Mois : novembre 2011

  • Un taux de participation en berne

    Si la victoire du PJD constitue la principale étincelle des élections législatives marocaines, il ne faut pas perdre de vue le taux de participation. Avec seulement un petit 45%, qui plus est sujet à caution, la mobilisation des 13 millions de Marocains laissait à désirer.

    C’est en effet une autre claque pour le makhzen, mais surtout pour les réformes constitutionnelles de juillet dernier qui, au bout du compte, n’ont pas attiré massivement les Marocains aux bureaux de vote. Ce constat négatif n’a pas échappé à la juriste Fatma-Zohra Kebli, qui a relevé que «55% des Marocains n’ont pas voté». Le fait est que malgré la réforme constitutionnelle du roi et la formidable machine de propagande pour «vendre» ce scrutin, «la majorité» des Marocains ont préféré rester chez eux ou profiter du soleil, le jour du vote.

    Fatalement, ce taux de participation à peine supérieur à celui de 2007 (37%), renforce plus le Mouvement du 20 février et les partis boycotteurs qu’il ne rassure sur la pertinence des réformes royales.

  • Changement ou régression ?

    La vague islamiste continue de se propager comme une fatalité dans la région de l’Afrique du Nord. Moins d’un mois après la victoire du parti islamiste Ennahda en Tunisie aux premières élections organisées après la chute de Ben Ali, le Parti pour la justice et le développement (PJD), d’obédience islamiste, a revendiqué hier la victoire aux premières élections législatives tenue après l’annonce des réformes voulues par le roi Mohammed VI.

    A la veille de ce scrutin, tous les médias internationaux, d’une voix unanime, donnaient les islamistes comme gagnants, tout en tentant de minimiser le danger que cela représenterait pour la stabilité du pays, et en décrivant le PJD comme un parti «modéré», acceptant le jeu de la démocratie, voire malléable à souhait. D’aucuns ont loué l’engagement du roi pour la mise en oeuvre des réformes promises en juin dernier. Ce dernier voulait, en fait, anticiper les événements, pour parer à d’éventuels troubles dans le pays dans le sillages des révoltes qui secouaient le monde arabe depuis janvier dernier et entraîné jusque-là la chute de trois régimes et plongé tant d’autres dans l’instabilité et le chaos. En attendant donc l’annonce des résultats définitifs, prévue pour aujourd’hui, le PJD a revendiqué vendredi soir la victoire en nombre de sièges. Sur les 395 sièges que compte la chambre des représentants, le PJD se dit parti pour obtenir 90 à 100 sièges. Une majorité relative qui lui permettrait tout de même de siéger au gouvernement Si, officiellement, le PJD, à l’instar d’Ennahda tunisien, se défend de toute idée d’imposer un ordre moral islamique stricte sur la société et défend, il est un fait que la montée de cette mouvance va changer radicalement la donne politique dans le pays, puisque pour la première fois dans l’histoire du pays, un islamiste serait à la tête de l’Exécutif. Même si le souverain garde la haute main sur les principaux leviers de pouvoir ainsi que sur les affaires religieuses, le terrain de prédilection naturel des fondamentalistes. Cela dit, cette situation va contraindre le Palais à composer avec la nouvelle réalité dans le pays, et aura désormais des difficultés à gérer toutes les contradictions et les luttes qu’engendrerait ce sentiment de puissance chez les islamistes désormais au pouvoir. Il sera aussi question de faire face à la mouvance radicale, représentée par El Adl et Ilhsan, parti interdit mais qui constitue toujours une force dans le pays. Quel impact sur l’Algérie ? Première incidence de cette victoire retentissante des islamistes au Maroc sur l’Algérie : le risque d’émulation. Tous les partis islamistes algériens se sont déjà mis à croire à leur destin, en commençant à montrer des dents – le jeu trouble de Soltani – et en s’affichant comme l’alternative au pouvoir en place, en usant des subtilités du discours modéré à la tunisienne. A quelques mois des législatives, le remue-ménage dans les appareils politiques, notamment islamistes, avec tout ce qu’on fait circuler sur une probable participation d’anciens membres du FIS, laisse croire à une offensive islamiste aux prochaines élections. Avec l’affaiblissement du parti majoritaire et l’effritement des démocrates, les MSP, Ennahda et autre Islah (en attendant l’agrément du nouveau parti de Djaballah) pourraient bien croire à leur chance de remporter le scrutin, et surtout d’être admis par l’opinion nationale et internationale. Au plan bilatéral, la montée des islamistes au Maroc risque d’accentuer les désaccords entre Alger et Rabat sur les principales questions de discorde. Parce que les dirigeants du PJD sont connus pour leur zèle sur des questions comme celle du Sahara Occidental, et seront moins favorables à la coopération entre les deux pays sur des questions stratégiques comme la lutte antiterroriste.
    Mussa A.
    La Nouvelle République, 27/11/2011

  • Les Sahraouis plus marocains que les Marocains eux-mêmes ?

    Lors de sa conférence de presse, le ministre de l’Intérieur, Tayeb El Cherakoui, s’est fait un point d’honneur de commenter, le sourire large, le taux de participation au niveau des «régions du Sud» – comprendre au Sahara occidental. Selon ses chiffres, cette région a battu une nouvelle fois le record de la participation qui aurait atteint 70%, loin, très loin de la moyenne nationale qui, elle, ne dépasse pas les 45%.

