Mois : février 2012

  • UMA : Marzouki appelle à un sommet pour des intérimaires !

    Par Amine Echikr
    Les premiers pas diplomatiques du président tunisien ne semblent pas très sûrs. Après avoir expulsé un ambassadeur syrien qui n’était plus en poste depuis une année, M. Marzouki souhaite organiser un sommet des chefs d’Etat de l’Union du Maghreb arabe. Il aurait eu le soutien du Maroc et de la Mauritanie et espère que «la grande sœur Algérie» dise oui. Il reste pour le nouvel occupant du palais de Carthage de savoir qui pourra représenter la Libye et la boucle sera bouclée. Ainsi, le président Marzouki aura réussi ce que peu de chefs d’Etat auront réussi ces dernières années.
    La candeur révolutionnaire des tenants du nouveau pouvoir tunisien semble extraordinaire. Ils ont été élus pour doter leur pays d’une nouvelle Constitution, traiter les affaires courantes et organiser les élections qui découleront du nouvel ordre constitutionnel. On les retrouve sur des dossiers dont l’urgence n’en est pas une. «Qui trop embrasse, mal étreint». La situation sécuritaire en Tunisie n’est pas stabilisée. Le chômage s’aggrave chaque jour, particulièrement dans l’Ouest tunisien. La relance du tourisme n’est pas pour demain. La place et le rôle de la Tunisienne se réduit chaque jour un peu plus. A ces dossiers qui risquent de déstabiliser notre voisin de l’Est, point de réponses réelles. 
    Les Tunisiens s’alarment de voir leurs dirigeants se cantonner dans des constats inutiles et de continuelles attaques contre l’ancien régime. Peu ou pas de solutions qui s’ajoutent à une situation politique bien obscure. L’Assemblée constituante a été élue démocratiquement mais n’a pas fixé de date pour sa fin de mission. Elle donne l’impression de vouloir durer indéfiniment et que les Tunisiens qui ont pris goût au vote devront attendre longtemps avant de renouer avec ce «plaisir» démocratique.M. Moncef Marzouki a appelé, du Maroc, à l’établissement d’un «système maghrébin fédéral» de sorte à assurer aux pays de la région une forte présence, en tant que puissance économique, sur la scène internationale, dans un cadre qui préserve la souveraineté de chacun des Etats membres. Affirmant qu’il est nécessaire aujourd’hui d’aller de l’avant dans le processus d’édification de l’Union du Maghreb arabe «sans faire du règlement de la question du Sahara une condition sine qua non», a insisté le chef de l’Etat tunisien. Le seul hic dans les propos de M. Marzouki se situe dans le fait que les Tunisiens ne savent pas si le nouveau régime sera monarchique, présidentiel, parlementaire ou un émirat islamiste. Pour cela, le nouveau président tunisien ne semble pas pressé de faire campagne. Il préfère, dans le respect des séparations du pouvoir, laisser l’Assemblée faire son choix sous la houlette de ses alliés d’Ennahda. 
     M. Moncef Marzouki est convaincu que l’ouverture de l’espace maghrébin et la normalisation des relations algéro-marocaines sont «à même, sans nul doute, de favoriser une solution pacifique et honorable pour toutes les parties au conflit». Une position qui occulte le sort du peuple sahraoui et qui vient de la part d’un ancien défenseur des droits de l’Homme. Le droit à l’autodétermination est un droit inaliénable des peuples et donc des Hommes. Mais cela ne semble pas trop intéresser M. Marzouki.
    Autre point abordé par le dirigeant tunisien, l’ouverture de la frontière Ouest de l’Algérie. Sur ce plan-là et comme beaucoup d’analystes, il y voit un gain de 2% du PIB pour la région. L’ouverture de la frontière aura pour conséquence directe la chute drastique du nombre de touristes algériens vers la Tunisie et une augmentation sensible du chômage dans ce pays frère.De maladresse en maladresse, Moncef Marzouki est plus dans la peau d’un révolutionnaire que dans celle d’un chef d’Etat. Quant à l’organisation d’un sommet de l’UMA avec deux intérimaires, l’on ne voit pas trop à quoi il pourrait aboutir.
  • Pas d’UMA sans les sahraouis

