Mois : février 2012

  • La « révolution » libyenne a un an, Que de craintes !

    Les Libyens ont célébré hier, sous haute sécurité, le premier anniversaire de la révolution qui a mis fin à 42 ans de règne sans aucun programme officiel « par respect pour les familles des martyrs, les blessés et les disparus ».

    «Nous avons ouvert nos bras à tous les Libyens, qu’ils aient soutenu la révolution ou pas. Mais cette tolérance ne signifie pas que nous soyons incapables d’assurer la stabilité de notre pays. Nous serons fermes envers ceux qui menacent notre stabilité. Les « thowars » sont prêts à répondre à toute attaque visant à déstabiliser » prévient Moustapha Abdeljalil, le chef du Conseil national de transition (CNT) libyen. Un an après les manifestations de Benghazi qui ont conduit à une « insurrection » armée et à la chute du régime de Kadhafi, les espoirs d’une nouvelle Libyen, seraient-ils en danger? Assurément oui, tant les lendemains sont incertains, les zones à pacifier nombreuses. Chez notre voisin du Sud –est, aucune milice ou tribu ne veut être contrôlée.

     
    Donatella Rovera, conseillère spéciale d’Amnesty International, chargée des crises et des conflits, alerte sur les milices qui « hors de contrôle foulent aux pieds les droits de l’homme en toute impunité et mettent en périls les espoirs des libyens qui ont risqué leur vie, il y’a un an pour réclamer justice ». Pour la circonstance, les autorités ont ressorti, l’artillerie lourde dans les différentes villes du pays. A Benghazi, elles affirment avoir arrêté hier plusieurs partisans de l’ancien système et saisi 76 missiles prêts à viser les festivités marquant le premier anniversaire de la révolution. Mercredi, six personnes ont été tuées dans de nouveaux affrontements entre les tribus Zwai et Tobous, à Koufra, dans le sud-est du pays, portant ainsi le bilan à trente morts depuis dimanche. C’est dans ce contexte de paix en attente, qu’un groupe de partisans de l’ancien régime s’invite dans les débats. Il annonce la formation d’un « mouvement libyen populaire national ». Ce groupe, qui se dit fier du « courage » du « martyr Kadhafi » affirme avoir pour objectifs, la dissolution des milices armées, la construction des institutions de l’Etat, la libération de « tous les prisonniers sans exceptions, y compris Seif Al-Islam ». Ce groupe serait-il celui dont parlait récemment Saadi Kadhafi depuis le Niger où il est réfugié ?

    Ces « événements » qui pourraient faire basculer le pays, dans un « puits sans fond » seraient encouragés selon les spécialistes de la Libye par trois éléments. Un, le maintien de la structure tribale, où chaque clan défend ses propres intérêts. Deux, la manne pétrolière que le CNT n’arrive pas à redistribuer comme Kadhafi. Autrement dit, les tribus qui ont récupéré des armes, recouvrent les « subsides » qu’elles obtenaient avant par la violence et le racket. Trois, la perception du CNT par les Libyens comme une « chose » des Occidentaux. Même si Abdeljalil, pour effacer cette étiquette, n’a pas cessé de multiplier des déclarations sur le rétablissement de la charia et des gestes pour plaire. Comme l’octroi, pour cet anniversaire, de 2.000 dinars libyens (soit 1.760 dollars) à chaque couple marié et 200 dinars pour chaque enfant. Un an après Benghazi, la Libye est toujours dans une zone de fortes turbulences. Les élections promises pour juin mettront-elles le pays sur les rails ?

