Mois : août 2011

  • Mohamed Abdelaziz veut des sanctions contre le Maroc

    Le président de la RASD Mohamed Abdelaziz active ces dernières semaines et multiplient les appels pour «imposer des sanctions» contre le régime marocain.

    Le premier responsable du Front Polisario a cette fois-ci interpellé l’Union africaine à travers son président, Jean Ping, pour exiger «des pressions et des sanctions nécessaires contre le gouvernement marocain jusqu’à l’arrêt des violations flagrantes» des droits de l’homme au Sahara occidental. Le président sahraoui a fait remarquer à M. Ping que le Maroc «persiste à maintenir sa politique d’escalade et de répression sauvage contre les civiles sahraouis» qui aspirent, selon lui, à «exprimer pacifiquement leur refus de voir perdurer la dégradation politique et socioéconomique de leur pays depuis l’occupation marocaine en 1975».


    «Ces développements dangereux nous confortent dans nos visions d’accélérer les choses pour l’établissement d’un mécanisme qui garantirait la sécurité et les droits des Sahraouis dans les territoires occupés à travers l’élargissement des prérogatives de la Minurso pour englober la protection des droits de l’homme au Sahara occidental», a affirmé M. Abdelaziz dans sa lettre à Jean Ping.

    Il a insisté sur «la gravité de la situation particulièrement devant la montée de la répression qu’exercent les forces d’occupation marocaines», engendrant selon M. Abdelaziz, dans la ville de Laayoune une quarantaine de blessés parmi les protestataires, notamment des travailleurs retraités, des franges sahraouies exclues, ainsi que des victimes de violations des droits de l’homme, des prisonniers politiques et des familles d’anciens disparus.

    Le président sahraoui a renouvelé à l’occasion sa «profonde conviction» que la résolution du conflit du Sahara passera «nécessairement» par une «solution démocratique» à travers un référendum d’autodétermination en faveur des Sahraouis ainsi que «la libération de la parole en mettant un terme aux violations des droits de l’homme commises par l’Etat marocain, revendiquant la libération des détenus sahraouis, l’arrêt du pillage des ressources sahraouis, divulguer le sort de 651 disparus sahraouis et détruire le mur militaire qui sépare le Sahara en deux parties».

    Y. M.

    Le Jeune Indépendant, 16/08/2011

  • Les révolutions, les contre-révolutions et l’ingérence impérialiste

    La situation dans le monde arabe et au Liban

    Les révolutions, les contre-révolutions et l’ingérence impérialiste
    Le Parti communiste libanais analyse l’évolution de la situation au Liban mais aussi en Syrie et en Égypte: « Révolutions, contre-révolutions et ingérence impérialiste »
    Bulletin mensuel du Parti communiste libanais repris par http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
    La situation politique dans le monde arabe à la fin de la première moitié de l’an 2011 se caractérise par le renforcement des soulèvements populaires et des révolutions, en particulier en Tunisie et en Egypte ; cela est visible dans la radicalisation du mouvement populaire qui, parti du slogan « A bas le régime », revendique actuellement la mise en route des programmes pour le changement, à commencer par le changement des Constitutions mais aussi des politiques socio-économiques dans leur intégralité.

    En contrepartie, nous assistons à une contre offensive menée par ce qui reste des régimes bourgeois et des dictatures branlantes qui s’appuient sur l’aide étasunienne directe mais aussi sur les positions contenues dans le discours du 19 mai passé de Barak Obama.

    Dans ce discours, Obama a, en effet, affirmé que les « pays arabes bien qu’éloignés des rives [étasuniennes], il n’en reste pas moins que nous savons que notre destin est lié à cette région, tant par la force de l’économie ou de la sécurité que par l’Histoire et l’idéologie »… A cela, nous ajoutons les mesures, financières surtout, prises par le sommet du « G8 » dans le but d’appuyer les contre-révolutions dans certains pays arabes (l’Egypte, en particulier, vu son importance), sans pour autant oublier celles, militaires, exécutées par l’OTAN, soit directement (comme en Libye), soit indirectement par le truchement de forces arabes, plus précisément celles du « Bouclier d’Al-Jazira » qui continuent à occuper le Bahreïn. De plus, les menaces lancées par l’Arabie saoudite, les Etats-Unis et l‘Union européenne ont contrecarré la formation du « Conseil de transition » que l’opposition yéménite tente de proclamer ; quant à celles entendues dans certaines capitales européennes durant « les conférences de solidarité avec la Syrie », elles profitent de l’entêtement du régime syrien à user des solutions militaires face au mouvement protestataire pour pousser certains groupes dans le sens de la guerre civile.