    par Noreddine Mezalla
    Le président tunisien, Mohamed Moncef El-Marzouki, a été reçu comme il se doit par son homologue algérien, Abdelaziz Bouteflika, ce qui prouve encore une fois que l’Algérie cultive, par le geste, la politique de bon voisinage. Quels que soient les présidents accédant à la magistrature suprême, pourvu qu’ils n’aient pas d’intention hostile envers notre peuple. Contrairement au CNT libyen, l’opposition tunisienne, qui vient de gagner le pari de l’alternance par les urnes, n’a jamais montré d’animosité envers l’Algérie dans la tourmente du printemps arabe. Mieux encore, le nouvel homme fort de la Tunisie a déclaré qu’il ne souhaitait pas une intervention étrangère en Syrie, préférant que les pays règlent leurs crises souverainement. De petites phrases qui plaident pour une compatibilité des positions entre Tunis et Alger sur les questions fondamentales relevant de la géopolitique. 
    Malheureusement, l’optimiste Marzouki, homme de gauche qui a accepté la cohabitation avec les islamistes d’Ennahda, vient de perdre de sa clairvoyance en provoquant une rupture épistémologique dans son appréhension du Maghreb. Dans son euphorique ambition de conforter l’unité de cette région d’Afrique du Nord, Marzouki a voulu emprunter un raccourci dangereux qui heurtera au moins deux peuples, sans compter tous ceux qui se battent pour le droit et la justice dans ce monde. Voulant peut-être éluder une question qui dépasse ses épaules de «néoprésident», l’ex-défenseur des causes nobles a osé déclarer qu’on pourrait construire le Maghreb uni en contournant les sujets qui fâchent, faisant allusion à la problématique du Sahara occidental. 
    Si Bouteflika ne semble pas lui en avoir tenu rigueur, probablement pour ne pas gâcher la visite du frère tunisien et ne pas renoncer aux traditions d’hospitalité, les Algériens n’acquiesceront jamais à pareilles propositions de félonie. Chez nous, il est des principes et des valeurs non négociables, comme le soutien inconditionnel aux peuples encore colonisés. En Palestine ou au Sahara occidental. Que la petite Tunisie ait le vent en poupe, au lendemain de sa révolution, cela n’y changera rien. On ne bâtira pas un grand Maghreb par de petites manœuvres, sur le dos d’un peuple qui souffre, pour des calculs sans humanisme. A ce prix, l’UMA peut encore attendre.
    Noreddine Mezalla
    Le Jeune Indépendant, 13/2/2012
  • Espagne : Le parlement d’Extremadura reconnaît le Polisario

