Mois : février 2012

  • Rabat parle d’une nouvelle vision, le Polisario en wait and see

    Par Abdelkrim Ghezali
    A chaque changement politique au Maroc, le Polisario espère un changement d’attitude de Rabat à l’égard de la question sahraouie. Mais à chaque fois, c’est la désillusion. Le palais royal gagne du temps et repousse indéfiniment les échéances inéluctables de la seule solution possible au conflit : le référendum d’autodétermination du peuple sahraoui, reconnu par l’ONU.A ce propos, le président saharaoui a réaffirmé à Séville, l’attachement du Front Polisario à une solution juste et démocratique au conflit, à travers, a-t-il dit, l’organisation d’un référendum d’autodétermination qui permette au peuple sahraoui de s’exprimer librement sur tous les choix qui lui seront soumis. 
    Il a, également, appelé le gouvernement du Parti de la justice et du développement de Abdelillah Benkirane à respecter les droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés, insistant sur «l’exigence» d’ouvrir les territoires occupés aux journalistes, aux militants des droits de l’homme et aux observateurs indépendants. Le président sahraoui a assimilé, par ailleurs, les récents appels à la redynamisation de l’Union du Maghreb arabe (UMA) qui ignorent la question sahraouie à «un reniement du droit du peuple sahraoui à choisir son destin librement». «Nous nous interrogeons sur les appels de certains gouvernements issus des révoltes populaires, qui évoquent les valeurs de liberté et de respect de la dignité des peuples pour la construction de l’UMA dans un contexte marqué par l’occupation illégale par un de ses membres d’un territoire situé dans la même région», a-t-il ajouté. 
    Le président sahraoui a émis, en outre, le vœu de voir les gouvernements issus de ce qui est appelé le «Printemps arabe», œuvrer dans le sens de convaincre le Maroc que son occupation des territoires sahraouis est illégale. Il a mis en garde, d’autre part, contre le fait que les autorités marocaines et des partis européens «tentent de faire passer de nouveaux accords de coopération (UE-Maroc) incluant les territoires sahraouis occupés». Le secrétaire général du Front Polisario a qualifié ces tentatives de «manœuvres» visant à contourner la décision «historique» du Parlement européen jugeant illégale l’inclusion des eaux sahraouies dans l’accord de pêche UE-Maroc. 
    Dans le même ordre d’idées, le Front Polisario s’attend à ce que le nouveau gouvernement espagnol issu du Parti populaire (PP) joue un «rôle positif» dans la solution du conflit du Sahara occidental, a indiqué samedi à Séville le président sahraoui Mohamed Abdelaziz. «Nous prédisons un rôle positif des nouvelles autorités espagnoles issues du PP pour résoudre la question sahraouie, à travers un soutien clair à l’organisation d’un référendum d’autodétermination au Sahara occidental», a déclaré, M. Abdelaziz lors d’une conférence de presse organisée en marge des travaux de la 37e conférence européenne de coordination de la solidarité avec le peuple sahraoui (EUCOCO). 
    Le PP s’est «clairement» exprimé sur la question sahraouie lors des récentes élections législatives en Espagne, en rappelant la dette historique de l’ancienne puissance coloniale (l’Espagne) envers le peuple sahraoui, a-t-il relevé. «Le PP a inscrit dans son programme électoral le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination», s’est félicité le président sahraoui qui a qualifié la position de ce parti dans le conflit sahraoui de «positive». M. Abdelaziz, qui participe aux travaux de la 37e EUCOCO à Séville, a également pris part à l’ouverture des travaux du congrès national du Parti socialiste ouvrier espagnol (PSOE). 
    La question de décolonisation et l’Occident
    Le Sahara occidental et la Palestine sont l’indicateur par excellence de l’attitude des deux poids, deux mesures de l’Occident vis-à-vis des questions de décolonisation. Face aux souffrances de ces deux peuples, les démocraties occidentales restent de marbre, usent d’euphémismes et de subterfuges pour éviter toute position et toute action de nature à mettre un terme à ces deux conflits qui bloquent l’évolution normale du Maghreb et compromettent la stabilité du Moyen-Orient. Les Etats-Unis, la France et l’Espagne sont les principaux responsables du pourrissement de la situation dans les deux régions. Les positions de chacun de ces pays influents au plan international sont mues non pas par le droit international auquel eux-mêmes ont activement participé à l’élaboration au sein des Nation unies, mais par leurs propres intérêts économiques et géostratégiques. Ces trois pays, notamment la France et les Etats-Unis considèrent que la problématique du Sahara occidental est sous-tendue par une bataille de leadership régional entre l’Algérie et le Maroc. 
    En conséquence, si Washington et Paris soutenaient ouvertement le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et contraignaient ainsi le Maroc à mettre en œuvre un référendum dans ce sens, ce serait l’Algérie qui en sortirait vainqueur ce qui risque de déséquilibrer les rapports de force politiques dans la région. En fait, cette thèse machiavélique vise plus à justifier une position non conforme à la légalité internationale et à voiler les vraies raisons qui expliquent cette attitude injuste : le Maroc est le principal allié militaire et stratégique des Etats-Unis et de la France et par extension, le précieux gardien des intérêts occidentaux dans la région. A ce titre, le soutien au Maroc se fait au détriment du droit du peuple sahraoui, tout comme le soutien inconditionnel à Israël se traduit par plus de souffrances et de privations pour le peuple palestinien. En 2009, Ahmed Boukhari, représentant du Polisario à l’ONU disait : «S’il n’y a pas aujourd’hui de solution politique ou de référendum au Sahara (occidental), c’est principalement à cause de la France.» Lorsque le Conseil de sécurité a décidé de prolonger le mandat de la Minurso en avril 2009, il a été demandé au Maroc et au Front Polisario de «négocier sans condition préalable et de bonne foi». Le mois dernier, Christopher Ross, l’envoyé spécial de Ban Ki-moon, avait préconisé «des discussions informelles» et des «préparatifs minutieux», avant l’ouverture de négociations officielles. Le Conseil de sécurité soutient cette recommandation. Mais au sujet du respect des droits de l’homme, en raison de l’opposition de la France, il a juste adopté un texte mentionnant la nécessité de «réaliser des progrès concernant la dimension humaine du conflit». Mais dès l’annonce des premières rencontres de Manhasset, le Maroc a imposé un préalable : seule l’autonomie du Sahara occidental peut être discutée avec le Polisario. La France, qui a pleuré la situation des droits de l’homme en Libye et aujourd’hui en Syrie, a adopté une attitude indigne au Conseil de sécurité lorsque les atteintes aux droits de l’homme au Sahara occidental ont été évoquées. 
