Mois : mars 2012

  • MAROC : Le livre qui fait peur au Roi

    L’Union internationale des éditeurs (UIE) a demandé aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d’expression, après la censure du grand quotidien madrilène El País, pour avoir publié, les bonnes feuilles d’un livre écrit par Catherine Graciet et Eric Laurent, intitulé «Le Roi prédateur», selon un communiqué de l’UIE, cette dernière a condamné cet acte de censure et demande aux autorités marocaines de respecter leurs obligations internationales en matière de liberté d’expression, en autorisant la distribution du livre au Maroc. 

    « En interdisant ce numéro de El País qui publiait les bonnes feuilles du livre intitulé «Le Roi prédateur », les autorités marocaines prennent à contrepied le vent de liberté qui souffle, actuellement, sur la région », a déclaré Olivier Bétourné, président des Éditions du Seuil et membre du comité liberté de publier de l’Union internationale des éditeurs (UIE). Celle-ci qui condamne la censure de ce journal, prend, par ailleurs, les devants, en invitant le Maroc à autoriser la distribution au Maroc du livre «Le Roi prédateur». « Ce livre est, certes, fort critique du roi du Maroc et de sa cour, mais il est écrit de bonne foi et est le fruit d’un travail d’enquête exceptionnel », a précisé le communiqué. « À défaut, si la distribution du livre venait à être interdite, l’UIE considérerait que le Maroc contreviendrait à ses obligations internationales en matière de liberté d’expression et de liberté de publier, notamment au titre des articles 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme et du Pacte international relatif aux droits civils et politiques », a averti le communiqué. 
    Pour sa part, Bjorn Smith-Simonsen, président du Comité liberté de publier de l’UIE a ajouté que « l’UIE saisit cette occasion pour rappeler à toutes les parties prenantes que le groupe de travail du Conseil des droits de l’homme des Nations unies sur l’Examen périodique universel (EPU) examinera, prochainement, à Genève la situation des droits de l’homme au Maroc, lors de sa prochaine session au mois de mai ». L’Union internationale des éditeurs (UIE) est l’ONG qui représente les éditeurs au plan international. Créée en 1896, à Paris, elle a pour mission de promouvoir et de protéger l’édition. L’UIE est une association professionnelle disposant d’un mandat dans le domaine des droits de l’homme. L’UIE, à l’heure actuelle, compte 65 membres dans 53 pays, rappelle- t-on.
    M. B.
    Le Courrier d’Algérie, 5/3/2012
  • Le message, par Djilali BENYOUB

    Le terrorisme a encore frappé. À Tamanrasset. L’attentat kamikaze est signé Mouvement pour l’Unicité et le Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) qui en est à son second acte après la revendication de l’enlèvement des trois humanitaires dans le camp des réfugiés sahraouis à Tindouf en octobre 2011. Ainsi se distingue le Mujao de sa matrice, Aqmi, qui a abandonné l’attentat kamikaze pour verser dans l’industrie lucrative de l’enlèvement des étrangers. 
    C’est peut-être sur les procédés que les deux organisations criminelles divergent ou alors c’est que le Mujao a voulu marquer sa présence en osant frapper là où aucun autre groupe terroriste ne s’est aventuré. 
    Manière également de se rapprocher de la secte nigériane Boko-Haram qui a fait de l’attentat et des massacres le principal socle de sa doctrine alors que sa création remonte à l’automne dernier qu’il inaugura avec l’enlèvement des trois Occidentaux. 
    En portant l’action à Tamanrasset, ce groupe terroriste, qui s’inscrit dans la droite ligne d’Al-Qaïda, veut certainement porter atteinte à une ville symbole de la lutte antiterroriste dans la région du Sahel.
     
    Le message est adressé aux pays du Sahel qui ont uni leurs efforts autour du Cemoc pour lutter contre Aqmi qui a bénéficié de la confusion en Libye pour se procurer des armes et des explosifs.
     
    Ce défi a été encouragé par les tensions en Libye et au nord du Mali, et bien entendu, la passivité et la lenteur de certains pays de la région à inscrire la sécurité du Sahel dans leurs priorités. D’où les failles dans le contrôle des immenses frontières dont des pans entiers sont sous le contrôle des groupes d’Aqmi, des narcotrafiquants et autres trafiquants d’armes dont le marché a connu un boom avec la crise libyenne.
     