    DJAMEL BOUKRINE 17/2/2012

  • Accord UE-Maroc : Un accord perdant-perdant des deux côtés de la méditerranée

    Le Parlement européen vient de voter en faveur de l’accord de libre échange entre l’UE et le Maroc sur les produits agricoles et de pêche. Le Groupe des Verts/ALE souhaitait saisir l’occasion de cet accord pour mettre en place des échanges commerciaux réellement équitables entre les deux rives de la méditerranée. Or cet accord, tel que mis au voté aujourd’hui, ne répond pas aux principales préoccupations des Verts, tant sur le plan social, environnemental que du droit international. Les Verts au Parlement européen ont donc voté contre cet accord.
    Le rapporteur, José Bové, Vice-président de la commission de l’agriculture du PE a retiré son nom du rapport. Il a estimé à l’issue du vote:
    « Les députés européens qui ont ratifié aujourd’hui cet accord ne doivent se faire aucune illusion: cet accord va à l’encontre des intérêts des citoyens marocains et du peuple du Sahara occidental.
    La libéralisation du commerce va ruiner des milliers de paysans aussi bien au Maroc qu’en Espagne, en France et dans les autres pays du sud de l’UE tout en mettant en péril les ressources en eau du Maroc.
    En n’excluant pas explicitement le territoire du Sahara occidental de cet accord, comme l’ont pourtant fait les Etats-Unis en 2004 lorsqu’ils ont signé un accord de ce type avec le Maroc, l’Union européenne complique encore un peu plus la résolution pacifique d’un conflit aux portes de l’Europe. Cette absence de clarté de la part de l’UE est un très mauvais signal envoyé à l’ensemble de la communauté internationale.
    Il est profondément regrettable que la majorité du Parlement européen ait préféré éluder les problèmes posés. Je me félicite néanmoins que pour la première fois, la politique commerciale de l’Union européenne ait été débattue, et fortement critiquée, au sein de notre assemblée. Nous avons ainsi contribué à ce que la question fondamentale de la finalité du commerce commence a être sérieusement examinée par l’UE. »
    Yannick Jadot, député européen Europe Ecologie – Les Verts, Vice Président de la commission du commerce international ajoute :
    « Alors que les questions de régulation de la mondialisation, d’échange juste et d’emploi sont au cœur des débats politiques nationaux, l’Europe s’engage un peu plus dans l’impasse d’un système économique et agricole fondé sur le productivisme et les intérêts des firmes agro-alimentaires, au détriment d’une agriculture paysanne durable, créatrice d’emplois, de sécurité alimentaire et de respect de l’environnement au Maroc comme en Europe. Cet accord est perdant-perdant des deux côtés de la Méditerranée, et démontre une fois de plus la schizophrénie de nombreux élus entre les discours qu’ils tiennent en France et les actes qu’ils posent à Strasbourg. Les changements démocratiques à l’œuvre au sud de la Méditerranée doivent être l’occasion de repenser les accords commerciaux, notamment en intégrant des représentants de la société civile »
    José Bové, 16/2/2012
  • ALGÉRIE-ESPAGNE : Lorsque la quête d’affaires dicte le discours politique

