Mois : mars 2012

  • L’échec de la politique méditerranéenne de l’UE

    par Stefan Brocza*
    Dans les pays voisins de l’Europe méridionale, au sud de la mer Méditerranée, ont eu lieu en 2011 des bouleversements historiques et l’Union européenne a réagi comme elle l’a toujours fait: de façon réservée, attentiste, pour, après une brève période d’inaction due au choc, retomber dans des modèles traditionnels. On a parlé tout de suite de «différenciation», de «conditionnalité», de «nouvelle qualité des relations» qui ont été ensuite qualifiées pompeusement de «partenariat pour la démocratie et la prospérité communes», tout en sachant que même les visions les plus prometteuses de ces vingt dernières années – y compris l’«Union pour la Méditerranée» – ont produit plus de vent que de résultats tangibles, voire de changements. L’UE semble – du moins en ce qui concerne l’avenir souvent évoqué de la «mare nostrum» – y avoir perdu son latin. Les instruments traditionnels de la coopération, qui ont été utilisés ailleurs dans un but tout à fait précis, ne produisent aucun effet.
    Comment tout a débuté: rétrospective décevante
    Le «Partenariat euro-méditerranéen» qui fut fondé en 1995, était le début d’un processus d’approche régionale commune d’un espace qui auparavant avait été marqué par des relations strictement bilatérales. En 1957 déjà, lors de la fondation de la Communauté européenne, la France avait réussi à faire bénéficier ses protectorats d’alors, le Maroc et la Tunisie, de relations privilégiées dans le cadre d’un Protocole additionnel aux Traités de Rome. L’Algérie, qui à cette époque était encore un département français ­d’outre-mer, faisait même partie du champ d’application desdits Traités. Les années 1960 et 1970 furent marquées par la signature de nombreux accords bilatéraux entre la Communauté européenne et les divers Etats tiers de la Méditerranée (ETM). Pour des raisons de politique à court terme, on concédait, la plupart du temps, des avantages spéciaux à certains de ces pays. Cela provoquait régulièrement des critiques de la part des pays désavantagés et nécessitait de nouveaux accords. Il en résulta un nombre déconcertant d’accords: les accords d’association avec la Grèce (1962) et la Turquie (1963) furent suivis, dans les années 1970, de deux autres avec Malte et Chypre. La particularité de ces accords était la perspective offerte d’être admis comme membre de l’UE. Avec d’autres pays tiers méditerranéens, on négocia des accords bilatéraux différents, de moindre portée et n’offrant pas la perspective de l’adhésion. En 1969, la Tunisie et le Maroc obtinrent de nouveau des accords d’association partiels. L’Espagne et Israël en revanche n’obtinrent – bien qu’ils eussent explicitement demandé une association – que des accords commerciaux préférentiels. Des accords semblables, de moindre importance, furent signés avec l’Egypte, la Jordanie, la Syrie et le Liban. Dans le domaine contractuel, les relations avec l’Algérie restèrent imprécises. On créa ainsi un ensemble rafistolé d’accords politiques unique en son genre auquel il manquait un concept clairement identifiable.1
    Au début des années 1970, l’UE décida de ne plus se borner à définir ses relations extérieures futures par des accords commerciaux, de coopération et d’association motivés par l’économie. Dès ce moment-là, il convint aussi de tenir compte d’une «politique extérieure commune guidée par des intérêts politiques». Par la suite naquit, en 1972, le concept de «politique méditerranéenne globale» dont l’objectif était l’uniformisation des structures bilatérales. La politique méditerranéenne globale, en interaction avec la Convention de Lomé qui venait d’être créée (elle règle la collaboration avec les anciennes colonies d’Afrique, des Caraïbes et du Pacifique), devait jouer un rôle central dans la politique extérieure future de l’UE. Mais elle ne fut jamais traduite dans les faits comme prévu. Au lieu de cela, l’UE continua – sans concept global – à conclure de nouveaux accords de coopération avec les ETM. La marginalisation des ETM restants fut accentuée par l’élargissement de l’UE au Sud dans les années 1980 (la Grèce en 1981, l’Espagne et le Portugal en 1981).2
    Ce n’est qu’à la fin des années 1980 que la Commission européenne se vit appelée à formuler une politique méditerranéenne «étendue». Au centre des réflexions se trouvait le projet d’un «partenariat» et d’une «coopération sur un pied d’égalité». Puis au début des années 1990, l’idée d’un «partenariat Europe–Méditerranée» (PEM) fit son chemin – aussi et en particulier eu égard aux questions de sécurité dans l’espace méditerranéen. Cette évolution fut favorisée par des signes positifs dans le conflit moyen-oriental: le processus de paix fut inauguré en 1991 à Madrid et en 1993 furent conclus les accords d’Oslo. Plusieurs initiatives exigèrent donc avec insistance de nouveaux rapports avec les pays de l’espace méditerranéen. Toutes ces discussions débouchèrent finalement en 1994 sur une «Déclaration sur l’importance de l’espace méditerranéen pour l’UE» lors du Sommet des chefs d’Etat et de gouvernement d’Essen.3
    Le processus de Barcelone: la grande déception
    En 1995 encore, le PEM mentionnait dans son acte fondateur, la «Déclaration de Barcelone», les buts ambitieux suivants:
    • création d’un espace de paix et de stabilité, 
    • installation d’une zone de prospérité collective, 
    • promotion de la compréhension mutuelle entre les peuples de la région. 
    Ces objectifs devaient être atteints grâce à des partenariats dans les domaines suivants: politique et sécurité, économie et finances, relations sociales, culturelles et humaines. Mais avant tout grâce à des accords d’association bilatéraux entre l’UE et chacun des ETM individuellement. La composante régionale devait s’appuyer sur un système multilatéral de conférences et la réalisation de nombreux projets de coopération régionale. Par ailleurs, l’élément central des accords d’association était la création d’une zone de libre-échange entre les ETM et l’UE avant la fin de 2010. Depuis 1995, l’UE a effectivement signé ou mis en vigueur des accords avec la plupart des membres fondateurs des ETM.4 La Syrie constitue une exception, dont l’accord, paraphé en 2004, est gelé depuis lors. En 1999, la Libye est devenue observateur des ETM. Mais les discussions qui ont eu lieu jusqu’il y a peu et concernant l’ouverture de négociations sur un accord bilatéral, ont été menées en-dehors du Processus de Barcelone. Depuis 2004, la Turquie est officiellement candidate à l’adhésion à l’UE. Malte et Chypre ont adhéré la même année à l’UE. De plus, deux nouveaux pays, la Mauritanie et l’Albanie, ont été admis en 2007 parmi les ETM, deux pays qui, à vrai dire, s’inscrivent dans un tout autre cadre d’initiatives politiques en relation avec l’UE.5
    On souligne toujours que le PEM est le seul forum (à l’exception des Nations Unies) au sein duquel les parties en conflit au Proche-Orient se réunissent régulièrement autour d’une table et discutent au moins dans ce cadre de questions de sécurité. Ce serait déjà un résultat remarquable, mais ce «partenariat» brille par son manque de confiance et de «sentiment d’appartenance» de la part des membres méridionaux. Depuis la création du PEM, on n’a guère enregistré de progrès concrets dans la coopération en matière de sécurité: ainsi, en 2000 déjà, le projet d’une «Charte euro-méditerranéenne pour la paix et la sécurité» a lamentablement échoué. 6
    Un autre point primordial des critiques souvent formulées envers le PEM sont les «asymétries structurelles» entre l’UE et les pays partenaires du PEM. Cela signifie que d’un côté l’UE (en tant que totalité des Etats membres, quasiment en tant que bloc homogène) fait face aux pays riverains de la Méditerranée, c’est-à-dire à l’autre constituant de ce Partenariat. Ceux-ci représentent toujours un groupement affaibli qui ne réussit guère à s’organiser. En l’absence d’organisation intergouvernementale qui rendrait reconnaissable l’espace méditerranéen non membre de l’UE, les ETM ne peuvent cependant pas entamer un dialogue «interrégional» fécond avec l’UE. De plus, divers conflits dominent les relations entre les divers ETM, notamment à cause du conflit moyen-oriental, toujours non résolu, face auquel certains pays arabes prennent aussi des positions divergentes.7 Le conflit moyen-oriental «influence la constellation d’acteurs parce que les partenaires arabes se trouvent rarement ensemble face à l’UE; la plupart du temps, ils sont isolés tant qu’Etats nations.8 Les structures institutionnelles du PEM font apparaître d’autres asymétries: il ne dispose par exemple pas d’un secrétariat à lui. En l’absence d’unité de coordination propre aux ETM, la Commission européenne est par conséquent chargée d’une fonction fondamentale, primordiale dans la préparation et le suivi des réunions. Dans le cadre du PEM, un groupe relativement homogène de membres de l’UE fait face à un groupe extrêmement hétérogène d’ETM. Vues de manière politiquement réaliste, les relations partenariales visées restent donc fragmentaires.9
    L’argument qu’on ne cesse d’avancer, selon lequel le PEM ne serait que l’application d’un projet utilisé ailleurs avec succès (OSCE – Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe), n’est malheureusement qu’en partie juste. L’idée d’utiliser un concept qui a déjà fait ses preuves témoigne toutefois d’une volonté politique. Malheureusement, le sens des réalités politiques passe ici à la trappe. Les problèmes de l’espace méditerranéen apparaissent trop divers et complexes, les asymétries déjà évoquées ont des répercussions trop fortes et le sentiment d’appartenance commune des ETM a de trop faibles effets. 
    Pour parler de façon scientifique, disons qu’ici apparaissent les «limites du modèle fonctionnel qui ont pour conséquence que l’ownership, c’est-à-dire la participation intéressée des ETM, est trop faible ou manque en grande partie et que l’hégémonique UE n’a pas les moyens d’agir dorénavant de façon conséquente et créative. Ainsi, on en reste, à quelques détails près, à des relations bilatérales asymétriques.10
    La politique européenne de voisinage (PEV)
    Depuis 2004, l’Union européenne construit ses relations au voisinage immédiat dans le cadre de la «politique de voisinage européenne (PVE)» nouvellement conçue. Primitivement, on n’avait envisagé qu’un cadre de relations unifié pour les nouveaux Etats de l’UE, arrivés du fait de l’élargissement à l’Est. Les ETM ne furent intégrés dans le concept PEV que plus tard, à la demande insistante de la France, de l’Espagne et de l’Italie. Les réflexions en vue d’un équilibre entre la politique orientale et méridionale furent décisives. Les «plans d’actions» sont l’instrument central de la PEV qui doit servir à l’approfondissement des relations bilatérales de chacun des Etats de la PEV. On estime que c’est un avantage que leur contenu soit établi de façon commune entre l’UE et les Etats PEV. Ainsi, à l’avenir, les programmes de réformes pourront être mieux adaptés à chacun de ces Etats.11 En clair: La PEV est beaucoup mieux centrée sur les résultats que le PEM.12
    Toutefois, dès le premier bilan intermédiaire, au bout de 18 mois de mise en œuvre, il a fallu se rendre à l’évidence:
    • Les premiers résultats étaient plutôt «modérés» malgré d’importantes différences entre les pays;
    • Les PEV n’ont pu supprimer les principaux facteurs de freinage du processus de Barcelone (particulièrement la libéralisation du commerce agricole et des services, qui traîne), la réduction insuffisante des obstacles non tarifaires au commerce, l’insuffisance du soutien financier et la complexité générale des accords d’association);
    • Les efforts régionaux en vue d’un développement des relations de l’UE avec ses partenaires méditerranéens ont été freinés par le nouveau principe de «bilatéralisme différencié».13
    Lors de la création de la PEV, le président de la Commission européenne, Romano Prodi, avait alors promis aux nouveaux voisins qu’un rapprochement avec l’UE concernerait tous les domaines politiques, donc beaucoup plus que la zone de libre-échange proposée. Cette promesse fut certainement déterminante pour l’adhésion de nombreux pays, mais ils constatèrent que 10 ans de processus PEM étaient restés sans succès apparent. Les processus de transformation ne peuvent espérer un succès que dans la mesure où les élites gouvernantes peuvent en espérer des avantages. Cette «carotte» manque toutefois également à la PEV. Alors que les différents plans d’actions contiennent des repères concrets pour le développement économique, il ne se trouve rien de semblable pour des réformes de politique intérieure. L’UE s’en tient donc toujours à la tradition: une libéralisation économique comme locomotive, avec l’espoir de répercussions au niveau politique.14
    La deuxième critique importante adressée à la PEV concerne son caractère bilatéral. Il contient certes l’espoir d’une dynamique du fait que chaque ETM détermine lui-même le rythme des réformes économiques et met ainsi en route un rapprochement avec l’UE. Mais en même temps on constate un renforcement de l’effet hub-and-spoke déjà existant. L’UE renforce les ETM dans leur concurrence entre eux pour arriver plus rapidement à un rapprochement, mais il y a moins d’incitation à promouvoir des processus d’intégration régionale. Il est à remarquer que les ETM mettent l’accent sur le fait que les PEV bilatérales devraient compléter les PEM multilatéraux et non pas les remplacer. L’UE a, jusqu’à présent, omis d’en tenir compte.15
    L’Union pour la Méditerranée
    L’une des idées, lors de la campagne électorale de 2007, du candidat à la présidence Nicolas Sarkozy, fut l’«Union pour la Méditerranée». La France devait, avec la Grèce, l’Italie, le Portugal, l’Espagne et Chypre, prendre l’initiative d’une organisation des Etats riverains de la Méditerranée. Cette union devait prendre exemple sur l’UE pour mettre en place des institutions communes. Cela signifiait que les initiatives en cours concernant la politique méditerranéenne (PEM et PEV) auraient perdu de leur importance au profit d’un nouveau projet régional. Après son entrée en fonctions, Sarkozy maintint son idée d’une Union méditerranéenne servant de passerelle entre l’Europe et l’Afrique. Il présenta son idée aux riverains de la Méditerranée, sans toutefois entrer dans les détails, et, semble-t-il, sans consulter la Commission européenne ni même un autre Etat de l’UE. Non seulement en Turquie, en Libye et en Algérie, mais aussi dans de nombreux Etats membres de l’UE, ce cavalier seul déplut. Même l’Espagne émit des doutes, l’Union méditerranéenne pouvait porter atteinte au Processus de Barcelone.
