Mois : septembre 2011

  • Démocratie au Maroc selon André Azoulay : Tout et son contraire

    Mais pourquoi donc le régime se préoccupe-t-il, à ce point, d’organiser à tour de bras colloques, congrès, symposiums ou conférences où viennent, comme de bien entendu, s’exprimer des « compétences », sur la démocratie, la bonne gouvernance, l’Etat de droit ou encore, comme ce dimanche 18 septembre, à Chichaoua, sur « L’identité marocaine: la richesse et la pluralité, base de la cohésion communautaire » ?
     

    Pourquoi ce besoin suspect, de mettre en lumière, voire encenser, notre système politique et sa propension supposée aux exercices vertueux ?
    On imagine mal de telles réunions se tenir en  démocratie.

    L’invité de marque à ce cette rencontre, André Azoulay, le conseiller du roi, est venu discourir sur la tendance du Maroc à « préserver son identité et son unité nationale entre les différentes composantes de la société et les différentes tendances culturelles, ethniques et religieuses, comme il a réussi à consacrer les valeurs de coexistence et de tolérance ».
     
    Il a simplement omis  de préciser que la veille, à Rabat,  le gérant du café où se déroulait la réunion de CAPDEMA, avait sommé, sous la contrainte des autorités,  les intervenants, d’évacuer  les lieux en catastrophe. L’invité de cette conférence n’était  autre qu’Ahmed Assid, membre de l’Institut Royal de la Culture Amazigh, venu débattre des enjeux des lois organiques, relatives à l’Amazigh, prévues par la nouvelle constitution.
    Il n’était, tout d’un coup, plus question d’identité marocaine, de démocratie ou de pluralité, mais d’exclusion, de menaces et de coercition.  
    On l’aura compris, le pouvoir confisque, à son profit, jusqu’au droit à la parole et ne tolère que passablement les initiatives citoyennes, susceptibles de déboucher sur des propositions, pour faire avancer les affaires de la démocratie.
    A contrario, il affiche sa nette préférence pour les rencontres,  aussi dispendieuses  que superflues où les participants dissertent sur la tolérance, la pluralité et toutes ces choses qui relèvent des langues étrangères, sinon étranges, dans le « plus beau pays du monde ».
    Au cours de cette caricature de rencontre, Azoulay qui n’aura pas manqué de subir le traditionnel assaut d’amabilités et de compliments,  de la part de ses pairs,  a souligné que le Royaume du Maroc « tirait sa force de la richesse du pluralisme, ce qui lui vaut respect et considération à l’étranger. »
    L’éditorial du Matin du Sahara n’aurait pas fait mieux !
    Enfin, le conseiller qui, pour mieux énoncer ses platitudes, les illustre en évoquant  « les échanges entre les tribus arabes, berbères, juives et sahraouies, de nature à conforter l’identité nationale et de la préserver », a seulement oublié  de mentionner les tourments et le mépris en lesquels le régime continue de tenir des populations entières, réduites à la misère et soumises à des fonctionnaires du makhzen brutaux, corrompus  et qui participent du maintien de cette dictature supplétive du colonialisme.
    Le même jour, comme un pied de nez à ce déploiement d’hypocrisie, un troisième parti politique marocain, après le Parti de l’Avant-garde démocratique et socialiste (PADS) et la Voie démocratique, deux partis d’extrême-gauche, le Parti Socialiste Unifié (PSU), annonçait sa décision de boycotter les prochaines élections.
    Bien entendu, comme n’aurait pas manqué de dire De Gaulle, Azoulay et ses semblables peuvent sauter sur leur chaise, comme des cabris, en disant l’identité marocaine ! L’Identité marocaine ! L’Identité marocaine !mais cela n’aboutit à rien et cela ne signifie rien tant qu’une véritable démocratie n’aura pas pris place au Maroc.  
    Et ce ne sont pas les laudateurs qui étaient en congrès, ce dimanche, à Chichaoua, qui vont y contribuer.
    Par Salah Elayoubi
    musique.arabe, 20/09/2011 
  • RASD : Retrouvailles sahraouies à Madère

    Les Sahraouis se sont retrouvés dans une démarche originale à Madère, au Portugal. Une fois n’est pas coutume, l’objet de ces retrouvailles qui sont supervisées par le Haut Commissariat aux Réfugiés (HCR) , est au delà de leur lutte jamais démentie pour l’indépendance, leur farouche préservation de la culture Hassanya, que le Maroc n’a jamais réussie à éradiquer. 
     
    Pour cette rencontre, dont la portée symbolique est indéniable puisqu’elle permet aux Sahraouis vivant dans les territoires sahraouis occupés par le Maroc de se retrouver. Le HCR a inclu cette démarche dans le cadre de mesures de rétablissement de la confiance entre les deux parties, décidées lors des rounds de négociations directes Polisario-Maroc. 
     
    Le choix est d’autant plus pertinent que ce programme s’inscrit en droite ligne des résolutions adoptées par le Conseil de sécurité des Nations unies. Ce sont 34 Sahraouis, venant à la fois des camps de refugiés sahraouis et des territoires sahrouis occupés par le Maroc qui se sont réunis quatre jours durant, depuis le 14 septembre dans l’archipel portugais. L’objectif de cette rencontre à fort cachet culturel et humanitaire, est de sensibiliser et de renforcer les mesures de confiance. Outre cette rencontre, le programme de rétablissement de la confiance comporte d’autres mesures. La plus emblématique est l’opération d’échange de visites entre les membres des mêmes familles séparées. Une consolation provisoire pour les Sahraouis, frustrés de voir les pourparlers sur l’avenir du Sahara tourner en rond. 
     
    Pour l’Envoyé special du Secrétaire général de l’ONU, pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, l’élargissement des mesures de confiance au volet culturel constituent une priorité, qu’il aurait à maintes fois réitérées aux parties au sein des négociations informelles qui se poursuivent épisodiquement mais régulièrement à Manhasset. La démarche est d’autant plus importante que l’experte indépendante des Nations unies dans le domaine des droits culturels, Farida Shaheed, a exhorté le gouvernement marocain à respecter les droits culturels du peuple du Sahara Occidental, dénonçant les mesures coercitives menées contre la promotion de l’héritage culturel des Sahraouis, a indiqué l’ONU. La représentante de l’ONU a fait ce constat à l’issue d’une visite effectuée au Maroc et au Sahara Occidental afin d’évaluer les efforts fournis par les autorités marocaines pour promouvoir et protéger les droits culturels et pour identifier les meilleures pratiques ainsi que les obstacles dans leur réalisation. 
     
    «J’ai également visité le Sahara Occidental où j’ai fait la connaissance d’une multitude de festivals qui promeuvent l’héritage culturel de la région», a souligné Farida Shaheed. Cependant, a-t-elle regretté, «certains musiciens sahraouis ont été empêchés de participer à ces festivals en raison du contenu spécifique de leurs spectacles ou performances.Certains ont également été empêchés de citer des noms sahraouis». En conséquence, a recommandé la représentante de l’ONU, «les mesures qui empêchent ou limitent les droits culturels de la population du Sahara Occidental devraient être révoquées immédiatement» par le gouvernement marocain. En outre, elle a insisté pour souligner que «pour assurer le respect des droits culturels pour tous, il faut garantir la protection des droits de l’Homme par des cadres juridiques».

