Mois : avril 2013
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Les EEUU réculent et le Sahara Occidental reste sans mécanisme de surveillance des droits de l’homme
Un projet de résolution sur le Sahara Occidental présenté par l’ambassadrice américaine auprès des Nations Unies a fait sonner l’alarme à Rabat la semaine dernière. L’initiative américaine envisageait d’élargir le mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour qu’il puisse surveiller le respect des droits de l’homme par le Maroc mais aussi par le Front Polisario, qui contrôle la frange orientale de ce territoire et les camps de réfugiés de Tindouf (l’Algérie).Cette initiative, applaudie par des prestigieuses ONG de droits de l’homme tels qu’Amnesty International et Human Rights Watch, a été rejetée par la France, la Russie l’Espagne et, bien sur, par le Maroc qui a même annulé un exercice militaire conjoint avec les États Unis.La résolution qui a été finalement adoptée est un triomphe diplomatique de Rabat, qui avait dénoncé une ‘instrumentalisation des droits de l’homme’, avec le soutien de quelques ONGs. Il s’agit d’une résolution diluée et édulcorée qui élargie le mandat de la mission de l’ONU mais qui la préserve comme une des rares missions de l’ONU dans le monde sans mandat dans le domaine des droits de l’Homme.Le conflit du Sahara remonte à 1975, quand une Espagne en transition n’as pas été capable de gérer la perte d’une colonie qui pendant presque quarante ans a lutté a la fois militairement (jusqu’en 1991) et diplomatiquement. En effet, le Front Polisario a du lutter au début contre le Maroc et la Mauritanie, une guerre pour laquelle avait le soutien de l’Algérie. L’absence d’une solution pour ce conflit qui dure déjà presque quarante ans a deux causes essentielles : les positions antinomiques des Marocains et des Sahraouis, d’une part, et les enjeux économiques et géopolitiques d’autre part (1).En effet, le Maroc s’est toujours opposé à tout processus référendaire basé sur l’autodétermination et les positions restent irréconciliables. L’ « autonomie » que le Maroc offre est rejetée par les sahraouis qui se sont même engagés, en cas d’indépendance, à offrir au Maroc des avantages sur le plan économique et culturel.Concernant les enjeux économiques, le Sahara Occidental est un territoire très riche en phosphates (le territoire possède les deuxièmes réserves mondiales après la Chine) et en ressources halieutiques (pêche) . L’Union Européenne participe à cette exploitation, grâce à l’accord de pèche avec le Maroc. En outre, il faudrait y ajouter des futurs revenus de pétrole, qui sont en ce moment en cours de prospection.Les enjeux géopolitiques sont diverses et ils ont beaucoup évolué depuis le commencement du conflit, en particulier la position des États Unis, qui veulent actuellement voir ce conflit résolu le plus tôt possible. En effet, si au début, l’évolution de la Guerre Froide marquait le rythme du conflit, aujourd’hui c’est la lutte antiterroriste au Maghreb-Sahel qui pousse les américains à trouver une solution.Pour l’instant, sa dernière initiative n’a pas été bien accueillie par le reste des acteurs.Félix Pernas Ramírez(1) LE CONFLIT DU SAHARA OCCIDENTAL : ENJEUX REGIONAUX ET INTERNATIONAUX. YAHIA H. ZOUBIRhttp://www.sciencespo.fr/ceri/sites/sciencespo.fr.ceri/files/art_yz.pdfMEDEA, 27 AVRIL 2013 -
Sahara occidental : le coup de force de la France et de la Russie
Une vicitime de l’intervention policière marocaine à ElAaiun contre des manifestants sahraouis quimanifestaient pour célébrer la Résolution 2099 duConseil de Sécurité de l’ONULa France et la Russie sont finalement parvenues à faire vider le projet de résolution américain sur le mandat de la Minurso de sa substance essentielle portant sur l’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme dans l’ancienne colonie espagnole.Washington a fini par céder aux pressions de ces deux pays en acceptant de remanier fondamentalement le texte originel qui ne fait plus mention de l´octroi de cette mission à la Minurso, ni même de la mise en place d’un quelconque autre mécanisme onusien à cet effet.Sans faire valoir le droit de vetoSeuls le Royaume-Uni et la Chine n’ont apparemment pas formulé d´objection sur l’initiative présentée par l’ambassadrice des Etats-Unis à l’ONU, Susan Rice, au groupe des Amis du Sahara occidental, composé des Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Chine, en plus de l’Espagne en sa qualité d’ancienne puissance coloniale du territoire sahraoui. La France et la Russie, avec la complicité discrète de l’Espagne qui ne voulait pas trop se mettre en avant, ont donc réussi à faire avorter le projet sans être obligées d’aller jusqu’à l’usage du droit de veto. A la fin de la semaine dernière, Mme Susan Rice avait présenté, une première fois, un nouveau texte suggérant d´élargir au Haut Commissariat aux réfugiés (HCR) la mission de surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental. Même cette alternative à la Minurso, «plus souple» aux yeux des observateurs et qui pouvait favoriser le consensus au sein du groupe, n´a pas été acceptée par Paris et Moscou, pour des raisons qui leur sont propres. Pourtant, cet organisme onusien (le HCR) ne dispose pas des mêmes moyens de surveillance sur le terrain qui sont aux mains de la Minurso.Une simple référence au respect des droits de l´hommeLe Conseil de sécurité de l´ONU, dont les travaux ont été ouverts le 22 avril, a donc été saisi d´un texte sans consistance qui se limite à recommander d´«encourager le respect des droits de l´homme» dans l´ancienne colonie espagnole. Toutes les modifications introduites par Mme Rice auront suscité la colère de Rabat dont le vice-ministre des Affaires étrangères, Youssef Amrani, qui a protesté, mardi, contre «ce qu´il a appelé une violation de la souveraineté» de son pays à travers une initiative «qui fait le jeu d´une organisation terroriste», en allusion au Front Polisario. Parallèlement à l´activisme diplomatique de la France, derrière lequel s´est confortablement retranchée l´Espagne, le roi Mohammed VI avait dépêché, ces derniers jours, le ministre des Affaires étrangères, Saadine El Othmani, le patron des services de renseignements,Yassine Mansouri, et son proche conseiller et ami Fassi Fihri, à Moscou, Londres et Pékin, des capitales de pays membres du groupe des Amis du Sahara occidental supposées soutenir l´initiative américaine. Usant du double langage, la diplomatie espagnole était acquise à la démarche marocaine depuis la visite effectuée par M. Youssef Amrani au début du mois à Madrid pour tenter de convaincre le gouvernement Rajoy de ne pas soutenir l´initiative américaine.Entre les intérêts et la crainte des représaillesL´annulation à l´initiative de Rabat – en représailles contre l´initiative de Washington – des manœuvres militaires conjointes pour 2013 entre le Maroc et les Etats-Unis a fait réfléchir l´Espagne. Ce pays, qui a délogé la France de la première place des clients du Maroc, a choisi la préservation de ses intérêts économiques à ses responsabilités historiques envers son ancienne colonie. Le ministre des Affaires étrangères, Gracía-Margallo, soutenait, encore récemment devant le congrès des députés la mise en place d’un mécanisme sur la surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental. Le Conseil de sécurité de l’ONU devrait sans difficultés adopter à l´unanimité de ses quinze membres le projet de résolution américain, à la fin du mois d´avril. Que sera donc la réaction de la Fondation Kennedy qui a bataillé jusqu´au bout pour la surveillance des droits de l´homme au Sahara occidental ? Le Parlement européen aura sans doute son mot à dire à ce propos. Quant aux organisations humanitaires internationales, qui avaient applaudi l´initiative américaine, elles ont déjà eu un début de réaction même si elles préfèrent attendre la réponse finale du Conseil de sécurité. Pour Eric Goldstein de Human Righs Watch (HRW) il est scandaleux que les Etats-Unis aient «cédé aux pressions marocaines».Les Echos d’Algérie, 25 avril 2013 -
