Mois : février 2012
-
Pour une mobilisation massive au plan international
Les travaux de la 37e Conférence de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui ont pris fin hier en début d’après-midi, à l’hôtel Mélia Lebreros au centre de Séville, par l’adoption d’une feuille de route pour l’année 2012. Globalement, les 500 participants venus de 20 pays vont focaliser leur mouvement futur sur l’action politique à mener endirection des Nations unies et de l’Union européenne, l’une et l’autre étant selon la déclaration finale, intimement liées. Et en toile de fond, réclamer de ces deux instances l’application du droit international concernant la question sahraouie et permettre au peuple sahraoui de jouir de son droit à l’autodétermination. Les participants ont aussi insisté sur «les alliances nouvelles à établir au sein du mouvement de solidarité» pour une mobilisation intercontinentale tant en Afrique (Union africaine) qu’en Amérique latine. De même que la 37e édition de l’Eucoco élargie à d’autres comités dans le monde a souligné la «nécessité de réajuster la politique de communication tant au sein de l’Eucoco vis-à-vis des interlocuteurs privilégiés au sein des institutions et envers les médias».Un hommage a été rendu à l’Algérie par les participants qui ont salué son «apport particulièrement important» de ce pays d’accueil des réfugiés sahraouis pour soutenir leurs revendications légitimes, précise-t-on. Au sujet des droits de l’homme, la Conférence a retenu l’amplification de la campagne visant la libération de «tous les prisonniers politiques sahraouis» mais aussi pour la protection des ressources naturelles du Sahara occidental. Il a été décidé aussi d’une action en direction du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève et à la Commission des droits de l’homme et des peuples de l’UA et du Conseil de l’Europe. L’atelier solidarité s’est particulièrement attaché à la nécessité d’associer les mouvements sociaux aux mobilisations pour le respect de l’ensemble des droits humains, sociaux et culturels du peuple sahraoui.Cette année, un cinquième atelier a été réservé à la promotion de la culture sahraouie, à la défense du patrimoine de ce peuple.La 38e édition de l’Eucoco aura lieu en 2013 à Rome.Y. M.* Ce compte-rendu est dédié à la mémoire de notre journaliste Mohamed Zaâf, fervent défenseur de la cause sahraouie, décédé cette semaine.Le Jeune Indépendant, 6/2/2012 -
Aminatou Haidar au J.I. : « J’espère que cette édition de l’EUCOCO pourr faire avancer la position espagnole »
La célèbre militante sahraouie des droits de l’homme a exprimé à la fin des travaux de la 37e édition de l’Eucoco son souhait de voir cette conférence participer à faire évoluer la position espagnole au sujet du conflit maroco-sahraoui. «J’espère que cette grande manifestation contribuera à faire avancer les choses tant au sein du gouvernement espagnol, qui demeure la puissance administrant le Sahara occidental, que l’ONU, qui doit se mobiliser pour l’application des résolutions maintes fois réitérées», a-t-il dit.Aminatou Haidar a ajouté que «l’ONU doit faire pression sur le Maroc pour permettre au peuple sahraoui d’exprimer son choix». Elle s’est par ailleurs félicitée de la réussite des travaux de la 37e Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui. Y. M.Le Jeune Indépendant, 6/2/2012 -
Le Polisario mise sur le gouvernement espagnol
par Notre Envoyé Spécial A Séville (Espagne) : Z. MehdaouiLa 37ème édition de la Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco) devait clôturer, tard dans la soirée d’hier, ses travaux. Plusieurs ateliers sont installés, depuis samedi dernier, pour discuter des thèmes liés notamment à la «résistance pacifique des Sahraouis dans les villes occupées», «la communication et les villes jumelées», «le respect des droits de l’homme» et «le pillage des richesses naturelles du Sahara Occidental par le Maroc».Mais ce qui a incontestablement retenu l’attention des participants à la conférence, organisée dans la ville de Séville, c’est le discours prononcé par le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz. Ce dernier, avait clairement mis en garde contre une éventuelle reprise des hostilités militaires si le royaume chérifien persistait dans ses «tergiversations». Le chef du Polisario qui précise qu’il était attaché aux «voies pacifiques», a appelé le nouveau gouvernement marocain afin de dépêcher une nouvelle délégation animée d’une nouvelle vision, lors de la prochaine rencontre (11, 12, 13 février) à Manhassat, aux Etats-Unis. «Nous espérons que la partie marocaine vienne à ces négociations avec une vison conforme à la légalité internationale», avait-il déclaré à l’ouverture des travaux de l’Eucoco. Le président de la RASD a par ailleurs, critiqué sévèrement les Nations unies pour leur gestion du dossier sahraoui, en soulignant que « l’échec des Nations unies dans l’application de ses propres résolutions, vingt années durant, à propos d’une question simple et claire, ne peut être compris, lorsque l’on constate la célérité et l’efficacité qui ont caractérisé les mécanismes du Conseil de sécurité de l’ONU à propos d’autres questions et conflits bien plus tardifs que la question sahraouie», avait-il déclaré, non sans appeler les Nations unies à «assumer leurs responsabilités» dans ce qui va suivre dans un proche avenir si la situation de pourrissement persistait toujours. Le président Abdelaziz a exhorté dans le même cadre, l’Europe à participer efficacement dans la recherche d’une «solution juste et définitive» du conflit au Sahara Occidental. «L’Europe ne doit pas contredire ses propres valeurs et principes en se précipitant pour protéger les droits de l’homme et les civils par tous les moyens, y compris militaires, dans plusieurs régions du monde, en feignant de ne pas voir que les droits de l’homme et la légalité sont bafoués au Sahara Occidental, par la force d’occupation marocaine», s’est élevé le président sahraoui devant quelque 600 délégués venus d’une vingtaine de pays de tous les continents.Mohamed Abdelaziz mise par ailleurs beaucoup sur la nouvelle équipe