    Conclusion du ministre : «Les populations de ces régions ont prouvé leur attachement au royaume et à l’intégrité territoriale du Maroc.» Curieux pour une population frondeuse, qui a connu les sanglants événements de Gdeim Ezik il y a juste deux ans… Curieux aussi de savoir que les Sahraouis, qui luttent pour leur autodétermination, se montrent plus marocains que les Marocains eux-mêmes…

    Il faut souligner que cette digression du ministre a été relayée par toutes les télévisions marocaines. Les Marocains n’ayant pas voté, le ministre se console de la participation «exceptionnelle» des Sahraouis. Même taux brejnéviens de participation aux élections depuis 2007 pour les Sahraouis qui, finalement, ne partagent pas grand-chose avec leurs «compatriotes» qui, eux, ont déserté les bureaux de vote !

     
    El Watan, 27/11/2011
  • Le Maroc ouvre la porte aux islamistes

    Le Parti justice et développement (PJD) a, comme attendu, gagné haut la main les élections législatives marocaines. Bien que les résultats communiqués hier par le ministre de l’Intérieur, Tayeb El Cherkaoui, soient partiels, il ressort tout de même que le parti islamiste cher à son créateur, Mohamed El Khatib, a pris largement les rênes du royaume chérifien.

    Maroc.
    De notre envoyé spécial

    Avec ses 80 sièges, le PJD est très loin de son dauphin, l’historique Istiqlal (indépendance) du chef du gouvernement sortant Abbas Al Fassi, qui n’a récolté que 45 sièges. La performance est d’autant plus importante que ces résultats ne concernent que 188 circonscriptions, en attendant celles qui ont accusé des retards, et les deux listes nationales des jeunes et des femmes. C’est dire que la vague verte du PJD pourrait couvrir les trois quarts du Parlement marocain. Son secrétaire général, Abdelilah Benkirane, ne cachait pas sa satisfaction, hier, après ce triomphe : «Nous remercions Dieu et les Marocains pour cette victoire. J’espère que notre participation à la vie politique sera positive.

    Cette victoire aura un impact psychologique positif sur les Marocains. Le Maroc a choisi de faire sa révolution à sa manière à travers ces résultats.» Le chef du PJD a promis de «renforcer le processus démocratique et la bonne gouvernance» et exclu de s’allier avec le Parti de l’authenticité et la modernité (PAM) de l’ami du roi, Ali El Himma, pour former un gouvernement. «Tout sauf le PAM», a-t-il tranché.
    Cela dit, au-delà de cette première éruption du volcan islamiste au royaume, il faut noter l’échec cuisant des partis adoubés par Sa Majesté. Bien que certains d’entre eux aient grappillé quelques sièges supplémentaires, les premiers résultats les envoient tout droit vers… l’opposition.

    La vague verte

    Pourtant, ces huit partis, organisés au sein d’une «alliance pour la démocratie» appelée aussi «G8» n’ont pas lésiné sur les moyens durant la campagne, voire même en plein vote. Ainsi, le chef du Rassemblement national des indépendants – de leur volonté ! – Salah Eddine Mezouar a été pris la main dans le sac, à Meknès, alors qu’il distribuait de l’argent aux électeurs, d’après les responsables du PJD. Passons sur les transports collectifs auxquels ont eu recours les «huit» pour ramener les montagnards aux bureaux de vote non sans leur verser un petit pécule au sortir de l’isoloir. Un journaliste marocain raconte qu’un parti remettait 500 DH à chaque électeur devant le bureau et 500 autres une fois le vote accompli. Pour ce faire, l’électeur devait montrer une photo de son vote, prise avec un téléphone portable ! On racontera à l’envi ce genre de méthodes de corruption des électeurs utilisés par les partis «friqués», notamment en milieu rural. Mais au final, l’argent n’a pas suffi pour contenir la déferlante du PJD, décidé cette fois à prendre le pouvoir par les urnes, histoire de renvoyer l’écho à Ennahda en Tunisie.

    L’échec cuisant des partis du makhzen

    Les partis makhzeniens sont donc classés loin derrière, à l’image du RNI de Salah Eddine Mezouar qui arrive en 3e position avec 38 sièges, devant son alter ego au sein de l’Alliance pour la démocratie, le PAM de Ali El Himma, avec 33 sièges. Signe du déclin des partis taxés, à juste titre, de proches du palais, le RNI et le PAM réunis sont battus à plate couture par le PJD. Il est désormais presque sûr que le prochain chef du gouvernement marocain sera islamiste, car le titulaire de ce poste sera puisé des rangs du parti vainqueur, conformément à la réforme constitutionnelle de juillet dernier. Mais le dernier mot revient tout de même au roi, qui choisira la personne. Au quartier général du PJD, dans la cité résidentielle des Orangers, à Rabat, on pense que c’est l’ex-chef du parti, Saâd Eddine El Othmani, qui aura les faveurs du roi en raison de sa modération dans le discours. En revanche, l’actuel SG du PJD, Abdelilah Benkirane, est réputé être un dur, voire un radical aux entournures.

