Mois : octobre 2012

  • La ville de El Aaiún blindée devant l’arrivée de l’Ambassadeur Ross

    El Aaiún (Sahara Occidental).- Des informations provenant de sources d’El Aaiun signalent l’arrivée, aujourd’hui lundi, provenant du Maroc, d’au moins 30 véhicules de police et des forces de sécurité auxiliaires, quatre gros camions de transport militaire et  des éléments de la sécurité privée à bord de deux autobus.

    Il est supposé que tout ce déploiement est du à l’éventuelle visite de l’Envoyé spécial du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, qui a inclus dans son agenda la visite de la ville occupée d’El Aaiun dans les prochaines heures.

    Ross est au Maroc où, selon EFE, a pris des contacts avec des personnalités de la société civile auxquelles il a exprimé sa volonté de continuer son programme de consultation avec les personnalités civiles dans la ville de El Aaiun, capitale occupée du Sahara occidental, et à Tindouf, où se trouve le siège du Front Polisario et les réfugiés sahraouis.

  • Christopher Ross renforcé par le soutien de la communauté internationale Sahara occidental

    L’objectif de Christopher Ross est de pouvoir organiser un neuvième round de négociations informelles entre les deux parties impliquées dans le conflit sahraoui, le Maroc et le Front Polisario, reporté en mai dernier à la suite du « retrait de confiance » que lui avait signifié le Roi Mohamed VI. Une fois sa tournée maghrébine complétée par les escales dans les capitales des deux parties de la région intéressées par ce conflit, la Mauritanie et l ‘Algérie, et des entretiens avec le mouvement sahraoui à Tindouf, le représentant personnel de M. Ban Ki-moon se rendra en Europe. 
    D ‘abord, en Espagne, ancienne puissance coloniale du Sahara Occidental dont la voix est écoutée aux Nations unies, puis en France, pays membre permanent du Conseil de Sécurité qui, depuis 1995, avait systématiquement mis son veto, sous les mandats de Jacques Chirac et de Nicolas Sarkozy, à la tenue d ‘un référendum d ‘autodétermination au Sahara Occidental. Le soutien inconditionnel de la droite française encouragera la diplomatie marocaine à bloquer définitivement le processus d ‘identification des électeurs qui laisserait les habitants de l ‘ex-colonie espagnole choisir entre le rattachement de leur territoire au Maroc ou l’indépendance. 
    L ‘option indépendantiste du peuple sahraoui ne faisant plus aucun doute, les gouvernements français de l’époque, avec la complicité du gouvernement socialiste espagnol, présidé par José Luis Zapatero, avaient alors vendu au Maroc l ‘idée d ‘un « Plan d ‘autonomie » pour le Sahara Occidental. C’est cette option que Mohamed VI a mis sur la table comme « unique base de négociation » à Manhasset, après avoir été encouragé par Madrid et Paris à rejeter le « Plan Baker », du nom de l ‘ancien Secrétaire d ‘Etat américain, et qui prévoit une période d ‘autonomie de 5 ans suivie d ‘un référendum d ‘autodétermination. 
    Rabat a tenté d ‘imposer son plan d ‘autonomie au nouveau diplomate américain, chargé depuis 2010, par le Secrétaire général de l ‘Onu de promouvoir une solution politique négociée de la question du Sahara occidental. Christopher Ross avait, d ’emblée, montré les lignes rouges des négociations entre les deux parties impliquées dans ce conflit : une solution fondée sur le respect du droit du peuple sahraoui à l ‘autodétermination. 
    Pour n’avoir pas emprunté la même voie que son prédécesseur hollandais au poste de représentant de l ‘Onu pour le Sahara occidental, Peter van Walsum, qui avait outrepassé sa mission, en 2009, en sacrifiant ce principe majeur du droit international pour suggérer au Front Polisario la « realpolitik » (entendre annexion du territoire sahraoui), M. Ross a été désavoué par Rabat, en mai dernier. Or, M. Ban Ki-moon ne s’est pas laissé intimidé par le chantage marocain. Depuis mai dernier, il a multiplié ses déclarations de soutien à M. Ross. 
    Cette fois, la donne a changé. Au pouvoir en France, depuis cette date, la gauche entend jouer la légalité internationale. En Espagne, les Socialistes ont perdu le pouvoir depuis décembre 2011, et le nouveau président, Mariano Rajoy, a apporté son soutien à M. Ross. C ‘est donc, un représentant de l ‘Onu pour le Sahara, fort du soutien plus large de la communauté internationale, qui effectue cette nouvelle tournée afin de faire avancer le dialogue informel vers des négociations en vue d ‘une solution définitive du conflit au Sahara accidental, qui sera vieux de 37 ans, le 15 novembre prochain.
    Vitaminedz, 28 Oct 2012
  • le Maroc se déjuge et reçoit Christopher Ross

    Sa visite «s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour relancer le processus visant à trouver une solution politique définitive et consensuelle au différend régional autour du Sahara».
    Rabat lui avait unilatéralement retiré sa confiance au mois de mai dernier. Indifférent aux pressions marocaines, Ban Ki-moon n’a toutefois rien voulu savoir et l’a maintenu à son poste. Il faut dire aussi que Washington qui, à ce jour, observe une certaine neutralité sur le dossier du Sahara occidental, l’a âprement défendu. Lui, c’est l’actuel émissaire spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross. Le Maroc – qui n’a visiblement pas l’habitude d’être remis aussi brutalement à sa place – l’avait désavoué quelques semaines après la publication d’un rapport de l’ONU qui l’avait longuement critiqué. Mais face au niet tranchant de la communauté internationale, Rabat se voit aujourd’hui contraint de se déjuger et d’accueillir l’ancien diplomate américain dans ses palais.
    Christopher Ross est, en effet, arrivé samedi au Maroc pour de nouvelles négociations. Ce fut palpable, ce n’est pas de gaieté de cœur que les autorités marocaines l’ont reçu, lui qui a réussi à leur provoquer une crise de nerfs et à mettre fin à l’impunité dont elles bénéficiaient jusque-là.
    Contrairement aux usages marocains qui veulent que les responsables importants doivent être reçus en grande pompe, les autorités marocaines ont d’ailleurs été peu disertes sur cette visite. Elles se sont contentées de l’annoncer via un bref communiqué diffusé par l’agence de presse officielle MAP, sans fournir d’explication sur leur revirement. Un revirement que de nombreux observateurs n’ont pas hésité à qualifier de «déculotté». La visite de M. Ross «s’inscrit dans le cadre des efforts déployés pour relancer le processus visant à trouver une solution politique définitive et consensuelle au différend régional autour du Sahara», a indiqué jeudi le MAE marocain. La tête visiblement ailleurs, la presse marocaine – qui a également soigneusement évité de reparler du revers diplomatique essuyé par le royaume en avril au Conseil de sécurité de l’ONU – s’est limitée à relayer mécaniquement la dépêche de la MAP. L’ONU avait annoncé, il y a une semaine, que l’émissaire onusien allait se rendre «en Afrique du Nord et en Europe du 27 octobre au 15 novembre».
    La solitude du roi Mohammed VI
    De quoi sera-t-il question lors des discussions qu’aura Christopher Ross avec les responsables des pays concernés de manière directe ou indirecte par le Sahara occidental ? Le porte-parole du secrétaire général de l’ONU, Martin Nesirky, avait indiqué que «l’accent sera mis sur les échanges de vue avec les interlocuteurs-clés sur la manière d’accélérer les progrès vers l’objectif central énoncé dans les résolutions successives du Conseil de sécurité, en d’autres termes, une solution politique mutuellement acceptable, qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
    Y a-t-il vraiment une chance que les choses bougent maintenant que les principaux facteurs de blocage ont été identifiés ? Si les responsables du Front Polisario ont réitéré jeudi qu’ils ne feront aucune concession concernant le principe de l’autodétermination, le ministre marocain délégué aux Affaires étrangères et à la Coopération, Youssef Amrani, a affirmé, de son côté, dans un entretien au quotidien Le Soir Echos, que le Maroc demeurait «engagé de bonne foi» à négocier «à partir de l’initiative d’autonomie (…)».
    Dans une tentative de sauver la face et, surtout, de montrer que le Maroc n’a pas été ébranlé par la série de camouflets diplomatiques essuyés par le roi Mohammed VI, M. Amrani a cru important de dire que «la communauté internationale la qualifie de sérieuse, crédible et réaliste». Dans les faits, il se trouve que plus personne ne soutient vraiment le «plan marocain d’autonomie». La remarque vaut peut-être aussi pour la France de François Hollande qui estime le moment venu de passer à autre chose eu égard à la situation de blocage qui caractérise le dossier du Sahara occidental. C’est précisément l’élément qui, actuellement, provoque des nuits blanches aux décideurs marocains. Tout cela ajouté à un profond sentiment de solitude.
    Zine Cherfaoui
    El Watan, 29 oct 2012
  • Sahara occidental: deux propositions pour la solution, par Boukhari Ahmed

