Mois : février 2012

  • Vivement le veto russe et choinois au Conseil de Sécurité

    La Russie et la Chine ont opposé leur veto samedi au Conseil de sécurité de l’ONU à un projet de résolution condamnant la répression sanglante en Syrie.

    Ce projet de résolution, qui a été soutenu par les 13 autres pays du Conseil, exprimait un « soutien » au plan de règlement de la Ligue arabe et dénonçait les violations des droits de l’homme commises par le régime syrien.

    Malgré dix mois de violences qui ont fait au moins 6.000 morts selon les militants, le Conseil a été incapable jusqu’ici d’adopter une résolution sur la Syrie. Un précédent texte avait été bloqué en octobre dernier par un veto russe et chinois.

    Les 15 pays se sont pronocés sur un texte mis au point jeudi et qui “soutient pleinement” les décisions prises par la Ligue arabe en janvier pour assurer une transition vers la démocratie en Syrie. Mais les modalités, en particulier le transfert des pouvoirs du président syrien Bachar al-Assad à son vice-président, ont été laissées de côté pour ne pas heurter Moscou.

    Autres concessions à la Russie: le texte n’évoque pas les sanctions économiques imposées par la Ligue arabe à la Syrie en novembre dernier, ni les ventes d’armes russes à Damas. Enfin, le Conseil souligne qu’il veut “résoudre la crise politique actuelle en Syrie de manière pacifique”, afin de dissiper toute analogie avec l’affaire libyenne.

    Le texte “condamne toute violence d’où qu’elle émane et (..) exige que toutes les parties en Syrie, dont les groupes armés (d’opposition), cessent immédiatement toute violence ou représailles”. Il “dénonce les violations continues, flagrantes et étendues des droits de l’homme” par les autorités syriennes.

    L’ambassadeur français au Conseil de Sécurité a regretté la position sino-russe. Le même qui depuis deux ans s’aligne à la position du Maroc en opposant son veto à l’élargissement des compétences de la MINURSO (Mission des NationsUnies pour le référendum au Sahara Occidental) pour le suivi de la situation des droits de l’homme au Sahara Occidental et aux camps de réfugiés sahraouis à Tindouf. Le dicton dit : « qui tue par l’épée périra par l’épée ». Espérons que la France et les Etats-Unis en prendront note.

    « La démarche de Moscou et de Pékin, qui ont bloqué la résolution antisyrienne proposée par l’Occident, peut être qualifiée de tournant dans la situation mondiale. Si ces deux grandes puissances continuent d’appliquer une telle position, cela signifiera qu’un terme a été mis au diktat des Etats-Unis au sein du Conseil de sécurité », estime Qadri Jamil, secrétaire du Comité national pour l’unité des communistes syriens (opposition). Bonne nouvelle ! Vivement le veto russe !