    Par Hakim Merabet 
    Voilà une bien mauvaise nouvelle pour le Makhzen : l’Assemblée d’Extremadura, une région autonome espagnole située au nord de l’Andalousie, et dirigée par le Parti populaire du Premier ministre Mariano Rajoy, a voté le 9 février une résolution demandant au gouvernement espagnol d’établir des relations diplomatiques avec le Front Polisario !
    Cette décision inédite intervient trois jours après la clôture des travaux de la conférence des comités de soutien européens au peuple Sahraoui (EUCOCO) qui s’est tenue à Séville, dans la province de l’Andalousie. Il semble bien que les témoignages accablants des militants sahraouis sur leurs souffrances dans les territoires occupés ainsi que l’engagement de la direction du Polisario aient donné à réfléchir au parlement régional d’Extremadura.
    La résolution a été proposée par le groupe parlementaire d’Izquierda Unida (IU, Gauche unie), qui regroupe le parti communiste, les Verts, des partis régionaux et d’autres petites formations de gauche). Mais son adoption a bénéficié des voix du parti populaire qui dirige le gouvernement locale et national en plus évidemment de celles de d’Izquierda Unida. Et c’est une épine au pied de Mariano Rajoy qui tente, sans succès pour l’instant, de faire adopter au sein du parlement européen un nouvel accord de pêche avec le Maroc.
    Autre signe positif de l’évolution politique des élus espagnols par rapport à la cause Sahraouie, les élus socialistes du PSOE très coopérants avec le Maroc, se sont cette fois abstenus. En d’autres termes ils ne sont pas contre le principe de reconnaître le Polisario en tant interlocuteur officiel du fait qu’ils n’ont pas voté contre.
    Il est sûr que cette résolution va faire jaser du côté du Makhzen, quelques jours seulement après que  » M6  » ait déroulé le tapis rouge au nouveau chef de l’exécutif espagnol M Mariano Rajoy. Cette mauvaise nouvelle s’ajoute à l’accueil réservé au président de la RASD Mohamed Abdelaziz aux travaux du congrès du parti socialiste (PSOE) tenu simultanément à la conférence de l’EUCOCO à Séville. Une chose est certaine, la cause Sahraouie gagne de plus en plus de sympathie au royaume d’Espagne. Au grand désarroi de sa…majesté !
    Algérie-plus, 12/2/2012
  • Marzouki : « Bouteflika m’a rassuré quant à la relance de l’UMA »

    Le président tunisien, M. Mohamed Moncef Marzouki, a souligné dimanche à Alger que sa visite en Algérie revêtait « une importance majeure » notamment en matière de « relance » de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et le renforcement des relations entre ses peuples.
    Dans une déclaration à la presse au terme d’un entretien avec le président de la République, M. Abdelaziz Bouteflika, le président tunisien a précisé que cette visite revêtait une « importance majeure », indiquant que ses précédentes visites en Algérie « étaient soit protocolaires, de courtoisie ou d’intérêt ».
    Il a s’est dit « ému » de se retrouver dans « le pays de la révolution » dont, a-t-il précisé, nous « chantions l’hymne national plus que le notre ».
    Outre « la dimension fraternelle » de cette visite, le président tunisien a affirmé qu’elle revêtait une « dimension politique » notamment en ce qui concerne « la relance de l’UMA » tout en se réjouissant du fait que le président Bouteflika l’ait « rassuré quant à son attachement à ce projet ». « L’espoir est de mise pour la relance de cet espace maghrébin », a-t-il ajouté.
    Le président tunisien a en outre souligné que les « relations avec le grand pays frère (l’Algérie) se consolideront à la faveur de cette visite qui permettra de renforcer les relations entre les peuples maghrébins ».
    Cette visite de deux jours « entre dans le cadre du renforcement du dialogue et de la concertation entre les deux pays » et constitue une occasion de « raffermir les relations de fraternité, de bon-voisinage et de coopération et d’examiner les moyens de les renforcer dans les différents domaines conformément aux aspirations des deux peuples frères ».
    Elle sera également une « opportunité de concertation sur le processus de construction de l’Union du Maghreb arabe (UMA) et les différentes questions régionales et internationales d’intérêt commun ».
    Le président Marzouki, a entamé dimanche une visite officielle en Algérie à la tête d’une importante délégation ministérielle.
    Radio Algérie, 12/2/2012
  • Le Maroc n’a jamais fait aucun effort pour récupérer Melila et Sebta

