Mois : mars 2012

  • De la dictature à la partition, par Mohamed Fall Ould Oumeïr

    Les évènements de Libye viennent nous rappeler la justesse de ce qui a été dit au moment où l’OTAN, poussé par la volonté guerrière exceptionnelle de la France deSarkozy, bombardait les forces deKadhafi pour, selon le premier prétexte«protéger des populations en danger», et selon une seconde version «mettre fin à la dictature en permettant aux insurgés d’arriver à Tripoli».
    D’une part, une Libye qui n’arrive pas à se relever et à trouver la voie. On se dira toujours que l’exercice d’une folle gouvernance qui aura duré 42 ans a laissé des traces indélébiles. Dont la plus dangereuse est l’inexistence d’un Etat. Ce qui a favorisé la tribalisation extrême de la société. D’où ces factions qui refusent de déposer les armes et qui, pour certains, se font déjà la guerre. Dans ce foisonnement tribal, la seule structure militaire organisée reste celle issu du mouvement salafiste. 
    La même qui a alimenté les polémiques avec la prise de Tripoli par Abdel Kerim Belhadj, ancien d’Afghanistan et frère de Abu Yahya Alliby, l’une des figures prépondérante d’Al Qaeda, un moment pressenti pour succéder à Ben Laden. Depuis la«libération», Tripoli et Benghazi sont une destination prisée des idéologues du mouvement salafiste dans toute la sous-région. 
    On n’a pas fini d’en parler… Parmi les dommages collatéraux dont on voit déjà les développements des évènements de Libye, le retour massif de combattants à leurs pays d’origine (Mali, Niger) et l’instabilité qui s’en suivit. La rébellion au nord du Mali a certes ses justifications, mais sa cause directe est bien le désastre libyen. Il faut parler de désastre dans la mesure où le pays mettra longtemps à se relever des décombres. 
    Matériellement, les infrastructures et une partie des potentialités ont été détruites. La partie «sauvée» ou «épargnée» (pétrole) servira à «rembourser» l’effort de guerre des puissances ayant participé à la campagne de Libye. …Une partie des dignitaires deBenghazi vient de revendiquer l’autonomie pour la Cyrénaïque. Demain ce sera laTripolitaine, puis le Fezzan… 
    Dans un désordre qui permettra toutes les dérives, y compris celle de voir s’embraser toute la zone saharienne avec des extensions sur le Sahel et même sur l’espace méditerranéen. Ni Bernard-Henri Levy (B-HL, pour les intimes) ni Nicholas Sarkozy ne seront là pour réparer cassures et désordres, pour remettre de l’ordre dans le chao ainsi provoqué.
  • Rencontre régionale des représentants des étudiants sahraouis à Sidi Bel Abbès

    Les représentants des étudiants sahraouis de la région ouest de l’Algérie, qui regroupe neuf wilayas, et dans le cadre de la célébration du 36e anniversaires de la proclamation de la République sahraouie démocratique, ont organisé pendant ces deux derniers jours, lundi et mardi, une rencontre de solidarité en présence du chargé d’affaires du consulat de la Rasd d’Oran, M. Mohamed Salem Mohamed Nafaa, le représentant du secrétaire national du Front Polisario, et le recteur de l’université Djilali Liabès. 
    Organisées à l’auditorium de l’université, des conférences sur l’histoire du peuple du Sahara Occidental et sa lutte à travers l’histoire contre toute forme de colonisation ont été présentées par des universitaires et des professeurs algériens et sahraouis.
    Par la même occasion, une exposition-photos sur divers thèmes, dont celui montrant des personnes torturées et d’autres blessées, a été organisée à l’intention des visiteurs et des participants présents.
    Le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975 et 1981. Une mission de l’ONU, la MINURSO, veille sur le cessez-le-feu instauré par le Conseil de Sécurité en 1991.
  • « L’enfer discret des Sahraouis » – Témoignage de Ghalia Djimi