    Eprouvée par des difficultés économiques, dans une Europe dont le modèle d’union reste à parfaire, l’Espagne, telle une abeille contrainte à butiner loin du rucher, explore des opportunités d’affaires hors continent. Après sa visite fructueuse en Arabie saoudite, le ministre espagnol des Affaires étrangères, M. José Manuel Garcia Margallo, a posé pour deux jours ses valises à Alger. 
    Sofiane Aït Iflis – Alger (Le Soir) – De son récent séjour dans la lointaine Arabie, le chef de la diplomatie espagnole est revenu avec un précieux contrat : un projet de train à grande vitesse (TGV) entre Médine et La Mecque pour un montant de 6 millions d’euros. Cette même quête d’exportation de biens et services lui a fait faire un déplacement, le premier en l’espèce, en Algérie, pays avec qui l’Espagne est liée par un traité d’amitié et de coopération vieux d’une décennie. Le ministre algérien des Affaires étrangères, M. Mourad Medelci, auquel le protocole, sinon les us diplomatiques, a réservé le propos liminaire à la conférence de presse conjointe animée hier au siège du MAE, a souligné que «le gouvernement espagnol est intéressé par l’exportation des biens et services» et que «le gouvernement algérien ambitionne de devenir exportateur hors hydrocarbures». Et dans le parler diplomatique, ces deux équations ne s’interprètent pas comme antinomiques. Preuve en est que l’année en cours devra voir se tenir de nombreuses rencontres de coopération entre les deux pays. La haute commission mixte algéro-espagnole se réunira à Alger au courant du second semestre, en avril prochain, c’est un conclave des pays des deux rives de la Méditerranée, auquel assistera l’Allemagne qui se tiendra aux îles Baléares et avant la fin de l’année, si tout va bien, c’est la Chambre de commerce algéro-espagnole qui verra le jour. 
    Fleurs ibériques pour Alger 
    La relation politique entre Alger et Madrid est à l’abri du froid. Et c’est à l’aune de cette relation réchauffée que le ministre espagnol des Affaires étrangères a apprécié les réformes politiques en Algérie. Des réformes qu’il a qualifiées d’exemplaires. «L’Espagne salue les réformes engagées en Algérie qui aboutiront aux élections législatives du 10 mai et qui se poursuivront par une révision de la Constitution», a affirmé M. Margallo, ajoutant que «c’est tout à fait un exemple pour les pays de la région qui ont souffert de troubles politiques importants ». Pas de commentaires qui fâchent, donc. Y compris sur la question du Sahara occidental. Le ministre des Affaires étrangères espagnol, dont le gouvernement est soupçonné de sympathie avec le gouvernement marocain, a affirmé que son pays soutient une solution politique au conflit du Sahara occidental garantissant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. «L’Espagne adoptera une attitude constructive pour une solution juste et durable sur la question du Sahara occidental», a-t-il souligné, précisant que «le gouvernement espagnol plaide pour une solution mutuellement acceptable par les parties en conflit et pour l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux principes et à la charte de l’ONU et sur la base du rapport de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental». Cette affirmation peut paraître en contradiction avec certains faits, comme la conclusion d’un accord sur la pêche avec le Maroc et qui intègre le Sahara occidental. Le chef de la diplomatie espagnole a confirmé que son parti a voté en faveur de cet accord, au demeurant signé contre l’avis du Parlement européen. Il a également déclaré que son gouvernement espagnol a donné son accord pour la prolongation de l’accord en question. Par ailleurs, Mourad Medelci et son homologue espagnol se sont accordés à dire que l’accord sur l’immigration clandestine est appliqué de façon tout à fait ordinaire. Pour preuve, le diplomate espagnol a indiqué que les côtes espagnoles ont accueilli 1 109 immigrants clandestins en 2001, soit une baisse de 20,41% par rapport à 2010. Les autorités espagnoles ont rapatrié 1 888 personnes en 2011. 
  • La position actuelle de l’Algérie renforce la cause sahraouie