    Mais une critique inattendue pour la France vint d’Allemagne. La Chancelière allemande Angela Merkel fit savoir publiquement qu’un tel projet devait inclure tous les Etats membres de l’UE. Une nouvelle initiative, financée par l’UE et ne comprenant pas tous les Etats membres de l’UE, n’était tout simplement pas réalisable. Au bout d’une longue période de divergences, les pays s’entendirent finalement lors du sommet de Bruxelles du 13 mars 2008. La déclaration finale contenait deux phrases selon lesquelles le Conseil européen acceptait la création d’une Union de la Méditerranée incluant les Etats membres de l’UE et les non-membres riverains de la Méditerranée. De plus, la Commission européenne reçut mandat d’élaborer des propositions pour modifier les modalités de l’initiative transformée en «Processus de Barcelone: Union pour la Méditerranée».16
    L’Union pour la Méditerranée fut consacrée lors du sommet du 13 juillet 2008 à Paris (organisé en tant que «grand événement» inaugural de la présidence française du Conseil de l’UE). Y participèrent les 27 pays membres de l’UE, tous les pays riverains de la Méditerranée (sauf la Libye, qui ne participa pas au Sommet et ne possède que le statut d’observateur), ainsi que les deux pays voisins, la Mauritanie et la Jordanie.17 Dans une déclaration grandiloquente, tous les participants jurèrent qu’ils respecteraient la démocratie, le pluralisme, l’Etat de droit, les droits humains fondamentaux et les libertés fondamentales.
    La mise en forme concrète de l’Union pour la Méditerranée ne fut pas discutée avec les ETM. Seule l’UE la mit au point. Comme en 1995 lors du PEM, les «partenaires» n’eurent que le choix d’approuver ou de ne pas adhérer. Cependant, étant donné les efforts réels de l’UE en vue d’améliorer les possibilités de participation des ETM, ainsi que la promesse (informelle) de réduire la dimension normative dans le travail commun, les ETM approuvèrent la transformation du PEM en Union pour la Méditerranée.18
    Lors de la mise en scène, réussie au point de vue médiatique, du 13 juillet 2008 à Paris, on présenta les projets «prioritaires» suivants, qui devaient servir à s’attaquer rapidement aux problèmes urgents de la région:
    • dépollution de la Méditerranée,
    • mise en place de routes maritimes et d’autoroutes transnationales,
    • création d’une protection commune contre les catastrophes,
    • promotion d’énergies alternatives,
    • coopération en matière de recherche et d’enseignement universitaire,
    • soutien aux PME.
    La liste contenait des thèmes exigeants, invoquant l’«esprit de partenariat» tant vanté. Mais on s’est bien gardé de traiter les sujets vraiment brûlants: par exemple les conflits régionaux, qu’on n’arrivait déjà pas à régler auparavant. En plus du conflit de Chypre et de celui du Sahara occidental, que le PEM n’a pas pu (ou voulu) résoudre au cours des 13 dernières années, il y a le conflit du Moyen-Orient, dont font partie les avancées et les reculs du processus de paix, paramètres du succès ou de l’échec des relations entre l’UE et les pays méditerranéens.19 Tant qu’on ne se sera pas attaqué à ces problèmes, le reste ne sera qu’une manière de faire du neuf avec du vieux.
    Dans les premiers mois suivant sa fondation en 2008, on ne réussit pas à mettre en place les institutions essentielles de l’Union pour la Méditerranée, notamment son secrétariat. L’opération militaire israélienne «Plomb durci» à l’hiver 2008/2009 provoqua un fort blocage de l’Union pour la Méditerranée qui venait d’être créée, du fait que de nombreux pays arabes n’étaient plus d’accord d’y collaborer avec Israël. Ce n’est qu’au début de 2010 que le secrétariat put se mettre au travail. On choisit Barcelone pour siège, contrairement aux affirmations constantes concernant le «Partenariat». La réunion au sommet prévue pour 2010 fut repoussée plusieurs fois, notamment du fait de la situation au Moyen-Orient. Finalement, le secrétaire général Ahmed Masadeh présenta en janvier 2011 sa démission motivée selon lui par l’incapacité de l’Union pour la Méditerranée à réagir aux événements de Tunisie et d’Egypte. Le projet, qui avait été créé en grande pompe, n’a jamais pu se mettre au travail. Ce fut dès le début une coquille vide que personne ne put remplir.
    Partenariat pour la démocratie et la prospérité communes
    L’UE hésita à réagir, au printemps 2011, lors des événements en Afrique du Nord (particulièrement en Egypte, en Tunisie et en Libye). Toutefois, le premier choc passé, on en revint aux vieilles habitudes. Les pays de l’UE proposèrent – au vu de la «portée historique des événements» – un «Partenariat pour la démocratie et la prospérité avec le Sud de la Méditerranée».20 On invoqua le respect renforcé des droits de l’homme, le pluralisme, l’Etat de droit et la justice sociale, et on constata que tout processus de transformation contenait des pièges et qu’il fallait toujours compter avec l’imprévisible. L’UE promit de soutenir tous les Etats voisins dans leur volonté de participation politique, de défense de la dignité, de liberté et d’emplois, la condition en étant la démocratie, les droits de l’homme, la justice sociale, une bonne gouvernance et, une fois de plus, l’Etat de droit. On tiendrait compte des différences. De ce fait, le «Partenariat pour la démocratie et la prospérité commune» doit reposer sur trois piliers:
    • un processus de démocratisation, la mise en place d’institutions reposant particulièrement sur les libertés fondamentales, les réformes constitutionnelles et juridiques ainsi que la lutte contre la corruption;
    • un partenariat étroit avec la population mettant l’accent sur le soutien de la société civile, la création de possibilités d’échanges et la promotion des contacts personnels, en particulier au sein de la jeunesse;
    • un développement économique reposant sur une croissance durable et large, le soutien appuyé des PME, le soutien de la formation professionnelle, l’amélioration des systèmes sanitaires et éducatifs ainsi que la promotion des régions pauvres.
    Aucun de ces points n’est nouveau. Si les événements n’étaient pas historiquement si importants, on pourrait en rire. Mais la situation est trop sérieuse. La réponse actuelle de l’UE ressemble fort à du populisme de bas étage. Ce n’est plus que du vent.
    Le roi des rois, l’empereur d’Afrique – l’Europe et la Libye
    Pendant les premières années de la Communauté européenne (CE), on ne prêta pas attention à la Libye. On ne relève ni traités spécifiques bilatéraux, ni tentatives de l’Italie (en souvenir de ses rapports historiques ou de sa «responsabilité» à l’égard la Libye) de faire valoir ses intérêts en Afrique du Nord au niveau de la CE, comme le faisait la France. En 1969, après la prise du pouvoir par Kadhafi, d’éventuelles relations entre la CE et la Libye cessèrent complètement. Dès 1992, cependant, la CE décréta formellement un embargo économique et militaire contre la Libye. Après la fin des sanctions, fin 2004, la Commission européenne envoya une mission technique en Libye pour analyser la situation et trouver des occasions de coopération. Par la suite, depuis 2005, plusieurs projets de l’UE ont été réalisés en Libye. Ils étaient concentrés avant tout sur les domaines de la santé et du SIDA dans le cadre du soi-disant «plan d’action Benghazi (PAB)» et de l’immigration dans le cadre du «Thematic Programme for Cooperation with Third Countries in the Areas of Migration and Asylum».21
    Les relations entre l’UE et la Libye se renforcèrent sérieusement en 2007 quand la Libye libéra cinq infirmières bulgares qui avaient été arrêtées et auxquelles on avait reproché d’avoir infecté des enfants libyens par le VIH. Dans la même année, la commissaire de l’UE aux relations extérieures et à la politique européenne de voisinage, Benita Ferrero-Waldner, et le ministre libyen des Affaires européennes, Abdul Ati al-Obeidi, signèrent un «memorandum of understanding», qui soulignait le fait que les migrations répondaient à un intérêt commun. L’année suivante, la Commission européenne entama des pourparlers en vue d’un accord plus ample, le «EU-Libya Framework Agreement». Il concernait les secteurs suivants: 
    • le dialogue politique et la coopération en politique extérieure ainsi qu’en matière de défense; 
    • une zone de libre-échange la plus vaste possible; 
    • la coopération dans des secteurs clés d’intérêt commun comme l’énergie, les transports, les migrations, la politique des visas, la justice, l’intérieur, l’environnement et d’autres sujets comme la politique de la mer et la pêche, l’éducation et la santé publique.
    Dans le contexte de cet accord cadre et de la coopération croissante avec la Libye, l’UE développa en 2010 un «Country Strategy Paper and National Indicative Programme (CSP/NIP) 2010–2013» pour la Libye. Ce document stratégique a été signé en juin 2010 par les deux parties et doit recevoir 60 millions d’euros. Ses trois priorités sont: 
    • l’amélioration de la qualité du capital humain;
    • un développement économique et social durable; 
    • la maîtrise commune des difficultés de gestion des migrations. 
    Ces multiples rapprochements vers la Libye ont été accompagnés de nombreux contacts bilatéraux. Ce sont surtout le Président de la République française Sarkozy et le chef du gouvernement italien Silvio Berlusconi qui en ont été les acteurs. 
    Quelques années avant, déjà, dans un autre cadre institutionnel, le contact et aussi la coopération avec le régime libyen ne posait manifestement pas de problèmes. Par moments, les observateurs eurent l’impression qu’on recherchait le contact avec Kadhafi. Dans ce contexte, il faut mentionner le rôle prépondérant, durant des années, du leader révolutionnaire au sein de l’Union africaine (UA) – y compris lors du grand Sommet africain des 29 au 30 novembre 2010 à Tripoli. La rencontre servit à Kadhafi de tribune internationale pour répandre ses idées politiques. Les délégations de haut rang venant des Etats membres de l’UE écoutaient ses interventions sans les contredire. Un autre dialogue institutionnalisé a eu lieu dans le cadre des rencontres de haut rang entre l’UE et les pays de l’OPEP ou entre l’UE et la Ligue arabe. Lors de ces rencontres, la Libye était toujours un partenaire bienvenu.