    Ghalia Djimi Et Aminatou Haidar
    Gilles Perrault parlait en 1990 de «l’enfer discret des Sahraouis» dans les bagnes du Maroc. Ghalia Jimmi, une des figures du militantisme sahraoui, faisait partie des centaines de sahraouis «disparus» alors.
    L’écrivain Gilles Perrault avait dévoilé l’horreur des bagnes marocains dans son livre «Notre ami, le roi» et avait causé en novembre 1990 une crise diplomatique entre Rabat et Paris. Grâce à lui, «l’enfer discret des Sahraouis» (titre de son chapitre 20) avait été révélé aux yeux du monde.
    Quelques mois plus tard, dans le contexte de la signature du cessez-le-feu signé par le Maroc et le Front Polisario, 324 Sahraouis allaient être libérés. Ces Sahraouis avaient «disparu», certains depuis 1975 et l’annexion du Sahara occidental par le Maroc, d’autres depuis 1987. Comme Aminatou Haidar ou sa camarade Ghalia Jimmi, vice-présidente de l’Association Sahraouie des Victimes des Violations Graves des Droits Humains Commises par l’Etat Marocain (ASVDH), créée en 2005 et non reconnue par l’Etat marocain.
    Le lieu de détention de ces deux militantes politiques se trouvait à Laayoune (principale ville du Sahara occidental), près du cinéma. C’est-à-dire là où vivent leurs familles respectives, laissées sans nouvelles, sans information. Disparues corps et âmes. Les yeux bandés pendant 3 ans et 7 mois et jusque 4 jours avant leur libération.
    Notre rencontre a eu lieu dans une autre maison que celle de Ghalia Jimmi. Immédiatement, elle enlève la batterie de son portable pour ne pas être repérée par les autorités marocaines.
    Son témoignage :
    «Ma mère s’appelait Djimmy Fatimetou Ment Ahmed Salem Abbaad et a « disparu » le 4 avril 1984. Elle avait alors 57 ans. Nous vivions alors à Agadir. J’ai quitté le sud du Maroc et suis venue ici, au Sahara occidental, pour contacter d’autres familles de disparus et voir ce qu’on pouvait faire. J’ai été très choquée de les entendre me dire : non, mieux vaut rien faire, mieux vaut un disparu dans la famille que la famille entière!
    «Les autorités marocaines pensaient que ma mère pilotait une cellule du Front Polisario alors qu’elle apportait juste un soutien aux personnes. Elle a été transportée jusqu’au siège des forces auxiliaires à Laayoune, comme cela a été indiqué dans le rapport de décembre 2010 du Conseil consultatif des droits de l’homme du Maroc, où elle serait morte. Les autorités marocaines avaient toujours dit jusque là qu’elle était partie rejoindre sa famille en Mauritanie en 1985 ! Pourquoi ma mère a disparu alors qu’elle n’avait pas 60 ans ? Où est son cadavre ? Quelle menace représentait-elle pour le pouvoir ?
    Quand j’ai vu les images d’Abou Graib en Irak…


  • Manhasset : les marocains croisent les doigts

    Les négociations entre le Maroc et le Front Polisario auront lieu le 11 mars 2011 à un moment où la communauté internationale a exprimé son ras-le-bol de « ce conflit qui n’a que trop duré » et qui « répercute sur la croissance économique maghrébine ». Rabat, par contre, conforté dans le statu quo et le veto français, n’a jamais voulu d’un règlement du conflit du Sahara Occidental en continuant à toujours faire endosser le blocage et en voulant à tout prix imposer son « autonomie » rejetée par le peuple sahraoui.

    Sur le plan interne, les manifestations de contestation se poursuivent dans un climat de répression sans précédent dans toutes les régions du Maroc. Catherine Graciet et Eric Laurent sont descendus par l’’investigation dans la sphère des magouilles au Maroc et dévoilent les faces sombres, voire sordides de la monarchie alaouite, où on apprend notamment que Mohammed VI est désormais le premier banquier, le premier assureur, le premier entrepreneur de bâtiments de son pays. Un livre qui risque de faire des dégâts.

    Au niveau international, la campagne des prétendus mercenaires africains et sahraouis envoyés par l’Algérie au secours de Gadhafi, la vulnérabilité du contexte qui traverse le monde arabe et les mystérieuses actions terroristes visant à déstabiliser l’Algérie n’ont pas eu l’effet escompté. L’image que Rabat voulait vendre d’une diplomatie marocaine dynamique au Conseil de Sécurité qui a donné au Maroc un crédit et une stature auprès de la communauté internationale grâce à l’initiative marocaine pour la Syrie a été écrasée au Conseil de Sécurité par le veto sino-russe. 
    Au niveau régional, en ces temps de crise et de pragmatisme, le Maroc n’a rien à offrir à ses voisins qui ne cessent de crier leurs besoins. Ce qui n’est pas le cas de l’Algérie qui en plus d’avoir effacé certaines dettes, son aide financière est importante pour les pays du Sahel qui affrontent l’exode de la population azawadienne et les menaces de famine. 
    La visite du ministre des affaires étrangères marocain à Nouakchott cache mal les turbulences qui affectent les relations entre les deux pays, culminées par l’expulsion du correspondant de la MAP, l’agence de presse officielle, en signe de protestation contre les activités subversives du Maroc visant à porter atteinte à la position de neutralité de la Mauritanie vis-à-vis du Conflit du Sahara Occidental. 
    Les multiples contacts et initiatives n’ont pas abouti à la réouverture des frontières entre le Maroc et l’Algérie, cette question étant le versant visible du dossier litigieux du Sahara Occidental et de la coopération sécuritaire différemment interprétée. Pour l’Algérie, elle ne peut être dissociée d’une longue suite de litiges qui s’y sont greffés. L’Algérie voulant un règlement global des passifs de la région, le Maroc insistant pour un début concret avec la réouverture des frontières qui a mis en panne sèche ses investissements frontaliers. Toute l’agitation sur la réactivation de l’UMA n’a eu comme résultat qu’un effet d’annonce. 
    L’Algérie, puissance économique et militaire reconnue, est la clé du Maghreb grâce à l’aide qu’elle apporte dans un contexte de crise financière grave qui frappe la région suite aux configurations nées de la mondialisation. 
    Dans le but de cacher ses faiblesses, le gouvernement marocain demande à ses alliés de toujours faire des éloges aux « progrès réalisés par le Maroc grâce à la politique visionnaire du roi Mohamed VI ». Mais les tares du Maroc, cet allié sûr et inconditionnel des grandes puissances occidentales, ont été mis sur la place publique par Wikileaks. Les diplomates américains qui ne tarissent pas d’éloges au royaume lorsqu’ils sont face à des responsables du Makhzen, transmettent l’amere vérité à leur hiérarchie à Washington. 
    Ainsi, le site Wikileaks, nous apprend ce que se disent les américains de leur allié de toujours. Nous découvrons à la lecture de ces «révélations» des cadres marocains, totalement déconnectés de la réalité du monde, convaincus d’une collusion entre l’AQMI et le Front Polisario, persuadés de la volonté de l’Algérie de se doter l’arme nucléaire, craignant le programme nucléaire iranien et entassant l’essentiel de leurs troupes dans le Sahara, de peur d’une résurgence de la guerre. Le site wikileaks nous apprend que la colère gronde au sein de l’armée de sa majesté, que celle-ci, mal équipée, peut imploser à tout moment. 
    Bref, le portrait que dépeignent les diplomates US de leur grand allié au Maghreb est très peu flatteur. Il ressort des câbles rendus publics, que le Maroc et les Etats-Unis entretiennent des rapports, quelque peu, bizarres. Nous avons d’un côté une hyper puissance qui joue au grand frère, mais sans rien faire pour arranger la situation d’un royaume en déphasage totale avec la réalité, et de l’autre, un petit pays, doté d’une courte vision qui se convainc de sa prétendue puissance dans le discours «diplomatique» de ses amis américains. 
    Les «révélations» de Wikileaks nous apprennent ceci d’important, c’est qu’il ne sert à rien de s’adosser à des puissances occidentales, ces dernières n’étant pas là pour nous aider, mais juste pour gérer au mieux leurs intérêts. Car, si l’objectif des américains étaient réellement d’aider le Maroc ils lui auraient conseillé de permettre l’autodétermination du Sahara occidental et aider à la construction véritable de l’UMA.
  • La situation au Sahara occidental inquiète la communauté internationale

