Mois : septembre 2011

  • Digne de la Mamounia

    Aujourd’hui s’ouvre à Alger la «Conférence sur le partenariat, la sécurité et le développement entre les pays du champ (Algérie, Mali, Mauritanie et Niger) et les partenaires extrarégionaux». Une dénomination qui montre clairement qui est qui et qui vous amène à conclure, si vous êtes normaux, que le Maroc et la Tunisie ne font pas partie des «pays du champ». Mais chez nous où il n’y a de normal que l’essence de chez Naftal, il s’en trouve des sources qui nous abreuvent d’infos aussi incontestables que la semelle des savates qu’on nous ramène de Chine. 
    Voyons voir : «de source proche des organisateurs de la Conférence (…) nous apprenons que la coalition algéro-sahélienne sera ouverte à la Tunisie et au Maroc…», pouvait-on lire hier dans un quotidien national qu’on aurait facilement pu prendre pour marocain. Car tout donne à penser que l’article découle d’une pure propagande makhzenienne distillée par une plume inspirée après un voluptueux passage dans les mahshasha de la Mamounia. «Il n’est pas envisageable que Rabat et Tunis restent loin de cette coalition, qui est celle de tous les Etats membres…», écrit encore le journal sous la dictée d’une source qui apparemment n’a pas fait, elle non plus, ses ablutions, comme pourrait dire Abdelaziz Belkhadem. Bliss Henri Levy ne ferait pas mieux ! 
    En vérité, le royaume de Shamharoush n’a pas de sahara  (le Sahara Occidental  etant propriete des sahraouis, ndlr) et n’est pas sahélien, il ne peut donc prétendre à figurer parmi les membres des «pays du champ». Et puis, lui-même, n’a-t-il pas terrorisé tous ses mitoyens, de l’Espagne au Mali, sans oublier l’Algérie et la Mauritanie ? Mais s’il tient comme il le dit à combattre le terrorisme, il pourra toujours postuler au forum qu’on compte créer à cet effet, dans deux semaines à New York. En revanche, les «pays du champ» verraient d’un très bon œil une Libye réconciliée avec elle-même les rejoindre, la lutte contre le terrorisme n’étant pas strictement militaire mais comprenant également le volet socio-économique que notre propre expérience classe comme déterminant. «La Libye a sa place dans le cadre de la lutte contre le terrorisme et le crime organisé. Elle est une partie intégrante des forces de la coalition présidée par l’Algérie», disait récemment Messahel, une source responsable qui, elle, doit certainement faire ses ablutations.
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
  • 20eme anniversaire de la MINURSO : le double moral de l’ONU

    Depuis la fin de la guerre froide, le Conseil de sécurité a lié le respect des droits humains au maintien de la paix et la sécurité. Un exemple récent est la résolution autorisant l’OTAN à intervenir pour faire respecter le blocus aérien face a la « violation grave et systématique des droits humains, y compris la répression de manifestants pacifiques. » Adoptée en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies, la résolution souligne «la nécessité de respecter la liberté de réunion pacifique et d’expression, y compris la liberté des médias», demande que «des mesures soient prises pour répondre aux demandes légitimes de la population » et a exhorté les autorités libyennes à « permettre un l’accès immédiat des observateurs internationaux des droits humains  » et  » lever immédiatement les restrictions sur les médias de toutes sortes ». Le fait que le Conseil de sécurité refuse d’imposer le respect des droits humains dans le territoire du Sahara occidental et ne traite pas avec le même barème appliqué en Libye, est une exception qui compromet sérieusement sa crédibilité et donc sa capacité à maintenir la paix et la sécurité dans la région.

    En 2006, le Haut Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme (HCDH) a conclu dans un rapport confidentiel divulgué à la presse que la plupart des violations des droits humains découle de l’absence de réalisation du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui. En vue d’une promesse de référendum non tenue, de l’inviabilité de la lutte armée et le manque de succès des initiatives diplomatiques, la défense du droit à l’autodétermination est devenu un axe important des campagnes des activistes sahraouis sur la base de l’article 1 des deux Pactes internationaux relatifs aux droits de l’homme, adoptés par l’Assemblée générale des Nations Unies en Décembre 1966.

    Pour réprimer leurs activités et intimider les citoyens sahraouis, les autorités marocaines ont utilisé des lois qui interdisent les attaques contre «l’intégrité territoriale» du Maroc, ce qui a conduit à des violations des droits d’expression, d’association et de réunion, ainsi que des procès sans garanties judiciaires, abus, tortures et violences policières. Le Maroc a également imposé des restrictions sur les médias et des observateurs internationaux ont été expulses, menaces et ont été même victimes de tentatives de viol. Dans un rapport de 2008, Human Rights Watch (HRW) a conclu que les limites aux avances que le Maroc a fait depuis les années 90 en matière de droits humains se manifestent dans la répression des positions contraires à la thèse que le Sahara occidental fait partie Maroc.

    Dans une lettre au « Groupe d’ Amis« , envoyé en Juin 2010 et divulguée plus tard à la presse, l’envoyé personnel du secrétaire général pour le Sahara occidental, Christopher Ross, fait allusion à sa frustration face à l’attitude du Maroc et de l’absence de progrès et a demandé du soutien pour sortit de l’impasse.