    L’Algérie est depuis 2011 une halte incontournable dans les nouveaux rapports avec ses voisins. Depuis cette année, elle a reçu de nombreuses visites de chefs d’état qui n’ont de valeur que de témoigner de cet état de fait. Des sujets importants ont été au menu de ces visites. La Sécurité des frontières, la lutte contre le terrorisme, le trafic d’armes et de drogue, l’immigration clandestine, les échanges commerciaux… continueront à être au menu des discussions. La capitale algérienne a vu défiler ainsi les présidents mauritanien, malien et tunisien ainsi que le nouveau chef de la diplomatie marocaine… 
    Il y a lieu de noter que l’Algérie figure dans le «Top 5» des pays producteurs de gaz. Elle tire l’essentiel de ses revenus de ses exportations en hydrocarbures. Les quelles exportations lui ont permis de disposer aujourd’hui (en pleine crise économique mondiale et de la dette européenne, qui menacent de mettre à genoux des pays comme l’Espagne, l’Italie et même la France) d’un matelas financier de 176 milliards de dollars à un moment où les pays du Maghreb subissent les retombées négatives de la crise financière européenne et mondiale : le Maroc et la Tunisie voient la demande de leurs produits agricoles agro-alimentaires et autres produits manufacturés en baisse, d’un reflux des rentrées touristiques et d’une diminution des transferts de leurs travailleurs résidant en Europe. Les besoins conjoncturels des pays maghrébins justifient leurs activisme en vue de réanimer cette farce appelée UMA. Le président provisoire Moncef Merzouki ne s’en cache pas, d’ailleurs. Il le dit clairement : «Nous le disons en toute honnêteté : oui, nous avons besoin du Maghreb. La Tunisie plus que tout le monde parce qu’elle traverse une phase difficile.» Les Marocains, qui ne cessent d’appeler à la réouverture de leurs frontières terrestres avec l’Algérie, le font pour les mêmes considérations mais sans oser le dire ouvertement. Le Royaume, qui résiste mal à une crise économique chronique, a grandement besoin de cette porte vers l’Est afin d’en tirer, lui aussi, un maximum de profit.
    Cette réalité fait de l’Algérie, en ces moments de disette, une destination prisée tout en la propulsant au rang de puissance économique régionale incontestable. Le rôle de locomotive d’une économie régionale qui reste cependant à construire devrait lui être dévolu.
    La destination Algérie est aussi devenue une escale incontournable dans le cadre de la lutte antiterroriste et de la sécurité au Sahel. Le conflit libyen s’est accompagné par une prolifération d’armes de guerre lourdes, circulant librement. Une aubaine pour les groupes de la branche d’Al Qaîda au Maghreb qui menacent sérieusement la stabilité de la région. Une recrudescence des enlèvements de ressortissants occidentaux, qui demeure leur fonds de commerce (demandes de rançons), est à craindre. La visite du président malien Amadou Toumani Touré, effectuée à la fin du mois d’octobre 2011, a eu pour but de «raffermir davantage les relations algéro-maliennes et de poser les bases d’une coopération bilatérale et régionale plus solide, capable de lutter efficacement contre le terrorisme», avait-on indiqué de source diplomatique algérienne. 
    Un communiqué dans la même veine a sanctionné la fin de la visite du président mauritanien, Mohamed Ould Abdelaziz, qui était l’hôte du président Abdelaziz Bouteflika, entre le 10 et le 13 décembre 2011. «Les deux chefs d’Etat ont, à cet effet, souligné que la stratégie régionale adoptée par l’Algérie et la Mauritanie avec leurs partenaires dans les pays du Sahel pour lutter contre le terrorisme et le crime organisé favorablement accueillie par la communauté internationale, commence à porter ses fruits…», avait indiqué une dépêche de l’APS.
    Cette mouvance régionale prouve le rôle vital de l’Algérie, qui partage des frontières avec trois pays maghrébins, Maroc, Tunisie et Libye, dans .toute idée de reconstruction de cette farce appelée l’UMA que le Maroc et la Tunisie veulent bâtir sur les cadavres du peuple sahraoui. Elle a été aussi l’occasion pour l’Algérie de renouveler son soutien au droit inaliénable à l’autodétermination au Sahara Occidental, ainsi que son refus à toute solution qui ne soit pas basée sur la légalité internationale.  Cela au moment où le Makhzen pensait que les derniers évènements qui ont secoué le monde arabe allait faire fléchir la position algérienne concernant la réouverture des frontières.
  • UMA : Mêmes travers, mêmes déceptions

