporté, l’Onu, qui retrouve sa voie originelle, fait consensus dans le traitement de la question des droits de l’Homme sahraouis au centre de la session du conseil de sécurité du 22 avril 2013. Cette exigence sera ainsi formulée par le secrétaire général de l’Onu, appelé, selon certaines informations parues dans la presse internationale, à insister, dans son discours inaugural, sur « le besoin nécessaire et urgent pour une supervision impartiale, indépendante, globale et durable de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental ». Elle rejoint également la proposition américaine de résolution, proposée au groupe des « Amis du Sahara occidental ». 
    L’initiative de Washington vise, outre la prorogation du mandat de la Minurso d’un an, la constitution d’une « composante de surveillance des droits de l’Homme pour le Sahara occidental ». La revendication de l’élargissement de la mission onusienne, plaidée par le Polisario, trouve sa juste consécration dans l’accomplissement des droits fondamentaux du peuple sahraoui. 
    La bataille réussie des droits de l’Homme fragilise le Maroc accablé par le rapport de l’émissaire onusien et le verdict sans complaisance des organisations internationales, régionales et continentales, à l’image de HRW (Human Rights Watch), Amnesty, du rapporteur spécial des Nations unies contre la torture, la délégation onusienne aux droits de l’Homme, Front Line, le Parlement européen, le Centre Robert Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme et la Commission africaine des droits de l’Homme et des peuples. Toute la famille humanitaire unie dans la dénonciation des violations commises à l’encontre des populations sahraouies des territoires occupés. 
    Dans un nouveau rapport, publié vendredi 19 avril 2013, l’ONG américaine, Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (RFKennedy Center), est revenue sur l’urgence de la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental, relevée déjà dans un rapport préliminaire publié en septembre dernier à l’issue de la visite mouvementée de la délégation d’experts mondiaux et de juristes. « Des centaines de milliers de vies sont en jeu et nous ne pouvons pas attendre plus », a affirmé Mme Kennedy qui a déploré la persistance des violations marocaines « sous le regard des forces de la paix des Nations unies ». A l’approche de l’examen de la question sahraouie par le Conseil de sécurité, l’appel de RFKennedy Center conforte la « mesure historique » des Etats-Unis. « Si l’Onu veut faire valoir que les droits de l’Homme constituent un pilier de ses missions, les membres du Groupe des « Amis du Sahara occidental » et le Conseil de sécurité doivent créer un mécanisme au sein de la Minurso lui permettant de recevoir, d’enquêter et d’instruire les plaintes individuelles », précise le directeur des partenaires de RFKennedy, Santiago Canton. 
    Au pied du mur, le Maroc vit le temps de l’isolement international davantage accru par le lâchage en règle de ses alliés les plus sûrs. Sur les traces de Washington, Paris n’entend pas bloquer le projet de résolution. L’agence Reuter à Londres, citant une source, a indiqué qu’il est « peu probable que la France, protecteur traditionnelle du Maroc au Conseil de sécurité de l’Onu, utilise son droit de veto une proposition américaine qui prévoit de confier au casques bleus la surveillance des droits de l’Homme au Sahara occidental. Acculé dans ses derniers retranchements, Rabat fait feu de tout bois. Le Roi a convoqué le gouvernement, le Parlement et les forces politiques pour décréter le « consensus national » ébranlé par le consensus onusien en gestation. Il a procédé à l’annulation des manœuvres conjointes américano-américaines. Des délégations sillonnent les capitales pour tenter de vendre une cause abandonnée de tous. 
    Le Royaume, présenté par le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, comme le terrain de prédilection de la drogue et « l’un des créateurs des mouvements terroristes qui activent dans la région du Sahel », est aux abois. Pour toute alternative, le recours à la diversion est la seule chose la mieux partagée pour cultiver la cécité politique et historique qui lui permet de continuer à ignorer ce que le monde reconnaît comme une réalité devenue incontournable.
    Horizons, 21 avril 2013
  • France-Sahara Occidental : la diplomatie du mensonge

    Au moment où le Conseil de Sécurité entame les débats sur le Sahara Occidental, le représentant permanent de la France, Gérard Araud a déclaré à la presse qu’il « n’est pas au courant » de négociations sur le projet de résolution présenté par les USA proposant l’inclusion de la surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la MINURSO. 
    Le jour avant, le ministre des affaires étrangères espagnol a dévoilé l’opposition de la France et l’Espagne au projet de résolution américain sous prétexte qu’il n’est pas approuvé par le Maroc. 