    Reste, cependant, posée la question de savoir comment ce nouveau groupe terroriste composé des anciens d’Aqmi et probablement du renfort de Boko-Haram ait pu atteindre Tamanrasset alors que toute la zone est traversée par des turbulences depuis plus d’une décennie ? 
    La lutte contre le terrorisme ne devrait pas s’accommoder d’états d’âme et de calculs. La preuve, le Mujao vient de cibler la ville qui abrite l’état-major du Sahel. Tout un symbole. 
    Liberté, 4/3/2012
  • Parution d’un livre qui évoque le rôle subversif des Etats-Unis en Algérie

    Il s’agit d’un opuscule d’une centaine de pages mais ô combien édifiant. Que dire, même explosif ! Car s’agissant de l’Algérie, l’auteur cite, en ultime révélation, le nom d’associations et de membres de la «société civile» algériennes qui auraient bénéficié de subsides d’organismes américains qui «exportent» actuellement la démocratie dans le Monde arabe. Mais, d’abord, revenons au titre, Arabesque américaine, le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe : il tient, en quelques pages, toutes ses promesses de mise à nu de cette vaste manipulation qui bouleverse actuellement le Monde arabe. Ce travail de recherche, «naïf et primaire» selon l’auteur, démontre comment la «spontanéité» de ces révoltes a été suscitée notamment grâce à un outil qui s’appelle Internet. 
    L’auteur, Ahmed Bensaâda, docteur en physique de l’université de Montréal, qui a exercé notamment comme enseignant à l’université d’Oran, a dû remonter jusqu’aux révolutions colorées (Serbie, Géorgie, Ukraine et Kirghizistan) pour expliquer que, finalement, «le mode opératoire de ces révoltes a toutes les caractéristiques des révolutions colorées qui avaient secoué les pays de l’Est ». Et d’ajouter un peu plus loin : «Comme il est de notoriété publique que ces révolutions ont été structurées, formées et financées par des organismes américains, il serait logique de conclure qu’il y a présence d’une main américaine derrière ces révoltes de la rue arabe.» Parmi ces organismes américains qui «exportent» la «démocratie», l’auteur cite notamment l’US AID, la NED, Freedom House et Open Society Institute. 
    Pour les nouvelles technologies, il cite bien sûr Google, Facebook et Twitter. Il y a également le redoutable logiciel de contournement de la censure, le fameux TOR. Concernant les Algériens qui auraient succombé au chant des sirènes de ces organismes américains, l’auteur cite, d’emblée, des membres de la défunte CNCD, boudée par les Algériens. Il cite, en l’occurrence, la LADDH de Mostefa Bouchachi qui aurait bénéficié, selon lui, de subventions de la NED au titre des exercices 2002, 2004 et 2005. Il y aussi le Snapap de Meziane Meriane qui serait, selon l’auteur, en étroite relation avec le Solidarity Center, un des quatre satellites de la NED, spécialisé dans le mouvement syndical. Il citera, enfin, le nom de Fodil Boumala, l’ancien animateur de l’ENTV dont le récent voyage en Amérique du Nord n’est pas passé inaperçu. 
    Pour conclure, ce livre, dont la vente-dédicace est prévue aujourd’hui dimanche à 14h à la librairie du Tiers-Monde (Alger), est à recommander même s’il s’agit dans le cas d’espèce de prêcher en Algérie des convertis. Depuis des siècles, les Algériens savent en effet reconnaître l’envahisseur (et ses affidés) de loin. Ce n’est sûrement pas la trahison de quelques «brebis galeuses» qui va ternir à la fin la réputation d’un pays connu précisément pour sa résistance sans fin.
    Aïcha K. 
  • Aqmi a encore frappé