    Mais les mesures les plus dangereuses restent sans conteste celles prises par l’OTAN et visant à transformer la base d’Izmir en QG, ce qui veut dire que cette organisation veut transformer la Turquie en point de départ du nouveau plan pour le Moyen Orient qu’elle s’était fixé lors du sommet de Lisbonne. Ce plan prend deux dimensions voulues expressément par les Etats-Unis :

    La première concerne la poursuite du parcellement de l’Irak, à travers la proclamation de « l’autonomie » de la région d’Al-Anbar. Fait proposé par le président étasunien Barak Obama à la délégation officielle irakienne qui le visitait dernièrement ; à la suite de cette visite, le président du parlement irakien Oussama Noujaïfi a fait une déclaration dans laquelle il parle de « déception sunnite en Irak » ajoutant que « si la situation précaire des sunnites, qui sentent qu’ils ont un statut de citoyens de second ordre, ne trouve pas une solution rapide, ils pourraient penser à se séparer ou, du moins, à constituer un gouvernement autonome ».

    La seconde concerne la mainmise sur la Syrie, mettant à profit les exactions de certains mouvements confessionnels et armés mais aussi les effets de la répression que le régime baasiste exerce, à partir de la dite « théorie du complot », contre le mouvement pour les réformes et le changement démocratique.
    A cela s’ajoutent les nouvelles visées pour une mainmise complète sur le Liban (compte tenu des accusations du « Tribunal spécial pour le Liban » à propos de l’assassinat de l’ex président du Conseil, Rafic Hariri), mais aussi une reprise en main rapide des rennes de l’Egypte, avant le mois de septembre, date de la proclamation de principe de l’Etat palestinien. Sur ce dernier sujet, les Etats-Unis pensent pouvoir échanger leur accord sur un Etat palestinien, réduit et démilitarisé, contre une reconnaissance internationale et, surtout, arabe d’Israël en tant qu’Etat « des juifs dans le monde » ; ce qui permet au gouvernement de Netanyahu de réaliser deux grands objectifs : faire un nouveau « Transfert » généralisé de tous les Palestiniens restant dans les territoires de 1948 et, aussi, devenir le porte-parole et le représentant légal de tous les juifs dans le monde, compte non tenu de leurs appartenances nationales.