    L’Envoyé personnel du Secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, se rendra probablement en Madrid ce 27 Octobre dans le cadre de sa tournée dans la région, dont le but est, tel qu’annoncé par l’ONU, « inter-changer des points de vues avec des acteurs clés sur la façon d’accélérer le progrès vers la réalisation de son objectif central identifié par des résolutions successives du Conseil de sécurité, à savoir une solution politique mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental ».
    Ross aurait dû faire ce voyage au mois de mai dernier, s’il n’y avait pas la curieuse et étonnante décision marocaine de mettre fin à la coopération avec lui. Ross retourne sur le terrain avec la mission « d’accélérer les progrès vers l’objectif final ».Cela demandera le réexamen, d’un côté, des raisons qui ont conduit à l’impasse actuelle et, de l’autre côté, de la solidité des différentes propositions de solution qui se trouvent actuellement sur la table du Conseil de sécurité.
    Le processus actuel qu’il dirige au nom des Nations Unies ne date pas vraiment de l’année 2007, à Manhasset, mais de 1979. Cette année-là, la Résolution 3437 (1979) de l’Assemblée Générale exhorte le Maroc à « mettre fin à son occupation militaire du Sahara Occidental et à négocier avec le Front Polisario, en sa qualité de représentant légitime du peuple sahraoui, les termes d’un cessez-le-feu et les modalités d’un référendum d’auto-détermination ».
    L’OUA a tenté de suivre cette voie et, en s’heurtant en 1983 au refus marocain, elle a pris la décision d’admettre la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) en tant que membre à part entière. Le Maroc, en colère, s’est retiré de l’Organisation et sa colère, jusqu’à présent, n’est pas finie. En 1991, la persistance de l’ONU et de l’OUA et le résultat de 16 ans de guerre ont fini par convaincre le Maroc d’accepter l’organisation d’un référendum d’autodétermination dans lequel le peuple du Sahara occidental puisse choisir entre l’intégration au Maroc ou l’indépendance.
    La MINURSO débarque au territoire, en Février 1992, afin d’organiser le référendum.
    Le reste de l’histoire est connu. Rabat arrive, fin 1998, à la conclusion que le référendum mène inévitablement à l’indépendance du Sahara Occidental et prend la décision de l’escamoter.
    Après avoir rejeté le plan Baker, Rabat annonce en Avril 2004, au Secrétaire général des Nations Unies, Kofi Annan, qu’elle s’opposera à tout plan de paix qui inclut l’option de l’indépendance du Sahara occidental, arguant que l’indépendance « met en question la souveraineté marocaine sur le Sahara occidental ». Kofi Annan répond dans son rapport d’Octobre 2004 que « l’option de l’indépendance avait déjà été acceptée par le Maroc dans le plan de règlement ». Il y a à peine deux semaines, le rapport du Département d’Etat américain au Congrès soulignait que « le Maroc revendique la souveraineté sur le Sahara occidental, une position qui n’est pas acceptée par la communauté internationale ». Le rapport va plus loin lorsqu’il met en exergue que « le Maroc n’est pas considéré par l’ONU comme puissance administrante de iure du territoire ». En réalité, l’Espagne l’est, même si elle continue à fuir cette vérité.
    En Juin 2007, encouragé par certains secteurs de l’administration Bush, Chirac en personne, Zapatero, et Sarkozy plus tard, le Maroc remet au Secrétaire Général sa célèbre propsition  « d’autonomie », qui est immédiatement contrée par la proposition du Front POLISARIO . Le Conseil de Sécurité prend note des deux propositions sans qualifier aucune d’elles de « sérieuse et crédible », comme le Maroc veut le faire croire. Il suffit de lire le texte de la Résolution 1754 (2007). Sur la base de ces développements, nous avons commencé le processus de Manhasset, en Juin 2007.
    La « troisième voie » proposée par Rabat est en fait une solution unilatérale destinée à légitimer un « butin de guerre ». Son péché capital réside dans la présomption irréaliste voulant que la communauté internationale et le Polisario accepteraient d’entrée sa prémisse essentielle, c’est à dire la souveraineté marocaine, unilatéralement proclamée, sur le Sahara occidental.
    Pour Rabat, l’autodétermination est quelque chose de secondaire, superflu, et sa fonction est de « confirmer un accord », qui doit porter uniquement sur l’intégration du territoire au Maroc, et celle-ci doit être la seule finalité de la négociation.
    La proposition sahraouie diffère de la marocaine dans la mesure où elle laisse la porte ouverte à toutes les options reconnues par l’ONU pour un problème de décolonisation, et par conséquent, à toutes les solutions, y compris l’indépendance et l’autonomie ou l’intégration, qui est le même chien avec un collier différent.
    Par conséquent, la négociation, aux yeux du Front Polisario, doit situer le centre de gravité dans la consultation du peuple sahraoui et son but est d’éliminer les obstacles dressés devant la voie du référendum d’autodétermination.
    Cette vision a été confirmée de nouveau par le Secrétaire Général de l’ONU dans son rapport d’Avril 2011, en soulignant que « connaître l’opinion du peuple sahraoui est l’élément central dans la recherche de toute solution juste et durable ».
    La nouveauté dans la proposition du Polisario point est qu’elle invite le Maroc à élargir l’horizon de vues et utiliser le processus pour visualiser les termes mutuellement avantageux dans les deux cas, l’indépendance ou l’autonomie, qui prendraient effet le lendemain des résultats du référendum. Le Maroc continue de tourner le dos à cette invitation.
    Cinq ans se sont écoulés depuis le début du processus de Manhasset et force est de constater qu’il ne mène nulle part pour la simple raison que la proposition marocaine, tel qu’elle est proposée, sape les fondements et la raison d’être d’un processus d’auto-détermination relevant d’un conflit de décolonisation. Entre-temps  le Maroc veut se présenter en volontaire pour « tomber dans des feux » lointains au Sahel et au Moyen-Orient. La stratégie évasive est évidente.
    Certains pourraient être en train de pousser le jeune roi vers ces latitudes en échange de « promesses ». Quoi qu’il en soit, encouragé par certains, à l’intérieur ou à l’extérieur, le Maroc continue à rôder loin de la réalité, du bon sens et de la légalité international. En fin de compte, ils ne font rien de bon ni au Maroc ni à la région. Cette orbite et son corollaire en matière de violation des droits de l’homme – « motif de sérieuses préoccupations » au Département d’Etat américain aussi, et le pillage des richesses d’un peuple sans défense, ne peut qu’aggraver la tension, éloigner encore plus les sahraouis des marocains et rendre difficile la mission de Ross.
    El País, 25 oct 2012
  • Rabat dans le collimateur de l’ONU

