Mois : février 2012
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Le Maghreb vu par l’Union européenne
par Mokhtaria BensaâdUn an après le début du printemps arabe, l’Union européenne donne son appréciation de la situation au Maghreb. Dans son rapport élaboré pour être présenté, demain, à Bruxelles à l’occasion de la deuxième rencontre sur la sécurité durable au Magheb, l’Union européenne donne une image instable et fragile de la rive sud de la Méditerranée. Une nouvelle donne qui impose, selon ce rapport, «de renouveler leur approche pour qu’elle tienne compte des quatre défis que les pays du Maghreb ont à relever». L’UE conditionne le progrès dans cette région par la coopération. Elle est convaincue qu’ «il n’y aura pas de progrès sans une volonté forte de relever le défi de la coopération».Selon sa vision des choses, «le printemps arabe devrait constituer une opportunité dans la prise en charge de conscience de la nécessité d’une intégration régionale». Une intégration qui ne peut être palpable si le conflit du Sahara Occidental persiste. L’UE considère que «toute amélioration risque de se heurter au non-règlement du conflit du Sahara Occidental, malgré la proposition d’autonomie présentée par le Maroc en 2007( )». L’Union européenne assure une chose dans son rapport, «les Européens ont tout à gagner à appuyer les initiatives allant dans le sens de plus grandes synergies». Cette coopération représente, en premier, un défi d’ordre économique et social. «Sans attention aux attentes exprimées», cite le rapport, «les réformes politiques ne sauront suffire. La question de l’emploi et l’élaboration d’un nouveau modèle de développement doivent être au cœur des préoccupations des dirigeants. Si le Maroc dispose sans doute de la stratégie la plus offensive, l’économie tunisienne est aujourd’hui fragilisée et l’Algérie garde une économie de rente caractérisée par la fermeture». Seule la réponse à ce premier défi permettra de relever le défi de la démocratisation, estime l’Union européenne.«Si les révolutions ont rappelé les aspirations au changement des populations, les résultats des élections ont pu inquiéter. Mais le principe de réalité doit s’imposer à tous». Pour l’UE, «tout en œuvrant au renforcement du cadre démocratique, il convient de ne pas diaboliser les nouvelles équipes au pouvoir, de travailler avec elles et de les juger sur leurs actes». Cette amélioration économique et sociale est un moyen de faire face au défi de la sécurité. «Al-Qaïda, qui a cherché à s’appuyer sur la contestation, n’a jusque-là pas rencontré de grands succès au Maghreb. Un autre danger réside dans la hausse de l’insécurité au Sahel, sous le double effet de l’enracinement des groupes terroristes et des répercussions de la guerre en Libye», estime l’UE.Le Quotidien d’Oran, 15/2/2012 -
Algérie-Italie: Les 5+5 pour booster l’UPM
par Ghania OukaziL’Italie compte participer activement dans les réunions du groupe des 5+5, un cadre qu’elle encourage tout autant que l’Union européenne en vue de réanimer l’Union pour la Méditerranée (UPM).C’est entre autres le message qu’a voulu passer à Alger l’envoyé spécial pour deux jours du ministre italien des Affaires étrangères. Maurizio Massari a rencontré lundi des journalistes algériens en présence du nouvel ambassadeur italien pour leur expliquer les raisons de sa mission. «C’est pour moi un départ prometteur parce que je reçois tout de suite après mon accréditation en tant qu’ambassadeur à Alger, mon collègue et mon ami que je connais depuis longtemps, Maurizio Massari», a lancé dès le début de la rencontre l’ambassadeur italien. L’envoyé spécial du MAE italien est chargé des questions de la Méditerranée et du Moyen-Orient. Sa visite à Alger n’a rien de fortuit. Elle coïncide avec les bouleversements que vit le monde arabe et les nouvelles tentatives des pays d’Afrique du Nord de relancer l’Union du Maghreb arabe (UMA).Officiellement, le responsable italien est venu annoncer aux autorités algériennes la tenue, le 20 février prochain à Rome, d’une réunion des 5+5, un cadre qui met face à face les pays de la rive nord de la Méditerranée, l’Italie, la France, l’Espagne, le Portugal et Malte, aux pays de la rive sud qui sont l’Algérie, le Maroc, la Tunisie, l’Egypte et la Mauritanie. Ce sont dix pays qui se sont engagés depuis les années 90 à examiner des questions multilatérales et mener des actions susceptibles de renforcer le rapprochement entre les deux rives de la Méditerranée. Leur cadre de concertation est néanmoins informel. Les 5+5 n’ont pas de statut juridique bien défini. «Le groupe a toujours été très important pour l’Italie, s’il ne s’est pas réuni l’année dernière c’est en raison des développements dans le monde arabe, on n’a jamais abandonné ce projet», a indiqué l’envoyé spécial italien. «Nous voulons le relancer de façon à concilier son caractère informel avec des résultats concrets de la coopération dans plusieurs secteurs», a-t-il affirmé. C’est ce qu’il qualifie de « philosophie qui a certainement à la base une décision politique du gouvernement italien ». Il pense ainsi qu’ «il faut créer les conditions d’un rapprochement méditerranéen».Il estime que «la réunion du 20 février est une réunion à laquelle nous attachons beaucoup d’importance parce qu’elle se tient après le printemps arabe». Maurizio Massari reconnaît en parallèle que «l’UPM a des problèmes qui l’empêchent de bouger comme le manque de ressources et la situation du monde arabe». Il souligne cependant que «nous croyons que les 5+5 et l’UPM peuvent être complémentaires parce que le succès des premiers entraînerait le succès de l’UPM». L’Algérie et l’Italie sont selon lui «complètement d’accord sur le fait que ce format (5+5) est très utile pour le rapprochement méditerranéen et constitue une sorte de noyau dur pour l’UPM». Il faut pour cela, ajoute-t-il, «élargir la coopération entre les deux rives, dans tous les secteurs, dans le domaine sécuritaire, entre les parlementaires, pour la sécurité alimentaire, dans la culture ». L’Italie propose de créer un mécanisme de suivi pour tous les dossiers de la coopération. Le diplomate annonce la tenue la semaine prochaine d’un round euro-méditerranéen sur ce volet mais aussi sur la situation en Syrie. Situation à propos de laquelle il dit être d’accord avec l’Algérie dans son appel à l’arrêt immédiat de la violence. «Nous soutenons le plan de la Ligue arabe et souhaitons qu’il ait un plus grand consensus auprès des Nations unies», indique-t-il.Le responsable italien avait avant plaidé la cause d’une relance de l’UMA. « L’Italie a intérêt à voir l’UMA se concrétiser parce qu’elle pourrait dialoguer avec l’Union européenne», a-t-il dit. Les Italiens «espèrent que tous les problèmes