dirigeante en Espagne pour peser de tout son poids au sein de l’Union européenne pour amener le Maroc à de meilleurs sentiments dans un conflit qui dure depuis l’année 1975. «Nous prédisons un rôle positif des nouvelles autorités espagnoles, issues du Parti populaire (PP) pour résoudre la question sahraouie, à travers un référendum d’autodétermination», a indiqué Mohamed Abdelaziz qui rappelle que le PP s’est clairement exprimé sur la question sahraouie, lors des élections législatives en Espagne, en rappelant par ailleurs la «dette historique» de l’ancienne puissance coloniale à l’endroit du peuple sahraoui. En tous les cas, Pierre Galland, le président de l’Eucoco paraissait cette année (37ème édition) très serein quant à l’issue du conflit qui dure depuis plusieurs années. Pour preuve l’ancien sénateur de Bruxelles n’a cessé de rappeler, quand il est interpellé par les journalistes en marge des travaux de l’Eucoco, la décision historique du Parlement européen de ne pas reconduire l’accord de pêche sur les eaux territoriales sahraouies avec le Maroc. Pierre Galland est convaincu qu’il existe désormais, à l’intérieur des centres de décisions en Europe, une sorte de prise de conscience en ce qui concerne le Sahara Occidental.Le Quotidien d’Oran, 6/2/2012 -
« L’Espagne a un intérêt particulier dans cette affaire (Sahara) car elle a une certaine responsabilité historique » (ambasadeur Busquets)
Le Jeune Indépendant : Le début de l’année est pratiquement la période des bilans. Quel est celui des relations entre les deux pays ?G. Busquets : C’est effectivement un bon moment pour faire ce bilan, particulièrement cette année 2012, c’est connu, c’est le 50e anniversaire de l’indépendance de l’Algérie et le 50e anniversaire des relations diplomatiques entre nos deux pays. C’est aussi le dixième anniversaire de la signature du traité d’amitié, de bon voisinage et de coopération entre l’Algérie et l’Espagne, le premier de ce type signé par l’Algérie avec un pays européen. Ce traité définit un schéma de coopération et de dialogue politique au plus haut niveau, avec des sommets gouvernementaux. Le prochain sera le cinquième sommet et nous espérons qu’il aura lieu cette année. Il aurait dû avoir lieu à la fin de 2011, mais il a été reporté à cause des élections en Espagne. Ce report nous permettra maintenant de faire le bilan de dix ans.L’Algérie est un pays voisin, c’est le premier avantage qu’il faut souligner dans nos relations. C’est un pays avec lequel nous n’avons ni des hypothèques du passé ni des ressentiments historiques. Nous n’avons pas non plus des contentieux. Ce qui ne veut pas dire que nous n’avons pas de temps en temps des différends, nous ne pouvons pas être d’accord sur tout !Le cadre favorable à une coopération amicale est déjà là. Je peux dire que nos relations sont excellentes, mais nous voulons qu’elles soient exemplaires. Pour cela, il nous faut plusieurs choses : d’abord, sortir un peu de cette fixation sur les rapports énergétiques entre les deux pays. L’énergie a été le vecteur principal de nos relations, nous sommes le deuxième client européen de l’Algérie. Nous avons réalisé, l’année passée, un deuxième gazoduc qui a une importance énorme. Il va alimenter en gaz non seulement l’Espagne, mais aussi le réseau européen.C’est un créneau qui restera certes très important, mais d’autres créneaux existent, aussi bien dans le domaine économique que dans d’autres domaines. Les entreprises espagnoles ont les capacités qui s’adaptent aux besoins de l’Algérie. Dans le domaine des infrastructures, la performance espagnole est connue mais pas seulement dans ce domaine. Il y a bien d’autres exemples de sa présence en Algérie. Le plus important secteur à mon avis est celui des PME. Dans ce domaine, il nous reste beaucoup à faire, et il nous faut aussi mieux nous connaître.L’Algérie est-elle considérée comme exclusivement un partenaire économique ?Pas seulement ! L’Algérie est aussi un partenaire politique très important, voire incontournable, pour nous : la Méditerranée, 5+5, processus de Barcelone, son poids au sein de la Ligue arabe, son rôle dans le groupe des 77, les questions globales. Tout ce qui est coopération régionale au Maghreb. Nous pensons que de nouvelles perspectives peuvent s’ouvrir maintenant dans la région. C’est vrai que ces mécanismes, 5+5, Méditerranée… méritent, suite aux nouvelles données de la région, une nouvelle réflexion, mais comme je disais, des perspectives existent et nos deux pays doivent s’y pencher. Il y a aussi cette profondeur et cette dimension africaine de l’Algérie qui est très importante pour nous sans oublier le Sahel.Il y a également un passé historique qui est très important. Nous ne sommes pas seulement liés par la géographie, mais aussi par l’histoire. A ce propos, le chapitre culturel est très important à relever. Nous avons deux centres culturels en Algérie, ils sont des plus actifs de tout notre réseau culturel à l’étranger.Tout ceci pour dire que nos relations sont globales. Je pense que cette année 2012 sera une année de relance des relations. Un nouveau souffle animera nos relations. L’année dernière, nous avons été très penchés sur nos situations intérieures. En 2012, nous allons assister à une relance. Il y a encore du potentiel à exploiter. Je suis certain que cette année nous allons effectuer un saut qualitatif dans nos relations.Vous évoquiez les PME. Un axe d’avenir à entendre parler les responsables algériens. En quelque sorte préparer l’après-pétrole. La présence étrangère dans ce secteur est très timide et elle est liée aux contraintes de la régulation du marché algérien. Le crédoc, la LFC, le système bancaire où les sociétés étrangères aimeraient bien avoir des banques étrangères de leur pays… Comment voyez-vous tout cela ?Je peux vous donner un avis d’un point de vue espagnol. C’est d’ailleurs un point de vue similaire pour les autres pays européens, je pense. D’abord, les PME sont énormément importantes. Elles sont celles qui génèrent le plus d’emplois et apportent le plus de transfert de technologie. Elles sont importantes du point de vue économique