    Pour la énième fois, Rabat a reporté, mercredi, le jugement par un tribunal militaire des 24 civils sahraouis accusés d’organiser le camp de protestation de Gdeym Izik en 2010 et de la manifestation postérieure à son démantèlement par la force.
    Selon les juristes internationaux déplacées à Rabat pour assister en tant qu’observateurs, les autorités marocaines n’ont pas fixer de nouvelle date pour le procès de ces sahraouis par les autorités marocaines accusé d’assassiner, manifestation non autorisée, destruction de public ou de l’utilisation d’armes et d’explosifs.
    Un certain nombre d’évènements importants pourraient être à l’origine de la décision marocaine. D’un côté, la question en débat, actuellement au Conseil de Sécurité, sur l’implication de la MINURSO dans la surveillance du respect des droits de l’homme au Sahara Occidental. Débat qui sera soutenu par le rapport publié cette semaine par le rapporteur de l’ONU, Juan Mendez, qui accuse le Maroc de faire usage de la torture lors des interrogatoires « Chaque fois qu’il est question de sécurité nationale » et dans laquelle souligne la nécessité d’avoir une entité sur le terrain pour une évaluation exacte de la situation.
    Au même temps, Human Rights Watch, deux ans après la décision de Rabat de retirer l’accréditation du correspondant de l’AFP au Maroc, a condamné cet acte et rappelé que « le code de la presse marocaine prévoit des peines de prison pour tout discours qui porte atteinte préjudice à l’intégrité territoriale, expression généralement appliquée au fait de contester la souveraineté revendiquée par le Maroc sur le Sahara occidental. « 
    Au mois d’octobre, dans un rapport sur le Sahara occidental destiné au Congrès américain, le Département d’Etat américain avait souligné que le Maroc ne respecte pas les droits de l’homme dans un territoire qui est encore non-autonome pour les Nations Unies. Deux mois plus tôt, le Centre Robert F. Kennedy pour la Justice et les Droits de l’Homme, après une visite aux territoires sahraouis, a demandé l’extension du mandat de la MINURSO en vue de couvrir les droits de l’homme.
    Enfin, un détail de grande importance, la visite que l’Envoyé Spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, réalisera, samedi, dans la région en vue de raviver le processus de paix lancé par l’ONU il y a plus de 20 ans. En Avril, dans un rapport adressé au Conseil de sécurité de l’ONU, M. Ross avait accusé le Maroc de ne pas respecter les droits des Sahraouis, d’entraver le travail de la MINURSO et d’intercepter ses communications confidentielles.
  • Sahara occidental : Camouflet diplomatique

    Coup de semonce au Maroc de la part du centre américain Robert F. Kennedy pour la justice et les droits de l’homme (RFK Center). Il a exhorté le Maroc au respect des droits de l’homme au Sahara Occidental, en lui rappelant que si sa souveraineté sur ce territoire, revendiqué par le Polisario et annexé par Rabat en 1975, n’est toujours pas reconnue par la communauté internationale, cela ne le dispense pas de traiter les Sahraouis conformément aux règles internationales. Le centre Kennedy souligne l’urgence de l’instauration d’un « mécanisme international permanent afin de protéger les droits de l’homme et du peuple sahraoui ».
    Ces recommandations figurent dans un rapport établi à l’issue d’une visite du Sahara Occidental par une délégation composée de juristes et d’experts internationaux, ainsi que de l’ex-secrétaire général de l’Organisation mondiale contre la torture (OMCT), Erik Sottas, sous la conduite de la présidente du Centre, Kerry Kennedy.
    Sans prendre position sur le statut futur du territoire – objet depuis 1991 d’une âpre négociation entre le Polisario et Rabat –, le rapport insiste sur le fait que depuis que le dossier a été porté devant le Comité de décolonisation de l’Onu, « plus d’une centaine de résolutions de l’Onu ont réaffirmé le droit à l’autodétermination des Sahraouis » et que, en attendant un règlement définitif du conflit, il convient de ne pas occulter la question du respect des droits de l’homme, dont plusieurs traités internationaux ont été signés et ratifiés par le Maroc.
    Reconnaissant les « changements positifs » apportés à la nouvelle Constitution marocaine depuis le référendum de juillet 2011 : criminalisation de la torture, des détentions arbitraires et des disparitions forcées, respect de la liberté d’expression, création du Comité national des droits de l’homme (CNDH), le rapport appelle à leur mise en place au Sahara Occidental. Cela « à travers des mécanismes appropriés pour permettre le plein exercice des droits des personnes qui sont sous juridiction marocaine sans distinction entre les Marocains et les Sahraouis ».
    La délégation conduite par Kerry Kennedy s’est rendue à El-Ayoun, Dakhla et Smara, les trois principales agglomérations du Sahara Occidental. Elle y a rencontré les représentants de soixante-dix ONG, avec lesquelles elle s’est entretenue à huis clos. Parmi ces organisations de la société civile, figurait le collectif d’Aminatou Haïdar, héroïne de la cause sahraouie. Il y a quelques années, à l’issue d’un séjour en Espagne, son obstination à réintégrer le Sahara Occidental en tant que « Sahraouie », malgré le refus du Maroc, avait occupé la chronique diplomatique internationale des semaines durant.
    Les représentants sahraouis ont fait part à leurs interlocuteurs de multiples cas de disparitions, tortures, détentions arbitraires, brutalités policières, menaces, intimidations et exécutions extrajudiciaires. Ils se sont plaints aussi de la violation de leurs droits à la liberté d’expression, de réunion et d’association. Les témoignages sur les brutalités policières contre des manifestants pacifiques émanent de Sahraouis présents sur le terrain. La délégation américaine relève pour sa part avoir assisté à un incident : une femme manifestant pacifiquement prise à partie par des policiers. Mais ce témoignage a été réfuté par le ministère marocain de l’Intérieur.
    Tout au long de son séjour et lors de ses déplacements, la délégation de Kerry Kennedy affirme par ailleurs avoir constaté « la présence de plusieurs véhicules militaires ou de police stationnés à presque chaque coin de rue » et avoir fait l’objet d’une constante surveillance par des agents de la sécurité marocaine en civil.
    « La préoccupation majeure pour la délégation est l’impunité quasi absolue » dont bénéficieraient les forces de l’ordre marocaines, selon le Centre. Il rapporte que plusieurs Sahraouis ont été arrêtés, poursuivis pénalement et accusés de trahison pour avoir critiqué le gouvernement marocain durant un séjour en Algérie. Une des principales préoccupations exprimées par les défenseurs sahraouis des droits de l’homme est « le refus des autorités marocaines de l’octroi d’agréments aux organisations de la société civile et particulièrement celles dont les opinions sont en opposition à celle du gouvernement marocain », souligne-t-il.
    Des avocats ont fait part à la délégation américaine des entraves (agressions, menaces, surveillance, harcèlement, obstacles) mises par les autorités à leurs activités de défense des militants des droits de l’homme, qui ont été « détenus et torturés pour avoir participé à des manifestations pacifiques ». Le rapport exprime la « profonde préoccupation [des visiteurs américains] d’éventuelles représailles contre les personnes qui ont collaboré avec le RFK Center » durant sa mission.
    « La présence massive des forces de sécurité, les violations du droit à la vie, à la liberté, à l’intégrité physique, à la liberté d’expression, de réunion et d’association créent une atmosphère de peur et d’intimidation qui viole les règles de droit et le respect des droits de l’homme du peuple sahraoui […] Le RFK Center demande au gouvernement marocain de mettre un terme à ce type de violences qui affectent le peuple sahraoui qui soutient l’indépendance du Sahara Occidental », réclame le RFK Center.
    Pour Alger, ce « réquisitoire » est un « camouflet supplémentaire infligé à la diplomatie marocaine ». D’autant qu’il venait après celui des Nations unies sur le même sujet et le refus de Ban Ki-moon, secrétaire général de l’Onu, de se plier à la volonté de Rabat de se séparer de son émissaire spécial dans ce conflit, le diplomate américain Christopher Ross, que le Maroc juge « partial ».
    Rabat a pour sa part violemment récusé le rapport du Centre en l’accusant d’être aligné sur les thèses du Polisario et en lui reprochant de n’avoir pas entendu les dissidents de ce mouvement afin d’équilibrer son jugement. Cette polémique a eu un écho lointain au Conseil de sécurité des Nations unies où le ministre marocain des Affaires étrangères, qui défendait les droits de l’homme en Syrie, s’est fait vertement remettre à sa place par son homologue syrien, en le rappelant à ses obligations au Sahara Occidental.
    Par : Philippe Lebeaud
    Afrique-Asie : 25/10/12
  • Chadli à Boumediène : «Nous ne sommes pas prêts pour déclarer la guerre au Maroc»

