M. Marzouki croit dur comme fer que la constitution de ce bloc permettra une meilleure prospérité pour les peuples de la région. «Avec les cinq libertés (liberté de circulation avec une simple carte d’identité, de travail, d’installation, de propriété, de participation aux élections municipales), nous pouvons donner un très grand coup d’avance à la construction du Maghreb, avec l’espoir d’avoir, par la suite, un vrai Parlement maghrébin qui jouit de vrais pouvoirs, une vraie cour constitutionnelle à la lumière du schéma adopté par les Européens», a-t-il expliqué.
Mois : février 2012
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Maghreb : Union économique avant l’union politique?
Écrit par Nazim Salah
M. Marzouki croit dur comme fer que la constitution de ce bloc permettra une meilleure prospérité pour les peuples de la région. «Avec les cinq libertés (liberté de circulation avec une simple carte d’identité, de travail, d’installation, de propriété, de participation aux élections municipales), nous pouvons donner un très grand coup d’avance à la construction du Maghreb, avec l’espoir d’avoir, par la suite, un vrai Parlement maghrébin qui jouit de vrais pouvoirs, une vraie cour constitutionnelle à la lumière du schéma adopté par les Européens», a-t-il expliqué.Et d’ajouter avec le même optimisme, né du départ du régime de l’ancien président Zine Al-Abidine Ben Ali : «J’espère que nous allons la relancer avec ce nouveau tournant qu’a pris la région du Maghreb après les révolutions de la Tunisie et de la Libye et les transformations qui s’opèrent actuellement en Algérie et au Maroc qui vont plus dans le même sens, celui des réformes et l’ouverture des régimes à la volonté de leur peuple. Tout cela me laisse espérer de remettre le Grand Maghreb en marche. Ce sont-là nos attentes».Revenant justement sur l’occupation marocaine du Sahara occidental, le président tunisien, cet ancien militant des droits de l’homme, préfère laisser l’Organisation des Nations unies s’occuper de ce problème. Il dira, à ce propos, que «quand vous avez un obstacle que vous ne pouvez surmonter, il faut le contourner. Moi, j’appelle à contourner cet obstacle, c’est-à-dire continuer à organiser le Maghreb avec les cinq libertés, continuer à discuter et laisser ce problème, pour le moment, entre parenthèse, le laisser à l’ONU qui s’en est emparé. Je ne dirais pas que ce problème n’existe pas. Il existe et nous ne pouvons fermer les yeux».Récemment, le ministre des Affaires étrangères marocain, Saâd-Eddine El-Othmani, s’est rendu en Algérie pour discuter de nombreux sujets dont la relance de l’Union maghrébine. Il avait, en effet, évité d’aborder la question du Front Polisario, tout comme l’a évité de le faire aussi son homologue algérien, Mourad Medelci. Lors de cette visite, il était surtout question de la coopération économique, énergétique et universitaire, entre autres, que de politique. Le président tunisien semble prôner la même voie pour la relance de l’Union du Maghreb. Autrement dit, peut-on commencer d’abord par une union économique du Maghreb en attendant d’aller vers une union politique et monétaire comme cela était le cas sur le Vieux Continent ?Le Chiffre d’Affaires.com, 12/2/2012 -
Président Marzouki : soutien au peuple syrien et insensibilité envers le peuple sahraoui
Les velléités «qataristes» de la Tunisie !Par Abdelkrim Ghezali, La Tribune d’Algérie, 11/2/2012Le peuple tunisien a réussi à bouleverser l’ordre imposé par Ben Ali et ses alliés composés de lobbies affairistes qui ont privatisé l’Etat et les institutions. La révolte des Tunisiens a brisé la vitrine d’une Tunisie stable, tranquille et sécurisée, pour que se révèle la réalité des laissés-pour-compte d’un régime oppressif, corrompu et corrupteur. Après avoir réussi le défi politique et institutionnel à travers un compromis historique entre les forces politiques, qui sont parvenues à s’entendre sur un mode de gouvernance transitoire en attendant que la Constituante élabore la nouvelle Constitution, les Tunisiens font face aux problèmes sérieux de relance économique, d’équilibre régional, d’emploi et d’attractivité des investisseurs étrangers. Manifestement, les dirigeants tunisiens tablent sur une stratégie globale axée sur la sécurisation du pays pour la relance du tourisme comme source première, la relance de l’UMA pour une meilleure intégration des potentialités maghrébines et l’intégration méditerranéenne à travers l’hypothétique UPM ou, du moins, la fructification del’accord d’association avec l’UE, même si les temps sont difficiles pour l’Europe. Cette stratégie est théoriquement envisageable dans la mesure où la Tunisie est un pays touristique, membre de l’UMA, de l’UPM et partenaire de l’UE. Pratiquement, les choses ne sont pas aussi simples que cela. Les besoins sociaux des Tunisiens sont si immenses que le Trésor public tunisien ne dispose pas de moyens financiers pour y répondre. Ce qui alimente la contestation d’une population toujours sur la lancée d’une «révolution payante». La contestation sociale ne fera que compliquer la donne et augmenter la pression sur un establishment qui manque d’expérience dans lagestion des affaires publiques, même si sa volonté politique est aussi forte que sincère. Cette pression poussera, à terme, les gouvernants tunisiens à chercher d’autres partenaires disposés à aider le pays en urgence. D’autant plus que la relance de l’UMA prendra beaucoup de temps avant que l’intégration économique et sociale soit profitable à tous ses membres et que l’Union européenne est plus préoccupée par sa propre crise pour pouvoir se tourner à la rive Sud et redynamiser les projets d’intégration en hibernation depuis la mort du processus de Barcelone. Au niveau maghrébin, seule l’Algérie dispose de moyens financiers conséquents à même de prêter main forte à la Tunisie pour traverser ces moments difficiles et diminuer la pression qui s’exerce sur un gouvernement encorefragile. Merzouki en est conscient et sa visite en Algérie, au-delà de son ardent souhait de voir l’UMA reprendre des couleurs, s’inscrit dans cet objectif stratégique de solidarité entre deux pays interdépendants en matière de stabilité et de sécurité. L’Algérie peut en effet contribuer à la redynamisation