    Un attentat à la voiture piégée a eu lieu, hier, vers 7 heures du matin, contre le siège de la brigade de la Gendarmerie nationale de Tamanrasset, faisant au moins 23 blessés, selon un premier bilan communiqué par la Protection civile. Le bilan provisoire établi par les services hospitaliers de la ville fait état de 15 gendarmes, 5 éléments de la Protection civile et 3 civils blessés. Les premières indications provenant de témoins oculaires, précisent qu’il s’agit d’un attentat perpétré par un kamikaze, au volant d’une Toyota Station, et qui s’est fait exploser en fonçant contre la brigade de gendarmerie, dont le siège est situé au quartier Tahagart, dans le centre de Tamanrasset. 
    Selon un correspondant de presse, joint, hier, en fin d’après-midi, l’attentat aurait fait plus de 30 blessés parmi les gendarmes, dont un sous-officier de faction, qui a été très grièvement blessé, précisant que la déflagration a également provoqué d’importants dégâts au bâtiment situé sur l’artère principale de la ville, ainsi qu’aux autres bâtisses et demeures adjacentes, dont les vitres ont volé en éclats et les façades ont été fissurées et gravement endommagées. Un officier du commandement de la Gendarmerie nationale de Chéraga, à Alger, qui a refusé de commenter l’attentat, affirme seulement que le bilan aurait pu être plus lourd si le kamikaze avait pu terminer sa course, laquelle se dirigeait vers l’entrée principale des locaux administratifs pour s’y incruster, et si le kamikaze n’avait pas été stoppé au milieu de la cour de la brigade. Au début de l’après-midi, soit quelques 5 heures après l’attentat, un groupe armé a revendiqué l’opération. Il s’agit de la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», soit le groupe du djihad en Afrique de l’Ouest, caricaturalement transcris en «Mouvement d’unicité et du Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao)», par la presse occidentale, et qui s’était fait connaître lors du rapt des trois humanitaires de Hassi Rabouni, à Tindouf. «Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion (…) ce matin à Tamanrasset dans le Sud algérien», a indiqué le groupe sans donner d’autres indications. Si le modus operandi de l’attentat semble pointer du doigt Al Qaïda au Maghreb – le même mode opératoire a été adopté dans des attentats similaires à Si Mustafa, Thénia, Boumedès, Naciria et ailleurs au nord de l’Algérie -, pour le moment, la seule indication à portée de main est celle de ce curieux communiqué du non moins curieux groupe qui se fait appeler « Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia ». C’est la seconde fois que ce groupe, la «Djamaât Tawhid wal Djihad fi garb Ifriqia», fait parler de lui. La première fois, c’était il y a quelques mois, avec le rapt de deux Espagnols et 1 Italienne, Ainoha Fernandez de Rincon, Enric Gonyalons et Rossella Urru, enlevés des camps de Hassi Rabouni, à Tindouf. Et comme pour l’attentat d’hier, la revendication du groupe Tawhid wal Jihad en Afrique de l’Ouest était aussi venue du Mali. S’agit-il là d’un sous-groupe qui opère pour le compte d’Aqmi ? Est-ce un nouveau groupe autonome, qui agit à partir du Sahara et du Sahel, avec des inclinaisons vers l’Ouest-Mali, Mauritanie, Sénégal et Burkina Faso ? On serait tenté de le penser, car aussitôt après le rapt des trois humanitaires à Tindouf, les services de sécurité algériens avaient suivi avec une grande rigueur les pistes de l’Afrique de l’Ouest, la Mauritanie, le Sénégal et le Burkina-Faso, et des réunions avaient été tenues avec ces trois pays. D’autres sources parles de ce groupe comme une dissidence d’Aqmi, qui, sans entrer en guerre avec elle, la complète et pousse plus vers l’Ouest. Hier, jusqu’à la fin de journée, aucun site proche d’Al Qaïda, n’avait diffusé d’informations, ni de communiqué sur l’attentat de Tamanrasset.
    Fayçal Oukaci
    Le Courrier d’Algérie, 4/3/2012
  • Le terrifiant M. Guéant «dépasse les bornes»: Le clan Sarkozy panique et flirte avec le racisme