    En Mars 2009, lorsque le rapport de la délégation ad hoc pour le Sahara occidental du Parlement européen s’est inquiété de la situation des droits de l’homme qui prévaut dans ce territoire et a suggéré que la Minurso s’occupe de ce problème dans la région, la France s’y est opposée avec force. Plusieurs autres organisations, parmi lesquelles l’ONG Human Right Watch, avaient déjà fait des recommandations similaires après avoir dénoncé la situation déplorable des droits de l’homme au Sahara occidental. Pour justifier la position de son pays, l’ambassadeur de la France aux Nations unies, Jean-Maurice Ripert, interrogé par Le Monde, a déclaré qu’il a privilégié «un texte consensuel qui évite les sujets controversés entre les parties ». La France, pro-marocaine, est favorable au plan d’autonomie proposé par le Royaume chérifien en 2007. Cette proposition qui écarte toute idée d’indépendance est catégoriquement refusée par le Front Polisario. Les Etats-Unis n’ont pas fait mieux. Hillary Clinton, la chef de la diplomatie américaine, a confirmé le soutien des Etats Unis au plan marocain d’autonomie du Sahara occidental. «Nous croyons que le plan d’autonomie marocain est sérieux, réaliste et crédible», a-t-elle déclaré aux côtés de son homologue marocain Taieb Fassi Fihri. Le Maroc soutient l’option d’une autonomie sous sa souveraineté, refusant toute idée d’indépendance. Pourtant, des membres du Congrès américain ont tenté d’infléchir la position de la Maison-Blanche. Quatre membres de cette institution ont appelé, dans une lettre adressée à Barack Obama et à son administration, à soutenir le peuple du Sahara occidental, territoire non autonome situé au sud du Maroc, dans l’exercice de son droit à l’autodétermination «à travers un référendum libre, juste et transparent». Pour donner plus de poids à leurs propos, les sénateurs Russel D. Feingold, James M. Inhofe, Edward M. Kennedy et Patrick J. Leahy ont, par ailleurs, rappelé que la Cour internationale de justice avait déjà reconnu en 1975 le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. Ce dossier épineux traîne donc sur le bureau ovale depuis un certain temps. Sous l’ère Bush, la secrétaire d’Etat américaine, Condoleeza Rice, lors de sa tournée d’adieu en septembre dernier, avait souligné la nécessité de régler au plus vite le conflit au Sahara occidental. Ces mêmes puissances s’indignent aujourd’hui du veto russe et chinois contre la résolution présentée par le Marco au nom de la ligue arabe condamnant la répression en Syrie et demandant le départ de Bachar El Assad. Washington oublie ainsi l’usage abusif de son droit de veto contre des résolutions condamnant Israël et ses agressions contre le Liban et contre les populations palestiniennes à Ghaza. Ces puissances discréditent ainsi l’organisation onusienne et ses instances ainsi que le droit international qui n’est invoqué que pour défendre des dossiers bien sélectionnés. Le Sahara occidental et la Palestine ne semblent pas faire partie des priorités de la France et des Etats-Unis qui s’intéressent plus à défaire des régimes qui les dérangent qu’à considérer tous les peuples égaux devant le droit international et les droits de l’homme. Palestiniens et Sahraouis ne doivent compter désormais que sur eux-mêmes pour changer la donne et les rapports de force. Si les premiers n’ont pas d’autre choix que d’unifier les rangs et d’aller de l’avant vers une véritable réconciliation interpalestinienne, les Sahraouis se disent prêts à reprendre les armes, si la communauté internationale continue à ignorer le droit du peuple à l’autodétermination.
  • Sarkozy, hystérique, a oublié son veto contre les droits de l’homme au Sahara Occidental

    par Sidati Alamin

    Le veto sino-russe a provoqué dimanche une vague d’indignation dans le monde arabe, en Occident et au sein de l’opposition syrienne, les violences dans le pays ne montrant aucun signe d’essoufflement. 

    L’ambassadeur US à l’ONU s’est déclarée “dégoûtée”, “c’est une mascarade” dénonce Hillary Clinton alors qu’Alain Juppé criaiet “c’est un scandale” d’Alain Juppé. Des réactions qui témoignent d’un état psychologique proche de la dépression nerveuse. Un état provoqué par la position sino-russe qui vient de mettre fin à l’hégémonie occidentale sur le destin des peuples arabes qui ne veulent pas se soumettre au dictât de ceux qui ont semé le chaos en Afghanistan, en Irak et en Libye. 
    En opposant, samedi 4 février, avec la Chine, son véto au « plan de paix » occidentalo-arabe, la Russie a probablement évité à la Syrie, à plus ou moins long terme, un développement à la libyenne. Et, ce faisant, elle a marqué un tournant historique. Dans le cours de la crise syrienne, bien sûr, mais aussi dans les rapports entre l’Occident à direction américaine et ses adversaires géopolitiques eurasiens, arabes et latino-américains. Le 4 février 2012 peut en effet faire date, dans l’histoire de la nouvelle guerre froide qui s’est mise en place depuis le premier conflit du Golfe, voici un peu plus de vingt ans. 
    Selon les propos du ministre des AE russe, Sergueï Lavrov, la réaction de Sarkozy, san citer son nom, était hystérique. Celui même qui depuis deux ans vote contre la MINURSO, en lui imposant le qualificatif de « seule mission onusienne qui ne veille pas sur les droits de l’homme » parce que la France a beaucoup d’intérêts dans le royaume où Sarkozy passe souvent ses vacances. 
    Au mois d’avril 2010 et 2011, le rapport du SG Ban Ki-moon a été deux fois soumis à la censure par l’ambassadeur français au Conseil de Sécurité pour barrer tous les paragraphes qui ne plaisaient pas le Maroc et qui exigeaient du Conseil de Sécurité de mettre fin aux violations des droits de l’homme au SaharaOccidental. 
    Les Etats Unis aussi ont souvent usé de leur véto, surtout pour protéger Israël. Leur prochain véto sera contre l´entrée de la Palestine à l’ONU. 
    Et maintenant ces même pays s´insurgent contre un autre membre permanent qui use de son véto ! Ce n’est pas que je sois favorable au veto sino-russe, mais c’est le seul moyen d’imposer un nouvel ordre mondial qui soit plus respectueux des peuples, y compris le peuple sahraoui qui attend du Conseil de Sécurité qu’il agisse de la même manière qu’il l’a faite en Libye et en Sirye. 
  • Aminatou Haidar : «  »Séville n’est pas Gdaïm Izik ! »

    LA CONFÉRENCE INTERNATIONALE DE SOLIDARITÉ AVEC LE PEUPLE SAHRAOUI A ÉTÉ UNE RÉUSSITE

    On aura tout dit : l’édition EUCOCO 2012 a été une réussite totale si l’on retient, peu avant le début des travaux qui ont eu lieu du 3 au 5 février à Séville, les inquiétudes des militants sahraouis.