mais aussi des relations commerciales et humaines. Une des premières mesures qu’a prise le nouveau gouvernement espagnol est un ferme soutien aux PME.Les PME sont des entreprises en majorité à caractère familial. Elles sont basées sur la confiance et la continuité. Cette relation de confiance est très importante vis-à-vis des partenaires étrangers. Elles veulent maintenir ce caractère familial dans la direction et le contrôle de l’entreprise, l’entreprise appartient à celui qui l’a créée.C’est ce genre de problèmes qui se posent lorsque l’entreprise sort à l’étranger. Nous constatons de plus en plus l’intérêt des PME espagnoles à s’installer en Algérie. Le marché algérien, en cette phase de la crise économique en Espagne, est un marché à fort potentiel et offre des opportunités intéressantes pour les PME espagnoles.En même temps, je constate que les PME espagnoles qui s’installent en Algérie sont celles qui ont des rapports avec l’Algérie depuis des années. C’est un long processus de confiance personnelle. Pour mieux attirer les PME ici, il faudrait tenir compte, je pense, de ces données.Il faut faire preuve d’imagination et de pragmatisme car leur contribution dans le transfert de technologie et dans la création d’emploi est incomparable.Et concernant la législation algérienne actuelle ?La loi de finances complémentaire 2009 a décidé un nouveau cadre juridique et les PME qui veulent s’installer en Algérie s’adaptent au partenariat 51 /49 mais nous serions mieux servis si la législation tenait compte des spécificités des PME.La rigidité peut parfois produire des effets contraires. Je sais que des industriels et des hommes d’affaires algériens ont déjà fait des propositions très intéressantes à cet effet. Il faudrait peut-être trouver des modèles spécifiques qui permettent aux PME plus de flexibilité pour maintenir la majorité ou le contrôle de l’investissement. Ceci dit, un investissement n’est jamais sans risque, partout dans le monde.Il ne s’agit pas de minimiser les risques mais de faciliter leur présence ici.Dernièrement, la Banque d’Algérie a refusé d’agréer 6 banques étrangères. Y aurait-il dans le lot du refus une banque espagnole, sachant que les banquiers espagnols s’intéressent à s’implanter en Algérie ?Une banque étrangère est un instrument très utile pour la présence des compagnies et des entreprises étrangères. Elle est utile dans la recherche des partenaires, en plus d’être habituée à leur façon de travailler. L’une des questions qui nous préoccupe est justement de renforcer les instruments qui facilitent la présence des entreprises espagnoles et le contact entre les entreprises espagnoles et algériennes. Les banques et les chambres de commerces sont des instruments très importants. Il y a un groupe de chefs d’entreprises algéro-espagnol qui est en train de travailler sur ce type d’instruments. La présence d’une institution financière est très demandée aussi.L’intérêt existe depuis longtemps. Je sais que des démarches auprès de l’administration algérienne ont été faites.Les mésententes existant entre les deux pays sont exclusivement le problème du prix du gaz, le différend commercial et le problème sahraoui, la position dépend des gouvernements espagnols. Que pouvez-vous dire pour ces deux sujets ?Concernant le gaz, pour nous l’Algérie est un fournisseur fiable et stable. L’Algérie est notre principal fournisseur. Il peut arriver facilement à la limite de ce que la réglementation espagnole permet pour un seul fournisseur.Cela reflète un énorme degré de confiance, je dirais une confiance totale. Les contrats à long terme du gaz qui sont du ressort des compagnies privées, pas de l’Etat, ont des mécanismes de révision des prix.Chaque certaine période, (tous les 3 ans d’habitude), les compagnies doivent se mettre d’accord pour la révision des prix. Ces dernières années, la révision des prix a été plus difficile et les compagnies ont fait recours à un arbitrage.Même dans ce contexte des solutions ont été trouvées dans un esprit de partenariat. Aujourd’hui, Sonatrach est actionnaire de son client espagnol Gaz Natural, bien sûr aussi dans le gazoduc Medgaz. Cela donne une nouvelle qualité à la présence de l’Algérie en Espagne et au rapport entre les compagnies. Elles sortent du simple rapport client-fournisseur. L’interdépendance est mieux que la dépendance, c’est une bonne solution pour certaines questions.D’autre part, les deux gouvernements, conscients de l’importance de cette relation, ont essayé d’apporter leur contribution pour que les problèmes soient résolus à la faveur du bénéfice mutuel.Mais le prix du gaz n’est-il pas sous la bannière de ce qu’on appelle aujourd’hui le cartel du gaz ?Bien qu’en Algérie on apprenne beaucoup de choses, je ne suis malheureusement pas un expert en gaz. Les contrats pour le gaz sont différents des contrats pour le pétrole, bien que le prix du gaz soit indexé sur d’autres produits pétroliers. Ce qui fait que le gaz a une spécificité. Il y a une approximation mais ce sont des contrats à long terme qui n’existent pas exactement dans le marché pétrolier. Ce forum des pays exportateurs de gaz n’est pas encore une OPEP du gaz mais plutôt un groupe de concertation, de coopération, d’échange de données et d’expériences, je pense.Pour clore ce chapitre de coopération, quel est le chiffre d’affaires entre les deux pays ?C’est autour des 10 milliards de dollars. Cela varie selon le prix du gaz (rire).Il y a un déficit structurel pour l’Espagne qui importe beaucoup plus de l’Algérie qu’elle ne lui vend. Une raison de plus pour nous de nous efforcer à être plus présents ici.Nous sommes le troisième client de l’Algérie après les Etats-Unis et l’Italie et le quatrième fournisseur après la France, l’Italie, la Chine. L’Espagne est l’un des principaux investisseurs ; entre 2005 à 2008, le premier investisseur européen.Les produits agricoles espagnols ont été refoulés, l’an dernier, aux frontières françaises. L’Espagne a une tradition agricole certaine. Les colons en Algérie étaient dans leur majorité des Espagnols. Aujourd’hui, la coopération dans ce secteur est insignifiante. Pourquoi ?L’Europe est le marché traditionnel des produits agricoles espagnols. Il ne faut pas oublier qu’il y a un marché unique et une politique agricole commune en Europe. Mais, il est vrai que l’Algérie devrait faire l’objet d’un intérêt plus sérieux dans le domaine de l’agriculture.Il existe déjà une coopération dans certains domaines : irrigations, agrumes, l’olivier, qu’il faudrait élargir. Il y a des questions par rapport à la propriété des terres agricoles qui ne sont pas très bien comprises par les agriculteurs espagnols : participation, cession. Il y a un travail à faire et c’est pour cela que je vous ai dit que le secteur de l’énergie est important, mais il n’est pas le seul. Pas seulement l’agriculture, il y aussi la logistique, surtout celle liée à l’organisation des marchés, distribution, etc.Pourquoi l’Espagne n’a pas initié une sorte d’UPM. A-t-elle renié une partie de son histoire ?Votre question nous ramène à un autre aspect : La Méditerranée et la culture. La Méditerranée est l’affaire de tous. C’est très important de le dire. Nous avons toujours défendu cette position. Elle n’est pas seulement l’affaire des pays riverains. Elle doit être l’affaire de tous les Européens. Les défis sont tellement importants, mais aussi les conséquences de ce qui peut arriver en Méditerranée qui peuvent affecter non seulement les pays riverains mais l’Europe entière. Il est normal que les pays riverains soient à l’origine de toutes les initiatives qui se tiennent en Méditerranée. C’est le cas de l’UPM, c’est le cas du 5+5, du Forum méditerranéen, du processus de Barcelone… Nous avons toujours adhéré ou même initié ces initiatives parce que la Méditerranée est notre sphère commune. Nous devons faire en sorte que cette Méditerranée nous unisse.Voyez-vous, moi-même, je suis né aux Baléares, c’est-à-dire plus près d’Alger que ceux qui sont originaires d’Oran. Mais cette proximité est mesurée parfois d’une façon différente. C’est cela notre grand défi en tant que Méditerranéens. Unir et rapprocher. En tout cas, on revient toujours à cette réalité car on revient toujours à ses origines. L’Europe sans la Méditerranée serait autre chose.Le Sahara occidental ?L’Espagne a un intérêt particulier dans cette affaire car elle a une certaine responsabilité historique. Elle a tout intérêt à ce que ce problème soit résolu définitivement.La position de l’Espagne a été constante depuis 1976. Il est vrai que l’on a tendance à interpréter les déclarations d’un gouvernement ou autre dans un sens ou dans l’autre dans la mesure où il peut y avoir des nuances ou des accents dans la recherche de la solution à un moment donné. Mais la position sur les principes a été la même pour tous les gouvernements et pour plusieurs raisons. Il s’agit d’une affaire qui concerne tout le monde en Espagne, le gouvernement, l’opposition, le Parlement. Le Parlement espagnol se prononce à ce sujet de façon unanime. C’est une affaire très sensible aussi pour la société civile.Sans oublier les implications pour la politique étrangère espagnole dans la région. Tout gouvernement espagnol doit tenir compte de toutes ces données. Tous les gouvernements qui se sont succédé ont recherché un consensus autour de cette question qui est entre les mains des Nations unies.L’Espagne est pour une solution juste et définitive accordée par les parties, dans le cadre des Nations unies, et qui tient compte du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.A partir de cette position, l’intérêt de l’Espagne est de sensibiliser la communauté internationale, d’aller dans le sens de l’urgence de trouver une solution, de donner son appui, permanent et constant, aussi bien politique que logistique, à l’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies. Les parties et les partenaires maghrébins le savent très bien.Le «printemps arabe» domine la situation dans le monde. La Libye, la Syrie…Ce qui s’est passé dans certains pays est une sorte de deuxième indépendance. C’est l’impression que donnent les peuples de ces pays-là. Ces peuples ont le sentiment que leur indépendance avait été séquestrée par des castes bureaucratiques, militaires, etc. et veulent la récupérer et bannir les régimes «patrimonialistes». Ce sont des processus qui sont en train de se consolider à travers la démocratie. Mais la démocratie n’est pas seulement des élections. Elle implique aussi la bonne gouvernance et l’état de droit. Je crois que les aspirations des peuples vont dans ce sens-là. Ce qu’ils souhaitent, c’est la bonne gouvernance, chacun avec sa spécificité. Ni les rapports de force ni les situations ne sont pas les mêmes dans tous les pays. A mon avis, l’important est la participation des peuples dans la vie démocratique de chaque pays. Ce que la communauté internationale demande et plus particulièrement l’Union européenne, et le respect de certaines valeurs. Nous n’avons pas à imposer un modèle déterminé.Certaines hypothèses supposent que le Qatar soutien les islamistes dans ces pays-là ?Les islamistes sont une donnée dans tous ces pays. Il faut être réaliste. Mais il y a aussi les démocrates et nous avons tendance à les oublier, on ne parle pas d’eux. Nous n’allons pas dire que les islamistes ne sont pas des démocrates. Les islamistes ont accompagné ces soulèvements, mais ils ne sont pas à leur origine, en Tunisie ou en Egypte, par exemple.Mais toutes les interprétations sont possibles, il nous faut encore un peu de temps pour mieux comprendre ces développements, car nous sommes devant un défi historique, ils vont avoir une longue durée et évoluer différemment.L’Europe qui a refusé l’adhésion de la Turquie, juste parce qu’elle est gouvernée par une équipe islamique, soutient ces mouvements et a donné la Tunisie comme modèle… quelle lecture en faites-vous ?L’Union européenne n’a pas refusé l’adhésion de la Turquie. L’Europe n’est pas unanime sur cette question et certains pays européens verraient très bien la Turquie comme l’un de ses membres. Il y a un processus de négociation dont le but est l’adhésion, mais le résultat reste ouvert.D’ailleurs, le succès économique de la Turquie et beaucoup