    Par boumed
    Malgré mon aspiration à un grand Maghreb uni,je pense que la diplomatie algérienne est plutôt sage dans ses décisions.
    Refuser de ré-ouvrir la frontière n’est pas seulement une affaire de souveraineté nationale, mais un moyen de négociation pour une union saine débarrassée de tout contentieux qui puisse la remettre en question un jour.
    Car ne l’oublions pas cette frontière qui nous sépare de notre voisin de l’Ouest,n’est toujours pas reconnue officiellement par la partie marocaine, dont le parlement n’a toujours pas entériné les accords signés par Feu Hassan II, avec l’Algérie,notre suspicion envers le Maroc n’est pas fortuite, sachant qu’il existe des personnalités importantes et bien placés au Maroc, des irréductibles, adeptes de la vision d’un « grand Maroc » qui devrait s’étendre jusqu’aux confins du Sénégal, englobant une grande partie de notre territoire.
    l’agression Du Maroc envers un État Algérien, qui venait juste de naitre en 1963, ne plaide pas non plus pour établir des relations basées juste sur des sentiments ethniques ou religieux, surtout si ce pays n’hésite pas à recourir à l’aventure même militaire pour coloniser ses voisins , l’affaire Du Sahara (Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975, ndds) est là pour le confirmer. Envers et contre tous, le Maroc s’entête depuis 1975 à dénier même le choix d’une autodétermination à un peuple pacifique, qui ne réclame pourtant que la liberté de choisir son avenir. Le régime marocain est en contradiction avec lui même,il ne cesse de déclarer que ses terres sont sacrées, mais il n’a jamais fait aucun effort pour récupérer 
    Melila et Sebta, qui réellement lui appartiennent de droit.
  • Manifestaciónes pacíficas en las ciudades ocupadas de Smara y El Aaiun por la liberación de los presos políticos saharauis

    Smara (Sáhara Occidental ocupado).- Este viernes se produjo en la ciudad de Smara ocupada una manifestación pacítica para exigir la liberación de los presos políticos saharauis en las cárceles marroquíes y en solidaridad con los 23 presos de Gdeim Izik en espera de un juicio militar, según ha informado este sábado el Ministerio de los Territorios Ocupados y las Comunidades en el Exterior.
    Según la misma fuente, los manifestantes enarbolaron banderas de la República Saharaui y pancartas con lemas como: « El Estado Saharaui Independiente es la Solución » en un claro apego a las decisiones del XIII Congreso del Frente Polisario.
    Los ciudadanos saharauis fueron sorprendidos por la brutalidad y actuación de los servicios de de seguridad y las fuerzas de represión marroquíes que recurrieron a todos los medios para su dispersión, añade la nota del Ministerio.
    Es de destacar que en esta manifestación han participado activistas de derechos humanos como Sukeina Jedahlu, Salka El Batal, Enguía Bujreis y Lemhaba Chiji.
    En declaraciones a los medios de comunicación nacionales, los activistas saharauis reiteraron su determinación de continuar la lucha hasta la independecia total. 
    Teofermi1, 12/2/2012
    Tambien se llevó a cabo en El Aaiún ocupado una concentración ante la sede del consejo consultivo marroquí de derechos humanos, convocada por los familiares de los presos políticos saharauis, familiares de los desaparecidos saharauis y el colectivo de víctimas de arrestos forzados y desapariciones. Además de otros defensores saharauis de DD HH. La concentración empezó a las 17:00h. Durante dos horas aproximadamente, los manifestantes reivindicaban la libertad inmediata de los presos políticos saharauis, además de parar el expolio masivo de los recursos naturales de Sáhara Occidental por parte del estado marroquí.
  • LE COUTEAU SUR LA GORGE