de l’économie tunisienne à travers des aides directes et des investissements dans des secteurs porteurs comme le tourisme, les mines, les industries manufacturières, les services, l’agriculture, les travaux publics et le bâtiment. Le projet de développement des zones frontalières peut aussi être relancé et les gouvernorats tunisiens de l’ouest peuvent bénéficier de commodités dont disposent les wilayas algériennes de l’est, comme le gaz, l’électricité et l’eau et, pourquoi pas, les écoles et les universités. Ce sont là des projets pratiques, réalisables qui s’inscriraient dans les relations bilatérales mais qui constituent aussi les pierres angulaires de l’intégration progressive de l’UMA. Si rien n’est fait dans ce sens pour que les Tunisiens sentent la solidarité maghrébine et notamment algérienne, ils pourraient être contraints de chercher l’aide ailleurs et qui serait alors monnayée à prix fort. La stratégie de l’Occident s’articule, entre autres, autour de l’instabilité de certaines régions pour pouvoir atteindre leurs objectifs hégémoniques. Une Tunisie fragile et isolée économiquement sur le plan régional, pourrait avoir des velléités de jouer au valet de l’Occident pour régler ses problèmes sociaux et économiques. L’appel du Premier ministre tunisien, à Davos, à expulser les ambassadeurs syriens, est un signe révélateur de ces velléités qui risque de s’affirmer et de prendre des dimensions déstabilisatrices pour toute la région. Si le Qatar est depuis quelques années le chargé d’affaires occidentales dans la région du Moyen-Orient, afin de garantir sa propre sécurité et stabilité face à une Arabie saoudite hégémonique, la Tunisie pourrait suivre cet exemple pour garantir sa stabilité sociale et relancer son économie. Lorsque Merzouki condamne Bachar al-Assad et annonce son soutien indéfectible au peuple syrien et, en même temps, demande à contourner la question du Sahara occidental ignorant les souffrances d’un peuple, les jeux sont faits et les cartes sont dévoilées quant à l’attitude de deux poids deux mesures, sur l’engagement principiel du président tunisien pour les droits de l’Homme et les droits des peuples à l’autodétermination. -
Moncef Marzouki sur un terrain glissant à Alger
Par Hakim MerabetA la veille de sa première visite officielle en Algérie, le président « provisoire » de la Tunisie, Moncef Marzouki a cru bon d’adoucir un peu son lexique à l’égard de l’Algérie qu’il a désigné à plusieurs reprises du doigt comme étant l’empêcheur de tourner en rond au Maghreb.
A partir de Nouakchott, où il est en visite, Marzouki a multiplié les formules flatteuses pour, escompte-t-il, amener Alger à de meilleurs sentiments. « J’ai reçu l’appui du Roi Mohamed VI et du président mauritanien Ould Abdel Aziz pour la tenue d’un sommet le plus tôt possible. La grande soeur, l’Algérie, fera de même, j’en suis sûr », a-t-il déclaré cet après midi dans une conférence de presse.
On remarquera d’emblée que Moncef Marzouki s’autoproclame déjà » leader » de l’union maghrébine en (re) construction lorsqu’il précise qu’il a reçu l’appui de Rabat et Nouakchott. Comprendre, que c’est lui-même qui a décidé d’impulser cette dynamique de retrouvaille. Un activisme moyennement apprécié à Alger où l’on n’a jamais cessé d’appeler le Maroc à s’inscrire dans cette perspective en laissant la question sahraouie aux Nations Unis.
Mais le royaume a toujours couplé l’idéal maghrébin à une reconnaissance de sa colonisation du Sahara occidental. C’est donc à ce niveau que les choses se corsent. Pourquoi l’Algérie serait-elle contre la tenue d’un sommet de l’UMA auquel Marzouki appelle de ses vœux ? Jusqu’à preuve du contraire c’est le souverain alaouite qui a toujours décliné les propositions d’Alger de se rassembler autour de ce qui « nous rassemble ».
Jouer dans la cour des grands, çà se mérite…
Mais cette fois, Marzouki, qui faut-il le signaler au passage est marocain d’origine, prétend pouvoir infléchir la position algérienne sur la question sahraouie. A ce propos, on peut d’ores et déjà anticiper que ce sera un échec cuisant pour lui, du fait que l’Algérie en fait un des fondamentaux de sa politique étrangère depuis 1975. « Nous estimons que le départ des dictateurs qui sévissaient en Tunisie et en Libye offre désormais au Maghreb Arabe les conditions psychologiques de sa remise en marche », a déclaré aujourd’hui Marzouki depuis Nouakchott.
Tout se passe comme si ce furent Kadhafi et Ben Ali qui empêchaient la construction de l’UMA…Or, le président provisoire de la Tunisie sait bien que ce bloc régional se construira d’abord et avant tout entre l’Algérie et le Maroc qui pèsent à eux seuls près de 80 millions d’habitants. Il serait alors pour le moins prétentieux de sa part de vouloir jouer au parrain alors que les enjeux se négocient ailleurs. L’idéal maghrébin n’a strictement rien avoir avec un quelconque blocage psychologique.
Les ressortissants des cinq pays de l’Afrique du nord savent très bien qu’ils sont frères et qu’ils sont condamnés à le redevenir un jour. Pour le détail : Au fort de la brouille algéro-marocaine, des ministres des deux pays échangeaient des visites. Moncef Marzouki n’a donc rien proposé de bien original sinon qu’il a « commis » des déclarations malencontreuses à l’égard de l’Algérie. Comme celle de dire que l’arrêt du processus électoral « était une erreur », ou encore celle dans laquelle il a exprimé son appui à peine déguisé au plan d’autonomie marocain dans le dossier sahraoui.
Déclarations inamicales
Des positions et des propos qui ont hérité Alger au point de soulever des réactions officielles, comme autant de mises au point. Dernière en date, celle du porte parole du MAE qui a réagi aux commentaires de Marzouki faits à Rabat. « La question récurrente de la médiation entre l’Algérie, d’une part, et le Maroc et la Libye, d’autre part, est une pure vue de l’esprit puisque tous les canaux sont ouverts avec ces deux pays frères « .
Et de rappeler que le ministre des Affaires étrangères marocain a séjourné récemment dans notre pays et des délégations libyennes sont à pied d’œuvre actuellement en Algérie dans le cadre de la coopération sécuritaire et cela en prélude à des visites imminentes de membres du gouvernement libyen en Algérie ».