    Il n’y aura pas de participation massive comme les années précédentes, à cause de la crise qui frappe particulièrement le pays ibérique» nous disait, la veille, un groupe de jeunes très sceptiques en arrivant à l’imposant aéroport de Madrid.
    Finalement, ce sera le contraire de ce que l’on attendait. Ni la crise économique ni le statu quo qui frappe la question sahraouie et encore moins la présence d’une vingtaine de militants du makhzen devant le grand hôtel de Mélia Lebreros, au centreville de Séville, n’aura eu raison de l’engagement sincère et de la logique des militants et militantes européens massivement mobilisés pour cette 37e édition de la Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui.
    Cela aura été enfin un signe de quiétude aux Sahraouis très présents lors de cette manifestation politique, la plus importante conférence s’y afférant au conflit du Sahara vieux de 37 ans. La peur s’est naturellement convertie en soulagement d’avoir vaincu le doute.
    L‘Eucoco, qui rassemble chaque année d’infatigables militants européens, a mobilisé plus de 500 participants venus de 20 pays des quatre coins du monde. «Séville, ce n’est pas Gdaïm Izik !» nous lâche une jeune militante espagnole. Et pour le démontrer, un gala de solidarité avec le peuple sahraoui a été organisé dans la soirée de dimanche en face de la cathédrale de Séville où les participants –l’étendard de la RASD entre les mains — ont répété en chœur les slogans favorables à cette cause.
    De nombreux messages portés par d’éminentes personnalités issues du monde politique, syndical, associatif et culturel ont témoigné de l’attachement très large dont bénéficie le peuple sahraoui dans sa lutte. Signe de fierté pour ces Sahraouis, la présence aussi de jeunes et très jeunes militants européens qui renforcent ainsi les rangs des «anciens».
    Si la crise économique aiguë se distingue sur les visages des Espagnols, Séville aura été malgré tout l’espace de solidarité par excellence avec la cause sahraouie. Et signe de fierté pour l’Andalousie, les travaux n’ont pas subi les traditionnelles rassemblements des relais du makhzen comme cela a été le cas lors de la précédente édition de l’EUCOCO au Mans en France. Et pourtant ! La communauté marocaine est beaucoup plus importante en Espagne ! L’Andalousie, distante de quelques kilomètres du royaume de Mohamed VI, a prouvé qu’on ne négocie pas la solidarité. Comble de l’ironie, la vingtaine de manifestants marocains postée juste en face de l’imposant hôtel Mélia ne portait aucun drapeau du royaume, se contentant d’affiches et de banderoles frapées du portrait de Mohamed Abdelaziz. Pour tout militant européen, cela donnera l’impression d’un rassemblement de soutien au peuple sahraoui.
    Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, venu discourir à Séville, était assisté de gardes du corps extrêmement vigilants à tout ce qui bouge, même parmi les participants. La figure de proue du combat s sahraoui paraissait plutôt très satisfaite du déroulement de cette 37e édition de l’Eucoco. Elle a même été invitée aux travaux du congrès du parti socialiste PSOE à Séville dont l’ancien patron Zapatero avait fait tant de mal à la cause sahraouie.
    A l’arrivée de l’emblématique président de la Task-Force Eucoco, Pierre Galand, on sentait déjà que la 37e édition de l’Eucoco pouvait commencer. Ce dernier, qui n’a jamais mâché ses mots, ose un autre pas : il faut inviter l’envoyé spécial du SG de l’ONU, Christopher Ross, au Parlement européen pour l’écouter et le sensibiliser sur la question.
    Au cours des trois journées, les participants de cette 37e Eucoco se sont investis au sein de 5 ateliers visant à promouvoir et à développer les tâches de la solidarité internationale avec le peuple sahraoui. La politique, les villes jumelées, les droits de l’homme, les ressources naturelles, la culture et l’éducation ont été ainsi débattus et des rapports finaux ont mis l’accent sur les actions à entreprendre pour renforcer la solidarité tant à l’échelle nationale qu’internationale. Les va-et-vient dans le hall de l’hôtel Mélia attestaient de l’intensité des travaux. Mais l’image exceptionnelle se dégageait de l’atelier des droits de l’homme où un vieux Sahraoui aveuglé et amputé des deux mains témoignait des souffrances de son peuple. Une image qui reflète une autre, celle rampante du régime alaouite. Les paroles de ce vieux Sahraoui couplées à son portrait de handicapé de guerre à sens unique exprimaient de fait la rupture profonde qui définit les relations maroco-sahraouie.
    Au même moment, à Madrid, le ministre des Affaires étrangères marocain issu du nouveau gouvernement version PJD, Saad-Eddine Athmani, tentait vainement d’expliquer au tout nouveau gouvernement de droite espagnole la nécessité de voir le Parlement européen revenir sur sa décision de rompre l’accord de pêche incluant les eaux sahraouies.
    A la lecture de la déclaration finale du sommet de l’Eucoco renforcé par la présence de la célèbre militante sahraouie Aminatou Haider, mais aussi de stars espagnoles du cinéma, une vive émotion se lisait sur les visages des participants où embrassades et prises de photos ont marqué la fin des travaux.
    Séville (Espagne), de notre envoyé spécial Yassine Mohellebi
    Le Jeune Indépendant, 6/2/2012
  • Le CCG et l’OTAN perdent leur leadership : Le double veto pour interdire la guerre impériale contre la Syrie

    Contrairement à ce qui s’était passé lors de l’attaque de l’Irak, la France n’a pas défendu les principes du droit international dans l’affaire syrienne, mais s’est ralliée au camp impérial et à ses mensonges. Avec le Royaume-Uni et les Etats-Unis, elle a essuyé une défaite diplomatique historique, tandis que la Russie et la Chine sont devenues les champions de la souveraineté des peuples et de la paix.
    Le nouveau rapport de force international n’est pas seulement la conséquence de la décadence militaire des Etats-Unis, il sanctionne aussi le déclin de leur prestige. En définitive, les Occidentaux viennent de perdre le leadership qu’ils se sont partagé durant tout le XXe siècle parce qu’ils ont abandonné toute légitimité en trahissant leurs propres valeurs.
    Par deux fois, le 4 octobre 2011 et le 4 février 2012, des membres permanents du Conseil de sécurité des Nations Unies ont rejeté des projets de résolution sur la situation en Syrie. Cet affrontement a opposé les membres du Conseil de Coopération du Golfe (CCG) et de l’Organisation du Traité de l’Atlantique-Nord (OTAN) à ceux de l’Organisation de Coopération de Shanghai (OCS).