    par K. Selim
    La Grèce chancelle sous les coups de boutoir des mesures d’austérité imposées par les représentants des créanciers. Il faut dire que les dernières «conditionnalités», pour reprendre l’indigeste jargon du FMI, ne sont pas piquées des vers : procéder à 325 millions d’euros d’économies budgétaires supplémentaires, réduction de 22% du salaire minimum dans le cadre d’une déréglementation générale du marché du travail, suppression dans l’année de 15.000 emplois publics et coupes sur certaines pensions de retraite. 
    Ces ukases de l’UE et du FMI doivent être gravées dans le marbre : l’approbation du gouvernement ne suffit pas aux yeux des créanciers, ces mesures doivent être votées par le Parlement et être matérialisées par des garanties écrites sur l’application du plan de rigueur et paraphées par l’ensemble de la coalition politique au pouvoir. Athènes, le couteau sur la gorge, est traité comme un débiteur indélicat. Sa soumission complète conditionne la mise en place d’une facilité de 130 milliards d’euros par l’UE et le FMI pour éviter un défaut de paiement incontrôlé en mars, lorsque la Grèce devra rembourser une échéance de 14,5 milliards d’euros. Ces exigences des bailleurs de fonds viennent s’ajouter à un terrible dispositif de rigueur mis en place depuis plusieurs mois et qui ramène le niveau de couverture sociale à un minimum incompressible. 
    Ces mesures d’austérité, approuvées par un exécutif en état de sidération, six ministres ayant démissionné, doivent être entérinées aujourd’hui, probablement assez tard dans la soirée, par le Parlement. Seul le parti d’extrême droite Laos a rejeté le programme de rigueur : ses ministres ont démissionné en bloc et ses représentants à l’Assemblée ont refusé de l’approuver. Les autres partis sont divisés. Deux ministres socialistes ont également démissionné et il n’est pas assuré que la représentation nationale admette les conditions des créanciers. 
    Depuis vendredi dernier, les manifestations se succèdent, le paroxysme de la protestation sociale est attendu pour ce dimanche. Les Grecs sont assommés par la dégradation vertigineuse des conditions sociales. Ainsi, faute de moyens, beaucoup d’hôpitaux ne fonctionnent pratiquement plus, le chômage atteint des proportions alarmantes et les signes de très grande précarité se multiplient. De très nombreux Grecs ne survivent que grâce à la charité et les associations d’aide sociale sont débordées par l’affluence croissante de citoyens qui ne parviennent plus à se nourrir. 
    La régression sociale imposée au peuple grec est sans précédent pour un pays européen. Les conditionnalités de cette intensité n’ont été appliquées qu’aux pays du sud de la planète. L’histoire a montré qu’en dépit de leur extraordinaire brutalité, ces programmes de stabilisation n’ont qu’une faible efficacité économique : l’Argentine en est l’illustration la plus éloquente. 
    Mais ce qui est en jeu en Grèce, outre le fait de servir de laboratoire aux experts ultralibéraux pour mesurer le degré de résistance des sociétés européennes aux programmes d’austérité renforcée, est le sort de la monnaie unique européenne. Une sortie chaotique de la Grèce pourrait bien, par effet de contagion, mettre à mal la zone euro dans son ensemble. Ce danger est loin d’être théorique. D’autres pays sont très vulnérables : le Portugal, par exemple, qui emprunte au taux sidérant de 20% à 10 ans ! Ils pourraient précipiter la fin de l’euro dans sa configuration actuelle et accélérer la spirale récessive qui menace l’UE. 
    Athènes, qui est le berceau culturel de l’Europe, en sera-t-il le tombeau économique ? Nous n’en sommes pas encore là, mais la crise grecque montre la nature extrêmement violente d’une organisation politico-économique qui a su sauver les banques de la faillite mais qui ne sait visiblement pas protéger les peuples de la misère.
    Le Quotidien d’Oran, 12/2/2012
  • Un jeune arrêté pour des caricatures du roi sur Facebook Un jeune arrêté pour des caricatures du roi sur Facebook