    Si nous ajoutons à cela la poursuite de la politique (ayant aussi l’aval de l’Union européenne) d’escalade des tensions religieuses, confessionnelles et raciales, surtout dans le Golfe arabique, nous arrivons à une conclusion contre laquelle le Parti Communiste libanais avait déjà mis en garde, depuis quelques années (Xème congrès) : le but recherché par le projet du « Grand » ou du « Nouveau » Moyen Orient est de mettre fin à la situation sur le terrain engendrée par le traité de Sykes-Picot et, ce, afin de procéder à un nouveau partage du monde arabe, puis le Moyen Orient et l’Afrique, sous la tutelle des Etats-Unis. Dans ce sens, nous comprenons le retour à des appellations datant des temps révolus du colonialisme, telles : « l’Afrique du nord » à la place du Maghreb arabe, ou « le Moyen orient » à la place du Machreq arabe.
    Le nouveau bulletin s’arrêtera sur les développements essentiels dans les soulèvements du monde arabe, en plus de la situation générale qui sévit dans ce monde ; il mettra en lumière les points suivants :
    1-Les nouveaux développements du problème palestinien ;
    2-Les nouveaux projets étasuniens au Maghreb arabe et, de là, vers l’Afrique, ainsi que le rôle de l’Union européenne.
    3-La nouvelle situation en Egypte.
    4-Les développements en Syrie.
    5-La situation libanaise à la lumière de ce qui se passe dans le monde arabe et du conflit intérieur sur le pouvoir.
    I- Le problème palestinien
    Entre le marteau de « l’Etat juif » et l’enclume de la situation régionale
    Le discours politique de Barak Obama, le 19 mai passé, a constitué un tournant très dangereux sur le plan de la position des Etats-Unis en ce qui concerne le problème palestinien, même si certaines positions développées ne sont pas nouvelles et constituent une redite du discours fait, il y a deux ans, par le même Obama au sein de l’Université du Caire ou, même, du plan tracé par l’administration de G. W. Bush junior.
    Obama, armé de sa victoire « écrasante » sur Ben Laden et du timing de cette victoire (le début de la campagne pour les présidentielles), a précisé les objectifs de l’impérialisme dont il représente les intérêts comme suit : « la lutte contre le terrorisme et la prolifération des armes nucléaires, la garantie de la liberté du commerce et la défense de la sécurité d’Israël ».
    Ces priorités visent à détourner les regards de l’échec de toutes les solutions mises au point pour endiguer la crise financière et économique, mais aussi à montrer que les Etats-Unis ont décidé d’élargir l’étendue de leur présence dans le monde arabe et au Moyen Orient et de leur participation directe aux guerres que le gouvernement israélien prépare contre la région. De plus, Obama s’est rétracté sur la question des colonies, tout en affirmant que les Etats-Unis poursuivront leur appui à Israël afin qu’il puisse « réaliser le rêve de la création d’un Etat juif » dont les frontières dépasseraient celles de 1967, puisqu’Obama appuie la thèse de « l’échange convenu de terres » ; ce qui laisse entendre que de nouvelles concessions seront exigées des Palestiniens…
    Les nouvelles positions étasuniennes se complètent avec celles que Benjamin Netanyahu a présentées, quelques jours plus tard, devant le Congrès des Etats-Unis, et que nous pouvons résumer comme suit :
    -La terre palestinienne est une « terre juive » et tout ce qui est dit contrairement à cela constitue une déformation de l’Histoire ; et, si Netanyahu accepte, comme il dit, « de céder une part de notre patrie historique » (il appelle ainsi la Palestine), le fait doit être considéré comme une concession « visant à conduire le peuple juif vers la paix ».
    -La paix recherchée par le même Netanyahu est basée sur le fait « qu’il n’y aura pas de Palestiniens en Israël ; ils doivent vivre dans leur pays » ; ce qui veut dire que les Palestiniens doivent s’attendre à la tentative d’un nouveau transfert.
    -Les régions se trouvant autour de Jérusalem et dans le grand Tel Aviv sont incluses dans les frontières finales d’Israël.
    -Un refus catégorique de céder la plus petite parcelle d’Al Qods qui doit « rester la capitale unifiée de l’Etat d’Israël ».
    -Afin de préserver la sécurité d’Israël, le nouvel Etat palestinien doit être démilitarisé ; de plus, Israël pense garder à long terme une certaine présence militaire le long du Jourdain sous prétexte d’empêcher l’entrée d’armes dans les territoires palestiniens.
    -Un refus catégorique de toute solution supervisée par les Nations unies et non basée sur des négociations bilatérales directes.
    -Un refus catégorique de l’accord palestino-palestinien (signé entre le Fath et le Hamas puis entériné par les autres organisations palestiniennes).
    Cette similitude entre les grandes lignes des deux positions, étasunienne et israélienne, confirme nos appréhensions concernant les tentatives de liquider la cause palestinienne politiquement et physiquement, Ce qu’Israël tente de faire, avec l’appui des Etats-Unis, se résume comme suit : faire, d’abord, pression sur l’ONU afin d’empêcher la reconnaissance de l’Etat palestinien ; pousser, ensuite, Mahmoud Abbas à se désolidariser de l’accord signé et à donner à Israël le droit de se trouver aux frontières de l’Etat palestinien. Sans oublier le passage sous silence du droit au retour, ce qui faciliterait à Israël le nouveau « transfert » des Palestiniens hors des territoires de 1948, tout en lui permettant de poursuivre sa politique de colonisation à l’intérieur des territoires occupés en 1967 mais aussi ses crimes contre les civils (arrestations, assassinats…etc.).
    Ce plan israélien est d’ailleurs facilité par de nombreux facteurs palestiniens internes tout aussi bien que par des facteurs extérieurs, dont :
    -L’absence d’un pouvoir exécutif légal, malgré la réconciliation Hamas-le Fath et l’accord survenu entre les différentes organisations palestiniennes.
    -Les tentatives du Hamas et de Fath de revenir à la bilatéralité dans les prises de décisions importantes et de passer outre le Conseil législatif et, même, l’OLP à partir d’un accord commun sur la possibilité pour le nouveau gouvernement (si gouvernement il y a) de se présenter devant le président de la république sans avoir le besoin de faire appel au pouvoir législatif.
    -L’ambiguité de la position du commandement militaire égyptien, surtout après le retour à la normale avec Israël et les affirmations de Hussein Tantaoui que l’Egypte poursuivra l’exécution des clauses des Accords de Camp David et continuera de donner son aval à la construction du mur de séparation raciste.
    -La parution d’un communiqué très évasif de la part de la Ligue arabe concernant les nouvelles positions israéliennes précitées.
    Tout cela confirme la nécessité pour tous d’appuyer la position des forces palestiniennes qui continuent à résister et à appeler à l’unité nationale ayant pour cadre l’OLP, représentant légal unique du peuple palestinien, mais aussi à l’unité politique et légale de la Cisjordanie et de Gaza ; et, ce, pour imposer la proclamation de l’Etat palestinien démocratique ayant Al-Qods pour capitale. Cela présuppose la mise au point d’un agenda précisant la date des élections présidentielles et législatives, suivant le contenu de la constitution, accompagné d’un programme économique et social basé, d’abord, sur la lutte contre la corruption et la consolidation de la résistance populaire.
    II-Les nouveaux projets étasuniens dans le Maghreb arabe
    Et, de là, vers toute l’Afrique