entre les pays maghrébins se règlent comme celui des frontières algéro-marocaines ». Le diplomate rappellera que «le conflit du Sahara Occidental est au niveau du Nations unies qui tentent depuis longtemps de faciliter le dialogue entre les deux parties». L’Italie «espère» alors aussi que «ce dialogue puisse aboutir à la résolution de ce conflit, ce qui pourrait encourager l’intégration régionale au Maghreb».Interrogé sur la poussée du courant islamiste dans le monde arabe, le diplomate italien a déclaré «nous respectons les choix démocratiques des peuples, il s’agit d’une transition politique qui doit se faire sans interférences étrangères pour peu que soient respectés les droits de l’homme et les droits fondamentaux parce qu’il y a des lignes rouges à ne pas franchir ». Il revient encore une fois sur la Syrie pour affirmer qu’ «on ne parle pas du tout d’intervention étrangère, d’ingérence dans les affaires internes de la Syrie. Nous sommes très clairs sur ça ». Mais il tient à souligner qu’il faut « faciliter l’unification de l’opposition syrienne qui n’est pas suffisamment représentative des différentes couches de la société syrienne qui est très complexe ». Pour les Italiens, «Assad a perdu toute sa crédibilité». Il fera part à plusieurs reprises de son souci du respect de la non ingérence étrangère dans ce pays. «La crise syrienne n’apporte aucun avantage à l’Iran», se contentera-t-il de répondre à une question sur le dossier iranien.Le Quotidien d’Oran, 15/2/2012 -
Mort des activistes d’AQMI- Ould Meinnouh et Ould M’Barek- dans l’attaque des touaregs contre Aguelhok
Selon une source informée, les activistes d’Al-Qaïda au Maghreb Islamique (AQMI),Elmeimoun Ould Meinnouh, alias Khaled Chinghitty a été tué au cours de l’attaque de la rébellion touareg « Ansar Eddin » contre la ville d’Aguelhok.La même source a ajouté qu’il a été tué en même temps que son compagnon Salem Ould M’Barek, alias Hamza dans cette attaque menée le 18 janvier dernier. Ould Meinnouh fait figure de dirigeant mauritanien d’AQMI, où il était investi du commandement d’une faction de la Sariya Alfourghan au cours des affrontements avec l’armée mauritanienne dans la forêt de Ouagagdou au nord ouest du Mali en juin 2011.Ould Meinnouh a été également à la tête des ravisseurs du gendarme de Addel Begrou Ely Ould Moctar en décembre dernier.Ould Meinnouh, de nationalité mauritanienne, originaire de la localité de Rachid, prés deTidjikja (Tagant), a rejoint le maquis d’AQMI depuis 2007. Il a à son actif la participation à de nombreuses attaques contre les armées mauritanienne et malienne.Il a également pris part à l’assassinat de l’officier malien Lamana Ould Elbou à Tombouctouen 2009. Une opération qui avait été diligentée par un autre mauritanien, Talha Al Libye, par référence à son lieu de naissance.Le deuxième activiste, Salem Ould M’Barek originaire de Tidjikja, fait partie d’un groupe de 5 mauritaniens ayant rallié AQMI en 2005. Il appartenait aux katibas du Sahara. Il a été également tué au cours de la même attaque de Aguelhok mené par Ansar Eddin de Iyad Ag Ghali.Les autorités maliennes avaient, auparavant, affirmé la participation de combattants d’AQMIaux attaques de la rébellion contre des villes maliennes. Les autorités maliennes aveint également accusé les combattants d’AQMI d’avoir assassiné froidement de nombreux soldats de forces gouvernementales.ANI (Mauritanie) via CRIDEM, 14/2/2012 -
L’UMA ou le Maghreb des discours Madjid Khelassi
par Madjid KhelassiIl faut parfois que survienne une tragédie pour qu’une libération voit le jour.Ce raisonnement n’a rien de cynique mais il résume à merveille l’avènement de Mohamed Marzouki –nouveau président de la Tunisie- qui doit sa renaissance à un autre Mohamed : Bouazizi, de son état civil, et premier martyr, de la révolution du jasmin.Sitôt nommé, sitôt dopé, il jure de redonner vie à un Maghreb mort en couches dans les 80 .Quand il débarque à Alger venant de Rabat, le président tunisien semble avoir plus d’enthousiasme que de discernement.De la réalité maghrébine, il ne saisit pas grand-chose disent certains.Marocain par sa jeunesse (il y fit ses études) et français par sa tristesse (il passa des années d’exil à Paris où il suivit, la mort dans l’âme, la « Benalisation » de la Tunisie).Marzouki pour 2 jours en Algérie : l’UMA revient d’outre-tombe ! Valse des rêves et des fantasmes, de vérités écroulées face à une réalité opiniâtre qui à toujours eu horreurs des faux messies.Ah le Maghreb uni ! Le Maghreb comme creuset d’une libération collective !Le Maghreb uni, région-territoire fictif, chaque fois chanté via une écume berceuse et un lamento avec sa nocive illusion, qui alimentent les lubies d’un moloch moderne.On mettra entre parenthèses le Sahara occidental a dit le chef d’Etat tunisien.Les relations bilatérales édifieront la maison maghrébine a-t-il poursuivi.Parfait contrepoint aux délicieuses rêveries et aux mutines interrogations.C’est évidemment une démarche qu’on ne peut analyser, car Marzouki visait à ne pas tout dire, et dans ces conditions, on ne peut qu’exposer des objectifs, et être impuissant à en exposer la méthode.Libre circulation des biens et des personnes, installation, résidence et tutti quanti : belles complaintes de frivolités politiques au détriment d’une vraie et définitive mue démocratique.De tous les grands ensembles, le Maghreb est celui qui a mis et qui mettra le plus de temps à se construire.Marzouki est convaincu qu’il ne peut unifier le Maghreb à lui tout seul. Alors essaie-t-il de pulvériser le Maghreb des dirigeants ?Tâche plus qu’ardue quand on sait le principe de construction maghrébine via les discours répétitifs qui édifient moins les plans que les intrigues.Maladroit par méconnaissance d’un ensemble qu’il pense aussi facile que ses dirigeants sont compliqués ou recru d’injustice durant toute sa vie d’opposant, veut –il marquer son passagedans l’histoire à venir de Chamal ifriquia ?Ainsi, dépeint-il l’histoire d’une communauté en formation au moment où «l’UMA…nité » maghrébine porte le poids de l’impuissance de ses concepteurs.Il peut rêver, espérer, mais il ne peut ignorer que les tyrans de cette région du globe ont toujours combattu la moindre velléité de leurs peuples respectifs pour des raisons souvent immédiates.Il peut aussi se demander comment les dirigeants « maghariba » pouvaient-ils ne pas vieillir, ne pas changer, ne pas gésir. ?Et mettre tout un peuple entre parenthèses, comme il le préconise, ressemble à un vaudeville d’où surgirait une querelle entre synoptiques et politiques de série B.Le Maghreb, nous le proclamions beau et nous l’aimions d’un amour refoulé. Le président tunisien aussi, nul doute là-dessus.Mais on ne peut faire le Maghreb des