Mieux encore, quand Marzouki s’est hasardé à donner des leçons sur la réouverture des frontières algéro-marocaines et la tenue d’un sommet de l’UMA, il a provoqué une réaction sèche du MAE. « La question de la réouverture de la frontière avec le Maroc est une question souveraine (…). La réactivation de l’UMA a été portée par la diplomatie algérienne et ce depuis le mois de mai 2011 », a précisé le porte parole du département de Medelci. Il est clair que cette mise au point équivaut à un franc rappel à l’ordre adressé à Moncef Marzouki.
Et à entendre sa déclaration aujourd’hui depuis Nouakchott, le président tunisien semble avoir tiré la leçon de ses « dérapages » verbaux. « Si nous acceptons de rester sur l’ancien système, nous n’avancerons jamais, il faut contourner la barrière du conflit du Sahara Occidental, oeuvrer à changer les mentalités et évoluer vers la remise en marche de cette machine en panne ». Brusque changement de ton de Marzouki à la veille de son voyage en Algérie où il est attendu…de pied ferme.
La diplomatie et le porte-monnaie
Il semble, en effet, revenir lui même à de meilleurs sentiments à savoir qu’à défaut de régler le contentieux du Sahara occidental, le Maroc et l’Algérie gagneraient à le contourner, c’est-à-dire de le laisser à l’appréciation de l’ONU, conformément à la légalité internationale. Et c’est exactement ce qu’a toujours préconisé l’Algérie !
Résultats des comptes, Moncef Marzouki qui brigue le poste de président de la République de Tunisie l’année prochaine – par la voie du suffrage universel cette fois – a commis des erreurs d’appréciations. A trop vouloir se donner une aura régionale de redresseurs de torts, il a oublié qu’il est provisoirement, à la tête d’un petit pays sans grande influence.
Aussi, dépouillé des prérogatives attachées à la fonction présidentielle dans son pays, Marzouki, ne peut raisonnablement prétendre jouer le beau rôle sur la scène maghrébine. A Alger, on va certainement lui rappeler ces vérités. On va lui préciser aussi que dans le monde d’aujourd’hui le poids et l’influence diplomatique se mesurent aussi et surtout à l’aune du porte-monnaie…
Algérie-plus, 11/2/2012
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Problème algéro-marocain: le Président tunisien persiste et signe
Au cours d’une conférence de presse tenue, samedi, au centre international des congrès à Nouakchott en Mauritanie, le président tunisien Moncef Marzouki, a encore une fois évoqué le problème du Sahara occidental entre le Maroc et l’Algérie.Malgré les critiques (à peine dissimulées) de la diplomatie algérienne à l’encontre de M. Marzouki quand il a évoqué ce point au Maroc, le Chef de l’Etat tunisien persiste et signe. Une fois de plus et en l’espace de 48 heures, M. Marzouki remue, une nouvelle fois, le couteau dans la plaie et rappelle que le principal handicap à la concrétisation de l’Union du Maghreb Arabe est le problème du Sahara occidental.M. Marzouki a souligné que ce problème entrave la création d’une Union maghrébine forte qui garantisse les intérêts de toutes les parties, préserve les spécificités de chaque pays et consacre les cinq libertés du citoyen maghrébin à savoir « le déplacement », « la stabilité et la propriété », « le travail », « l’investissement » et « l’élection municipale ».A ce sujet, il a relevé la volonté de la Tunisie de dynamiser tous les accords de coopération et de partenariat avec les pays de l’UMA afin d’instaurer un grand espace maghrébin, affirmant avoir trouvé auprès des dirigeants de ces pays la disposition et la volonté de sortir cette institution « du cérémonial à l’efficience ».Espace Manager, 11/2/2012 -
L’Espagne a placé de nouveaux canons en face de Nador
Tanger.- C’est une information qui est passée totalement inaperçue au Maroc et qui devrait attrister nos militaires. Une information que les patriotards marocains du dimanche, surtout ceux qui nichent à Nador, n’ont pas tenu à relever. Peut-être parce qu »ils n’ont pas encore reçu l’ordre de le faire.Une semaine avant la visite de Mariano Rajoy à Rabat, le 18 janvier, Madrid envoyait à Melilia de nouvelles pièces d’artillerie, des obusiers 155/52 mmpour remplacer les vieux canons américains de 155/23 mm qui datent de 1944.C’est le Régiment d’artillerie mixte n°32 (RAMIX 32), qui a été l’heureux bénéficiaire de ces canons de joie qui ont une portée de 40 kilomètres et qui sont dirigés, naturellement vers le Maroc tout proche. On ne sait jamais.Ces canons sont fabriqués par Santa Bárbara Sistemas, un important fournisseur du ministère espagnol de la défense, une entreprise qui a été rachetée récemment par General Dynamics, un mastodonte américain qui regroupe plusieurs fabricants d’équipements militaires.Comme le disait il y a peu un confrère espagnol « la modernisation de l’armée de terre espagnole continue en dépit de la crise économique et des coupes budgétaires« . On pourrait rajouter : Heureusement que le Maroc existe, sinon que deviendraient les travailleurs du secteur de la guerre en ces temps de disette.Les autorités marocaines ont fait, il y a deux ans, tout un tintamarre, avec blocage des frontières de Sebta et Melilia et protestation officielle du ministère des affaires étrangères, quand un hélicoptère espagnol qui ravitaillait les gardiens de l’îlot Nekour, en face d’Al Hoceima, a dérangé le sommeil du sultan en son château flottant, mais elles ne font rien quand des canons menacent des zones marocaines à très forte densité humaine.Cherchez l’erreur Hombre !Abdellatif GueznayaDemain, 11/2/2012 -
Proposition de résolution sur l’accord agricole entre l’UE et le Maroc