    M. B.
    Le Courrier d’Algérie, 20 septembre 2011

  • L’UE paye le Maroc pour pouvoir pêcher au Sahara Occidental occupé

    En juillet et août 2011, il y a eu une très forte activité de pêche dans les eaux du Sahara Occidental, en particulier dans les environs de Dajla (Al Dakhla).
    Rien que pendant la période du 15 au 20 août, au moins 28 navires pêchaient dans un rayon de 50 milles nautiques autour de Dajla. Les plus nombreux étaient de nationalité russe (8 navires), puis marocaine (7), et Belize (4). Trois bateaux immatriculés dans des états membres de l’UE.
    Les navires russes et européens étaient des chalutiers pélagiques de très grande taille : de 88 à 120 m (longueur moyenne de 109 m). Ces chalutiers-pélagiques peuvent capturer plusieurs milliers de tonnes de poissons en 24 heures !
    L’Union Européen, porte-drapeau de la pêche illégale dans le monde (1), étaient représentée par 3 chalutiers :
    – Helen Mary (116 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique allemand Helen-Mary (IMO = 9126364)
    – Dirk-Dieterik (110 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique hollandais Dirk-Dieterik (IMO = 8918318)
    – Stende (104 m de longueur) : Le grand chalutier pélagique Stende de Lettonie (IMO = 8730429)
    L’actuel accord de partenariat dans le secteur de la pêche conclu entre l’Union européenne et le Maroc est entré en vigueur le 28 février 2007. Le dernier protocole annexé à l’accord a expiré le 27 février 2011. Ce partenariat a apporté au Maroc une contribution financière de 36,1 millions d’euros par an, dont 13,5 millions destinés à soutenir la politique de la pêche du Maroc « afin de promouvoir l’exploitation durable de ses ressources halieutiques. ». Grâce à cet accord et au protocole, le Maroc a délivré des autorisations de pêche à des navires provenant de onze États membres de l’UE. Le 25 février 2011, les parties ont convenu de proroger le protocole pour une année supplémentaire (28.2.2011-27.2.2012), mais cette décision doit encore être ratifiée.
    Mais il y a un problème, soulevé par plusieurs députés européens, à savoir que l’Accord de Pêche UE-Maroc est à la fois politiquement controversé et en violation du droit international. Une campagne internationale Fish Elsewhere! (« Allez Pêcher Ailleurs! ») demande à l’UE de modifier ses opérations totalement immorales, et d’aller pêcher ailleurs. Aucune pêche ne devrait avoir lieu au Sahara Occidental avant la résolution du conflit.
    Malheureusement, le 29 juin 2011, le Conseil Européen des ministres a officiellement accepté de donner le feu vert à la très controversée et largement critiquée prolongation d’un an de l’accord de pêche de l’UE avec le Maroc. En votant cela, l’Union Européenne s’est divisée, avec seulement une majorité qualifiée pour croire que le Maroc ait fourni une preuve suffisante que le peuple sahraoui du Sahara Occidental bénéficie de l’accord de pêche. Sept États membres – la Suède, le Danemark, l’Autriche, la Finlande, Chypre, le Royaume-Uni et les Pays-Bas – n’ont pas accepté la proposition, parce qu’ils ne voyaient pas comment l’accord avec le Maroc bénéficiait au peuple du Sahara Occidental. Malheureusement, ces 7 Etats membres ne formaient pas une majorité qualifiée.
    La position des opposants à un accord de pêche UE-Maroc est basée sur un avis juridique de l’ONU de 2002, qui liste non seulement les intérêts du peuple du Sahara Occidental, mais aussi leur consultation et consentement préalables comme exigence légale aux activités économiques dans le territoire. Comme il n’y a aucune preuve que le peuple sahraoui ait été consulté et qu’il bénéficierait de l’accord de pêche, ceci a abouti à l’appel par les services juridiques du Parlement Européen à un arrêt immédiat de l’accord en 2009.
    Rappel : Aucun état au monde ne reconnaît l’annexion du Sahara Occidental par le Maroc. Et pourtant l’UE paye des milliers d’Euros par an au gouvernement marocain pour permettre aux navires européens de pêcher dans les eaux du Sahara Occidental. Le Maroc persiste à refuser de coopérer dans le processus de décolonisation du Sahara Occidental, et défie ainsi plusieurs résolutions de l’ONU qui exigent le respect du droit des Sahraouis à l’autodétermination. Selon l’ONU, les ressources naturelles du Sahara Occidental ne peuvent pas être exploitées sans tenir compte des vœux et intérêts du peuple du territoire Simultanément, les autorités marocaines commettent des violations des droits de l’homme contre les Sahraouis qui expriment leurs opinions politiques.
    Aucun Etat de l’UE, pas plus que l’ONU, ne reconnaît de souveraineté marocaine sur le Sahara Occidental.
    Les quelques 20.500 signataires de la campagne « Allez Pêcher Ailleurs! » demandent instamment à la Commission Européenne de mettre immédiatement un terme à l’octroi de permis aux navires de pêche européens pour les eaux du Sahara Occidental, et exigent qu’aucune opération de pêche européenne ne soit plus menée au Sahara Occidental jusqu’à ce qu’une solution pacifique soit trouvée au conflit. Pour plus d’informations, cliquer Cape-Cffa
    (1) Pêche: l’Union européenne et les États-Unis s’entendent pour renforcer leur coopération dans la lutte contre la pêche illicite
    Bruxelles/Washington, le 7 septembre 2011 – Un accord historique de coopération bilatérale ayant pour objectif la lutte contre la pêche illicite, non déclarée et non réglementée (dite «pêche INN») sera signé aujourd’hui à Washington par Mme Maria Damanaki, commissaire européenne chargée des affaires maritimes et de la pêche, et Mme Jane Lubchenco, administratrice à la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA). Bien que l’Union européenne et les États-Unis collaborent depuis longtemps en matière de gestion des pêches, c’est la première fois qu’un accord de ce type est signé.
    L’UE et les USA, qui se placent respectivement au premier et au troisième rang des pays importateurs de produits de la mer (devant et derrière le Japon) ont convenu que les produits de la mer qu’ils importent ne proviendraient pas de la pêche illicite. Au total, la pêche INN entraîne pour les pêcheurs et les collectivités côtières exerçant leurs activités en toute légalité un manque à gagner sur les produits de la mer et leurs dérivés qui peut atteindre jusqu’à 23 milliards $ par an.
    «La pêche INN est une activité criminelle», a souligné la commissaire Damanaki, «il est donc de notre devoir de tout mettre en œuvre pour mettre fin à ces pratiques. C’est exactement ce à quoi tend l’accord signé aujourd’hui. Parce que nous unissons nos forces, ceux qui profitent de cet argent sale auront de plus en plus de mal à passer entre les mailles du filet.»…. Suite sur Europa
     Source : Aquaculture, 19/09/2011
  • Des slogans contre le régime à la manifestation du 18 septembre à Tanger (vidéo)

    Mohammed El Harrak-Marocution– Les jeunes du M20Fev de Tanger ont visé directement le système politique marocain en scandant aujourd’hui sur la place de Cinéma Tarik à Bénimakada des dizaines de fois et de vive voix : « Le peuple veut abattre le régime »(Achaab yourid Iskat annidam).

    En effet, la manifestation de ce dimanche (18 septembre 2011) qui a commencé comme prévu à 17 heures, avec l’arrivée des jeunes constituant le comité du M20Fev des quartiers Ben Dibane et Bir Chifa aura  marqué un grand tournant dans l’évolution du Mouvement.
    Après un premier tour de la place « attaghyir », effectué par les jeunes du M20fev, il a suffi que les responsables sécuritaires donnent l’ordre d’empêcher un second tour d’avoir lieu, pour que les manifestants crient haut et fort leur colère dans des quartiers jamais foulés par les manifestants du mouvement. A savoir les quartiers d’Al Aouda et d’Assaada.
    De l’autre côté, l’alerte maximale autour de la place « Attaghyir » a poussé les jeunes à hisser au maximum le seuil de leurs revendications en s’en prenant cette fois-ci au régime politique : « Achaab yourid iskat annidam ! »
     
    La corruption, le chômage des diplômés, l’habitat insalubre, les inégalités sociales, la cherté des denrées alimentaires, les responsables locaux (SG de la Wilaya –Mustapha El Ghannouchi), Amendis, TecMed, les bas salaires, les libertés publiques …, qui ont fait l’objet de slogans très forts, ont ponctués comme d’habitude les différents moments de la marche.
    Sans oublier, l’appel au boycott des élections qualifiées de « Mise en scène » (Masrahiya) lancé par les jeunes du mouvement, lors de cette même marche en marge de laquelle le parti Annahj Addimocrati (ex Ila al Amam) a distribué des tracts appelant à boycotter les prochaines élections.
     

    En traversant les rues de Jirari, de Tunis (photo), de Kharthom, de Syrie, la marche s’est gonflée de quelques milliers de sympathisants. Ce qui a poussé certains manifestants à crier « Assaha ! Assaha ! ». Une allusion claire et nette à un retour à la place Attaghyir. Mais les jeunes du M20Fev ont calmé cette hardiesse en mettant fin à leur marche sur la place du Rond point de Dar Tounsi. 

    Dans son discours de clôture, le M20Fev a réitéré ses convictions et a appelé ses sympathisants, entre autres, à soutenir « Issam », militant du M20Fev Tanger, dont la fourgonnette avait été saisie et qui comparaitra ce lundi devant le tribunal.
    La marche de ce 18 septembre qui était courte dans le temps (Elle n’aura duré que 2 heures) a été encadrée par de nombreux membres de la coordination de soutien au mouvement du 20 F (CLAM20F) et a joui d’une couverture médiatique étrangère , en l’occurrence celle de  la deuxième chaine de la télévision publique des Pays-Bas.
     
    Source : Marocution, 19/09/2011 

  • Aboubakr Jamaï : Au Maroc, c’est toujours le Moyen Age institutionnel

    Ex-directeur du Journal Hebdomadaire et son pendant arabe Assahifa Al Ousbouiya au Maroc, le journaliste marocain Aboubakr Jamaï est réputé pour sa plume acerbe et ses éditoriaux sans concession contre la corruption, la monarchie, l’armée et les violations des droits humains au Royaume du Maroc. De passage à Bruxelles ce samedi 10 septembre 2001, il a accordé un entretien exclusif au reporter de Minorites.org sur la situation politique au Maroc.