maux avec des mots qui font mal, même si c’est avec des parenthèses sans parentèles.La majorité du peuple sahraoui vit en exil dans les zones arides du Sahara. Cela ne suffit-il pas à son malheur ?Mr Marzouki le sait plus que nous tous. Lui pour qui l’exil ne fut que matière à renaitre. Matière complètement à part et étrangement intime.Alors ce Maghreb est-t-il faisable ? Et si ça ne dépendait pas uniquement de nous ?Les civilisées nous laisseront –ils édifier un ensemble qui leur fera front ?Pas si sûr ! Car rien qu’a y voir la manière dont ils parlent de nous.Ils ne disent jamais Algériens, Marocains, Tunisiens mais arabes. Ils se fichent éperdument qu’on soit Amazigh, Chleh ou Berbère.En fait, pour eux, nous ne sommes pas du tout au Maghreb, mais en Orient !!!L’Orient, cette entité si peu géographique qui désigne la somme des représentations que se font Européens et Américains des civilisations plantées dans le sable.Des civilisations qui ne se valent que pour leur pétrole. N’est ce pas Mr Guéant ?Le Maghreb, puzzle toujours dispersé, et arrosé d’inventions verbales, d’intertextualité et de discours sans lendemain, n’est pas seulement obstrué par les siens mais aussi et surtout parnos amis occidentaux qui nous ne veulent que du bien.La Nation, 14/2/2012 -
“Marruecos saca grandes beneficios de los recursos naturales del pueblo saharaui”
El Sáhara Occidental cuenta con grandes recursos naturales de los que se enriquece Marruecos. Organizaciones civiles luchan para que la UE denuncie y no participe del expolio.Javier García Lachica es ingeniero y activista del Observatorio para los Recursos Saharauis, Western Sahara Resource Watch (WSRW), organización creada para sensibilizar, vigilar y denunciar el expolio de los recursos naturales del Sáhara Occidental que explota Marruecos en contra de la legalidad internacional.
DIAGONAL: ¿Qué recursos se encuentran en los territorios saharauis ocupados por Marruecos?
JAVIER GARCÍA LACHICA: La mayoría de las riquezas del Sáhara Occidental se encuentran en el territorio ocupado por Marruecos. El territorio liberado por el Polisario es una zona muy desértica, aunque tiene una riqueza muy importante: el sol.
En los territorios ocupados se encuentra el banco de pesca saharaui, que es uno de los más ricos de África. Además, hay una gran reserva de fosfatos. Existe una mina de fosfatos a cielo abierto que es la más importante del mundo. Las rocas fosfáticas tienen una gran pureza y pueden ser utilizadas para muchos fines, aunque lo más común es que se hagan fertilizantes con ellas. El fosfato también se emplea para usos dentales, incluso para la elaboración de la cerveza…
D.: Marruecos también está expoliando la arena saharaui.
J.G.L.: Sí. La arena del Sáhara está siendo explotada por compañías canadienses gracias al acuerdo de éstas con Marruecos. La arena se vende también a empresas canarias para la construcción y para rellenar playas. Viene de zonas de dunas muy cercanas a El Aaiún, donde se ha desarrollado una gran infraestructura para poder embarcar grandes cantidades a través del puerto.
Marruecos saca mucho dinero de los recursos naturales que son del pueblo saharaui: la arena saharaui, los fosfatos, etc., pero la suma más importante proviene del acuerdo pesquero con la UE, que cuesta a los europeos 36 millones de euros al año. Además, Marruecos tiene contratos pesqueros con China y Rusia.
D.: ¿Qué opina del Tratado Agrario de la UE y Marruecos, que, según denuncian diputados como el francés José Bove, beneficia directamente al rey Mohamed VI?
J.G.L.: En el Sáhara Occidental, en la zona del sur, en Dajla, existe uno de los recursos más importantes en esta zona desértica: el agua. Cuenta con grandes acuíferos, son inmensas bolsas de agua en el subsuelo de tipo arqueológico, no son manantiales que se regeneran. Estas aguas subterráneas llevan ahí miles de años, como las bolsas de petróleo, y por eso Marruecos ha elegido este territorio para instalar inmensos invernaderos. Se están regando grandes cantidades de cultivos destinados a la exportación. Además, la sobreexplotación del agua está afectando a la población. Los acuíferos están cercanos a la costa y, al bajar el nivel del agua, se están produciendo ya filtraciones de agua salada y afecta al consumo humano.
Otro recurso del cual se enriquece Marruecos es la sal. En los territorios al norte de El Aaiún, cerca del sur de Marruecos, hay muchas salinas de gran pureza que también se están expoliando.
D.: Se está hablando de la posible existencia de petróleo.
J.G.L.: Sí, el petróleo es una espada de Damocles. Existen muchos países y multinacionales que tienen los ojos puestos en el Sáhara Occidental, incluida la española Repsol. Ahora son empresas irlandesas, principalmente, las que cuentan con contratos de exploración de los pozos petrolíferos en el Sáhara, tanto en el mar como en el interior. Lo peor en este momento sería que se encuentre petróleo en el Sáhara. Sería un maleficio, si es complicado solucionar el problema saharaui, con petróleo…
D.: ¿Por qué suspendió la UE el acuerdo pesquero con Marruecos?
J.G.L.: En el acuerdo pesquero se establecen unas condiciones y lo que se renueva cada cuatro años es la ejecución del mismo. En 2006 se renovó y Marruecos lo ratificó un año después. De nuevo había que renovarlo en 2011. Pero, debido al trabajo realizado por muchos parlamentarios que están en contra de la inclusión del Sáhara Occidental en el Tratado de Pesca con Marruecos y del trabajo de varias plataformas de solidaridad con el Sáhara y de organizaciones como la nuestra, Western Sahara Resource Watch, se ha conseguido crear conciencia dentro del Parlamento Europeo. El protocolo no se puede renovar así como así. Además, el Parlamento, en un informe de 2010, reconoce que el acuerdo pesquero está en contra de la legalidad internacional.
Hay dos opciones: no pescar en el Sahara o dejar de implementar el acuerdo. Las presiones de España y Francia consiguieron la ampliación por un año, y mientras, se pedía a Marruecos un informe de que el acuerdo era acorde a la legalidad internacional, es decir, que la población de esos territorios estaba de acuerdo y que se beneficia del mismo. Y ahí entra el juego político de Marruecos. Para ellos la población es la marroquí. A todo esto se ha unido un informe independiente de la UE que concluye que los beneficios de la pesca no recaen en la población y que el acuerdo no es rentable para la UE. Entre las medidas de presión se presentó también una moción del diputado Raúl Romeva, de Iniciativa per Catalunya Verds, para llevar el acuerdo a la Corte de Justicia. En diciembre, el pleno de la UE echó atrás el acuerdo del Consejo Europeo de renovar el tratado pesquero. Una decisión justa y esperable.