  • 37ème édition de l’Eucoco: L’Europe des peuples solidaire des Sahraouis

    par Notre Envoyé Spécial à Séville (Espagne): Z. Mehdaoui
    Les travaux de la 37ème conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco) ont débuté, hier soir, dans la ville de Séville (hôtel Melia Lebreros) dans l’Andalousie, en Espagne. 
    Le choix porté sur la ville de Séville n’est pas fortuit. La ville est jumelée avec Dakhla depuis 11 années tout comme le conseil communal de Séville est également jumelé avec une autre ville sahraouie Tiffarti depuis l’année 2010. 
    Même si les officiels en Andalousie sont plutôt pour les thèses marocaines, il n’en demeure pas moins que le mouvement associatif et nombre d’élus en Andalousie, à Séville plus particulièrement, soutiennent la cause sahraouie. 
    L’objectif de cette 37ème édition de l’Eucoco, qui rassemble des élus de tous les continents, reste bien évidement de sensibiliser l’Union européenne et les Nations unies à se pencher sur un conflit qui dure depuis l’année 1975, après l’invasion du Sahara Occidental par les troupes marocaines à travers ce qui est appelé à ce jour au Maroc « la marche verte », organisée par le défunt Roi Hassan II. 
    Des dizaines de délégations venues d’Europe sont attendues, encore une fois cette année, pour assister à la 37ème Eucoco qui promet d’être riche en débats et en perspectives. Contrairement à l’édition précédente où journalistes et invités ont été laissés en rade dans la ville du Mans (France), une véritable logistique a été mise en place par les organisateurs, cette année à Séville, pour accueillir les différents participants à cet événement international. 
    « Cette 37ème édition de l’Eucoco revêt une importance particulière pour les Sahraouis du fait, d’une part, du contexte de crise économique en Europe et, d’autre part, du contexte marqué par ce qui est appelé les révolutions arabes », a fait savoir Mohamed Sidati, le ministre sahraoui chargé des Relations avec l’Union européenne. 
    Dans une déclaration à la presse quelques heures avant l’ouverture solennelle de la conférence européenne de soutien au peuple sahraoui, Mohamed Sidati dira que cette édition sera une autre occasion de mettre en avant les préoccupations de l’Eucoco allant dans le sens de la solidarité avec le peuple sahraoui et de la coopération avec les réfugiés en matière de développement en examinant les voies et moyens dans le but d’initier des projets dans les camps. Le ministre sahraoui a ajouté, par ailleurs, que cette 37ème édition sera consacrée également à « des questions liées aux droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, notamment celles qui concernent l’ouverture des territoires occupés aux visites d’ONG, de journalistes et de militants des droits de l’homme indépendants». Mohamed Sidati s’attend, en outre, à une participation très importante des partis politiques espagnols, de députés et de responsables du parlement de l’UE. 
    Une vingtaine de représentants de pays sont déjà arrivés à Séville pour prendre part aux travaux de la conférence qui verra également la participation de militants sahraouis venus des territoires occupés pour relater les conditions de vie de leurs compatriotes sous le joug colonial marocain. 
    C’est le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz, qui devrait prononcer le discours d’ouverture des travaux de l’Eucoco. 
    Le chef du Polisario est, par ailleurs, invité à assister aux travaux du congrès national du Parti socialiste d’Espagne (PSOE) ce qui démontre, attestent certains observateurs, d’un changement de cap du gouvernement espagnol à l’endroit de la cause sahraouie. 
  • L’Ouverture de la frontière entre l’Algérie et le Maroc renvoyée aux calendes grecques: Les précisions de Medelci

     » Occultée  » lors de la dernière visite qu’a effectuée le nouveau ministre marocain des Affaires étrangères en Algérie, la question de la réouverture de la frontière est encore une fois renvoyée aux calendes grecques.
     » Il n’y a pas de discussions directes et urgentes avec le Maroc sur le dossier de l’ouverture des frontières « , a affirmé jeudi le chef de la diplomatie algérienne Mourad Medelci qui s’exprimait en marge de la clôture de la session d’automne du Parlement. Mourad Medelci a ainsi mis un point final aux informations faisant état de l’entame d’une  » phase technique  » pour la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, fermées au lendemain de l’attentat de Marrakech. 
    Le ministre de l’Intérieur et des collectivité locale avait pour sa part estimé que la réouverture de la frontière  » était très plausible « .  » Algérie veut consolider ses relations avec le Maroc dans tous les domaines. Nous allons organiser des rencontres dans les semaines qui viennent pour discuter de la coopération dans les domaines économique, social et politique « , a par contre précisé Medelci. Lors du point de presse tenu à l’occasion de la visite les 23 et 24 janvier dernier, du chef de la diplomatie marocaine, Saâd Eddine El Othmani, Medelci avait affirmé que la question devait être traitée dans un cadre plus global. Le réchauffement des relations entre les deux pays voisins devait, selon les deux responsables qui ont également soutenu que la relance de l’Union du Maghreb arabe (UMA), était une  » priorité « , commencer par une coopération soutenue dans plusieurs domaines. 
    Le dossier de la réouverture des frontières et celui du Sahara occidental, principaux  » points de discorde » entre les deux pays, ont, rappelons-le été  » évincés  » des disscussions, au profit des questions  » de l’énergie, de la jeunesse, de l’agriculture, des problèmes sociaux, de la sécurité ». Un bilan des relations qui n’ont d’ailleurs jamais cessé selon Medelci qui avance un chiffre de plus d’un milliard de dollars d’échange commerciaux, devra être fait deux fois par an, avait révélé le ministre marocain, alors que la réunion ministérielle de l’UMA est prévue pour le 17 février. Interrogé par ailleurs sur la visite des observateurs de l’Union européenne à Alger, en vue des élections législatives de mai prochain, Mourad Medelci a expliqué que le travail de ces derniers se fera en deux phases avant que l’ UE ne prenne la décision d’envoyer des observateurs. Il assurera que l’Algérie est prête à travailler avec l’UE ainsi qu’avec d’autres organisations internationales.
    Par Sofiane Aït Mohamed
    Les Débats, 4/2/2012
  • Sahara occidental, Maroc, Renault et «Sarko» – Alger-Paris : entre désaccord politique et intérêt économique