de réformes qui ont eu lieu en Turquie ne s’expliquent pas sans cette proximité avec l’Union européenne. J’ai déjà signalé que nous n’avons pas à imposer un modèle déterminé, mais si celui-ci est le modèle, la voie suivie est connue.Sur les réformes en Algérie ?Nous les avons saluées avec satisfaction, les encourageons et nous croyons qu’elles sont substantielles. Nous pensons que chaque pays a ses spécificités mais il faut être conscient que l’on doit répondre aux aspirations du peuple.Nous souhaitons que les prochaines élections soient libres et transparentes avec une participation importante. Cela sera un grand pas en avant. Ceci n’est qu’une étape, tel qu’il a été indiqué par le président de la République. La prochaine étape sera la révision de la Constitution.Pour ceux qui crient au loup et demandent des observateurs en masse ?Nous nous félicitons du fait que l’Algérie ait décidé d’inviter des observateurs et plus particulièrement de l’Union européenne. C’est une preuve de la volonté de tenir ces élections dans les meilleures conditions. L’observation électorale est aussi un élément du processus de réformes et un encouragement.Votre dernier mot !N’oublions pas la culture. Pour moi c’est très important, car nous avons un déficit de connaissance mutuelle.La compréhension de l’autre demande un minimum de connaissance et de sensibilité culturelle. Ce volet nous permet de mieux gérer les problèmes et de coopérer plus étroitement sur des bases solides sans avoir peur des surprises.En Algérie, nous avons tendance à regarder plutôt son passé récent et pas l’avenir, c’est aussi une contribution que la culture peut faire. Pour nous la culture est aussi une priorité.D’autres pays mettent 13 millions d’euros en Algérie pour la culture…On ne peut que s’en réjouir, mais même s’il y a des parallélismes, il ne s’agit pas seulement de comparer des chiffres. Nous devons mettre l’accent sur la culture comme un sujet nécessaire, voire indispensable, à caractère permanent, qui nous permettra aussi de mieux nous connaître.Chacun doit apporter sa contribution et cela à tous les niveaux.Entretien réalisé par Samir MéhallaLe Jeune Indépendant, 5/2/2012 -
Escroquerue : Le Maroc vend des fraises en Europe avec un label espagnol
L’association des producteurs et des exportateurs de fraises de Huelva (Freshuelva) a signalé la présence d’une grande quantité de fraises produites au Maroc, portant des étiquettes comme si elles étaient espagnoles, sur les marchés européens. La plainte a été faite lors d’une conférence de presse, qui a rapporté le « la présence à Huelva dans la Foire Internationale pour le Marketing des fruits et légumes Fruitlogistica 2012» qui aura lieu la semaine prochaine.Alberto Garrocho, président de l’association a dénoncé que ce sont les producteurs de fraises de Huelva qui ont découvert cette supercherie, puisque les variétés de fraises marocaines ne sont pas produites en Espagne. Le président de Freshuelva a demandé aux autorités espagnoles et européennes de contrôler ce type de pratique, qui et, en plus de fraude, peut provoquer une grave menace pour la sécurité alimentaire étant donné que les fraises du Maroc ne sont pas «produites avec les mêmes normes de qualité et de traçabilité que les espagnoles. «
Garrocho a ajouté que, à titre d’exemple, au Maroc l’on utilise encore pour la désinfection des plantes des produits chimiques interdites en Europe, tels que le bromure de méthyle. Par conséquent, il a appelé aujourd’hui les autorités européennes à exiger du Maroc le respecter des normes qui sont imposées aux producteurs espagnols.
Aujourd’hui, l’Andalousie est le plus grand producteur de fraises en Europe (33%), à savoir la province de Huelva, qui représente 94% de l’Espagne.
Nous ne seront pas étonnés de voir qu’une autre histoire similaire à celle du concombrese repète à nouveau, cette histoire qui a porté un préjudice grave à notre agriculture. Nous ne seront pas non plus étonnés de voir qu’une partie très importante de la fraise qui arrive en Europe provenant du Maroc ait été produites par des sociétés espagnoles installées au royaume alaouite.
L’UE – jusqu’à présent, le Ministère de l’Agriculture sous la direction de Arias Cañete- n’a rien dit, et les autorités espagnoles doivent procéder à une enquête approfondie sur cette frause et la violation de la réglementation européenne
Espacios Europeos, 2/2/2012 -
L’auteur du «Printemps des Sayanim» interdit à Casablanca: Le tabou du conseiller de M6
par Salem FerdiL’inamovible conseiller royal au Maroc, André Azoulay, a toujours été un sujet de controverse sur ses liens présumés ou réels avec le Mossad. Mais le sujet est rarement abordé par les médias marocains en raison d’un système de protection efficace. L’écrivain marocain d’origine juive, Jacob Cohen, auteur du «Printemps des Sayanim» paru chez l’Harmattan, vient d’en faire l’expérience.Jacob Cohen devait présenter son livre, le 26 janvier dernier, à l’Espace Tayeb Saddiki de Casablanca mais l’évènement a été annulé à la dernière minute. Le directeur de l’espace, Baker Saddiki, a invoqué des «travaux urgents» pour éviter que M. Jacob Cohen ne vienne présenter son livre, consacré aux juifs de la diaspora qui travaillent, ponctuellement ou durablement, pour le Mossad. Dans un entretien publié par Alter-Info et reproduit par Palestine Info, Jacob Cohen définit ce que veut dire Sayan, singulier de Sayanim. «Les Sayanim – informateurs en hébreu – sont des juifs de la diaspora qui, par «patriotisme», acceptent de collaborer ponctuellement avec le Mossad, ou autres institutions sionistes, leur apportant l’aide nécessaire dans le domaine de leur compétence». Quel rapport entre les Sayanim et l’interdiction, de fait, de la présentation du livre à Casablanca ? Outre le franc-parler de Jacob Cohen, son positionnement à gauche et son refus de suivre la propagande officielle sur l’harmonie entre juifs et musulmans, il a eu l’outrecuidance de désigner le puissant André Azoulay, comme un «Sayan». Progressiste et défenseur des droits de Palestiniens, Jacob Cohen ne tient pas en grande estime le Conseiller royal qu’il qualifie de «Sayan» mais ce n’est pas la seule raison qui explique qu’on ne veuille pas qu’il s’exprime au Maroc. Dans un article publié sur son blog et intitulé «Autocensure : la maladie infantile de la démocratie marocaine», Jacob Cohen énumère les raisons qui motivent son interdiction de la part d’institutions culturelles marocaines qui ont réalisé leur «erreur» après des recherches internet et ont décidé d’annuler la conférence. Il raconte ainsi comment l’enthousiasme initial de Baker Saddiki s’est refroidi.