    Comment analysez-vous la situation politique actuelle au Maroc et l’émergence du mouvement du 20 février ?
     

    Il s’agit d’une demande populaire qui n’est pas du tout triviale ou marginale y compris en termes quantitatifs. Le Mouvement du 20 février au Maroc est une lutte pour la démocratisation des institutions politiques du pays. A mon avis, il y a une double dynamique qui a mené à la création de ce Mouvement 20 février. Tout d’abord, la dynamique régionale et internationale, à savoir l’effet de la révolution tunisienne suivi de la révolution égyptienne et des événements en cours en Syrie et en Lybie. Cet effet est déjà très perceptible au Maroc car la plupart des Marocains ne pouvaient pas se contenter d’observer ces événements tout en y restant insensibles, cela nous a touché, c’est évident. Ensuite, il y a une dynamique nationale car les gens ont compris, même si les manifestations ne sont malheureusement pas assez couvertes par la presse internationale, que depuis quelques années déjà, il y a périodiquement des mouvements de contestation très populaires et très forts dans des petites villes marocaines…

    Quel type de contestations ? … 

    Surtout concernant le manque de pouvoir d’achat et le coût de la vie. Il faut comprendre le lien qui existe entre le bien économique d’une population et la gestion des institutions politiques du pays. Par exemple, il y a eu d’importantes manifestations à Sefrou en 2006, à Sidi Ifni en 2009, à Bouarfa et puis, depuis le 20 février 2011, il y a périodiquement des manifestations qui rassemblent plusieurs milliers de personnes dans plusieurs dizaines de villes du Royaume du Maroc.

    Est-ce une contestation comparable aux protestations qui ont actuellement lieu en Israël avec des personnes qui manifestent contre le coût de la vie quotidienne ?

    Non, le 20 février n’a pas grand-chose à avoir avec les événements qui ont lieu en Israël, il s’agit plutôt d’une demande de démocratisation à travers un mouvement de contestation. L’un des grands atouts du Mouvement du 20 février au Maroc est d’avoir réussi à rassembler des courants politiques idéologiquement opposés…

     … le rassemblement de l’extrême gauche marocaine et des islamistes d’Al Adl Wal Ihsane ?

    Ecoutez, la terminologie utilisée ici me dérange, mais ce qui est important, c’est de savoir que ceux que le régime qualifie aujourd’hui d’extrême gauche et de radicaux islamistes sont en réalité, lorsqu’on les analyse, pas des gens radicaux, pas du tout. Ce sont des gens pour la démocratie et pour la liberté… Je rappelle que les 20 points du Mouvement du 20 février qui défendent les droits de l’Homme et la démocratie ont été acceptés par les islamistes marocains qui adhèrent donc totalement à ces 20 points. Il est quand même remarquable que le Mouvement du 20 février soit resté uni malgré tous les coups de boutoirs du régime et malgré les dissensions idéologiques et ethniques.

    N’y a-t-il pas des positionnements ethniques au sein de ce mouvement, je pense notamment aux militants de la cause amazighe ?

    Pas du tout puisque les deux grandes fédérations du mouvement amazigh qui existent au Maroc ont totalement adhéré aux protestations du 20 février et elles maintiennent leurs positions après le référendum sur la nouvelle Constitution marocaine qui est supposée donner plus d’importance à la culture et à la composante politique amazighe au Maroc. Tous les démocrates marocains ont été très heureux de constater que le mouvement amazighe n’est pas du tout tombé dans le piège tendu par le régime. Le mouvement amazigh a compris que ses revendications ne peuvent être prises en compte dans le cadre d’un régime qui n’est pas démocratique car il faut le rappeler, la réforme constitutionnelle qui vient d’avoir lieu n’est pas une réforme démocratique.

    Pourtant sur le plan stratégique, on a eu l’impression que le pouvoir marocain avait pris conscience de l’ampleur du mouvement qui secoue l’ensemble de la région et que le monarque avait rapidement proposé un référendum constitutionnel dans le but d’apaiser les révoltes… En tout cas, vu d’Europe, on a l’impression que la tactique a permis d’apaiser le rythme des manifestations suite à l’adoption du projet par 98 % des votants avec un taux de participation avoisinant les 75 %. Qu’en pensez-vous ?

    Si on mesure l’activisme et le calme par le nombre de manifestations en cours à travers tous les pays, on doit conclure que la situation ne s’est absolument pas calmée et pour moi c’est effectivement cela le vrai marqueur de la situation politique. Par exemple à Casablanca, une ville très importante qui représente près 50 % de l’économie marocaine, le mouvement de protestations prend de plus en plus d’ampleur. Donc, au contraire, il n’y a pas eu d’apaisement. Ceux qui affirment que la situation s’est apaisée sont déjà les personnes qui n’ont jamais réclamé de changement. Ces gens sont toujours du côté du roi et de la stagnation tandis que ceux qui se sont battus pour un changement constitutionnel continuent le combat et ils sont de plus en plus nombreux. Je ne parle pas de petits groupes qui s’organisent, mais bien de l’élite et de nombreux citoyens vivant dans de nombreuses villes du pays. 

    Vous savez, cela me fait toujours bizarre d’écouter un journaliste étranger qui rapporte les avis des analystes étrangers. Etranger ou pas, on sait tous lire et écrire. Donc, rien n’empêche ces analystes étrangers de lire la Constitution marocaine, de la lire vraiment… pour ensuite conclure comme ils le désirent. Pour faire cet exercice, il suffit de lire le français ou l’arabe et je pense qu’elle a même été traduite en anglais pour ensuite se faire soi-même son idée. Ce n’est pas une Constitution démocratique, loin de là ! Donc, il faut arrêter de nous raconter toujours cette histoire d’un Maroc calme et apaisée ! Non, le Maroc n’est pas apaisé parce que c’est un Etat quasi-absolutiste avec une monarchie quasi-absolue avec un pouvoir qui est entièrement dévolu à une entité appelée « Monarchie » qui ne rend pas compte de ses actes. Donc, au Maroc c’est toujours le Moyen-Age institutionnel qui prime. Il faut arrêter de nous raconter des bêtises du genre « Ah, il a cédé un peu de pouvoir législatif ou un peu de pouvoir exécutif ». Il n’est pas possible d’être à moitié enceinte ou à moitié démocrate. Le principe de base d’une démocratie est que les détenteurs du pouvoir sont responsables et qu’ils doivent rendre compte de leurs actes, ce qui n’est pas le cas au Maroc. L’autorité suprême au Maroc ne rend compte à personne ! Cette situation n’est pas acceptable pour un démocrate qui se bat pour la dignité de ses compatriotes.

    Comment expliquez-vous alors l’adhésion massive du peuple lors du référendum ?

    D’abord, je suis persuadé qu’il y a bien eu du trafic et de la manipulation. Je ne remets pas en cause le pourcentage du « Oui » (98 %), mais je crois qu’il y a bien eu un trafic au niveau du taux de participation. Il est inconcevable d’imaginer une participation de 70 % lors de ce référendum. Lors des dernières élections législatives au Maroc, il y avait seulement 37 % de taux de participation dont un quart avait voté blanc. Laissez-moi vous donner un exemple: les plus hauts taux de participation pour le référendum ont été enregistrés au Sahara (Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975, note de diaspora saharaui). Je veux bien croire qu’une partie des Saharaouis puisse être en faveur de la marocanité de leurs territoires, mais pas à des taux aussi invraisemblables.  D’ailleurs si vous les Belges, vous les Français et vous les Espagnols, vous maintenez que le processus électoral lors du référendum marocain a été démocratique, vous devez être cohérents avec vous-mêmes et reconnaître dès lors la marocanité du Sahara. Il ne faudrait donc plus parler de la 4e commission de l’ONU et plus parler de référendum pour l’autodétermination de ce peuple car dire que le référendum marocain a été démocratique équivaut à dire que le Sahara est marocain. 

    À ce sujet, le pouvoir marocain est cohérent puisqu’il invoque justement la non protestation de l’ONU et de la communauté internationale pour réaffirmer la marocanité du Sahara. En plus, on parle de 70 % de participation, mais quand j’étais au Maroc, je n’ai pas vu ces 70 % d’électeurs. Tous les bureaux de vote étaient vides, il n’y a pas de preuves suffisantes pour argumenter, mais tout le monde s’accorde pour dire qu’il n’y avait pas une telle participation. 

    Un autre point sur le caractère non démocratique de ce référendum, comment peut-on imaginer qu’un peuple puisse sereinement débattre de changer constitutionnellement le fonctionnement de ses institutions en seulement 10 jours ? C’est ce foutre la gueule du monde ! Mais je vais vous dire, il y a même eu pire car le texte de la Constitution qui a été débattu pendant 10 jours a été modifié la veille du scrutin !