    Par Kamel Amghar 
    Après un périple sommaire dans la région, le président tunisien croit fermement à l’union maghrébine. Il a appelé ses homologues maghrébins à un sommet pour relancer ce projet moribond quitte à redéfinir ses contours pour revoir à la baisse ses ambitions initiales. Une conviction qui semble lui être dictée par les besoins conjoncturels de son pays. Moncef Merzouki ne s’en cache pas, d’ailleurs. Il le dit clairement : «Nous le disons en toute honnêteté : oui, nous avons besoin du Maghreb. La Tunisie plus que tout le monde parce qu’elle traverse une phase difficile.» L’industrie touristique tunisienne traverse une période critique. Les autres secteurs d’activité ne sont pas en meilleur état. Pour couronner le tout, l’ébullition sociale post-révolution pose de grands défis aux nouvelles autorités transitoires en matière d’emploi et de développement. Il est normal que les Tunisiens se tournent vers leurs voisins maghrébins pour chercher du soutien. 
    Les Marocains, qui ne cessent d’appeler à la réouverture de leurs frontières terrestres avec l’Algérie, le font pour les mêmes considérations mais sans oser le dire ouvertement. Le Royaume, qui résiste mal à une crise économique chronique, a grandement besoin de cette porte vers l’Est afin d’en tirer, lui aussi, un maximum de profit. Là encore, il est question d’industrie touristique en crise, de produits agricoles qui ne répondent pas aux standards très stricts de l’UE et de débouchés pour des firmes occidentales installées au Maroc. Les Français, particulièrement, ne ratent aucune occasion pour appuyer cette requête royale afin d’offrir à leurs entreprises domiciliées au Royaume, et à moindres frais, un marché algérien boulimique en matière d’importation. 
    Cette UMA du profit immédiat est-elle conforme au Grand Maghreb des mouvements indépendantistes ? Est-elle conciliable avec le Maghreb des peuples ? A ce jeu-là, que gagnerait l’Algérie ? Presque rien. Au contraire, c’est à elle de casquer pour tous. Il n’y a pas si longtemps, trois millions d’Algériens passaient leurs séjours vacanciers en Tunisie. Combien de Tunisiens choisissent la destination Algérie pour leur congé estival ? On en a aussi importé des lessives, des dentifrices et des parfums portant des griffes françaises, italiennes ou turques. Les Algériens étaient, au début des années 1990, des millions à se rendre annuellement au Maroc. Combien de Marocains ont fait le chemin inverse ? On nous a aussi vendu des oranges sanguines dont on ne voulait pas outre-mer. A l’évidence, ce modèle-là, du Maghreb marchand, a déjà échoué. Il s’agit de bâtir un autre Maghreb, celui des peuples tel qu’imaginé par les leaders indépendantistes. L’indépendance et la souveraineté des peuples, les libertés et les droits humains et les intérêts réciproques seront au centre de ce nouvel édifice. Un Maghreb où tous les partenaires seraient gagnants. Dans un tel cadre, tous les contentieux trouveront des solutions adéquates. A commencer par le plus épineux qu’on projette aujourd’hui de remettre à plus tard. Ainsi, rien n’empêcherait les populations du Sahara occidental de s’exprimer souverainement sur leur destin ! L’Europe n’aurait pas pu se constituer avec une encombrante présence allemande sur le sol français, par exemple. Sans ce minimum démocratique, toute autre conception de l’ensemble maghrébin serait vaine. Les mêmes travers impliquent les mêmes déceptions.
  • Monde arabe, ces révoltes oubliées du Golfe

    par Djamal Boukrine
    Qui a entendu parler des Bahreïnis qui, ce mardi, ont voulu commémorer leur première sortie, il y a un an à Manama, pour exiger des élections libres et la fin des discriminations ? Qui a vu les heurts nocturnes entre les «Jeunes du 14-Février» et les forces de sécurité qui ont eu recours aux tirs de grenades lacrymogènes et de balles en caoutchouc et les interpellations en séries, dont des «des femmes et des enfants âgés de 13 à 16 ans»? Qui a compris l’expulsion de huit activistes américains des droits de l’Homme en quatre jours pour participation à des manifestations illégales ? Peu ou presque. Le Conseil de coopération du Golfe qui n’aime pas les «contestations» chez lui, n’apprécie pas ce mouvement. D’où l’envoi, le 14 mars dernier, de 1.500 soldats pour réprimer dans l’œuf cet intolérable «printemps». 35 morts plus tard, 55 selon Amnesty International, l’Occident n’a pas protesté. Et les grands médias occidentaux et les chaines satellitaires arabes si promptes à relayer le moindre fait et geste en Syrie et Yémen après leur campagne d’Egypte et de Tunisie, restent silencieux sur la révolution de la Perle, les émeutes qui secouent depuis mars 2011 la région orientale et riche en pétrole de l’Arabie Saoudite et les crises politiques à répétition qui menacent le Koweït. Normal. Al Djazeera et Al Arabya aiment les révoltes quand celles-ci ne sont pas à leurs portes. 
    «Vérité en deçà des Pyrénées, erreur audelà», disait Blaise Pascal. Au grand dam de ces deux chaines, cette révolte oubliée des Printemps arabes ne se limiterait plus au seul «siège de la Ve Flotte» où le discours se radicalise. Dans tout le Golfe, on assiste à un retour à des manifestations revendicatives. Les jeunes réclament des monarchies constitutionnelles, des Parlements aux pleins pouvoirs, des gouvernements issus d’élections et un système judiciaire indépendant. Pointé du doigt comme le timonier des révoltes dans les monarchies, l’Iran préconise comme solution aux émeutes «l’établissement d’un dialogue juste entre le peuple et le pouvoir». Au rythme des réformes engagées dans cette région, les populations vont-elles finir par «imposer» leurs soulèvements aux grands médias occidentaux et arabes ?
    Horizons, 16/2/2012
  • Aqmi menace de tuer le gendarme otage: La Mauritanie consulte l’Algérie