Résolution du Parlement européen sur l’accord entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc sur les mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles, de produits agricoles transformés, de poissons et de produits de la pêche (2012/2522(RSP))Le Parlement européen,– vu la déclaration de Barcelone du 28 novembre 1995 qui établit un partenariat entre l’Union européenne et des pays du Sud de la Méditerranée,– vu l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre l’Union européenne et ses États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part,– vu la décision du Conseil du 14 octobre 2005 autorisant les négociations avec le Maroc sur la libéralisation réciproque en matière de produits agricoles, de produits agricoles transformés, de poissons et de produits de la pêche,– vu la communication conjointe de la Commission européenne et de la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité au Parlement européen, au Conseil, au Comité économique et social européen et au Comité des régions du 25 mai 2011, intitulée « Une stratégie nouvelle à l’égard d’un voisinage en mutation » (COM(2011)0303),– vu sa résolution législative du 14 décembre 2011 relative au projet de décision du Conseil sur la conclusion d’un protocole entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc fixant les possibilités de pêche et la contrepartie financière prévues par l’accord de partenariat dans le secteur de la pêche entre la Communauté européenne et le Royaume du Maroc,– vu ses résolutions précédentes sur le Sahara occidental,– vu le projet d’accord sous forme d’échange de lettres entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc relatif aux mesures de libéralisation réciproques en matière de produits agricoles, de produits agricoles transformés, de poissons et de produits de la pêche, au remplacement des protocoles n° 1, 2 et 3 et de leurs annexes et aux modifications de l’accord euro-méditerranéen établissant une association entre les Communautés européennes et leurs États membres, d’une part, et le Royaume du Maroc, d’autre part,– vu la procédure d’approbation conforme à l’article 207 et à l’article 218, paragraphe 6, deuxième alinéa, point a), du traité sur le fonctionnement de l’Union européenne (C7‑0201/2011),– vu l’article 110, paragraphe 2, de son règlement,A. considérant que l’Union européenne conserve un excédent commercial avec le Maroc, qui a atteint 5,4 milliards d’euros en 2010;B. considérant que l’Union dispose d’un important excédent commercial pour les produits agricoles, les produits de la pêche et les produits transformés avec les pays du Sud de la Méditerranée de plus de 4 milliards d’euros, alors qu’elle affiche, avec le Maroc, un déficit commercial bilatéral pour ces mêmes produits, qui était de 871 millions d’euros en 2010;C. considérant que l’agriculture représentait 16,4 % du PIB marocain en 2009 et emploie plus de 40 % de la main-d’œuvre du pays; considérant que l’agriculture représentait 5,1 % du PIB de l’Union européenne en 2009 et emploie 1,1 % de la main-d’œuvre européenne;D. considérant que l’accord libéralise immédiatement 55 % (augmentation par rapport aux 33 % initiaux) des tarifs douaniers sur les produits agricoles et de la pêche de l’Union européenne et 70 % (contre 1 % précédemment) des tarifs douaniers sur les produits agricoles et de la pêche du Maroc en l’espace de 10 ans;E. considérant que l’accord permettra aux exportateurs européens d’accéder plus facilement à un marché voisin grâce à des modèles de consommation évoluant rapidement et au contexte de démographie croissante;F. considérant que le Maroc est l’un des quatre pays du Sud de la Méditerranée pour lesquels le Conseil a autorisé des directives de négociation en vue de signer un accord de libre-échange complet et approfondi; considérant que le commerce de produits agricoles fera partie de ces négociations;G. considérant que le Sahara occidental est exclu uniquement de manière implicite des dispositions commerciales de l’accord et qu’il est possible que les produits du Sahara occidental puissent en fait bénéficier, grâce au présent accord, d’un accès préférentiel au marché intérieur de l’Union européenne et vice-versa;H. considérant que tout accord commercial concernant le Sahara occidental doit être conclu au profit du peuple sahraoui et en fonction de leurs souhaits, conformément au droit international;Considérations d’ordre général1. estime que l’ouverture des marchés et l’intégration progressive sur le marché intérieur de l’Union européenne peuvent constituer de puissants instruments pour le développement des pays du Sud de la Méditerranée et contribuer à réduire la pauvreté et le chômage généralisés qui causent des problèmes économiques ainsi qu’au niveau des migrations et de la sécurité dans la région; considère que pour que ce potentiel puisse se concrétiser, l’Union européenne doit être prête à faire des concessions commerciales dans les secteurs sensibles, comme l’agriculture par exemple;2. souligne qu’au lendemain du printemps arabe, l’Union européenne a la responsabilité de faire plein usage de ses capacités commerciales et économiques en vue d’aider la transition de ces pays du Sud de la Méditerranée qui sont récemment devenus des démocraties, ou, ceux, comme le Maroc, qui progressent largement vers la démocratisation; salue les efforts consentis par le Maroc en faveur de la démocratie et du développement durable; invite l’Union européenne à soutenir ces mesures et à créer une synergie étroite entre ces efforts et le présent accord et l’approfondissement de sa stratégie commerciale avec le Maroc;3. estime qu’il est essentiel que toutes les couches de la société, et notamment les PME et les petits exploitants agricoles, puissent tirer parti des initiatives en faveur du commerce et des investissements; fait observer, dans ce contexte, que plus de 80 % des agriculteurs marocains possèdent moins de cinq hectares de terrain; salue dès lors le soutien apporté par la Confédération marocaine de l’agriculture et du développement rural (COMADER) à cet accord; rappelle que la sécurité alimentaire comporte, en plus de ses aspects économiques, une dimension sociale, environnementale et culturelle;4. souligne que, conformément au traité de Lisbonne, le Parlement doit participer à toutes les étapes des négociations commerciales et donner son approbation aux accords; invite dès lors la Commission et le Conseil à respecter ces obligations pour les prochains protocoles conclus avec le Maroc au titre de l’accord d’association et de l’éventuel accord de libre-échange approfondi et complet;L’accord5. souligne que cet accord fournira des opportunités à l’industrie agricole de l’Union européenne, notamment en ce qui concerne les denrées alimentaires transformées; souligne que les exportateurs de l’Union européenne bénéficieront au final de la levée des droits de douane marocains pour 70 % des lignes de produits agricoles et issus de la pêche, ce qui permettra d’économiser, selon les estimations, quelque 100 millions d’euros de droits de douanes par an, une fois que le présent accord sera pleinement mis en œuvre;6. s’inquiète des conséquences sur certaines régions agricoles d’Europe septentrionale et invite l’Union européenne à entreprendre de véritables réformes en vue de préserver la compétitivité de l’agriculture euro-méditerranéenne; prend acte des inquiétudes de certains secteurs agricoles, notamment ceux des tomates, des concombres, des pêches et des