    L’ONU interpelle le Maroc
    L’étau se resserre de plus en plus sur le Maroc, qui continue de subir les critiques de la communauté internationale sur la question des droits de l’homme au Sahara occidental. 
    Cette fois-ci, c’est le Comité des Nations unies contre la torture (CAT) qui a appelé dans un rapport publié récemment à Genève le Maroc «à prendre des mesures urgentes et concrètes pour mettre fin à la violence et aux abus perpétrés contre les prisonniers politiques sahraouis et la population civile». Le rapport qui contient les observations du Comité des Nations unies sur le dernier rapport périodique sur le Maroc en novembre 2011, transmis au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, a recommandé au Maroc de prendre des «mesures concrètes» pour mettre fin aux actes de torture et aux violations flagrantes des droits de l’Homme commises par les forces d’occupation marocaines contre les civils sahraouis».
    Conformément à la Convention contre la torture il n’y a «aucune circonstance exceptionnelle pour justifier de telles pratiques de torture dans les territoires sahraouis occupés», a déclaré le CAT. Selon le CAT, les procédures de maintien de sécurité «devront être appliquées dans le respect du droit international et des droits de l’homme», soutient-il.
    Le Comité a exprimé sa «profonde préoccupation» devant les circonstances de l’évacuation du camp de protestation de Gdaïm Izik, où plusieurs personnes ont trouvé la mort, arrêtées ou portées disparues, sans qu’aucune enquête sérieuse soit faite pour faire la lumière sur ces faits et identifier les responsables.
    Jusqu’à aujourd’hui encore, 23 Sahraouis arrêtés lors du démantèlement du camp sont détenus dans la prison de Salé près de Rabat, où ils risquent la peine capital, au vu des chefs d’inculpation retenus contre eux par un tribunal militaire de la même ville.
    Un premier procès a été reporté sans raison, au mois de janvier dernier. Plusieurs ONG ont dénoncé la passage de ces détenus dans un tribunal militaire.
    Y. M.
    Le Jeune Indépendant, 7/3/2012
  • Mohamed VI honore les tortionnaires de Mehdi Ben Barka