    par Salem Ferdi
    Le clan du président Nicolas Sarkozy ne sait pas sur quel arc tirer pour récupérer les voix de l’extrême droite. Claude Guéant vient de sauter un pas de plus dans le racisme en affirmant que le vote des étrangers aux élections municipales entraînerait une imposition de la nourriture halal dans les cantines municipales. Un mensonge massif et grossier, signe d’un état de panique à l’approche de la présidentielle. 
    «Nous ne voulons pas que des conseillers municipaux étrangers rendent obligatoire la présence de nourriture halal dans les cantines», a déclaré le ministre français de l’Intérieur qui a sorti le gros calibre de l’islamophobie, de la xénophobie et du racisme pour contrer l’adversaire socialiste de Sarkozy, qui préconise un vote des étrangers aux élections locales. Il a également affirmé que le vote des étrangers entraînerait l’imposition «de règlementations dans les horaires de piscine qui soient contraires à nos principes de mixité», et «l’acceptation du port de maillot de bain de style burka». Des propos absurdes et puants qui ont suscité de vives réactions à gauche. Manuel Valls, directeur de la communication de François Hollande, a réagi immédiatement en déclarant que M. Guéant «dépasse les bornes». «Ses propos sont ignobles … Il est temps qu’il parte!». 
    METTRE DU «HALAL» DANS LA CAMPAGNE 
    Le ministre de l’Intérieur, qui s’est fait depuis des mois la spécialité de taper au moins une fois tous les quinze jours sur les immigrés, les musulmans ou les étrangers, semble en effet en train de manier la terrifiante arme du racisme et de la peur. Appréhendant que Marine Le Pen dépasse Sarkozy au premier tour de la présidentielle, M. Guéant s’évertue à faire «mieux qu’elle» sur le registre de l’islamophobie et du racisme. Il tire dans tous les sens. Le 21 février dernier, Nicolas Sarkozy avait déclaré que la polémique sur la viande halal, lancée par Marine Le Pen, «n’avait pas lieu d’être». «On consomme chaque année en Ile-de-France 200.000 tonnes de viande, et il y a 2,5% de viande casher et halal», avait-il souligné. A l’évidence, son collaborateur Guéant estime qu’il faut mettre du «halal» dans la campagne quitte à donner clairement l’impression que le ridicule n’est plus un obstacle à la surenchère. Cette sortie sur le halal, si excessive et cousue de fil blanc, est un signe du désarroi de l’équipe de Sarkozy. On flirte clairement sur la pente raciste en semant la panique identitaire chez le français moyen, cœur de cible électoral que s’arrachent en usant de tous les coups le FN et l’UMP de Sarkozy. 
    FAIRE OUBLIER BAYONNE 
    Claude Guéant, en orientant si ostensiblement la campagne sur ce terrain nauséabond, cherche visiblement à faire oublier l’accueil très mouvementé -et par certains côtés représentatif de l’état d’esprit d’une bonne partie de l’opinion française- qui a été réservé à Sarkozy à Bayonne. Il faut faire oublier l’image, dévastatrice, d’un chef d’Etat réduit à se réfugier dans un café et aucune artillerie, même grossière, n’est suffisante pour M. Guéant. Le porte-parole du candidat socialiste, Manuel Valls, a souligné que ces propos «nauséabonds» étaient à l’image de la campagne de Nicolas Sarkzoy qui cherche à détourner l’attention du chômage, de la précarité, du pouvoir d’achat. «C’est une manière d’abaisser le niveau de la campagne… La démonstration malheureuse et triste que ce pouvoir, ce clan autour de Nicolas Sarkozy, est aux abois après la semaine que vient de traverser le candidat sortant». 
    La députée communiste Marie-George Buffet a demandé le départ de Claude Guéant de son poste de ministre: «On ne peut pas être ministre de l’Intérieur de la République et tenir des propos xénophobes. Aussi, je lui demande de choisir: ou il choisit les valeurs de la République et le respect des hommes et des femmes qui la constituent ou il s’en va. A lui de décider, maintenant». 
    GUEANT LIT UN PROMPTEUR ECRIT PAR MARINE LE PEN 
    Olivier Besancenot, l’ancien candidat d’extrême gauche (NPA), a estimé que Claude Guéant «est en train de lire un prompteur écrit par Marine Le Pen… Marine Le Pen veut occuper une partie de la place de l’UMP. L’UMP veut occuper une partie de la place du FN. Donc, un jour ou l’autre, ils vont finir par se rencontrer. Au rendez-vous, il y aura Claude Guéant, qui joue sur un terrain précis, le terrain du racisme et de l’islamophobie. C’est un terrain haineux que je condamne. C’est quoi le rapport avec les préoccupations concrètes de millions de personnes?» Sergio Coronado, porte-parole de la candidate des Verts, Eva Joly, constate que chacune des prises de parole de M. Guéant est «désormais une injure à la République, à la fraternité qui en est un de ses piliers, un dérapage calculé. De manière méthodique, Claude Guéant fait la voiture-balai des idées d’extrême droite les plus rances, opposant sans cesse les uns aux autres, stigmatisant les étrangers un jour, nos compatriotes de confession musulmane un autre jour. Ses propos sont une incitation à la discrimination… Il est temps que Claude Guéant se taise et qu’il s’en aille!» 
  • La grosse ficelle