    Ce n’est que depuis peu que la position officielle de l’UE face à la Libye a changé. Dans le Partenariat pour la démocratie et la prospérité mentionné ci-dessus, on peut lire: «En ce qui concerne la Libye, l’UE conserve sa position; elle condamne les procédés du régime Kadhafi. L’UE a tout de suite interrompu les pourparlers portant sur un accord cadre avec la Libye ainsi que toute coopération technique. Le 28 février 2011, L’UE a décidé, en plus des sanctions de l’ONU, d’autres mesures restrictives (p. ex. l’embargo sur les armes pouvant être utilisées pour réprimer l’insurrection et des restrictions concernant les voyages de personnes désignées par l’UE dont les biens ont été gelés). Il existe des propositions d’autres mesures».22 En politique internationale, les choses peuvent parfois aller vite. Celui qui était hier encore un «partenaire», peut être aujourd’hui un «paria». L’UE s’est rangée du côté des insurgés. Un bureau de liaison du Service européen des Affaires étrangères (SEAE) a été rapidement inauguré à Benghazi par la haute représentante Ashton.
    Des scénarios européens pour la Libye
    En avril 2011, l’Institut d’études de sécurité de l’Union européenne (IESUE), dont le siège est à Paris (c’est le think tank de l’UE pour la politique étrangère et de sécurité commune) a esquissé, sous le titre «Après Kadhafi», trois scénarios possibles:23
    1) «The regime survives»: Le régime de Kadhafi survit sous une forme ou une autre. Cela voudrait dire qu’il sort vainqueur du conflit actuel (très improbable) ou qu’il garde au moins la mainmise territoriale sur une partie du pays. Cela aboutirait de facto à un partage de la Libye. 
    2) «A failed state»: La Libye se décompose et est contrôlée par des tribus et des groupes rivaux. Vu la situation actuelle, ce n’est pas tout à fait improbable. 
    3) «A pluralistic outcome»: Le régime de Kadhafi s’effondre et un Etat pluraliste voit le jour. Ce scénario est possible, souhaitable, mais loin d’être réalisé. 
    Que signifient ces trois scénarios pour la politique de l’UE face à la Libye, voire face à l’espace méditerranéen tout entier? Si le premier scénario se réalisait, ce serait pour l’UE une catastrophe en politique extérieure. En prenant une position claire en faveur d’une partie dans ce conflit, on s’est rangé de son côté. Il est inimaginable que les personnes qui agissent actuellement puissent rentrer en contact avec Kadhafi et son régime. Même si cette reprise des contacts était possible, on ne pourrait parvenir à un accord sur aucun sujet de coopération. Le second scénario créerait un foyer de troubles politiques sans précédents à la porte de l’UE. Il n’y aurait plus d’interlocuteurs sérieux possibles. La Libye deviendrait le terrain d’interventions armées permanente. Seul le scénario numéro 3 permettrait à l’UE d’agir avec ses instruments bien connus (et toujours couronnés de succès). Des aides à la reconstruction, l’«institution-building», la promotion de la démocratie et de l’Etat de droit, etc. Là, l’Union européenne saurait comment réagir. Mais l’issue d’une telle entreprise serait incertaine. Et les mesures auraient sans doute un caractère nettement bilatéral et une approche globale pour l’espace méditerranéen s’éloignerait donc pour longtemps.
    Relation UE–Méditerranée: Que faut-il faire? Qui doit agir?
    L’UE doit enfin définir de façon réaliste ses intérêts dans l’espace méditerranéen. S’agit-il «seulement» d’assurer l’approvisionnement en énergie (extraction et transport), s’agit-il «seulement» de questions de politique commerciale (protection du marché agricole commun) ou «aussi» des questions de l’immigration et de l’environnement? Suffit-il de créer une autre zone de libre-échange ou faut-il, au début du XXIe siècle, chercher de nouvelles formes de coopération? L’UE se contentera-t-elle d’établir, à ses frontières, une sorte de «zone sécurisée» constituée d’Etats tiers plus ou moins stables, d’Etats prévisibles et contrôlables, organisés à la rigueur de façon pseudo-démocratique? Les spécialistes parleraient ici d’«exterritorialisation de la sécurité». Si c’était l’objectif, l’UE ne serait pas actuellement sur une si mauvaise voie. Il y aurait aussi de petits succès, des revers et peut-être aussi quelques crises. On continuerait «d’une certaine manière». Ou l’UE ne devrait-elle pas s’engager de manière un peu plus déterminée? Voici quelques propositions: 
    • Maintien du concept de «bilatéralisme différencié» avec un soutien massif apporté aux efforts régionaux d’intégration des pays tiers méditerranéens;
    • Encouragements politiques clairs aux processus de transformation (par exemple possibilité d’«associations privilégiées»);
    • A cela est liée, pour l’UE, une clarification interne qui s’impose depuis longtemps: Jusqu’où le processus d’élargissement de l’UE peut-il se poursuivre territorialement (mot clé: «frontières de l’UE»). C’est seulement lorsqu’on aura précisé où seront les frontières de l’UE qu’on pourra commencer à définir les espaces voisins et renoncer aux réflexions irréalistes portant sur une «mare nostrum»; 
    • Décision sur une possible adhésion de la Turquie à l’UE (possibilité d’une Turquie forte en dehors de l’UE en tant que «lead nation» pour les pays tiers méditerranéens;
    • Solution de la question de Chypre et du conflit du Sahara occidental;
    • Et finalement, défi colossal de l’espace méditerranéen tout entier: trouver une solution réaliste au conflit du Proche-Orient. Un premier pas pourrait être la reconnaissance politique d’un Etat palestinien. D’un point de vue de politique extérieure, cela pourrait paraître risqué à court terme mais cela donnerait un coup de fouet aux pourparlers.
    Les relations de l’UE avec la région méditerranéenne au cours des dix années à venir: tentative de pronostic
    Les pronostics risquent toujours de se couvrir de ridicule après coup. Cependant, essayons tout de même brièvement en guise de conclusion: Vraisemblablement, la politique méditerranéenne de l’UE des dix années à venir ne différera pas trop de celle d’aujourd’hui. Du côté des pays tiers méditerranéens on trouvera quelques «élèves modèles». Cependant, il y aura encore «beaucoup à faire»; on se trouvera confronté à de «grands défis»; le conflit du Proche-Orient ne sera toujours pas résolu; après de nombreuses tentatives de médiation (mais on parlera naturellement en permanence de «nouveaux débuts prometteurs») et la Turquie négociera toujours son adhésion à l’Union européenne. Parallèlement, on envisagera sérieusement de nouvelles initiatives pour un élargissement possible de l’UE vers l’Est et un nouveau ou ancien chef d’Etat ou de gouvernement (venant de préférence d’Italie ou de France) présentera un nouveau concept pour réanimer la «mare nostrum». L’espace en question ira certainement jusqu’au golfe Persique ou même jusqu’à la corne de l’Afrique et l’UE observera cela, paralysée comme le lapin devant le serpent. Et de nouveau, il ne se passera rien. •
    *Stefan Brocza, né en 1967, s’intéresse depuis le début des années 1990 aux questions relatives à l’Union européenne et à la politique internationale (tout d’abord à la Coordination avec l’UE au sein du ministère de l’Intérieur, à Vienne et dès 1996 au Secrétariat général de la Commission européenne, à Bruxelles). Actuellement, il est chargé d’enseignement à l’Université de Vienne et de Salzbourg. Le présent article a été rédigé avant la chute de Kadhafi.
    Source: Stefan Brocza, Das Scheitern der EU-Mittelmeerpolitik, in: Fritz Edlinger (Hg), Libyen – Hintergründe, Analysen, Berichte, Promedia Verlag, Wien, 2011
    (Traduction Horizons et débats)
    1 Jünemann 2009, 32–33 
    2 Jünemann 2009, 33–34 
    3 Simonis/Elbers 2011, 201 
    4 Le Maroc, l’Algérie, la Tunisie, l’Egypte, Israël, le Liban, la Syrie, la Jordanie, l’Autorité palestinienne, la Turquie ainsi que la République de Chypre et Malte (membres de l’UE depuis le 1er mai 2004).
    5 Zorob 2008, 2 
    6 Asseburg 2005, 2 
    7 Simonis/Elbers 2011, 203 
    8 Harders 2005, 391 
    9 Simonis/Elbers 2011, 204 
    10 Simonis/Elbers 2011, 205 
    11 Jünemann 2009, 48 
    12 Asseburg 2005, 286 
    13 Zorob 2007, l 
    14 Jünemann 2009, 49; Asseburg 2005, 286 
    15 Jünemann 2009, 49 
    16 Zorob 2008, l-5 
    17 En outre, plusieurs organisations internationales ont obtenu le statut d’observateur (sans droit de vote), notamment les Nations Unies, la Ligue arabe, l’Union africaine et l’Union du Maghreb arabe.
    18 Jünemann 2009, 50 
    19 Jünemann 2009, 51 
    20 Communiqué de la Commission européenne du 8 mars 2011
    21 Commission européenne, mai 2011
    22 Europäische Kommission 2011, 5 
    23 Joffé 2011
    Bibliographie
    Asseburg, Muriel: Barcelona Plus 10, SWP Aktuell 57, Berlin, 2005 
    Asseburg, Muriel: Demokratieförderung in der arabischen Welt – hat der partnerschaftliche Ansatz der Europäer versagt?, in: Orient, Jg. 46, Nr. 2, 2005, 272–290 
    Brocza, Stefan / Jäger, Martina: Einfach überfordert oder bewusst menschenverachtend? Europas Flüchtlingspolitik gegenüber Libyen, in: International – 
    Die Zeitschrift für internationale Politik, Heft II/2011, 4–7 
    Europäische Kommission/Hohe Vertreterin der Europäischen Union für Aussen- und Sicherheitspolitik: Eine Partnerschaft mit dem südlichen Mittelmeerraum für Demokratie und gemeinsamen Wohlstand, gem. Mitteilung an den Europäischen Rat, das Europäische Parlament, den Wirtschafts- und Sozialaus­schuss und den Ausschuss der Regionen, Brüssel, KOM (2011) 200 
    Hrbek, Rudolf / Marhold, Hartmut (Hrsg.): Der Mittelmeerraum als Region, EZFF Occasional Papers, Nr. 35, Tübingen: Europäisches Zentrum für Föderalismus-Forschung, 2009 
    Joffé, George: After Gaddafi, European Union Institute for Security Studies, ISS Opinion, Paris, 2011 
    Jünemann, Annette: Zwei Schritte vor, einer zurück: Die Entwicklung der europäischen Mittelmeerpolitik, von den ersten Assoziierungsabkommen bis zur Gründung einer Union für das Mittelmeer in: Hrbek, Rudolf/Marhold, Hartmut (Hrsg.): Der Mittelmeerraum als Region, EZFF Occasional Papers, Nr. 35, Tübingen: Europäisches Zentrum für Föderalismus-Forschung, 2009, 26–59 
    Khalatbari, Babak: Naher Osten, Nordafrika und die EU im 21. Jahrhundert. Die euro-mediterrane Partnerschaft zwischen Anspruch und Wirklichkeit, Wiesbaden, 2004 
    Kempin, Ronja/von Ondarza, Nicolai: Die GSVP vor der Erosion. Die Notwendigkeit einer Wiederein­bindung Frankreichs und Grossbritanniens, 
    SWP Aktuell 25, Berlin 2011 
    Möller, Almut: Neue Wege für Nordafrika. Was bei einer Reform der EU-Mittelmeerpolitik berücksichtigt werden sollte. Internationale Politik März/April 2011, 46–49 
    Schwarzer, Daniela/Werenfels, Isabella: Formellkompromiss ums Mittelmeer. Die EU verpasst die Chance, die Kooperation grundlegend zu überarbeiten, SWP Aktuell 24, Berlin 2008 
    Simonis, Georg/Elbers, Helmut (Hrsg.): 
    Externe EU-Governance, Wiesbaden, 2011 
    Zorob, Anja: Europäische Nachbarschaftspolitik: Eine erste Bilanz, German Institute of Global and Area Studies, Hamburg, GIGA Focus Nahost 1/2007 
    Zorob, Anja: Projekt «Mittelmeerunion» – «neuer Schub» für die EU-Mittelmeerunion?, German 
    Institute of Global and Area Studies, Hamburg, 
    GIGA Focus Nahost 5/2008
    Horizons et Débats (Suisse), 28/12/2012
  • Suivez notre regard

    Un mystérieux groupe islamiste qui prône le djihad en Afrique de l’Ouest, a revendiqué hier l’attentat de Tamanrasset. Sans paraître débile, à ma connaissance notre capitale du Sud ne se trouve pas en Afrique de l’Ouest !!! Alors pourquoi cette attentat dans une zone loin de leur territoire djihadiste ? D’aucun diront peut être que c’est la «solidarité» des groupes terroristes qui est en marche. 