    Ah bon, sur quel point ? 

    À propos de la nomination du Président de la Cour constitutionnelle. Dans le texte initial présenté au peuple, le Président de la Cour constitutionnelle devait être nommé avec l’aval du Premier ministre, soit avec l’aval d’un représentant du peuple. Or, ce point-là a été modifié la veille du scrutin, tard le soir, pour faire en sorte que la nomination du Président de la Cour constitutionnelle puisse être réalisée par le roi et sans l’avis du Premier ministre. Tout cela est officiel car les autorités marocaines ont en plus eu la bêtise de publier dans le Bulletin Officiel les deux textes, le premier approuvé par référendum par le peuple et le second amendé la veille du scrutin. Cela a pour conséquence de renforcer la domination du monarque sur le pouvoir judiciaire alors qu’il domine déjà les principaux postes clés au niveau politique.

    Mais c’était déjà le cas, non ?

    Oui, évidemment, mais on parle aujourd’hui dans un contexte de l’après-Bouazizi et on débat sur le caractère démocratique ou non d’un régime, non ?

    En tant que journaliste spécialisé dans les affaires économiques, avez-vous une idée de la réaction du monde des affaires marocaines face à cette situation insurrectionnelle ?

    Cela fait longtemps que la communauté des affaires est déprimée de la gestion économique des affaires du pays, pas pour des raisons macroéconomiques comme la crise financière, mais parce que la monarchie marocaine est un acteur économique surpuissant dans le pays qui abuse de sa position dominante sur le plan politique. Le premier et le plus grand homme d’affaires marocain s’appelle Mohammed VI. Quel que soit le caractère de cet homme, avec les prérogatives politiques et religieuses qu’il possède, tout concurrent économique ne risque pas de faire beaucoup d’ombres à ses intérêts. Et cet homme d’affaires particulier est partout, il contrôle la plus grande banque du pays, il contrôle l’un des trois opérateurs télécoms, il est actif dans le business du sucre, de l’énergie, il contrôle les centrales laitières et il est associé au groupe Danone. C’est d’ailleurs intéressant car stratégiquement le pouvoir est en train de fuir les secteurs concurrentiels pour dominer complètement les secteurs régulés. Pour ce changement stratégique ? 

    Parce qu’en réalité, les affaires du roi n’ont pas apporté grand-chose au niveau de la mondialisation. En fait, l’une des logiques du développement des affaires économiques du roi était de miser sur sa réussite économique au niveau mondial dans le but d’installer la réputation économique du pays au niveau mondial et faire face à la mondialisation en développant un ancrage industriel et pérenniser l’emploi dans le pays. Or, on constate que les affaires du roi ne résistent pas à la concurrence réelle au niveau mondial. Ses hommes sont donc en train de transférer ses affaires vers des secteurs régulés. Pourquoi ? Parce que dans un secteur régulé, votre profit dépend de votre pouvoir de négociation avec les autorités publiques. D’où le choix privilégié pour le secteur bancaire puisque dans ce secteur la relation spécifique d’un groupe avec la Banque centrale du pays est déterminante. Sachant que le gouverneur de la Banque centrale est nommé par le roi, tout comme le directeur général de l’instance de régulation des télécommunications ou le patron de l’Office nationale de l’Energie, il est donc à la fois juge et partie et la situation dure depuis des années. Je trouve d’ailleurs indécent de la part des analystes étrangers ou marocains de parler la situation politique au Maroc sans évoquer cet aspect des choses.

    On vous sent fâché contre les journalistes et les observateurs étrangers, pourquoi ?

    Bon, ils ont quand même des excuses parce qu’à chaque fois qu’une manifestation importante se passait au Maroc, il y avait à chaque fois un événement plus « sexy » journalistiquement qui se passait en Tunisie, en Egypte, en Lybie, en Syrie ou encore ailleurs.  Je peux donc comprendre que l’intérêt se soit plus porté vers ces pays-là. En plus, au Maroc, la police ne tire pas sur la foule des manifestants comme le fait le régime de Bashar Al Assad en Syrie. Mais il n’en demeure pas moins que nous vivons au Maroc sous le joug d’un régime qui n’a rien de démocratique et d’une monarchie qui ne veut pas vraiment céder son pouvoir. Je trouve qu’il y a une véritable paresse de ceux qui observent le Maroc depuis l’étranger et d’ailleurs j’ai la conviction que peu d’analystes ont vraiment pris la peine de lire cette nouvelle Constitution marocaine.

    Comment voyez-vous l’évolution du Mouvement du 20 février après son échec lors du référendum ?

    Vous savez, on peut déjà affirmer le succès du Mouvement du 20 février étant donné que s’il n’y avait pas eu un tel mouvement, de telles manifestations populaires, il n’y aurait même pas eu de référendum constitutionnel au Maroc. Le roi est roi depuis 1999, je vous mets au défi de me trouver les discours où il a évoqué le besoin de réformes constitutionnelles. Au contraire, car dès qu’un homme politique ou un média évoquait une telle nécessité, il était immédiatement marginalisé. Donc, nous étions face à un pouvoir qui ne voulait pas changer ses prérogatives et sa constitution. Ce pouvoir a été obligé de Constitution et cela s’explique par la pression du Mouvement du 20 février. C’est grâce au relais national de la vague du printemps dans les pays du Moyen Orient que la monarchie marocaine a été dans l’obligation de changer sa stratégie. Nous n’avons pas une monarchie bienveillante qui subitement se rend compte de la nécessité des réformes, nous sommes face à une monarchie qui ne veut absolument rien lâcher et qui a été dans l’obligation de faire semblant de lâcher un peu de pouvoir. Mais il faut être conscient du fait qu’elle ne fait que semblant et que sa volonté doit être mise en doute étant donné son histoire récente, je parle ici du règne de Mohammed VI et je ne parle même pas du bilan de Hassan II. Même la récente augmentation du salaire des fonctionnaires, qui va poser d’ailleurs d’importants problèmes budgétaires, est une victoire du Mouvement du 20 février. Le déficit budgétaire est monté à 7 %, il va bien falloir le financer un jour et certains évoquent déjà la possibilité de recourir à des emprunts internationaux. Dans le contexte d’une faillite de la Grèce, on parle déjà du risque similaire au Maroc. 

    Je crois que l’évolution économique du pays va jouer un rôle important, il ne faut pas oublier que le Mouvement du 20 février est soutenu par un spectre très large de la population marocaine, allant de la gauche radicale jusqu’aux « islamistes radicaux ». Il y a aussi des mouvements et des individus très respectés derrière ce mouvement qui a une grosse résonance populaire. Lors de chaque manifestation dans les grandes et les petites villes, on voit que le peuple soutient ce mouvement, à l’exception de certains individus financés par le régime pour le perturber. Dans la situation économique de plus en plus compliqué dans le pays, c’est le train de vie de la monarchie marocaine qui apparaît comme de plus en plus scandaleux et problématique pour la population…

    Avez-vous un exemple de dépense scandaleuse de la monarchie marocaine ?

    Il y en a énormément. De mémoire, je peux vous citer le fait que le roi avait envoyé en réparation sa voiture Aston Martin en Grande-Bretagne en utilisant un avion Hercule C-130 de l’armée nationale alors qu’il aurait pu la faire réparer autrement de manière moins chère et plus écologique.

    On peut écrire sur ce genre d’affaires dans la presse marocaine ?

    Cette affaire a été révélée par la presse britannique parce que les autorités marocaines avaient envoyé l’Aston Martin en réparation le jour où se tenait un Congrès à Londres sur la pollution atmosphérique des avions. La presse marocaine a ensuite repris cette information, mais de manière générale la presse du pays a été quasi-totalement domestiquée. Quand vous arrivez au Maroc, vous avez une impression de pluralisme et c’est vrai que quantitativement la diversité existe, mais qualitativement, il y a une homogénéisation des lignes éditoriales. Les voies dissidentes au régime ont été chassées du pays, les journaux ont été fermés et les journalistes ont été forcés de quitter leur boulot d’une façon ou d’une autre. Cette stratégie de domination de la presse participe à cette impression qu’il n’y plus de contestation puisque les journaux ne couvrent plus les manifestations.

    Pourquoi les journalistes marocains n’osent plus couvrir les manifestations ?