    Par Kamel Amghar 
    Au mois d’octobre de l’année dernière, trois humanitaires européens (une Italienne et deux Espagnols) ont été enlevés au camp de réfugiés de Rabouni, près de Tindouf, par un commando terroriste se revendiquant d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi). C’est le premier kidnapping visant des étrangers dans cette zone. La diplomatie marocaine, extrêmement hostile au Polisario, saute immédiatement sur l’occasion pour évoquer la complicité des responsables sahraouis dans ce rapt très médiatisé outre-mer. Dans les semaines qui ont suivi, de nombreux journalistes ont largement spéculé sur cette supposée connivence entre le service de sécurité du camp et les ravisseurs. 
    Exploitant cette ébullition médiatique, le Makhzen pousse sa propagande un peu plus loin pour impliquer tout l’organigramme de la République arabe sahraouie et démocratique (Rasd) qui lutte depuis 1975 pour l’indépendance de ce territoire annexé de force par les forces royales marocaines suite au retrait espagnol de la région. Cet activisme marocain vise maladroitement à présenter les résistants du Polisario comme des terroristes ou des alliés d’Al Qaïda afin de fragiliser leurs positions dans les négociations informelles, toujours en cours, entre les deux parties. Malgré toutes les assurances des responsables de la Rasd, le Maroc et ses relais en Occident entretiennent savamment la suspicion et persévèrent dans cette cabale pour discréditer leurs vis-à-vis. A supposer que des agents de sécurité du camp aient vraiment livré les otages, cela engendre naturellement de lourdes responsabilités pour les autorités sahraouies. Mais de là à comparer le Polisario et la Rasd à Al Qaïda, la ficelle est manifestement trop grosse. Si l’on doit juger les choses de la sorte, des accusations similaires peuvent être portées contre de nombreux Etats comme le Niger, le Mali, la Mauritanie, l’Egypte, la Tunisie, l’Algérie et même le Maroc, où des enlèvements et des attentats pareils ont eu lieu à un moment ou un autre. 
    Le conflit du Sahara occidental, justement considéré par les instances internationales (UA, ONU) comme une question de décolonisation, constitue un sérieux obstacle à l’expansionnisme marocain. Prenant tardivement conscience de ce fait, le roi Hassan II, après des décennies de fuite en avant, était d’ailleurs acquis à l’idée d’un référendum d’autodétermination, tel que suggéré par l’Assemblée onusienne. L’intronisation ultérieure de Mohamed VI a été accompagnée d’un recul scandaleux sur ce dossier. Ne voulant pas renoncer à ce bout de territoire spolié, le nouveau souverain lui suggéra l’autonomie dans le cadre de la souveraineté marocaine. Une option rejetée dès le départ par les représentants légitimes du peuple sahraoui mais que les alliés du Maroc (la France et les Etats-Unis, notamment) s’efforcent de maintenir sur la table des négociations. S’accrochant à ce triste épisode de l’enlèvement des trois humanitaires, Américains et Français exercent sur les autres pays du Maghreb, en particulier, et l’ensemble de la communauté internationale, de manière générale, d’énormes pressions dans le but d’entacher le combat des Sahraouis pour la liberté et l’indépendance. 
    Lors de sa récente tournée dans la région, la première responsable du département d’Etat US, Hillary Clinton, a laissé entendre que la lutte antiterroriste dans la région du Sahel devrait être étendue aux territoires sahraouis occupés. «Nous avons beaucoup discuté de la question sécuritaire, notamment au Sahel. Nous voulons élargir cette coopération à d’autres pays de la région», dira-t-elle à l’issue de son entretien avec le conseiller du Roi et son ancien chef de la diplomatie, Taieb Fassi Fihri. Une façon, à elle, de donner carte blanche aux services de sécurités marocains dans leur triste œuvre de répression du mouvement indépendantiste. Comme en Palestine, les puissants de ce monde peuvent toujours «taxer» de terrorisme la résistance et la lutte pour la liberté, mais sans jamais parvenir à en éteindre la flamme. Toutes les consciences encore libres de ce monde savent distinguer entre les deux. La cause des Sahraouis, comme celle des Palestiniens, est juste. Aucun mensonge ne peut attenter à sa légitimité.
  • Attentat à la voiture piégée à Tamanrasset