    C’est un projet de résolution présenté par les Etats-Unis au groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Royaume-Uni, France, Espagne et Russie). C’est donc dans ce cadre que les discussions se tiennent. Ce projet est présenté pour adoption fin avril. La France n’en est pas aujourd’hui à dire si on va voter pour ou contre. La France en est à examiner le projet », a affirmé le porte-parole du ministère français des Affaires étrangères Philippe Lalliot dans des déclarations rapportées par Xinhua News.
    Boukhari Ahmed a déclaré au site Press City que la France se trouve bien sûr, « derrière les coulisses ». 
  • Fondation Kennedy, le joker qu’on n’attendait pas

    Si la question sahraouie est loin de trouver son épilogue, elle prouve au moins la validité de la théorie de Nietzsche, laquelle énonce que le diable est dans le détail. Et à propos du Sahara occidental, il n’y en a pas qu’un de nouveau.
    Mais plusieurs. Sinon comment expliquer que depuis son annexion manu militari au Maroc, jamais ce territoire et le débat politico-diplomatique qui le concerne depuis près de 40 ans n’ont reçu autant d’échos et d’appui auprès de la communauté internationale, et à plus forte raison à la Maison-Blanche. En effet, dans son dernier rapport mondial 2013, publié vendredi, sur la situation des droits de l’Homme, le département d’Etat n’a pas fait dans la dentelle pour dénoncer la politique liberticide et du reste répressive pratiquée par le Makhzen contre les Sahraouis. En matière des droits de l’Homme, il est catégorique, autant que l’est sont chef, John Kerry.
    S’agissant des indépendantistes sahraouis, le rapport qu’il a signé présente les autorités marocaines comme coupables d’actes de torture, de viols et de pratiques inscrites dans la chronicité coloniale : du jamais vu dans les positions américaines, qui, bien que jamais explicitement non alignées sur celles de Rabat, restaient depuis longtemps nuancées et n’accablaient pas le palais. Pour les observateurs de la scène internationale, la position de la diplomatie américaine marque un tournant vertigineux, dont l’explication se trouve sans doute dans la Fondation Robert Kennedy, les constats accablants qu’elle établit depuis plus de deux années sur la situation des droits de l’Homme en territoires contrôlés par le Maroc, et la relation de proximité dont elle jouit auprès du successeur de madame Hillary Clinton, dont l’administration n’a jamais eu des jugements aussi sévères.
    A l’issue de sa dernière visite, en août dernier, dans les territoires sahraouis occupés, puis dans les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie, la Fondation Kennedy a établi son rapport, dans lequel elle a dressé un véritable réquisitoire contre le Maroc, en dénonçant la politique de l’arbitraire. Etant proche des démocrates et du secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères, elle a su donner à la cause sahraouie une nouvelle audience après des Nations unies et du Conseil de sécurité. Elle est en passe de faire bouger les lignes si Washington parvient à faire admettre sa résolution d’élargir le mandat de la Minurso à la supervision des droits humains à Laâyoune et ailleurs dans les territoires occupés par Rabat. Et si, aussi, Paris n’oppose pas son veto, comme il est prédit. Selon Régine Villemont, secrétaire générale de l’association Les amis de la RASD, le nouveau son de cloche de Paris est celui d’un soutien et d’une aide à… l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross.
    Dans une déclaration faite hier à Reporters, Mme Villemont nous a fait part de la réunion qui s’est tenue vendredi au Quai d’Orsay entre le tissu associatif français en faveur du Sahara occidental et la sous-direction chargée de l’Afrique du Nord. Selon Mme Villemont, le mot d’ordre étant soutien et solidarité pour Christopher Ross, qui n’est pas en odeur de sainteté avec Rabat. Du côté officiel, notre interlocutrice a ajouté que tel que prononcé par M. Hollande à Rabat, il est fait cas de respect de la France au projet marocain dit d’autonomie, mais pas d’adhésion…
    Reporters.dz, 21 avril 2013
  • "Depuis l’intronisation de Mohammed VI, les choses se sont de plus en plus envenimées" (diplomate sahraoui)

    M’hamed Mohamed Cheikh, conseiller à l’ambassade de la RASD en Algérie : Appel à l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme
    «La situation des droits de l’Homme au Sahara occidental a toujours été désastreuse. Mais depuis l’intronisation de Mohammed VI, les choses se sont de plus en plus envenimées.»
    C’est le constat, amer, que fait à Reporters le premier conseiller à l’ambassade de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) en Algérie, M’hamed Mohamed Cheikh, de la situation des droits de l’Homme dans son pays.
    M. Cheikh a expliqué que cette situation s’est dégradée, notamment après «les soulèvements populaires dans les territoires occupés depuis 2004, et qui sont à chaque fois violemment réprimés» par les forces du monarque alaouite.