    Lui-même avait déclaré, il y a quelques jours, qu’il ne verrait pas d’un mauvais œil qu’un de ses lieutenants soit appelé à diriger le gouvernement. Mais en attendant, cap désormais sur les alliances. Et à ce jeu, le PJD ne fait pas mystère de ses préférences. Fidèle à Al Koutla dont il est proche, le parti islamiste a déjà tranché au profit de ce groupe politique dirigé par la formation de Abbas Al Fassi qui arrive en 2e position et les autres formations de gauche comme le Parti progressiste et social (PPS) et l’Union des forces populaire (USFP) cher à Abderahmane El Youssoufi. Pour autant, le PJD entend brasser très large en n’excluant aucune alliance, «sauf avec le PAM». Le Maroc se dirigerait alors vers un gouvernement d’union nationale, mais sous l’étendard islamiste du PJD.
    Eh oui, le drapeau rouge marocain a désormais viré au vert… 

     
    El Watan, 26/112011
  • Seif el-Islam Kadhafi, vendu par son guide

    Seif el-Islam Kadhafi, capturé le week-end dernier par des partisans du nouveau pouvoir, a été trahi par un nomade libyen, guide du désert, qui dit avoir été engagé pour faire passer le fils du colonel Kadhafi au Niger voisin. Ce nomade, Youssef Saleh al-Hotmani, explique qu’on lui avait promis un million d’euros s’il réussissait à faire passer Seif elIslam de l’autre côté de la frontière. «J’ai fait croire à Seif que je lui faisais confiance», a dit mardi le nomade à Zentane, la ville où Seif el-Islam a été transféré pour y être détenu au secret. 
    La nuit de la capture de Seif elIslam, Hotmani raconte qu’il circulait en compagnie de sa garde personnelle, dans la première voiture de leur convoi.
    L’embuscade a eu lieu non loin de la petite ville pétrolière d’Obar, dans les environs de l’oasis de Sebha (centre-ouest du pays). «Il avait été convenu avec les combattants (qui ont capturé Seif el-Islam) que le meilleur endroit pour tendre l’embuscade serait dans une zone 
    du désert cernée de hauteurs», raconte-t-il. 
    Dix combattants de Zentane, ville du Djebel Nefoussa, dans le nord-ouest de la Libye, et cinq membres de la tribu de Hotmani, les al-Hotman, attendaient le passage du convoi. «Seif a tenté de s’échapper en courant». 
    «Lorsque nous sommes arrivés, en pleine obscurité, les tirs ont été très précis, il n’a fallu que trente secondes pour se rendre maîtres du premier véhicule», poursuit le nomade, qui avait demandé aux hommes de Seif el-Islam de maintenir trois kilomètres entre leurs véhicules, afin de donner aux combattants le temps d’agir. «Quand le deuxième véhicule est arrivé, nous avons commencé à tirer avec une grande précision, pour endommager le véhicule et empêcher Seif de s’échapper», relate Hotmani. 
    Seif el-Islam, vêtu d’une longue djellaba et portant un large burnous, a bondi de la voiture et tenté de s’échapper en courant, mais il a été rattrapé, explique Hotmani. «Nous l’avons traité comme un prisonnier de guerre». 
    Ce nomade du Sahara n’a pas dit quand et comment il avait pris contact avec les combattants qui ont, grâce à lui, pu capturer Seif elIslam. «Je suis sûr et certain qu’ils (Seif et ses gardiens) comptaient me liquider lorsque nous aurions atteint la frontière. Ils avaient deux fusils, deux grenades, un couteau et des menottes. Ils étaient prêts à m’exécuter, au moindre doute», assure-t-il. 
    «Ils comptaient m’exécuter» 
    Les combattants du Conseil national de transition (CNT) qui ont arrêté le fils et ancien dauphin du colonel Kadhafi voient dans le nomade un «héros». 
    À bord du convoi des deux voitures, ils n’ont guère retrouvé que cinq mille dollars et Hotmani dit ne pas avoir reçu un centime du million d’euros qui lui était promis. «Je n’avais pas demandé à être payé à l’avance. Il n’y avait pas d’argent dans la voiture, ce qui prouve qu’ils comptaient bien m’exécuter à la frontière», estime-t-il. 
    Hotmani, qui dit parler plusieurs langues et avoir dirigé une petite agence de tourisme, explique qu’il avait été recruté comme guide du désert par le groupe comprenant Seif el Islam. «Seif croyait que j’ignorais qui il était. Personne ne m’avait dit qui c’était», raconte le nomade. «Seif rêvait de fuir la Libye pour y retourner par la suite», continue-t-il. 
    L’orient-le jour 
  • «Pousse-toi que je m’y mette» ?