    Les désaccords entre Alger et Paris concernant le dossier du Sahara occidental, la position française flagrante avec le Maroc vis-à-vis de ce conflit et la question des mercenaires africains, que l’Algérie a été accusée à tort et sans preuves de les avoir dépêchés pour porter main-forte à l’ex-régime libyen de Kadhafi, n’ont pas empêché les deux capitales de mettre de côté leur mésentente et de passer aux choses sérieuses.
    En décidant de relancer les investissements français en Algérie, la France aurait agi avec une grande sagesse, selon les experts. Du coup, le grand constructeur français d’automobile, Renault, a décidé d’installer sa première usine en Algérie dès l’année prochaine. Le chef de la délégation française, Jean-Pierre Raffarin, en visite à Alger depuis quelques jours, a été envoyé par le président français Nicolas Sarkozy pour tenter de réchauffer les relations entre Alger et Paris, en procédant à la signature de plusieurs grands projets entre les deux pays. S’agit-il d’un grand retour dans les relations des deux pays ? La France a bien compris qu’aujourd’hui seule la sagesse peut sauver ce qui reste à sauver dans les relations entre les deux pays. Conduite par Jean-Pierre Raffarin, une forte délégation d’hommes d’affaires français, notamment ceux du grand constructeur automobile Renault, se trouve actuellement à Alger. C’est la troisième visite des Français en Algérie en quelques mois seulement. La France semble décidée à aller de l’avant dans sa politique avec l’Algérie, en décidant d’installer sa première usine automobile en Algérie. L’usine en question sera construite à Jijel, à l’est du pays, à partir de l’année 2012. Du coup, les désaccords qui affectent les relations entre l’Algérie et la France concernant le dossier du Sahara occidental ont été mis de côté. Il faut se pencher sur l’avenir, dans un contexte dominé par la concurrence de pays occidentaux qui ont déjà affiché leurs désirs d’investir en Algérie. Toutefois, le concurrent traditionnel -la France- semble bien parti pour arracher une bonne part des marchés dans le secteur industriel algérien. Les choses évoluent plus rapidement que prévu. Le secteur automobile en Algérie sera doté d’une première usine de fabrication de véhicules, et c’est le grand constructeur automobile français, Renault, qui a entrepris les démarches pour cela. Les intentions de Renault d’investir durablement en Algérie paraissent claires. Sur ce dossier, le ministre algérien de l’Industrie, de la Petite et moyenne entreprise et de la Promotion de l’Investissement, Mohamed Benmeradi, paraît très optimiste et se dit très content de l’installation d’une telle usine en Algérie. Les efforts conjoints des pouvoirs publics et du secteur public français pour multiplier les opportunités d’affaires en Algérie semblent enfin porter leurs fruits ces derniers mois, marqués par la confirmation de plusieurs projets industriels de grande envergure dans différents secteurs, notamment l’industrie automobile, pharmaceutique, hydrocarbure, les matériaux de construction. Cette dernière série de contrats avec les Français intervient au moment où de grandes entreprises d’autres pays, tels que l’Allemagne, les Etats-Unis ou encore la Corée du Sud, affichent également un grand intérêt pour l’industrie algérienne. La visite, récente d’une délégation commerciale française dirigée par Jean-Pierre Raffarin, envoyé spécial pour la coopération économique franco-algérienne, a ouvert la voie à la conclusion de plus de 12 projets et a du coup redonné une nouvelle implusion aux investissements français dans le secteur industriel algérien. Cette visite a été précédée par celle du mois de novembre dernier où le même Jean-Pierre Raffarin était accompagné du secrétaire d’Etat chargé du Commerce extérieur, en l’occurrence Pierre Lellouche. Plusieurs annonces importantes ont été faites depuis, notamment celle de l’acquisition de la société Alver, basée à Oran, d’une ancienne société publique spécialisée dans les emballages en verre par Verallia, filiale du grand conglomérat français Saint-Gobain Matériaux de construction. Alver, qui emploie 474 personnes et produit plus de 60 000 tonnes de produits en verre par an, aurait été dans la ligne de mire de Saint-Gobain depuis près de deux ans. De la même façon, Axa, le géant français de l’assurance, avait signé, en novembre passé, deux conventions d’actionnaires en vue de constituer deux compagnies en Algérie, l’une spécialisée dans l’assurance-vie, l’autre dans les autres types d’assurance. Axa détiendra 49% de la société totale, la part maximale autorisée par la législation algérienne, en association avec la Banque extérieure d’Algérie et le Fonds national d’investissements (FNI). Dans l’intervalle, l’un des grands laboratoires pharmaceutiques français, Sanofi-Aventis, avait annoncé pour sa part au mois de juin de l’année dernière son projet de construction d’une usine à Sidi Abdallah pour un montant de 6,6 milliards de dinars (soit 63,4 millions d’euros).
    Cette usine, qui sera le troisième site algérien du laboratoire, produira à terme 80% des produits distribués dans le pays, selon le directeur général de la division locale de Sanofi-Aventis, Thierry Lefebvre. 
    Par Lotfi Itou
    Les Débats, 4/2/2012
  • Miss Finlande 2012 rend hommage à l’amazighité et tacle le régime marocain