«JE NE SUIS PAS UN JUIF DE COUR»«Son 1er mail du 21 décembre 2011 était absolument enthousiaste. Grande soirée en perspective, avec médias et large communication. Echange de mails et de documents divers. Date fixée pour la conférence : le 26 janvier 2012. Et puis le 13 janvier, 2 jours avant la campagne de promotion dans la presse, changement brutal. Annulation pour cause de «travaux urgents» et «durables». Des amis assurent à l’écrivain que le 26 janvier, à l’heure prévue pour la conférence, il n’y avait pas de travaux particuliers. Jacob Cohen dit comprendre leur panique. Il n’a pas la langue dans sa poche. «Je ne suis pas du genre à reprendre les «vérités» assénées par l’establishment sur l’harmonie et la coexistence parfaites entre juifs et musulmans. Les juifs marocains ont toujours été des sujets mineurs, au sens «arendtien» du terme. Le juif marocain n’a pas à ouvrir sa gueule. Mais je ne suis pas un «juif de cour», expression empruntée à Abraham Serfaty ». Jacob Cohen estime aussi que l’establishment marocain n’aimerait entendre que ce que disait Serfaty : la campagne menée dans les journaux de l’Istiqlal en 1961 et qui fut rééditée en 1967 était du racisme. Elle alimentait fortement les desseins de la bourgeoisie juive et du sionisme».LIVNI, LA «BOUCHERE DE GAZA»Outre sa propension à contester le mythe de l’harmonie, Jacob Cohen souligne que son engagement politique à gauche n’est guère apprécié. «Je suis engagé politiquement. A gauche. Mon blog et mes 2 pages Facebook en font foi. Je milite pour une Palestine unie et démocratique. Je ne défends pas – et je critique durement – la politique de «dialogue» avec un Etat qui continue, impunément, agressivement, cyniquement, à coloniser et à détruire les structures sociales, économiques et culturelles de la société palestinienne. Cette politique de «dialogue», bien servie par un autre «juif de cour», le Sayan André Azoulay, n’a eu pour résultat jusqu’à présent qu’à légitimer la mainmise sioniste sur toute la Palestine. Que des dirigeants sionistes, comme la «bouchère de Gaza», arrivent au Maroc, à Tanger, comme en terrain conquis, et reçus avec les honneurs, je trouve cela indigne d’un pays arabe et musulman». Cohen parle de l’ancienne ministre des Affaires étrangères israélienne, Tzippi Livni, invitée en 2009 par un Think Tank de Brahim Fassi Fihri, le fils de l’ex-ministre des Affaires étrangères. Bref, Jacob Cohen est trop libre.Le Quotidien d’Oran5/2/2012 -
Sahara : Le Polisario veut coopérer avec l’ONU mais…
«Nous souhaitons que la nouvelle délégation marocaine, désignée par le gouvernement du Premier ministre Abdelillah Benkirane, arrivera à Manhasset avec une nouvelle vision qui rompt avec l’attitude négative affichée par le Maroc lors des différents rounds de négociations entre les deux parties», déclare Mohamed Abdelaziz, le SG du Front Polisario, dans un point de presse qu’il a tenu en marge des travaux de la 37e conférence européenne de coordination de la solidarité avec le peuple sahraoui qui s’est ouverte vendredi à Séville (Espagne).Cette énième montée du Front du Polisario à l’approche des neuvièmes négociations de Manhasset (New York), prévues du 11 au 13 février, trouvera-t-elle un écho au Maroc ? Jusqu’à présent, Rabat refuse d’avoir une vision conforme avec la légalité internationale et de coopérer sérieusement avec les Nations unies pour résoudre le dernier conflit colonial en Afrique. Le gouvernement du Parti de la justice et du développement de M. Abdelillah Benkirane mettra-t-il fin à cette vision en optant pour le respect des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés ? Le doute est permis. Le Front Polisario a toujours fait preuve de son attachement à une solution juste et démocratique au conflit, à travers l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui permettra au peuple sahraoui de s’exprimer librement sur tous les choix qui lui seront soumis. Y compris l’autonomie que préconise, depuis 2007, le Royaume comme seule et unique solution. Une position sahraouie que ne manqueront pas d’appuyer logiquement tous les gouvernements issus des révoltes populaires et l’envoyé personnel du SG de l’ONU au Sahara occidental, Christopher Ross qui sera prochainement à Strasbourg pour s’expliquer devant les eurodéputés sur «la liberté des peuples à se libérer des dictatures et des régimes répressifs». Autrement dit, il sera exigé de l’ONU de profiter du climat du printemps arabe pour trouver une solution à ce conflit dont que le camp de Gdeim Izik qui a été «violemment réprimé par les autorités marocaines» pourrait être considéré comme «un détonateur » pour le printemps arabe. Comment ? En tenant avec Rabat le discours qu’elle a tenu avec Tripoli, Damas, Sanaâ. «Si ces pourparlers échouaient, le retour aux armes serait presque inévitable», prévient le président sahraoui dans une interview à la revue italienne de géopolitique Limes parue jeudi. Précisant que le Polisario a éprouvé, lors du dernier congrès, beaucoup de peine pour convaincre la base qui a émis le désir de reprendre les armes de faire confiance à la voie diplomatique.Horizons, 5/2/2012 -
José Bové : Nous ferons tout pour stopper l’accord agricole UE-Maroc
L’agriculteur et parlementaire français, José Bové, déclare dans une interview avec le journal L’économiste qu’il travaillera dur pour faire barrage à l’accord qu’il qualifie de « catastrophe pour l’agriculture ».Dans le journal marocain L’économiste de la semaine dernière, l’eurodéputé français José Bové explique pourquoi il est contre l’accord agricole avec le Maroc. lire l’interview complète ci-dessous.