    L’Algérie freine l’action sécuritaire dans la bande du Sahel, nous rapporte le plus sérieusement du monde un grande agence en voie de MAPemisation. Nous servir ce genre de sottise, c’est comme nous dire que la Tour Eiffel s’est coiffée d’un croissant et chantait Kassaman chaque shabbat dans la langue d’Ahmadinedjad. La même source a réussi le tour de force de faire dire à un tas de gens – il n’y manquait que le classique chauffeur de taxi – que c’est Alger qui empêche le système de défense des pays du champ de se mettre à l’aise. N’est-il pas réconfortant de voir d’honorables correspondants s’inquiéter du cas de notre région martyre, avec le même dévouement que celui de leur demi-compatriote BHL ? Sauf que les Algériens sont le contraire de BHL ; ils répugnent à jouer à Zorro dans le voisinage. Nos djounoud ne peuvent faire, par exemple, ce que font les héritiers de Bigeard. En aucun cas ils ne violeront le territoire d’un pays réputé souverain en l’absence de son président. Le «droit à l’ingérence» n’a pas la cote chez nous. La RADP a d’autres principes, d’autres valeurs, elle dont les lois interdisent formellement à ses ressortissants de s’impliquer dans les conflits armés hors de ses frontières. Mais, sait-on jamais, peut-être que la Constitution le permettra une fois amendée comme on l’envisage dans le cadre des réformes. Bizarrement on culpabilise les Algériens parce qu’ils refusent de faire ce qu’ils ne veulent pas qu’on leur fasse ! Mais quelles sont donc les forces qui gagneraient à disqualifier l’Algérie dans la zone sahélo-saharienne lorsque l’on sait que l’action commune des gouvernements des pays du champ gagne en harmonie ? Un diplomate présenté comme nigérien, anonyme bien sûr, nous met quand même sur une piste intéressante. «Nos Etats continueront à développer leurs relations sécuritaires, d’un côté avec l’Algérie, de l’autre avec d’autres pays, également incontournables, comme le Maroc et la France», disait-il. Bizarre, les Etats-Unis qui viennent d’abriter une rencontre sur le Sahel ne figurent pas parmi les «incontournables». Ce qui est assez significatif. Mais qui douterait vraiment des immenses efforts d’Alger pour sécuriser la région du Sahel, la développer et la tenir loin de la nocivité des BHL et autres visiteurs incongrus. M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 24/11/2011
  • Le Polisario dénonce le vote d’une motion sur le renouvellement de l’accord UE-Maroc

    BRUXELLES – Le Front Polisario a dénoncé le vote par la commission de la pêche du Parlement européen d’une motion en faveur du renouvellement de l’accord de pêche entre le Maroc et l’Union européenne (UE) pour une année permettant ainsi aux Européens de pêcher illégalement dans les eaux du Sahara occidental, indique un communiqué du ministre-délégué sahraoui pour l’Europe, Mohamed Sidati publié par l’agence de presse sahraouie (SPS).
    « Obéissant aux convoitises du lobby de pêche européen, la commission de la pêche de l’UE a adopté une position qui contredit les recommandations des commissions du budget et du développement de le rejeter ». Cette attitude constitue une évolution regrettable qui remet en cause la crédibilité de l’UE en tant que défenseur du droit international et des Droits de l’homme », a souligné le ministre sahraoui.
    Le responsable sahraoui a souhaité que le Parlement européen prenne « une position juste au moment du vote de l’accord les semaines à venir et qui met un terme au pillage des ressources naturelles sahraouies ».
    APS
  • Quand tombe le mur du Sahara occidental

    De notre bureau de Bruxelles, Aziouz Mokhtari

    Un mur de sables empêchant de s’approcher, d’entrevoir la dune. Poussière aveuglante puis, soudain, le mur, immense barbelé de deux mille sept cents kilomètres construit par le colonisateur, le Maroc. Il coupe le Sahara occidental en deux. Souffrances du peuple des Ténèbres.

    Hier, à Bruxelles, un colloque a parlé de cette ligne de la mort, de la honte, du désespoir… L’espace Marx, centre de Bruxelles, lieu culte du rassemblement, du colloque en Belgique, a abrité, hier, un cycle de conférences sur le mur du Sahara occidental. Vincent Chapeaux, chercheur en droit international à l’université libre de Bruxelles (ULP), Willy Meyar, eurodéputé espagnol, responsable de la revue Transform, et Hilt Teuwen, secrétaire général du Comité belge de soutien au peuple sahraoui, ont longuement évoqué le mur de la honte construit par le Maroc et qui coupe le Sahara occidental en deux. La plus riche, évidemment, dans l’escarcelle du Makhzen colonisateur. A l’époque, relevons-le, Hassan II avec l’expertise d’Israël a opté pour cette formule barbare pour se prémunir du harcèlement continu du Front Polisario. Les intervenants, journalistes, représentants d’associations et d’organisations de défense des droits de l’homme ainsi que les conférenciers ont mis en exergue le caractère sauvage mais surtout illégal au regard du droit international de la construction des murs de séparation, d’exclusion, d’apartheid. Ainsi en a-t-il été du mur de Berlin, tombé, démantelé. Ainsi en sera-t-il des murs restants, ceux séparant Ghaza et la Cisjordanie d’Israël et celui coupant le territoire sahraoui en deux. A la veille du congrès du Polisario (mi-décembre-Tifariti), d’éminents représentants des consciences universelles ont fait le bon choix de rappeler que le printemps arabe, si printemps arabe il y a, passe aussi par l’autodétermination du peuple sahraoui. L’espace Marx a martelé cela.