    Une sublime fino-marocaine vient d’être sacrée miss Finlande 2012, mais les médias officiels marocains, pourtant friands de success-stories de leurs compatriotes à l’étranger, n’en parlent pas. Selon le site d’information Goud, la raison en serait probablement la déclaration de Sara Chafak, 21 ans, mannequin et étudiante en marketing, en réponse à un journaliste qui souhaitait savoir si elle envisageait de rentrer au « pays » après la fin de ses études. « Mon Histoire est amazighe, ma langue est le tamazight, et mon identité est amazighe. L’amazighité est ma partie, où que je me trouve, et aucun dictateur ne pourra m’en priver », a-t-elle répondu.
    Au Maroc où l’identité officielle est strictement arabo-musulmane, l’amazighité est reléguée au statut de sous-culture. Les prénoms amazighes sont interdits, le tamazight, pourtant parlé par au moins 40% de la population, est absent des programmes scolaires et de l’administration.
    Dans cette vidéo datant de quelques mois avant l’élection du PJD au gouvernement, l’actuel Premier ministre Abdelilah par des déclarations racistes comparant le tifinagh, l’alphabet amazigh, à du « chinois », et invitant les amazighs à adopter l’alphabet arabe. Le parti islamiste n’est pas le seul à afficher des positions anti-amazighes, c’est également le cas de l’Istiqlal, parti du Premier ministre sortant Abbas El Fassi.
    Zineb El Rhazoui
    Vox Maroc, 3/2/2012
  • Lynchons le démocrate!