    Au Maroc, la police royale veille sur Facebook. Un jeune homme de 18 ans en a fait l’amère expérience. Comme le raconte Global Voices, Walid Bahomane a été interpellé pour avoir publié «des photos et des vidéos satiriques du roi Mohammed VI» et pour avoir porté « atteinte aux valeurs sacrées du Maroc». 
    Lors de cette opération de police qui a eu lieu le 24 janvier dernier, les forces de l’ordre ont saisi «deux pages Facebook (sic) contenant des phrases et des images insultantes pour les valeurs sacrées, ainsi qu’un ordinateur IBM». «L’arrestation de Walid Bahomane est la première depuis la réforme constitutionnelle de l’été dernier qui (théoriquement) a aboli le caractère ‘’sacré’’ du monarque. Le roi est toujours, néanmoins, objet d’une grande dévotion dans le pays», explique le site. 
    Global Voices rappelle que cette affaire n’est pas la première : «En 2008, Fouad Mourtada, un jeune ingénieur, a été condamné à trois ans de prison pour s’être fait passer pour le frère du roi sur Facebook. Des protestations venues de partout et une campagne avaient obligé les autorités à libérer Fouad Mourtada un mois après son arrestation».L’histoire de Walid Bahomane, qui depuis a été placé dans une prison pour mineurs près de Rabat, suscite en tout cas beaucoup de réactions sur les réseaux. Des internautes ont déjà créé un groupe de soutien sur Facebook appelé «Mohammed VI, ma liberté est plus sacrée que toi !». Sur cette page : « Les membres sont invités à publier et partager les caricatures du roi». 
    L’incarcération du jeune Marocain dépasse même les frontières. Un des blogs du New York Times relaie l’information. Le site américain fait aussi le parallèle avec l’histoire d’un journaliste saoudien qui a connu des mésaventures sur la Toile. Hamza Kashgari est accusé d’avoir insulté l’Islam. A la suite de cet envoi, pas moins de 30 000 personnes ont répondu à sontweet. Une page Facebook a même été créée demandant son exécution. Même s’il a dû fuir son pays, le journaliste ne regrette pas son geste : «J’ai juste demandé à utiliser le plus basique des droits humains : la liberté d’expression et de penser. Rien n’a été fait en vain».Selon les dernières nouvelles recueillies par ce blog, Hamza Kashgari aurait été détenu par les autorités malaysiennes à l’aéroport de Kuala Lumpur en raison de ses publications sur Twitter. 
    New York Times
    Les Débats, 12/2/2012
  • Les « services » en flagrant délit de désinformation

    Petit garçon de Taza en imploration 
    Le makhzen est décidément prêt à tout pour étouffer la répression sanglante qu’il fait subir à la ville de Taza. La photo de ce petit garçon en pleurs avait fait le tour des réseaux sociaux, suscitant l’indignation de l’opinion publique. Est-ce donc vrai? L’armée a-t-elle donc réellement investi des domiciles privés, n’épargnant ni femmes, ni enfants, ni personnes âgées? Les actes de vandalisme, les passages à tabac et les menaces de viol ont donc bel et bien eu lieu?
    Pour étouffer le scandale, les services ont bien des ressorts. Ils ont vit appelé à la rescousse certains quotidiens arabophones à leur solde pour expliquer « preuve à l’appui » que l’image du petit garçon proviendrait de Gaza, qu’elle serait celle d’un petit palestinien en pleurs devant un soldat israélien venu arrêter son père en 2009. Ces mêmes journaux se sont répandus en invectives contre les activistes et militants des Droits de l’Homme qui ont diffusé la photo du petit garçon, criant à la manipulation, voire à la conspiration contre le très démocratique Etat du Maroc.
    Dans l’image ci-contre, le quotidien An-Nahar Al-Maghribiyya fait sa Une sur « l’imposture » des démocrates et étaye doctement la version mensongère des services.
    La cyber police est allée jusqu’à créer une fausse page internet datant l’image du 19 novembre 2009 et criant à la « manipulation » des activistes.
    Le site d’information indépendant demainonline a bien relevé la supercherie dans un article intitulé L’enfant de Gaza est bien de Taza. Il relaye une vidéo filmée par des activistes qui se sont rendus sur place et retrouvé le petit garçon. Dans un parfait arabe marocain, sans un soupçon d’accent palestinien, l’enfant a expliqué que les forces de la répression ont cassé la porte de sa maison, et qu’il a très peur de la police.
    Flagrant délit de désinformation