    Par Hakim Merabet 
    La publication de la liste nominative des heureux élus de sa majesté le roi Mohamed VI pour le très convoité agrément de transport « la grime », permis aux marocains de découvrir de(mauvaises) surprises. En effet de sulfureux personnages ou leur héritiers, connus pour leurs passés tortionnaires au sein des services marocains sous Hassan II, ont eu la main heureuse en décrochant le précieux sésame.
    Ainsi en plus de Miloud Tounzi et Abdelkader Saka, deux sinistres personnages ayant participé à l’enlèvement de Mehdi Ben Barka en 1965, la liste des « grimistes » révèle deux autres noms de tortionnaires très connus, selon le journal demainonline.
    Il s’agit de Mohamed Achaachi, le chef du département  » contre subversion  » du Cab1, la police politique de triste mémoire qui a été avant l’apparition de sa digne héritière, la DST, un haut lieu de la torture durant les pires années de plomb.
    Tel père, tel fils
    Mohamed Achaachi, décédé en 2003 (c’est pour cela que son nom apparaît sous la référence « Les Héritiers de feu Mohamed Achaachi « ), se trouvait à Paris le jour de l’enlèvement et postérieur assassinat de Mehdi Ben Barka. Pour services rendus à la tyrannie, Achaachi a obtenu un agrément de transport entre Rabat et Demnate, souligne la même source.
    Mais c’est le nom de Abdelhaq Achaachi, frère du précédent et également membre du Cab1 qui soulévent plus de questions. Ce Achaachi est toujours vivant et il est réclamé depuis 2007 par le juge français Patrick Ramaël qui a lancé contre lui un mandat d’arrêt international que le président français Nicolas Sarkozy a stoppé l’exécution pour des raison obscures en 2009.
    Le mandat d’arrêt international, qui concerne, outre Achaachi, les généraux Abdelhak Kadiri et Hosni Benslimane, ainsi qu’un autre  » grimiste  » Miloud Tounzi, alias Larbi Chtouki, est toujours là, mais il est  » suspendu « . Or, Abdelhaq Achaachi, est bénéficiaire depuis 2011 de pas moins de 4 agréments de transports, y est–il précisé.
    Conclusion de notre confrère marocain : « Que Hassan II ait récompensé ses hommes de main pour la sale besogne accomplie en 1965, c’est compréhensible, mais que Mohamed VI le fasse en 2011 l’est beaucoup moins ».
    Comme quoi, tel père tel fils !
    Algérie-Plus, 06/03/2012
  • Pambazuka News, édition spécial élection au Sénégal (II) : Les responsabilités de la gauche

    Le journal électronique qui fait autorité est une plateforme de la justice sociale en Afrique.
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    Pambazuka news (Ed. française) ISSN 1753-6847
    CONTENU: 1. Chroniques, 2. Plaidoyers & campagnes, 3. Courrier
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    Sommaire de cette édition
    Le 26 février, les Sénégalais sont allés voter pour contraindre Abdoulaye Wade à un second tour pour lequel il affrontera Macky Sall le 25 mars. L’expérience démocratique sénégalaise fait ainsi face à un nouveau tournant décisif. Un moment de rupture dont Pambazuka News va aider ses lecteurs à saisir les enjeux. A partir d’aujourd’hui, une édition française consacrée aux enjeux de cette élection vous parviendra les mardis et les jeudis, en plus du bulletin traditionnel du lundi, avec des informations factuelles, des analyses, des interviews d’acteurs porteurs d’idées de changement.
    CHRONIQUES
    Urgences et responsabilités histoires de la gauche sénégalaise
    Un premier tour entre enseignements et prévisions
    Trois scénarios avant que Wade ne dégage i
    Parler moins et agir pour un Sénégal en marche dans une Afrique debout
    PLAIDOYERS & CAMPAGNE
    L’opposition des Assises nationales aux côtés de Macky Sall
    COURRIER
    Le Sénégal insulté
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    1 Chroniques
    URGENCES ET RESPONSABILITÉS HISTORIQUES DE LA GAUCHE SÉNÉGALAISE
    Mamadou Ndoye
    La gauche sénégalaise s’est engagée avec Macky Sall dans le second tour de la présidentielle, mue par cette logique qui est de faire «dégager» Abdoulaye Wade. Mais si l’impératif de changement reste fort, la réflexion reste aussi impérieuse sur les ruptures que cette gauche doit porter pour inscrire un éventuel nouveau régime dans une nouvelle ère de gouvernance démocratique.
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    UN PREMIER TOUR ENTRE ENSEIGNEMENTS ET PRÉVISIONS
    Mamadou Ly
    Les résultats électoraux dans leur globalité constituent une importante base de mesure afin d’identifier et d’interroger les comportements des électeurs, ainsi que les motivations qui les sous-tendent. En repérant les espaces géographiques qui contiennent et structurent le comportement électoral, l’étude des résultats électoraux au Sénégal s’articule autour d’une combinaison de réflexions théoriques, culturelles, historiques, politiques et spatiales. cartographie_senegal.pdf ( http://www.pambazuka.org/images/articles/227fr/cartographie_senegal.pdf )
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    TROIS SCÉNARIOS AVANT QUE WADE NE DÉGAGE !
    Contraint à aller au second tour, Abdoulaye Wade se trouve devant une situation où les forces de changement ont une mission «historique» à accomplir. L’unité qui tend vers cet aboutissement s’impose avant tout.
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    PARLER MOINS ET AGIR PLUS POUR UN SÉNÉGAL EN MARCHE DANS UNE AFRIQUE DEBOUT
    Sékou Diabaté
    « Wade dégage ! » ne saurait être un programme en soit ! il ne devrait pas constituer une sorte de « cache sexe » devant le manque criant d’un frémissement programmatique et surtout d’engagements aux côtés du peuple au sujet de ses doléances et revendications, y compris de la diaspora.
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    2 Plaidoyers & campagnes
    L’OPPOSITION DES ASSISES NATIONALE AUX CÔTÉS DE MACKY SALL
    Le cadre est fixé, dans lequel l’opposition sénégalaise va apporter son soutien à Macky Sall pour le second tour de la présidentielle. Il s’agit de la Charte de gouvernance démocratique signée par les partis politiques et la société civile à l’issue des Assistes nationales.
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    3 Courrier
    LE SÉNÉGAL INSULTÉ
    Christophe Aubrun
    Le Sénégal insulté Il s’est produit, le 26 février dernier, un évènement si choquant, et en même temps si douloureux pour les amoureux de la démocratie qu’il est de mon devoir de citoyen de le dénoncer.
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  • Occident-Russie: fraîcheur dans les relations