    Parce qu’économiquement parlant, on vous tue. C’est ce qu’il s’est passé avec Le Journal qui n’existe plus parce qu’il a été asphyxié économiquement. Aujourd’hui, si vous voulez subsister en tant qu’institution médiatique, il faut filer droit et filer droit équivaut à dire ce que le régime veut. D’ailleurs, je me suis amusé un jour à mesurer la courbe de la liberté d’expression au Maroc telle qu’elle est mesurée par Freedom House. Sur la fin de sa vie, la courbe d’Hassan II est ascendante alors que la courbe de Mohammed VI est descendante, ce qui veut dire qu’aujourd’hui la note de Mohammed VI est pire que la pire des notes de Hassan II de 1994 à 1999. Donc, cette impression d’une plus grande liberté de presse au Maroc depuis l’arrivée de Mohammed VI, c’est du pipo ! Du temps de Hassan II, qui n’a jamais été un démocrate et qui est mort en laissant un pays qui n’était toujours pas entré dans un système démocratique, il y avait une situation qui était perçue comme une évolution. Mais depuis sa mort, en terme de liberté d’expression, le pays a reculé et ce n’est pas moi ou Reporters Sans Frontières qui le dit mais Freedom House, basée à Washington. On peut donc affirmer que Mohammed VI a un zéro pointé en matière de liberté d’expression et ça continue malheureusement.

    Il est difficile de comprendre le paradoxe entre les résultats électoraux et les aspirations révolutionnaires dans un pays…

    C’est normal car le besoin se crée avec le déclenchement d’un processus. Si vous aviez demandé l’avis des Tunisiens juste avant que Mohammed Bouazizi n’allume son allumette, ils vous auraient majoritairement répondu qu’ils ne sont pas révolutionnaires. Les gens ne sont pas spontanément en faveur d’une révolution car révolution veut dire instabilité, mise en danger des vies et des biens et risques. L’argument du régime marocain avant ces soulèvements n’était pas tout à fait faux en admettant les imperfections du système marocain tout en pointant les défauts des régimes des pays voisins. Mais la situation aujourd’hui commence à changer, certains pays sont en phase révolutionnaire, les Tunisiens vont voter pour une Constituante, les Egyptiens sont déjà voté une première réforme et travaillent sur la suite. Le Maroc, qui était le bon élève du Moyen-Orient, se trouve aujourd’hui au stade de l’Arabie saoudite et des Emirats. Nous sommes donc bien partis pour devenir les cancres du Moyen-Orient. D’ailleurs, la raison pour laquelle la situation n’a pas encore explosé au Maroc s’explique par le fait qu’on vit toujours sous le génie maléfique du système mis en place par Hassan II. C’est la stratégie de la cocotte minute qui autorise à la pression de diminuer de temps en temps. C’est la raison pour laquelle même les islamistes non autorisés de l’Al Adl Wal Ihsane peuvent s’exprimer au Maroc. Cela paraît curieux de voir un mouvement interdit comme Al Adl Wal Ihsane s’exprimer librement mais, en fait, cette tolérance permet au système de tenir et de laisser la pression s’échapper. Tout cela donne l’illusion d’une diversité et de liberté et permet surtout d’encadrer la colère populaire. C’est ici la grande différence entre un Hassan II et un Ben Ali, c’est que le premier avait déjà compris que pour perdurer, il faut laisser le système respirer de temps en temps. En Tunisie, Ben Ali avait écrasé l’intermédiation sociale, il n’y avait plus de presse libre, la totalité des partis politiques était domestiquée, les islamistes emprisonnés…

    Ce n’est pas le cas au Maroc ?

    Pas tout à fait, il y a encore des partis autorisés qui ne sont pas complètement domestiqués par le régime comme à gauche un parti comme le PSU ou les marxistes-léninistes d’Annahj Addimocrati ou les islamistes du PJD qui, malgré les illusions de son secrétaire-général, restera toujours marginalisé dans le système actuel parce qu’il est perçu comme un danger par le régime. Justement, ce que fait aujourd’hui le Mouvement du 20 février est de lancer un message pour demander d’arrêter de prendre les gens pour des imbéciles et critiquer aussi la supposée avancée graduelle des réformes démocratiques. Ce roi est roi depuis 1999, de quelle gradualité nous parlez-vous ? Citez-nous une seule avancée mise en place par le régime en place ?

    Ils vont vous répondre en évoquant la réforme de la Moudawana (code de la famille)…

    Je suis désolé, mais la réforme de la Moudawana a commencé sous le règne de Hassan II et en plus c’est la gauche et l’extrême gauche marocaine qui a mené ce combat en 1992 pour aboutir à la signature d’une pétition rassemblant un million des signatures réclamant une réforme du statut de la femme marocaine, un projet qui était plus avancé et plus moderne que le projet qui a finalement été adopté en 2005. D’ailleurs, les féministes iraniens et iraniennes se réfèrent encore au modèle marocain de 1992 et pas celui de 2005. De toute façon, l’exemple de la Moudawana n’est pas crédible pour défendre le caractère moderne et démocratique d’un régime. Je vous rappelle que le Président le plus féministe du Moyen-Orient s’appelait Ben Ali, et quel est le bien que cela a apporté aux Tunisiens ? On connaît tous le raisonnement triptyque de l’Occident vis-à-vis des dictateurs. En tant que dictateur arabe, vous devez toujours faire 3 choses : chasser le barbu, faire semblant de libéraliser le statut de la femme et ouvrir votre marché aux multinationales de l’Occident. Si vous remplissez ces 3 conditions, vous devenez le roi du pétrole et l’ami de l’Occident. Aujourd’hui, les peuples arabes et les peuples du Moyen Orient disent « basta! » à ce raisonnement.

    Pourquoi le contexte révolutionnaire au Moyen-Orient n’a pas pris la même tournure au Maroc ? 

    Parce que le mouvement islamiste marocain n’est pas unifié. Il existe deux grands mouvements islamistes populaires au Maroc (PJD et Al Adl. En Tunisie, vous avez Ennahda, en Egypte vous avez le Jihad islamique et les Frères musulmans, mais ce sont ces derniers qui tenaient depuis longtemps la baraque de l’islamisme égyptien. Au Maroc, les deux mouvements islamistes sont assez antagonistes, ce qui a affaibli la pression sur le régime du Makhzen. Ce qui est nouveau dans le courant islamique, c’est la position des islamistes d’Al Adl Wal Ihsane qui s’expriment ouvertement en faveur d’un Etat civil, une déclaration qui a été attaquée par les concurrents islamistes du PJD supposés être en faveur de cette « belle monarchie progressiste », très curieux comme positionnement n’est-ce pas ? Mais l’acceptation pour les islamistes d’un Etat civil n’est pas vraiment très choquante si on se réfère à l’histoire de la démocratie chrétienne en Europe. On peut tout à fait être attaché à des principes religieux et à une religion sans pour autant être opposé à l’idée de démocratie. Les Européens ne se sont pas dit que les valeurs chrétiennes étaient totalement contraires et incompatibles avec le fonctionnement démocratique d’une société et qu’il fallait nécessairement dire adieu au christianisme pour accepter la démocratie. L’idée a été de défendre que le corpus théologique chrétien contenait déjà des principes démocratiques et c’est aussi un même raisonnement qui se met en place pour l’islam. Certains vont même plus loin en affirmant que la démocratie est un commandement dans cette religion et qu’il est impossible de vivre l’islam sans être véritablement un démocrate.

    En Tunisie, en Egypte ou en Syrie, on constate que les forces armées nationales jouent un rôle déterminant dans un contexte révolutionnaire. Quelle est l’attitude de l’état-major marocain dans ce contexte de protestations ?

    Le haut commandement de l’armée marocaine est exactement le même que celui laissé par Hassan II, tous les hauts gradés sont les mêmes. Pire, le plus haut gradé de l’armée marocaine est un monsieur qui ne peut pas quitter le pays parce qu’il existe un mandat international d’Interpol émis à la demande d’un juge d’instruction français qui enquête sur l’assassinat de Mehdi Ben Barka (ndlr : principal opposant de Hassan II et leader du mouvement tiers-mondiste assassiné à Paris en 1965). Ce juge d’instruction français a réussi à démontrer qu’un jeune capitaine de l’époque répondant au nom d’Hosni Ben Slimane a été dans le circuit décisionnel menant à l’assassinat  de Mehdi Ben Barka. Attention, cela ne veut pas dire que le général Ben Slimane est coupable puisqu’il n’est pas accusé dans l’affaire instruite, mais le juge aimerait bien l’entendre à ce sujet et ce dernier a refusé d’obtempérer. Ce Maroc dont on vante tant les mérites a donc à la tête de son armée un général recherché par Interpol dans le cadre d’une affaire judiciaire. Non les forces armées marocaines ne voient pas d’un très bon œil les agitations sociales dans le pays.


    Mehmet Koksal
     
    Source : Minorités.org, 17/09/2011
  • Algérie, Libye, Syrie : le même complot américano-sioniste

    Un  » Appel invitant les Algériens à se révolter ce 17 septembre  » a été lancé sur le Net et les réseaux sociaux.
    Comme notre Organisation, des dirigeants algériens dénoncent un complot organisés par les Américain, l’OTAN et les Sionistes, et opéré par les islamistes (Djihadistes d’Al-Qaida et autres Frères musulmans) !