D.: ¿La lucha de organizaciones de derechos humanos y otras como WSRW está dando sus frutos?
J.G.L.: Sí. Western Sahara Resource Watch somos una red organizada en varios países a través de internet. Tenemos un doble objetivo: visibilizar y denunciar el expolio de recursos naturales por parte de las multinacionales en los países en los que estamos organizados: Reino Unido, Australia, España… Y llamar la atención sobre las actividades ilegales de la UE, como el acuerdo de pesca, el tratado de libre comercio agrícola, el de buena vecindad con Marruecos, etc. Porque Marruecos no tiene soberanía sobre el Sáhara Occidental.
D.: Esta labor no sería necesaria si se reconociera la autodeterminación del pueblo saharaui.
J.G.L.: Así es. Por un lado la misión de la ONU en el Sahara, la Minurso, que vigila el alto el fuego en la zona, debe vigilar la violación de derechos humanos en los territorios ocupados y también el expolio de los recursos. Bruselas ha tomado una decisión conforme a la ley, mientras que el Gobierno español no quiere atender a esa legalidad. Si el problema es la pesca, la alternativa es reconocer a la República Árabe Saharaui Democrática (RASD) y firmar acuerdos de pesca con ella, en condiciones justas que respeten el medio ambiente.
DIAGONAL WEB, 14/2/2012
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Algérie-Tunisie: Une Union maghrébine revue et corrigée
par Ghania Oukazi«Nous le disons en toute honnêteté : oui, nous avons besoin du Maghreb, la Tunisie plus que tout le monde parce qu’elle traverse une phase difficile».C’est la pensée qui a été exprimée tout haut par Mohamed Moncef Marzouki, le Président tunisien provisoire lors de la conférence de presse qu’il a animée dimanche soir à la résidence d’Etat de Djenane El-Mithak à Alger. Il a tenu, avant toute chose, à rappeler «la solidité et la bonne qualité des relations entre l’Algérie et la Tunisie». Il notera au passage que «ces relations sont passées par de mauvais moments en raison de la dictature qui sévissait en Tunisie et qui a maltraité les Algériens ( )». En réponse à une question sur ses déclarations sur l’arrêt du processus électoral en 1992, le responsable tunisien dira simplement que «c’est la presse qui a mal interprété mes propos. Vos confrères ont une capacité extraordinaire pour faire dire aux gens le contraire de ce qu’ils ont dit». L’Algérie, a-t-il souligné, «est très jalouse de son indépendance, on n’a pas le droit d’y toucher».
Interpellé sur les priorités qu’il se devait de se fixer, «relancer l’UMA ou se mettre à la disposition de son pays pour régler ses nombreux problèmes en raison de la rupture de ses équilibres», Marzouki reconnaîtra que «le défi qui se pose à nous aujourd’hui est de régler les problèmes socio-économiques de la Tunisie et d’atteindre les objectifs de la révolution qui sont la dignité, la justice et la liberté. Cette phase de la révolution a mélangé toutes les cartes. Nous travaillons jour et nuit pour régler tous nos problèmes. L’ouverture de l’espace maghrébin nous sera d’un grand intérêt».
Il appelle à la redynamisation des accords conclus entre l’Algérie et la Tunisie, qui ont été jusque-là «des vœux pieux à cause du pouvoir politique de Ben Ali». Il estime que «le champ de la coopération est vaste pour réaliser des projets structurants, autoroutiers et autres, infrastructures de base ( )». Il enchaînera pour affirmer que «la Libye n’est pas en guerre civile, elle passe comme nous par des moments difficiles ; il est normal que nous vivions des troubles après les révolutions. La Libye est en bonne convalescence».
A une question sur «le rôle de médiateur qu’il s’est assigné pour convaincre les pays maghrébins de relancer l’UMA», Marzouki avouera encore que «c’est dans l’intérêt de la Tunisie de relancer l’UMA et aussi de tous les Maghrébins. On ne dissocie pas nos politiques internes de nos politiques externes et réciproquement. Il y va de la stabilité de nos peuples et de nos pays». Il annoncera avec une pointe de fierté qu’il a reçu l’accord de principe du président Bouteflika, du président mauritanien, du roi du Maroc et du responsable du CNT libyen pour la tenue d’un sommet «dans les plus brefs délais, au courant de l’année 2012, et probablement à Tunis après étude des dossiers».
UN SOMMET SANS PREALABLE ?
Des commissions devront être, selon lui, convoquées «pour préparer le sommet en question et faire des propositions pour régler les problèmes en suspens». Marzouki veut que «les responsables maghrébins fassent de ce sommet un sommet historique parce que, cette fois-ci, c’est une affaire sérieuse, Inchallah, et ses résultats doivent être palpables pour nos peuples». Il estime qu’il n’est plus question «de mentir à nos peuples en nous rencontrant, en nous embrassant et en nous quittant sans n’avoir rien décidé».
Il précise alors qu’aucun préalable ne doit être posé ni à la tenue de ce sommet ni à la relance de l’UMA. «La méthodologie pour cette fois est de laisser de côté les problèmes et faire un pas en direction d’une construction sûre de l’espace maghrébin». Et bien qu’il estime que «c’est un conflit qui a bloqué l’Union maghrébine et qui a été la cause de tous les problèmes, c’est (aussi) une réalité qu’on ne peut ignorer». Le responsable tunisien a fait comprendre que le conflit du Sahara Occidental sera élagué des éventuelles discussions que partageraient les chefs d’Etat maghrébins au cas où ils tiendraient leur sommet. «Le Sahara Occidental est une question difficile, épineuse et douloureuse sur le plan humain», a-t-il reconnu.
«Une fois les problèmes atténués et les frontières ouvertes, on procédera alors au lancement de projets communs, un impératif à l’instauration d’un climat de confiance susceptible d’ouvrir des voies de communication et de connaissance à même de créer des conditions politiques et psychologiques nouvelles favorisant la résolution du conflit, de manière à préserver l’honneur ainsi que les intérêts communs», a-t-il expliqué. Il a pris cependant le soin, avant toute chose, de rappeler que «le règlement du conflit du Sahara Occidental relève des Nations unies».
UN ESPACE MAGHREBIN SANS FRONTIERES ?
Interrogé pour savoir s’il pouvait penser à une relance de l’UMA «avec des frontières algéro-marocaines fermées», le président tunisien par intérim a répondu d’emblée : «Bien sûr que non ! Nous voulons une UMA sans frontières, sinon ça n’a pas de bon sens !». Il note : «Ce que j’ai senti, c’est qu’il y a une volonté de régler ce problème. Nous sommes dans une perspective de lancement parce que les révolutions ont remis à l’heure les pendules arabes». Ce qui donne forcément, selon lui, «une nouvelle reconfiguration de l’espace maghrébin et ça pourrait se faire avant même la tenue d’un sommet».