    par Kharroubi Habib
    L’élection présidentielle que vient de remporter Vladimir Poutine en Russie a été, semble-t-il, émaillée d’irrégularités selon l’opposition russe dont les accusations ont été cautionnées par des observateurs étrangers ayant pris part à l’opération de contrôle du scrutin. Bien entendu, l’opposition russe dénonce la validité des résultats de cette élection présidentielle. Faut-il pour autant en conclure que Poutine n’a gagné que parce que ses partisans ont fraudé ? C’est aller trop vite en besogne et oublier que tous les sondages effectués en Russie autour de cette élection présidentielle ont annoncé la victoire inéluctable du candidat Poutine. 
    Il est vrai qu’après le mouvement de protestation citoyenne initié en Russie contre la fraude ayant entaché les élections législatives, la cote de popularité de Vladimir Poutine s’est sérieusement tassée. Pas au point cependant de donner corps à l’éventualité de sa défaite à l’élection présidentielle. Ce que d’ailleurs l’opposition ne s’est pas aventurée à prédire. Poutine n’avait pas besoin de frauder les urnes pour gagner. Présenter sa victoire comme résultat d’une fraude généralisée est l’argument réducteur sur lequel s’appuie l’opposition russe pour ne pas s’expliquer sur les autres raisons qui ont été la cause de sa déconfiture face à Poutine. 
    En Occident, Poutine n’a pas bonne presse. Pas seulement pour son penchant autocratique. On le présente comme un nostalgique de l’ex-URSS. Une nostalgie qui lui aurait fait opter pour des relations avec l’Occident qui, selon certains «experts» de ce camp, fleurent le temps de «la guerre froide». Ce retour à un passé décrié que lui imputent ces «experts», en est-il vraiment seul responsable ? Depuis la chute du mur de Berlin et l’effondrement du camp de l’Est, l’arrogance occidentale à l’égard de la Russie à qui toute ambition d’être considérée comme grande puissance a été déniée, s’est manifestée de façon humiliante pour le nationalisme russe. Poutine a construit sa popularité en flattant le patriotisme de la Russie profonde. Et cela en s’opposant à toutes les initiatives occidentales convergeant vers l’isolement de la Russie. 
    Le retour à la «guerre froide» dans les rapports russo-occidentaux est le fait de l’Amérique et de l’Europe au travers d’une politique de «containment» de l’Etat russe. Un simple regard sur la mappemonde le confirme au vu des implantations de forces militaires occidentales dans des zones qui étaient autrefois sous contrôle de l’ex-URSS et que la Russie continue à considérer comme appartenant à son aire d’influence. Ce n’est pas pour ses penchants autocratiques que Vladimir Poutine n’est pas en bonne odeur en Occident. Cependant l’inénarrable Boris Eltsine en a été pourvu à un degré plus haut, qui lui a été toléré parce qu’il ne s’est pas avisé de faire une politique étrangère visant à réhabiliter la Russie dans son rang de grande puissance au poids devant compter dans les affaires internationales. 
    Le parti pris occidental contre Vladimir Poutine trouve son origine pour l’essentiel dans le fait qu’à l’occasion de crises internationales cruciales, le nouveau président russe a démarqué son pays des démarches occidentales et fait ainsi constater que les années d’arrogance envers la Russie sont terminées et qu’il faut par conséquent compter avec elle. Face à cette réalité, les Occidentaux s’accrochent à l’espoir d’un mouvement de contestation anti-Poutine en Russie s’inspirant des révoltes du «Printemps arabe», quitte à donner le coup de pouce qu’il faut à ses initiateurs. Pas sûr cependant que le citoyen russe simple se laisse embarquer dans l’aventure. 
  • Qui est le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) ?