    Par Luc MICHEL
    ELAC RESISTANCE & SOLIDARITE ALGERIE

    En Algérie, les réseaux de déstabilisation sont en place depuis la fin 2010. Ils se sont déjà fait la main en janvier dernier.  » L’Algérie a connu ses propres protestations au début de cette année, qu’elle a contenues avec l’aide d’une police violente, de subventions et de division au sein de l’opposition « , commente la BBC.
    La crise libyenne et le nouvel assaut contre la Syrie ont simplement reporté leur opération en vue d’un coup d’état pro-occidental.

    Derrière ces réseaux on retrouve les activistes arabes formés à Belgrade et aux USA par le réseau OTPOR et CANVAS son école de subversion, financés par la CIA.
    OTPOR, directement financé et soutenu par la CIA et les réseaux SOROS, est directement derrière les soi-disant « révolutions arabes ».
    Srdja Popovic, qui dirige maintenant le Center for Applied Nonviolent Action and Strategies, basé à Belgrade (Serbie), ou CANVAS, le confirmait en mars dernier dans une interview avec l’Associated Press.  Les vétérans du mouvement OTPOR ont continué à créer une organisation qui forme en Serbie et aux USA des mercenaires pro-occidentaux spécialisés dans l’art de la subversion, sous prétexte de  » révolution pacifique  » (sic). Ils ont formé l’un des groupes principaux de jeunes au centre de la révolution en Egypte, et précisent avoir  » influencé la rébellion libyenne « . « Il est probable que certains groupes de jeunesse libyens ont eu l’idée sur la façon de renverser le dirigeant libyen Mouammar Kadhafi des militants égyptiens que nous avons formés « , a déclaré l’ancien chef d’Otpor Popovic. OTPOR a aussi organisé des groupes en Tunisie, au Yemen, à Bahrein,k au Maroc. Et en Algérie. (1)

    Après mes analyses –  » Le Monde arabe est en feu  » (sur PCN-TV) – exposant la nature véritable du soi-disant  » printemps arabe  » dès début février 2011 (2), le livre ARABESQUE AMERICAINE de  Ahmed Bensaada expose lui aussi  » Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe  » (3).
    Aujourd’hui ce sont des dirigeants de partis algériens patriotes et le gouvernement algérien lui-même qui porte les même accusations que nous …

    LOUISA HANOUNE :
     » C’EST L’ŒUVRE D’AL QAÏDA, DE LA CIA ET DU MOSSAD  » !

    Pour Louisa Hanoune, dirigeante du Parti des vailleurs, cet appel lancé sur Internet incitant les Algériens à se rebeller le 17 septembre prochain,  » est soutenu par les services de la CIA, Al Qaïda et le Mosssad « .
    C’est lors de la réunion du bureau politique tenue ce 14 septembre au siège de son parti, que Louisa Hanoune a affiché son  » inquiétude sur la crise libyenne qui affecte directement la stabilité et la sécurité  » de l’Algérie. La secrétaire générale du PT estime que  » l’Algérie n’est pas à l’abri d’une crise qui, si des décisions ne sont pas prises, pourrait secouer sa stabilité « . Plus explicite, Louisa Hanoune dira que  » l’Algérie est incluse dans la liste du plan américain dit Grand Moyen-Orient (GMO) « . Pour preuve, le PT estime que  » l’appel, de source anonyme, diffusé sur des sites Internet et sur le réseau social Facebook invitant les Algériens à se révolter contre le régime en place le 17 septembre, est soutenu par la CIA, Al Qaïda tout comme le Mossad, qui tentent de déstabiliser notre pays, comme c’était le cas en Lybie, en Syrie, au Yémen… « 

    OULD KABLIA, MINISTRE ALGERIEN DE L’INTERIEUR, ET LE 17 SEPTEMBRE :
     » LA MAIN VIRTUELLE DE L’ETRANGER TELEGUIDEE PAR LE SIONISTE BHL « …

    L’appel anonyme – comme en Libye début février ou en Syrie en janvier puis cet été – à manifester le 17 septembre prochain en Algérie a fait réagir le ministre algérien de l’Intérieur Dahou Ould Kablia.
    Dans une déclaration publiée ce jeudi 15 septembre dans le journal arabophone ENNAHAR, le ministre accuse des  » parties étrangères  » en relation avec  » l’entité sioniste  » de fomenter des troubles dans le pays.
    Préoccupés par cet appel, et avertis par les évènements de Libye et Syrie, les services de sécurité ont donc multiplié ces dernières semaines les investigations pour tenter de connaître les auteurs ainsi que leurs motivations. Les RG (Renseignements généraux) ont ainsi discrètement interrogé certains animateurs des réseaux sociaux algériens pour recueillir des informations sur cette présumée manifestation. Ils ont également  » musardé  » sur la toile pour tenter d’en savoir davantage sur cet appel. Ce que confirme à mots ouverts le ministre de l’Intérieur.  » Si c’était des gens de l’intérieur, nous les aurions démasqué et arrêtés, mais les indices nous orientent vers des parties étrangères en relation avec l’entité sioniste « , a affirmé le ministre de l’Intérieur sans donner davantage de précisions au quotidien Ennahar.
    Selon ce journal, M. Ould Kablia en veut pour  » preuve  » la date choisie: la signature des accords de Camp David entre l’Egypte et Israël a eu lieu le 17 septembre 1978 et les massacres des camps palestiniens de Sabra et Chatila ont été perpétrés les 16 et 17 septembre 1982. Un  » complot sioniste  » donc…

    Si le ministre exclut que l’appel, toujours anonyme, soit l’œuvre d’Algériens, il ne dit pas moins que ce sont des étrangers, de connivence avec des sionistes qui sont derrière ?
     » Qui sont donc ces étrangers ? Quelle est cette entité sioniste qui s’est liguée contre le pouvoir d’Alger ? Pourquoi le ministre qui a accordé une importance à cet appel en lançant une enquête se garde-t-il de divulguer l’identité des auteurs de ce complot, préférant ainsi se réfugier derrière le très confortable vocable  » entité sioniste  » ? « , interroge DNA un site d’opposition.

    ET REVOILA BHL, L’  » ENNEMI EXTERIEUR  » (DIXIT DNA) !

     » A la vérité, le ministre l’Intérieur ne se fait que l’écho de plusieurs écrits relayés autant sur la toile et que dans les colonnes d’une partie de la presse algérienne laissant croire que le philosophe français Bernard Henry Lévy (BHL), natif de la ville de Béni-Saf, dans l’ouest d’Algérie et connu pour ses sympathies avec Israël, serait derrière cet appel « , commente encore DNA

    On sait le rôle de BHL dans l’agression contre la Libye et la Syrie.
    Le philosophe-copiste botulien et écrivain s’est longuement épanché dans les médias français et internationaux sur les révoltes pro-américaines en Libye et en Syrie ; il a  » soutenu à bras le corps les rebelles libyens qui se sont insurgés contre le régime de Kadhafi « . Mais appelle aussi à une intervention en Syrie.

    LE SOI-DISANT  » CNT  » ISLAMO-MONARCHISTE LIBYEN MADE IN NATO CONTRE ALGER !

    Le porte-parole militaire du CNT, Ahmed Banni, a publiquement évoqué l’appel du 17 septembre, dans une interview accordée dès le jeudi 25 août à la chaîne BBC.
    Interrogé sur le soutien supposé accordé par Alger au régime de Khadafi, Banni affirmait ceci :  » Tout le monde sait qu’il y a des appels sur Facebook pour manifester le 17 septembre… « .

    L’Algérie, qui partage une longue frontière avec la Libye, n’a pas reconnu le CNT, suscitant une vive critique des rebelles. Alger devra « répondre de (son) attitude vis-à-vis des révolutionnaires (sic) libyens », a ainsi affirmé le CNT.
    Menace immédiatement suivie d’effets. Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), alliée du CNT où l’organisation terroriste est représentée, a déjà revendiqué une double attaque suicide ayant fait 18 morts et 26 blessés en Algérie, reprochant notamment à Alger son « soutien au régime de (Mouammar) Kadhafi ». AQMI affirme que cette attaque, qualifiée cyniquement de  » cadeau de l’Aïd « , a fait 36 morts et non 18. Les terroristes disent avoir voulu  » frapper le coeur de l’institution militaire algérienne, symbole du régime « .

    Quand le CNT promet que l’Algérie devra « rendre des comptes », il s’aliène ainsi une grande partie de l’opinion publique algérienne, y compris celle qui soutenait la rébellion libyenne. Forts de l’appui que leur accorde l’Otan (qui ne sera pas toujours présent) et grisés par la prise de Tripoli, les révolutionnaires libyens semblent tentés par un bras de fer avec leur voisin algérien, comme le montre leur décision de débaptiser la place de la « révolution algérienne » à Tripoli en  » place de Doha  » (La voix de son maître …).