    Depuis peu, la partition légale du Soudan en deux Etats fut proclamée selon la vision mais aussi les visées des Etats-Unis. Partition facilitée par les conflits tribaux et religieux entre le sud et le nord du pays et par les politiques répressives des régimes d’Omar Al Bachir et, avant lui, Gaafar Noumeiri.
    La proclamation des deux Etats soudanais, bien qu’attendue à la suite du referendum organisé en janvier 2011, marque le commencement d’une étape dangereuse non seulement pour le pays divisé mais pour toute l’Afrique. N’est-ce pas là l’objectif de l’intervention directe et indirecte de l’OTAN en Libye qui vise, d’abord, à créer les conditions menant au partage de ce pays sur des bases tribales et à faire, ensuite, de ce partage un modèle pour les pays alentour, le Tchad en premier lieu. Il nous faut ajouter que le continent africain est menacé dans son ensemble de guerres et de conflits nouveaux qui ne manqueraient pas d’envenimer plus encore la famine et la pauvreté touchant des dizaines de millions de personnes, surtout les femmes et les enfants.
    Les Etats-Unis, rappelons-le, avaient mis au point un projet « africain » semblable au projet du « Nouveau Moyen Orient », dont le premier volet réside dans la balkanisation de la région dite de l’Afrique du nord, à commencer par la Libye, l’Egypte et le Soudan. Ce projet s’appuie sur une force militaire de grande importance, l’AFRICOM (la direction militaire des forces étasuniennes en Afrique) dont le champ des opérations s’étend à 53 pays dans le Maghreb arabe et en Afrique.
    Au début de 2011, le commandant de l’AFRICOM en avait défini les objectifs comme suit : « lutter contre le terrorisme en Afrique, tout en œuvrant pour la stabilité des différents pays africains, en premier lieu la Somalie, le Soudan, la Guinée, ainsi que tous les foyers d’instabilité ». Il avait ajouté que l’action de son commandement se base sur deux piliers essentiels : entrainer les forces militaires africaines à partir des bases établies en Algérie et au Mali et donner à certaine Etats les armes nécessaires à leur auto défense…
    Et, si le commandant de l‘AFRICOM avait insisté sur le fait que la base principale de cette force resterait Stuttgart (Allemagne) et que les Etats-Unis n’enverraient pas des forces militaires « là où ils ne sont pas invités », ces paroles ne sont rassurantes pour personne, parce que Washington n’a jamais pris en considération les avis contraires à ses plans pour intervenir là où se trouvent ses intérêts et, aussi, parce que la base de Djibouti n’est plus suffisante à elle seule pour préserver ces intérêts immédiats, face à la Chine, ou stratégiques, surtout ce qui se rapporte aux problèmes de l’eau et de la nourritures qui auront la priorité durant les deux décennies à venir.
    Ainsi se comprennent les tentatives visant à mettre en échec la révolution tunisienne, tant à partir de l’immixtion directe des « envoyés spéciaux » dans les affaires de ce pays qu’à travers la présence soi-disant « humanitaire » dans la région frontalière tunisienne avec la Libye… Sans oublier d’attirer l’attention sur la bataille menée par les forces contre-révolutionnaires, avec l’aval des Etats-Unis et de l’Union européenne, pour remettre la main sur le pays. Ajoutons à cela le réveil du conflit sur le Sahara occidental, région qui contient un immense bassin souterrain d’eau potable, dont la longueur dépasse 500 km (depuis le Ras Boujdour jusqu’à Amlili), en plus des richesses en poissons et en matières premières (pétrole, gaz, fer, titanium, vanadium…etc.).
    Tous ces plans sont bien visibles dans le nouveau projet approuvé durant le sommet de Lisbonne de l’OTAN qui met au point une redistribution du monde, de l’Afrique et de l’Asie en particulier.
    III- La situation en Egypte
    Afin de pouvoir mieux comprendre la situation qui prévaut actuellement en Egypte, quelques mois après la chute du régime de Moubarak, il est nécessaire de s’appuyer sur ce qui vient d’être dit à propos du projet préparé pour résoudre le problème palestinien et du plan mis au point par les Etats-Unis pour la partie nord de l’Afrique. Il faudra ajouter que Washington a déjà résorbé le choc que fut la révolution du 25 janvier 2011 en Egypte et tente aujourd’hui d’appuyer les tentatives déployées par la bourgeoisie égyptienne pour reprendre en main le régime face aux mouvements populaires qui œuvrent pour la défense du changement.
    Nous avions déjà, au début des soulèvements populaires, attiré l’attention sur les politiques étasuniennes et réactionnaires arabes visant à sacrifier les symboles du régime (Moubarak, en tête) pour sauver le régime lui-même. Nous avons aussi fait mention des tentatives impérialistes de donner au changement le visage semblable à celui du régime turc : un mélange entre l’armée et les forces islamiques dites « tempérées », mélange dont les prémices égyptiennes furent le rapprochement entre le Comité militaire provisoire (qui tente aujourd’hui de se donner une légalité complète) et les « Frères musulmans » qui avaient tenté, sans grand succès, de se faire un visage progressiste en s’appropriant les slogans de la révolution (liberté, justice, égalité) qui, pour eux, se trouvent à la base de la Charia islamique.
    Il faut dire que les tentatives du Comité militaire provisoire de mettre la main sur le pouvoir et les mesures prises par le gouvernement présidé par Issam Charaf en ce qui concerne la restriction des libertés sont à la base de la seconde Intifada qui a commencé depuis quelques semaines et qui fut noyée dans le sang. En effet, ces deux piliers du régime ont tenté de bloquer les réalisations de la révolution du 25 janvier, d’abord en appelant à un referendum bâclé pour l’amendement de la Constitution dans le sens de laisser telles quelles les prérogatives du président de la République, de renforcer le lien entre l’Etat et l’Islam, mais aussi de criminaliser les mouvements populaires, à commencer par les manifestations, et de voter une nouvelle loi pour la formation des partis politiques dont le contenu ne manque pas de faciliter le retour du Parti national de Moubarak à la direction du pays. Tout cela pour contrecarrer la naissance d’une république démocratique.
    Ainsi, le retour à la politique de répression et à l’usage des « bandes armées » (houligans) payées par la bourgeoisie, les nouveaux accords militaires et sécuritaires passés avec les Etats-Unis, les déclarations rassurantes envers Israël constituent les titres de la nouvelle politique contre-révolutionnaire et permettent de faire la séparation entre les forces de la révolution et celles qui tentent d’en profiter. D’ailleurs, les divisions intestines au sein du mouvement des « Frères musulmans » et de certaines forces laïques montrent clairement que les quelques mois à venir ne manqueraient pas de voir naître des conflits violents, soit pour consolider l’alliance entre le Comité militaire provisoire, les restes du régime de Moubarak et les « Frères musulmans », soit encore pour préciser le rôle de l’Egypte dans le conflit qui se profile à l’horizon concernant la proclamation d’Israël « Etat juif » et l’exploitation du pétrole et du gaz en Méditerranée.
    Sur ces bases, nous trouvons dans le programme en sept points promulgué par les forces de la révolution en Egypte un programme concret et bien ciblé, surtout qu’il tend à la formation d’un nouveau gouvernement n’ayant aucun lien avec l’ancien régime et dont la légitimité est celle de la révolution même.
    Parmi les sept points, et en plus du côté politique, nous attirons l’attention sur les points 6 et 7. Le premier demande « l’élaboration d’un projet de budget stipulant la hausse du SMIG à 1200 guinées, la fixation du plafond à 15 multiples de ce SMIG et reliant les salaires aux prix ». Quant au point 7, il insiste sur « la nécessité de purger le Conseil des ministres, toutes les institutions de l’Etat mais aussi les banques et les médias, tout en empêchant les leaders du Parti national de participer ♪3 la vie politiques durant deux mandats consécutifs ».
    IV- Les développements de la situation en Syrie
    Quant à la situation en Syrie, elle évolue toujours au rythme des solutions militaires par lesquelles le régime vise à mettre fin aux mouvements de masse, d’une part, et de l’immixtion extérieure (étasunienne, française et turque, en particulier) dans les affaires syriennes, d’autre part. Cette immixtion vient du fait de la position stratégique de la Syrie sur deux routes essentielles convoitées par Washington : la première est celle qui va de la Caspienne vers Israël et la Mer rouge via la Turquie et la Syrie ; la seconde relie l’Irak à la Méditerranée. A cela s’ajoute l’importance revêtue par la découverte du gaz en Méditerranée entre la Palestine occupée, le Liban, la Syrie et Chypres et l’influence d’une telle découverte sur la Turquie (qui occupe le nord de Chypres) et sur Israël (qui tente, avec l‘aide de certaines sociétés étasuniennes, de faire main basse sur les champs découverts, dont notamment celui qui se trouve dans les eaux territoriales libanaises). De plus, il ne faut pas oublier que les Etats-Unis ont, à maintes reprises, exprimé leur désagrément quant à la coopération syro-iranienne, d’une part, et aux relations russo-syriennes qui se sont exprimé récemment par le renforcement de la présence militaire russe en Syrie et les nouvelles positions qu’elle vient d’obtenir dans ce pays.
    Il faut noter que les positions politiques prises par le régime syrien n’ont pas pris en considération ces facteurs dans la recherche de solutions aux problèmes et aux revendications reconnus par le président Bachar Assad comme étant des problèmes qu’il aurait fallu résoudre depuis 2005. D’où les développements des quelques dernières semaines ont exacerbé les dangers déjà existant contre l’unité nationale syrienne et poussé l’opposition démocratique notamment à mettre du sien afin d’empêcher la situation de dégénérer vers une division confessionnelle (sunnite-alaouite) et à revendiquer du pouvoir des positions claires quant au changement revendiqué par le mouvement populaire, en premier lieu la suppression de l’article 8 de la Constitution qui proclame l’exclusivité de la direction politique au seul Parti Baas.
    De plus, la décision du régime syrien de reconnaître l’Etat palestinien « dans les frontières de 1967 », qui constitue un changement en arrière, a augmenté les craintes, déjà existantes, sur la préférence de ce régime de faire des concessions là où il ne fait pas à qui il ne faut pas dans une tentative d’atténuer le poids de la pression extérieure proche et lointaine. Et, si les réunions dudit « Liqaa tachaouri » (Rencontre consultative) se sont faites, avec la présence de certaines forces de l’opposition, dans ce but, il faut dire que leurs résultats furent minimes et cela sur deux plans :
    -Le premier réside dans l’absence de toute allusion à l’amendement de la Constitution dans le communiqué final, le régime s’étant contenté de parler de la formation d’une commission juridique dont la mission est de procéder à une révision des chapitres et articles de cette Constitution.
    -Le second réside dans l’absence d’un agenda clair pour voter le projet de loi concernant la création des partis politiques, la loi électorale et celle sur les médias.
    Cette situation, jointe à la recrudescence de la violence dans tout le pays, demande l’amendement rapide de la Constitution, dont, en premier lieu, la suppression de l’article 8, et le vote des projets de lois précités. Cela seul pourra mettre en évidence la volonté de changement et facilitera, en conséquence, le retour à la paix civile. A cela s’ajoutent les revendications de l’opposition démocratique de mettre fin aux solutions militaires, traduire en justice les responsables des massacres qui ont coûté la vie à des centaines de martyrs civils et militaires.
    Seules de telles mesures pourraient mettre fin à la sédition confessionnelle qui devient de plus en plus concrète. Elles consolideraient aussi le front intérieur face à l’intervention impérialiste et remettraient la Syrie là où elle doit se trouver, dans le camp de ceux qui font face au projet du « Nouveau Moyen Orient » dont la phase actuelle vise, comme nous l’avons déjà mentionné, la liquidation de la cause palestinienne.
    V- La situation libanaise
    A la lumière des développements arabes et de la lutte pour le pouvoir