Marzouki a indiqué qu’il est tombé d’accord avec le président Bouteflika pour l’ouverture de l’espace maghrébin sur la base de 5 principes : la liberté de circulation, la liberté d’expression, la liberté politique, la liberté d’entreprendre et le respect des droits de l’homme. Il est convenu, selon lui, pour cela de «réviser totalement les fonctions de l’UMA, ses structures techniques et instances politiques ainsi que leurs missions respectives. Il est aussi question de réactiver les accords conclus au profit des peuples».
A propos des relations avec l’Arabie Saoudite, où séjourne le président déchu, Zine El Abidine Ben Ali, Marzouki a affirmé que «nous voulons que nos frères saoudiens nous livrent celui qui a volé des milliards au peuple tunisien, celui qui a pillé le pays, qui a été un dictateur. Mais ceci n’altère en rien nos relations avec ce pays frère».
Le renvoi par la Tunisie de l’ambassadeur syrien, «comme l’ont voulu et fait les Américains et les Français», lui fait dire que «c’est une décision souveraine et personne ne nous l’a dictée. Nous avons renvoyé l’ambassadeur parce qu’il représente un régime qui a perdu toute sa crédibilité depuis qu’il assassine son peuple». Il espère, dit-il, que «la solution en Syrie serait celle trouvée au Yémen». Tunis n’est par ailleurs pas prête à «renvoyer» le ministre de l’Intérieur libyen dans son pays. «La Tunisie n’a pas de problèmes avec la Libye, mais tant que ses institutions politiques et judiciaires n’ont pas été mises en place, l’honneur tunisien ne nous permet pas de livrer El-Baghdadi El-Mahmoudi à la Libye. Mais dès qu’elle aura toutes ses instances légitimes, on le fera».
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La ligue arabe et la Syrie : 21 – 1 = 0
Par A.SamilArithmétiquement, ça tombe sous le sens : pas besoin d’avoir la bosse des Maths pour s’apercevoir que 21 moins 1 ne peut pas être égal à 0. Mais politiquement, il est des situations où le résultat de cette soustraction s’est vérifié. Mais rendons d’abord à César ce qui appartient à César, l’incongruité –ou «noukta»- est du président égyptien Anouar Sadat. Son pays exclu de la ligue arabe en 1979 pour cause de «paix séparée» avec Israël, il ne trouva pas mieux pour signifier sa vacuité à l’inutile organisation dite panarabe, que ce pied-de-nez arithmétique. Trois décennies plus tard, rien n’a changé dans l’auguste assemblée. sinon deux petites modifications, l’une sémantico- patronymique et l’autre numérique.
Comme pour laver l’affront de 1979 qui les vit se replier pour un temps sur leur ascendance pharaonique, les Egyptiens ont placé au secrétariat général de la Ligue arabe un de leurs diplomates au nom prédestiné de Nabil…El Arabi. Quant à l’équation incongrue, seule une de ses variables a changé. Le bouillonnement syrien en fournissant l’occasion, s’il ya lieu de paraphraser le défunt Anouar Sadat, on dirait désormais 22 – 1 = 0, le 1 étant présentement Damas.Pratiquement sans transition, mais aussi sans la moindre gêne habituellement exprimée à travers les poncifs diplomatiques de la langue de bois, la Ligue est passée du ronronnement insignifiant de ses stériles résolutions à l’inféodation pure et simple à l’impérialisme occidental de retour. Celui-ci ne s’en cache même pas, il entend bien utiliser la nouvelle ère de régression sortie de ses fonts baptismaux sous l’ironique appellation de «printemps arabe» pour la réalisation de ses desseins géostratégiques. Rien de nouveau, en réalité. Ces desseins ont été esquissés par les faucons de George W. Bush dans leur projet du GMO, le Grand Moyen Orient. Et l’Afrique du nord, y compris sa composante maghrébine, est dedans.Instrument d’une vassalisation revendiquée et assumée, la Ligue arabe n’entend rien céder de son nouveau rôle dans son contrat de sous-traitance négociée par l’Arabie saoudite et le Qatar. En son sein, le zèle des nouveaux convertis est visible chez les régimes «post-révolutionnaires» qui s’efforcent de donner de la voix plus que les autres. C’est le cas des nouveaux gouvernements tunisien, libyen et marocain qui roulent en parfaite harmonie avec l’Elysée. Découvrant tardivement la nature dictatoriale du régime syrien, entièrement assis sur le pouvoir des «Moukhabarate», la Ligue est en train de s’essayer à un jeu qui, manifestement, la dépasse. Elle n’avait pas prévu qu’en franchissant le Rubicon d’une dangereuse géostratégie, elle tomberait fatalement sur un os de taille. Cet os, c’est celui d’une Russie, qui tient à récupérer l’aura et le poids de l’ex-URSS sur la scène internationale, et d’une Chine devenue deuxième puissance économique mondiale et dont les intérêts s’entrechoquent avec ceux des Occidentaux, au Moyen orient et dans d’autres parties du monde.Le dernier véto (4 février 2012) de ces deux puissances, au conseil de sécurité de l’ONU, à une résolution sur la Syrie lui enjoignant de se délester dare dare de Bachar EL Assad et de céder –dit en d’autres termes- la place aux islamistes, devrait favoriser une autre approche et d’autres solutions dans la région. D’autant que les Américains, désormais incapables de gagner une guerre sur des terrains extérieurs, ont prévenu qu’ils n’étaient pas pour une intervention militaire en Syrie.Bon sens de la part des Etats-Unis ? Certainement pas. Ce qu’ils savent surtout, c’est que dans cette région en état permanent de baril de poudre prêt à exploser, «il n’y a pas de guerre sans l’Egypte et pas de paix sans la Syrie», selon l’expression consacrée des années 70-80. Une vérité à laquelle l’entrée en lice de la Russie et de la Chine donne tout son sens.Une autre vérité, totalement occultée par les boutefeux qui poussent à la guerre civile en Syrie, est l’état réel du rapport des forces politiques dans le pays. Les gesticulations propagandistes et les grossiers montages médiatiques abondamment répercutés par les grandes chaines de télévision, El Djazira en tête, ne peuvent masquer les véritables aspirations de la majorité du peuple syrien : la fin d’une dictature d’un autre âge et la préservation d’une unité nationale qu’aucun clivage religieux ni activisme confessionnel n’était venu remettre en cause jusqu’à présent.La TrIbune d’Algérie, 14/2/2012 -
Le mur militaire marocain et la liberté de circulation évoquée par M. Marzouki