    Le Soir d’Algérie, 24/11/2011

  • Les révoltes arabes, passées et présentes

    Les Arabes se révoltent historiquement tous les dix ans contre les régnants, et l’Occident a soutenu la plupart des contre-révolutions.

    Les défis populaires actuels aux dictatures arabes soutenues par l’Occident sont loin d’être un phénomène nouveau dans l’histoire arabe contemporaine. Nous avons connu de telles insurrections contre le colonialisme européen dans la région depuis qu’il apparu en Algérie en 1830 et en Égypte en 1882. Les révoltes en Syrie dans les années mille-neuf-cent-vingt contre le joug français et surtout en Palestine de 1936 à 1939 contre le joug colonial britannique et le colonialisme sioniste de peuplement ont été massives, comparées au reste du monde. En fait, la révolte palestinienne en inspire bien d’autres dans le monde colonisé et continue d’influencer les Arabes pendant le restant du siècle et au-delà. La résistance anticoloniale, qui s’est opposée aussi aux régimes arabes mis en place par le colonialisme, s’est étendue à la Jordanie, l’Égypte, au Bahreïn, à l’Irak, aux Yémen du Nord et du Sud, à l’Oman, au Maroc et au Soudan. La révolte anticoloniale de masse en Algérie apportera finalement au pays, en 1962, son indépendance du colonialisme français. Avec la libération de l’Algérie, c’est l’une des deux colonies d’implantation européennes dans le monde arabe qui s’incline, il n’en reste alors qu’une seule : la Palestine. Sur le front territorial colonial, une grande partie du Golfe arabique reste occupée par les Britanniques jusque dans les années soixante et le début des années soixante-dix, et elle attend sa libération.

    Après la guerre de 1967

    Au milieu de la mélancolie qui domine et frappe le monde arabe après la défaite de 1967 suite aux invasions israéliennes simultanées de trois pays arabes et à l’occupation de leurs territoires et de la totalité de la Palestine, le défi lancé par la guérilla révolutionnaire palestinienne à la puissance coloniale d’Israël à la bataille de Karamah en mars 1968 permet à des dizaines de millions d’Arabes de renouer avec l’espoir et de relancer l’inquiétude des dictatures arabes néocoloniales (nonobstant la forte exagération du rôle d’Arafat durant la bataille). La révolution palestinienne est une source d’inspiration pour beaucoup, et elle coïncide également avec les efforts révolutionnaires non seulement dans le tiers monde en général mais aussi dans les pays arabes, efforts qui en retour vont inspirer les Palestiniens.

    Les meilleures nouvelles révolutionnaires anticoloniales dans le monde arabe après la défaite de juin 1967 vont venir de la péninsule Arabique. C’est en novembre 1967 que les révolutionnaires du Yémen du Sud infligent une défaite honteuse aux Britanniques et libèrent leur pays du joug de la Grande-Bretagne coloniale, laquelle gouverne à Aden depuis 1838. Les Yéménites du Sud fondent bientôt la République démocratique populaire du Yémen, qui durera 22 ans, avant d’être dissoute définitivement par le Yémen du Nord et ses alliés saoudiens.

    Dans l’Oman voisin, le combat en cours pour libérer le pays entre dans une nouvelle phase de guérilla sous la direction du Front populaire pour la libération d’Oman et du Golfe arabique (le PFLOAG), qui est unifié en septembre 1968 dans le cadre de l’unification plus large d’un certain nombre de groupes de guérilla omanais qui combattent le sultan Said bin Taymour, soutenu par les Britanniques. Le PFLOAG libère le territoire du Dhofar (sud du sultanat d’Oman) d’où il continue de lancer des attaques pour libérer le reste du pays. En effet, les mouvements de libération nationale sont actifs dans tout le Golfe, et il n’en va pas moins au Bahreïn où une lutte de libération nationale est en cours, avec des mouvements de travailleurs, d’étudiants et de femmes militantes unis contre la domination coloniale britannique et ses valets locaux.

    La répression

    Mais l’alliance américano-britannico-israélo-saoudienne est déterminée à écraser tous les groupes révolutionnaires qu’elle peut écraser, et à récupérer ceux qui lui résistent. Son effort se déploie d’abord dans le Golfe. Bahreïn, qui fut le foyer des travailleurs et de troubles anticoloniaux pendant des décennies, poursuit son combat contre la domination britannique et la famille régnante du Bahreïn alliée au colonialisme britannique. Mais comme les Britanniques ont été chassés hors du Yémen du Sud et que la menace contre leur client omanais se confirme, ils déplacent leur commandement militaire au Bahreïn, une étape suivie d’investissements de capitaux britanniques massifs dans le pays (de même qu’à Dubaï). Ces développements entraînent, comme on pouvait s’y attendre, plus de répressions contre le peuple bahreïnien et leur mouvement de libération nationale. En effet, c’est dans ce contexte que le Shah d’Iran affiche ses revendications territoriales sur le Bahreïn et menace de l’annexer à l’Iran comme sa « quatorzième province ». Ses ambitions territoriales ne sont tempérées par ses alliés occidentaux et les Nations-Unies qu’en 1970, une fois que le Shah aura renoncé à ses prétentions en échange de massifs investissements de capitaux iraniens dans les petits pays arabes émergeants du Golfe, notamment aux Émirats arabes unis. L’Occident est reconnaissant au Shah pour sa magnanimité, et il va continuer de le récompenser, diplomatiquement et politiquement.