    La situation arabe très critique, surtout en Syrie, et le rôle joué par les Etats-Unis et Israël ont remis le Liban dans l’œil du cyclone.
    En effet, les Etats-Unis tentent de reprendre en main la carte libanaise et, ce, afin de l’utiliser dans des directions pouvant servir \leurs intérêts proches et futurs
    La première direction est celle des négociations directes avec Israël, ce qui présuppose de mettre en cause les armes de la Résistance (et non seulement du Hezbollah), mais aussi d’accepter le projet de naturalisation des Palestiniens vivant au Liban, tel qu’il fut élaboré en 1993… Le but final étant de normaliser les relations libano-israéliennes.
    La seconde direction est celle visant à faire pression sur la Syrie pour l’entraîner, elle aussi, vers les négociations directes avec Israël, en plus d’une certaine entente à propos de l’Irak et des sources d’énergie, tant celles provenant de la Caspienne que celle qui attendent d’être exploitées dans la partie orientale de la Méditerranée.
    La troisième direction est celle visant à faire passer en douce la proclamation d’Israël – Etat juif, mais aussi de lui assurer la reconnaissance nécessaire. Ce qui veut dire que nous devons nous attendre à déflagrations militaires, contre le Liban notamment.
    Tout cela dans le but de reconstituer la situation géopolitique dans la région, c’est-à-dire la troisième phase du « Nouveau Moyen Orient », à certains préfèrent donner le nom de « Nouveau Sykes-Picot ».
    Pourquoi le choix de la carte libanaise ?
    Parce qu’il assez facile de faire exploser le Liban sur des bases religieuses et confessionnelles, inhérentes à son régime politique et facilitées aujourd’hui par deux facteurs : l’accusation lancée par le Tribunal international pour le Liban contre certains membres du Hezbollah dans l’assassinat de l’ex président du Conseil Rafic Hariri et les frontières maritimes du Liban, puisqu’Israël a déjà fait son propre tracé qui dépossède le Liban de plusieurs centaines de km carrés et que des sociétés transnationales, étasuniennes surtout, tentent de mettre la main sur les centaines de milliards de dollars que représentent les gisements de gaz.
    Il faut dire aussi que la situation intérieure actuelle facilite, elle aussi, les tentatives israélo-étasuniennes et autres. En effet, si les six premiers mois de l’année en cours furent caractérisés par un vide constitutionnel dû à l‘absence d’un gouvernement, la situation actuelle n’est pas meilleure, vu que le gouvernement formé par Najib Mikati, à partir d’une nouvelle majorité née de l’alliance des représentants de la bourgeoisie regroupés dans ce qu’on appelait « le 8 mars » ( Le Hezbollah, Aoun, le mouvement Amal, en particulier) et quelques représentants du « 14 mars » (représentés par le président du Conseil lui-même et Walid Joumblatt), regroupe parmi ses membres plus de six représentants de l’oligarchie financière, de ceux qui avaient participé à la mise au point des politiques économiques et financières qui ont appauvri la majorité des Libanais et relevé la dette publique à plus de 65 milliards de dollars.
    Aujourd’hui, et par le fait de telles politiques, la moitié des Libanais vivent sous le seuil de pauvreté et le taux des plus démunis (vivant avec quelques 60 dollars par mois) est passé de 8% à 13%. La majorité d’entre eux vivait de l’agriculture dont le rôle s’est dégradé.
    C’est à partir de cette situation que nous avons étudié le projet présenté par le nouveau gouvernement, qui constitue, en réalité, une copie conforme de celui du gouvernement sortant. C’est un projet brumeux, surtout en ce qui concerne les réformes nécessaires, tant celle concernant la loi électorale que celles visant des changements sociaux dont, en particulier, la discrimination contre les femmes ou les salaires gelés depuis 1996. Sans oublier que rien n’est dit à propos de la sécurité sociale ou de l’enseignement public ou du chômage, surtout parmi les jeunes, ou, enfin, du poids lourd des impôts…
    Quant à la situation économique, le programme ne sort pas des politiques appliquées du temps de Rafic Hariri au début des années quatre-vingt-dix du siècle passé et qui sont à la base de la crise étouffante dont souffre le Liban.
    Nous publions ci-dessous certains indices qui ont paru à la suite des six premiers mois de 2011 :
    a- Les finances publiques, la politique monétaire et le secteur bancaire