Le président tunisien Moncef Marzouki vient de conclure la dernière étape d’une tournée régionale consacrée à la relance de l’UMA.Le voyage de M. Marzouki au Maghreb, quelque sept semaines après son élection à la présidence de la Tunisie, était axé sur le renforcement des liens et la relance de l’UMA en panne depuis 1994, cinq ans après sa création, notamment en raison du différend algéro-marocain sur le Sahara Occidental, ex-colonie espagnole occupée depuis 1975 par le Maroc qui en revendique la souveraineté, tandis que les Sahraouis représenté par le Front Polisario veulent pouvoir décider de leur avenir par référendum.A plusieurs reprises, M. Marzouki a appelé à la consécration des » cinq libertés au profit des peuples du Maghreb. Il s’agit de la circulation, celle de l’installation, de travail, de la propriété, et enfin la liberté de la participation aux élections locales ».Dans une conférence de presse dimanche soir, M. Marzouki avait réitéré qu’il fallait « contourner » le problème du Sahara Occidental. Cela impliquerait contourner aussi le mur militaire marocain qui s’étend sur plus de 2700 km de frontière entre le Maroc et le Sahara Occidental, la Mauritanie et l’Algérie. Comment ? C’est la question au million, puisque ce mur constitue un véritable obstacle pour la libre circulation des citoyens de quatre pays maghrébins, à savoir sahraouis, algériens, mauritaniens et marocains.Donc, un Maghreb des libertés (de mouvement en particulier) impose de s’attaquer aux barbelés des frontières fermées entre le Maroc et l’Algérie depuis 1994, suite à l’attentat islamiste à Marrakech que le Maroc avait imputé aux services secrets algériens, mais aussi à cette autre frontière de barbelé, de mines anti-personnelles, de radars sophisitqués et une armée de 160.000 soldats construit par le Maroc pour mater la résistance sahraouie et qui divise un territoire et un peuple depuis plus de 37 ans.M. Marzouki, en tant que militant des droits de l’homme, serait-il insensible à cette réalité? -
Les convictions de Moncef Marzouki
Ils étaient venus nombreux au siège du journal Echourouk. Le ministre de la Communication, Nacer Mehal, Rédha Malek. Me Miloud Brahimi et Me Mostefa Bouchachi, Mohamed Saïd,Benbaïbèche étaient aussi présents pour rendre hommage à l’homme qui incarne la lutte opiniâtre et acharnée pour la consécration des droits de l’homme.A la fin de cette cérémonie, M. Nacer Mehal et M. Fodil ont remis au Président tunisien un burnous, le blason du quotidien «Echourouk» et une épée datant de la période de la résistance populaire algérienne. Deux heures plus tard, à Djenane El Mithaq, celui qui, parlant de Ben Ali, se contente d’évoquer «le président déchu» ou «le criminel», a redit ce qu’il doit dans sa formation et son cheminement à «la révolution algérienne et au penseur Malek Bennabi ». La décennie noire que le peuple algérien a vécue «fut également sombre pour nous», a-t-il fait remarquer.Dans la foulée, il saluera les journalistes algériens «qui ont soutenu leurs frères Tunisiens dans leur lutte pour la liberté».M. Marzouki a reconnu que son pays traverse des moments difficiles. Il ne perd pas pour autant son optimisme. La révolution tunisienne était à «l’épreuve» et à «la croisée des chemins». «Va-t-elle sombrer dans le chaos ou au contraire devenir un exemple pour les autres révolutions arabes ?», s’est-il interrogé après une remarquable intervention de l’écrivain Amine Zaoui. Au siège du journal Echourouk, celui-ci a plaidé pour la modernité, une vision et une lecture éclairées de la religion citant les intellectuels de Tunisie comme Messaâdi ou Tahar Haddad connus pour leur interprétation. Dans une courte intervention, revêtu d’un burnous offert par les responsables du journal, le Président tunisien s’est voulu rassurant. «Nous allons relever le défi pour atteindre les objectifs de la révolution en termes de dignité, de justice et de liberté».Pour le Président Marzouki, les intellectuels en Tunisie qui «exercent aujourd’hui le pouvoir en Tunisie ont le devoir de relever ce défi et donner la preuve qu’ils méritent la confiance du peuple pour concrétiser ses aspirations et ses attentes». Les intellectuels «ne trahiront pas ces rêves». La révolution «n’est pas seulement l’amélioration du niveau de vie et des droits sociopolitiques mais un saut qualitatif dans la vie de l’Homme».«L’ISLAM POLITIQUE N’EST PAS LA SOLUTION»L’Algérie est, pour lui, «une grande sœur et il a mis sur le compte d’une manipulation médiatique de récentes déclarations sur l’interruption du processus électoral en 1992». Lui, qui a toujours pensé et affirmé que «l’Islam politique n’est pas la solution», n’en est pas à sa première déconvenue. La construction maghrébine a pris une large place dans ses réponses.Le problème du Sahara occidental est une question «qui existe et qu’on ne peut ignorer car elle est douloureuse sur le plan humain». Il ne peut concevoir celleci sans une réconciliation entre le Maroc et l’Algérie. «On ne doit pour autant en faire un préalable pour la construction du Maghreb qui peut se déployer dans de nombreux domaines comme les infrastructures de base, le développement des zones frontalières».La question est posée actuellement au niveau de l’ONU. «Une fois les relations améliorées et les frontières ouvertes, on procédera au lancement de projets communs d’où découlera un climat psychologique susceptible d’ouvrir les canaux de communication et de connaissance à même de créer des conditions politiques et psychologiques favorisant la résolution de ce conflit de manière à préserver l’honneur ainsi que les intérêts communs de tous», a-t-il notamment dit. Au terme de la tournée qu’il vient d’effectuer, les dirigeants des pays du Maghreb ont convenu de tenir un sommet maghrébin dans le courant de l’année. Le sommet sera, dira-t-il, sérieux et ses résultats palpables pour les peuples de la région car ceux-ci «ne veulent plus voir de ces rencontres où l’on se congratule pour se séparer sans résultats». Il a plaidé pour «la liberté de circuler, de s’installer, d’investir et de voter aux élections municipales». La rencontre se tiendra probablement en Tunisie «après examen des dossiers par les Etats». Interrogé sur le renvoi de l’ambassadeur de Syrie à Tunis, le Président Marzouki a indiqué que son pays a pris la décision de renvoyer l’ambassadeur du régime syrien, qui a «perdu toute légitimité après avoir usé de la violence contre son peuple».Pour ce qui est de l’extradition du président Ben Ali en exil à Ryadh, il a déclaré : «nous sollicitons nos frères en Arabie Saoudite pour nous remettre ce criminel. Toutefois, nous ne ferons pas de cette demande une condition pour la continuité des relations entre nos deux pays». Selon lui, un «procès équitable» de l’exPrésident tunisien est «possible et offre toutes les garanties». Il insiste sur «la revendication légitime de la Tunisie à récupérer l’argent et les biens détournés par Ben Ali». Sur le sort réservé à l’ancien premier ministre libyen, El-Baghdadi, qui se trouve en Tunisie, il a indiqué que son pays ne procédera pas à son extradition tant que la Libye ne dispose pas d’un système stable et d’une justice indépendante.H. RachidHorizons, 14/2/2012 -
L’autre face de l’accord agricole UE-Maroc