Santiago Jiménez : "Obama est sensible à la protection des droits de l’homme au Sahara"
Fatma Daoudi, victime de la répression du 26 avril 2013. La police marocaine
lui a coupé les doigts qui faisant signe de victoire.L.T.A : Comment expliquez-vous l’initiative engagée par les Etats-Unis en faveur de l’élargissement de la mission de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental sachant que le Maroc est leur allié traditionnel ?Santiago Humberto Jimenez : L’attitude des Etats-Unis s’explique, d’une part, par une plus grande sensibilité de l’Administration Obama et de son actuel Secrétaire d’Etat John Kerry par rapport à la légitimation et à la protection des droits de l’homme, conformément aux principes de base du droit international. Elle s’explique, d’autre part, par les pressions exercées sur les Etats-Unis, à travers la publication des rapports (sur la situation au Sahara occidental), par les Nations unies et par le Centre Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’Homme animé par Mme Kerry Kennedy, la fille de Robert Kennedy. Ces informations convergent avec les propres conclusions du Représentant personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et avec celles de membres de l’ambassade des Etats-Unis à Rabat. Toutes ces informations ressortent dans le rapport du Secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon au Conseil de sécurité. L’entretien de l’alliance traditionnelle des Etats-Unis avec le Maroc ne passe pas nécessairement par un soutien aveugle des Etats-Unis aux thèses marocaines, à plus forte raison quand elles n’avancent pas vers la recherche de solutions (au problème du Sahara) mais prolongent plutôt le statu quo, favorable au Maroc, qui engendre un climat de tension et de déstabilisation de la région.Pourquoi donc Susan Rice a-t-elle modifié son projet de résolution ?Comme vous le savez, il est nécessaire que la proposition formulée par ledit groupe des Amis du Sahara, dont peu d’entre eux, soit dit au passage, sont vraiment capables de ce sentiment d’amitié et sont disposés à favoriser les instruments de médiation, mais sont, en revanche, plutôt soucieux de la sauvegarde des intérêts des grandes puissances, soit consensuelle et acceptée par tous ses membres. Les réticences de l’Espagne et la fermeté de la France et de la Russie ont imposé la recherche de solutions alternatives. La modification introduite ne faisait que la recommandation générique d’exprimer la préoccupation de tous pour le respect des droits de l’homme et d’octroyer la mission de surveillance des droits de l’homme au HCR. Or cet organisme n’a pas la compétence, ni d’ailleurs les moyens d’accomplir une tâche de cette importance, et encore moins la capacité opérationnelle face à d’éventuelles violations des droits de l’homme qui, il faut le rappeler, se produisent quotidiennement sous silence de la communauté internationale. C’est là que se situe la coupable responsabilité de tous.François Hollande semble avoir emboîté le pas à la droite française qui soutient l’occupation du Sahara !A mon avis, s’il y a un changement dans le discours du gouvernement Hollande, dans la pratique il n’y a rien de changé. La France continue de défendre à outrance ses intérêts au Maroc, à travers la protection d’un fidèle allié de la francophonie face au peuple sahraoui qui n’a jamais accepté la domination française sur la région. Durant la période coloniale, il avait opté pour un rapprochement de l’Espagne, ce que la France a perçu comme un acte d’animosité envers elle. D’où la vision répandue que ce peuple a été placé sous protection de l’Algérie avec laquelle la France n’a même pas été capable de panser les blessures du passé et de s’engager dans une politique mutuelle de respect et de convivialité. Tant que la France n’opérera pas avec audace un changement dans ses positions sur le Maghreb pour qu’elles soient plus équilibrées et continuera d’user de son droit de veto aux Nations unies, il ne faudra pas espérer de solution juste, équitable et conforme au droit international pour la question du Sahara occidental.Par quoi peut s’expliquer la position de la Russie qui soutient, pourtant, le droit à l’autodétermination du Sahara ?Je ne suis pas un expert de la politique russe. Je ne dispose pas d’éléments pour faire une évaluation objective à ce propos. Il me semble, toutefois, que la Russie (qui s’est opposée à la proposition américaine aux côtés de la France) a voulu, d’une part, préserver des intérêts économiques concrets, dans le secteur de la pêche notamment, avec la présence de sa flotte dans la zone située entre les Canaries et le Sahara d’où elle a été sommée de lever l’ancre par les organisations non gouvernementales qui défendent la préservation des ressources naturelles du Sahara occidental. D’autre part, au plan politique, la Russie s’est opposée à l’initiative américaine pour empêcher les Etats-Unis de jouer un rôle protagoniste dans la région avec de possibles répercussions sur la politique globale au Sahel et au Sahara et, dans une plus large mesure, en Afrique et dans le monde entier.Selon la presse espagnole, l’Espagne développe un double langage. Margallo soutient que la mission de surveillance des droits de l’homme par la Minurso «n’est pas fiable». Qu’en pensez-vous ?S’agissant de la question sahraouie, tous les gouvernements espagnols, y compris celui d’aujourd’hui, se sont retranchés derrière un langage ambigu, et n’ont pas mené d’action adéquate au règlement de ce conflit. Cette attitude qui se prolonge encore s’explique par des intérêts géostratégiques du puissant lobby pro-marocain et la défense d’intérêts particuliers au détriment de ceux de l’Etat en tant que collectivité. Les politiques de groupe ou de faction s’opposent aux grands principes et aux intérêts généraux. L’Espagne a éludé ses responsabilités légales comme puissance administrative au Sahara occidental et les engagements pris en matière de décolonisation de ce territoire. Toute autre attitude favorise la conquête militaire et l’annexion de l’ex-colonie espagnole par le Maroc qui refuse au peuple sahraoui le droit à l’autodétermination et de disposer de son destin. Ceci dit, je ne crois pas que M. Margallo (le ministre espagnol des Affaires étrangères) ait insinué (comme l’a rapporté la presse) que la Minurso est un organisme