    La Banque centrale libanaise continue à absorber, à des taux d’intérêts exorbitants, le surplus de liquidité dans le secteur bancaire. Cela a abouti, selon les dernières statistiques parues le mois passé, à une hausse des intérêts perçus par les banquiers et leurs riches clients, à cause du service de la dette publique au dépens des citoyens les plus démunis et qui se trouvent ainsi privés des services de base, dont l’ eau, l’électricité, la sécurité sociale et médicale.
    En réalité, il y a 63982 milliards de l. l. gardée par la Banque centrale sous l’article « dépôts des banques commerciales ». le taux des intérêts perçus s’élève à 2,92% pour les dépôts en l.l. et 3,29% pour ceux en dollars. Le coût de ces sommes est très élevé et dépasse 500 millions de dollars au moment où les taux d’intérêt sur le plan mondial ne dépassent pas de beaucoup le zéro. De plus, la banque centrale a émis de nouveaux bons de trésor, à des taux d’intérêt allant jusqu’à 9,23% pour résorber l’excès de liquidité ; ce qui a donné de nouvelles possibilités aux banques pour gagner quelques 452 milliards de l. l.
    Il faut dire, enfin, que les capitaux actuels des banques ont atteint, à la fin de mars passé, 122,5 milliards de dollars, c.a.d. 4 fois le produit national. De plus, les banques avaient financé une dette publique de plus de 65 milliards de dollars, à la fin de 2010, mais aussi des dépenses générales dépassant les 130 milliards durant les 15 années passées. Le déséquilibre dans ce domaine n’est pas le fait d’une seule institution. En effet, d’après la Commission parlementaire des finances et du budget, les « crimes financiers » furent commis par des conseillers nommés hors cadre et qui tiennent en main non seulement tous les fonctionnaires mais aussi les ministres ; ils suppriment des décrets et passent outre les décisions des directeurs généraux, accomplissant tout leur travail loin de tout contrôle. Notons aussi dans ce domaines les « donations » non enregistrées et les « emprunts » non enregistrés.
    b- Les politiques contre l’économie productive