    Chadli relate dans cette deuxième partie de ses mémoires, les événements ayant marqué l’Algérie, dont le putsch raté de Tahar Zbiri, la tentative de Hassan II d’occuper Tindouf ainsi que la célèbre citation de Ben Bella «les Marocains nous méprisent».

    Les relations avec le Maroc avant 1979
    J’ai été à la tête de la 2e Région militaire 15 ans durant, sans interruption. J’ai été conscient de la responsabilité quoi pèse énormément sur mes épaules, car cette région était plus sensible et stratégique, eu égard de ses effectifs, de la qualité des armes qu’elle disposait et d’être limitrophe du Royaume chérifien.
    L’idée de voir éclater un conflit militaire entre l’Algérie et le Maroc, ne m’a à aucun quitté, en raison des relations souvent perturbées entre les deux États.
    Mon souci, en tant que moudjahid et en tant que chef militaire, était de veiller à préserver l’intégrité territoriale du pays et la paix.
    J’avais toujours soutenu l’idée de l’Unité maghrébine, car nous avions en plus de la religion et des traditions communes, plusieurs liens qui nous lient, avec les peuples marocain et tunisien qui nous ont remarquablement aidés lors de la guerre de Libération nationale.
    Il y avait même des Marocains et Tunisiens qui avaient pris les armes pour lutter contre l’occupation française, et qui étaient tombés dans le champ de bataille pour que l’Algérie retrouve son indépendance et sa liberté confisquées.
    Il est regrettable de constater que les États maghrébins, après avoir pu se libérer des jougs du colonialisme, certains responsables, motivés par des appétits expansionnistes, ont réduit à rien les liens qui liaient jadis les peuples de la région.
    Le problème de délimitation des frontières entre le Maroc et l’Algérie date d’avant l’indépendance, où le roi Hassan II avait mis tant de pression sur le GPRA, pour l’empêcher d’organiser un référendum sur l’autodétermination de Tindouf, qu’il considérait comme un territoire marocain.
    Hassan II, ne s’arrêtait pas à ce niveau, car il avait déployé ses forces tout au long de la frontière avec l’Algérie.
    C’était un premier indice, de la tension qui montait d’un cran entre l’Algérie et le Maroc, au sujet des délimitations des frontières tant à la frontière ouest, qu’à l’est où le président tunisien, Bourguiba a de son côté, manifesté son appétit expansionniste.
    En tant que chef de la 2e Région militaire, j’ai été toujours vigilant quant aux intensions de Hassan II, dont nos troupes étaient quasiment en état d’alerte.
    La relation entre l’Algérie et le Maroc a été souvent perturbée, et il n’y avait guère de confiance partagée entre les deux pays.
    D’ailleurs, la relation entre Boumediène et Hassan II était toujours tendue, au point où toute tentative de rapprochement entre les deux pays en matière de coopération a échoué.
    Personne n’ignorait que le Maroc avait tenté d’occuper une partie du territoire national, juste après l’indépendance du pays qui s’était livré à une guerre féroce, qui a duré 7 longues années.
    C’était une agression abominable. Le cri de Ben Bella « Hagrouna, hagrouna » (Ils nous ont méprisés, ils nous ont méprisés), était un indice clair de voir s’évaporer tous les espoirs d’un Maghreb uni.
    Lorsque j’étais en visite officielle en Chine, j’ai appris l’incursion de l’armée marocaine le 15 octobre 1963 depuis Hassi-Beïda, où elle a installé des campements militaires.
    J’ai tant tenté de convaincre les responsables chinois de nous laisser regagner le pays, mais en vain, car ils voulaient qu’on assiste jusqu’à la fin des festivités.
    La guerre des Sables, s’était achevée, à notre retour de Chine, après l’intervention de l’Organisation de l’unité africaine (OUA), les pressions de Djamel Abdanasser d’Égypte et de Fidel Castro de Cuba.
    Je salue à cette occasion, la sagesse de Mohand Oulhadj qui a mobilisé ses troupes aux côtés des forces gouvernementales repoussant les troupes marocaines du territoire national à Tindouf, tout comme que je salue le courage du leader tiersmondiste, Mehdi Ben Barka qui a condamné les appétits impériaux du Royaume marocain, en considérant l’invasion marocaine, comme étant une trahison de la lutte des peuples maghrébins pour l’instauration de l’unité de la région.
    Une position qui lui coûte cher, car il a été condamné par contumace à la peine de mort, avant d’être assassiné en octobre 1965.
    Les enseignements que nous avions tiré nous les militaires de cette guerre, c’était bel et bel intention expansionniste affichée par de Hassan II, qui ne reconnaissait pas les frontières héritées de l’ère coloniale, tout comme le président du Parti de l’Istiqlal, Allal El Fassi qui a émis le rêve de voir naître « Le Grand Maroc, incluant de larges parties de l’ouest et du sud-ouest de l’Algérie de la Mauritanie en s’étendant jusqu’à le fleuve Sénégal ».
    Au sujet des frontières avec la Maroc, nous en notre qualité de chefs militaires, avions manifesté à Houari Boumediène, notre refus absolu de faire de concessions au Maroc.
    Boumediène n’a pas été content de la manière, dont la question des frontières avec la Tunisie a été résolue.
    Il avait compris que certains politiciens, ont tenté de faire des concessions économiques en faveur du Maroc, en contrepartie de cesser ses intentions expansionnistes.
    Ce qui s’est manifesté clairement, lors de la rencontre tenue à Saïda, en mai 1965, entre Ahmed Ben Bella et Hassan II, dont ce premier a refusé ma participation à cette rencontre, pour des raisons que j’ignore.
    Le redressement révolutionnaire de juin 1965, n’a rien apporté aux relations entre les deux pays, restées toujours tendues, dont les deux parties restaient campées sur leur position vis-à-vis de la question des frontières.
    En revanche, Hassan II avait insisté sur la dissolution de l’opposition marocaine, qui a fui son pays pour l’Algérie en 1963, pour pouvoir redonner un autre souffle aux relations bilatérales entre les deux pays, lui qui avait même accusé l’Algérie d’avoir soutenu l’opposant marocain, Mehdi Ben Barka.
    La direction politique de cette opposition activait dans la capitale, tandis que son bras armé se trouvait dans deux centres de l’Ouest du pays, le premier à Sidi Bel-Abbès et le second à Mohammadia; autrement dit, sur le territoire de la Région que je commandais. Conscient de la nécessité d’apaiser le climat de guerre larvée qui régnait entre les deux pays, Boumediene, en prévision de la première visite qu’il devait effectuer au Maroc, prit attache avec moi pour connaître mon opinion sur l’opposition marocaine. Je lui ai dit, après lui avoir fait un état des lieux: «Je ne crois pas en une opposition qui active hors de son pays. Si les frères marocains veulent s’opposer au pouvoir en place, qu’ils le fassent chez eux». Puis, je l’ai informé que je détenais des informations qui indiquaient que les services secrets marocains avaient infiltré les rangs de cette opposition. Convaincu par mon point de vue, Boumediene me demanda d’agir dans l’intérêt suprême du pays…
    …Durant la première visite de Boumediene au Maroc, j’étais la deuxième personnalité de la délégation dans l’ordre protocolaire, mais Hassan II modifia la liste et me classa au quatrième rang. Je sentis, durant les entretiens, que le roi était froid et distant avec moi et compris la raison de cette attitude.
    Le soir, je refusai de prendre part au dîner qu’il avait donné en l’honneur de la délégation algérienne. J’avais dit à Mouloud Kassem: «Si jamais Boumediene te demande la raison de mon absence, dis-lui que je suis fatigué et que je ne pourrai pas assister à la cérémonie». Plus tard, Boumediene reprochera à Hassan II son comportement vis-à-vis de moi. Lors de ma deuxième visite au Maroc, je sentis le roi moins hostile à mon égard…
    … Oufkir tâte le pouls