    Les rues du royaume sont de moins en moins sûres pour ceux qui osent afficher leur goût du changement. La scène que l’on voit sur cette vidéo n’est malheureusement pas inédite. Les militants du Mouvement du 20 février craignent de plus en plus pour leur sécurité dans les rues du quartier de l’Agdal ou du centre-ville à Rabat où les « brigades » de l’Alliance royaliste traquent le démocrate. La vidéo montre une jeune femme s’attaquant violemment à un passant identifié comme membre du Mouvement du 20 février. Coups, gifles, insultes, rien ne lui sera épargné par la foule, sous les yeux passifs et approbateurs de la police. Les « fils de pute » dont il est taxé se mélangent aux cris d’ovation à Mohammed VI. Le militant lynché parviendra finalement à monter dans un véhicule avec la femme qui l’accompagne et à échapper à la horde d’amoureux de Mohammed VI qui criait « notez son numéro d’immatriculation! ».
    Dans une autre vidéo qui date de plusieurs mois, Oussama El Khlifi, l’un des initiateurs du Mouvement du 20 février avait également été pris à partie par un groupe de « royalistes » dans le centre-ville de Rabat. Face aux menaces de mort qui fusaient de la foule encadrée par la police, Oussama a dû se réfugier dans l’entrée d’un immeuble devant lequel les royalistes ont campé, réclamant sa peau. Une femme lui avait alors lancé « dis maintenant à Jésus de te sauver », faisant échos à la campagne de diffamation qui avait été lancée contre lui par la cyber police, selon laquelle il serait un « converti au christianisme ».
    La vidéo a d’ailleurs été mise en ligne par ces mêmes groupes de baltagia, fiers de montrer que le Maroc est une « démocratie », et que la police a fini par « sauver » le « traitre ».
    L’Alliance royaliste qui bénéficie des moyens de l’Etat pour créer le leurre d’une société divisée entre « dissidents » et « loyalistes » s’est illustrée depuis la naissance du Mouvement du 20 février par de nombreuses actions particulièrement violentes contre les militants.
    Zineb El Rhazoui
    Vox Maroc, 3/2/2012
  • Brutalités policières et déploiement de l’armée à Taza, selon CNN

    Casablanca.- La chaîne de télévision américaine CNN informe aujourd’hui sur son site web que des manifestants pacifiques et des passants ont été battus sans ménagement et « jusqu’à perdre connaissance » par les forces de l’ordre marocaines lors des émeutes de cette semaine à Taza.
    Elle signale aussi que la police a attaqué des maisons, défoncé des portes et « brutalisé les parents devant leurs enfants« .
    CNN affirme que « l’armée régulière marocaine » a été déployée à Taza.
    La chaîne américaine a montré une vidéo dans laquelle on voit plusieurs membres des forces de l’ordre traîner violemment et agresser un citoyen, dont on ne sait pas si c’est un manifestant ou un simple passant pris au hasard.
    Après la présentation par le Maroc d’un projet de résolution sur la Syriedevant le Conseil de sécurité de l’ONU, il faudrait chercher un pays qui puisse présenter un autre projet de résolution, celui-là sur le Maroc.
    La France peut-être ?
    Thami Afailal
    Demain, 3/2/2012 
  • Ouverture du 37ème EUCOCO : Les Sahraoui en territoire acquis à Séville