abricots, soumis à une augmentation des quotas à droit nul pour les importations de fruits et légumes délicats; souligne toutefois que l’augmentation des quotas à droit nul représente un pourcentage infime de la production européenne (à savoir à peu près 0,65 % pour les tomates), et que ces importations sont par ailleurs limitées par les quotas saisonniers et le système des prix d’entrée;7. accueille favorablement les autres mesures non tarifaires comprises dans l’accord, telles les négociations visant à améliorer la protection supplémentaire des indications géographiques européennes, le renforcement des mécanismes de sauvegarde et les mesures sanitaires et phytosanitaires; invite la Commission à fournir de plus amples explications à l’industrie européenne au sujet du processus et des mécanismes destinés à activer les clauses de sauvegarde; rappelle en outre que l’Union et le Maroc ont convenu d’un mécanisme de règlement des différends qui permet à l’une des parties d’obtenir réparation si l’autre ne respecte pas les conditions de l’accord;Questions commerciales et économiques plus larges8. exprime son inquiétude quant aux plaintes émises par des groupes industriels européens alléguant des fraudes dans le système des prix d’entrée; prend acte à cet égard des propositions destinées à aligner les modalités de mise en œuvre du système des prix d’entrée sur le code des douanes communautaire lors de la dernière réforme de la PAC; souligne, dans le même temps, qu’aucune plainte officielle n’a été déposée auprès de l’OLAF depuis 2005;9. souligne que l’accès au marché intérieur de l’Union devrait être subordonné au respect de certaines normes sanitaires, phytosanitaires et environnementales et se félicite du rapport positif de l’Office alimentaire et vétérinaire attestant le respect de ces normes par le Maroc en 2011; se félicite de l’accent mis par l’accord sur les mesures sanitaires et phytosanitaires et demande que l’assistance technique constitue un élément central des négociations destinées à aboutir à un accord de libre-échange approfondi et complet; invite la Commission à aider le Maroc dans la gestion de l’eau afin d’éviter toute perte en termes de quantité et de qualité, de permettre un meilleur accès à l’eau potable et d’améliorer la gestion des eaux usées; invite l’Agence européenne de sécurité des aliments à apporter son expertise, comme cela lui a été demandé, aux États membres afin d’évaluer la qualité des produits importés;10. souligne que, comme de nombreux pays en développement, le Maroc fait face à des défis de taille pour garantir les droits du travail; fait observer que, malgré la ratification de la plupart des principales conventions de l’Organisation internationale du travail (OIT) en la matière et l’adoption de dispositions interdisant le travail des enfants, des inquiétudes persistent quant à la liberté d’association et au travail des enfants; estime que le chapitre sur le développement durable des accords de libre-échange approfondis et complets devrait inclure une assistance pour la mise en œuvre des conventions de l’OIT, la ratification de conventions fondamentales non encore signées (notamment la convention n° 87 sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical) et des initiatives concernant la responsabilité sociale de l’entreprise;11. regrette que la Commission n’ait pas pu clarifier de manière convaincante le statut du Sahara occidental dans le cadre des dispositions commerciales de l’accord d’association conclu entre l’Union européenne et le Maroc; estime que cet éclaircissement est nécessaire pour mettre un terme à l’actuelle incertitude juridique et serait également bénéfique aux accords entre l’Union européenne et le Maroc dans d’autres secteurs pour lesquels des protocoles doivent souvent être renouvelés; demande dès lors instamment à la Commission d’œuvrer à l’élaboration d’une approche globale en ce qui concerne le Sahara occidental, tout en tenant compte des négociations actuellement menées par les Nations unies pour trouver une solution politique durable; invite la Commission à fournir une aide au développement conséquente au peuple sahraoui afin d’améliorer leurs conditions de vie;12. charge son Président de transmettre la présente résolution au Conseil, à la Commission, à la haute représentante de l’Union pour les affaires étrangères et la politique de sécurité, à la délégation du Parlement européen pour les relations avec les pays du Maghreb, au Bureau de l’Assemblée parlementaire de l’Union pour la Méditerranée et au parlement et au gouvernement du MarocParlement Européen, 10/2/2012 -
« Nous pouvons donner un très grand coup d’avance à la construction du Maghreb » (Marzouki)
TUNIS – Le président tunisien, Mohamed Moncef Marzouki, a estimé, à la veille de sa visite officielle en Algérie, que les pays du Maghreb peuvent donner un « grand coup d’avance » à la construction de cette entité sous-régionale qu’il faut relancer, notamment avec le nouveau tournant pris par la région du Maghreb.« Personnellement, je reprends le rêve de la génération de mon père où tout le monde était maghrébin. Cette génération avait plus de sang maghrébin que nous et, maintenant, il faut reprendre cette maghrébinité », a affirmé M. Marzouki dans un entretien à l’APS (lire l’intégral sur le site www.aps.dz).
« Avec les cinq libertés (liberté de circulation avec une simple carte d’identité, de travail, d’installation, de propriété, de participation aux élections municipales), nous pouvons donner un très grand coup d’avance à la construction du Maghreb, avec l’espoir d’avoir par la suite un vrai parlement maghrébin qui jouit de vrais pouvoirs, une vraie cour constitutionnelle à la lumière du schéma adopté par les Européens », a-t-il expliqué, ajoutant que l’Union du Maghreb arabe doit être un ensemble d’Etats indépendants avec de « fortes et réelles » institutions communes et avec un espace maghrébin « ouvert ».
« J’espère que nous allons la relancer avec ce nouveau tournant qu’a pris la région du Maghreb après les révolutions de la Tunisie et de la Libye et les transformations qui s’opèrent actuellement en Algérie et au Maroc qui vont plus dans le même sens, celui des réformes et l’ouverture des régimes à la volonté de leur peuple. Tout cela me laisse espérer de remettre le grand Maghreb en marche. Ce sont-là nos attentes », a dit ce militant des droits de l’homme qui s’enorgueillit d’avoir traversé, en 1962 avec son père, les frontières marocaines, pays où sa famille vivait, pour fêter l’indépendance de l’Algérie.