Accord agricole Maroc-UE
Bové: «Nous ferons tout pour faire barrage»
Vote favorable de la commission du commerce international du Parlement européen Le Vert français prépare une riposte pour la plénière du Parlement en février : «Ma position n’est absolument pas dirigée contre le Maroc»
C’est sans surprise que la commission du commerce international du Parlement européen (INTA) a voté, le 26 janvier, en faveur de l’accord agricole Maroc/UE (23 pour, 5 contre et 1 abstention). En votant massivement, les membres de cette commission ont donc rejeté le rapport du Vert français, José Bové. Aux yeux de ce dernier, l’accord en question n’est bon ni pour le Maroc ni pour l’Europe dans la mesure où celui-ci ne ferait que renforcer une «agriculture industrielle exportatrice aux dépens de l’agriculture familiale et paysanne des deux côtés de la Méditerranée». L’ex-paysan du Larzac se promet maintenant de batailler ferme pour que cet accord soit rejeté lors de la plénière du Parlement européen à la mi-février. A l’issue du vote de la commission, L’Economiste a rencontré José Bové.
-L’Economiste: Contrairement aux recommandations de votre rapport sur l’accord agricole, la commission INTA a voté en faveur de cet accord. Comment réagissez-vous? Etes-vous déçu par cet échec?
– José Bové: Je ne pense pas que l’on puisse parler d’échec. En vérité, je m’attendais à cette décision, je ne suis pas naïf, je sais très bien que les tenants du libre-échange sont très nombreux au sein de la commission du commerce international du Parlement. Le libre-échange est une catastrophe pour l’agriculture. C’est l’échec déjà avec l’OMC depuis dix ans et on sait très bien que libre-échange et agriculture ne font pas bon ménage, cela ne fonctionne pas. Ceux qui connaissent vraiment les sujets agricoles sont les membres de la commission de l’agriculture du Parlement qui, eux, ont voté très clairement contre l’accord avec le Maroc en juillet 2011. Dans ce cas-ci, la commission du commerce international, qui est là pour faire du libre-échange partout dans le monde et qui se moque des intérêts des populations, vote systématiquement en faveur de tous les accords de libre-échange. Je ne suis absolument pas étonné de ce vote, c’est plutôt l’inverse qui m’aurait surpris.– Cet accord agricole a connu des péripéties entre les eurodéputés et la Commission européenne. Avez-vous une explication particulière à ce sujet?
– Personnellement, je suis en faveur d’un débat de fond sur cet accord agricole et le problème pour les eurodéputés avec ce type d’accord est que l’on ne peut pas introduire d’amendement. A mon avis, la seule façon de renégocier, dans l’intérêt des producteurs des deux côtés de la Méditerranée, est de voter «non» à cet accord afin de pouvoir par la suite discuter en profondeur des tenants et aboutissants de cet accord. Pour l’instant, le Parlement ne participe à aucune négociation des accords avec les pays tiers, c’est uniquement la Commission européenne qui le fait et nous sommes à chaque fois mis devant le fait accompli. Il y a énormément de choses qui peuvent être améliorées dans le cadre de cet accord avec le Maroc et pour cela, il faudrait que le Parlement soit de plus en plus impliqué dans les négociations.– Pour quelles raisons refusez-vous obstinément cet accord avec le Maroc ?
– Parce que c’est un très mauvais accord pour les petits paysans marocains qui sont spoliés par les grandes entreprises, pour les paysans français, espagnols et italiens qui voient les importations augmenter et détruire leurs capacités à vendre et vivre de leurs produits à l’intérieur de l’Europe. Cet accord est une catastrophe pour l’agriculture, une catastrophe pour l’emploi des deux côtés de la Méditerranée et c’est aussi une catastrophe écologique, car on sait qu’il faut 10 fois plus d’eau pour produire des tomates au Maroc qu’en Europe. Ma position n’est absolument pas dirigée contre le Maroc, ma position est «petits producteurs marocains et agriculteurs européens main dans la main contre la logique de libre-échange des multinationales» qui va les broyer systématiquement.– Qu’allez-vous faire d’ici la plénière de février qui devrait procéder à un vote final sur cet accord?
– Nous allons maintenant mener la campagne au niveau de la plénière à Strasbourg d’ici la mi-février pour que cet accord soit rejeté. C’est en effet la plénière qui va prendre une décision finale et là, j’espère que l’on aura un vrai débat de fond et on verra comment les gens se situeront. Le 7 février prochain, je serais à Madrid pour rencontrer les organisations agricoles espagnoles pour une conférence de presse appelant à la mobilisation contre l’accord.– Quelles sont vos chances pour renverser la tendance le mois prochain?
– C’est sûr que cela ne va pas être facile. Parce que nous avons tous les gouvernements européens contre nous. Tous se battent dans ce sens et, personnellement, j’ai subi des pressions de partout. Ce n’est pas grave, j’y suis habitué. Cela ne m’étonne pas outre mesure. On va mener la bagarre loyalement et on verra bien. De toutes les façons, ce n’est qu’une partie de l’histoire, l’histoire continue …Propos recueillis par Aziz BEN MARZOUQ
APSO INFO, 4/2/2012 -
Sahraouis et Marocains, un même oppresseur soutenu par la France
La France politique soutient les lointains peuples libyens, syriens à grand renfort de déclarations.
Mais la France politique est sourde aux souffrances des Sahraouis, à 2000 km.Alors que les eurodéputés ont reconnu la légitimité des revendications juridiques des Sahraouis sur leur terre et ses ressources naturelles, par le rejet de la prolongation de l’accord de pêche UE-Maroc, la France risque de recommencer la même erreur de positionnement envers les peuples Sahraoui et Marocain que lors du soulèvement populaire tunisien. Même erreur qui entraînera la même conséquence : la mésestime de la France par les Peuples en lutte.