    Sur le front jordanien, l’armée du roi Hussein met un coup d’arrêt aux triomphes des guérilleros palestiniens et les écrase lors d’une agression de grande envergure, en septembre 1970. Les guérilleros de l’OLP sont finalement tous expulsés du pays en juillet 1971. Cependant, ils conservent une base solide au Liban, d’où ils peuvent continuer leurs actions contre Israël et les dictatures arabes.

    Au Soudan, le parti communiste continue de se renforcer à la fin des années soixante et jusqu’à l’arrivée au pouvoir en 1969 de Ja’far al-Numeiry qui, au début, ne parvient pas à marginaliser totalement les communistes et doit attendre d’avoir renforcé son régime, en 1971, pour y réussir. Leur tentative de coup d’État contre son régime autoritaire échoue. Aussitôt, dans une rafle il arrête des milliers de communistes et fait exécuter tous les principaux dirigeants du parti, liquidant le plus grand parti communiste du monde arabe. La dictature de Numeiry dure jusqu’en 1985, où l’échec alors de l’opposition démocratique permet au candidat Omar al-Bashir, soutenu par les Saoudiens, de prendre le pouvoir en 1989 et de continuer sur la lancée de Numeiry.

    Seul, le PFLOAG continue de progresser au début des années soixante-dix, obligeant l’alliance USA-Royaume-Uni-Arabie saoudite à un effort très important pour le vaincre. Le Shah d’Iran et le roi jordanien sont mis à contribution dans cet effort. Ils dépêchent des contingents militaires à Oman et, encouragés par les conseillers britanniques, réussissent finalement à battre les guérilleros et à préserver le trône du sultan Qabus, fils du sultan Said qui avait renversé son père lors d’une révolution de palais, en 1970, organisée par les Britanniques. Après la défaite ultime des révolutionnaires omanais en 1976, l’OLP reste le seul groupe révolutionnaire survivant à l’agression, aux côtés d’un Yémen du Sud pauvre et faible qui finit lui-même par être englouti par le Yémen du Nord soutenu par les Saoudiens.

    La récupération

    L’argent des Saoudiens, et d’autres, dans le Golfe afflue dans les coffres de l’OLP pour s’assurer que le révolutionnarisme palestinien, en partie défait en Jordanie, ne retournera jamais plus ses fusils contre un autre régime arabe. Et effectivement, l’argent du Golfe transforme l’OLP en un groupe de libération financé par les régimes les plus réactionnaires du tiers monde. Le chemin d’Arafat vers Oslo commence après la guerre de 1973 et le financement massif qu’alors il reçoit de toutes les dictatures arabes riches en pétrole, de Kadhafi à Saddam Hussein en passant par toutes les monarchies du Golfe. C’est cette récupération de l’OLP qui va pousser les régimes arabes à la reconnaître en 1974, comme seul représentant légitime du peuple palestinien, et c’est la principale raison qui les amène à appuyer sa reconnaissance à l’ONU, la même année. En effet, l’alliance réactionnaire d’Arafat avec les dictateurs arabes est telle que des services de renseignements de l’OLP se mettent à partager leurs informations sur les dissidents arabes avec les dictatures arabes, notamment le service de renseignements de l’OLP dirigé par Abu Za’im qui livre le dissident saoudien Nasir Sa’id en décembre 1979 aux Renseignements saoudiens, sur requête de l’ambassadeur saoudien au Liban. On n’entendra plus parler de Said et on pense qu’il a été exécuté par les autorités saoudiennes. Sur le front diplomatique et de la solidarité, en 1976, le Front Polisario proclame l’indépendance du Sahara occidental, mais Arafat refuse de reconnaître cet État par égard à son alliance avec le roi Hassan II.

    Les nouveaux soulèvements

    Les groupes révolutionnaires palestiniens sont les seuls à ne pas être totalement récupérés, et bien qu’ils soient devenus suffisamment cooptés aux yeux des régimes arabes, pour les USA et les autres puissances impériales, c’est du peuple palestinien lui-même qui se révolte en 1987 contre son occupant israélien que va venir le nouveau défi.

    C’est cette deuxième révolte majeure palestinienne en un demi-siècle, que beaucoup voient maintenant comme la source d’inspiration des soulèvements en cours dans le monde arabe, qu’il va leur falloir écraser. Les Israéliens font tout ce qu’ils peuvent pour cela, mais ils échouent. L’OLP en prend rapidement la direction de peur qu’une nouvelle direction palestinienne ne supplante sa propre autorité dans la représentation des Palestiniens. L’OLP reprenant l’Intifada, les efforts des Israéliens et des Américains vont récupérer finalement l’OLP tout en neutralisant ses capacités à contrecarrer la politique US et israélienne dans la région. C’est dans ce contexte que sont signés les Accords d’Oslo et que l’OLP, de menace pour les dictatures arabes, pour leur commanditaire impérial américain et pour l’occupation israélienne, elle devient un agent des trois, sous le couvert d’Autorité palestinienne (AP), une autorité qui aide au renforcement de l’occupation israélienne et à une alliance impie avec les dictatures du Golfe et les États-Unis. Dès lors, les armes de l’OLP/AP ne sont plus dirigées que contre le peuple palestinien.