inefficace, au moment où son mandat est prorogé d’une année. L’idée est que les droits des Sahraouis ne doivent pas être protégés et doivent rester soumis à l’arbitraire de la justice de l’occupant, soumis donc à la domination des autres et non pas garantis par la justice et le droit. Les craintes du gouvernement Rajoy sont, en définitive, les mêmes que celles de tous les gouvernements qui l’ont précédé depuis 1975 (date de la mort du général Franco), avec quelques nuances peu significatives. Le problème de Ceuta et Melila, le trafic de drogue vers l’Europe à travers des routes africaines, la collaboration dans la lutte contre le terrorisme, spécialement le terrorisme djihadiste, sont autant de raisons qui expliquent cette attitude passive et peu responsable. Ni les préoccupations pour les droits de l’homme, ni l’aide au développement ou dans les cas de catastrophe, ni la garantie de la sécurité internationale ne doivent être soumises au jeu des intérêts des Etats, mais doivent dériver de la pratique commune du respect, de la solidarité et du soutien mutuel en cas de danger. Toute autre attitude commue à la communauté internationale d’aujourd’hui ne fera qu’accroître les tensions et les malentendus dans un monde où priment la convivialité et le bien-être de tous.Santiago Humberto Jimenez est professeur à l´Université de Santiago de CompostelleLes Echos d’Algérie, 27 avril 2013 -
La résolution du Conseil de sécurité a le mérite de s’attacher à l’autodétermination (F. Polisario)
NEW YORK – La nouvelle résolution du Conseil de sécurité sur le Sahara occidental a le mérite de souligner ’’l’attachement du Conseil au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme fondement de la solution politique au conflit créé par l’occupation marocaine’’, a déclaré à l’APS le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari.Cette déclaration du représentant sahraoui vient en réaction à l’adoption jeudi par le Conseil de sécurité de l’ONU d’une résolution sur le Sahara occidental dans laquelle cet organe de décision des Nations unies a réitéré son appel à une ’’solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental’’, tout en soulignant ’’l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme’’ au Sahara occidental occupé par le Maroc.Prenant note de cette résolution, M. Boukhari a observé que la question des droits de l’homme avait occupé une ’’grande place’’ dans le débat qui a eu lieu entre les membres du Conseil de sécurité et dans les médias.Il a également rappelé que cette question avait été au centre des recommandations du rapport du secrétaire général de l’ONU comme elle avait été mise en relief par l’initiative des Etats-Unis visant l’élargissement du mandat de la MINURSO (Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental) pour y inclure l’observation et le suivi de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental occupé.A ce propos, il a soutenu que l’initiative américaine, en cohérence avec la position officiellement exprimée par l’Union africaine et par des pays membres et non membres du Conseil de sécurité, avait été ’’une contribution louable aux efforts que déploient, depuis de nombreuses années, des institutions et organisations internationales crédibles pour mettre fin aux violations graves des droits de l’homme que le Maroc perpètre dans la partie occupée du Sahara occidental’’.Dans ce cadre, a-t-il poursuivi, ’’il est patent que la panique, qui s’est emparée du Maroc devant la possibilité que le Conseil de sécurité élargisse les prérogatives de la MINURSO, prouve bel et bien l’existence de graves violations des droits de l’homme que le Maroc veut cacher à la communauté internationale’’. Mais pour le représentant sahraoui à l’ONU, ’’l’impunité ne peut perdurer’’.Saluant la démarche du gouvernement américain, M. Boukhari a indiqué que le Front Polisario espère que ’’l’esprit et l’objectif de l’initiative des Etats-Unis primeront dans l’avenir’’ et, partant de là, que le Conseil de sécurité ’’mette ainsi un terme à la politique des deux poids deux mesures en matière des droits de l’homme au détriment du peuple sahraoui, qui porte atteinte à la crédibilité’’ du Conseil.Sur ce point, il est à souligner qu’en dépit du retrait de l’initiative américaine de l’avant-projet de résolution du Conseil, qui prévoyait l’introduction au sein de la MINURSO du mécanisme de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental occupé, l’organe de décision de l’ONU a souligné dans sa résolution « l’importance de l’amélioration de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental » par les autorités marocaines et a appelé « à élaborer et à appliquer des mesures indépendantes et crédibles pour assurer le plein respect des droits de l’homme » des Sahraouis.Par ailleurs, M. Boukhari a estimé que la résolution du Conseil avait le mérite de souligner son ’’attachement au droit du peuple sahraoui à l’autodétermination comme fondement de la solution politique au conflit créé par l’occupation marocaine’’.Aussi, selon lui, elle offre à l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, ’’tout l’appui aux efforts qu’il entreprend pour l’avènement d’une solution juste qui demeure une nécessité, à la fois, pour le peuple sahraoui, victime de l’occupation coloniale marocaine, et pour toute la région du Maghreb ainsi que pour l’ONU dont les nobles principes et résolutions sont violés par la poursuite du conflit’’.Dans ce contexte, le représentant sahraoui a affirmé que le peuple sahraoui, convaincu de la justice de sa cause et du soutien de la communauté internationale à son droit inaliénable à l’autodétermination et indépendance, ’’poursuivra sa légitime lutte pour la liberté et la dignité’’.Inscrit depuis 1964 sur la liste des territoires non autonomes, et donc éligible à l’application de la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU portant déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique, occupé depuis 1975 par le Maroc lequel est soutenu par la France.APS, 26 avril 2013 -
Le Conseil de Sécurité prorroge le mandat de la MINURSO jusqu’au 30 avril 2014
Un vol organisé par le HCR entre Laayoune au Saharaoccidental et et Tindouf en Algérie pour permettre auxfamilles des réfugiés de se réunir Photo: UNHCRNew York, Apr 25 2013. – Le Conseil de sécurité des Nations Unies a décidé jeudi de proroger d’un an le mandat de la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) jusqu’au 30 avril 2014.Le Conseil de sécurité, par la résolution 2099 (2013), adoptée à l’unanimité, a demandé à toutes les parties de « coopérer pleinement aux opérations de la MINURSO, y compris en ce qui concerne sa liberté d’interaction avec tous ses interlocuteurs, et de prendre les mesures voulues pour garantir la sécurité, ainsi qu’une totale liberté de circulation et un accès immédiat, au personnel des Nations Unies et au personnel associé dans l’;exécution de leur mandat ».Les membres du Conseil ont également demandé aux parties de poursuivre les négociations sous les auspices du Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, « sans conditions préalables et de bonne foi », en tenant compte des efforts faits depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.« Le Conseil affirme son soutien à l’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, et à l’action qu’il mène pour faciliter les négociations entre les parties, et se félicitant à cet égard des initiatives qu’il a prises récemment et des consultations qu’il mène actuellement avec les parties et les États voisins », a précisé la résolution.Les membres du Conseil de sécurité ont salué l’application du programme renforcé de protection des réfugiés élaboré par le Haut commissariat des Nations Unies pour les réfugiés (HCR) en coordination avec le Front Polisario et qui comprend des activités de formation et de sensibilisation aux droits des réfugiés et aux droits de l’;homme.Le Conseil de sécurité s’est également félicité des mesures que le Maroc a prises pour renforcer les commissions du Conseil national des droits de l’homme à Dakhla et Laâyoune et du dialogue qu’il entretient avec les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme de l’ONU.Centre d’Actualités de l’ONU, 25 avril 2013 -