    La fin du monde unipolaire
    Ce quadruple veto scelle la fin d’une période des relations internationales qui a débuté avec l’effondrement de l’Union soviétique et a été marquée par une domination sans partage des États-Unis sur le reste du monde. Il ne signifie pas un retour au système bipolaire précédent, mais l’émergence d’un nouveau modèle dont les contours restent à définir. Aucun des projets de Nouvel Ordre Mondial ne s’est concrétisé. Washington et Tel-Aviv ne sont pas parvenus à institutionnaliser le fonctionnement unipolaire qu’ils voulaient ériger en paradigme intangible, tandis que le BRICS n’a pas réussi à créer le système multipolaire qui aurait permis à ses membres de se hisser au plus haut niveau.
    Comme l’avait anticipé à juste titre le stratège syrien Imad Fawzi Shueibi, c’est la crise syrienne qui a cristallisé un nouveau rapport de forces, et partant de là une redistribution de la puissance que personne n’a pensé, ni voulu, mais qui s’impose désormais à tous [1].
    Rétrospectivement la doctrine d’Hillary Clinton de  » leadership par l’arrière  » apparaît comme une tentative des États-Unis de tester les limites qu’ils ne peuvent plus dépasser, tout en faisant porter la responsabilité et les conséquences de leur test à leurs alliés britannique et surtout français. Ce sont ces derniers qui sont se sont mis en scène en leaders politiques et militaires lors du renversement de la Jamahiriya arabe libyenne et qui ambitionnaient de l’être à nouveau pour renverser la République arabe syrienne, même s’ils n’agissaient qu’en vassaux et sous-traitants de l’Empire états-unien. Ce sont donc Londres et Paris, plus encore que Washington, qui ont essuyé une défaite diplomatique et en supporteront les conséquences en termes de perte d’influence.
    Les États du tiers-monde ne manqueront pas de tirer leurs conclusions des derniers événements : ceux qui cherchent à servir les États-Unis, comme Saddam Hussein, ou à négocier avec eux, comme Mouammar el-Kadhafi, pourront être exécutés par les troupes impériales et leur pays pourra être détruit. Au contraire, ceux qui résisteront comme Bachar el-Assad et sauront nouer des alliances avec la Russie et la Chine survivront.
    Triomphe dans le monde virtuel, défaite dans le monde réel
    L’échec du CCG et de l’OTAN fait apparaître un rapport de force que beaucoup soupçonnaient, mais que personne ne pouvait vérifier : les Occidentaux ont gagné la guerre médiatique et ont du renoncer à la guerre militaire. Pour paraphraser Mao Zedong : ils sont devenus des tigres virtuels.
    Durant cette crise, et encore aujourd’hui, les dirigeants occidentaux et les monarques arabes ont réussi à intoxiquer non seulement leurs propres peuples, mais une large partie de l’opinion publique internationale. Ils sont parvenus à faire accroire que la population syrienne s’était soulevée contre son gouvernement et que celui-ci réprimait cette contestation politique dans le sang.
    Leurs chaînes sattelitaires ont non seulement réalisé des montages fallacieux pour induire le public en erreur, mais elles ont aussi tourné des images de fiction en studio pour les besoins de leur propagande. En définitive, le CCG et l’OTAN ont inventé et fait vivre médiatiquement durant dix mois une révolution qui n’existait qu’en images, tandis que sur le terrain la Syrie devait affronter seule une guerre de basse intensité menée par la Légion wahhabite appuyée par l’OTAN.
    Cependant, la Russie et la Chine ayant fait une première fois usage de leur veto et l’Iran ayant annoncé son intention de se battre aux côtés de la Syrie si de besoin, les États-Unis et leurs vassaux ont dû admettre que poursuivre leur projet les absorberaient dans une guerre mondiale. Après des mois de tension extrême, les États-Unis ont admis qu’ils bluffaient et qu’ils ne disposaient pas des bonnes cartes dans leur jeu.
    Malgré un budget militaire de plus de 800 milliards de dollars, les USA ne sont qu’un colosse aux pieds d’argile. En effet, si leurs forces armées sont capables de détruire des États en voie de développement, épuisés par des guerres précédentes ou par de longs embargos, comme la Serbie, l’Irak ou la Libye, elles ne peuvent ni occuper des territoires, ni se mesurer à des États capables de leur répondre et de porter la guerre en Amérique.
    Malgré les certitudes du passé, les USA n’ont jamais été une puissance militaire significative. Ils ne sont intervenus que quelques semaines à la fin de la Seconde Guerre mondiale face à une ennemi déjà épuisé par l’Armée rouge ; ils ont été défaits en Corée du Nord et au Vietnam ; ils ne sont pas parvenus à contrôler quoi que ce soit en Afghanistan ; et ils ont été contraints de fuir l’Irak de crainte d’y être écrasés.
    Durant les deux dernières décennies, l’Empire états-unien a effacé la réalité humaine de ses guerres et a communiqué en assimilant guerre et jeux vidéos. C’est sur cette base qu’il a conduit ses campagnes de recrutement, et toujours sur cette base qu’il a formé ses soldats.
    Aujourd’hui, il dispose de centaines de milliers de joueurs vidéos en guise de soldats. Par conséquent, au moindre contact avec la réalité, leurs forces armées sont démoralisées. Selon leurs propres statistiques, la majorité de leurs morts ne tombe pas au champ d’honneur, mais se suicide, tandis qu’un tiers de leur personnel sous les drapeaux souffre de troubles psychiatriques rendant inapte au combat. La démesure du budget militaire du Pentagone est incapable de compenser son effondrement humain.
    De nouvelles valeurs : la sincérité et la souveraineté
    L’échec des États du CCG et de l’OTAN est aussi celui de leurs valeurs. Ils se sont présentés en défenseurs des droits humains et de la démocratie, alors qu’ils ont établi la torture en système de gouvernement et que la plupart d’entre eux sont opposés au principe de souveraineté populaire.
    Même si l’opinion publique en Occident et dans le Golfe est sous-informée sur ce sujet, les États-Unis et leurs vassaux ont mis en place depuis 2001 un vaste réseau de prisons secrètes et de centre de tortures, y compris sur le territoire de l’Union européenne. Sous prétexte de guerre contre le terrorisme, ils ont semé la terreur, enlevant et torturant plus de 80 000 personnes. Durant la même période, ils ont créé des unités d’opérations spéciales dotées d’un budget de près de 10 milliards de dollars annuel qui revendiquent des assassinats politiques dans au moins 75 pays, selon leurs propres rapports.