    L’alliance des Américains, Britanniques, Saoudiens et Israéliens dans la région relève aujourd’hui des mêmes stratégies qu’à la fin des années soixante et début des années soixante-dix, et garde la stratégie qu’ils ont adoptée avec l’OLP au début des années quatre-vingt-dix. Ils écrasent tous les soulèvements qu’ils peuvent écraser, et ceux qui leur résistent, ils les récupèrent. Leurs actions pour coopter totalement les insurrections tunisienne et égyptienne ont fait de grandes avancées au cours des derniers mois, même s’ils n’ont pas réussi à réduire les populations au silence ou à les démobiliser. D’un autre côté, le soulèvement au Bahreïn était le premier qu’il leur fallait écraser avec celui des Yéménites qui continuaient la lutte sans répit. En Libye et en Syrie, ils ont totalement détourné les orientations du soulèvement et en ont pris la direction. Même si les Syriens, comme les Libyens avant eux, continuent leur courageux soulèvement contre leur régime brutal, exigeant la démocratie et la justice sociale, leur quête est d’ores et déjà vouée à l’échec, à moins qu’ils soient en capacité de déloger l’axe US-GB-Arabie saoudite-Qatar qui a totalement récupéré leur lutte – ce qui est très peu probable.

    Les Palestiniens

    Ceci nous ramène à la scène palestinienne. Le soulèvement palestinien, ou Intifada, de 1987 est la première révolte civile massive non armée depuis des décennies. C’est à la suite de l’effondrement de l’Union soviétique et de la première invasion américaine dans le Golfe que les États-Unis décident de récupérer le soulèvement palestinien en accordant des avantages politiques et financiers à la classe de bureaucrates de l’OLP, lesquels vont saboter le combat palestinien. Ainsi à Oslo, en 1993, Arafat va neutraliser le soulèvement et se faire inviter à dîner à la table des dirigeants américains et israéliens pendant que son peuple reste sous occupation.

    Mais si les Palestiniens ont bien été une source de préoccupation pour les régimes arabes après 1968 dans la crainte de les voir aider d’autres révoltes arabes contre leurs dictatures, aujourd’hui, c’est l’Autorité palestinienne qui s’inquiète des soulèvements arabes qui peuvent influencer les Palestiniens de Cisjordanie à se révolter contre elle alors qu’elle poursuit sa collaboration intensive sur la sécurité avec l’occupant israélien et son mécène américain. En effet, si les Israéliens ont échoué à la fin des années soixante-dix dans leurs tentatives de créer un organisme politique de collaborateurs palestiniens par le biais de leurs tristement célèbres Ligues du village, l’AP est devenue, non pas une nouvelle « Ligue urbaine » comme bien des Palestiniens l’ont surnommée, mais une véritable Ligue nationale de collaborateurs au service de l’occupation israélienne. La récente candidature de l’AP pour un État et sa reconnaissance aux Nations-Unies et à l’UNESCO est une tentative de réponse à l’actuelle stagnation de son « processus de paix » inexistant et de ses négociations entêtées avec les Israéliens, avant que les Palestiniens se révoltent contre elle, surtout compte tenu des avantages qui se restreignent pour ceux qui ont profité de l’arrangement d’Oslo.

    L’AP avait en effet le choix entre deux directions, face à l’effondrement du soi-disant « processus de paix » : ou s’auto-dissoudre et cesser de jouer le rôle d’exécutant de l’occupation ; ou poursuivre sa collaboration en se retranchant davantage derrière des reconnaissances par les institutions internationales pour préserver son pouvoir et les avantages pour ses membres. Elle a choisi la seconde option sous le couvert de soutenir l’indépendance nationale palestinienne. Comment elle va réussir en restant dans son retranchement avec les candidatures, cela reste à voir, mais qu’elle réussite ou qu’elle échoue, ce sera de toute façon désastreux pour le peuple palestinien qui n’obtiendra aucune indépendance du colonialisme israélien aussi longtemps que l’AP tiendra la barre.

    Comme je l’ai déjà soutenu, le désaccord Israël/USA/Autorité palestinienne repose sur les conditions et la dimension territoriale des bantoustans déconnectés qui seront accordés à l’AP, et sur la nature et l’importance du pouvoir répressif et de l’armement qu’auront ses forces de police pour les utiliser contre le peuple palestinien, tout en s’assurant que de telles armes ne puissent être jamais utilisées contre Israël. Si Israël fait montre d’une certaine souplesse sur ces questions, c’est que les bantoustans déconnectés les uns des autres vont très vite être reconnus comme l’« État palestinien souverain » et que pas un seul colon juif illégal n’aura à abandonner la terre volée aux Palestiniens et à retourner à Brooklyn, pour ne citer qu’une seule origine de tous ces colons juifs colonisateurs. C’est cet arrangement que l’AP tente de vendre à Israël et aux États-Unis. Sans lui, l’AP craint que les Cisjordaniens ne se révoltent contre elle, ce qui serait mauvais pour Israël et les USA. Jusqu’à présent, ni les USA, ni Israël n’ont acheté.