    Dans un communiqué diffusé par plusieurs sites proches de la mouvance djihadiste, Al Qaïda au Maghreb menace de tuer le gendarme enlevé de son poste avancé à Baskinou «dans un délai maximum de vingt jours», si Nouakchott «ne répond pas favorablement » à ses «exigences». Pour le moment, le Président mauritanien est inflexible, mais des pressions s’exercent sur lui à Nouakchott de la part des politiques et de la société civile, qui lui reprochent le fait de s’être « mis sur le chemin du terrorisme », en faisant « la guerre par procuration pour le compte de la France ». 
    Les services de sécurité mauritaniens ont consulté leurs homologues algériens à ce sujet, et n’entendent pas faire du «troc». Toutefois, l’on craint à Nouakchott qu’un mouvement de protestation ne se forme si Aqmi tue le gendarme. Cette éventualité est d’autant plus mise en avant que le président Mohamed Ould Abdelaziz fait face à une levée de bouclier concernant le volet sécuritaire. 
    La presse mauritanienne, dont la liberté de ton est extraordinaire, affirme que les officiels mauritaniens ont gardé jusqu’à ce jour, depuis l’enlèvement du gendarme Ely Ould Mokhtar, «un silence qui frise le sentiment d’insouciance totale du pouvoir à l’égard d’un citoyen en situation de danger», suscitant des appels de ses parents et de certaines organisations « en vue d’intervenir pour sa libération des mains de l’organisation, qui réclame son échange contre deux détenus aux mains du régime de Nouakchott». 
    Le gendarme otage d’Aqmi, Ely Ould Mokhtar, a été enlevé le 20 décembre dans la localité d’Adel Begrou, dans la région de l’Hodh Ech Chargui, au sud-est de la Mauritanie. Selon une source sécuritaire mauritanienne, les assaillants se seraient ensuite retirés vers le Mali voisin. Emboîtant le pas aux propositions d’Alger, le régime de Nouakchott refuse officiellement le paiement des rançons, ainsi que l’échange de prisonniers avec Al Qaïda, estimant que l’argent des rançons est le nerf du financement du terrorisme. Quant à la proposition d’échange de prisonniers, capable d’être perçue comme un signe de faiblesse, Ould Abdelaziz a surtout besoin de calmer ses citoyens de sauver l’otage, sans faire de concessions à Aqmi, à un moment où la Mauritanie est félicitée par l’Occident pour sa lutte contre Aqmi. Un pari difficile doublé d’un périlleux exercice sécuritaire…
    Fayçal Oukaci 
    Le Courrier d’Algérie, 16/2/2012
  • Sahara occidental, émigration clandestine, Syrie, Libye, Sahel, coopération : Alger et Madrid se concertent