    Ainsi, ce mystérieux groupe serait venu prêter main forte à l’Aqmi dans son fief, si on ose s’excuser du terme. C’est à croire que ce dernier serait incapable de commettre ce genre de méfaits sans l’aide de ses «frères» africains. 
    Recolant le puzzle. C’est ce même groupe qui avait, par le passé, enlevé des ressortissants étrangers du camp sahraoui de Tindouf. Une opération spectaculaire d’autant que cela s’est passé dans une zone considérée comme une des plus surveillées sur le territoire algérien ; une prouesse dont l’objectif principal, outre l’histoire de rançons, était de discréditer les militaires et les services de renseignements algériens. Un coup d’épée dans l’eau puisque l’institution militaire algérienne n’a jamais été aussi imperturbable qu’actuellement. 
    Alors pourquoi Tamanrasset ? Tout le monde sait que la capitale de l’Ahaggar est le carrefour névralgique au centre d’une zone en effervescence depuis la chute de Kadhafi et tout le trafic d’armes qui s’est développé par la suite à nos frontières du sud. Une situation qui s’est transformée en un bourbier après la récente rébellion touarègue dans le nord du Mali et le Niger. Et face à cette bombe à retardement, Alger ne pouvait rester les bras croisés. Parrainage de rencontres entre les différents belligérants, assistance logistique et financière à la lutte contre l’Aqmi et aide aux réfugiés. Un rôle actif qui ne semble pas arranger certains plans de déstabilisation de la région et qui a tout l’air de fausser pas mal d’opérations souterraines dont les tireurs de ficelles sont loin d’être là où on pense. Des services occidentaux et même de certains pays voisins tentent depuis le début des «révoltes» arabes de déstabiliser le pays par tous les moyens possibles. A l’image d’un boxeur qui a résisté, encaissé et na pas baisser la garde, l’opération de Tamanrasset à toute l’allure d’un uppercut qu’une partie étrangère à la région a voulu donner à l’Algérie pour la plier. 
    Le ko n’aura pas lieu ; et parce qu’elle a mené des combats plus terribles que ceux-là, au final, elle vaincra aux points.
    Quand aux commanditaires de ce lâche attentat, ils ne peuvent plus agir dans l’ombre. Ni eux, ni leurs alliés, qui comptent en profiter par ricochet, ne pourront engranger le moindre profit. 
    Qui sont-ils ? Suivez notre regard… 
  • Gdeim Izik, un hito en la memoria del activismo saharaui

    Más de un año después de su desmantelamiento, el campamento de Gdeim Izik, el lugar donde se produjo la movilización en la que los habitantes de El Aiun se organizaron en octubre de 2010 para dar voz a sus reivindicaciones económicas y protestas sociales; y que marcó, para algunos analistas, el inicio de la llamada «Primavera Árabe» sigue muy presente en el recuerdo de los habitantes del Sahara Occidental. Convirtiéndose en punto clave de la memoria de la historia reciente, entre inspiración, tristeza y fuente de aprendizaje, el legado de esta iniciativa y su de feroz represión por parte de las fuerzas del orden marroquíes, ha marcado un hito en la memoria del pueblo que la protagonizó.
    En los últimos días, un documental, realizado por la ONG Sahara Tawra, ha puesto una vez más de manifiesto ese carácter ya casi mítico. « Gdeim Izik: detonante de la Primavera Árabe » es una cinta en la que algunos de los implicados en el campamento ponen voz y rostro al testimonio de sus vivencias durante y tras el campamento. Coincidiendo con el aniversario de la fundación de la República Saharaui Árabe Democrática (que tuvo lugar el 27 de febrero de 1976), la organización lanzó, a través de su página de Internet, esta película, de distribución libre, que pretende «dar a conocer el incuestionable significado que ha tenido para todos/as los/as saharauis y para el surgimiento de las revoluciones en el mundo árabe», y que estará disponible próximamente también en inglés, francés e italiano.
    Para los saharauis, que vivieron aquellos acontecimientos entre la esperanza de un cambio en su situación y el temor por las represalias que desde muy pronto comenzó a tomar el régimen marroquí (bajo cuya administración permanece la ciudad de El Aiún como el resto de territorios no liberados del Sahara Occidental), no hacen falta películas para recordar el campamento.
    «Gdeim Izik dejo una imagen bien clara sobre la lucha del pueblo saharaui», explica a AISH Abdelaziz Meftah, uno de los jóvenes saharauis que formaron parte del campamento durante el mes y medio que aguantó en pie antes de ser desmantelado. «Gdeim Izik fue un regalo para el Sahara Occidental. Era el honor de todos los saharauis. Hay iniciativas que nacieron allí y continúan en marcha todavía», afirma.
    Según un informe publicado el pasado noviembre por Sahara Tawra, el número de manifestantes llegó a alcanzar los 20.000, repartidos en unas 8.000 jaimas, en el punto álgido del campamento, durante su segunda y tercera semana. Más allá de las reivindicaciones, uno de sus logros fundamentales fue mostrar que esa ciudad improvisada y autogestionada podía salir adelante, y dar lugar a nuevas formas de organización social, un modelo que luego se vería en la Kasbah tunecina, la plaza Tahrir de Egipto, la de Taghir en Sanaa (Yemen), la de la Perla en Manama (Bahréin) y todas las revueltas que, siguiendo su estela, fueron naciendo en otros países de ambas orillas del Mediterráneo.
    «La vida diaria en el campamento era una vida de esperanza. Todos los saharauis vivían el evento con fuerza de lucha», recuerda Meftah.
    El activista canario José Morales destaca la dimensión social de la movilización, que considera «el primer campamento de indignados»: «en las asambleas se trataban temas laborales, de vivienda… Una de las principales reivindicaciones era que los recursos que estaban siendo expoliados por Marruecos fueran devueltos a los saharuis, pero se hablaba también de la alta tasa de desempleo, de las necesidades básicas que sufren algunos barrios por la situación de marginación y abandono que genera el régimen alauí, de la necesidad de licencias de pesca para las personas de la zona costera, así como de infraestructuras para mejorar la sanidad y la educación…», enumera.
    Meftah, sin embargo, niega que las reivindicaciones no tuvieran además un cariz político, como se ha afirmado de manera insistente: «Lo que se pedía exactamente eran reivindicaciones sociales, pero en el fondo eran demandas políticas. En nuestra lucha no podemos separar lo político del social: vivimos en nuestras tierras, pero nos sentimos encarcelados, sin derechos ni libertad. En este momento, es muy importante trabajar sobre la unidad nacional y el discurso político tiene que ser claro y fuerte. No hay nada que ocultar».
    Esta inevitable imbricación entre lo social y lo político fue la misma que reprodujeron meses después las revueltas de otros países árabes. Por eso, para el intelectual estadounidense Noam Chomsky, Gdeim Izik fue el comienzo de esta ola de movilizaciones, la «primera chispa» que encendió las demás. Meftah está de acuerdo, pero con algunos matices: «No era de la misma clase, porque, primero, somos un pueblo separado entre el Sahara Occidental y los campamentos de refugiados y las zonas liberadas (Tinduf, Argelia), y, por otro lado, se produjo solamente en una ciudad, ya que por la presión brutal de los militares nuestros hermanos en otras ciudades no pudieron intentar organizar protestas».
    Más allá del espíritu, la de El Aiún fue preludio de las movilizaciones que se verían más tarde también en la forma: la organización en un campamento autogestionado, armado de la nada por un grupo creciente de manifestantes unidos solo por su voluntad de exigir un cambio.
    «Como una llovizna, un goteo, desde un pequeño grupo fue surgiendo el campamento en un lugar que resultó adecuado por la posibilidad de tener agua y porque el propietario les permitía instalarse allí», recuerda Morales, que apunta que esta planificación surgió «de una tradición nómada».
    Según destaca el informe de Sahara Tawra, el campamento, que se mantuvo en pie durante 28 días, era «una especie de Estado en un espacio muy pequeño», capaz de gestionar, a través de comisiones que se fueron creando progresivamente, todas las necesidades básicas, como sanidad, seguridad, administración, distribución… y conseguir «una autogestión total a pesar de la pobreza». «Lo que sorprendió no fue la cantidad de personas, sino su organización, su acción pacífica, espontanea, popular y sorpresiva, sin liderazgo definido ni idea premeditada», analiza Morales.
    Mientras el campamento continuaba creciendo, un comité organizador negociaba con los diferentes representantes del Gobierno sus peticiones sociales y de mejoras económicas. Los representantes del campamento mantuvieron contactos con autoridades regionales y nacionales, pero, aunque en un principio parecía que se avanzaría hacia un trato, un incidente desencadenó un brusco cambio en la actitud del Gobierno marroquí.
    En el atardecer del 24 de octubre, un coche que se dirigía al campamento con seis saharauis en su interior se saltó uno de los controles que las autoridades habían establecido en torno al campamento desde hacía unos días, y fue disparado por los militares que se encontraban en el mismo. El Garhi Nayem, de 14 años, murió en el acto debido a los disparos; y la situación del campamento dio un vuelco radical. Por un lado, los controles se cerraron casi totalmente, dificultando el acceso para los saharauis, y haciéndolo imposible para los extranjeros, incluidos periodistas y cooperantes. Una semana más tarde, era la ciudad entera de El Aiún la que estaba cercada, con todas las entradas y salidas bloqueadas. En la noche del 7 de noviembre, las fuerzas del orden marroquí entraron en el campamento con la intención de desmantelarlo, objetivo que se consiguió tras horas de violentos enfrentamientos entre los activistas y los militares y policías, que pronto se extendieron a las calles de El Aiún. «La situación fue crítica en varios lugares, especialmente cuando llegaron los manifestantes a la ciudad, lo que dio lugar a sangrientos enfrentamientos entre los saharauis y las autoridades y colonos marroquíes», recuerda Meftah. El balance fue de once muertos entre las fuerzas del orden marroquíes y dos entre los saharauis; más cientos de heridos en ambas partes.
    «Fue una situación nueva para el régimen marroquí, que no está acostumbrado a la contestación social, sino que impone por la fuerza sus medidas», explica Morales. «Estaba sorprendido y preocupado sobre todo por la gran repercusión mediática a nivel internacional. El wali (gobernador) de El Aiún fue relevado del puesto porque no supo contener de forma inmediata lo que estaba pasando: el régimen sabía que, si accedía a las peticiones sociales que se estaban haciendo,sería visto como una debilidad en su habitual férrea política».
    Mientras estos hechos tenían lugar, muchos ojos estaban puestos en la posible relación que los manifestantes mantuvieran con el Frente Polisario, al que el Gobierno marroquí acusó desde el primer momento de estar detrás de las protestas y manipularlas. Meftah niega que hubiese ninguna vinculación: «La relación del campamento Gdeim Izik con el Frente Polisario era, simplemente, la deunos ciudadanos con su Gobierno».
    «La causa del pueblo saharaui no tiene por qué estar vinculada al Polisario, pero sus motivaciones son las mismas », reflexiona Morales. «La población saharaui reivindica la autodeterminación, pero no es una cuestión que se pueda entender como una manipulación, sino que los intereses coinciden».
    En cuanto al propio Polisario, no se manifestó en principio sobre el campamento, aunque tras su desalojo y represión, el Gobierno de Mohamed Abdelaziz se mostró favorable a lo que proponía la juventud saharaui de los campamentos de refugiados en Tinduf (Argelia): la vuelta a las armas; y se declaró «preparado para la guerra».
    La guerra no se produjo, pero la represión no terminó con el desmantelamiento del campamento y el fin de los disturbios en las calles de la capital. En los días siguientes, la ciudad estuvo tomada por los militares, se estableció un toque de queda y se realizaron decenas de detenciones, sembrando elpánico entre los ciudadanos. Muchos de los activistas que habían participado en el campamento optaron por esconderse durante varios días, ante la entrada ilegal de la policía en domicilios particulares y sus arrestos arbitrarios, según relata el informe de Sahara Tawra.
    Veintitrés de aquellos detenidos continúan en la cárcel de Salé (cerca de Rabat) a la espera de ser sometidos a un juicio militar que ha sido aplazado en repetidas ocasiones, y su situación en prisión está, desde hace más de un año, en el centro de las reivindicaciones de los movimientos saharauis de derechos humanos.
    «Después del desmantelamiento, se produjo una caza de brujas, una persecución acérrima contra todos los que participaron y tuvieron responsabilidades en el campamento», denuncia Morales. En este sentido, el recuerdo de Gdeim Izik es también un motivo para el miedo.