José Bové et certains activistes anti-accord agricole Les Domaines agricoles relevant de la branche agroalimentaire du holding Siger, détenue par le monarque marocain, se positionne comme étant l’élément dominant de l’agriculture du pays. Il sera, et de loin, le principal bénéficiaire de la probable ratification de la part du Parlement européen de la nouvelle entente commerciale. Les investisseurs étrangers et les groupes financiers à capital mixte couvrent en grande partie les accords d’exportationLe 15 février, la session plénière du Parlement européen est appelée à décider en dernier ressort sur l’Accord de la libéralisation du commerce des produits agricoles, transformés ou non, entre l’Union européenne et le Royaume du Maroc. Il s’agit de la dernière étape pour compléter le processus de ratification d’un traité qui a été signé entre les deux parties depuis plus de deux ans, à savoir le 17 décembre 2009, et qui a déjà reçu l’approbation du Conseil européen. Beaucoup de choses se sont passées depuis, et l’accord a entamé son parcours procédural pour son approbation au parlement européen, une bataille homérique entre les détracteurs et les partisans et qui en est même arrivée au point de s’interroger sur la cohérence juridique de l’accord.Pendant tout ce temps, la claire opposition des producteurs et commerçants européens est restée ferme et inaltérable, et au niveau espagnol cela a donné lieu à une véritable levée de boucliers, car ce qui est en jeu est loin d’être négligeable. Une proposition qui sera finalement soumise au vote du Parlement dans un climat totalement favorable à l’approbation, en particulier après la dernière réunion du 26 Janvier, qui a vu l’adoption de la proposition par la Commission du commerce international (INTA) du Parlement européen.Les députés européens de l’INTA ont décidé ce jour-là de modifier la proposition du fameux leader agricole français José Bové qui a déclaré dans une communiqué que « l’accord de libre échange entre l’UE et le Maroc est une contre-proposition qui avait été approuvée par la Commission de l’Agriculture et de l’Environnement, et qui en plus est en totale conformité avec les arguments qui ont conduit à retarder le processus de ratification, une décision adopté par l’INTA elle-même il y a un an de cela ». José Bové donne une conférence de presse aujourd’hui à Madrid, qui traitera de son propre rapport, la même proposition qu’il a dû repousser, paradoxes de la vie, après les quelques « clarifications » apportées par les membres de l’INTA. Des modifications qui se résument facilement : « refusé » sera changé par « accordé », en plus de la suppression du dernier paragraphe. Donc, il y a peu de choses et on doit voir comment tout a changé.Bien que ce soit toujours un plaisir d’écouter Bové, aujourd’hui plus que jamais, je regrette de ne pas être en mesure d’assister à sa conférence de presse à Madrid, à une petite semaine du « jour J » et ou tous pointent pour qu’enfin l’Accord reçoive la ratification du PE.Arrivé à cette phase cruciale du processus, le moment semble être venu pour une perspective dont nous n’avons pas encore parlé dans notre publication. Nous avons parlé de cette question à de nombreuses reprises, mais avec un accent particulier sur les doléances et les objections des producteurs de fruits et légumes espagnols, ainsi que les commerçants que nous avons entendu partout où nous sommes allés. Nous avons également contribué un peu, comme un petit grain de sable, à ce que les revendications légitimes du Sahara occidental soient prises en compte par la vieille Europe. Et bien sûr, nous avons toujours été vigilants en ce qui concerne l’impact possible que cette libéralisation des importations du Maroc pourrait avoir sur la sécurité alimentaire des consommateurs d’ici.En bref, nous nous sommes concentrés sur le fait de parler des « personnes lésées », mais qu’en est-il de l’autre côté de la médaille ?Pour répondre à cet aspect de la question il semble logique de nous tourner vers le voisin du Sud. Bien que je sois personnellement contre cet accord, je dois dire que je considère le Maroc comme une pierre angulaire de notre monde méditerranéen, celui dont je fais partie et dont chaque jour je mesure ce qu’il signifie. Il serait donc totalement incongru de ma part de rejeter ce qui, selon ses promoteurs, est un engagement clair en faveur du développement social et économique des peuples de notre environnement, à travers le raffermissement des liens commerciaux qui se traduisent par des avantages mutuels pour les deux parties dans leur développement et leur progrès, la promotion de la fraternité et la compréhension (je crois qu’il resterait à inclure les mots « cadre », le « consensus » et les « synergies », ainsi que « soutenable » et « futur »).Et tout cela ne serait que préliminaires, parce qu’il y a un contexte beaucoup plus large. Et parce que cette fois nous avons aussi quelque chose qui n’est malheureusement pas très fréquent. Grace à des acteurs engagés et courageux comme le magazine TelQuel , le monde entier peut être mieux informé sur ce que signifie réellement la structure actuelle de l’agriculture pour les sujets du royaume du Maroc. Et ce n’est pas une tâche facile que de faire un rapport en provenance du Maroc… Je veux dire que si ce pays a été classé 89ème en matière de liberté de presse, publié par l’ONG Reporters Sans Frontières en 2002, la dernière mise à jour en décembre 2012 le place au 138ème sur 179 pays évalués. Alors que l’an dernier les Marocains pouvaient profiter du « printemps de Mohamed », et qu’ils voulaient la révolution de Bouazizi, ils ont terminé par avoir celle du sixième Mohammed de la dynastie alaouite.TelQuel a publié fin 2009 un rapport d’enquête, écrit par Fedoua Tounassi sur les anciens « domaines royaux », l’empire agricole maintenant connu sous le nom « Domaine agricole ». Dans cet article, l’auteur a expliqué que ces domaines sont les moins connus de la holding royale Siger , bien qu’ils couvrent 12.000 hectares de terres et réalisent un chiffre d’affaires qui a été estimé il y a deux ans de cela à 150 millions de dollars par an. Les Domaines agricoles sont les leaders incontestés dans l’agriculture et l’agro-industrie au Maroc, a déclaré Tounassi, et ils représentent les deux tiers des exportations, y compris les agrumes. Bien que fondés en 1960, ces Domaines royaux ont reçu un coup de pouce après l’arrivée au trône de Mohammed VI : d’abord le nouveau roi n’a pas beaucoup de charges dans l’agriculture, d’après les déclarations d’une source anonyme du ministère de l’Agriculture: « Mohammed VI s’est rapidement rendu compte que l’agriculture a un énorme potentiel et que nous devons investir davantage, non seulement dans les Domaines, mais aussi au plan national ».Un changement dans l’entreprise agricole de la famille