    La visite du ministre espagnol des Affaires étrangères en Algérie a permis aux deux pays de faire le point sur plusieurs questions de l’heure. Coopération économique, concertation politique, Sahara occidental, émigration clandestine, situation au Sahel, en Libye, en Syrie, en Egypte sont autant de sujets ayant fait l’objet d’entretiens entre les chefs de la diplomatie des deux pays.
    En effet, l’Algérie et l’Espagne ont convenu de renforcer leur concertation politique et développer substantiellement leur coopération économique, à se fier aux propos des deux ministres des AE en conférence de presse conjointe hier, au siège du ministère des AE à Alger. D’ailleurs, le ministre espagnol, José Manuel Garcia Margallo a annoncé à cette occasion la tenue prochaine d’un Sommet algéro-espagnol à Alger pour perpétuer la dynamique entre les deux pays, lequel sommet se tiendra  » au deuxième semestre de l’année 2012 « , selon Mourad Medelci. Si du côté espagnol, la tendance est à augmenter ses exportations en biens et services, l’Algérie, pour sa part, ambitionne de diversifier sa production en dehors des hydrocarbures. En plus d’une nouvelle chambre de commerce algéro-espagnole qui sera installée avant la fin de l’année en cours, deux grandes pistes ont été dégagées par les deux partenaires en vue de les développer au mieux. Il s’agit des énergies renouvelables et du tourisme, question de conjuguer les potentialités algériennes dans ces deux domaines avec l’expérience espagnole en la matière. Evoquant la crise syrienne, Alger et Madrid ne semblent pas converger vers la même solution. Si l’Espagne, au même titre que l’Union européenne (UE), souscrit à l’idée d’envoyer une force de paix hybride, des Nations unies et de la Ligue arabe, l’Algérie, quant à elle, a émis des réserves sur la saisine même du Conseil de sécurité. Rappelant que l’Algérie a « adhéré dans l’immédiat » à la position de la Ligue arabe, Mourad Medelci a soutenu qu’une solution au conflit syrien se fera en  » exerçant une pression sur les deux parties conflictuelles « . Autrement dit, Alger  » souhaite  » que le gouvernement syrien accepte d’ouvrir un dialogue avec l’opposition qui, se doit d’être partie prenante en parlant d’une seule voix mais pas de manière  » dispersée « . « L’Algérie avait déjà exprimé une réserve sur le point 7 de la décision du 22 janvier dernier de la Ligue arabe, qui recommandait que le Conseil de sécurité soit saisi pour appuyer la Ligue, car à l’époque, nous n’avions pas compris quel était exactement le but de cet exercice et, de ce fait, nous avons plusieurs raisons d’émettre (à nouveau) des réserves sur cette saisine du Conseil de sécurité », a expliqué le chef de la diplomatie devant son homologue espagnol. Ce dernier, ne s’exprimant que laconiquement sur la question, s’est contenté de dire :  » Le Conseil des ministres de l’UE appuie les résolutions de la Ligue arabe « , dont la position est partagée également par son pays. Quant au conflit du Sahara occidental, la position de l’Espagne reste inchangée. En effet, le ministre espagnol des Affaires étrangères a réaffirmé lors de la conférence de presse, que son pays soutient une solution politique au conflit du Sahara occidental garantissant « le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination ». « L’Espagne adoptera une attitude constructive pour une solution politique juste et durable sur la question du Sahara occidental », a indiqué José Manuel Garcia Margallo. Le gouvernement espagnol plaide pour « une solution mutuellement acceptable et pour l’autodétermination du peuple sahraoui, conformément aux principes et à la Charte de l’Onu et sur la base du rapport de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental », a-t-il encore ajouté. 
    Par M. Ait Chabane
    Les Débats, 16/2/2012
  • Maroc-Espagne : Jours tranquilles pour Zapatero à Tanger

    Après huit ans de bons, loyaux et «royaux» services rendus à la monarchie marocaine, l’ex-Premier ministre espagnol, José Luis Rodriguez Zapatero, est rentré «chez lui» à… Tanger. Accompagné de son épouse, de ses deux filles ainsi que de son ex-ministre des Relations extérieures, Trinidad Jiménez, Zapatero est venu chercher «son dû» à en croire le site «Demain online», du journaliste opposant marocain, Ali Lemrabet. 
     