    En ce qui concerne la démocratie, les États-Unis actuels ne font pas mystère de ce qu’elle ne signifie pas à leurs yeux  » le gouvernement du peuple, par le peuple, pour le peuple  » selon l’expression d’Abraham Lincoln, mais uniquement la soumission des peuples à leur volonté comme l’ont montré les propos et les guerres du président Bush. Au demeurant, leur constitution récuse le principe de souveraineté populaire et ils ont suspendu leurs libertés constitutionnelles fondamentales en instituant un état d’urgence permanent avec le Patriot Act. Quand à leurs vassaux du Golfe, il n’est pas nécessaire de rappeler que ce sont des monarchies absolues.
    C’est ce modèle, qui associe sans honte crimes à grande échelle et discours humanitaire, qui a été défait par la Russie et la Chine ; des États, dont le bilan en matière de droits de l’homme et de démocratie pour autant qu’il soit très critiquable n’en est pas moins infiniment supérieur à celui du CCG et de l’OTAN.
    En faisant usage de leur veto, Moscou et Beijing ont défendu deux principes : le respect de la vérité, sans laquelle la justice et la paix sont impossibles ; et le respect de la souveraineté des peuples et des États, sans lequel aucune démocratie n’est possible.
    Le moment est venu de de se battre pour reconstruire la société humaine après une période de barbarie.
    Thierry Meyssan in voltairenet.org le 05/02/2012
    [1]  » Russia and China in the Balance of the Middle East : Syria and other countries « , par Imad Fawzi Shueibi, Voltaire Network, 27 janvier 2012.
    Algérie-plus, 6/2/2012
  • Algérie/Maroc: Alger n’a pas besoin de médiation étrangère

    Echorouk a appris de sources fiables que la visite de la secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, prévue au mois de février en cours a été reportée au début du mois de mars prochain.
    La secrétaire d’État américaine, Hillary Clinton, effectuera une visite dans cinq (5) pays du Maghreb, à savoir l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, la Libye et l’Égypte. Par ailleurs, la même source a démenti les rumeurs rapportées par certains milieux au Maroc prétendant que Hillary Clinton sera au Maroc ensuite en Algérie et qu’elle jouera le rôle d’intermédiaire entre les deux pays pour accélérer la réouverture des frontières terrestres fermées depuis 1994. Notre source affirme que l’Algérie n’a pas besoin de l’intermédiation d’un quelconque pays. 
    A ce propos, les autorités algériennes ont déjà démenti les informations rapportées par certains médias qui ont parlé de médiations qatarie et saoudienne pour trouver une solution à la « crise » entre l’Algérie et le Maroc et pour la réouverture des frontières terrestres des deux pays. « Les relations entre l’Algérie et le Royaume du Maroc sont ouvertes », affirme notre source qui précise que l’Algérie n’a pas besoin de médiation entre deux pays frères. 
    Dans le même contexte, la même source a expliqué que la dernière visite du ministre des Affaires étrangères et de la Coopération du Royaume du Maroc, Saâd-Eddine El Othmani est l’un des contacts officiels et ouvert qui ne nécessite pas l’interprétation et l’analyse. Pour rappel, le ministre délégué, chargé des Affaires maghrébines et africaines, M. Abdelkader Messahel, a déclaré à la veille de la visite en Algérie du MAE marocain que la question de la réouverture de la frontière algéro-marocaine n’a pas été évoquée ni par la partie algérienne ni par la partie marocaine lors des différentes discussions tenues entre les responsables des deux pays.
    Echourouk Online, 6/2/2012
  • Mali : Alger poursuit sa médiation avec les belligérants

    Alger continue de contacter les chefs du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), jusqu’ici réfractaires à l’appel de paix lancé à partir d’Alger. En fait, des divergences agitent l’Azawad : alors que certains estiment que le fait que Bamako vienne écouter les doléances de la rébellion touareg, c’est déjà un acquis, en attendant de le consolider par des mesures concrètes, d’autres pensent qu’il s’agit là encore d’un coup fourré de la part du président Amadou Toumani Touré, qui n’a pas tenu ses promesses précédentes, et qui, sur le départ, tente de gagner du temps et de laisser les choses en l’état pour son successeur. Si Bilal Ag Cherif, le secrétaire général de la rébellion touareg du Mouvement national pour la libération de l’Azawad (MNLA), affirme que l’appel au cessez- le-feu lancé par Alger ne concerne pas le MNLA, d’autres chefs de la rébellion ne pensent pas comme lui. D’autant plus que d’autres parties en armes ont choisi de s’asseoir autour de la table des négociations. Plusiuers entités se sont jointes à l’Azawad mais n’en font pas partie. Des militaires revenus de Libye, le mouvement « Ansar Eddine », de Iyad Ag Ghali, et d’autres sous-groupes rebelles cherchent la négociation avec ATT, voulant profiter de la fragilité de celui-ci à quelques mois de son départ de Koulouba. Les hostilités entre l’armée malienne et le mouvement de rébellion touareg ont repris depuis plusieurs semaines dans le nord du Mali. Le gouvernement malien et l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement ont lancé, samedi à Alger, un appel urgent pour que les combats cessent entre les deux parties. Cet appel a été lancé suite à une rencontre du 2 au 4 février à Alger entre une délégation du gouvernement malien, conduite par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale, Soumeylou Boubeye Maïga, et une délégation de l’Alliance démocratique du 23 mai pour le changement.
    Fayçal Oukaci 
    Le Courrier d’Algérie, 7/2/2012
  • « Nous n’avons aucun lien et avec Al-Qaida et n’avons pas eu d’armes libyennes »

    Le secrétaire général du mouvement « national pour la libération de l’Azwad », Bilal Agh Cherif a indiqué que l’appel au cessez-le-feu lancé par la capitale algérienne « ne nous concerne pas malgré notre respect de l’alliance du 23 mai et les efforts de nos frères algériens », Agh Cherif réfute également lors de l’entretien à El Khabar tout lien avec Al Qaida et l’obtention par le mouvement d’armes libyennes, et a exhorté le gouvernement algérien à aider à arrêter « une guerre ethnique » contre « les blancs » à Bamako.
    Le gouvernement malien et « l’alliance démocratique du 23 mai pour le changement » ont adressé un appel depuis l’Algérie pour un cessez le feu au nord mali, qu’en pensez-vous ?