L’ONU demande « des mesures indépendantes et crédibles » pour protéger les droits de l’homme
Le Conseil de Sécurité vient d’adopter la résolution autorisant le prolongement pour un an du mandat de la Minurso. Il souligne la nécessité de « mesures indépendantes et crédibles » pour protéger les droits de l’homme mais ne prévoit aucun mécanisme international au Sahara et à Tindouf.Le Conseil de Sécurité a adopté ce jeudi à New York une résolution autorisant le prolongement pour une année du mandat de la Minurso («Mission des Nations-Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental»). Le texte final est quasiment le même que l’année dernière, appelant les deux parties à poursuivre leurs efforts en vue de «parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental dans le cadre d’arrangements conformes aux buts et principes énoncés dans la Charte des Nations Unies».Au Maroc, cette résolution est perçue comme une « victoire ». Un communiqué lu par le porte-parole du Cabinet royal, Abdelhak Lamrini, indique que « Le Royaume du Maroc prend note avec satisfaction de cette résolution qui confirme, avec vigueur, les paramètres incontournables de la solution politique, préserve fortement les perspectives d’une relance prometteuse des négociations et clarifie, de manière précise et définitive, le cadre de traitement des autres aspects de ce différend régional. »« Mettre au point et appliquer des mesures crédibles et indépendantes »Concernant les droits de l’homme, objet des négociations ces derniers jours, la résolution du Conseil de Sécurité souligne « qu’il importe d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et dans les camps de Tindouf ». Comme l’année dernière, le Conseil juge que ces droits ne sont pas respectés. Il engage « les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit leurs obligations découlant du droit international ».Après la marche arrière des Etats-Unis ces derniers jours, aucun mécanisme international de surveillance n’est toutefois évoqué dans la résolution finale.Libre accès de la MinursoLa Conseil de Sécurité redemande de prendre en considération sa requête pour un recensement des réfugiés sahraouis de Tindouf. Il appelle également les deux parties à coopérer pleinement avec la Minurso, notamment en respectant la libre interaction entre la Mission et ses interlocuteurs et en lui accordant un accès immédiat et sans entrave dans le cadre de son mandat. C’est le Maroc qui semble ici visé, après les accusations d’espionnage portées officiellement par Ban Ki Moon en 2012 contre Rabat et l’interdiction d’accès au camp de Gdim Izik en 2010. Si les drapeaux marocains qui entouraient le bâtiment de la Minurso à Laâyoune ont tous (sauf un) été retirés récemment, le problème des plaques d’immatriculation des véhicules de la Minurso est aujourd’hui toujours en cours de négociations (Rabat leur impose des plaques marocaines sur la partie du territoire contrôlée par Rabat, une mesure contraire au règlement de l’ONU).« Réalisme et esprit de compromis », comme en 2008La résolution votée aujourd’hui par le Conseil de Sécurité demande aussi au Maroc et au Polisario d’appuyer la recommandation faite par le Conseil en 2008, selon laquelle « il est indispensable que les parties fassent preuve de réalisme et d’un esprit de compromis afin de maintenir l’élan imprimé au processus de négociation».Un câble diplomatique américain publié par Wikileaks et daté d’avril 2008 révèle que cette résolution était en fait le fruit d’un désaccord entre les Etats-Unis et la France : le gouvernement Bush souhaitait accélérer la résolution du conflit en qualifiant l’option d’indépendance d’ «irréaliste». Les Français avaient toutefois refusé de soutenir cette proposition à cause, selon les diplomates américains, du poids du lobby algérien en France.Lakome, 25 avril 2013Lire ici le projet final de résolution US adopté aujourd’hui par le Conseil de Sécurité (en français) -
Résolution sur le Sahara occidental: Un avertissement en termes très édulcorés
Le Conseil de sécurité a encouragé jeudi le Maroc à mieux respecter les droits de l’Homme au Sahara occidental mais sans charger la mission de l’ONU sur place d’enquêter dans ce domaine comme le voulait Washington.La résolution adoptée jeudi à l’unanimité « encourage les parties à poursuivre leurs efforts respectifs pour promouvoir et protéger les droits de l’Homme au Sahara occidental et dans les camps de réfugiés de Tindouf » (Algérie).Elle prolonge, comme tous les ans, le mandat de la Mission des Nations unies au Sahara occidental (Minurso), jusqu’au 30 avril 2014.Les Etats-Unis avaient d’abord présenté un texte qui, pour la première fois, chargeait la Minurso de « surveiller et de faire un rapport sur » le respect des droits de l’Homme, au grand dam des Marocains. La proposition américaine défendue par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, était pourtant en cohérence avec les pratiques onusiennes. La Minurso est en effet la seule mission de l’ONU n’incluant pas de volet sur les droits de l’homme.Ceux-ci avaient réagi très vivement, allant jusqu’à reporter sine die un exercice militaire conjoint avec des soldats américains et faisant intervenir leur lobby auprès du Groupe des amis du Sahara occidental (Etats-Unis, Russie, France, Royaume-Uni, Espagne).Finalement Washington a renoncé à inclure les droits de l’Homme dans le mandat de la Minurso. La proposition américaine défendue par l’ambassadrice américaine à l’ONU, Susan Rice, était pourtant en cohérence avec les pratiques onusiennes. La Minurso est en effet la seule mission de l’ONU n’incluant pas de volet sur les droits de l’homme.Loin d’être une victoire remportée par la diplomatie marocains, la nouvelle résolution est un avertissement en termes très édulcorés. -
"La colonisation du Sahara occidental perdure à cause du soutien de la France et des Etats-Unis au Maroc ! " (Christiane Perregaux )