    L’ex-protecteur espagnol du Maroc devrait donc être payé pour services rendus à sa majesté durant les huit années au cours desquelles il aura soutenu contre vents et marées la poursuite de la colonisation marocaine du Sahara occidental et surtout fermé les yeux sur les violations des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. On comprend mieux la bienveillance du Palais à l’égard d’un homme qui aura laissé l’Espagne «en ruines» d’après les propos tenus, par la nouvelle ministre espagnole de l’Emploi. 
     
    Pour Ali Lemrabet, Zapatero est venu à Tanger «se réconforter auprès d’une autocratie qu’il a contribué à renforcer». L’ex-Premier ministre espagnol intimait ainsi aux représentants espagnols dans les forums et organismes internationaux, ainsi qu’au Parlement européen de ne jamais critiquer la monarchie marocaine. Mieux encore, en matière de droits de l’homme, ses hommes «devaient s’opposer à toute condamnation du Maroc, quel que soit le crime ou le délit commis par l’autocratie alaouite», écrit encore Demain online. 
     
    Débarqué de la tête du gouvernement espagnol, Zapatero prend du repos au luxueux hôtel «Le Mirage» à Tanger, là où s’installait souvent avant de se faire construire une immense villa à côté, son prédécesseur, ex-mentor et camarade de parti Felipe Gonzalez… Sans doute que Luis Rodriguez Zapatero aura prochainement, lui aussi, sa belle villa aux frais du roi Mohamed VI pour couler des jours heureux avec sa famille et pourquoi pas servir de conseiller royal.

    M. B.

    Le Courrier d’Algérie, 15/2/2012

  • Azawad : Les accords d’Alger restés lettre morte ?

    Le conflit targui aux confins du Sahara tourne à la guerre. Alger, qui logiquement appuie des unités opérationnelles de Bamako près des frontières, est prise entre deux feux : d’un côté, elle est tenue, depuis plusieurs mois, d’appuyer le Mali dans sa guerre contre al-Qaïda, et d’un autre côté, elle ne veut pas apparaître aux yeux de la rébellion comme un pays qui soutient aveuglément Bamako, alors que les revendications du Mouvement de l’Azawad « peuvent être discutées et aplanies ». En opérant une horrible série d’exécutions sommaires, mi-janvier, dans la ville d’Aguelhok, le Mouvement rebelle a mis fin à l’intercession d’Alger. Les victimes ont «été égorgées et les autres tuées d’une balle dans la tête», soutient Bamako. 
     
    Les 85 morts, tous des militaires ou des gendarmes, ont été abattus alors qu’ils avaient les mains liées dans le dos. Un massacre qui inquiète la France. La rébellion a pris des virages dangereux dans sa guerre contre Bamako et est en train de se mettre délibérément « hors-laloi ». La prise d’Aguelhok avait en fait signifié la reprise de la lutte armée par les Touareg. Depuis cette date, les troupes du Mouvement national de libération de l’Azawad (MNLA) ont attaqué six autres villes du Nord- Est, comme Ménaka et Tessalit, mais aussi du Nord- Ouest, à Léré notamment, montrant ainsi leur mobilité et leur puissance. Le weekend dernier, plusieurs accrochages ont été signalés près de Kidal, la capitale du nord du Mali. Selon certaines sources, une prise temporaire de cette ville par le MNLA est désormais «possible», ce qui serait un très «mauvais signe». 
     
    La tâche d’Alger reste toujours en cours, mais est confrontée à une logique de guerre qui s’est insidieusement installée. D’un côté, les autorités de Bamako, tout en se disant officiellement prêtes à un arrêt des hostilités, sont très en retard sur les promesses faites à Alger en 2006 pour aplanir les divergences avec la rébellion. Bamako est aussi aujourd’hui très affaiblie? Le Président malien quittera le pouvoir avant le début de l’été. De l’autre, les Touareg ne sont pas unis. Seul le MNLA reste inflexible et choisit la guerre, alors que deux autres groupes luttent au nom du peuple du Désert. Seul point commun: leur méfiance à l’endroit des négociations. «Les promesses faites lors des accords d’Alger qui, en 2006, avaient mis un terme à une précédente rébellion, sont restées lettre morte», affirment-ils.

    F. O.

    Le Courrier d’Algérie, 15/22012