    Par Hamid Fekhart 
    Un attentat à deux nouveautés qui, les deux, donnent froid dans le dos : à Tamanrasset qui n’a jamais connu ce genre de barbarie même durant la décennie noire et, pis encore, revendiqué par un groupe terroriste étranger. 
    Il s’agit d’un attentat à la voiture piégée perpétré hier contre le groupement de Gendarmerie nationale qui a fait 23 blessés, selon ce même corps qui a rapporté que la déflagration a causé des blessures à 15 gendarmes en poste, 5 éléments de la Protection civile et à 3 citoyens qui étaient de passage. 
    Cet immonde attentat, le premier commis dans la ville de Tamanrasset, a été perpétré à 7h45 par un terroriste à bord d’un véhicule tout terrain de marque  » Toyota Station  » qui a ciblé l’entrée principale du groupement de la GN, a-t-on encore précisé. Toutes les victimes ont été évacuées vers l’hôpital de la ville de Tamanrasset et leur situation est hors de danger, à l’exception d’un gendarme gardé sous observation médicale, rassure la Gendarmerie nationale. L’explosion a causé d’importants dégâts au bâtiment situé sur l’artère principale de la ville et aux constructions et habitations voisines dont des vitres ont volé en éclats et des façades ont été lézardées. Le bilan aurait pu être plus lourd si la Toyota Station, n’avait pas été stoppée au milieu de la cour de la brigade. 
    Les appréhensions d’Alger se confirment. Ce qui donne encore plus froid dans le dos est le fait que cet acte barbare soit signé par une organisation terroriste étrangère. En effet, dans la même journée d’hier, le  »Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest » (Mujao) l’a revendiqué, dans un message rendu public par l’AFP (Agence française de presse). 
    « Nous vous informons que nous sommes à l’origine de l’explosion, ce matin, à Tamanrasset dans le sud de l’Algérie », a indiqué le  »Mujao », un groupe islamiste apparu en 2011 et qui prône le djihad en Afrique de l’Ouest, dans son message. A en croire des experts, cette organisation terroriste, qui, le 12 décembre 2011, avait rendu publique une vidéo montrant des hommes armés encadrant deux femmes, une Italienne et une Espagnole, ainsi qu’un Espagnol, enlevés le 23 octobre dans la région de Tindouf, serait une dissidence d’Aqmi dirigée par des Maliens et des Mauritaniens. 
    Dans une autre vidéo visionnée en décembre 2011 à Bamako, six membres du  »Mujao » enturbannés, dont la plupart ont la peau noire, ont exposé leur idéologie, se référant à Oussama Ben Laden, chef d’Al-Qaïda, et à des figures historiques de l’islam en Afrique de l’Ouest subsaharienne… Cette revendication aussi surprenante qu’inattendue, vient donc affirmer les appréhensions d’Alger quant à une propagation du terrorisme international dans la région du Sahel, concrétisée par une alliance « diabolique » entre la nébuleuse Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), et les groupuscules islamistes activant sur le sol africain. Ce qui a mené d’ailleurs les autorités algériennes à défendre une stratégie commune dans la lutte antiterroriste notamment au lendemain du « printemps arabe » qui a soufflé la flamme de l’idéologie de la « guerre sainte ». 
    La « révolution » libyenne n’est pas elle aussi innocente. En effet, le conflit libyen, qui dure encore, a permis aux terroristes activant dans la région, de s’approvisionner en armes, après une longue agonie. 
    Un Mali faible et une Libye désengagée. Disons-le encore. Cet attentat, distingué et par le lieu et par les signataires, marque probablement un tournant dans le parcours du terrorisme au sahel. La lutte y afférente devrait, elle aussi faire objet de réajustement, ce qu’Alger, forte de son expérience en la matière, n’a de cesse de plaider. Mais peut-on créer une stratégie basée sur la coopération avec un Mali, considéré comme le maillon faible dans la lutte antiterroriste, et une Libye complètement désengagée ? 
    Pas si facile ! En effet, pourchassée par le monde entier, l’Aqmi trouve, au grand dam des Etats et des citoyens, refuge au Mali, un pays qu’on taxe d’ailleurs de « mauvaise foi ». A cela 
    s’ajoute, le CNT qui, très mal dans son propre pays et souffrant d’un manque de légitimité flagrant, menace de couper jusqu’ aux relations diplomatiques avec Alger ! Mais le terrorisme l’a largement prouvé : il ne connaît pas frontières.
    Les Débats, 4/3/2012
  • Pambazuka : Edition spéciale Elections Sénégal 2012

    Pambazuka, le journal électronique qui est une plateforme de la justice sociale en Afrique, nous offre cette semaine une édition spéciale sur les élections du Sénégal. Une série d’analyses présentées en cinq billets :
    par Tidiane Kassé
    Pendant quatre semaines le Sénégal a semblé aller vers un chaos politique porteurs de tous les dangers. . Après un violent soulèvement contre la candidature d’Abdoulaye Wade pour un troisième mandat, réprimé dans le sang avec une dizaine de morts, l’expression citoyenne des Sénégalais a pris une autre dimension. Le 26 février, ils sont allés voter pour contraindre Wade à un second tour. L’expérience démocratique sénégalaise fait ainsi face à un nouveau tournant décisif. Un moment de rupture dont Pambazuka News va aider ses lecteurs à saisir les enjeux. A partir d’aujourd’hui, une édition française consacrée vous parviendra les mardis et les jeudis, en plus du bulletin traditionnel du lundi, avec des informations factuelles, des analyses, des interviews d’acteurs porteurs d’idées de changement.
    Pour la deuxième fois après la présidentielle de 2000 qui avait porté Abdoulaye Wade au pouvoir, le Sénégal va connaître une élection à deux tours. Si les manifestations populaires n’ont pu empêcher sa candidature, jugée anticonstitutionnelle par l’opposition, les urnes lui ont signifié son niveau d’impopularité.
    Entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, le choix des Sénégalais pour le second tour de la présidentielle n’offre pas une profonde rupture. Le challenger a grandi dans le parti du père qu’il va défier. Ministère, puis Premier ministre et président de l’Assemblée nationale, leur rupture ne remonte qu’à 2008, à la suite d’une crise interne au sein de l’institution parlementaire. Les Sénégalais devront choisir en tenant compte de facteurs subjectifs entre deux hommes qui ont plus partagé qu’ils n’ont été antagonistes.
    Dans l’attente du face à face décisif du second tour, Abdoulaye Wade et Macky Sall se sont déjà lancés dans la recherche des alliances qui seront décisives. Dans une déclaration faite le 27 mars, au lendemain du premier tour, Abdoulaye Wade n’avait pas perdu du temps pour s’inscrire dans cette hypothèse d’un second et ouvrir des perspectives d’alliances.
    La configuration politique sortie du premier tour de la présidentielle qui se dessine dans ce second tour offre des enseignements dans les stratégies politiques par rapport aux masses. Les candidats qui ont mené les luttes populaires et violentes, dans le cadre du M23, pour s’opposer à la candidature de Wade, délaissant par conséquent la campagne électorale, ont vu Macky Sall tirer profit d’une démarche différente qui l’a vu aller au contact des populations pour porter son discours à travers le Sénégal.
  • Surprise : Le ministère des transports rend publique la liste des bénéficiaires des agréments