    En effet, les évènements qui ont suivi le démantèlement, en 2010, du camp de Gdeim Izik et l’arrestation de 25 Sahraouis reconnus coupables, selon le Maroc, du meurtre avec préméditation de membres des forces de l’ordre, et la condamnation, le 16 février dernier, de neuf d’entre eux à la perpétuité, quatre autres condamnés à 30 ans de prison, huit à 25 ans, deux à 20 ans dont un par contumace, ainsi que deux autres à deux ans d’emprisonnement, ont été vivement décriés par les défenseurs des droits de l’Homme.
    Avant cela, c’est l’affaire d’Aminatou Haïdar qui a suscité, en 2009, de vives indignations à l’échelle internationale. A titre de rappel, cette militante sahraouie, présidente du Collectif des défenseurs sahraouis des droits de l’Homme (CODESA) a, le 13 novembre 2009, de retour de New York, où elle a reçu le prix du courage civique de la Train Fundation, a marqué sur sa fiche d’entrée au Maroc qu’elle était résidente au Sahara occidental et a laissé vide la section «Nationalité». Cela lui avait valu d’être auditionnée par un procureur marocain. Elle a ensuite été expulsée vers Lanzarote, dans les îles Canaries. Après un mois de grève de la faim à l’aéroport de Lanzarote, elle a pu regagner Laâyoune, le 18 décembre 2009, grâce au soutien et aux pressions de la communauté internationale. En 2010, WikiLeaks avait révélé que la diplomatie américaine a qualifié la gestion par le Maroc de cette affaire de «désastreuse». Un proche des cercles royaux aurait même reconnu que «sur plusieurs niveaux, notre décision (d’expulser Haïdar, ndlr) était illogique».
    Pire que cela, «les journalistes étrangers sont interdits par les autorités marocaines d’accès aux territoires occupés», a ajouté M. Cheikh. Dans ce contexte, Amnesty International et Human Rights Watch ont dénoncé ces atteintes flagrantes aux droits de l’Homme. 
    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU) pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a, de son côté, tiré la sonnette d’alarme sur la situation des droits de l’Homme dans ce pays, appelant à revoir et à étendre le mandat de la Minurso à la supervision des droits de l’Homme. «La Minurso doit avoir un droit de regard sur la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental. Il faut savoir que la Minurso est le seul organe de l’ONU qui ne dispose pas d’un mécanisme de protection des droits de l’Homme», a souligné 
    M. Cheikh.
    Dans ce contexte, l’ONG américaine Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme (R. F. Kennedy Center) a publié, vendredi, un nouveau rapport sur les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental occupé. Dans ce rapport, intitulé «Vers qui se tourner : les conséquences de l’absence de surveillance des violations des droits de l’Homme au Sahara occidental», l’ONG a lancé un appel au Conseil de sécurité de l’ONU pour l’élargissement du mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’Homme.
    Reporters.dz, 21 avril 2013
  • Maroc : Vers un isolement international

    Le Royaume chérifien perd des plumes sur la scène régionale et internationale. Ainsi, le Maroc s’isole de plus en plus et sa diplomatie ne cesse d’essuyer des échecs cuisants, notamment concernant le dossier du Sahara occidental. Les Etats-Unis, considérés comme l’un de ses alliés principaux, ont changé leur position tout en proposant que la mission du maintien de la paix de l’ONU au Sahara occidental soit chargée de veiller au respect des droits de l’homme dans ce territoire occupé par le Maroc.
    Une position qui n’a pas plu au Royaume chérifien qui a annulé les manœuvres militaires annuelles auxquelles devaient participer 1 400 soldats américains et 900 militaires marocains. Une réaction qui a sonné le glas des relations entre les deux pays. Mais le côté spectaculaire de la décision d’annuler les manœuvres militaires conjointes risque d’être très contre-productif, les Américains n’acceptant pas qu’on leur force la main sur une proposition qu’ils jugent équilibrée puisque les mécanismes de surveillance des droits de l’Homme concernent aussi bien les territoires occupés que les camps de Tindouf.
    Il en est de même pour la France, un principal soutien au sein de l’organe exécutif des Nations unies, qui décide de ne pas bloquer la proposition américaine sur le Sahara occidental concernant l’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme dans les territoires autonomes. Une position qui a ébranlé le royaume chérifien, car il a bénéficié déjà du véto de la France, quant à l’organisation d’un référendum au Sahara occidental. D’autre part, sur le plan africain, le Maroc a déjà boycotté les instances africaines, telle l’Union africaine (UA) alors appelée Organisation de l’unité africaine (OUA) en 1984 en signe de protestation contre l’adhésion de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd, autoproclamée par le Front Polisario).