Sur la question du Sahara occidental, pays dans l’attente de l’organisation par l’Onu d’un référendum d’autodétermination, le chef de l’Etat tunisien a attesté que le problème existe et sur lequel « nous ne pouvons pas fermer les yeux », mais il préconise, dans ce contexte, que lorsqu’il est difficile de surmonter un obstacle, « il faut le contourner ».
« Quand vous avez un obstacle que vous ne pouvez surmonter, il faut le contourner. Moi, j’appelle à contourner cet obstacle, c’est-à-dire continuer à organiser le Maghreb avec les cinq libertés, continuer à discuter et laisser ce problème, pour le moment, entre parenthèse, le laisser à l’Onu qui s’en est emparé. Je ne dirais pas que ce problème n’existe pas. Il existe et nous ne pouvons fermer les yeux », a affirmé cet admirateur de Nelson Mandela.
« Nous avons fait l’essentiel du travail »
Sur le plan interne, le président Marzouki a rappelé qu’une année après la révolution en Tunisie, « nous avons fait l’essentiel du travail ».
« Regardez, il y a beaucoup de pays où les problèmes socio-économiques sont dix fois plus importants que ceux de la Tunisie, parce que la problématique politique n’a pas été résolue. Or, nous, nous avons fait ce travail. Nous avons fait des élections libres et honnêtes, des institutions qui ne sont pas du tout remises en cause. Nous avons un gouvernement légitime, un Président légitime, etc. Donc, nous avons mis en place les bases fondamentales pour la solution des problèmes socio-économiques. C’est une chose très importante et nous l’avons fait à un coût très très faible, comparativement à d’autres révolutions », a-t-il expliqué.
Pour ce chef d’Etat, qui jure qu’il n’y aura « plus jamais » en Tunisie un Etat corrompu, la moitié du chemin pour la résolution de ces problèmes reste à parcourir.
« Nous sommes décidés à le faire et nous avons beaucoup de cartes pour la réussite de ce défi, en plus d’un régime politique maintenant stable et légitime », a-t-il dit reconnaissant que le gouvernement se trouve face à « beaucoup de handicaps ».
M. Marzouki, qui refuse toujours de porter la cravate, a déploré qu’après une année d’agitation sociale, le tourisme ait sombré et des usines soient fermées.
« Maintenant, nous sommes en train de rebâtir sur des décombres et cela va être difficile et compliqué, en plus de l’environnement international qui n’est pas très bon », a-t-il estimé en avertissant que l’année 2012 sera, pour la Tunisie, « une année difficile ».
Il préconise, à cet effet, que la Tunisie doit réaliser « un minimum de stabilité » pour faire revenir les investissements nationaux et étrangers. « Nous essayons de convaincre nos partenaires et nos frères pour qu’ils acceptent un minimum de stabilité, parce qu’il n’existe pas stabilité à 100% sauf dans les régimes dictatoriaux », a-t-il soutenu.
Sur le plan politique, le chef d’Etat tunisien, fondateur en 1998 du Conseil national pour les libertés en Tunisie, refuse, avec la victoire des islamistes aux législatives, qu’on dise que la Tunisie est devenue un Etat islamiste.
« Marchez dans les rues et regardez vous-mêmes si cela est vrai. Avez-vous constaté une police islamiste obligeant les femmes à mettre le foulard ? C’est quoi un Etat islamiste ? La Tunisie est un pays démocratique, les droits de l’homme et ceux de la femme sont respectés », a-t-il argué, soulignant que le président de la République est un homme qui n’appartient pas « du tout » à la mouvance islamiste, le président de l’Assemblée constituante n’appartient pas également à cette même mouvance ».
Le régime syrien doit partir, l’envoi de troupes étrangères à bannir
« Il y a un chef du gouvernement islamiste, mais aujourd’hui nous sommes dans un régime où la Constituante est la source du pouvoir. Ceux qui gouvernent le pays émanent d’une coalition entre deux partis : l’un laïque modéré et l’autre un islamiste modéré. Ils gouvernent pour maintenir la démocratie, les droits de l’homme et les libertés publiques. Si vous trouvez-là que c’est un Etat qui ressemble à l’Iran, moi je ne le vois pas du tout », a-t-il ajouté.
Par ailleurs, il a déploré la situation en Syrie se disant « accablé » par le nombre de morts. « J’apporte entièrement mon appui au peuple syrien. La Tunisie condamne totalement et absolument le régime de Bachar al-Assad », a-t-il affirmé, estimant que la seule solution est que « cet homme parte et qu’on trouve une solution politique, à savoir un gouvernement d’union nationale qui organise une période intermédiaire, le temps que l’on puisse mettre en place des élections libres et honnêtes ».
« Le régime baâthiste est fini et il doit s’en aller », a-t-il ajouté, se disant, cependant, opposé à l’envoi de troupes militaires étrangères en Syrie. Déjà pour la Libye, a-t-il tenu à souligner, « nous l’avions accepté à contrecoeur et avec la plus extrême réticence, parce qu’apparemment il n’y avait pas d’autre solution ».
« Mais pour la Syrie, il est totalement hors de question parce que ceci entraînerait non seulement la guerre civile, qui commence malheureusement déjà, mais également l’éclatement de Syrie et une guerre dans toute la région. C’est une option à bannir totalement et absolument », a-t-il conclu.
APS, 10/2/2012
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Marzouki est averti: l’Algérie ne veut pas d’une médiation tunisienne
Avec peu de prérogatives, le président Moncef Marzouki refuse de jouer un rôle secondaire et fait de son mieux pour que son passage à la tête de l’Etat soit marqué par des réalisations palpables sur le terrain.Pour y parvenir M. Marzouki enchaîne les décisions en Tunisie que certains qualifient « de populistes » avant de s’attaquer au défi de désenclaver la Tunisie à travers un partenariat sud-sud.
D’abord il part à la conquête de l’Afrique à travers la participation au sommet de l’union africaine. Ensuite, en effectuant une tournée en Afrique du Nord pour relancer l’Union du Maghreb arabe (UMA). Une structure en panne depuis plusieurs années, à cause des incompréhensions entre l’Algérie et le Maroc.
Inspiré du modèle de l’Union européenne permettant à ses ressortissants d’investir, de résider et de devenir propriétaire dans la contrée de leur choix, l’idéaliste Moncef Marzouki risque de trouver des difficultés à convaincre les marocains mais surtout les algériens à faire démarrer la machine maghrébine.