    Christopher Ross lui-même a averti que sans davantage de volonté politique, poursuivre les pourparlers ne servira qu’ à discréditer l’ONU. Les manifestations organisées par le camp de Gdaym Izik et les demandes véhémentes des droits économiques, sociales, civiles et politiques provenant du Sahara occidental et d’une grande partie du monde arabe montrent que pour atteindre une paix durable et une stabilité régionale, toute solution politique doit inclure le respect des droits humains.

    Dans un rapport avec de nombreuses lacunes, en avril 2011, le Secrétaire général reconnaît le devoir de l’ONU de promouvoir les normes des droits humains dans toutes ses opérations et le Conseil de sécurité a renouvelé pour une autre année le mandat de la mission onusienne pour le Référendum au Sahara Occidental (MINURSO), soulignant «l’importance de faire des progrès sur la dimension humaine comme un moyen de promouvoir la transparence et la confiance mutuelle. » Toutefois, les mesures qui sont actuellement limitées à faciliter les rencontres entre les camps sahraouis de Tindouf et leurs proches au Sahara occidental pour des raisons humanitaires. Un mécanisme efficace de surveillance des droits humains pourrait améliorer le bien-être de la population en construisant la confiance entre les parties au conflit. Ainsi, une plus grande liberté d’expression, de réunion et d’association pourrait ouvrir des espaces pour un débat serein sur les différentes options pour l’avenir sans crainte de représailles, la création d’un climat de confiance propice au dialogue.

    Peut-être que le Secrétaire général a l’intention de projeter une image d’impartialité. Toutefois, depuis le rapport Brahimi (2000), l’impartialité dans les opérations de paix n’est pas vue comme neutre, mais comme l’adhésion aux principes de la Charte des Nations Unies, y compris le respect des droits humains.
    Un plus grand engagement pour les droits humains serait compatible avec la responsabilité spéciale de l’ONU envers la population d’un territoire non-autonome, après le retrait unilatéral de l’Espagne en tant que puissance administratrice en 1976, este devenue de facto sans les protections conférée par l’article 73 de la Charte des Nations Unies.

    Ban Ki-moon, en suivant les instructions en français est manifeste indiquant la participation du génocide chaque fois qu’il refuse de demander le respect des droits de l’homme au Sahara.

    Si le Maroc compte avec puissants alliés comme la France qui a déclaré une guerre ouverte contre le peuple sahraoui, la résistance populaire au Sahara occidental est soutenue par l’Etat le plus puissant en Afrique du Nord, l’Algérie. La République sahraouie en exil est reconnue par l’Union africaine comme le gouvernement légitime du Sahara occidental. Et le Front Polisario reçoit un soutien important des principaux pays du G77 et de militants de la société civile transnationale.

  • Leur «humanisme» et le nôtre

    Comme pour la définition du terrorisme,s les pays occidentaux de la «communauté internationale» diffèrent désormais avec nous dans la question humaine. Nous avons pris du retard et il nous devient pratiquement impossible de combler l’écart. On ne saura jamais pratiquer des «bombardements humanitaires», le dernier titre accolé aux razzias des temps modernes. Et lorsque les capitales de la «communauté internationale» se félicitent de ces bombardements aussi meurtriers que destructeurs dans la Libye martyre, on s’en prend à l’Algérie pour avoir secouru des voisins qui fuyaient leur pays en raison du sort pas très humanitaire qu’on leur réservait. On n’aime pas Hannibal et le Jeune Indépendant n’avait pas hésité à lui assener ses verités lors de ses turpitudes en Suisse, mais nous sommes Algériens et musulmans. Nous ne pouvons refuser ni l’hospitalité ni l’aman aux fugitifs d’un pays qui s’est toujours tenu à nos côtés, lorsqu’ils en font la demande. Les troupes du CNT oseraient-elles un quelconque reproche si l’on inversait les rôles et que demain la famille Abdeljalil se pointait en difficulté à Debdeb ? Le monde est témoin que les Algériens n’accueillent pas les Libyens pour 35 % de leur pétrole, comme ils n’accueillent les centaines de Touaregs libyens qui affluent vers nos frontières que pour les soustraire à la vengeance et aux liquidations physiques qui leur sont promises. Dès le début des hostilités, l’Algérie avait ouvert son territoire et offert l’asile à toutes les personnes, libyennes et autres, qui fuyaient la guerre. Sans demander à quel camp elles appartenaient ! L’Algérie a-t-elle exigé quoi que ce soit des quelque 160 mille Sahraouis en contrepartie de l’asile qu’elle leur offre depuis l’envahissement de leur pays par les forces marocaines en 1975 ? Est-ce l’Algérie qui met son veto à la protection des droits humains au Sahara occidental, alors qu’on les viole régulièrement et que tout le monde le sait, y compris Ban Ki-moon et encore mieux, Sarkozy ?
    L’Algérie dit tenir à l’application scrupuleuse des résolutions onusiennes. C’est bien, mais il faut que nos dirigeants se rendent compte qu’il arrive que ces résolutions traduisent parfois fidèlement une sentence de l’imam Ali : «Kalimat haq ourida biha baatil (un mot juste qui vise un objectif injuste)». 
    M. Z.
    mohamed_zaaf@yahoo.fr