    Le Mouvement Unicité et Jihad en Afrique de l’Ouest (Mujao) dont l’attaque terroriste a ciblé le siège du groupement de la Gendarmerie nationale, situé en plein centre-ville de Tamanrasset, est une nouvelle organisation terroriste dirigée par des Maliens et des Mauritaniens et affiliée à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Ce groupe, dont la création remonte à 2011, signe sa seconde action terroriste, la première ayant consisté en le kidnapping, en octobre 2011, de trois ressortissants européens dans un camp de réfugiés sahraouis, revendiqué publiquement, le 12 décembre 2011, par le biais d’une vidéo. 
    Le groupe terroriste vient de réclamer 30 millions d’euros aux autorités espagnoles et italiennes pour la libération des otages. Une seconde vidéo du groupe, publiée à la même période par un journaliste de l’AFP (les terroristes trouvent toujours écho auprès de l’agence gouvernementale française ou Al Jazeera), montrait six membres du Mujao, enturbannés, revendiquant une idéologie à l’image d’Oussama Ben Laden et prônant le «jihad» en Afrique de l’Ouest. 
    Le choix de la cible n’était pas fortuit : Tamanrasset abrite la base militaire des quatre pays dits du champ du Sahel, à savoir l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie, instituée pour coordonner la lutte contre le terrorisme et la criminalité dans la vaste région du Sahel. Certains pensent que cet attentat serait une réponse à la visite de la secrétaire d’Etat américaine, Hillary Clinton, il y a quelques jours à Alger, durant laquelle la coopération en matière de lutte contre le terrorisme était au menu des discussions avec les responsables algériens. Des sources sécuritaires indiquent qu’un premier acheminement d’armes exfiltrées de Libye serait entre les mains d’Aqmi, basée dans les régions frontalières entre l’Algérie, le Niger, le Mali et la Mauritanie, tandis qu’une seconde livraison d’armes serait parvenue jusqu’au groupe Boko Haram, un mouvement extrémiste nigérian dont les actes horribles ont défrayé la chronique ces dernières semaines. Une jonction entre ces groupes terroristes a été confirmée par l’ONU.
    Mohamed El-Ghazi 
  • Instabilité au Sahel