    La lutte continue

    S’agissant du contexte arabe plus large, ceux qui considèrent ce qui s’est passé dans le monde arabe pendant l’année écoulée comme un « réveil » arabe ne sont pas seulement des ignorants de l’histoire du siècle dernier, ils développent aussi des arguments orientalistes, représentant les Arabes comme un peuple au repos qui a supporté les dictatures pendant des décennies et qui finalement émerge de sa torpeur. Partout dans le monde arabe, les Arabes se sont révoltés contre la tyrannie, coloniale et locale, chaque décennie depuis la Première Guerre mondiale. Ce sont les puissances coloniales européennes et leurs héritiers, les Américains qui, à chaque étape, se sont mis en travers du chemin et se sont alliés avec les dictatures locales et leurs familles (et dans de nombreux cas, ont choisi de tels dictateurs pour les mettre sur le trône).

    Le parrainage US/UE des contre-révolutions en cours dans le monde arabe aujourd’hui est une continuation d’une tradition impériale de longue date, mais il prolonge aussi la résistance arabe à l’impérialisme et à la tyrannie intérieure. Les insurrections qui ont commencé en Tunisie en décembre 2010 continuent en dépit de revers importants pour tous. Cela ne veut pas dire que les choses n’ont pas changé et qu’elles ne sont pas en train de changer de façon significative, cela veut dire néanmoins que beaucoup de ces changements sont réversibles et que la contre-révolution a en déjà inversé une part importante, et qu’elle travaille dur pour en inverser davantage encore. La vigilance est un impératif pour ceux qui se battent pour un changement démocratique et la justice sociale, surtout en ces temps de bouleversements et de mobilisation impériale intense. Certaines batailles peuvent être perdues, mais la guerre des peuples arabes contre l’impérialisme et pour la démocratie continue dans tout le monde arabe.

    * Joseph Massad est professeur associé de politique arabe et d’histoire intellectuelle à l’Université de Columbia. Son dernier livre s’intitule : The Persistence of the Palestinian Question ; Essays on Zionism and the Palestinians – Version française : La persistance de la question palestinienne.

    Du même auteur :

    C’est Israël, le danger… pas l’Iran ! – 14 novembre 2011
    Les droits d’Israël – 10 mai 2011
    Le sectarisme et ses mécontentements – 13 janvier 2011
    Résister à la Nakba – 22 mai 2010
    Oslo et la fin de l’indépendance palestinienne – 1er février 2010
    Le soulèvement du Ghetto de Gaza – 6 janvier 2009
    Renverser la démocratie – 7 juillet 2007
    Le droit d’Israël d’être raciste – 18 mars 2007

    New York, le 18 novembre 2011 – Al Jazeera – traduction : JPP

    OUMMA.COM, 24/11/2011
  • La politique de la main tendue entre le Maroc et l’Algérie

    Dans ce pas de deux maghrébin esquissé sur la scène diplomatique de la décrispation, la main tendue du roi Mohammed VI a incité, moins de deux semaines après, le président Bouteflika à lui tendre la sienne, le Maroc et l’Algérie affichant leur volonté commune de consolider leurs relations, main dans la main.

    Résolument tournée vers un avenir plus radieux, sous le signe de la « coopération, de la solidarité, et du bon voisinage », la gestuelle d’ouverture qui a rapproché le monarque marocain du chef d’Etat algérien s’est traduite par d’harmonieuses déclarations, chacun se faisant écho dans le souhait de voir éclore un Maghreb renforcé et unifié.

    Faire table rase du passé pour écrire, à deux mains, une nouvelle page dans les relations entre les deux pays, telle fut la teneur des appels lancés par les protagonistes de l’apaisement, Mohammed VI évoquant, lors de son discours du 36e anniversaire de la Marche verte, la construction d’un « Maghreb nouveau », quand Abdelaziz Bouteflika réitéra, dans son message adressé au souverain marocain à l’occasion du 56e anniversaire de l’indépendance du royaume, son désir d’œuvrer au « raffermissement des relations de fraternité et de coopération entre nos deux pays et peuples frères au mieux de nos intérêts mutuels ».

    La politique de la main tendue scellera-t-elle le pacte de la coopération bilatérale, relancée depuis plusieurs mois, notamment sur le plan énergétique et agricole ? Au-delà des belles paroles, qui ont souvent une fâcheuse tendance à s’envoler, c’est une aspiration que semblent partager avec la même ardeur les deux puissances limitrophes, qui seront peut-être demain les meilleurs voisins du monde…

    Ainsi, en marge du 4e Forum turco-arabe de coopération et de la réunion extraordinaire de la Ligue arabe sur la Syrie, le 16 novembre dernier, à Rabat, les chefs de la diplomatie marocaine et algérienne ont exhorté à « la relance de la coopération maghrébine » en convoquant une réunion d’urgence du Conseil des ministres de l’Union du Maghreb arabe.

    OUMMA.COM, 23/11/2011