    Par Hakim Merabet 
    Séville (Espagne), de notre envoyé spécial : Les Comités européens de soutien au peuple sahraoui s’apprêtent à réitérer une nouvelle fois leur solidarité agissante et leur permanente mobilisation en faveur d’une cause prise à bras le corps depuis 37 ans. C’est en effet aujourd’hui à 17h00 que vont s’ouvrir, à Séville, les travaux de la 37ème conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) à l’hôtel Mélia, au centre ville.
    Et cette charmante ville de l’Andalousie musulmane devrait accueillir des dizaines de délégations des comités de soutien venus de toute l’Europe, en signe de fidélité à la cause du peuple sahraoui. C’est aussi pour dire au monde que ce vaillant peuple n’est pas seul à lutter pour recouvrer son droit de disposer de lui-même.
    Cette année encore, le président Abdelaziz qui devra prononcer un discours d’ouverture ainsi que son gouvernement se sentiront chez eux ici à Séville, tant l’hôtel qui accueille cet important événement grouille de monde. Une belle ambiance qui promet une conférence serine et riche en débat.
    Intervenant dans un contexte de crise économique mais surtout dans le sillage du printemps arabe qui a fragilisé des régimes corrompus et hostiles aux libertés, les sahraouis comptent sur cet Eucoco pour faire valoir leur droit de lutter contre la colonisation marocaine. Il va de soi que ce sera l’occasion de réaffirmer la solidarité internationale avec le peuple sahraoui.
    Le vent du printemps arabe
    C’est, d’ailleurs, ce qu’a déclaré à la presse avant le début des travaux le ministre sahraoui chargé des relations avec l’Union Européenne (UE), Mohamed Sidati. « Cette édition de l’EUCOCO revêt une importance particulière pour les Sahraouis du fait qu’elle se tient dans un contexte de crise économique en Europe et dans un contexte marquée par ce qui est appelé les révolutions arabes « , a déclaré M. Sidati à la presse à quelques heures du début des travaux de la 37ème édition de l’EUCOCO.
    Et d’ajouter que cette conférence « est importante pour réaffirmer encore la solidarité des peuples européens avec la lutte des Sahraouis pour leur indépendance ». Dans ce même ordre d’idées, M Sidati n’ignore pas le volet humanitaire. « Cette une occasion aussi d’insister sur les préoccupations de l’EUCOCO dans le sens de la solidarité humanitaire avec le peuple sahraoui et de la coopération avec les réfugié sur le volet du développement, en examinant les voies permettant d’initier des projets dans les camps des réfugiés », a-t-il souligné.
    Interrogé sur les principaux points à l’ordre du jour, le ministre a révélé que le 37ème Eucoco devrait plancher également sur des questions liées « aux droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, notamment sur son volet relatif à l’ouverture des territoires occupés aux visites de journalistes, militants des droits de l’homme et observateurs indépendants ».
    Des délégués de 20 pays européens
    Pour ce faire, cette conférence verra la participation de nombreux représentants d’Organisations non-gouvernementales (ONG) et du mouvement associatif européen, ainsi que de plus d’une vingtaine de militants sahraouis des droits de l’homme venus des territoires occupés. Au total des représentants de « 20 pays sont déjà ici à Séville pour prendre part à cette conférence », confirme M. Sidati.
    Il s’attend aussi à une participation exceptionnelle des représentants des partis politiques espagnols, d’eurodéputés et de responsables au niveau de l’UE, surtout que c’est la droite qui gouverne en Espagne.
    Signe de ce changement de cap du gouvernement espagnol, le président Abdelaziz est invité à assister aux travaux du congrès national du parti socialiste d’Espagne (PSOE) qui se tient d’ailleurs ici à Séville. Il y a lieu de souligner que la ville de Séville n’est pas une terre étrangère pour les sahraouis puisque elle est jumelée à la wilaya sahraouie de Dakhla depuis 2001. Le Conseil municipale de cette province de l’Andalousie est également jumelé avec la localité sahraouie libérée de Tifariti depuis 2010.
    Algérie-plus, 03/02/2012 |
  • Le duel de la Commision de l’UA finit avec deux perdants