    La Rasd revendique l’indépendance du Sahara occidental depuis plus de trente ans. Diverses démarches ont été effectuées depuis, pour le retour du royaume chérifien. En vain. En outre, en plus de l’Union africaine, le Maroc, boycotte souvent les réunions de la Ligue arabe, ce qui se répercute négativement sur sa position mais également sur sa notoriété et sa crédibilité. Devant cette situation, le Maroc ne peut que se rabattre sur les monarchies du Golfe, tout en devenant en 2011, un membre du Conseil de coopération du Golfe (CCG) comprenant l’Arabie saoudite, le Bahreïn, les Émirats arabes unis, le Koweït, Oman et le Qatar).
    Une adhésion qui prévoit notamment un fonds de soutien de 5 milliards de dollars (plus de 3,8 milliards d’euros) sur cinq ans, sous forme de dons. Une manne plus que bienvenue en ces temps de crise mais l’argent de ces royaumes richissimes ne peut pas redorer le blason du Maroc terni par la colonisation du pays voisin. Enfin, le plus étonnant dans ce conflit du Sahara occidental, c’est qu’à chaque fois que ce dernier gagne des points sur la scène internationale, c’est l’Algérie qui est mise au box des accusés
    Yahia Maouchi
    Algérienews, 21 avril 2013
  • Plaidoyer pour l’avenir du Sahara occidental

    Désormais, Washington considère que la proposition marocaine d’autonomie du Sahara occidental  » ne peut pas servir de base à des négociations pour une solution à la décolonisation de ce territoire « . Désormais, aussi pour la Maison-Blanche, le problème du Sahara occidental n’oppose pas l’Algérie au Maroc.  » Les seuls belligérants du conflit sont le Maroc et le Front Polisario « , a déclaré récemment l’ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, Samuel Kaplan, balayant de fait toute médisance de Rabat contre Alger. 

    Maintenant, il est clair que la plus grande puissance du monde semble avoir pris conscience de la nécessité de décoloniser le Sahara occidental, en référence aux multiples résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU et que les deux belligérants ne sont autres que les Sahraouis et les Marocains, et les Algériens ne sont que des observateurs impartiaux. 
    En effet, pour les autorités algériennes, dont le pays est membre de l’Assemblée générale des Nations Unies, de l’Union africaine, du mouvement des Pays non-alignés, de l’UMA, il ne peut y avoir de solution à cette question que par la voie de la négociation. La fin d’une guerre ou d’un conflit ne peut être conclue qu’autour d’une table de négociation. Il se peut dans ces conditions qu’il n’est même pas besoin de recourir à un référendum si le Maroc et le Front Polisario négocient cette décolonisation selon le droit du peuple sahraoui à recouvrir son territoire, c’est-à-dire un retrait conscient de l’occupation marocaine. 
    La diplomatie algérienne, préoccupée de voir s’instaurer à ses frontières un conflit vieux de plus de quatre décennies, fournit un effort soutenu en vue de la cessation de cette belligérance entre le Maroc et la RASD, et l’abolition de ce diktat dans la vie du Grand Maghreb Arabe. L’Algérie reste solidaire de la lutte du peuple sahraoui, pour la défense de la liberté et l’indépendance nationale, en vue de l’affirmation de son droit sacré de choisir lui-même la voie de son développement, sans aucune ingérence étrangère. Il ne faut pas que Washington, l’Union africaine et les Nations unies soient en retrait de ce processus. 
    A ce propos, la résolution adoptée, au mois de novembre 1980, par l’Assemblée générale des Nations unies avait appelé à la négociation entre les deux parties. Une résolution qui demande instamment au Maroc et au Front Polisario, représentant du peuple sahraoui, d’engager des négociations directes en vue d’aboutir à un règlement définitif de la question du Sahara occidental mais en vain, la balle est toujours dans le camp du Palais royal. 
    La réalisation d’une solution négociée sur les bases des principes du droit international serait en pleine concordance avec les intérêts des peuples maghrébins et de la paix en général. Selon l’opinion de l’Etat algérien, il est impérativement nécessaire que ce conflit entre le Maroc et la RASD soit résolu par la voie politique, par des négociations pacifiques. C’est ainsi que l’on pourra liquider ce foyer de tension qui empoisonne toute la région, que l’on pourra faire face au terrorisme et que l’on pourra défendre la paix et la sécurité dans la région.
    B. C.
    Le Maghreb, 21 avril 2013