D’ailleurs, son point de presse tenu à Rabat a suscité beaucoup de réserves du côté algérien. En effet, en évoquant le problème du Sahara occidental, qui était la principale entrave devant l’édification du Maghreb Arabe, la partie algérienne a vite répliquée à cette déclaration.
Interprétant sa déclaration comme une proposition de jouer les médiateurs entre l’Algérie et le Maroc, M. Amar Belani, porte‑parole du ministère des Affaires étrangères, a été clair. « La question récurrente de la médiation entre l’Algérie, d’une part, et le Maroc et la Libye, d’autre part, est une pure vue de l’esprit puisque tous les canaux sont ouverts avec ces deux pays frères.», explique M. Belani au journal algérien TSA.
« La question de la réouverture de la frontière avec le Maroc est une question souveraine et elle s’intégrera forcément, et à un moment ou à un autre, dans le prolongement de la dynamique constructive amorcée, depuis quelques mois, avec ce pays voisin pour assainir et bâtir une relation bilatérale apaisée, saine et féconde », explique Amar Belani. Le président tunisien est averti : une tentative de médiation tunisienne dans ce dossier n’est pas la bienvenue.
Il est à rappeler que la tournée maghrébine de M. Marzouki a pour principal objectif de convaincre les pays du Maghreb à la tenue d’un sommet maghrébin en Tunisie en 2012 en vue de remettre l’Union du Maghreb arabe sur les rails. Son passage en Algérie, dernière étape de sa tournée maghrébine, sera déterminant.
Espace Manager, 10/2/2012
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La démocratie et les droits humains, une lutte inachevée , par Thomas Mélonio
La gauche, arrivée au pouvoir en 1981, connaissait en son sein un important débat sur le nécessaire degré de rénovation de la politique africaine, sur fond d’opposition de la première et de la deuxième gauche. Jusqu’à la chute du mur, on ne peut que constater et regretter que les conservateurs l’aient emporté sur les rénovateurs, l’épisode de la « démission » de Jean-Pierre Cot symbolisant cet échec collectif. Dix ans plus tard, dix ans trop tard, le discours de François Mitterrand à la Baule prenait toutefois acte du changement d’ère géopolitique et du caractère insupportable de l’absence de droits politiques en Afrique.Rappelons également à ceux qui, à gauche, détiennent un goût prononcé pour l’autoflagellation que Jacques Chirac affirmait, à la même époque, que l’Afrique n’était « pas mûre pour la démocratie ». Le discours de la Baule, quoique tardif, fut donc néanmoins symbolique d’un basculement théorique, l’autocratie étant clairement rejetée et l’ouverture politique saluée, avec la promesse d’une aide « tiède » pour les pays adeptes de la première et d’une coopération plus « enthousiaste » avec ceux mettant en œuvre la seconde. Au plan pratique, la démocratisation des pays d’Afrique francophone, qui n’en était qu’à ses balbutiements en 1991, est alors nettement enclenchée.
Ce processus d’ouverture politique connaît toutefois de graves soubresauts, reculs occasionnels et coups d’Etat ponctuels, ainsi que de notables exceptions, certains chefs d’Etat faisant preuve d’une « remarquable » longévité ou cédant à la tentation dynastique. En dehors de ces exceptions fâcheuses, on relèvera néanmoins des motifs d’espoir récents, puisqu’en 2010 et 2011, pas moins de trois chefs d’Etat ayant souhaité prolonger illégitimement leur présidence de la République ont été contraints de quitter leur palais et furent remplacés à terme par des régimes démocratiquement élus (Alpha Condé en Guinée, Mahamadou Issoufou au Niger et Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire). Le mouvement de modernisation et de démocratisation est sans doute trop modeste, trop lent, mais il existe.
Quel rôle la France peut-elle jouer pour accompagner le mouvement de démocratisation en Afrique (ou ailleurs), sans renouer avec les ingérences du passé ? Ce sont, d’abord et avant tout, les pratiques qui doivent évoluer.
Au cours des dernières années, nombre d’initiatives malheureuses ou de déclarations qui n’avaient rien d’obligatoire ont entaché la réputation de la France.
Certains cas sont très connus : en Tunisie, les déclarations sur la « progression de l’espace des libertés » ont pris une signification toute particulière après la « Révolution de la dignité », tout comme les offres de service de maintien de l’ordre formulées par Michèle Alliot-Marie, alors ministre des Affaires étrangères. Dans le même ordre d’idée, la réception en grandes pompes du colonel Kadhafi en 2008 et la théorisation du profond « changement » du guide libyen laissent songeur alors qu’une guerre dure est aujourd’hui engagée pour le chasser du pouvoir. De manière moins connue, la France a été la première puissance, et parfois la seule, à blanchir ou à prendre acte de coups d’Etat, parfois régularisés ensuite, qu’il s’agisse de ceux survenus dans les dernières années en Guinée (Moussa Dadis Camara), en Mauritanie (Mohamed Ould Abdelaziz) ou à Madagascar (Andry Rajoelina). En 2011, la France fut à nouveau la seule puissance représentée à l’investiture de François Bozizé (République centrafricaine) malgré un rapport d’observation électorale de l’Union européenne très sévère. La France n’a pas fait non plus preuve de beaucoup de retenue dans son soutien à Idriss Déby Itno, en dépit de la situation peu enviable de l’opposition dans ce pays. Dans la question du conflit au Sahara occidental, la France est également l’une des dernières nations à s’opposer à l’extension du mandat de la force des Nations unies à la protection des droits humains. Les exemples se déclinent, trop nombreux : cela peut et doit changer.
Pour les socialistes, le respect des droits de l’Homme et l’existence d’un Etat de droit sont et doivent être des conditions préalables à toute intervention en faveur d’un Etat. Il est trop facile de se fourvoyer dans une relation de complaisance avec des régimes non démocratiques. On observera d’ailleurs que Barack Obama s’est contenté d’une visite au seul Ghana, plaçant clairement très haut sur le plan démocratique la barre d’acceptabilité d’un régime politique. Pourtant, on peut difficilement accepter de ne soutenir que les peuples des Etats les plus vertueux, en condamnant les populations des autres Etats à une assistance humanitaire minimale. Dans les pays à gouvernance « douteuse », encore que le concept de bonne gouvernance soit passablement flou, il est légitime de faire transiter autant que possible les fonds de coopération au développement par les organisations de la société civile ou des collectivités locales, lorsqu’elles sont légitimes.