    Les relations se sont dégradées très vites entre Alger et le CNT, d’autant que l’Algérien, hostile de par son histoire tumultueuse à toute intervention occidentale, a une image négative du CNT, créé le 27 février à Benghazi, qu’il voit avec raison comme un copier-coller du CNT irakien, un groupuscule téléguidé par la CIA qui a mené l’ancienne Mésopotamie au chaos organisé. CNT irakien – CNT libyen – CNT syrien : l’impérialisme a peu d’imagination ! Plusieurs personnalités politiques influentes, notamment le secrétaire général du Front de libération nationale (FLN), l’un des partis de la coalition au pouvoir, n’ont pas mâchés leurs critiques à l’égard de la rébellion « libyenne » du CNT dès lors que cette dernière a bénéficié du soutien militaire de l’Otan.
    Lors de l’assaut des forces spéciales de l’OTAN et de la  » Brigade de Tripoli  » (sic) des djihadistes d’Al-Qaida le 21 août, l’Ambassade d’Algérie a été mise à sac volontairement par les dirigeants du CNT. La fumée émanant du siège de l’ambassade algérienne à Tripoli n’était pas une fausse alerte.

    LES ISLAMISTES TURCS DE L’AKP MENACENT AUSSI ALGER …

    L’Algérie a déjà deux pays frontaliers qui ont basculé dans les coups d’état occidentaux, la Tunisie et la Libye. C’est le seul pays arabe dans ce cas aujourd’hui ;
    La récente déclaration du ministre des Affaires étrangères turc AKP, fer de lance politico-diplomatique de l’assaut conjoint de l’OTAN et des islamistes au Proche-Orient pour le compte des USA, sur les événements en cours en Libye, « une leçon pour les dirigeants de la région », qui « montre que ceux qui n’écoutent pas leur peuple ne peuvent pas rester au pouvoir », vise directement le régime Bouteflika.

    Faire basculer Alger est capital pour les projets impérialistes au Moyen-Orient.
    – D’une part parce que l’Algérie est le dernier pays libre avec la Syrie sur le Front arabe.
    – D’autre part parce q’une Algérie libre et arabe sera un point d’appui pour la Résistance libyenne que Kadhafi organise dans un combat sans merci contre l’occupant impérialiste et les traîtres du CNT.
    – Enfin parce que l’Algérie dispose aussi de capacités d’intervention contre le petit roi du Maroc, caniche fidèle des USA qui participe directement à l’agression militaire contre la Libye (ce qu’on cache aux Marocains). Ceci via le Front Polisario – allié d’Alger et de Tripoli (une Brigade du Polisario combat déjà en Libye) – et le levier du conflit saharaoui (ex Maroc espagnol, annexé illégalement par Rabat).

    Les Algériens ont devant eux l’exemple des autres pays arabes frappés par le soi-disant  » printemps arabe « . La Tunisie et l’Egypte, livrés aux mains de militaires cupides et des Frères musulmans, avec un Tourisme et une économie ruinés. La Libye détruite, dévastée, en guerre civile, occupée par les nouveaux croisés de l’OTAN. La Syrie et le Yemen à feu et à sang …
    L’Occident, les sionistes, les islamistes radicaux sont les cavaliers de l’Apocalypse du Monde arabe. Les Algériens sauront-ils le voir à temps ?

    (Source : DNA-Algérie / Ennahar / AP / PCN-SPO / La Liberté d’Alger)

    Notes et renvois :

    (1) Documents photos sur le Réseau OTPOR-CANVAS :
     http://www.facebook.com/pages/SOLIDARITE-ALGERIE-SOLIDARITY-ALGERIA/132174676879663#!/media/set/?set=a.108354945911450.16812.100002108352182

    (2) PCN-TV, « Le Monde arabe est en feu » : Entretien en Français de Luc MICHEL pour PCN-TV, sur les soit-disant  » révolutions arabes  » (Tripoli, 7 février 2011).
    VIDEO sur Vimeo : http://vimeo.com/26435385
    VERBATIM sur le Website THE JAMAHIRIYAN RESISTANCE NETWORK : http://www.elac-committees.org/2011/08/03/6-fevrier-2011-luc-michel-annonce-depuis-tripoli-l%E2%80%99agression-occidentale-contre-la-libye-et-la-syrie/

    (3) ARABESQUE AMERICAINE. Le rôle des Etats-Unis dans les révoltes de la rue arabe, publié par Ahmed Bensaada chez (Michel Brûlé, Montréal, Québec).
    Ce livre reprend – sans aller jusqu’à les mentionner, mais n’ergotons pas ! – mes analyses sur les  » coups d’état US du  » printemps arabe  » (sic),.
    A lire, à  faire lire pour  » déniaiser  » les idiots qui croient encore à  » la révolte des peuples « , dans les medias de l’OTAN comme dans une certaine extrême-gauche. Ou pour mettre à nu les mediamensonges et les effroyables imposteurs de la presse pro-iranienne sur  » le caractère révolutionnaire  » de ces pseudo révoltes et  » leur récupération par les USA « .
    Il s’agit purement et simplement comme nous n’avons cessé de le dire dès le premier jour de coups d’état, soigneusement orchestrés et préparés par les services spéciaux de l’OTAN. Avec l’aide des mercenaires de l’Occident, les professionnels de la déstabilisation made in NATO,  » OTPOR et cie  » …

  • DECANTATION

    par K. Selim


    Pour les Américains et les Européens, le printemps arabe ne doit et ne peut concerner les Palestiniens. Ce peuple, qui subit une injustice permanente et constante, est condamné à un hiver permanent… tant qu’Israël l’exigera. Comme le disait Mahmoud Darwich, les grandes métropoles s’affligent quand un camp de réfugiés esquisse un sourire. Beaucoup de Palestiniens n’ont guère le sourire en suivant les péripéties de la demande de reconnaissance en tant qu’Etat par l’ONU formulée par l’Autorité palestinienne.


     Certains ne discernent pas de stratégie ou de but clair derrière cette initiative d’une Autorité délégitimée et discréditée par un sempiternel dialogue de dupes qui a servi de couverture à l’extension des colonies et d’alibi pour essayer de criminaliser la résistance. L’Autorité palestinienne, avancent ses détracteurs, est à bout de souffle : plutôt que de prendre acte d’un échec monumental et d’en finir avec la stratégie des illusions, elle tente de se donner un objectif spectaculaire mais à la finalité peu évidente. D’autres craignent que cette volonté de faire reconnaître l’Etat palestinien par l’Onu ne se traduise dans les faits par un renoncement à des exigences fondamentales, dont le droit du retour des réfugiés.

     Mais l’initiative est soutenue aussi au-delà des partisans de Mahmoud Abbas et beaucoup estiment que le rejet du Hamas est un réflexe pavlovien de parti en compétition avec le Fatah. Ces milieux, politiquement disparates, soulignent que les réserves, fondées, exprimées çà et là ne doivent pas dispenser les Palestiniens d’utiliser tous les moyens possibles pour faire avancer leur cause. Ceux-là retiennent surtout, une fois n’est pas coutume, que Mahmoud Abbas n’a pas cédé aux pressions et aux menaces des Américains et des Européens qui cherchaient à le dissuader de saisir l’instance internationale. Ces pressions se poursuivent d’ailleurs et l’administration Obama a promis de faire usage de son veto. Les Américains n’ont pas ménagé leurs efforts et ils ont envoyé, pour travailler au corps Mahmoud Abbas, un militant sioniste assumé, bien connu sous nos cieux, en la personne de l’ambassadeur Dennis Ross.

     De toute évidence, les responsables de Ramallah n’ont rien à attendre d’un Barack Obama qui s’avère un politique décevant, sans vision et sans courage, qui a complètement abdiqué devant le lobby israélien. Abbas ne pouvait plus reculer après une telle annonce, expression d’un réel sentiment de frustration et de lassitude tant il a été tourné en bourrique par l’administration américaine.

    A défaut de démissionner, voire de dissoudre l’Autorité palestinienne face au lamentable échec de ses « négociateurs », Mahmoud Abbas s’est donné l’ultime mission de bousculer l’agenda onusien. Pas de clerc pour beaucoup, chant du cygne pour d’autres, la réaction du chef de l’Autorité peut se défendre. On peut même le créditer d’un – ultime ? – sursaut de dignité qui lui permet de résister au diktat des parrains d’un simulacre de processus de paix qui s’est révélé être un tragique miroir aux alouettes.

    Que Mahmoud Abbas contraigne l’administration Obama à recourir au veto et les Européens à faire étalage de mauvaise foi est, en définitive, plutôt utile. Surtout en ces temps très particuliers où les Occidentaux, toute honte bue, font mine d’applaudir le mouvement des peuples arabes vers la liberté, la démocratie et les droits de l’homme. Dans ce contexte trouble, cette initiative est propice à une salutaire décantation quant à la substance des proclamations démocratiques de l’Occident.