    Les politiques économiques qui visent à marginaliser l’industrie et l’agriculture se poursuivent malgré la capacité de ces deux secteurs à attirer les capitaux et à créer de nouveaux emplois. Ces politiques sont le fait des banques qui trouvent que ces secteurs ne procurent pas assez de gains !
    Dans le secteur industriel, les statistiques de la direction de la « Société générale pour l’encouragement de l’investissement » notent que, depuis 2003, l’industrie a bénéficié de 17% seulement de l’ensemble des projets appuyés par cette société, et son lot est de 12% de l’ensemble des investissements. D’ailleurs, l’industrie fait face à de nombreux problèmes, dont le plus important fut toujours le refus des différents gouvernements de diminuer le prix de revient de l’électricité, mais aussi du mazout et du fuel.
    Quant au secteur agricole, il est toujours représenté comme étant un secteur économique secondaire ; conclusion erronée, puisque la production végétale dans ce secteur atteint le milliard de dollars et la production animale 500 millions de dollars. Quant au nombre de ceux qui y travaillent, il est à noter que 40 000 louent une partie des quelques 240 000 propriétés recensées, tandis que les ouvriers agricoles varient entre 22 000 et 25 000. ce qui fait que ce secteur fait vivre tant bien que mal (plutôt mal pour la grande majorité) quelques 260 000 familles.
    c- Les leaders des taïfas planifient le vol des richesses découvertes en mer