    Premièrement le conflit entre le gouvernement malien et « l’Azwad » dure depuis 50 ans durant lesquels nous sommes passés par plusieurs périodes, dont les parties régionales ont été témoins particulièrement nos frères en Algérie, nos frères algériens ont vu de leurs yeux comment le gouvernement malien réagit aux différents accords, nous avons respecté l’accord de 1991 en dépit du fait que nous sommes entrés dans une lutte fratricide en raison du refus de certains d’entre nous de cette accord, nous nous en sommes malgré tout tenu à la volonté de paix et avons respecté nos voisins algériens, quant à l’appel lancé par le gouvernement malien et « l’alliance démocratique » en fin de semaine depuis Alger, et avec notre plus grand respect pour l’alliance, ce dernier n’existe plus au sein du mouvement Azwad, même la partie militaire du « l’alliance 23 mai » présidé par le colonel (Ada Moussa) est sortie de l’alliance et à rejoint depuis deux mois le mouvement Azwad, et est actuellement un des plus importants chefs des opérations, c’est pour cela que le mouvement nationale ne pensent que l’alliance le représente.
    Mais y a-t-il la moindre chance que vous répondiez à d’éventuels appels au calme ?
    Notre position est clair, nous sommes prêts à des négociations qui aboutissent à une solution sur laquelle on puisse se baser et mènerait à la fin du conflit qui a détruit la région, et a crée des groupes extrémistes et des réseaux très complexes en raison de l’absence des azwad dans la gestion de leur région, le conflit à détruit la stabilité et s’est étendu aux pays voisin, l’Algérie a des frontières et connait les répercussions de cela par l’existence de contrebande et de groupes extrémistes, et nous ne voyons aujourd’hui aucun accord sur lequel nous puissions bâtir une paix qui mettrait fin aux souffrances des habitant sans tutelle ou ingérence du Mali, le gouvernement malien exerce une « guerre ethnique » à Bamako contre « les blancs », même le vice président du parlement malien, qui est un azwad ainsi qu’un élu représentant la ville de Menka, qui ont fuit Bamako parce que « les blancs » (azwad) étaient ciblés, dont certains ont vu leurs maisons être incendiés, alors que d’autres ont vers des ambassades depuis lesquelles ils lancent des appels, ou est donc le projet d’unité, les expériences ont prouvé qu’il a échoué. Quant à un arrêt des opérations militaires nous sommes un groupe qui s’est constitué en novembre 2010 et nous demandons depuis au gouvernement malien de répondre pacifiquement, nous lui avons transmis des rapports explicatifs, et avons transmis des rapports à l’ambassade algérienne et mauritanienne, et avant de débuter les opérations militaires nous avions préféré un comportement pacifique, et avions expliqué au parlement que nous étions prêts à négocier avant de tirer une seule balle, mais le président Toumani Touré ne répétait en même temps qu’il n y avait pas de mouvement à reconnaitre, et a envoyé l’armée nous avons alors réagi, l’armée a commis des bavures au nord et a attaqué les habitants et a volé leur moutons.
    Quels sont donc vos conditions pour arrêter les opérations militaires ?
    Après les opérations de libérations que nous avons effectué au nord du Mali, tout éventuel cessez-le-feu doit être précédé par une reconnaissance par le gouvernement malien de notre droit, nous avons des otages de l’armée malienne et des régions libérés alors que le président Amadou Toumani Touné continue de répéter un discours qui n’ouvre pas la voie à un projet de cessez-le-feu… les opérations continueront jusqu’à la libération du sol azwad, ou un accord qui assure ce choix à travers des négociations et des conditions justes.
    Le gouvernement malien vous accuse d’être allié à Al-Qaida et d’avoir obtenu des quantités d’armes libyennes ?
    Notre mouvement a été fondé par des intellectuels et des universitaires, quant au sujet d’Al-Qaida, notre mouvement est prêt à fournir les preuves que c’est le gouvernement malien qui traite avec Al-Qaida, et ce n’est pas un secret, la relation du gouvernement malien et de l’organisation est claire depuis 2007 et est basé essentiellement sur la contrebande de drogue, un avion chargé de drogue s’était posé au nord en 2007 et un autre en 2009, et les enquêtes ont montré le présence de personnes de la présidence qui étaient impliquées, le gouvernement malien se débat également dans des accusations de négociations sur les otages, c’est pour cela que nous n’avons pas besoin de démentir en disant : nous n’avons aucun lien avec Al-Qaida, cette organisation est le résultat de la présence de l’armée malienne dans les régions Azwad et ses terroristes sont contre nous, Al-Qaida est une organisation qui nous est étrangère de pas son comportement religieux et sa lecture des textes, je ne vois personnellement rien du nom d’Al-Qaida dans la région Azwad, ce que avons entendu c’est que l’organisation s’est déplacé de les montagne d’Agherghar jusqu’au frontières mauritanienne, il n y a aucune coordination avec eux, quant au mouvement « Ansar Al-Din » dirigé par Iyad Ghali, ils disent qu’il regroupe toutes les sensibilités religieuses, je dis qu’il représente une alternative religieuse à Al-Qaida, ce mouvement refuse la violence et l’enlèvement, les accusations qui nous sont adressés sont anciennes. Quant aux armes libyennes, à la chute de Kadhafi les entrepôts ont été ouverts, ceux qui ont voulu prendre ont pris et ceux qui ont voulu acheter ont acheté quant à nous nous n’avons pas importé aucune arme et n’avons d’ailleurs pas d’argent pour en acheter, il est vrai que nos éléments ont des armes personnelles qu’ils ont acheté avec leur propre argent, et ce sont de petites quantités contrairement aux rumeurs que nous avons des armes lourdes pour que le gouvernement malien justifie ses défaites.
    L’Algérie peut-elle joué un nouveau rôle dans l’opération de facilitation ou de médiation ?
    Le peuple Azwad et le peuple algérien sont un seul peuple géographiquement et historiquement, le soutien de la révolution algérienne au sud a été le peuple Azwad, ce que ne nient pas les valeureux moudjahidines dont son excellence le président Abdelaziz Boutflika, nous souhaitons que la position algérienne répondent favorablement à ces deux demandes : que nous instaurions une nouvelle phase qui caractérisé par la stabilité, et que les frontières soient stable entre nous et l’Algérie, nous nous engageons pleinement, fermement et de manière permanente à veiller à tout ce qui touche à nos frères algériens, et nous souhaitons à cette occasion que les frontières algériennes restent un havre de paix ouvert à nos habitants blessés et réfugiés.
    El Khabar, 6/2/2012
  • « Le Maroc dépense 4 millions de dollars par an pour appuyer sa position vis-à-vis du Sahara Occidental »

    La chercheuse et chef des opérations au sein du groupe de résolution des conflits, qui siège aux Etats-Unis, Mme Alexandra Kapitanskaya, pense que la solution du conflit Sahraoui dépend des décisions des grands pays. Elle a expliqué que les grandes puissances ne sont pas intervenues au Sahara occidentale parce qu’il n’y a pas eu de guerre sanglante dans ce pays. Interrogée par El Khabar en marge des travaux de la 37ème conférence des coordinations européennes de soutien au peuple sahraoui, elle a fait allusion aux relations basées sur les grands intérêts entre Washington et Rabat, qui dépense l’équivalent de 4 milliards de dollars chaque année sur environ 15 lobbies de pression à Washington et à New York, pour soutenir ses positions auprès des décideurs aux Etats-Unis.