    Pero no lo suficiente como para acallar las reivindicaciones. Aunque no ha vuelto a producirse una movilización de tanto calado como la de Gdeim Izik, a lo largo de todo el año, un constante goteo de manifestaciones y protestas ha demostrado que la represión no ha podido con el activismo, aunque los saharauis denuncian que la violencia policial sigue produciéndose con asiduidad.
    Meftah espera, pese a todo, que haya un nuevo «campamento de la dignidad», quién sabe bajo qué forma: «Todos los seres humanos aprenden de una ocasión para innovar en las siguientes. El campamento de Gdeim Izik fue la innovación de los saharauis. Segurísimo que muy pronto vamos a tener más innovaciones en el mundo de las protestas, para estar siempre en continuidad». También Morales lo cree: «Es algo muy latente en la población, va implícito en la lucha del pueblo saharaui, que encontró una forma de visibilizar su causa. No es descartable la posibilidad de que se vuelvan a levantar campamentos».
    Como en otros de los países que han protagonizado el despertar árabe, incluido el propio Marruecos, las protestas que se encarnaron en Gdeim Izik no han marcado necesariamente la consecución de los objetivos, ni han acarreado el cambio que pretendían. Pero han sacado a la luz, una vez más, losdeseos y exigencias de un pueblo que sigue peleando, día a día, por vivir como quiere vivir, sin represión ni imposiciones.
    Y marcar, desde el recuerdo, un camino por el que continuar, como señala Meftah: «Gdeim Izik fue el primer evento histórico de toda la ocupación marroquí de los territorios ocupados. Desde el alto fuego en 1991 los saharauis vivían bajo el horror de las autoridades marroquíes. Gdeim Izik rompió este horror. Por eso tendrá siempre su sitio en la historia del activismo saharaui».
    AISH, 8/3/2012
  • El conflicto del Sahara Occidental. Una noticia buena y malos augurios para los próximos cuatro años

    Joven saharaui denunciando la violación de derechos humanos por parte de Marruecos
    El mes que viene -como todos los meses de abril desde que la resolución 690 del Consejo de Seguridad acordara, hace ya veintiún años, la creación de la MINURSO- la ONU volverán a analizar la situación del Sahara Occidental y a decidir si acuerda o no la prórroga de una misión, que se creó para organizar un referéndum, pero no sólo no ha conseguido dar cumplimiento al objetivo para el que nació, sino que, años tras año, se ve en la tesiturar de tener que afrontar, sin instrumentos adecuados para ellos, los nuevos retos que con el trascurso del tiempo se le están planteando a la comunidad internacional en esta antigua colonia española, entre los que se encuentra, sin duda, el de la defensa y salvaguarda de los derechos humanos en su ámbito territorial. 
    Aunque la última resolución del Consejo de Seguridad sobe el conflicto del Sahara Occidental -me refiero a la 1979 de 2011- pide al Secretario General de la ONU que presente su informe de situación “bastante antes de que finalice el período del mandato”, lo cierto es que el mandato concluirá el próximo 30 de abril y hoy, 7 de marzo, no tenemos aún noticia alguna del informe. Parece evidente, por tanto, que no estará disponible, tal y como pide el Consejo, ”bastante antes” de la fecha en la que se agotará la prórroga concedida a la MINURSO. En cualquier caso, nadie duda de que, cuando el informe llegue, prestará una atención especial al capítulo de los derechos humanos. Entre otras cosas, porque, en esta ocasión, el Secretario General ha sido expresamente emplazado por el propio Consejo de Seguridad para que “examine los desafíos a que se enfrentan las operaciones de la MINURSO” y el informe del año pasado, ya lamentaba el hecho de que la Misión careciese de un “mandato específico” sobre los derechos humanos que le permitiese dar respuesta a las denuncias de violaciones que habían sido presentadas durante el año precedente. Grave laguna ésta, que resulta más lacerante aún si se tiene en cuenta que la Oficina del Alto Comisionado de la ONU para los derechos humanos, tampoco goza de presencia en el territorio. Es preciso, pues, que las Naciones Unidas incorporen un capítulo específico sobre los derechos humanos a su plan de acción sobre el Sahara Occidental.
    No estoy hablando de una reivindicación novedosa. Soy consciente de ello. Hace años que las organizaciones vinculadas a la defensa de los derechos humaos vienen reclamando el establecimiento de un mecanismo específico para garantizar su respeto en el conflicto del Sahara Occidental. Sin embargo, el caso de Aminatu Haidar, cuya digna imagen de resistente pacífica dio la vuelta al mundo y, sobre todo, los gravísimos sucesos que se registraron con ocasión del violento desalojo del camo de Gdim Izik, a 15 kilómetros de El Aaiún, han puesto de manifiesto, con más claridad, si cabe, que en cualquier otro momento anterior, la gravedad de la situación y la necesidad de actuar con eficaci y rapidez con el fin de poner al desamparo de una población que, pese a encontrarse bajo el alto tutelaje de las Naciones Unidas, está padeciendo gravísimas violaciones de derechos humanos, sin el escudo defensivo de un sistema establecido por la comunidad internacional para impedirlo.
    Es conocido que marruescos se ha apresurado a adelantar una propuesta con el fin de evitar la internacionalización del respeto a los derechos humanos en el Sahara Occidental. Pero no nos engañemos. Esa fórmula es claramente insuficiente. El Consejo Nacional de Derechos Humanos creado por el Gobierno marroquí con la promesa de actuará en estrecha conexión con los mecanismos de derechos humanos que ya existen en la ONu, no ofrece garantía alguna. No constituye una opción fiable y solvente. Es necesario, a mi juicio, actuar con más ambición. Es preciso dotar a la MINURSO de un sistema propio y específico de derechos humanos para el Sahara Occidental. Solo de esa manera puede garantizarse un nivel satisfactorio de respeto yprotección.
    El respeto a los derechos humanos no es algo ajeno al objetivo de salvaguardar la paz y la seguridad internacionales. Las Naciones Unidas vienen insistiendo con una intensidad creciente en la estrecha relación existente entre ambos. La propia conceptualización de la obligación de proteger, que últimamente ha tomado carta de naturaleza en el seno de la ONU para justificar la intervención de la comunidad internacional en países cuyos gobernantes violan gravemente los derechos humanos de sus ciudadanos, es expresión de esta relación. Por ello, y hasta que no sea posible vislumbrar un acuerdo de fondo que permita dar una solución justa y duradera al conflicto del Sahara Occidental, resulta necesario adoptar medidas que contribuyan a humanizar el período transitorio.
    En el caso del Sahara Occidental, la falta de resolución del problema de fondo, mediante el efectivo ejercicio del derecho de autodeterminación por parte del pueblo saharauir, constituye, en sí misma, una flagrante violación de los derechos humanos. Así lo hizo notar hace seis años el Alto Comisionado de la ONU para los derechos humanos. Pero el hecho de que no podamos impedir que se produzcan estas violaciones, no debe llevarnos a descuidar lo que sí podemos hacer para impedir que se produzcan otras, no menos graves y preocupantes. Y el camino más efectivo por el que hoy podemos empezar a caminar en esa dirección es la ampliación de la MINURSO, mediante la creación de un mecanismo específico de protección de derechos humanos en el Sahara Occidental.
    Y como estas cosas hay que plantearlas a tiempo -es decir, antes de que se reúna el Consejo de Seguridad, como todos los meses de abril, para abordar el problema del Sahara Occidental, esta tarde he defendido en la Comisión de Asuntos Exteriores del Congreso, una Proposición No de Ley en la que se insta al Gobierno a “impulsar, activamente, a través de la acción diplomática que resulte necesaria, la ampliación de las atribuciones de la MINURSO, de manera que ésta peda contar con unmecanismo de observación que supervise el respeto de los derehos humanos, tanto en el Sahara Occidental como en los campamentos de refugiados de Tinduf”.
    Aunque en las postrimerías de la pasada legislatura, este planteamiento parecía contar con un respaldo bastante amplio de la cámara, no estaba claro que el PP, ahora en el Gobierno, fuera a respaldar una iniciativa que no puede gustar demasiado al Reino alauita. Sin embargo, la Comisión le ha dado su respaldo por unanimidad. Veremos, ahora, que tarea diplomática despliega el Gobierno para dar cumplimiento a la Proposición. El Estado español ya no es miembro del Consejo de Seguridad de la ONU, pero sí lo es de la Unión Europea y del Grupo de Amigos del Sahara y puede tender las redes de complicidad necesaria para que, a partir del próximo mes de abril la MINURSO cuente con un mecanismo de protección de los derechos humanos.
    En la misma sesión se debatió otra Proposición No de Ley de UPyD, en la que se pedía al Gobierno que asuma de una vez por todas el papel activo y protagonista que le corresponde en el asunto del Sahara, e impulse, a todos los niveles, la adopción de las medidas necesarias para la celebración del referéndum de autodeterminación que exigen las resoluciones de la ONU. Pero esta iniciativa no prosperó. Sólo la apoyamos, IU, parte del Grupo Mixto y yo.
    El debate sobre lo que el Gobierno español puede y debe hacer en relación con el conflicto del Sahara Occidental, constituye todo un clásico en la Comisión de Asuntos Exteriores. No hay período de sesiones en el que no se suscite, bien sea con ocasión de alguna comparecencia, o bien, con motivo d ela iniciativa de algún Grupo Parlamentario. Y he de decir que siempre -insisto, siempre- tropezamos con esa frase lapidaria que las resoluciones del Consejo de Seguridad de la ONU repiten una y otra vez en el Asunto del Sahara, cuando exhortan a las partes a “seguir negociando, bajo los auspicios del Secretario General, con buena y fe y sin condiciones previas, para la consecución de una solución política, justa, duradera y mutuamente aceptable, que permita la libre determinación del pueblo saharaui en el marco de las disposciones y conforma a los principios y propósitos de la Carta de las Naciones Unidas”. Se trata de una cláusula de estilo que las resoluciones del Consejo de Seguridad reproducen año tras año y que ha sido citada tantas veces en la Comisión que se ha convertido ya en una vieja conocida de sus portavoces. Una vieja conocida que, dicho sea de paso, está haciendo posible que el transcurso del tiempo vaya consolidando, de hecho, las inmovilistas posiciones de Marruesoc y erosionando, progresivamente, las expectativas de los saharauis.
    Hace ya muchos años que las partes negocian en este marco y el resultado es, más bien, precario. En 2007 se acordó iniciar una nueva fase con conversaciones directas entre las partes pero tampoco puede decirse que esta nueva estrategia haya arojado resultados tangibles. Las partes presentron sus propuestas al Consejo y se iniciaron los encuentros casi de inmediato. Pero cinco años después, la solución consensuada a la que urge el Consejo de Seguridad sigue tan lejos como al principio. Así lo reconocía el propio Secretario General en su último informe, cuando constataba que no se habían producido progresos en las cuestiones básicas del futuro estatus del Sahara Occidental y la forma en que debe llevarse a cabo la libre determinación del pueblo saharaui. Las partes -concluía el informe- “siguieron demostrando la voluntad política de reunirse periódicamente, pero aún no han demostrado la voluntad política de poner fin al estancamiento de la situación”.
    La necesidad de que la solución política “justa y duradera” de la que hablan las resoluciones de la ONU, haya de ser, además, “mutuamente aceptable”, constituye un pretexto cómodo para que los sucesivos gobiernos españoles se crucen de brazos y opten por inhibirse. Me remito a la experiencia. No hay un sólo Gobierno, de entre los que han comparecido ante la Comisión de Exteriores durante los últimos 20 años que, ante la acusación de que no se implica lo suficiente en la resolución del conflicto saharaui, no invoque esta cláusula para justificar su pasividad. Todos dicen que aceptarán “lo que acuerden las partes”, sabiendo que el acuerdo entre las partes resulta poco menos que imposible y que el bloqueo del asunto, está contribuyendo, de hecho, a la consolidación de las posiciones defendidas por la potencia ocupante. Y en esto, García-Margallo no es una excepción. Cuando compareció en el Congreso de los Diputados hace ya varias semanas, se aferró como clavo ardiendo a la necesidad de que la solución al Sahara haya de ser “mutuamente aceptable”.
    El problema es si, a la luz de la responsabilidad que corresponde al Gobierno español -como representante, que es, de la antigua potencia colonial- resulta admisible que pueda escudarse en la frase “mutuamente aceptable” para lavarse las manos, situarse al margen y no hacer nada. Yo creo que no. Pero los Gobierno españoles creen que sí. Todos. Los del PSOE y los del PP. De modo que, el cambio de Gobierno provocado por las elecciones del 20-N, no parece que vaya a reportar novedades esperanzadoras para los saharauis. Lamentablemente, me temo que, una vez más, nos esperan cuatro años perdidos para la resolución del conflicto del Sahara Occidental.