La France ignore les Sahraouis, et concourt à les détruire par une partialité complice. Cette ignorance maintes fois décriée n’est paradoxalement pas nouvelle, et persiste malgré les massifs soulèvements sahraouis, comme la manifestation de Gdaim Izik d’octobre et novembre 2010.
Mais la France ignore aussi le formidable mouvement marocain du 20 février, ses morts violentes et immolations de désespoir. Ce mouvement du peuple marocain parviendra un jour à se débarrasser du régime féodal et dictatorial en place, ce roi soutenu par l’hexagone pour des intérêts néocoloniaux évidents. Le peuple jettera hors de chez lui tous les profiteurs de main d’œuvre pas cher et autres cautionneurs d’inégalités et de corruption massive, de détournement de l’argent public national et international.
Les tortures physiques et psychologiques sont quotidiennes au Sahara Occidental, ou sur les prisonniers politiques sahraouis incarcérés au Maroc.
Le colonisateur marocain pratique les petites mesquineries domestiques comme l’interdiction pour les Sahraouis de prénommer leurs enfants de prénoms vénérés comme Aminatou ou Elouali, l’interdiction de parler hassanya à l’école, ou pour les hommes de porter des chèches ou des vêtements kaki.Il y a aussi les pratiques inhumaines caractérisées, quand 23 civils sahraouis sont emprisonnés et torturés depuis plus d’un an en attente d’un procès devant la cour militaire. Ils ont fait partie du groupe des négociateurs avec les autorités marocaines lors de la manifestation de Gdaim Izik, ou ils ont transmis des informations sur ce qui se passait pendant cette période d’intense ébullition qui s’est soldée par une démonstration de la violence de l’occupation marocaine. Discuter démocratiquement, communiquer les informations aux familles et amis est donc aussi interdit.Le peuple marocain est aux prises avec le même oppresseur qui ne renouvelle pas ses méthodes, sus les yeux d’une communauté internationale sourde à ses appels à l’aide. Des jeunes Marocains sont eux aussi actuellement emprisonnés arbitrairement, torturés, condamnés à mort, tués … le couvre-feu a été décrété à Taza. Tout cela avec ce qui ressemble à la complicité de la cécité de la France, meilleure amie du Roi, meilleure ennemie des peuples.
Il est à craindre dans le désordre et l’absence de clairvoyance politique actuelle, que la France joue à nouveau un rôle aberrant lorsqu’il s’agira pour l’ONU en avril de renouveler le mandat de la Minurso.
Cette mission onusienne chargée de surveiller le cessez-le-feu entre le Maroc et le Polisario, front armé de libération du Sahara Occidental, n’a pas pour mandat de surveiller tout ce qui concerne les droits humains et leurs violations dans cette situation larvée de « ni paix, ni guerre ».
En avril, les pays du monde se prononceront sur la prolongation de la présence de la Minurso, et sur la définition de son rôle. Il est à souhaiter que la France, membre permanent du conseil de sécurité, et membre du groupe de « amis » du Sahara Occidental ne mettra pas à nouveau sa dignité de pays des droits de l’homme en berne, au point de refuser l’adjonction d’une mandat surveillance des droits humains à la mission.La bataille de la campagne présidentielle française ne devra pas s’affranchir de ce point incontournable qu’est notre responsabilité dans la colonisation inachevée du Sahara Occidental, ni occulter les conséquences éthique et économique que cela a jusque dans nos foyers.
APSO, le 4 février 2012
-
Le Polisario connaît l’identité des auteurs de l’enlèvement de 3 humanitaires occidentaux à Raboni
SEVILLE (Espagne) – Le Polisario connaît « dans le détail » l’identité des auteurs de l’enlèvement de trois humanitaires occidentaux, perpétré le 22 octobre 2011 à Raboni (camp de réfugiés sahraouis), a indiqué samedi à Séville le président de la République arabe sahraouie démocratique, Mohamed Abdelaziz.« Le Front Polisario connait l’identité exacte des auteurs de l’enlèvement de trois ressortissant occidentaux activant dans le domaine humanitaire dans les camps des réfugiés sahraouis », a affirmé le président Abdelaziz lors d’une conférence de presse en marge des travaux de la 37ème conférence européenne de coordination de la solidarité avec le peuple du Sahara Occidental (EUCOCO), ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975 .« Nous connaissons aussi l’identité exacte de la partie qui est derrière cet acte terroriste, premier du genre dans les camps des réfugiés sahraouis », a-t-il ajouté.Le président sahraoui a toutefois refusé de donner d’indications sur ce groupe terroriste, pour préserver, a-t-il argumenté, la vie des trois victimes.Tout en assurant que des efforts sont déployés sur le terrain pour libérer les trois otages, il a expliqué que le groupe ayant perpétré cet acte est venu de la localité « El Khalil », située au nord-est du Mali.M. Abdelaziz a souligné, par ailleurs, que les relations entre le Polisario et le gouvernement malien sont « excellentes », rappelant, dans ce sens, le message envoyé à la direction du Polisario par le président malien, Amadou Toumani Touré, au cours du mois de décembre de l’année écoulée, dans lequel il avait réaffirmé la reconnaissance du Mali de la RASD et invité l’Armée de libération du peuple sahraoui à intervenir dans son territoire national, dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé.Tout en estimant que la stratégie de lutte contre le terrorisme, déployée par les pays du champ du Sahel (Algérie-Mauritanie-Mali-Niger), « constitue un modèle en la matière », le premier responsable sahraoui a souligné que la RASD, en sa qualité de membre de l’Unité africaine, « est partie prenante de l’Accord africain de lutte contre le terrorisme ».Les trois ressortissants occidentaux activant dans le domaine humanitaire, Ainoa Fernadez de Rincon, Enric Gonyalons et Rossella Urru, ont été enlevés de Raboni (camp de réfugiés sahraouis), le 22 octobre 2011.APS, 4/2/2012