Depuis 30 ans, le Sahara occidental réclame son indépendance vis-à-vis du Maroc, qui contrôle la région. Malgré la pression d’associations civiles, Rabat campe toujours sur ses positions. Pour la Suissesse Christiane Perregaux, Professeure en Sciences de l’Education à l’Université de Genève, membre du comité de soutien suisse du peuple sahraoui, si ce litige n’est toujours pas réglé c’est à cause des soutiens extérieurs dont dispose le Maroc dans ce dossier. Afrik.com l’a rencontrée à Alger, lors de la troisième conférence des femmes sur la cause sahraouie. Entretien.A AlgerPropos recueillis avec Graziella Riou, rédactrice-en-chef du quotidien en ligneBoocanAfrik.com : Pourquoi à ce jour les autorités marocaines refusent toujours d’entendre les revendications du peuple sahraoui ?Christiane Perregaux : Si les autorités marocaines étaient seules, il y a longtemps que ce dossier aurait été réglé. Mais le problème est que le Maroc est soutenu par la France et les Etats-Unis. C’est avec ces deux soutiens extérieurs que le Maroc a pu se permettre cette occupation et tout ce qui en est suivi. La colonisation du Sahara occidental perdure à cause des soutiens extérieurs du Maroc, en particulier la France et les Etats-Unis.Graziella Riou : Lors de son dernier voyage au Maroc, le président français François Hollande a fait un geste en parlant d’autonomie du Sahara occidental. Qu’en pensez-vous ?Christiane Perregaux : La position de la France n’a pas évolué. Le président François Hollande a parlé d’autonomie du Sahara occidental qui est le plan marocain pour contrecarrer le plan d’autodétermination du peuple sahraoui. La France et le Maroc jouent donc sur les mots. Le Maroc a d’ailleurs affirmé que l’autodétermination n’était pas forcément liée au référendum que réclame les Sahraouis. Pour le Maroc, il peut y avoir d’autres formes d’autodéterminations.Graziella Riou : Pourquoi estimez-vous que la position de la France n’a pas évolué vis-à-vis du Sahara occidental ?Christiane Perregaux : Les Etats-Unis soutiennent le Maroc tout en gardant une certaine distance, ce qui n’est pas le cas de la France, qui a énormément de liens avec le Maroc. Il y a des collisions entre les politiciens français et le Maroc. C’est vraiment incroyable ! Même Rocard est allé au Maroc pour faire son gouvernement. Lorsque Sarkozy a perdu les dernières élections, il est aussi allé au Maroc. Il y a même eu des rumeurs, selon lesquelles, il deviendrait conseiller du roi. La seule exception c’est Hollande, qui a été en Algérie avant d’aller au Maroc lorsqu’il a été élu. Mais là encore, il a envoyé un ministre au Maroc pour s’excuser auprès du roi, lui indiquant que son voyage en Algérie était vraiment urgent. Et tout le monde sait que derrière tout cela, il y a des rapports financiers.Afrik.com : Selon vous, quelles seraient les solutions pour que les revendications du peuple sahraoui soient entendues ?Christiane Perregaux : On se rend compte, que lorsque de telles situations sont aussi liées aux politiques, elles sont toujours plus compliquées à résoudre. A mon avis, si les Français disaient aux amis marocains : « cela suffit maintenant ! L’exil ce n’est plus possible pour la population sahraouie ! Maintenant on doit trouver une solution qui réponde aux résolutions de l’ONU ». Ce sera un grand pas en avant.Afrik.com : Vous pensez qu’une telle option fonctionnerait ?Christiane Perregaux : Cela pourrait fonctionner très rapidement. Quand vous voyez des situations internationales aussi engluées, il nous faut ce genre d’initiative. Mais cela va nous demander encore un peu de temps pour qu’on ait ce genre de bouleversement là. Je pense que pour la première fois, il y a des Etats qui montrent qu’on en a assez de cette situation ! Et que ce n’est plus possible de continuer comme cela ! Même la Grande-Bretagne a condamné les autorités marocaines. Ce n’est pas anodin.Graziella Riou : Est-ce pour des bonnes raisons que la communauté internationale commence à s’intéresser au problème du Sahara occidental ? Est ce qu’il n’y aurait pas une crainte de risque de contagion avec le Mali ?Christiane Perregaux : Oui votre question est légitime. La situation du nord-Mali est explosive. Il y a la désespérance d’une partie des jeunes sahraouis et on se demande ce qu’ils vont devenir et vers quoi ils vont se tourner car ils n’en peuvent plus d’attendre. Plus personne ne peut nier les richesses du Sahara occidental. Et Total est déjà sur place en train de creuser dans l’illégalité contre la législation de la communauté internationale. On connait aussi les accords de pêches qui sont en train d’être discutés à l’Union européenne. Le Front-Polisario vient d’ailleurs de faire recours. Le Sahara occidental n’est pas une terre vide.Afrik.com : Est-ce que ces richesses ne nuisent pas au combat du peuple sahraoui ? Tant qu’il y aura des richesses à exploiter, on ne répondra pas à leurs revendications de sitôt ?Christiane Perregaux : Ces richesses appartiennent au peuple sahraoui. La charte de l’ONU sur les pays non autonomes le dit clairement. Le Maroc et la communauté internationale sont en plein contradictions tout simplement parce que ces richesses doivent revenir au peuple sahraoui. Actuellement cet argent qu’on tire des richesses du Sahara occidental va dans les poches du roi du Maroc surtout !Afrik.com : Les violations commises par les autorités marocaines au Sahara occidental sont régulièrement dénoncées. A ce jour connait-on le nombre de victimes de ces exactions ?Christiane Perregaux : Le nombre de morts dans le Sahara occidental est innombrable. On ne connait toujours pas le nombre de victimes de ce conflit qui dure depuis 30 ans. On sait en revanche qu’elles sont très nombreuses depuis la marche verte jusqu’à aujourd’hui ! Sans compter les victimes en prison. Au début de l’arrivée des Sahraouis dans les camps, au moins 12 enfants mourraient de la rougeole par jour.Afrik.com, 25 avril 2013 -
Le jeu «trouble» de Christopher Ross
L’Envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, roule-t-il pour le royaume chérifien ? La question mérite vraiment d’être posée, surtout lorsque l’on se réfère au dernier rapport élaboré par ce haut responsable onusien sur cette question dont nous nous sommes procuré une copie en exclusivité, et qui sera présenté aujourd’hui devant le Conseil de sécurité.Dans le rapport en question dont on détient une copie, Christopher Ross a pris le soin de ne pas exprimer la position des Nations unies par rapport à ce conflit, bien qu’il reconnaisse, en filigrane, que les droits de l’Homme dans les territoires occupés sont bafoués. Et pour maintenir le flou, l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental se contente de rapporter et de dresser les comptes rendus des visites qu’il a effectuées en Algérie, au Maroc et au Sahara occidental ainsi que la teneur des discussions qu’il a eues avec les différents responsables et ce, dans le cadre de la mission qui l’a mené dans la région entre le 18 mars et 11 avril dernier.Ainsi donc, et pour ce qui est du Maroc, première halte de son «périple», le responsable onusien a rappelé que les dirigeants du royaume – sachant que le roi était absent-, et à leur tête le chef du gouvernement et les ministres des Affaires étrangères et de l’Intérieur, ont réitéré leur proposition, à savoir l’autonomie du Sahara occidental. Une position rejetée en bloc par le Front Polisario, d’autant qu’elle est inscrite en