  • Hillary Clinton à Alger (les non dits d’une visite).

    par Dr: HOCINE Fouad
    Si la première dame américaine aux affaires étrangères à prit la peine de faire le déplacement à Alger certainement pas pour relancer les relations bilatérales, ni pour discuter business et encore mois pour lancer du haut de son statut à qui veut l’entendre « que le temps est propice pour que la société civile s’engage davantage et doit prendre son destin en main en allant voter en toute liberté afin de choisir les vrais démocrates parmi les prétendants.
    Certes le printemps arabe, la lutte antiterroriste, la sécurité au sahel, le Sahara occidental, les relations Algéro-marocaines tendues et la situation dramatique en Syrie sont les dossiers chauds du moment, mais il serait naïf de croire que ce déplacement s’inscrirait uniquement dans ce cadre là ;
    Alors pourquoi une telle visite d’un poids lourd américain en Algérie?
    Et pourquoi en ce moment précis ?
    En tout cas pas par amour au peuple syrien meurtri dans sa chaire ni par solidarité aux Anti-assed défenseurs d’une hypothétique démocratie à l’américaine, mais parce que le feu est au poudre du coté israélien, son enfant gâté de toujours et son existence serait menacée par un Iran nucléaire.
    Aux dernières informations et ce n’est un secret pour personne, il semblerait qu’Israël est sur le point de mener une attaque militaire éclaire dite préventive contre les installations abritant des sites d’enrichissement d’uranium sur le sol Iranien avec ou sans le consentement des USA ; L’Iran des perses en fin rusé connait l’imminence d’une telle menace et commence à déployer ses forces militaires (quoique modestes) aussi bien en méditerranée qu’au détroit d’Hermouz en soufflant tantôt le froid, tantôt le chaud.
    Et c’est ainsi que les deux ennemis protagonistes du moment se retrouveraient face-à-face jouant une partie d’échec sur le sol Syrien, le roi Assed est la pièce maitresse son sort déterminerait le nom du gagnant par « Echec et Matt ».
    L’Iran jetterait tous son poids politique et militaire en Syrie pour soutenir le régime en place en tout cas jusqu’à ce que sa bombe serait fin prête, de l’autre coté les USA et Israël souffleraient sur les braises pour faire tomber la dynastie d’El Assed le plus rapidement possible car c’est une véritable course contre la montre qui s’est engagée depuis que les espions israélo-américains auraient eu les preuves formelles de l’imminence de la bombe atomique iranienne.
    Cette dame serait venue certainement pour écouter directement de nos officiels leur lecture des événements et leur faire comprendre les éventuelles retombées négatives pour l’Algérie si la situation géopolitique et géostratégique venait à changer brusquement par l’apparition d’un Iran nucléaire.
    Quant à la guerre civile en Syrie et ces milliers de morts, le secrétariat d’état américain aux affaires étrangères aurait le temps suffisant pour ficeler le dossier « Syrie » et le présenter sur un plateau en or à Israël via ses puissants lobbys domiciliés aux USA et c’est ainsi qu’Israël restera la puissance maléfique du moyen orient.
    Les Echos de Sidi Bel Abbès, 26/2/2012
  • AQMI, MUJAO, Boko Haram

    Par Noureddine Khelassi
    L’attentat à la voiture piégée contre un poste de gendarmerie à Tamanrasset est inquiétant. A plus d’un titre. Tout acte terroriste est certes redoutable en soi. Mais, il y a lieu de se faire encore du souci, car ce coup-ci le terrorisme, qui s’est manifesté dans la capitale cosmopolite de l’Ahaggar, n’est pas indigène, endogène et endémique. C’est un terrorisme allogène même si son mode opératoire et sa cible le rapprochent de la violence labellisée AQMI. Il s’agit donc d’un terrorisme exogène qui serait le fait d’une organisation régionale. Un groupe transfrontalier peu connu des spécialistes et que les radars des services de sécurité n’avaient pas détecté pour le «loger» avec précision et l’estimer avec justesse. Il a été revendiqué par un certain MUJAO. Sigle du Mouvement unicité pour le jihad en Afrique de l’Ouest, qui s’est manifesté, pour la première fois, le 12 décembre 2011. Dans une bande vidéo, visionnée à Bamako par des journalistes de l’AFP, six membres de ce MUJAO, à la peau noire ou au teint bistre, avaient revendiqué l’enlèvement des trois humanitaires européens dans un camp de réfugiés sahraouis non loin de Tindouf. La vidéo montre des hommes armés encadrant deux femmes, une Espagnole et une Italienne, ainsi qu’un Espagnol enlevés le 23 octobre dernier au camp de Rabouni, siège administratif du Polisario. Ce mouvement prône le jihad en Afrique de l’Ouest, se réfère à l’idéologie d’Al Qaïda et revendique une adhésion à Oussama Ben Laden et Aymane Ezzawahiri. A en croire des sites d’information mauritaniens et maliens, le MUJAO serait composé essentiellement de Mauritaniens, Maliens originaires de l’Azawed, dont des Touareg. Ses chefs seraient le Mauritanien Hamada Ould Mohamed Khairou et l’Azawadi Soultane Ould Bady. Voilà pour la fiche signalétique, incomplète et imprécise. Reste alors la question du contexte et du choix du théâtre d’opération. L’attentat intervient trois jours après la visite à Alger de la secrétaire d’Etat américaine Hillary Clinton qui a notamment discuté avec les autorités algériennes de la situation dans le Sahel. Il advient alors que l’Algérie est pleinement engagée dans la résolution de la crise dans le nord du Mali. Il est perpétré trois semaines après un succès opérationnel des services de sécurité algériens qui ont déjoué un attentat ciblant, le 13 février dernier, une patrouille des GGF à Tinzaouatine. Voilà pour le contexte politique et sécuritaire, même s’il est difficile d’établir quelque causalité avec l’attentat revendiqué par le MUJAO. S’agissant du choix de Tamanrasset, la cité cosmopolite et à vocation touristique semble avoir été ciblée parce qu’elle est devenue une ville militaire. Outre qu’elle dispose de pistes d’atterrissage pour des gros porteurs, dont des aéronefs de l’US Air Force, Tamanrasset est le siège du CEMOC, le Comité d’état-major conjoint qui regroupe l’Algérie, le Mali, le Niger et la Mauritanie. Bien que le CEMOC ne soit pas encore une structure tout à fait opérationnelle, sa domiciliation à Tamanrasset était susceptible de donner des idées aux terroristes d’AQMI et à d’autres groupes satellites ou autonomes comme le MUJAO. Indépendamment du caractère régional de cette organisation et de la nationalité de ses membres, son intervention en Algérie pose surtout le problème de la sanctuarisation des territoires du Grand Sud et de ses vastes frontières. Depuis octobre dernier, le MUJAO, dont on ne mesure pas encore la capacité de nuisance, aurait déjà frappé à deux reprises. Et, à chaque fois, en un lieu hautement sécurisé car considéré comme un site sensible. Le 23 octobre, ce fut au camp sahraoui de Rabouni, et le 3 mars 2012 à Tamanrasset. Dans les deux endroits, l’ANP et ses différents services de sécurité devaient veiller au grain. Leur veille technologique et leur vigilance devaient être au plus haut point. On sait déjà que la baisse de la garde et les défaillances à différents niveaux de la chaîne de vigilance à Tindouf, ont eu des répercussions au sommet de la hiérarchie du DRS. Certes, Tamanrasset est une ville moins fermée que la zone de Tindouf, mais le fait qu’un groupe étranger à la ville et composé d’étrangers ait pu opérer sans avoir été repéré, suscite des interrogations. Si le MUJAO a pu frapper à Rabouni même, il pouvait le refaire ailleurs dans le Sahara, y compris en zones militaires et pétrolières. L’irruption violente du MUJAO dans la ville siège du CEMOC, pose aussi la question des connexions entre AQMI, le MUJAO et les rebelles touareg du MNLA dans l’Azawed. Par extension, on peut imaginer aussi des liens avec le mouvement nigérian de Jama’atu Ahlu Sunna, plus connu sous son nom haoussa de Boko Haram. Même s’il se revendique originellement des talibans afghans, Boko Haram a fini par nouer des rapports avec Al Qaïda et, dit-on dans les milieux spécialisés, avec AQMI. Le terrorisme islamiste, sous ses différents labels, pourrait très bien – si ce n’est pas déjà le cas – faire jonction avec la criminalité transnationale organisée en Afrique de l’Ouest et dans le Sahel. Le Sahel est un vaste marché de la violence où les prises d’otages et les trafics en tous genres rapportent gros. Connexions des organisations, solidarité des groupes, jonction des intérêts. La très vaste zone sahélienne, avec ses prolongements géographiques en Afrique de l’Ouest, deviendrait ainsi un immense magma criminel aux frontières de l’Algérie. Funeste perspective ! 
  • Inscription des éléments de l’ANP sur les listes

    Ces «hépatiques» en mal de foi !
    Au moment où l’Armée nationale populaire (ANP) invite la presse à user, y compris dans ses critiques, d’un «lexique» convenable et de ne la nommer que par son nom, en langage terre à terre «lui f … la paix», des acteurs politiques cherchent à présenter au citoyen algérien un front de peur et de méfiance. Une polémique sur fond d’embrouille qui risque de piétiner les règles élémentaires de la sécurité de l’Etat, aux profit d’un calcul purement mercantiliste et à des fins électoralistes.
    Si l’inscription des éléments de l’ANP sur les listes électorales peut s’effectuer dans le respect des dispositions légales en vigueur, en raison des missions spécifiques qui échoient à ce corps, et compte tenu, notamment, de la mobilité liée à leur présence au niveau des zones sensibles, particulièrement frontalières, comme l’indique le ministère de l’Intérieur, pourquoi les acteurs politiques, certains très appréciés en raison de leur position politique contre l’ingérence étrangère, le financement des islamistes, le décodage du plan américain… mordent-ils à l’hameçon empoisonné qui consiste à vouloir discréditer l’armée ?
    Les éléments de l’ANP, à Tindouf notamment, sont ces soldats qui veillent sur l’intégralité du territoire national et surtout sur le principe de l’intangibilité des frontières, face à l’appétit d’un voisin qui n’a pas hésité à livrer à l’Algérie la «guerre des sables» au lendemain de l’indépendance, et de commettre les plus atroces crimes humanitaires pour absorber le territoire sahraoui, au nom du concept du «Grand Maroc» qui absorbera la Mauritanie, une partie du Mali, du Sahara algérien et le Sahara occidental.
    A-t-on le droit de divulguer, même au nom d’un quelconque intérêt, aussi démocratique soit-il, le nombre de ces soldats qui, eux, placent l’intégrité du territoire national au-dessus de toute considération interne ? A-t-on envie de voir un jour les soldats algériens remplacés par le treillis marocain dans une ville que les «chérifiens» rêvent de conquérir ? Madame Hanoune exigera-t-elle de la commission d’enquêter sur les soldats algériens dans cette région : se présenteront-ils à l’urne en civil, armés, avec quel type d’armes ?
    Aveuglés par une appétence exagérée du pouvoir, certains partis politiques tentent de refaire l’histoire avec toutes les erreurs des années sanglantes de l’Algérie. N’étaient-ce pas ces mêmes partis qui dénonçaient l’arrêt du processus électoral ? Louisa Hanoune ne déclarait-elle pas qu’»arrêter le processus électoral de 1991 n’avait aucun lien avec la défense de la République « ? Ne revendiquait-elle pas la réhabilitation du parti dissous, la levée de l’Etat d’urgence, au moment où le citoyen et l’ANP payaient très fort le tribut du sang et où Mme Louisa griffonnait sa signature au bas du «traité de Rome» ? Ne dressait-elle pas un bilan très négatif de la politique du tout-sécuritaire menée par l’ANP, de la loi sur la concorde et sur la réconciliation…, elle qui criait à la guerre de décomposition, évitée grâce à la mobilisation de cette armée du peuple algérien, présente même sur les fronts les plus dangereux ? Le Sahel et Tindouf l’illustrent bien. Un terrain qui est le sien.
    Aux acteurs politiques d’assumer le leur auprès des civils.