    La presse makhzenienne mensongère

    Il suffisait pourtant de bien regarder la photo pour en avoir le cœur net. Sa posture, la main devant la bouche, en pleurs, serait comprise par n’importe quel marocain comme un geste de supplication. Il s’agit d’une gestuelle typique du langage corporel marocain qu’un petit Palestinien n’arborerait pas forcément.
    Le makhzen est peut-être malin, mais certainement pas assez intelligent pour mener une entreprise de désinformation sur des événements aussi flagrants que ceux de Taza.
    Zineb El Rhazoui
    VoxMaroc, 11/2/2012
  • Afghanistan : Quand les talibans twittent…

    Les talibans afghans ont évolué et semblent de plus en plus ouverts aux négociations de paix bien que leur retour au pouvoir fasse toujours peur.
    Après avoir dirigé l’Afghanistan de 1996 à fin 2001, Le Coran dans une main et une kalachnikov dans l’autre ; les talibans «tweetent» désormais et parlent de négociations de paix, mais leur retour au pouvoir après le départ des troupes de l’OTAN fin 2014 est toujours appréhendé.
    Leurs cinq années de règne demeurent une blessure vivace. Les talibans, des pachtounes sunnites du sud du pays, furent capables des pires cruautés.
    Au quotidien, les femmes ont été obligées de porter la burqua et interdites de travailler, de sortir de chez elles non accompagnées. Celles convaincues d’infidélité étaient lapidées. L’éducation a été refusée aux filles. Les hommes étaient astreints à porter la barbe longue et l’habit traditionnel. Les exécutions sommaires se sont multipliées.
    En dix années de combats féroces, les forces pro-gouvernementales, dont les troupes étrangères, n’ont pu venir à bout des insurgés, longtemps aidés par des miliciens d’Al-Qaîda. Dans le même temps, Kaboul et les principales villes afghanes, se sont modernisées, bénéficiant de la présence étrangère. L’éventualité d’un retour au pouvoir des talibans après le retrait entamé de 130 000 militaires de l’Otan d’ici à trois ans fait donc trembler beaucoup d’Afghans. «Maintenant, tout a changé. Je peux voir dans leur attitude que sur 80% des thèmes, ils ont évolué», affirme le Maulavi Qalamuddin, désormais membre du Haut Conseil pour la paix, nommé par le président Hamid Karzaï pour faciliter le dialogue avec les rebelles.
    Depuis quelques années, les talibans se sont ouverts. Ces hommes fondamentalement hostiles au progrès se sont mis à communiquer. Ils disposent d’un site internet, sur lequel des vidéos de la formation de leurs combattants ou de combats sont mises en ligne. Et tweetent assidûment. Le 3 février dernier, la toile, via tweeter, a ainsi été témoin d’un combat étrange entre les porte-parole de l’Isaf, le bras armé de l’Otan en Afghanistan, et leur homologue taliban. Isaf : «La neige à Kaboul a dû affecter vos commentaires et votre capacité à obtenir de l’information factuelle sur de vrais événements.» Talibans : «Non, non ! Nos opérations et communications sont bien établies et se poursuivent même par temps froid. Cela doit avoir quelque chose à voir avec nos succès.»
    Nantis de cette nouvelle stratégie, les insurgés pourraient éventuellement remporter de futures élections, s’ils décidaient de se plier aux règles démocratiques.
    «Ils veulent vraiment la paix», estime le Maulavi Qalamuddin, pour qui «il n’est pas vrai de dire que les talibans cherchent seulement à gagner du temps jusqu’au départ des troupes étrangères en 2014», afin de marcher ensuite sur Kaboul, comme ils l’ont fait en 1996, à la fin de la guerre civile ayant succédé au départ de l’armée russe, qui a occupé dix ans durant l’Afghanistan.
    Rédaction / Agences