faux du droit international, et des résolutions déjà prises en ce sens par les Nations unies. Les « porte-paroles » de Sa Majesté ont par ailleurs estimé que le sommet de l’Union du Maghreb arabe ne pourrait intervenir avant 2014, en prétextant cette temporisation par « les conditions instables de la Tunisie ». Il va sans dire que cet argument ne tient pas la route, puisque le Maroc bloque le processus d’édification de l’UMA depuis 1999, faisant de lui un moyen de chantage par rapport à la question sahraouie. Au cours de la rencontre qu’il a finie par avoir avec Mohamed VI en date du 9 avril, Christopher Ross indique que le souverain marocain, qui a donc pas mal de choses à cacher, s’est montré «très déçu après avoir appris la proposition d’inclure les droits humains dans le mandat de la MINURSO». Par ailleurs, Christopher Ross précise que durant les entretiens qu’il a eus avec les hauts responsables algériens, lors de son déplacement en Algérie le 28 mars dernier, il lui a été clairement signifié que « le Sahara occidental est une question de décolonisation qui relève de la responsabilité de l’ONU».«L’Algérie n’est pas et ne sera jamais une partie dans les négociations»D’après le responsable onusien, les autorités algériennes ont également rappelé les positions du président de la République vis-à-vis de cette question, à savoir que l’Algérie n’est pas et ne sera jamais une partie dans les négociations. Toujours dans le même ordre d’idées, Christopher Ross souligne que Abdelaziz Bouteflika a « déploré la position agressive de la presse officielle marocaine sur l’Algérie ». Quant à la visite effectuée aux camps de réfugiés près de Tindouf, en Algérie, le 25 mars écoulé, le responsable onusien a enfin évoqué «violations des droits de l’homme et l’exploitation illégale des ressources naturelles du territoire», au niveau des territoires occupés, mais en mettant cela dans la bouche du président sahraoui, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier, dit-t-il, lui a fait part de la frustration des jeunes sahraouis qui, las d’attendre, pourraient reprendre la lutte armée. Une option qui a été même évoquée, souligne-t-il encore, par des chefs militaires du Polisario. Toujours dans le même rapport, il est clairement souligné que le Polisario s’oppose au terrorisme et fait tout son possible, en collaboration avec l’Algérie pour faire en sorte que les Sahraouis restent au-dessus de la mêlée. Allusion faite surtout à ce qui se passe au Mali. D’autre part, Christopher Ross ajoute qu’il a noté, lors du voyage qui l’a mené au Sahara occidental le 22 mars dernier, trois tendances par les Sahraouis : ceux qui sont favorables à l’indépendance, ceux qui sont pro-autonomie et ceux, tout simplement, qui veulent une vie meilleure. Mais, il estime toutefois qu’il «était impossible de mesurer la force relative à ces trois tendances».Il va sans dire qu’il s’agit là d’une dangereuse fuite en avant du responsable onusien, car il est de notoriété publique que les partisans de l’indépendance du Sahara occidental représentent l’écrasante majorité de ce peuple. c’est ce qui explique, d’ailleurs, le fait que le Maroc continue de s’opposer farouchement à la tenue d’un référendum d’autodétermination. Enfin, l’Envoyé spécial des Nations unies pour le Sahara occidental fait savoir qu’il va se rendre à Addis-Abeba en répondant à l’invitation de l’Union africaine et pourrait même, aussi, programmer des visites à Tripoli et Tunis, si cela s’avère utile. Il faut dire, ainsi, que ces visites suscitent d’ores et déjà moult interrogations car Tunis ou Tripoli n’ont aucune relation avec le Sahara occidental où la situation humanitaire n’a pas changé d’un iota. Christopher Ross clôture son rapport avec une note d’optimisme en espérant un dénouement heureux de ce conflit à travers un engagement concret des parties et des pays voisins avec les Nations unies dans ses efforts pour promouvoir un règlement. Mais, force est de constater que la position de ce dernier, et à travers lui l’ONU, reste ambiguë maintenant, du coup, le statu quo dans la région. Une situation qui n’arrange, il faut le dire, que le makhzen. Il est peut être utile, voire important, de rappeler, en outre, que les Nations unies ont publié le 8 avril dernier un rapport accablant en ce qui concerne les droits de l’homme au Sahara occidental. Pourquoi donc ce «retournement de situation» et de «dernière minute» ? Mystère…Soufiane DadiLe Courrier d’Algérie, 24 avr, 2013http://lecourrier-dalgerie.com/le-jeu-trouble-de-christopher-ross/ -
L’échec cuisant du roitelet du Maroc lâché par tous
La posture du roi lâche et perfide est devenue ces derniers temps très inconfortable. Lui qui n’a pas arrêté de lancer son venin sur l’Algérie, son peuple et son armée, allant jusqu’á instrumentaliser le MUJAO dans le rapt de nos diplomates au Malim se retrouve tout á coup bien isolé.
Nos diplomates, fonctionnaires de l’Etat algérien, auxquels toute la nation algérienne rend hommage et dont on reste sans nouvelles, ont été en effet enlevés par une horde sanguinaire liée à la monarchie archaïque du Maroc. Ce dernier a versé des sommes astronomiques au MAK de Meheni le félon – plus 200 000 euros – pour alimenter le séparatisme, et les chaînes de télévision marocaines ne cessent de s’en prendre quotidiennement à l’Algérie et à son armée, «Al Maghribia» restant l’un des piliers de cette confrérie du mal.Le royaume de l’émir des débauchés est devenu le pays d’accueil par excellence de tous les ratés de la politique et autres larbins des Occidentaux. Les rencontres se multiplient à Paris entre les agents du Makhzen et les mercenaires du sang et de la politique, traîtres de ma patrie, allant du criminel Dehina au diplomate boulanger Zitout. Il est étonnant de constater à quel point les félons et traîtres se lient pour la même cause et l’on se dirige tout droit vers une véritable Internationale de la trahison, celle des fous du roi et des dames de pique avec leurs valets de Cour. Même l’organisation pro-américaine et proche des services américains a étalé le linge sale du roitelet du Maroc au grand jour en prolongeant le mandat de la Minurso, l’une des rares missions de maintien de la paix de l’ONU qui ne comprend pas de mandat d’observation de la situation des droits humains et de rédaction de rapports à ce sujet.
Le Maroc, qui revendique sa souveraineté sur le Sahara occidental et qui l’administre de facto, s’est longtemps opposé, avec le soutien de la France, à ce que la surveillance des droits humains soit incluse dans le mandat de la Minurso. Ce mandat viendra à échéance le 30 avril, mais il a été renouvelé sans interruption depuis que la mission a été créée en 1991. «Le Conseil de sécurité devrait mettre fin à l’anomalie qui veut que la Minurso mène des activités de déminage et des patrouilles frontalières, mais n’a aucun mandat pour rendre compte de la violence policière, des procès injustes ou des restrictions du droit de rassemblement auxquels sont systématiquement confrontés les habitants du Sahara occidental», a déclaré Philippe Bolopion, directeur du plaidoyer auprès de l’ONU à Human Rights Watch. Voilà la preuve que l’on est mieux servi que par les siens.