    par M. Khalfaoui, (ancien officier supérieur de l’ANP) 
    Situation
    Depuis les années 1980, période durant laquelle Kadhafi décida de déstabiliser le Sahel en entrainant et armant les touaregs du Mali et plus tard ceux du Niger avant de les renvoyer chez eux se battre pour une amélioration des conditions de vie pour les uns, le rejet des pouvoirs centraux avec une idée séparatiste pour les autres, les armes venant essentiellement de Libye n’ont pas cessé de circuler dans ces contrées. Aujourd’hui, suite à la chute du ‘’ Guide’’ libyen, les touareg qui luttaient au sein de ses brigades fuient vers le Niger avec armes et bagages et s’ajoutent ainsi aux anciennes inquiétudes de Niamey et Bamako. S’agissant du terrorisme et du banditisme, on peut les situer depuis l’époque des sinistres GIA. Belmokhtar, dit Laouar qui était leur pourvoyeur en armes et munitions sillonnait le désert depuis l’Azawad jusqu’au Nord algérien. Aqmi, nouvelle appellation du GSPC (groupe salafiste pour la prédication et le combat) depuis son affiliation à al Qaida en janvier 2007, s’est manifestée au Sahel dès sa création par des actes de terrorisme et de grand banditisme ciblant des casernes militaires et les étrangers en particulier exigeant des rançons pour leur libération. A cela s’ajoutent les filières de trafics transfrontaliers en tous genres.
    Evolution de la menace
    Preuve de vie diffusée le 30 septembre 2010, représentant les sept otages enlevés au Niger quelques jours plus tôt. / AFP
    L’instabilité au Sahel pose de sérieuses appréhensions qui semblent récurrentes en ce qui concerne la question touareg. En effet, depuis 1963, date de la première fronde de ces populations au Nord-Mali, brutalement réprimées, leurs manifestations pacifiques restèrent étouffées jusqu’en 1990, lorsque Iyad Ag Ghali, chef du Mouvement populaire pour la libération de l’Azawad (MPLA) au Mali, déclencha la rébellion armée, en menant des attaques sur Menaka et Tidermène. Un mois après, le Front de libération de l’Aïr et de l’azawak (FLAA) de Ghissa Ag Boula frappait à Tchin-Tabaradène au Niger. La suite est connue. A la même année et sur initiative de l’Algérie, les chefs d’Etats Malien, Nigérien, Algérien, et le colonel Kadhafi, se réunirent à Djanet pour examiner les revendications de cette population qui rejeta, en 1958, la proposition coloniale de création d’un Etat saharien. Depuis, et malgré les entraves et les interférences de cetaines puissances, régionale et extrarégionale, l’Algérie ne s’est plus départie de son rôle de médiateur entre les mouvements Azawad1 et les pouvoirs centraux de Bamako et de Niamey, honorant ainsi ses responsabilités régionales. En effet, dés les années 1990, des dispositions urgentes d’intégration ont été mises en application, en commun accord des parties au conflit, et un plan de développement de l’Azawad, soutenu par le PNUD et d’autres bailleurs de fond, était en voie de réalisation. Mais, la question touareg semble ressurgir régulièrement avec d’autres mouvements armés2 pour d’autres revendications ou, tout simplement pour rejeter les accords de paix. Au même moment, l’Algérie se trouvait engagée dans une lutte armée, sans relâche, également. Les services de sécurité ont eu à combattre le MIA, l’AIS, les GIA, le GSPC et depuis 2007, Al qaïda du Maghreb islamique(Aqmi). En Mauritanie, la situation n’est pas bien meilleure. Depuis l’apparition de Aqmi, l’armée est engagée dans la traque de ces terroristes agissant sur son territoire. 
    En plus de la gestion des nouveaux mouvements armés qui nécessitent la mobilisation de forces de sécurité, et malgré la nouvelle situation en Libye, le Mali et le Niger sont confrontés à un double effort, celui du développement du Nord en particulier et celui d’une lutte contre les groupes armés de Aqmi qui opèrent dans la région. Si le traitement de la question Azawad favorise le dialogue parce que les revendications de survie ont le mérite de la clarté, le mouvement terroriste Aqmi impose la confrontation par les armes. Situation autrement plus exigeante pour nos voisins du sud et serait plus ‘’complexe’’ si les groupes terroristes trouveraient des dispositions favorables chez certains touareg. 
    Concertation des pays du champ
    A la lecture de la liste des pays participants à cette concertation : Algérie, Niger, Mali et Mauritanie dits « pays du champ », tenue les 7 et 8 septembre 2011, et qui n’est pas la première du genre, on est frappé par l’absence de la Tunisie, la Libye et le Maroc. Ne sont-ils pas concernés par les menaces qui se profilent au Maghreb ? ne sont-ils pas sensibles aux menaces qui pèsent sur la région ? ou espèrent-ils tirer les dividendes ? Certes, les pays du champ sont aussi les pays touchés par la décision de création de l’O.C.R.S.3décision qui, d’ailleurs concernait, d’une manière ou d’une autre, la Libye dans son Extrême-sud et peut faire donc de cette puissance régionale, désormais, un allié objectif. 
    Une réunion pareille, excluant ces mêmes pays, s’est tenue à Alger en 1993. On l’appela « Réunion des ministres des affaires étrangères des pays sahélo-sahariens » et de laquelle notre pays n’a tiré aucun bénéfice, au contraire l’inimitié des pays voisins fut dangereusement exprimée à l’époque par Kadhafi et le Roi Hassan II. Dans toutes les stratégies de luttes, chacun des protagonistes cherche à regrouper autour de sa cause le plus de soutiens possibles sinon le plus de sympathisants en vue d’isoler l’adversaire. Les pays du champ semblent opter pour l’exclusivité des réponses aux menaces apparentes. 
    Les soutiens traditionnels et objectifs de l’Algérie dans la région, Mali et Niger, classés parmi les pays les plus pauvres au monde et engagés dans le difficile développement du Nord conformément aux différents plans de paix, seront-ils en mesure de coopérer intensément à la sécurité de nos frontières communes ? A l’ouest et à l’est, la politique de bon voisinage semble avoir déserté la zone, respectivement depuis « la guerre des sables » en 1963 et l’avènement d’un certain Kadhafi en 1969. 
    Par contre, chez nos voisins, l’évolution se présente autrement, plus favorable. En effet, si la rébellion libyenne se trouve dans le collimateur de certains pouvoirs, sa protection par le peuple et son soutien par l’UE (Union européenne) sont fortement dissuasifs. Ses richesses et son saut dans le 3ème millénaire permettent l’optimisme, malgré les frictions entre certaines tendances politiques et religieuses, débats inhérents à toute révolution. Quant au Maroc, le Conseil de coopération des monarchies du Golfe vient de lui ouvrir grand les portes et attend de lui l’identification des domaines d’aides qu’il souhaite, sans restriction. Les USA, par la voix de son secrétaire d’Etat H. Clinton qui déclare « La question du Sahara Occidental trouve sa solution au sein du Maroc », rassure la monarchie dans sa politique d’occupation. 
    Aujourd’hui, Aqmi a ses refuges au Mali et en Algérie. Demain, et bien que les hauts responsables de l’OTAN rejettent cette éventualité, elle pourrait s’installer en Libye. Et si Aqmi est capable de déstabiliser l’Algérie, le Maroc pourrait être tenté de soutenir ses arrières. Hassan II disait « à chacun son Polisario ». L’histoire peut se répéter. 
    Les déclarations des ministres des affaires étrangères du Mali et du Niger, assorties de réserves, ainsi que celle du représentant de l’UE à l’issue de cette réunion, donnent une lecture d’une concertation inachevée : «Le Niger propose de rendre la présence sur le terrain du comité d’état-major opérationnel des armées des pays du champ plus effective et plus visible.» en termes plus simples : on ne voit rien sur le terrain. Le Mali qui abonde dans le même sens que notre pays, ne manque pas de prévenir sur les éventuelles failles: « La responsabilité de maintenir la sécurité est d’abord fondamentalement du ressort des pays voisins, mais en sollicitant l’aide des partenaires sur le plan du renseignement, de l’observation, de la formation.» Les appréhensions des deux pays sont claires et rappellent le principe de feu A. Boussouf « Minimum de confiance pour un maximum de sécurité ». Le sous-entendu est assourdissant, elles méritent beaucoup d’attention. Trouveront-ils un apaisement dans l’intervention du représentant de l’UE, manuel Lopez Blanco, qui déclare « la concertation régionale doit se consolider et même s’élargir. La sécurité et le développement au Sahel sont une priorité et un enjeu d’intérêt commun pour les pays de la région et pour l’UE qui s’est dotée d’une stratégie intégrée et régionale pour aider ces pays à faire face à l’insécurité et aux défis du développement ». Déclaration qui ne souffre d’aucune ambigüité et qui, à son tour, pourrait espérer l’adhésion de nos voisins. 
    Le schéma de la situation tragique en Afghanistan prend des contours de plus en plus précis au Sahel et, quitte à se répéter, le seul allié déterminant et objectif pour l’Algérie sur cette question est sans conteste la Libye débarrassée du Guide. Une réunion internationale sur le terrorisme est prévue au mois de mars 2012,dans un des pays du champ du Sahel. Les attitudes et les mentalités orthodoxes devraient, elles aussi, se conformer aux exigences de sécurité. 
    Comment ce GSPC, au moment où les services de sécurité algériens lui assenaient le coup de grâce, se transforme-t-il subitement en branche d’Al Qaïda ? Pourquoi Aqmi a-t-elle choisi la Kabylie pour ses refuges en Algérie ? Pourquoi la région Azawad au Mali ? Que retient-on d’une certaine Qaïda sinon un Irak occupé par les anglo-saxons, un Afghanistan déchiré, un Pakistan dont la souveraineté est souvent bafouée par l’armée US… Selon quel agenda fonctionne Aqmi ? Que retiendra t-on d’Aqmi ? L’OTAN serait-elle devenue le bras armé de l’ONU ? Comment expliquer la présence de plus en plus nombreuse des armées étrangères sur les terres arabes ? Aujourd’hui elles s’invitent au Sahel. 
    Cette situation de tension permanente piège la société en la maintenant en l’état et décourage les meilleurs volontés à l’investissement. A cela s’ajoutent les ravages de la corruption, qui devraient inciter le pouvoir à s’élever au dessus des considérations égoïstes pour poser un regard serein sur l’état de la Nation en ces temps de bouleversement. Le monde bipolaire n’existe plus et le Mouvement des pays non alignés a perdu son sens et son effet, pour ceux qui n’ont pas encore reçu l’information. La Ligue arabe s’est neutralisée. Les armes, à elles seules, n’emportent pas la décision. Le Soudan est divisé en deux, l’URSS malgré son armée rouge et son KGB a implosé. 
    Le Grand Sud ne brûlera pas