    Rabat.- Le Maroc est un immense agrément. Depuis un certain temps le ministre des transports, Abdelaziz Rabbah, annonçait la publication du cadastre du transport public, c’est-à-dire la liste de ceux qui bénéficient d’un agrément de transport qui concerne surtout les autocars qui sillonnent le royaume.
    Dans un communiqué du ministère, il avait annoncé : « Dans l’objectif de la concrétisation de la Constitution, et du programme du gouvernement, et suite à l’engagement du ministère à renforcer son système de gouvernance et à développer la transparence et amener l’administration à bien servir le citoyen et l’appuyer dans son droit à l’accès à l’information, le ministère publiera sur son site internet, dans les jours qui suivent, les listes des bénéficiaires de toutes les autorisations de transport (licences et agréments) concernant le ministère de l’équipement et des transports ».
    Depuis aujourd’hui, c’est chose faite. Demain a pu consulter la très longue liste des bénéficiaires de ces agréments de transport. Mais, comme il y a 400 pages et une infinité de noms, nous n’allons pas pouvoir, dans un premier temps, offrir à nos lecteurs une liste exhaustive.
    Il faut savoir qu’à côté des transporteurs professionnels, dont le métier est de transporter les voyageurs, il y a une infinité de personnalités du monde de la politique, de la culture et du sport qui n’ont rien à faire sur cette liste.Il y a aussi quelques surprises.
    Pourquoi le père de Fouad Ali El Himma, Ahmed Ali El Himma est sur la liste des bénéficiaires alors que l’on sait que le défunt père du fondateur du Parti authenticité et modernité (PAM) et actuel conseiller royal était un retraité de l’Education nationale ?
    Pourquoi des politiciens comme Abdelbari Zemzemi Bensedik, Mohamed El Ouafa, le syndicaliste (en France) Akka Ghazi et d’autres ont-ils eu droit à cet agrément ?
    Pourquoi les Sahraouis Brahim Hakim, Guejmoula Ben Abbi et quasiment toute la famille de Khatri Joumani ont-ils une licence de transport alors qu’ils ne sont pas dans le besoin ?
    Car, que des descendants du martyr Zerktouni et de l’émir Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi, bénéficient de l’aide de l’Etat, c’est parfaitement compréhensible, mais que les familles des Maâti Bouabid, Fal Ould Omeir, Haddou Echiguer, Balafrej, Mezouari El Glaoui, Basri, Amahzoune et d’autres soient traités de la même manière, cela n’est pas concevable.
    Comme n’est pas concevable le fait que des ex-polisariens comme Brahim Hakim et Guejmoula Ben Ebbi, etc. soient bénéficiaires de ces agréments. Ext-ce que cela veut dire que le Maroc a acheté leur défection du Polisario et leur fidélité au régime alaouite ?
    Mais le plus scandaleux dans cette liste c’est l’octroi d’un agrément de transport à Miloud Tounzi, l’un des kidnappeurs de Mehdi Ben Barka, un personnage trouble qui est recherché par la justice française. Si Tounzi a été récompensé de la sorte, cela explique beaucoup de choses…
    Et puis ne parlons pas de ces sportifs, et de ces actrices (Naïma Lamcharki, Mouna Fettou, etc…) qui, les pauvres, sont tellement dans le besoin qu’ils ont demandé et obtenu une « grima ».
    Il faut signaler que des noms de personnalités écrites d’une manière différente nous échappent, des agréments inscrits aux noms des épouses ou des parents des bénéficiaires sont difficiles à débusquer, ainsi que ceux qui ont mis l’agrément au nom d’une entreprise familiale.
    Voici une liste non exhaustive.
    La politique :
    Abdelbari Zemzemi Bensedik
    Akka Ghazi
    Mohamed El Ouafa
    Famille Fall Sidi Ould Omeir
    Famille Dey Ould Sidi Baba
    Héritiers de feu Ahmed Ali El Himma
    Héritiers de Driss Basri
    Famille Abdelkrim El Khattabi, à savoir : Fatima, Rkia, Mouna, filles de Mohamed ben Abdelkrim El Khattabi ; Yamina bent Abdeslam El Khattabi, Fattouma bent Mohamed ben Ali M’rabet (epouse fe Mohamed Abdelkrim El Khattabi et Khadija bent Abdeslam El Khattabi.
    Héritiers de feu Maati Bouabid
    Famille du martyr Zerktouni
    Héritiers de Mohamed Haddou Echiguer
    Famille Balafrej
    Famille Meziane-Bellefkih
    Famille Fassi
    Le monde du sport :
    Mohamed Aziz Daouda
    Khalid Rahilou
    Nourredine Naybet
    Salah Eddine Bassir
    Youssef Chippo
    Abdelhaq Blinda
    Hassan Akesbi
    Abdelmajid Dolmi
    Abdelaziz Bouderbala
    Zaki Badou
    Ahmed Faras
    Mohamed Timoumi
    Tahar El Khalej
    Khalid El Bied
    Lahcen Abrami
    Noureddine Bouyahiaoui
    Mustapha Madih
    M. Tarik El Jarmoun
    Zakaria Aboub
    Abdellati Jrindou
    Hasna Ben Hassi
    Le monde de la culture :
    Naïma Samih
    Mouna Fettou
    Naïma Lamcharki
    Les Sahraouis :
    Brahim Hakim
    Gajmoula ben Ebbi
    La très nombreuse famille Joumani
    Divers :
    Karima Benaïch (ambassadrice)
    Joumala El Alaoui (Ambassadrice)
    Miloud Tounzi (l’un des kidnappeurs et probablement assassins de Mehdi Ben Barka)
    Abdelkader Saka (Impliqué dans la disparition de Mehdi Ben Barka)
    Georgette Archane
    Hadda Boumghouz, veuve de feu Moulay Driss Amehzoun
    Héritiers de Hajja Izza bent Larbi
    Demain, 1/3/2012
  • Et après la liste des agréments, quoi ?