    Par Peter Fabricius

    Ainsi la bataille entre le ministre de l’Intérieur Nkosazana Dlamini-Zuma, et Jean Ping du Gabon pour la présidence de la Commission de l’Union Africaine s’est éventuellement terminée hier, extraordinairement, avec deux perdants.
    Après trois tours de scrutin, aucun des deux candidats ne pouvait rassembler les deux tiers des voix nécessaires auprès des dirigeants africains réunis pour le sommet de l’UA à Addis-Abeba. Des sources neutres disent que Ping a remporté 28-25 au premier tour, 27-26 dans le deuxième et 29-24 dans le troisième. Toutefois, une source sud-africaine a affirmé que c’était Dlamini-Zuma, qui l’aurait remporté au second tour 27-26.
    Le point crucial est qu’après le troisième tour, Mme Dlamini-Zuma, a dû se retirer. Ping, est entré alors dans une quatrième tour sans opposition; mais même dans ces conditions, il ne put s’attirer que 32 voix, à quatre voix des 36 dont il avait besoin pour la victoire.
    Donc aucun des deux candidats n’a gagné et une nouvelle élection, ouverte à des candidats fraîs, aura lieu lors du prochain sommet de l’UA, au Malawi, dans six mois.
    Il n’était pas clair hier si Mme Dlamini-Zuma et Ping pourraient être ou seraient en lice pour la nouvelle élection.
    Bien que leur candidat soit arrivé en deuxième position et du se retirer de la course, les délégués sud-africains au sommet ont chanté et dansé lorsque le résultat final a été annoncé.
    Pourquoi? Parce que, comme l’a expliqué un des leurs, leur objectif principal était de déloger Ping – qui pour l’Afrique du Sud, n’est qu’un «pion de l’Occident», qui fait le travail de l’Occident, en particulier de la France, l’ancienne puissance coloniale de son pays d’origine.
    «Le fait que Ping n’a pas pu avoir les deux tiers des voix au quatrième tour, même sans opposition, a été une sanction pour lui», a ajouté un heureux délégué sud-africain.
    Les Sud-Africains ont-ils simplement sauvé les meubles? Probablement, à un degré, car ils n’ont pas obtenu, du moins pour l’instant, l’opportunité de faire toutes ces bonnes choses que Dlamini-Zuma a promis de faire, comme l’amélioration de l’efficacité de la Commission de L’UA qui est plutôt moribonde, et la promotion des femmes de façon plus agressive.
    Pourtant, c’est une vérité considérable de dire que se débarrasser de Ping était un objectif majeur, sinon le premier objectif sud-africain.
    Car il était devenu évident au cours des dernières semaines que l’Afrique du Sud avait décidé de la candidature de Dlamini-Zuma, parce qu’elle estimait que l’UA avait été faible et trop prompte à exécuter les ordres de l’Occident, en particulier dans les crises en Côte-d’Ivoire et en Libye.
    Pretoria voulait que la Commission de l’UA soit beaucoup plus ferme sur la question de la souveraineté de l’Afrique dans ces deux crises, qu’elle s’opposa à l’appui de la France pour le challenger, Alassane Ouattara – à la force d’une intervention militaire – dans la guerre civile et après que le président sortant Laurent Gbagbo ait refusé d’accepter la défaite lors des élections présidentielle ivoirienne.
    L’Afrique du Sud, a également estimé que la Commission de l’UA n’avait pas agi assez fermement à propos du plan de paix de l’UA pour la Libye, au lieu permettre à l’OTAN de décider de l’issue en faveur des rebelles du Conseil National de Transition, là aussi par la force militaire.
    Mais si l’Afrique du Sud a atteint son but en faisant chuter Ping, le fait que Dlamini-Zuma ait aussi manqué de rassembler les deux tiers des voix, à l’inverse montre un manque de soutien de la majorité des pays africains, pour la vision de Pretoria au sujet des ingérences occidentales en Afrique .
    Jakkie Cilliers, directeur de l’Institute for Security Studies, qui était au sommet, fait valoir ce point.
    Il a noté que le président Jacob Zuma a fait campagne pour son candidat en grande partie sur la thèse que l’ANC, le mouvement de libération le plus ancien et le fort d’Afrique qui célèbre son centenaire, avait libéré l’Afrique du Sud, et maintenant cette ANC devrait libérer le reste de l’Afrique des interférences néocoloniales. Mais, tout au plus, 27 pays Africains ont accepté cette ligne de pensée, laissant le continent profondément divisé, dit Cilliers.
    Il n’est peut-être pas tant que ça question, comme il se dit en Afrique du Sud, d’une difference entre les pays qui sont laquais de l’Occident, de ceux qui, comme l’Afrique du Sud, souhaitent affirmer l’indépendance de l’Afrique; mais plutôt entre ceux qui, comme l’ANC, ont encore un sentiment anti-occidental plutôt anachronique, une mentalité de mouvement de libération et ceux qui ont mis cela derrière eux et sont prêts à coopérer avec l’Occident, s’ils voient que le faire soit dans leurs meilleurs intérêts et ceux du continent.

    The Daily News, 31 Janvier 2012

    Lire l’article original en anglais

  • Le printemps d’Afrique Sub-saharienne pourrait partir du Sénégal

    Les nouvelles en provenance du Sénégal sont très préoccupantes. Des centaines de manifestants anti-Wade, le vieillissant président sénégalais, continuent de se rassembler tous les jours dans le centre de Dakar, pour exprimer leur mécontentement à propos de la candidature du vieux président qui à 86 ans. Diverses sources fiables indiquent qu’au moins 4 personnes ont trouvé la mort et les manifestations semblent se répandre à l’intérieur du pays depuis que deux manifestants aient été tués par les forces de sécurités gouvernementales à Podor, une ville située dans la partie nord du pays. Il semble que, tout comme dans les pays arabes l’année dernière, les présidents africains qui tentent de s’accrocher au pouvoir contre la volonté de leur population, en manipulant la constitution et le système judiciaire, pourraient risquer les mêmes rébellions populaires qui ont renversé les dictateurs arabes. Peut-être que le Sénégal va montrer la voie.