    Tout, autour de nous, change. Notre pays gagnerait à quitter ce carcan qu’impose un système ankylosé, au profit d’un renforcement du front intérieur et d’une nouvelle approche avec tous nos voisins sans exclusion conformément au principe du « Maghreb des peuples » cher à notre Révolution. 
    Si les conditions économiques de l’Azawad exacerbent l’irrédentisme touareg, l’Algérie dont le soutien aux efforts de stabilisation de nos voisins du sud est à saluer, ne peut perdre de vue la nécessité de l’implication des populations de cette région dans les exigences du développement. Enfin, la traque des terroristes de Aqmi auxquels s’ajoutent aujourd’hui, des éléments armés ayant fuit la Libye ou ayant opéré un repli tactique est une question de devenir de la Nation. Sur le plan tactique, la neutralisation de ces derniers, action urgente dans le cadre de la dynamique de changement que vit la région, peut trouver une réponse naturelle chez le nouveau pouvoir libyen. 
    Notre diplomatie devrait retrouver son envergure d’arme stratégique, persuasive voire dissuasive, dans ce nouvel ordre mondial et dans l’adaptation au présent des pouvoirs arabes car le spectre afghan et celui du Soudan réduit dans ses dimensions, rodent au Sahel. L’action militaire est sans doute nécessaire, et si on accepte de réfléchir autrement, d’autres mesures d’accompagnement ou une thérapie parallèle, plus efficaces, doivent être mises en œuvre dans le contexte du Monde arabe, celui que les révolutions sont en train de façonner. Car un déploiement pareil serait ullusoire, naïf dans un monde arabe paralysé qu’on continue à inhiber conformément au 3émeprincipe4 d’occupation proposé par N. Machiavel, et en lui interdisant toute forme d’émancipation suscpetible de réévaluer ses intérêts régionaux sous une autre norme, une norme plus juste. L’un des plus grands génies que l’humanité a enfanté, Albert Einstein, affirme : »Si nous ne changeons pas notre façon de penser, nous ne serons pas capables de résoudre les problèmes que nous créons avec nos modes actuels de pensée ».
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    1 – Azawad désigne le Nord du Mali. Pour une simplification de l’écriture et une facilité de lecture, dans le texte le terme remplace : Nord-Mali et Nord-Niger 
    2 – Deux nouveaux mouvements sont apparus en 2007. Le Mouvement national pour la justice MNJ au Niger et le « Groupe du 23 mai » au Mali. 
    3 – O.C.R.S. organisation commune des régions sahariennes. Conformément à la loi n° 57-27 du 10 janvier 1957, cet espace devient français… Cette ambition coloniale se heurta aux pouvoirs malien, nigérien et à la révolution algérienne. Les accords d’Evian, en 1962, consacrent l’indépendance de l’Algérie, principal ancrage de l’OCRS, et enterrent ainsi ce projet. 
    4 – « Lorsque les pays que l’on acquiert sont accoutumés à vivre avec leurs lois et en liberté, il y a trois manières de les tenir : […] ; la troisième, les laisser vivre sous leurs lois en en tirant un revenu et en y créant un pouvoir restreint qui vous en garde l’amitié. En effet, ce pouvoir étant créé par ce prince il sait qu’il ne peut exister sans son amitié et sa puissance et doit tout faire pour le maintenir » N. Machiavel. Le prince
    Source: La Nation, 4/3/2012