     Dans ce printemps arabe propice à de gigantesques opérations de marketing, cette initiative pourra au moins permettre à tous ceux qui aspirent à la liberté et à la justice de prendre sur le fait, en flagrant délit de duplicité, les discoureurs occidentaux qui œuvrent, derrière plusieurs écrans de fumée, à perpétuer l’oppression du peuple palestinien. 

  • Libye : «L’ingérence française est immorale et condamnable», affirme Ksentini

    « Pas plus qu’elle n’avait le droit de soutenir militairement comme elle l’a fait pendant longtemps, la France n’a le droit de combattre elle-même par les armes et par institution internationale interposée, les régimes autoritaires qui existent de par le monde »,

    Le président de la Commission nationale consultative, de promotion et de protection des droits de l’homme (CNCPPDH), dans un communiqué parvenu à notre rédaction s’agissant de la situation qui prévaut en Libye, dans un réquisitoire intitulé « La Libye dynamitée », s’en prend à la France, à qui il est reproché d’avoir outrepassé ses droits en s’attaquant au régime en place dans ce pays.

    « Pas plus qu’elle n’avait le droit de soutenir militairement comme elle l’a fait pendant longtemps, la France n’a le droit de combattre elle-même par les armes et par institution internationale interposée, les régimes autoritaires qui existent de par le monde », est-il affirmé, et ce d’autant, rappelle le communiqué, que Paris « avait souvent favorisé l’installation par son influence et les moyens de toutes sortes dont elle dispose ».

    Réfutant le prétexte de la démocratie contre la dictature avancé pour justifier cette intervention, M. Ksentini déclare que « l’ingérence française en Libye contre le colonel El-Gueddafi et son régime est condamnable et immorale ». Si cela avait été vrai, la France, souligne le président de la CNCPPDH, aurait soutenu le combat des peuples comme en Palestine et au Sahara occidental. De même que le comportement de la France qui se comporte, « par rapport aux Arabes en général et au Maghreb en particulier, comme un Etat de droite et non pas comme un Etat de droit » est dénoncé.

    Pour le  président de la commission, ce qui se passe en Libye est « une opération politique et commerciale qui n’a strictement rien à voir avec la démocratie et  la délivrance humani-taire ». Selon M. Ksentini, qui se défend de soutenir le colonel El-Gueddafi , « il appartient aux seuls Libyens de retenir ou de rejeter, s’agissant là d’une affaire intérieure à un pays dont les citoyens sont à même de faire les choix qui leur conviennent en fonction de leurs intérêts, de leur culture et des objectifs qu’ils aspirent à réaliser à terme, aucune dictature n’ayant vocation à l’éternité ».

    Selon lui, « quels que soient les regrets que l’on puisse avoir devant l’explosion d’un pays dynamité, une évolution paisible étant toujours préférable à la violence et à la guerre, les Algériens que nous sommes ne peuvent que souhaiter au peuple libyen une réconciliation nationale de toute urgence, ainsi qu’une démocratisation exempte de toute influence étrangère intéressée, en vue d’une république arabe unifiée et pacifique ».
    R. N. 
    El Moudjahid, 18/09/2011

  • Algérie : nouvel échec des manoeuvres de l’axe marocco-franco-sionniste

    Dans ce blog, nous avons souvent dévoilé les manœuvres du Maroc, appuyé par ses alliés de la France et du lobby sioniste, pour déstabiliser l’Algérie et s’assurer le contrôle définitif du Sahara Occidental et les vastes richesses de son sous-sol.

    Les détracteurs de cette thèses n’ont qu’à se rappeler la campagne de diffamation menée contre ce pays et le Front Polisario sur des mercenaires présumés envoyés en soutien au régime de Gadhafi.

    Le cauchemar des marocains et de leurs amis de Élysée est le fait inéluctable que l’Algérie est la puissance régionale inévitable dans la carte politico-économique de la région nord-africaine. A cela s’ajoute sa jalousie pour son indépendance et sa lutte contre l’ingérence étrangère, y compris celle de la France, dans les affaires des africains.

    C’est dans ce contexte qu’un mystérieux appel a été lancé sur Facebook depuis plus d’un mois incitant les jeunes algériens à descendre dans la rue pour manifester contre le régime d’Abdelaziz Bouteflika. Le Maroc, la France et les sionistes ont rêvé d’une « révolution algérienne du 17 septembre 2011 ».

    Leur déception a été on ne peut plus grande. Les Algériens n’ont pas adhéré à cette campagne et ont ouvertement rejeté une révolution qu’on leur recommandait sur Internet. Les gens vaquaient à leurs occupations le plus normalement du monde, les commerces étaient ouverts et le transports public assuré. La plupart des citoyens sont unanimes à dire qu’il ne s’agissait que d’une manœuvre qui vise à déstabiliser leur pays.

    « C’est juste une blague, présentée sous forme de tentative de déstabilisation du pays, lancée par des parties occultes et dont les chances d’aboutissement sont nulles », a déclaré un cadre qui rejoignait son occupation. « Les Algériens n’ont besoin ni de l’OTAN ni de la France pour faire leur révolution. Tout le monde est conscient, personne n’arrivera à déstabiliser notre pays », a-t-il ajouté.

    Pour rappel, le ministre algérien de l’Intérieur, Dahou Ould Kablia, a accusé « des parties étrangères » de vouloir provoquer des troubles en Algérie le 17 septembre après des appels à manifester relayés par Facebook, dans une déclaration jeudi dernier. «Si c’était des gens de l’intérieur, nous les aurions démasqués et arrêtés, mais les indices nous orientent vers des parties étrangères en relation avec l’entité sioniste», a affirmé le ministre.

  • Une ambulance pour les réfugiés sahraouis

    Dans leur ambulance, Charles, Sophie et Julien ont chargé des civières et des médicaments.

    Trois jeunes Sarthois se mobilisent pour apporter une aide médicale aux réfugiés du camp d’Haouza, la ville jumelée avec Le Mans.
    Vendredi soir, sous une pluie battante, Julien Despelchain, Charles Rivenez et Sophie Derenne se sont lancés, au volant de leur ambulance, dans une aventure qui les mènera au camp de réfugiés d’Haouza, en Algérie. Les trois Sarthois, âgés de 22 à 26 ans, ont pour projet d’acheminer du matériel médical jusque dans ce campement.
    Jumelé avec Le Mans depuis 1983, le village d’Haouza abrite plusieurs milliers d’exilés, qui ont fuit le Sahara Occidental au milieu des années 1970.
    Un conflit vieux de trente ans
    Le Sahara Occidental est une ancienne colonie espagnole, tombée dans le giron du Maroc en 1976. Territoire non autonome selon l’Onu, il est ensablé dans un conflit interminable opposant le Maroc au Front Polisario. Ce mouvement, qui réclame l’indépendance du Sahara, est soutenu par l’Algérie, d’où une situation locale complexe : la lutte de certains Sarahouis pour leur indépendance se trouve en effet mêlée à la rivalité entre le Maroc et l’Algérie.
    Depuis le cessez-le-feu, déclaré en 1991, le Front Polisario réclame un référendum sur l’autodétermination, tandis que le Maroc contrôle 80% du territoire et que des dizaines de milliers de Sarahouis vivent toujours dans les trois principaux camps de réfugiés, situés au sud de l’Algérie.
    Un projet né d’une rencontre
    Chaque été, la ville du Mans accueille des enfants sarahouis, qui viennent passer quelques jours en France. « Je suis animateur, c’est comme ça que j’ai fait la connaissance des enfants et que j’ai découvert la situation des Sarahouis », explique Julien. Il en va de même pour ses compagnons de route, qui, comme lui, sont adhérents de l’association des Amis de la République arabe sarahouie démocratique (AARASD), qui vient en aide aux réfugiés.
    Depuis quelques années, ils ont tous les trois tissé des liens d’amitié très fort avec Marmoud, l’un des accompagnateurs des enfants, qui leur a fait part des besoins des camps en matériel médical. « Nous souhaitions aller voir comment ça se passait sur place, mais pas en tant que touristes. Nous avons donc décidé de monter un projet humanitaire », se souvient Julien.
    Depuis deux ans, les Manceaux démarchent les entreprises afin de récolter des financements et du matériel médical. La Protection Civile leur a donné une ambulance, qui servira à acheminer le matériel jusqu’en Algérie, puis sera cédée au camp d’Haouza.
    Bien que leur budget ne soit pas tout à fait bouclé, les trois jeunes sont sereins. « Cette fois, c’est parti: nous amenons l’ambulance à Marseille, d’où elle sera acheminée jusqu’à Oran. A partir du 12 avril, nous la descendrons jusqu’à Haouza », récapitule Sophie juste avant le départ. Leur provision d’oeufs de Pâques sous le bras, ils sont prêts pour l’aventure !
    Source : Ouest France