    A la fin du défilé, le roi chargea le général Oufkir d’organiser des cérémonies en l’honneur de la délégation algérienne. Avant cela, l’officier supérieur marocain avait demandé à Chabou s’il n’était pas inconvenant d’aborder avec moi des sujets politiques. Pendant que nous visitions Casablanca, Oufkir s’enquérait de temps en temps de notre situation. Un jour, un groupe de jeunes officiers, au grade de commandant, s’approchèrent de moi. Après discussion, je compris qu’ils voulaient me faire passer un message. Ils finirent par me livrer le fond de leur pensée: «Essayez, en Algérie, d’empêcher Kadhafi de sceller une union entre la Libye et l’Égypte, en attendant que nous renversions la monarchie ici au Maroc et mettions en place un régime républicain. Après, nous construirons ensemble l’Union du Grand Maghreb Arabe». Je reconnais que leur audace me laissa pantois. Je me demandai, au fond de moi-même, si ces officiers étaient sérieux ou essayaient juste de jauger les intentions de l’Algérie. Je découvris le subterfuge lorsque je m’aperçus que le général Oufkir les appelait auprès de lui l’un après l’autre, visiblement pour qu’ils lui rendent compte de mes propos. L’ère était aux coups d’État en Afrique, en Asie et dans le Monde arabe, et le Maroc n’était pas à l’abri. Mes doutes se confirmèrent lors de notre déplacement à Marrakech. Je descendis à la Mamounia, un hôtel de haut standing très apprécié par l’ancien Premier ministre britannique Winston Churchill. J’avais pour habitude de me réveiller tôt le matin et de prendre mon petit déjeuner dans le hall de l’hôtel. Alors que j’étais seul, un jeune homme s’approcha de moi et me demanda la permission de s’asseoir à ma table. Il me parut bizarre. Après un moment d’hésitation, il me tint le même discours que les jeunes officiers de Casablanca.
    J’éludai ses questions par des réponses évasives en prétendant ignorer tout du sujet. J’étais convaincu que c’était encore un élément du général Oufkir. De deux choses l’une: soit Oufkir voulait connaître ma position sur le roi et la monarchie en général, parce qu’il savait que j’étais à la tête de grandes unités de combat de l’armée algérienne stationnées sur les frontières avec le Maroc, soit il était sérieux et échafaudait un plan pour détrôner Hassan II.
    De retour en Algérie, j’en informai Houari Boumediene. Il ne me répondit pas et se contenta de sourire, comme à son habitude. Boumediene était-il au courant de quelque chose? Franchement, je n’en ai aucune idée.
    Je n’avais aucune relation avec le général Oufkir. Pourquoi alors avait-il tenté de me sonder sur cette question? Cette interrogation m’intrigue à ce jour…
    …Nous débattîmes longuement de la question du Sahara Occidental lors d’une réunion du Conseil de la Révolution et examinâmes le sujet sous tous ses angles. Houari Boumediene insista pour connaître l’avis de chacun d’entre nous. Il posa le problème de la disposition de l’armée algérienne en cas de déclenchement des hostilités. Aucun membre du Conseil ne prit la parole. Il me demanda mon avis et je lui dis: «L’armée manque de moyens et d’organisation. Objectivement, nous ne serons pas en mesure de ravitailler nos unités loin de leurs bases en cas de guerre.» Je n’avais pas le droit de lui mentir dans des circonstances aussi graves. Ce qu’il avait entendu lors de la réunion ne lui a pas plu. Il réagit violemment: «Alors, cela veut dire que je n’ai pas d’hommes!» Quand je lui répétai que je ne lui avais dit que la stricte vérité et qu’il fallait que nous la prenions en considération, il me répondit, plus calme: «Je ne parlais pas de toi, Chadli!» Puis, il s’adressa à Abdelaziz Bouteflika: «Dans ce cas, prépare tes bataillons, Si Abdelaziz!» Il voulait dire que nous n’avions d’autre choix que de privilégier la solution diplomatique.
    A notre sortie de la réunion, un membre du Conseil crut utile de me mettre en garde: «Pourquoi t’opposes-tu à lui? II t’en tiendra rigueur et se vengera de toi!» Et d’ajouter, médisant: «S’il était un homme, il jetterait son burnous et rentrerait chez lui sans plus attendre!»
    Je lui répondis, assommé, surtout que cet énergumène se trouvait sous la protection de ce même burnous: «Je suis militaire comme lui et j’ai dit ce que je pensais en toute franchise. Cela dit, je suis tout à fait prêt à prendre ma retraite et redevenir un citoyen normal, [si c’est ce que tu veux dire]!» Boumediene préférait ma franchise à l’hypocrisie des courtisans et des flagorneurs…
    Tentative de putsch de Zbiri
    La tentative du putsch de Zbiri, en 1967, a creusé un important clivage au sein du Conseil de la Révolution, notamment après le retrait de Ali Mehsas, Bachir Boumaza et Ali Mendjeli. Aujourd’hui, je suis étonné des déclarations de Tahar Zbiri, qui tantôt disait: « N’était pas Chadli, je serais au pouvoir », tantôt : « Chadli serait positionné aux côtés du vainqueur ».