A vouloir jouer avec le feu, le roitelet de poche s’est brûlé les doigts, et pour mieux s’enfoncer, ce génie oublié par l’histoire n’a pas trouvé mieux que d’annuler une manœuvre militaire conjointe avec les USA. Fâché comme un gosse privé de sucette, il montre ses limites d’émir des khorotos. Ce coup-là, même Mozah ne peut rien pour lui surtout que d’après les échos, une guerre de harem fait rage entre elle et le harem de l’émir des débauchés. Et l’argent tant attendu du Qatar n’arrive pas, laissant le royaume dans un état de délabrement économique pathétique. Verrions-nous là les prémices d’un printemps agité au royaume du roitelet ?
Multipliant les absurdités, le ministère de l’Intérieur déclare que les violations des droits de l’homme sont plus courantes au nord du Maroc qu’au Sahara. C’est l’un des arguments utilisés par le ministère de l’Intérieur à la demande du cabinet royal, pour justifier l’opposition à la proposition US d’étendre le mandat de la Minurso à la surveillance des droits de l’homme au Sahara… «Le conseiller du Roi Azziman a demandé au ministère de l’Intérieur de rédiger un rapport sur les violations des droits de l’homme au Maroc. Ce rapport a montré chiffres à l’appui que les violations des droits de l’homme sont plus fréquentes au nord du Maroc qu’au Sahara». Cette déclaration surprenante a été prononcée par le SG du Parti travailliste, Abdelkarim Benatiq, lors d’un débat mardi sur la chaîne de télévision Al Oula, rendant compte d’une réunion organisée par le cabinet royal à laquelle il avait assisté. Ce n’est certainement pas le meilleur argument pour convaincre la communauté internationale des soi-disant «avancées démocratiques» du royaume ces dernières années.
Ajoutons à cela, la levée de boucliers des organisations très liées à la Maison Blanche telles HRW qui déclare : «La mission de maintien de la paix au Sahara occidental aurait dû inclure depuis longtemps un mandat de surveillance des droits humains, qui améliorerait les mécanismes de protection des droits humains tout en dissuadant les parties en présence de déformer les allégations de violations pour servir leurs propres objectifs politiques», a conclu Philippe Bolopion. «Les membres du Conseil de sécurité ne devraient pas laisser passer cette opportunité historique d’aligner la Minurso avec les autres missions modernes de maintien de la paix, bâties sur l’idée que les droits humains font partie intégrante du travail de l’ONU». Régression du royaume du Maroc.
Depuis la semaine dernière, le Maroc ne peut plus se vanter de n’avoir ni journaliste embastillé ni prisonnier d’opinion. Sans parler du fait que le grand argentier de sa majesté et glouton porte-monnaie royal, Mounir Majidi, en profite pour faire main basse sur les distributeurs de journaux… Rappelons-nous la condamnation du caricaturiste Khalid Gueddar pour ses dessins. La BD qu’il avait publiée «M6, le roi qui ne voulait plus être roi» décrivait un Mohammed VI haut en couleurs : jet-ski, boîtes de nuit, virées shopping à Paris… Ce crime de lèse-majesté risque de lui coûter cher et l’interrogatoire fleuve que lui a infligé la DST marocaine à la fin septembre trahit le vrai motif des poursuites à son encontre. Hélas, les procès contre Gueddar et Bouachrine ne constituent qu’un épisode parmi d’autres.
Tous s’inscrivent dans une vague de muselage sans précédent de la presse depuis l’avènement de Mohammed VI sur le trône alaouite en 1999. Drôle de façon d’inaugurer la seconde décennie de son règne. Khalid Gueddar n’est pas le seul journaliste à être victime de répression. Loin de là. Le 15 octobre, le directeur du journal Al-Michaal, Driss Chahtane, a été condamné à un an de prison ferme. Les deux journalistes Rachid Mahamid et Mustapha Hayran à trois mois fermes. Leurs crimes ? Avoir commenté un communiqué du Palais royal indiquant que le roi serait absent quelques jours pour raison médicale. En l’occurrence à cause d’une «infection à rotarovirus», un terme que tout journaliste digne de ce nom se doit d’expliquer à ses lecteurs. Le directeur du journal Al-Jarida Al-Oula, Ali Anouzla, risque également gros. A cause aussi d’un article sur la santé de Mohammed VI, il est accusé du «délit de publication, avec mauvaise intention, de fausses informations, d’allégations et de faits mensongers».
Autre titre de presse, autre punition. En fin de semaine dernière, les comptes bancaires du Journal Hebdomadaire ont été saisis. Le péché de ce titre-phare de la presse francophone ? Avoir été définitivement condamné le 30 septembre dernier par la Cour suprême du Maroc à 250 000 euros d’amende pour un article de 2005 mettant en cause l’objectivité d’un rapport d’un obscur centre de recherches belge sur le conflit du Sahara occidental. Le Journal Hebdomadaire était à l’époque dirigé par Aboubakr Jamaï qui avait préféré s’exiler aux Etats-Unis pour sauver la publication. Mais ce grand éditorialiste qui n’hésite pas à égratigner de sa plume le roi et son «cabinet secret» reprend du service dans le Journal…
L’armée marocaine en détresse
A l’occasion de la Fête du trône, le roi du Maroc présidait la cérémonie de prestation de serment des officiers lauréats des grandes écoles militaires et officiers issus des rangs. Une festivité clinquante comme on les aime mais qui cachait mal l’amertume des officiers : à la dernière minute, la liste des noms de promus a été épurée, par décision de prolonger le délai nécessaire pour accéder à certains grades. Dorénavant, pour passer de lieutenant à capitaine, de capitaine à commandant et de commandant à lieutenant-colonel, il faut compter une année de plus à chaque étape tout en sachant que l’âge de la retraite a été repoussé de cinq longues années… Résultat : dans les casernes, on accuse le ministre de l’Economie de manger la laine sur le dos des militaires, et on pointe du doigt ces généraux qui n’ont jamais commandé de bataillon mais qui se pavanent le torse couvert de médailles normalement décernées lors de dangereuses opérations militaires.
Le système opaque régissant les promotions dans l’armée marocaine frustre les jeunes officiers et sous-officiers qui le critiquent ouvertement. Il y a en effet de quoi perdre ses illusions à voir tel brillant major de promotion cantonné à des tâches subalternes tandis que les fils de leurs supérieurs et autres nantis raflent tous les stages de perfectionnement à l’étranger. Et de quoi avaler ses rangers de rage quand on se remémore le cas de ce commandant qui, demandant à son colonel-major, pourquoi il n’évoluait pas, se vit répondre que c’était 5 000 euros la promotion, payables en plusieurs mensualités ! Le malaise est également palpable chez les hommes de troupes.