    El Khabar : les 37ans de conflit au Sahara Occidentale et les dizaines de résolutions onusiennes visant à résoudre la question Sahraouie n’ont été d’aucune utilité, pourquoi à votre avis ?
    Alexandra Kapitanskaya : ce dossier est soumis à plusieurs parties. La solution au conflit du Sahara Occidentale dépend de la volonté des pays puissants, suite à l’absence de la pression dans la rue et l’absence de conscience de l’importance de la question. A titre d’exemple, la rue américaine ne prête aucune importance à ce conflit, parce qu’il n’y a ni guerre ni sang. Ce qui ne signifie pas que j’appelle à la guerre ou à l’effusion du sang, afin de mettre un terme au conflit.
    El Khabar : cependant, le conflit existe toujours et la situation risque de dégénérer à tout moment, et représentera ainsi une menace sur la stabilité de la région, ce qui n’est pas dans l’intérêt des grandes puissances ?
    Alexandra Kapitanskaya : ce qui est certains c’est que le conflit au Sahara occidental représente un problème étant un facteur de la stabilité et de sécurité de la région. Elle représente également un partenaire important dans la lutte antiterroriste et le soutien de la sécurité au Sahel. Pour ce qui est de la solution, j’ai toujours dit qu’elle est entre les mains des dirigeants et responsables et groupes de pressions, que ce soit en France, aux Etats-Unis ou en Europe. Nous avons constaté comment est ce que ces parties ont réagi et permis de résoudre plusieurs conflits à travers le monde, que ce soit en Afrique ou au Moyen Orient. Ces derniers devront donc savoir que la question du Sahara Occidentale devrait être résolue, sinon, les répercussions du conflitseront graves sur toute la région.
    El Khabar : les pays que vous avez cités ont réagi dans quelques conflits, que ce soit en Libye et/ou en Syrie où ils ont dépêché de demander la protection des peuples, à travers le Conseil de Sécurité. Toutefois, ces pays ne font aucun effort vis-à-vis de la question Sahraouie, quel est votre commentaire ?Alexandra Kapitanskaya : ce que nous avons vu en Libye et ce que nous verrons en Syrie, sont des réactions internationales visant à protéger la population de la dictature. Cependant, ce qui est surprenant, c’est que la communauté internationale pense que le peuple Sahraoui vit en paix en tant que réfugiés en Algérie et cela ne représente pour elle aucun problème. La question pour elle n’est pas prioritaire, sachant qu’elle n’est pas au courant de ce qui se passe dans les régions occupées.
    El Khabar : les Etats-Unis peuvent jouer un rôle important dans la résolution du conflit du Sahara Occidental, qu’est ce qui l’empêche à le faire ?
    Alexandra Kapitanskaya : Les Etats-Unis ont une bonne relation avec le Maroc, comme elles ont d’importants intérêts. Le Maroc fourni également d’importants efforts pour convaincre les décideurs que sa position est la meilleure. Des statistiques nous sont parvenues du Maroc, faisant état que ce pays dépense environ 4 millions de dollars par an sur 15 groupes de pression aux Etats-Unis, à New-York et à Washington. Pour preuve, le journal Washington Post a publié un article dans lequel il a fait état que le Congres Américain a attribué des aides militaires au Maroc pour son respect des Droits de l’Homme au Sahara Occidentale. Ce qui représente une victoire pour le Maroc et une reconnaissance américaine de la marocanité du Sahara Occidentale.
    El Khabar, 6/2/2012
  • Manifestation anti royaliste à Casablanca

    Ceux qui prétendent que la révolte au royaume chérifien épargne la personne du roi ne pourront plus le soutenir longtemps. De plus en plus de manifestants scandent des slogans anti royalistes, comme dans cette vidéo datant de la soirée du samedi 04 février 2012 où des Casablancais appellent à la chute de « Houbal VI ». Le sobriquet dont les démocrates affublent le monarque souligne le ridicule de la déification qui entoure la personne de Mohammed VI, Houbal étant l’une des principales divinités préislamiques de la Mecque.
    Les manifestants ont également salué la révolution syrienne et le soulèvement de la ville de Taza et ont appelé les Casablancais à en suivre l’exemple.
    D’autres villes ont également connu des manifestations visant directement la personne du roi, mais la communication officielle continue à étouffer ces voix. Le makhzen soutient l’image d’un monarque populaire, adulé par son peuple, et imputent la raison des mouvement sociaux au chômage et aux problèmes économiques. Les slogans brandis dans la majorité des villes marocaines prouvent bel et bien que les revendication du peuple sont politiques, et que le pouvoir absolu du roi est au coeur de la contestation.
    Zineb El Rhazoui
    VoxMaroc, 6/2/2012
  • Il y a 49 ans, mourait Abdelkrim…

    Presqu’un demi siècle après sa disparition, l’icône des républicains marocains reste encore un farouche symbole de l’opposition au trône alaouite. Si les médias officiels du royaume enchanté occulteront cette commémoration, la toile, ultime espace de liberté de parole au Maroc, continue à plébisciter le fondateur de la République du Rif.
    Mohamed Ben Abdelkrim El Khattabi dont l’histoire demeure encore inconnue pour une large partie de Marocains, faute de figurer dans les manuels scolaires, se bonifie de mieux en mieux en ces temps de contestation. Un communiqué de Mohamed El Battiui, président de l’Assemblée mondiale amazighe et ancien exilé politique, a été relayé sur le site d’information indépendantdemainonline. Le texte retrace le parcours de la figure amazighe et appelle le peuple de Tamazgha, ce monde amazighe rêvé, à allumer un cierge à la mémoire d’Abdelkrim El Khattabi.
    Le tout nouveau site d’information Febrayer a également honoré le Zaïm. La journaliste Maria Moukrim revient également sur les épisodes les plus marquants de la vie de ce héros sans sépulture.
    Si l’Histoire officielle marocaine n’accorde aucune place aux gloires ne portant pas les armoiries du trône, quelques ressources permettent une meilleure compréhension de l’épopée d’Abdelkrim et de sa république du Rif que le régime actuel veut passer sous silence.
    Un documentaire de 48 minutes diffusé sur Arte revient sur des épisodes inédits du héros de la bataille d’Anoual, sa prédilection initiale pour les Espagnols et ses démarches pour la construction d’un Etat-Nation rifain.