    Samir Méhalla
  • « L’ouverture des frontières avec le Maroc se fera au détriment de l’Algérie » (chercheur)

    « La question des frontières algéro-marocaines et celle du Sahara Occidental ne sont pas des problèmes freinant la coopération maghrébine puisque des biens traversent frauduleusement et aisément ces frontières à partir de l’Algérie vers le Maroc, la Tunisie et la Libye », a indiqué, hier à Alger, Francis Ghilès, chercheur au Centre d’études internationales de Barcelone (CIDOB). Il cite le cas des produits alimentaires subventionnés par l’Etat algérien qui se retrouvent au Maroc et en Tunisie permettant ainsi un trafic de flux financiers estimé à des milliards, sans toutefois donner de montant précis. 
    Lors d’une conférence animée au siège de la Chambre de commerce et d’industrie algéro-allemande, organisée par la chambre en collaboration avec la Fondation Freidrich Neumann, intitulée « Le coût du non Maghreb », l’expert a précisé qu’il existe un « phénomène d’osmose » entre les pays du Maghreb qui se caractérise par une circulation illicite des biens entraînant ainsi des pertes fiscales pour l’Algérie. A titre d’exemple, il signale le cas du café qui est acheminé vers la Tunisie ou encore la viande vers le Maroc. 
    M. Ghilès ne manquera pas de noter que l’Algérie paie une facture alimentaire de produits importés subventionnés par l’Etat qui se retrouvent dans les pays voisins. « L’Algérie paie pour ses voisins en raison de sa rente pétrolière », résume-t-il. De son avis, « si on ouvrira les frontières entre l’Algérie et le Maroc, ça sera encore pire ». Il recommande donc de placer les pays du Maghreb dans le contexte mondial car, pour lui, les Européens, vu la crise qui secoue leur espace, ne se préoccupent plus de l’Afrique du Nord même si la France demeure présente. Toutefois, depuis peu, le Royaume uni s’intéresse de plus près à l’Algérie sur le plan économique particulièrement, ainsi que l’Allemagne et la Turquie. C’est pourquoi, il suggère aux pays maghrébins d’encourager les investissements étrangers dont ceux de la Chine et de l’Inde. Ce chercheur préconise une « coopération » maghrébine reposant sur le phosphate des trois pays et l’énergie de l’Algérie en s’entendant sur des projets concrets dans ce créneau mais aussi dans les transports. 
    Les échanges commerciaux entre les Etats d’Afrique du Nord ne constituent que 1,3% du total avec l’étranger. La fuite des capitaux à partir des pays du Sud de la Méditerranée est évaluée entre 600 et 700 milliards de dollars et la part de l’Algérie est la plus importante, selon lui.
    Fella Midjek
    Horizons, 7/3/2012
  • Le cri d’outre tombe d’Ezdine Erroussi

    Ezdine Erroussi, en grève de la faim dans la prison de Taza depuis le 19 décembre 2011 
    Il faut sauver Ezdine Erroussi. A l’heure où nous publions sa lettre sur Vox Maroc, nous ignorons s’il est toujours en vie. 
    Encore un témoignage de torture. Encore un récit d’enlèvement, de traitements abjects, et de pratiques d’un autre âge. Choquant, indignant. Mais cette fois-ci, l’auteur de la lettre est un gréviste de la faim depuis le 19 décembre 2011. Il se trouvait entre la vie et la mort au moment où elle a été rédigée. Selon Mouha Oukziz, du comité de soutient d’Ezdine, « sa vie ne tient plus qu’à un tuyau qui le transfuse et des piqûres dont on ignore la nature ». Sans cesse trimbalé entre l’hôpital et la prison de Taza où il est maintenu dans l’isolement le plus total, il a trouvé la force de nous faire parvenir cet appel au secours. Ezedine évoque également ses camarades, en grève de la faim depuis le 23 janvier 2012 à la prison d’Aïn Kadous à Fès. Leurs noms : Mohamed Ghloud, Mohamed Zghdidi et Ibrahim Saïdi. Tous sont des étudiants militants de l’UNEM (Union Nationale des Etudiants du Maroc) enlevés et incarcérés depuis plusieurs mois sans jugement. D’autres sont en grève de la faim dans les prisons de Taza, Errachidia et ailleurs. « Un mouvement de grève de la faim dans les prisons du Royaume, ami de la France, la Haute France », déplore Mouha Oukziz. « Nous interrogeons votre conscience de citoyen avant tout, pour diffuser la lettre d’Ezedine et ses nouvelles, afin de lui sauver la vie », poursuit-il. Une lettre poignante, insupportable, probablement la dernière d’Ezdine, que Vox Marocchoisit de publier intégralement.
    Ezedine ERROUSSI, détenu politique
    Prison locale de Taza n°d’écrou 7000096
    Journal de la torture
     » Salutations militantes aux étudiants (tes),
    Salutations à tous les nobles militants du Maroc exsangue,
    Salutations de résistance à mes camarades de la prison de sinistre réputation Aïn Kadouss à Fès, qui sont en grève de la faim à mes côtés depuis le 23/01/2012,
    Salutations à tous les prisonniers politiques du Maroc, notamment les prisonniers de la révolte de Taza, la glorieuse, avec, à leur tête, les grévistes de la faim depuis le 14/02/2012,
    Salutations aux martyrs du peuple marocain qui resteront immortels,
    Je vais parler dans ce qui suit de quelques épisodes de la torture que j’ai subie depuis mon arrestation. Ce récit ne sera pas exhaustif, car mon état de santé s’est détérioré suite à ma grève de la faim et à mes va et vient entre l’hôpital et la prison. Pour ces raisons, je ne peux pas relater tous les détails en vue d’informer l’opinion publique, tous les militants et les masses étudiantes et populaires. Je ne peux vous informer de tout ce qui a trait aux violations de mes droits commises à mon encontre par le régime en place. J’en ai parlé auparavant en date du 09/01/2012 dans une chronique intitulée « chronique d’une torture » subie dans ma cellule.
    Comme tout le monde le sait, j’ai été arrêté le jeudi 01/12/2011, quand les forces de l’ordre de tous bords sont intervenues alors que nous menions notre glorieuse bataille avec un cahier de revendications bien précises. La réponse du régime a été d’envoyer ses espions et ses agents pour épier nos actions. Les forces de l’ordre ont commis une boucherie à notre encontre. Elles ne cessent de militariser l’université et continuent à s’opposer violemment à notre mouvement contestataire, celui des étudiants et du peuple marocain en général.
    J’ai été arrêté par trente agents répressifs, ils m’ont tabassé à coups de matraque jusqu’à ce que je m’évanouisse. Ils m’ont ligoté et tiré par les pieds jusqu’à la voiture blindée, stationnée devant la fac porte ouest du coté du cimetière. Là ils m’ont déshabillé. Ils ont commencé à m’insulter et à me frapper violemment. À plusieurs reprises, ils ont piétiné ma tête et mon ventre. Ensuite, un des agents m’a mis un pistolet dans la bouche en disant «une seule balle et c’en est fini de toi, les années de plomb ne sont pas terminées, tu verras les horreurs que tu n’as jamais vues depuis ta venue au monde».
    Soudain, l’estafette blindée a redémarré, elle s’est arrêtée plus loin devant la station d’essence OILYBIA qui est située en face de l’autre porte de la fac du côté de l’Institut de Technologie Appliquée. Les agents ont ouvert la porte de la voiture, j’ai vu des agents qui ont l’air haut gradés, des officiers. Un des leurs a dit aux autres « voilà un de ces morveux qui vient de tomber ». Ils reprirent alors les insultes, les injures et les coups.
    Après quinze minutes, je fus transporté au commissariat. A mon arrivée, ils m’ont poussé de toutes leurs forces. Je suis tombé par terre et mon visage s’est cogné. Ils ont ligoté mes pieds et m’ont roué de coups de pied. Ensuite, ils ont bandé mes yeux, ils ont ligoté mes pieds et mes mains.
    Ils m’ont fait rentrer dans une chambre et ont commencé l’interrogatoire. J’ai refusé de parler et j’ai gardé le silence. Alorsn un des agents a mis encore une fois un pistolet dans ma bouche et sur ma tempe, il m’insultait et me menaçait « je vais t’exploser la tête si tu ne parles pas ». J’ai quand même gardé le silence, alors ils ont commencé à arracher mes cheveux, à tel point qu’ils arrachaient mon cuir chevelu. Les questions se sont concentrées sur des détails de l’organisation de la mouvance des basistes. J’ai gardé le silence et là, ils se sont tous mis à me tabasser. Ils se sont mis à me provoquer pour m’amener à parler.
    Comme ils n’ont pas réussi, ils ont repris la torture. Ils ont mis un torchon plein de boue et d’huile de moteur dans ma bouche. J’ai failli m’étouffer, car ils ont continué à me rouer de coups sur la totalité de mon corps, surtout sur les parties sensibles. Tout ceci était accompagné de provocations verbales et de mots injurieux. Face à mon mutisme, ils m’ont transporté dans la cave. Là, ils ont trempé ma tête dans un seau d’eau et la torture a continué longtemps à ce rythme. J’ai gardé le silence, ils m’ont alors tiré, ont mis ma tête par terre et ont compressé ma poitrine avec leurs pieds. Ils ont encore mis un torchon plein d’eau de la cuvette des WC sur mon visage et ma bouche.
    Cette torture a duré plus de six heures non-stop, sans que je ne dise un mot. Ils m’ont alors transporté dans ma cellule. Là, ils m’ont déshabillé encore une fois, et ont refusé de me donner des couvertures avec le temps glacial qu’il faisait à cette époque de l’année. Cette séance de torture a perduré pendant tout le temps que j’ai passé au commissariat. Ils me sortaient de ma cellule, j’avais les pieds et les mains ligotés et les yeux bandés, ils me torturaient et me ramenaient de nouveau dans la cellule. J’avais refusé de parler et mon corps me faisait mal.
    Tout mon corps était dévoré de douleurs. J’avais les mains et les pieds cassés. Je ne comprenais pas ce qui était arrivé à mes mains, car ils ne m’avaient pas amené à l’hôpital. Je ne pouvais pas bouger et des douleurs aigües ravageaient mon corps. J’ai refusé de signer leur procès verbal, car je ne savais pas ce qu’ils y avaient écrit. Alors, ils se sont mis à me taper dessus, à me donner des coups de pieds, m’insulter et m’injurier.
    Je n’ai pas signé et je ne sais pas s’ils ont signé à ma place.
    Est ce que c’est ça la constitution avancée, la constitution des droits et libertés, la constitution qui garantit les droits de l’homme et les droits des détenus? C’est ce qu’a promis le discours historique du 9 mars?
    Nous étions convaincus de la démagogie de ces étendards, et nous ne nous sommes jamais leurré. Seuls les ennemis du peuple marocain, les collabos et traîtres les ont applaudis.
    La torture psychologique et physique épuisée, le régime en place a eu recours à d’autres méthodes, plus perverses et plus criminelles, me sous-estimant et croyant que tous les marocains sont du bétail. Le régime a même recours à des parlementaires et à des gens qui se prétendent des défenseurs des droits de l’homme et qui ont essayé d’influencer ma famille. J’ignore pour qui ils travaillent.
    Dans le cadre de ces pratiques perverses, j’ai reçu, il y a trois semaines, la visite du procureur du roi en présence de mon père. C’était une tentative pour atteindre mon père psychologiquement : ils l’ont convoqué devant le procureur pour me faire du chantage. Ils m’ont promis une bourse permanente comme cela est dû aux étudiants sahraouis.
    J’ai obtenu le baccalauréat à Esmara dans le Sahara occidental, où j’ai été scolarisé pendant six ans. Le procureur m’a également promis un droit de visite ouvert à tous mes amis et à tous ceux qui souhaitent me voir, il m’a promis de me « choyer ». Il est allé loin dans le chantage en me promettant de me trouver un travail stable à condition que je mette un terme à ma grève de la faim, d’arrêter la fronde et de m’éloigner des contestataires.
    J’ai refusé et j’ai réitéré ma demande de satisfaire les revendications des étudiants et de libérer les détenus politiques, seules conditions auxquelles je mettrai fin à ma grève de la faim. Il a répondu en s’adressant à mon père « regardez votre fils à qui j’ai voulu du bien, il gâche tout et me le rend en mal ». Mon père lui a répondu : « je préfère que mon fils meure plutôt que de vivre humilié, il sait ce qu’il fait, et si moi-même je faisais des études, j’aurais été avec lui ici en prison ».