    par Ali Lmrabet
    Après la divulgation de la liste des heureux bénéficiaires d’un ou de plusieurs agréments de transport, le gouvernement Benkirane devrait aller plus loin et révéler aux Marocains ceux à qui on attribué des licences de pêche, autrement plus juteuses, ou des carrières de pierre et de sable.
    Nous savons plus ou moins qui sont les bénéficiaires de ces licences et la capacité de nuisance de certains d’entre eux, surtout ceux qui sont dans le métier des armes. Mais c’est du devoir du gouvernement de nous dire, documents à l’appui, au nom de la « bonne gouvernance » qui a bénéficié durant toutes ces années de ces licences alors que matériellement leurs bénéficiaires n’en avaient vraiment pas besoin.
    C’est évident, avec les noms qui émergent de la liste du ministère des transports, que ces agréments ont enrichi des gens qui étaient déjà riches. Car enfin, l’actuelle ambassadrice du Maroc à Londres, « Cherifa Lalla » Joumala El Alaoui, cousine du roi, a-t-elle vraiment besoin de transporter des voyageurs de Fnideq à Nador par la « route côtière » ?
    Par contre, les attributions de plusieurs agréments à Miloud Tounzi etAbdelkader Saka, impliqués dans la disparition de Mehdi Ben Barka, avaient bien pour but de récompenser ces sombres personnages pour la sale besogne accomplie en 1965.
    Maintenant, il faut dire que cette opération, voulue ou non par le Palais, tombe à pic pour le souverain. Avec cette affaire de révélations la presse marocaine a un os à rogner pour un bon bout de temps. Un temps précieux qu’utilisera le Palais pour faire oublier le contenu de deux livres qui viennent d’être publiés en France et qui mettent à mal la monarchie de Mohamed VI et son goût immodéré pour l’argent, l’abus de pouvoir et la prédation.
    Ali Lmrabet
    Demain, 1/3/2012