Majoritairement parqués dans la «zone sud», c’est-à-dire au Sahara occidental, les soldats s’ennuient à mourir et baillent aux corneilles à longueur de journée. Selon des témoignages concordants, bon nombre d’entre eux se droguent, fumant du haschich ou s’injectant dans les talons du patchouli ou un soda gazeux bien connu. D’autres s’adonnent à des trafics en tous genres (nourriture, carburant, cigarettes…) avec la complicité de leurs supérieurs, tandis que d’autres se sont mis à prier avec une ferveur inquiétante.
Craignant sans doute une contagion islamiste, l’Etat-major a décidé après les attentats de Casablanca du 16 mai 2003 de fermer les lieux de prière dans les casernes et de libérer de leurs obligations certains hommes dont les épouses militaient ouvertement dans des mouvements islamistes qui renverseraient volontiers la monarchie. D’autre part, les abus d’autorité sont légion. Ce ne sont pas les soldats employés comme bonnes à tout faire aux domiciles privés de gradés peu scrupuleux qui diront le contraire. On recense même des cas d’hommes réquisitionnés pour récurer des WC ou surveiller des poulaillers, travaux peu glorieux accompagnés de mauvais traitements. Au moment où l’armée marocaine fête le Cinquantenaire de sa création, elle n’est tristement plus que l’ombre d’elle-même.
Revenons un peu en arrière pour mieux appréhender l’imposture marocaine. Lors des négociations entre le Maroc, l’Algérie, la Mauritanie et l’Espagne à propos du Sahara, en 1973, Hassan II imposait sa position selon laquelle «le Sahara doit être marocain, à défaut, il reste espagnol, mais il ne sera jamais ni algérien, ni indépendant». C’est ce que révèlent plusieurs télégrammes diplomatiques américains, rendus publics cette semaine par Wikileaks. Le président algérien de l’époque, le défunt Houari Boumediene, avait proposé que les trois pays soutiennent des mouvements de libération qui collaboreraient pour expulser les Espagnols du Sahara. Un télégramme de Stuart W. Rockwell, alors ambassadeur des Etats-Unis au Maroc, rendu public par Wikileaks le 8 avril 2013, révèle que le roi Hassan II déclara qu’«il préférait voir les Espagnols rester que d’avoir un Etat indépendant sous contrôle algérien», selon l’ambassadeur dans son télégramme adressé au département d’Etat américain et aux ambassades américaines des Etats concernés, le 27 juillet 1973, suite à sa rencontre avec le ministre marocain des Affaires étrangères Ahmed Taïeb Benhima. Pendant cette entrevue, l’ambassadeur américain demanda à Benhima de raconter les débats qui s’étaient tenus à Agadir quelques jours auparavant, les 23 et 24 juillet, à propos du Sahara, entre Hassan II, le président algérien, et Moktar Ould Daddah, le président mauritanien. En 1973, le Sahara est encore espagnol, mais le Maroc, l’Algérie et la Mauritanie – que Hassan II estime manipulé par l’Algérie – se le disputent. Lors de la rencontre de juillet 1973 entre les trois chefs d’Etat, Hassan II accuse directement l’Algérie d’avoir trahi sa parole. Hassan II, selon ses propos rapportés par Ahmed Taïeb Benhima à l’ambassadeur américain, «a reproché à Boumediene de réclamer le Sahara après que le Marocain a fait des sacrifices sur l’accord frontalier».
Toujours selon Wikileaks, l’Algérie avait fait comprendre au Maroc qu’elle ne réclamait pas le Sahara. En échange, le Maroc avait accepté de faire les plus grosses concessions territoriales au moment du tracé de la frontière entre le Maroc et l’Algérie lors du traité signé un an plus tôt entre les deux Etats. Depuis, Algérie et Mauritanie ont renouvelé leur intention de récupérer le Sahara devant l’Assemblée des Nations unies. Pour Hassan II, il est impensable que le Maroc ait un nouveau voisin. «Il a dit que si l’Algérie envisageait la création d’un Etat sahraoui indépendant, il devait avoir conscience que les premiers pays à reconnaître un tel Etat ne seraient pas de grandes puissances mais de petits Etats communistes comme l’Albanie, le nord Vietnam…», rapporte Ahmed Taïeb Benhima à l’ambassadeur. Le Maroc «ne peut pas tolérer l’existence d’un Etat affilié au communisme à ses frontières», aurait affirmé le roi devant Houari Boumediene et Mokhtar Ould Daddah.
La disqualification historique de la monarchie moyenâgeuse et archaïque qui règne en maître au Maroc n’a pas hésité à s’allier aux islamistes pour essayer d’échapper à sa propre déchéance et à sa fin programmée. Sa seule planche de salut est de gagner du temps en pactisant avec les intégristes marocains, baignant dans un tagine zitoune bien trop épicé et indigeste, même pour ses propres amis et alliés qui ont commencé à se détourner de lui, y compris son conseiller Azoulay l’Israélien.
La villa offerte par le roitelet du déclin à Madame Clinton ne sert à rien, il aurait pu l’offrir à son peuple qu’il affame. L’équation Kerry est venue précipiter la fin d’un monarque faible et combinard, le secrétaire d’Etat reprenant un thème qu’il défendait au temps où il était sénateur et demandait à Bush de régler la question du Sahara occidental.
Le manque de maturité politique et les comportements dignes d’un gamin qui n’ont rien à voir avec l’exercice de l’Etat ont mis le Maroc échec et mat dans plusieurs dossiers. Que lui reste-t-il à part imiter son père en créant un ennemi imaginaire qui ne peut être que l’Algérie ?
Le serviteur zélé de l’Occident déguste en ce moment le fruit de la trahison de sa monarchie à travers le temps. La fin de la récréation pour le roitelet a été sifflée et l’heure de la déchéance s’approche à petits pas… «Le pire des analphabètes, c’est l’analphabète politique. Il n’écoute pas, ne parle pas, ne participe pas aux événements politiques. Il ne sait pas que le coût de la vie, le prix des haricots et du poisson, le prix de la farine, le loyer, le prix des souliers et des médicaments dépendent des décisions politiques. L’analphabète politique est si bête qu’il s’enorgueillit et gonfle la poitrine pour dire qu’il déteste la politique. Il ne sait pas, l’imbécile, que c’est son ignorance politique qui produit la prostituée, l’enfant de la rue, le voleur, le pire de tous les bandits et surtout le politicien malhonnête, menteur et corrompu, qui lèche les pieds des entreprises nationales et multinationales.» Bertolt Brecht, poète et dramaturge allemand (1898/1956)
MOHSEN ABDELMOUMENLa Nouvelle République, 24 avril 2013