    En vérité, je savais qu’il y ait un conflit entre Boumediène et l’état-major, mais je n’avais jamais imaginé qu’il y aurait même un recours à usage de la force pour s’emparer du pouvoir.
    Les membres du Conseil de la Révolution accusaient Boumediène d’avoir géré les affaires du pays avec le groupe de Oujda et désigné d’anciens officiers de l’armée française dans des postes clés au ministère de la Défense.
    La crise a pris d’autres démensions, après le refus de Zbiri d’assister aux célébrations du 12e anniversaire du déclenchement de la guerre de Libération nationale (1er novembre 1966), et ses déplacements répétitifs à l’EM et à Bordj El Bahri.
    Boumediène aurait eu un œil craintif sur les déplacements de Zbiri. Par la suite, la crise s’était aggravée en dépit de l’implication de personnalités politiques et militaires, ayant tenté de trouver un terrain d’entente entre les parties conflictuelles, mais en vain.
    J’ai senti la dangerosité de la situation, alors que nous étions réunis à Bouzeréah, chez Abderrahmane Bensalem, qui nous a invités à un déjeuner.
    Nous étions cinq: Saïd Abid, Abderrahmane Bensalem, le colonel Abbas, Yahiaoui et moi. Nous avons pris ensemble le déjeuner, dans un climat fraternel, et avions discuté de plusieurs questions.
    Ce jour là, j’ai dû prendre l’avion le soir pour me rendre à Oran, mais je n’ai jamais douté qu’il y ait une conspiration serait complotée à mon insu. Tout le monde s’est tu, et personne ne m’a parlé de ce qui venait d’être planifié entre eux les quatre. Ensuite, ils ont donné un signal à Saïd Abid de s’adresser à moi à leur nom.
    Ce dernier, m’a dit: « Êtes-vous content de la situation du pays Si Chadli ? Êtes-vous content de ces problèmes?
    Je lui ai répondu: « Quels problèmes ? »
    Il m’a répondu: « Les problèmes auxquels est confronté le pays ».
    Je lui ai dit: « Chaque pays a ses problèmes. Il est vrai que nous avons beaucoup de problèmes, mais ils peuvent être résolus. »
    Il m’a encore dit: « Nous avons à plusieurs reprises tenté de résoudre ces problèmes, mais en vain. »
    J’ai vite compris que Saïd Abid fasse allusion à Boumediène et le groupe de Oujda, lesquels selon lui s’étaient emparés de la prise de décision, que le Conseil de la Révolution n’était plus efficace, après sa désertion de ses anciens membres, que Boumediène s’emparait quasiment de tout l’état-major et avoir accordé de pleines prérogatives aux officiers déserteurs de l’armée française.
    C’est là, que je me suis également rendu compte qu’un mal allait se produire. Lorsque Saïd Abid, nous a dit: « Il nous appartient de prendre une décision décisive », j’ai tout compris que ce groupe allait comploter un coup d’État contre Boumediène.
    Je leur ai dit: « Je vous parle franchement, que je m’opposerais à tous ceux qui feraient usage de force pour s’emparer du pouvoir. Je connaissais Tahar Zbiri en 1956, avant même de connaître Boumediène. Je veux que vous sachiez bien, pour ne pas dire que Chadli nous a trahis. Ma position est claire: Je serais contre tous ceux qui recouraient à la force pour déstabiliser le pays ».
    Ils ont beau essayé de me convaincre d’adopter leur idée, mais en vain.
    En sortant de la demeure de Bensalem, j’avais un pressentiment que la situation du pays est sérieusement inquiétante, d’où il fallait agir avec sagesse et avec sang-froid afin d’éviter au pays de plonger dans une guerre civile sans nom.
    Je suis vite parti chez Tahar Zbiri, à El Biar et lui dit avoir appris du groupe leurs intentions. Je lui ai ensuite parlé de ma position à ce sujet, et lui ai dis qu’il existe encore le Conseil de la Révolution, où les problèmes et les différends devraient être réglés.
    « Il y a des institutions. Je ne suis pas prêt à faire habituer à l’armée de faire des coups d’ État, comme ce fut le cas en l’Orient, en Afrique et Asie », lui-ai-répondu-je.
    En revanche, Tahar Zbiri n’a pas commenté mon attitude, mais j’ai senti qu’il était déterminé d’exécuter son plan qu’avait planifié auparavant.
    Ayant ressenti une certaine inquiétude, en sortant du domicile de Zbiri, je me suis dirigé vers la présidence de la République pour rencontrer Boumediène. Je lui ai dit: « je suis venu pour vous saluer, et vous souhaiter bon courage dans votre mission. Je dois partir aujourd’hui à Oran, et que votre position sera la mienne». Je ne lui rien dit de plus, et ne lui ai pas parlé de ce qui s’est déroulé chez Bensalem.
    Boumediène n’a rien dit en revanche. Du coup, j’ai compris qu’il a appris des services secrets ce qui avait été préparé contre lui.
    A suivre…