    Plus détaillé, le livre de Vincent Courcelle-Labrousse et Nicolas Marmié « La guerre du Rif. Maroc 1921-1926)« , retrace le parcours de ce natif de la tribu des Beni Ouriaghel qui rêvait d’une république à deux pas de Fès.
    Bonnes feuilles
    « De son côté, malgré les inimitiés et les vengeances que suscite sa complicité affichée avec les Espagnols, Abdelkrim père, resté dans le village familial d’Ajdir, continue de récolter les fruits de cette authentique collaboration. Outre sa pension mensuelle, les Espagnols le remercient de sa fidélité en le décorant de l’ordre d’Isabelle la Catholique. Dans la logique de cet engagement, Abdelkrim père et fils vont jusqu’à demander la nationalité espagnole en 1910. Une naturalisation qui n’aboutira finalement jamais mais dont on peut pensait qu’elle aurait été lourde de conséquence sur la légitimité des deux hommes à diriger, dix ans plus tard, l’épopée de la rébellion rifaine »
    « Tout en résistant à l’avancée espagnole, Abdelkrim cherche à garder l’initiative. Il s’attelle même à un ambitieux chantier, auquel personne avant lui n’a jamais véritablement osé s’essayer : fédérer les tribus rifaines. Traditionnellement, le combat contre l’envahisseur a toujours été l’oeuvre d’une organisation temporaire, sous la direction d’un chef qui s’impose pour l’occasion, les tribus retournent ensuite à leur état antérieur d’autonomie. Mais Abdelkrim a de plus hautes ambitions et sa longue fréquentation de l’administration espagnole lui a fait voir que la dispersion bénéficie toujours à l’adversaire. C’est à partir du noyau du de sa tribu, Les Beni Ouriaghel, qu’il commence à imposer à ses proches voisins un embryon de structure centralisée ».
    « La déroute espagnole place Abdelkrim dans une situation totalement inattendue. Il pouvait envisager de freiner, voire de bloquer l’élan de la conquête espagnole. Mais être en position d’assiéger Mellila, d’avoir repoussé et acculé les Espagnols à la mer, relève du miracle et lui impose désormais d’avoir à gérer beaucoup plus qu’une victoire. Or, Abdelkrim est loin d’être encore le chef de toute la zone espagnole. Pour l’instant, c’est plus le piège successif et spontané des tribus qui s’est refermé sur l’envahisseur chrétien que l’effet d’une force organisée par une direction unique qui a joué. Pour autant, la défaite espagnole a fait retentir le nom d’Abdelkrim dans tous les douars du Maroc et exerce immédiatement une attraction puissante vers les Beni Ouriaghel, ce « tambour autour duquel danse le rif » ». 
    « ce n’est pas sans un certain plaisir qu’une partie de l’Espagne voit enfin les Français aux prises avec Abdelkrim, et mieux encore, dans la difficulté. Cette attaque fait justice aux Espagnols des quolibets, du mépris qu’ils ont essuyé au gré de leurs défaites. Les Français peuvent ravaler leur condescendance. Ils découvrent enfin l’envergure de l’adversaire, sa force, sa combativité. Cette presse française qui hier encore décrivait le chef rifain comme un de ces droits communs de la dissidence, ne disposant que de moyens limités, victorieux surtout de l’impéritie espagnole, mesure maintenant qu’il est armé et puissant »
    « Depuis sa montagne berbère, Abdelkrim tente de jouer du nouvel ordre international surgi de la première déflagration mondiale. La paix manquée de Versailles, la révolution bolchevique, la prise du pouvoir de Kemal Ataturk, de Mussolini, l’agitation en Syrie, en Tripolitaine, l’indépendance de l’Egypte : le bouillonnement de l’histoire n’échappe pas à l’émir du Rif qui, malgré le blocus franco-espagnol, continue de se procurer et de lire avidement les journaux internationaux dont il reçoit les correspondants. Et en fin tacticien, il a très vite compris que son bras de fer militaire contre la France peut trouver un écho international de nature à entraver ou, au moins, à encadrer la marge de manoeuvre de la République coloniale »
    « Gordon Canning, après plusieurs semaines passées dans le Rif, où Abdelkrim lui a confié son espoir de voir l’Angleterre soutenir sa cause ou « tout au moins servir de médiateur », fait à Tanger un retour tonitruant. Il revient porteur d’un mémorandum du gouvernement du Rif pour négocier avec Paris « une paix durable ». Ce document, dont l’original a été partiellement inspiré et rédigé par Grodon Canning lui-même, ouvre, pour la première fois, la voie d’une renonciation à « l’indépendance » du Rif en contrepartie d’une « autonomie ». Les concours de cette autonomie sont toutefois très éloignés de ceux que Paris et Madrid entendent désormais imposer. S’il se dit disposé à reconnaître « l’autorité spirituelle » du sultan, Abdelkrim précise que cette reconnaissance n’emportera (au sultan) aucun droit à diriger par aucun moyen l’administration économique et politique du Rif ».
    « Mohammed Azerkane, ministre rifain des Affaires étrangères, prend connaissance le 24 mars, dans le bureau de Gabrielli, des conditions françaises. Il accuse le coup. « Une profonde émotion se dissimulait sous un masque impassible », rapportera Gabrielli qui comprend tout de suite que la nouvelle exigence d’un « éloignement » d’Abdelkrim sera rejeté par les Rifains. En présence du général Mougin, chef du cabinet militaire de Steeg, accouru de Rabat, Azerkane accepte néanmoins pour la première fois de « discuter de la paix générale avec les deux puissances », la France et, enfin, l’Espagne. Pour le reste, et en attendant de connaitre la décision de l’émir, il précise que celui-ci pourra peut-être, un jour, « disparaitre de son plein gré ». Mais un exil immédiat est inadmissible car, en outre, fait-il valoir, seul Abdelkrim a la stature, tant pour imposer la paix, que pour continuer le combat ».
    « La réponse d’Abdelkrim est rédigée le jour-même après une brève discussion avec les émissaires français : « Louange à Dieu seul! A Monsieur le colonel Corap. J’ai l’honneur de vous accuser réception de votre lettre m’accordant l’Aman. Dès à présent, je puis vous dire que je me rends à vous. Nous demandons la protection de la France pour nous et notre famille ». Le succès de l’offensive de printemps est donc total et fulgurant comme le résume le capitaine Tassin : « en dix-huit jours de campagne, en avance de près de cinq semaines sur les prévisions, notre action militaire liée à celle de nos voisins espagnols a eu raison d’Abdelkrim et de ses farouches janissaires, les Beni Ouriaghel » ».
    VoxMaroc, 6/2/2012