L’aide française transite extrêmement peu par les ONG du Nord et du Sud (à peine plus de 1 % de l’aide publique au développement totale). Cette part pourrait être portée progressivement au niveau de celle observée dans les autres pays européens, soit 5 %, alors que les projections actuelles d’aide au développement laissent au contraire envisager une stagnation des crédits publics bilatéraux qui leur sont dédiés, à un niveau de 45 millions d’euros (sur une aide totale déclarée de plus de dix milliards d’euros…).
Les ONG ont une capacité d’innovation sectorielle, d’action sur des terrains difficiles, de réactivité qui doit être mieux reconnue. Leurs actions ne déméritent pas face à celles des institutions publiques du développement, qui sont soumises à des procédures parfois plus complexes (anti-blanchiment, diligences environnementales et sociales entre autres) qui limitent la rapidité de leur intervention. On notera également que, sur des sujets essentiels de protection des droits humains comme le respect des droits des homosexuels ou l’interdiction de l’excision, la voix de la France s’est faite très discrète au plus haut niveau de l’Etat, en dépit des efforts méritoires de la secrétaire d’Etat aux droits de l’Homme sur le premier point, avant que ce secrétariat d’Etat ne soit jugé « inutile ». Les campagnes des ONG en faveur de la transparence des ressources transférées par des compagnies minières ou s’interrogeant sur les patrimoines immobiliers de chefs d’Etat africains ont également eu le mérite d’attirer l’attention sur le manque de traçabilité des fonds publics dans certains pays en développement.
On voit là l’utilité que peuvent avoir les ONG pour animer des campagnes qui pourraient difficilement être conduites au niveau gouvernemental.
Enfin, là où la probabilité d’évolution dans le bon sens existe et là où l’influence de la France peut être décisive, ne faut-il pas tenter d’aider à la mise en place de bonnes politiques et d’accompagner les processus démocratiques ?
Il semble ainsi nécessaire d’accompagner fortement les pays dans les mois décisifs qui entourent les élections, surtout lorsqu’il s’agit de premières, comme c’est le cas actuellement en Guinée, mais aussi dans des pays qui reviennent à la démocratie ou sortent d’une grave crise, comme le Niger ou la Côte d’Ivoire. En cas d’évolution inverse, il semblerait nécessaire de faire preuve de plus de réactivité dans la critique dès lors que la situation politique se dégrade, et que la France soit aussi parfois en pointe sur l’application de sanctions, aspect sur lequel cette législature aura été particulièrement pauvre.
La France, en tant que nation, finance également très peu les fondations politiques, toutes sensibilités confondues, pour promouvoir le pluralisme démocratique. Les budgets de coopération internationale des principales fondations sont ainsi très faibles (en général au moins dix fois inférieurs à leurs homologues américaines et allemandes),alors même que les fondations sont les acteurs les plus susceptibles de promouvoir la liberté de la presse, de soutenir la constitution de nouveaux médias, d’aider au renforcement des capacités des mouvements d’opposition lorsque ceux-ci ne bénéficient d’aucun financement de leur Etat (c’est-à-dire presque tout le temps). L’Union européenne soutient également, mais de manière encore sporadique, les processus électoraux. Une systématisation de ce type de soutien serait extrêmement bienvenue, par exemple pour permettre des campagnes médiatiques pluralistes ou encore assurer des observations rigoureuses sur la base du suivi d’échantillons représentatifs. Enfin, il semblerait utile, dans les cas des transitions politiques où l’Etat civil ou le système judiciaire d’un Etat ne bénéficie pas de la confiance des principaux acteurs politiques, de renforcer le cadre juridique international, autour des Nations unies, pour légitimer celles-ci dans l’observation et la proclamation des résultats.
Auteur : Thomas Mélonio , pour la Fondation Jean Jaures
Economiste, spécialiste de l’Afrique et des questions de développement, il travaille en particulier sur les méthodes de valorisation du capital humain. Animateur du cercle de réflexion « A gauche, en Europe », co-fondé par Dominique Strauss-Kahn, Pierre Moscovici et Michel Rocard. Oeuvre aujourd’hui à la structuration d’un mouvement social-démocrate au sein du parti socialiste. Il est délégué national en charge de l’Afrique au PS et représente à ce titre le PS au comité Afrique de l’Internationale socialiste.
CongoLiberty, 10/10/2012
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La radio cubaine se moque du Makhzen
Tanger.- Radio Habana Cuba, la station radio internationale du gouvernement cubain, se moque du Makhzen et de son « soudain intérêt pour la démocratie et les droits de l’homme ». Dans un article intitulé « Le Maroc parle de démocratie… en Syrie », cette mythique radio lancée en 1961 (tout juste après l’échec américain de la baie des Cochons), et qui émet en 9 langues (dont l’arabe), s’en donne à cœur-joie pour relever les contradictions du régime alaouite.« On a donné à cette despotique et extravagante monarchie (…) la mission de présenter devant les Nations unies un document de condamnation contre Damas, et dans lequel on exige la démission du président Bachar El Assad », lit-on sur son site Web.« Mais, c’est une blague », s’exclame la radio qui rappelle que le Maroc a eu son « printemps arabe qui n’a jamais fleuri » et que « le Mouvement du 20 février qui a fait sortir dans la rue à des milliers et des milliers de personnes pour exiger des réformes démocratiques et diminuer le contrôle despotique du roi Mohamed VI sur le pays (…) a été réprimé violemment face au silence complice de l’Europe et des Etats-Unis ».Après un léger récapitulatif des prétendues réformes de Mohamed VI, Radio Habana Cuba conseille au Makhzen de « regarder chez soi » avant de regarder ce qui se passe chez les autres, en Syrie.A la fin, la station cubaine de Fidel se montre assez confiante pour l’avenir de l’autocratie alaouite. « Tant qu’elle restera une marionnette des intérêts européens et américains, la monarchie marocaine peut sans crainte jeter à la poubelle le mot démocratie »Abdellatif GueznayaDemain, 9/2/2012