royale marocaine a eu lieu en 2004, après que Mohammed VI se soit adressé à la Nation dans un discours et qu’il ait déclaré que l’agriculture au Maroc est un choix historique ; le chef de l’Etat marocain a aussi dit : « Conscients du fait que la population rurale souffre le plus du déficit social, nous croyons que la mise à jour complète de notre économie passe nécessairement par une stratégie efficace pour un développement rural, capable de permettre la transformation de l’agriculture traditionnelle et de l’agriculture moderne productive ». Extrait d’un discours qui a eu du succès et auquel on ne peut que souscrire.Après cette déclaration considérée comme officielle, les actions suivantes ont clarifié en quoi consisterait l’actualisation de l’agriculture au Maroc : Nouveau nom, nouvelle image, nouvelle identité corporative, et davantage d’action pour … Les Domaines royaux. Des faits qui ont coïncidé avec l’intention déclarée du holding Siger de « compter au moins trois champions dans divers domaines ». « C’est ce qui s’est produit dans le secteur financier suite l’absorption de Wafabank par la Banque commerciale du Maroc, et cela a fonctionné: Attijariwafa est actuellement la plus grande banque au Maroc », affirme le dossier de TelQuel.Une nouvelle « révolution verte au Maroc », qui a les yeux rivés sur les marchés européens et dans laquelle l’eurodéputé José Bové dit dans son rapport qu’elle « vise à promouvoir le développement des exportations agricoles en attirant des investisseurs étrangers, pour mettre à leur disposition les meilleurs terrains disponibles. Mais de nombreuses personnalités et des chercheurs marocains critiquent le manque de ressources disponibles pour les exploitations familiales et de subsistance ».Le rapport du député européen du groupe des Verts donne comme exemple encore plus important ce cas relevé dans une étude publiée par Invest in Med, citant un investissement réalisé par le Fonds financier de Tiris arabe Euro (TEA), et les Emirats Arabes Unis, auquel on a accordé une superficie de 700.000 hectares à proximité de la ville de Guelmim, au sud du pays, pour développer les plantations d’agrumes, d’oliviers et d’horticulture. La validité de cette information ne peut guère être mise en doute, selon le rapport.Une influence des grands investisseurs étrangers dans cette « nouvelle » agriculture marocaine va au-delà des cas particuliers, comme cité ci-dessus, et est enracinée dans l’interférence historique particulière de la métropole, la France, comme le précise clairement José Bové dans son rapport « les quotas d’exportation sont gérés au Maroc par une structure nationale (Etablissement Autonome de contrôle et de coordination des exportations, EACCE) créée en 1986, qui favorise les grands groupes exportateurs à capitaux mixtes (Maroc-France, pour la plupart) ».Parmi ces entreprises mixtes, il y a Soprofel Azura qui, avec les Domaines agricoles, accapare 70% du volume total de ce qui allait devenir, et ce que nous appelons maintenant « accord avec le Maroc », dans le sous-secteur de tomate. Disons que cette culture, bien qu’elle soit loin d’être la seule couverte par l’accord, est le véritable symbole du cadre de la libéralisation des échanges visée. « L’agriculture familiale au Maroc, ainsi, ne bénéficiera que d’un espace marginal de cet accord », dit le rapport à cet égard.Les sources non révélées qui ont servi comme base à l’article de Fédoua Tounassi, publié à la fin de 2009, expliquent que, en dépassant la rivalité entre les Domaines et le reste de ses concurrents, le groupe royal a décidé d’unir les forces en créant Maroc Fruit Board, et en incluant les huit entreprises principales exportatrices du pays, avec l’objectif d’exporter 500.000 tonnes d’agrumes aux marchés de l’Europe, de l’Asie et de l’Amérique. « Mais tout ne va pas pour le mieux dans le meilleur des mondes », poursuit le reportage, indiquant qu’une telle concentration devrait susciter, logiquement, la colère d’autres opérateurs du marché. « Les monopoles, la fixation de prix, l’intimidation des plus petits exportateurs … les accusations et les attaques sont fréquentes », ajoute l’article. « Le message qu’essaient de transmettre les opérateurs est le suivant : nous voulons une saine concurrence, mais attention à quiconque oserait nous défier », regrettait à TelQuel un économiste, qui a donné comme exemples les cas de autres filiales du groupe Siger (ONA ,Centrale Laitière, Lesieur Cristal, Cosumar, etc), bien que dans le cas des domaines royaux, il a dit, « au moins, ils sont fortement impliqués dans le secteur… en se faisant passer pour des partenaires en toute discrétion ».Tous ceci trace une radiographie du secteur dans lequel s’étendent, presque omniprésents, les tentacules des gros investissements, avec la couronne alaouite en position de force. Une machine hermétique parfaitement huilée et totalement étanche, qui combine ingénierie financière au plus haut niveau avec des campagnes massives d’occupation agricole, un scénario complexe et orienté vers les marchés internationaux.Et pour assurer la maîtrise promise de ces marchés, rien de mieux que d’avoir une main-d’œuvre à moindre coût si ce n’est gratuite, et c’est ce que nous appelons aujourd’hui « la flexibilité et la compétitivité », connues tout au long de l’histoire sous beaucoup d’autres appellations, dont la majorité rappelle de tristes souvenirs. C’est ce que dit le rapport de José Bové, « le principal élément dans la composition des prix des fruits et légumes est le coût du travail. Les salaires reçus par les travailleurs agricoles au Maroc sont de l’ordre de 5 euros environ par jour. La faiblesse de la rémunération reçue est due au fait que les travailleurs agricoles n’ont pas, selon le Code du travail marocain, la capacité de se syndicaliser et de participer ainsi à toute la négociation collective ». Et comme si ce n’était pas suffisant, il y a les données de l’UNICEF sur le fléau du travail des enfants dans cette nouvelle terre d’opportunité : « Au Maroc, il y a plus d’un million et demi d’enfants en âge de scolarité qui se voient refuser le droit à l’éducation ; la plupart des enfants en âge d’être scolarisés risquent d’être soumis à l’exploitation économique, à travers les tâches qui leur sont confiées dans l’artisanat, l’agriculture, dans des conditions qui ne sont pas toujours adéquates pour assurer leur santé et leur équilibre mentaux ».Enfin, Je ne pas ce que les députés finiront par décider, mais ce dont je suis sûr, c’est que le peuple marocain mérite mieux que cela. Et il n’a rien à gagner sur la question traitée ici. S’il vous plaît, au moins, ne les utilisez pas comme des marchands du temple pour légitimer leurs manœuvres.Lire l’article, en espagnol, sur boletinagrario.comPanoramaroc, 14/2/2012