    Echourouk Online, 24 oct 2012
  • Abdelkader Taleb Omar . "Le MUJAO c’est le Maroc"

    De lourdes accusations ont été portées par le Premier ministre sahraoui à l’encontre du Maroc. Abdelkader Taleb Omar a affirmé dans un entretien accordé conjointement au Jeune Indépendant et à El Watan que le Front Polisario a toutes les preuves sur l’implication directe du Maroc dans la manipulation des groupes terroristes sévissant dans le Sahel. En outre, le MUJAO (Mouvement pour l’unicité du jihad en Afrique de l’Ouest) est une fabrication marocaine, accuse M. Taleb Omar. D’autres questions de l’actualité relative au dossier du Sahara occidental ont été abordées par le chef de l’exécutif sahraoui. 
    Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, vient de le dire clairement, preuve en main : l’économie marocaine de la drogue a créé le banditisme en tout genre au Sahel pour déstabiliser une région déjà explosive. Une région qui subit des ingérences généralisées de toutes les grandes puissances. Le Maroc préfère donc suivre l’itinéraire de l’héroïne qui part de l’Afghanistan, arrive par la Somalie puis est transportée vers cette autoroute sahélienne pour atterrir sur le marché du consommateur. Ou celui de la cocaïne qui arrive de Colombie et du Venezuela, passe par l’Afrique de l’Ouest, remonte par le même «boulevard» et est dirigée sur le même marché consommateur. Utilisant cette région de transit, le Maroc et son invention le MUJAO, de mèche avec les services de sécurité du royaume, déstabilisent la région et causent le malaise de la population sahraouie. Le Makhzen ne manquera pas, au passage, de faire les yeux doux, baisemains et courbettes pour l’ouverture de ses frontières avec l’Algérie.
    Pour quoi faire ?
    Le Jeune Indépendant : L’envoyé spécial du SG de l’ONU sera en tournée dans la région prochainement. Concrètement, qu’attendez-vous de cette visite de Christopher Ross ?
    Abdelkader Taleb Omar : Nous voulons qu’elle soit une visite de confirmation quant à la base des négociations, selon les résolutions des Nations unies, et donc avoir comme finalité le référendum d’autodétermination et pas selon la logique à sens unique du Maroc qui veut imposer le statu quo au niveau de la MINURSO et du processus de manière générale.
    Car dès que le Maroc a constaté, d’une part, la volonté de la communauté internationale d’élargir les prérogatives de la MINURSO, et, d’autre part, que l’ONU a commencé à se pencher sur la position sahraouie basée sur le référendum englobant les trois voies, il s’y est immédiatement opposé en retirant la confiance à M. Ross. Un retrait de confiance survenu après trois semaines de l’adoption de la résolution du Conseil de sécurité où le Maroc est pourtant membre non permanent. Ce qui est à retenir, c’est que Ross revient renforcé par la confiance que lui ont renouvelée l’ONU et la communauté internationale.
    Peut-on savoir les points qui seront au menu des discussions avec le médiateur onusien et a-t-il inclus les territoires occupés dans sa tournée ?
    Nous ne savons encore rien, le programme de cette tournée n’a pas été arrêté.
    Peut-on connaître Christopher Ross comme la dernière chance pour trouver une issue avec l’actuel processus de négociations ?
    Il est difficile d’affirmer cela car tout conflit a une issue, et notre combat, qui dure depuis 40 ans, prouve la puissance profonde de notre cause. Nous constatons donc que le retour de M. Ross est le redressement d’une situation que le Maroc a essayé de torpiller. Par contre, nous pensons que M. Ross a été la dernière chance pour le Maroc. Car c’est un coup dur pour ses tentatives de faire passer son projet d’autonomie, dont la fin a donc sonné, et que même la France qualifie désormais de projet en stagnation.
    Justement le président français, François Hollande, a réagi à la question, qualifiant le plan marocain d’intéressant mais qui n’avance pas. Comment la partie sahraouie accueille-t-elle ces déclarations ?
    Les déclarations du président français, même entachées d’ambiguïtés, peuvent exprimer la fin de ce qui est appelé le plan d’autonomie marocain. En tout cas, la position du nouveau président diffère de celle de son prédécesseur, complètement aligné sur le Maroc. M. Hollande paraît essayer de corriger certaines choses dans la politique maghrébine de la France. Les Sahraouis continuent de croire que la France peut évoluer dans le sens de la légalité internationale.
    Mais en face le ras-le-bol de la jeunesse sahraouie quant à une solution politique est patent !
    En tout cas et pour l’instant, c’est la partie marocaine qui se plaint et souffre de ce processus de paix. Dès lors, il ne faut pas se lamenter et obstruer les efforts, à l’image de notre ennemi. Nous devons au contraire encourager et faciliter. Mais non pas fermer les portes tant que le processus n’est pas dévié, surtout que nous nous dirigeons vers le renforcement de la MINURSO et du processus des négociations sur des bases concrètes.
    Comment votre gouvernement juge-t-il la position de l’ancienne puissance coloniale, l’Espagne, après une année de l’arrivée de la droite espagnole au pouvoir ?
    La droite espagnole soutient la question sahraouie particulièrement dans l’opposition. Dernièrement encore, le chef du gouvernement, Mariano Rajoy, a réaffirmé aux Nations unies le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Mais de l’autre côté, dans certaines de ses positions, l’Espagne tente de faire plaisir au Maroc, notamment en procédant au rapatriement des humanitaires espagnols des camps des réfugiés sahraouis sous prétexte de crainte d’enlèvement. Donc le gouvernement espagnol demeure dans des positions contradictoires.
    Terrorisme, drogue, insécurité dans la région du Sahel,… que fait le Front Polisario pour y faire face?
    Après le rapt des trois humanitaires européens dans des camps des réfugiés en octobre 2011, le Front Polisario a instauré certaines mesures et mobilisé des troupes pour sécuriser les camps et tous leurs alentours. Nous avons aussi fait augmenter le nombre des éléments des services de sécurité. Car nous savons que le Maroc, en tant que producteur et exportateur de drogue, est le financier des groupes activant au Mali et aussi le véritable promoteur de ce qui est appelé le MUJAO. Mais avec la mobilisation internationale pour éradiquer ces fléaux au Sahel, ce sera l’échec de cette politique marocaine dans la région.
    La sécurité des camps devient donc un enjeu majeur…
    Le Maroc compte beaucoup sur la situation interne du Front Polisario. Il joue sur l’impatience des jeunes en faisant tout pour isoler les camps des aides et soutiens humanitaires et créer, ainsi, une situation de psychose et en même temps détourner l’attention de l’opinion sur les révoltes qui secouent les territoires occupés. Mais cette longue manœuvre ne lui réussit pas. Actuellement nous avons plus de 250 étrangers en dépit de la crise économique.
    Depuis quand le Polisario a-t-il établi une relation entre le MUJAO et le Maroc ?
    Ce n’est un secret pour personne que les fondateurs du MUJAO sont des narcotrafiquants et que le Maroc est le premier producteur de cannabis. L’Europe lui a fermé ses portes du côté nord. Maintenant il essaye d’exporter vers le Sud et l’Est avec l’appui de groupes du nord du Mali. Le Maroc leur fournit la drogue et leur demande au passage des services en les finançant avec cette même drogue. La question est de savoir pourquoi les ravisseurs ont parcouru 2 400 km, avec tous les risques qu’ils encouraient, pour s’en prendre aux humanitaires alors que des villes situées à 200 km comme Gao et Tombouctou connaissaient des affluences importantes de touristes.
    D’ailleurs, les ravisseurs ont exhorté les otages relâchés de ne plus revenir dans les camps. Cela veut dire qu’ils travaillent pour un agenda particulier d’un pays qui n’est autre que le Maroc. L’objectif du Maroc est donc de donner une impression d’insécurité, de désordre et de peur qui règneraient dans les camps des réfugiés. Et malheureusement, le gouvernement espagnol est tombé dans ce piège en essayant de retirer ses ressortissants des camps. Nous avons aussi des informations qui affirment que les dirigeants du MUJAO visitent régulièrement le Maroc. L’un d’entre eux n’est autre qu’Echaffaiî, recherché par Interpol et la Mauritanie, et qui possède beaucoup de biens au Maroc. Donc les preuves sont nombreuses sur les relations qu’entretient ce groupe avec les services secrets marocains. Je vous rappelle que la création du MUJAO est survenue juste après le rapt des trois humanitaires…
    Entretient réalisé par notre envoyé spécial aux camps des réfugiés de Tindouf, Yassine Mohellebi, photos abada ryad
  • Torture : Le Maroc mis à l’index par le rapporteur spécial de l’ONU