    En principe, les gens devraient se réunir dans les rues du Sénégal et ses places publiques pour entendre les discours de campagne en vue des élections présidentielles qui sont prévues pour le 26 Février. Toutefois, ces jours-ci, ils ne sont pas à l’écoute des candidats parce que les manifestants sont occupés à démontrer leur mécontentement face à une décision de la cour constitutionnelle qui a décrété que Me Abdoulaye Wade, le président sortant qui a déjà régné pendant 12 ans, pourrait se présenter à la prochaine élection en dépit d’être âgé de 86 ans. Soit dit en passant, l’espérance de vie au Sénégal est de seulement 59 ans. L’aspect le plus problématique de la candidature de Wade est qu’il termine son second qui aurait du être son dernier mandat. Mais la cour constitutionnelle a statué que la limite de deux mandats qui est mandatée par cette constitution ne s’appliquait pas à Wade, parce que cette disposition a été introduite alors que Wade était déjà en fonction. L’ironie est que la règle de la limitation des mandats a été inscrite dans la constitution par Wade lui-même. C’est à cause de cette logique tordue qu’une colère publique s’est emparée de la rue sénégalaise et est en ce moment aux prises avec la police anti-émeute.

    L’entêtement d’Abdoulaye Wade, qui est déterminé de continuer à gouverner malgré le fait que les populations veulent qu’il s’en aille, pourraient très bien inaugurer le premier exemple d’un « printemps » d’Afrique sub-saharienne. Il semble que ces dirigeants pensent que leur pays ne pourrait pas continuer à exister s’ils n’étaient pas au pouvoir. La partie intéressante est que Wade a également d’essayé de positionner son fils en successeur comme on l’a vu au Togo et au Gabon, d’autres pays francophones. Mais les populations africaines sont de plus en plus matures, même celles des pays francophones, comme cela est clairement évidente au Sénégal en ce moment. Il y a donc une possibilité réelle qui voudrait que si le peuple sénégalais pouvait arrêter le fou projet monarchique de Wade, d’autres dirigeants, comme les despotes d’autres pays africains pourraient être confrontés à leur propre «printemps africain». La leçon d’un tel développement serait qu’à la fin, ceux qui refusent d’accepter la volonté et les désirs populaires, ceux qui voudraient continuer à maltraiter et ne pas tenir compte de leur propre population pour le bénéfice de leurs petits clans, seraient confrontés aux mêmes types de soulèvements rapides dont ont été témoins certains pays du monde arabe.

    Des gens comme les Bongo ou les Wade, qui sans vergogne manipulent les cours constitutionnelles et judiciaires afin d’usurper ou étendre leurs pouvoirs, sont si arrogants qu’ils n’ont jamais imaginés que les populations auraient un jour le dernier monde. A titre d’exemple, la cour de Wade a également décidé que Youssou N’Dour, le musicien le plus célèbre du Sénégal, ne pouvait pas se présenter à l’élection parce que cette cour ne pouvait pas identifier l’ensemble des signatures de ses partisans sur sa pétition. C’est absolument ridicule quand tout le monde sait que, en particulier les gabonais, Ali Bongo a été autorisé à devenir président du Gabon en dépit d’un CV clairement frauduleux, un acte de naissance frauduleux, une biographie frauduleuse et enfin une élection frauduleuse.

    Contrairement au Gabon, le Sénégal est reconnu comme une démocratie solide, mais Wade est certainement en train de mettre ce statut en grand danger. Au Gabon, il y a un mouvement appelé «Ça Suffit Comme Ça » qui travaille pour un changement dans le pays, au Sénégal, le mouvement contre Wade est appelé « Y’en a marre ». Lentement mais sûrement, les populations africaines sont de plus en plus prêtes à confronter ces régimes arrogants, condescendants et paternalistes qui les asservissent. Si le peuple sénégalais montrait la voie, serait-il suivi d’autres populations africaines?

    Le Gabon Ennervant, 3/2/2012