    Mercredi dernier, le procureur auprès de la cour d’appel de Taza est venu me voir avec d’autres illusions à me proposer. Il m’a appelé « MONSIEUR ERROUSSI» et m’a demandé de rédiger une demande de grâce, seule solution, selon lui, pour ma libération.
    J’ai répondu clairement que je n’écrirai pas de demande de grâce, je ne m’inclinerai pas, je ne baiserai pas leurs pieds pour ma liberté. Je ne solliciterai personne et je ne me soumettrai à quiconque, quelque soit son pouvoir.
    Notre cause est juste et légitime. Nous seuls, les militants, nous décidons de nos outils démocratiques pour mener nos combats face aux politiques que mène le régime collaborateur, régime qui agit contre les intérêts de la nation, un régime anti-démocratique et anti-populaire. Il sera toujours l’ennemi historique de notre peuple qui trime et qui, pourtant, souffre de la pauvreté et de la répression.
    Jeudi dernier, évanoui, j’ai été transféré à l’hôpital régional « Ibn Bayah » comme cela s’est produit à plusieurs reprises. A mon réveil, j’étais crucifié comme le fut Jésus sur sa croix : ils m’avaient ligoté les pieds et les mains avec huit menottes. J’avais auparavant refusé la perfusion. Pour me l’administrer, ils m’ont ligoté. J’ai alors reçu trente sachets de sérum en soixante-douze heures à l’hôpital. J’étais sous surveillance très rapprochée. Six personnes s’alternaient pour me surveiller, m’injurier, m’insulter, me provoquer et m’ajuster les menottes. Ils étaient en extase et jouissaient de leur toute puissance en me demandant « il ne veut pas mourir celui-là encore ! ».
    Ils m’ont en outre envoyé un psychiatre pour me faire douter de mes capacités mentales.
    A force d’ajuster mes menottes fortement, mes muscles ont été gravement abîmés et je ne peux plus bouger mes pieds.
    Il est clair que le régime est dans l’impasse, il s’acharne sur moi, en me maintenant en vie sous sérum. Tout ça pour briser ma volonté de mener ma grève de la faim illimitée.
    Jusqu’à quand le sérum me maintiendra-t-il en vie? Jusqu’à quand j’aurai des veines et des vaisseaux sanguins pour continuer à me donner la vie ? Ceci ne durera pas longtemps. Dans quelques jours, ce sérum n’aura plus d’effet.
    J’indique aussi qu’on m’a administré des injections dont je ne sais pas l’intérêt ni le besoin. Actuellement, mon état de santé s’est détérioré, j’ai perdu vingt-quatre kilos. Ces derniers jours, je vomis et je pisse du sang. Je suis un cadavre couché jour et nuit.
    Ce comportement est naturel, venant du régime. Je ne m’attendais pas à des bouquets de rose de sa part. Ce régime ne peut offrir au peuple que plus d’appauvrissement et de liquidation.
    Nous sommes convaincus que notre sacrifice jusqu’au dernier souffle n’est qu’une modeste participation à la libération de notre peuple. Nous offrirons notre vie pour notre cause.
    Partant de nos convictions et de nos positions, la prison pour nous est la continuité de la lutte et non un moment de repos. Notre évaluation des expériences des détenus politiques dans notre pays, nous a appris que les quelques concessions que peut accorder le régime ne sont que des tentatives pour nous aliéner et nous dissuader de continuer notre lutte.
    Nous sommes en phase avec la conjoncture actuelle et nous nous inscrivons dans la voie de nos héros, de nos martyrs, des célèbres grévistes de la faim tel Belhouari, Saïda, Douraïdi, Chbadaâ. « Ici nous continuons la lutte, comme disait notre martyr Saïda,pour que personne ne se retrouve demain en prison ».
    Notre objectif est d’abord de dénoncer les crimes du régime et sa nature antidémocratique. Nous ne faisons pas de la surenchère politique comme peuvent en être accusés tous ceux qui ont comme ambition un changement révolutionnaire. Loin de toute surenchère, ce sont mes convictions comme militant de la Voie Démocratique Basiste. Je les défendrai jusqu’au dernier souffle.
    Aucune concession, aucun compromis avec ce régime qui tue, affame, spolie notre peuple depuis plus de cinq décennies, depuis l’indépendance formelle.
    De là, je déclare à l’opinion publique nationale et internationale, la continuité de ma grève de la faim illimitée jusqu’à la satisfaction des revendications des étudiants et la libération de tous les détenus politiques.
    Je salue chaleureusement mes camarades de la Voie Démocratique à la prison de Ain Kadouss à Fès qui entament leur 28ème journée de grève de la faim. Je salue également les prisonniers politiques et essentiellement les détenus de la révolte de Taza, la glorieuse.
    Je salue plus spécialement les grévistes de la faim de Taza. Je meurs d’envie de les voir, de les rencontrer, d’échanger des sourires avec eux et leur faire signe de victoire.
    Malheureusement, mon isolement en cellule, mon état de santé détérioré, mes va et vient entre l’hôpital et leur isolement aussi, tout ça ne me permet pas de réaliser ce souhait.
    Je salue tous les hommes et femmes dignes de ce pays exsangue, ses révolutionnaires fidèles et tous les révolutionnaires du monde et des peuples qui se sont soulevés pour la liberté et la justice.
    Je vous étreins, mes camarades de la Voie Démocratique, honorables de ce pays, je vous étreins dans ce long chemin de fidélité à nos martyrs, à notre histoire et à notre pensée basiste . Ô combien je suis fier d’appartenir à cette école révolutionnaire qui a tenu tête pour arriver à nos objectifs stratégiques : bâtir un régime démocratique au service des intérêts de notre peuple et de son épanouissement, débarrasser l’humanité de l’exploitation de l’homme par l’homme.
    Je sais, malgré tout, que le chemin est semé d’embûches, qu’il est dur. Je sais encore plus que notre peuple est généreux et qu’il y aura toujours des militants dignes pour continuer la mission. Certains tomberont et d’autres viendront pour continuer ce chemin aux côtés de notre peuple. Nous sommes convaincus de la victoire.
    Je salue toutes mes camarades, tous mes camarades qui luttent contre l’asservissement de notre peuple en ce moment historique du printemps arabe. Nous avons l’honneur de vivre cet instant historique et d’être de ses combattants. Je sais que tous mes camarades et tous ceux qui prennent part à cet instant, vont payer de leur personne afin d’offrir ce qui permettra à notre lutte de se radicaliser et d’avancer.
    Vous pouvez être fiers d’avoir été aux côtés du peuple dans sa révolte à Taza et dans toutes les régions de notre pays. Je n’omets pas de saluer tous ceux qui m’ont manifesté leur solidarité de près ou de loin, de l’intérieur ou de l’extérieur du pays, ainsi que tous ceux qui ont soutenu ma famille, en particulier les étudiants.
    J’appelle tous les étudiants de Taza sans exception à participer au boycott des examens décidé le 21/02/2012 jusqu’à satisfaction de nos revendications. L’essentiel est de satisfaire les revendications. Ma libération n’a pas d’importance, c’est ma conviction. Je vous assure que je continue la grève de la faim tant que nos revendications n’ont pas abouti. La lutte jusqu’à la victoire !
    Je ne renonce à rien jusqu’à la mort et je reste optimiste jusqu’au bout. Ce ne sont pas les moyens militaires de pression qui vont vous terroriser, ni les pistolets, ni les armes des serviteurs du régime, ni même les matraques, ni les arrestations qui vont vous faire peur.
    Nous avons la foi dans les masses résistantes et militantes au sein du bastion rouge de Taza. Il se pourrait que ce soit la dernière force que j’aurai pour m’adresser à vous.
    On est vivant si on mène une vie avec un objectif.
    J’appelle les étudiants à boycotter les examens jusqu’à satisfaction des revendications.
    Restez, restons toujours fidèles aux luttes jusqu’à la victoire ou la mort !
    Ezdine Erroussi, Probablement le 20/02/2012
    VoxMaroc, 8/3/2012
  • Il a qualifié le Maroc de «modèle» : La déclaration d’amour d’Alain Juppé

    Par Hakim Merabet 
    « La Constitution a été réformée en profondeur, des élections transparentes se sont déroulées, un nouveau gouvernement s’est mis au travail (….) .Tout cela se fait de manière apaisée. Pour tout dire, j’ai de l’admiration devant ce modèle marocain ». Ce n’est pas une déclaration d’amour, mais çà y ressemble fort…
    Le chef de la diplomatie française, Alain Juppé, a multiplié de superlatifs pour décrire un Maroc de rêve dans un entretient qu’il a accordé aujourd’hui à l’agence MAP, à la veille de sa visite officielle dans le royaume. Le patron du Quai d’Orsay s’est longuement extasié du « modèle marocain » des réformes politique et dit toute son « admiration » face aux « progrès » réalisés grâce à la « bonne » gouvernance de sa majesté.
    En lisant, le chapelet de louanges tressé par Alain Juppé on ne peut s’empêcher de penser au livre décapant du duo Jean Pierre Tuquoi et Ali Jemmai (Paris Marrakech) qui a mis en lumière les rapports charnels entre la France et son ex protectorat. On y apprend avec force détails comment les hommes politiques français et les hommes d’affaires ont fait main basse sur le royaume en y mêlant sexe, pots-de-vins, commissions et réseaux maffieux.
    La France avocate du Maroc auprès de l’U.E.
    Un constat qui vient d’être fait plus en détail dans un autre livre explosif publié sous le titre évocateur  » Le Roi prédateur  » qui décrit comment M6 a mis l’économie de son pays dans sa poche et est devenu le 6ème souverain le plus riche au monde…à la tête d’un royaume pauvre.
    Alain Juppé avait alors à cœur de corriger cette image peu glorieuse dépeinte par ses compatriotes journalistes qui ont commis un crime de lèse majesté, au propre comme au figuré. L’entretien qu’il a accordé à la très officielle MAP est en l’espèce un florilège de belles formules et de panégyriques à l’endroit d’un pays qui est loin de ressembler à celui décrit dans les livres. Une façon d’encourager le jeune roi et sa cour à continuer à suivre la conduite à tenir dictée par Paris moyennant un soutien diplomatique à toute épreuve.
    Alain Juppé a, de ce côté, déroulé le tapis rouge au Maroc au sein de l’U.E. « C’est avec le Maroc que l’UE a signé un de ses plus anciens accords d’association. C’est le Maroc qui, à ce jour, est le seul pays à bénéficier d’un statut avancé parmi les partenaires méditerranéens de l’UE », a-t-il expliqué. La France, a-t-il assuré, est prête à servir d’avocat du Maroc. « Nous avons proposé et obtenu en octobre dernier qu’un accord de libre-échange complet et approfondi puisse être négocié entre l’UE et le Maroc dès cette année et un mandat a été donné à la Commission européenne. C’est pour nous un élément primordial  » s’est-il félicité.
    Mieux, Juppé a titillé opportunément la fibre royale en réitérant le soutien indéfectible de la France au fameux plan d’autonomie, signant ainsi son allégeance au royaume.
    Le Sahara, un appui sans réserve au plan de sa majesté
    « Nous pensons toujours que le plan d’autonomie marocain, qui est aujourd’hui la seule proposition réaliste sur la table, constitue la base sérieuse et crédible d’une solution », a en effet déclaré Juppé. Il a ajouté énigmatique que « cette question continue à être traitée dans le cadre des Nations Unies et qu’elle ne sera pas un obstacle dans le processus de rapprochement entre le Maroc et l’Algérie ». Cela comme si la France soutenait le processus onusien qui prévoit l’application de la légalité internationale…
    Au plan régional et international, le chef du Quai d’Orsay souhaite que le Maroc ait plus de  » poids ». « Je souhaite que le Maroc joue un rôle essentiel dans toutes les initiatives régionales et multilatérales sur la sécurité au Sahel et partage son expertise dans la lutte contre le terrorisme qui menace la région saharo-sahélienne ». Paris ne cesse en effet de faire du lobbying pour « placer » le Maroc dans les mécanismes de coordination de la lutte contre AQMI au Sahel.
    Sans succès pour l’instant en raison de l’intransigeance d’Alger d’accueillir un pays qui n’a rien à voire avec le Sahel. Il est aisé de comprendre que la France vise à travers la présence du Maroc dans les mécanismes de lutte contre le terrorisme au Sahel à s’informer en temps réel et bousculer le poids de l’Algérie pour s’assurer un contrôle de la sous-région.
    Algérie-plus, 07/03/2012