    Décidément, le Maroc trône en tête de tous les classements des pays où les atteintes aux droits de l’homme constituent une règle et non pas une exception.
    Quelques semaines après le rapport «sanglant» de la fondation Robert Kennedy (FRK) sur le traitement inhumain réservé aux militants sahraouis dans les territoires occupés, repris presque mot à mot par le Département d’Etat, voilà qu’un enquêteur de l’ONU enfonce le clou.
    Juan Mendez, puisque c’est de lui, a affirmé aujourd’hui mercredi que le royaume de Mohamed VI utilisait la torture dans son propre pays et contre des opposants impliqués dans le conflit sur le Sahara occidental.
    «Il y a de nombreuses preuves d’une utilisation excessive de la force», a déclaré à la presse Juan Mendez, le rapporteur spécial de l’ONU sur la torture, après avoir présenté son rapport à l’Assemblée générale. Chaque fois qu’il est question de sécurité nationale, il y a une tendance à utiliser la torture dans les interrogatoires.
    Il est difficile de dire si c’est très répandu ou si c’est systématique, mais cela arrive assez souvent pour que le gouvernement marocain ne puisse l’ignorer», précise encore l’enquêteur.
    L’enquêteur onusien est arrivé à ses conclusions au terme de son séjour au Maroc et au Sahara occidental durant une semaine le mois dernier.
    Flagrant délit de torture
    Son rapport est d’autant plus intéressant qu’il intervient au moment où le Conseil de sécurité débat sur la nécessité que la mission de l’ONU (MINURSO) dans la région ait un mandat pour enquêter sur des violations des droits de l’homme. Une perspective que ne souhaitent évidemment pas le Maroc et ses alliés.
    Juan Mendez s’était rendu au Maroc sur invitation du gouvernement, membre non permanent du Conseil de sécurité. Il a ajouté avoir constaté des signes de changement au Maroc, où un parti islamiste modéré contrôle le parlement depuis novembre dernier.
    «Le Maroc développe une culture de respect des droits de l’homme qui est un bon point de départ en vue de l’élimination de la torture dans un futur proche. Mais le pays est loin de pouvoir affirmer qu’il a éliminé la torture», écrit M. Mendez dans son rapport.
    Le cauchemar n’est pas fini pour les détenus sahraouis
    Faut-il rappeler que l’ONG américaine Robert F Kennedy (RFK) pour la justice et les droits de l’homme a fait presque le même constat en septembre dernier lors de sa tournée dans la région. Si elle a reconnu des «changements positifs» dans la Constitution marocaine, elle n’a pas manqué de pointer «l’importante présence policière et militaire au Sahara occidental et de «nombreux cas de brutalités policières» contre des manifestants pacifiques.
    Et, le hasard faisant bien les choses, cette énième dénonciation du Maroc intervient le jour même (aujourd’hui mercredi) où la justice du roi a décidé, sans explication, de reporter le procès des 24 prisonniers politiques sahraouis dit «groupe Gdeim Izik», prévu hier devant le tribunal militaire de Rabat.
    Comme d’habitude, aucune raison n’a été fournie sur ce report par le juge d’instruction aux familles des prisonniers, détenus à la prison locale 2 de Salé (ville jumelle de Rabat), depuis le démantèlement par les forces marocaines du camp de Gdeim Izik près d’El-Ayoun (Sahara occidental) le 8 novembre 2010.
    Les malheureux détenus devront donc prendre leur mal en patience dans leurs geôles à la maison d’arrêt de Salé à Rabat en attendant que la «justice royale» veuille bien leur rendre leur liberté.
    Hakim Merabet
    Algérie1, 24 oct 2012
  • Histoire et repentance : Le Sénat français sur les pas de Hollande

    À la suite de la décision courageuse du président de la République française, François Hollande, les sénateurs français lui ont emboîté le pas et ont voté, une résolution reconnaissant la répression des Algériens par les forces de l’ordre françaises lors de la manifestation du 17 Octobre 1961 à Paris. La résolution a été adoptée par 174 voix pour et 168 contre. Le Sénat français est à majorité de gauche. La résolution avait été proposée par le groupe communiste. Les socialistes et les écologistes ont voté pour. L’UMP (opposition de droite) et les centristes ont voté contre. 
    Le vote du Sénat français intervient moins d’une semaine après la reconnaissance par François Hollande de la responsabilité de l’État français dans la «sanglante répression» de cette manifestation, rompant ainsi un silence officiel qui durait depuis plus de cinquante ans sur ces évènements. Par ailleurs, Mourad Medelci, notre ministre des AE, a refusé de se laisser entraîner dans une polémique et a évité de répondre aux déclarations faites dimanche par son homologue français Laurent Fabius qui a fait savoir que l’Algérie préférait un partenariat stratégique à un traité d’amitié avec la France. «La question est hors sujet. Nous allons y répondre prochainement », a répondu Medelci. 
    De fait, à Alger, on se montre en privé fortement irrités par les déclarations du chef de la diplomatie française -qui montre apparemment qu’il est novice en un domaine où il est nouveau venu n’étant pas un diplomate de carrière- qui évoque publiquement le contenu d’entretiens préparatoires à la visite à Alger du chef de l’État français. À la limite si Alger venait à écarter la conclusion d’un accord d’amitié avec la France, c’est que l’on est échaudé des déclarations de bonne intention des gouvernants français, qui sont restées au stade de la bonne intention, sans plus, pour de basses raisons électorales et la peur de l’activisme des pieds-noirs et nostalgiques de l’Algérie française. Mais aussi et il faut le souligner prenant prétexte du refus de la repentance -alors que Chirac a présenté officiellement des excuses pour le massacre des nationalistes à Madagascar et pour les rafles de juifs français du Vel d’Hiv- 
    Les prédécesseurs à l’Élysée de François Hollande ont subi de formidables pressions du Maroc et de son puissant lobby à Paris, pour que le partenariat d’exception voulu tant par les deux pays, du moins si l’on se réfère aux déclarations officielles, ne soit pas couronné par un traité d’amitié. Le Maroc voulant garder l’exclusive d’une relation privilégiée avec Paris, dont la diplomatie lui est d’un grand secours pour perpétuer son occupation du Sahara occidental. Au passage, lobbyistes et diplomates marocains ne se privent pas de mettre en garde les officiels français contre la volonté de puissance de l’Algérie et son prétendu hégémonisme. Au demeurant, la France qui refusait de conclure un traité d’amitié fait le forcing actuellement pour en signer un avec… L’Afghanistan. Mais, selon Laurent Fabius qui rendait compte au Conseil des ministres et dont les propos sont rapportés par le “Canard enchaîné”, le parlement afghan refuse de conclure un traité avec un pays d’infidèles.
    Mokhtar Bendib