    Non contents d’avoir appauvri le peuple, les émirs des confessions religieuses au pouvoir tentent de lui voler les nouvelles richesses, le gaz surtout, découvertes dans les eaux territoriales libanaises.
    Cette nouvelle source d’énergie est évaluée par la société étasunienne « Noble Energy » (qui œuvre avec le gouvernement israélien) à quelques 122 trillions de pieds cubes (le pied est égal à 0,028 mètre cube) ; elle se trouve dans la mer entre les eaux territoriales libanaises et celles de Chypres.
    Mais le scandale vient du fait que le gouvernement et le parlement libanais tergiversent depuis longtemps et n’ont pas encore promulgué une loi concernant l’extraction de cette source d’énergie. En effet, depuis 2007, l’accord pour délimiter les frontières maritimes avec Chypres est bloqué, ce qui a permis à Israël de signer un accord bilatéral avec ce pays et de croquer quelques 5 km le long de la côte libanaise (ce qu’Israël appelle le champ de Léviathan).
    d- Le téléphone cellulaire et l’électricité et les tentatives de privatisation

    Une nouvelle tentative de privatiser les secteurs de l’électricité et du cellulaire vient de commencer. Elle se présente sous forme de retard à assurer les quelques 4,8 milliards de dollars nécessaires au plan quinquennal (2010-2015), dont 1,2 milliards seulement sont collectés ; à cela s’ajoute que la part du gouvernement ne dépasse pas les 31,2% tandis que celle des sociétés privées libanaises est de 51,1% contre 20,7 pour le financement extérieur.
    e- Les monopoles et la corruption

    Les libanais continuent à souffrir des problèmes de fraude, de nourriture avariée, des faux médicaments, mais aussi des gains exorbitants réalisés par des particuliers au dépens de leur santé et de leur vie et des impôts indirects que les gouvernements successifs leur imposent. Un exemple : les 215 tonnes de blé étasunien arrivés récemment au port de Beyrouth. Cependant, rien ne fut fait, comme d’habitude, pour punir les responsables… D’ailleurs, le « Conseil national pour la sauvegarde des consommateurs », créé il y 5 ans sous l’égide du ministère de l’économie, s’est réuni deux fois seulement, la dernière datant de 2009.
    Tout cela nous ramène à poser une nouvelle fois le problème du mouvement populaire face à ces politiques réactionnaires qui approfondit la dépendance, tant politique qu’économique, du régime libanais au capitalisme mondial. Ce mouvement, regroupé sous le slogan « A bas le régime confessionnel » doit aller plus de l’avant face à ceux qui tentent de renforcer les divisions religieuses et confessionnelles à un point qui recommence à menacer non seulement l’unité nationale mais aussi l’existence même du Liban.

    D’où la nouvelle phase de ce mouvement revêt une très grande importance, tant par les slogans qu’elle avance, et qui visent la loi électorale et la promulgation de statuts personnels civils, que par les forces ayant intérêt à faire le changement, en premier lieu le mouvement syndical et le mouvement progressiste et démocratique.

    Les préparatifs vont bon train pour la tenue d’un congrès national regroupant toutes les forces politiques et sociales démocratiques ; parce qu’un tel congrès est la seule solution face à la bourgeoisie intérieure qu’à l’agression israélienne qui se prépare contre le Liban et ses forces de résistance. Ainsi, l’union qui se fera entre le facteur changement et celui qui vise à libérer ce qui reste des territoires occupés (les fermes de Chebaa et les hauteurs de Kfarchouba) constituera la seule base ferme sur laquelle le Liban indépendant, souverain et non confessionnel se reconstruira.
    Fin juillet 2011
    Le Comité des relations internationales du PCL
    Source : Changement de Société, 16/08/2011
  • Réponse à une mise au point d’un Marocain qui a traité les Algériens de misérables et de sales

    «Je souhaite une bonne lecture aux journalistes et que les Algériens commencent par balayer chez eux, car ça pue… Un peuple aussi misérable et miséreux qu’à Calcutta».

    Non, cette phrase n’est pas d’un ennemi irréductible de l’Algérie ou d’un israélien orthodoxe prêt à marcher sur le corps des Arabes ! C’est une phrase d’un marocain, un certain Farid Mnebhi, sujet du roi Mohamed VI, publiée sur son site internet.

    Cet individu, propriétaire d’un journal en ligne SXM Annonces se croit chargé d’une «mission» celle de répondre aux journaux algériens à chaque fois que l’un d’entre eux s’aventure à relater les misères des populations marocaines qu’espère cacher ce sujet du roi : «Depuis quelques jours on constate que la presse algérienne, ainsi que celle à la solde d’Alger, mènent une attaque en règle contre le Maroc. Ce fut, tout d’abord l’accusation selon laquelle le Maroc parrainait les terroristes.

    Ce fut ensuite la levée de boucliers de ses mêmes sbires lors de la livraison des 4 F16. Maintenant, ces mêmes canards enragés traitent le Maroc de choix privilégiés des pédotouristes. Mon intervention se résume tout simplement à apporter quelques précisions sur ce dernier point. Pour les deux premiers c’est déjà fait. L’Algérie est mieux placée que le Maroc dans ce domaine. C’est lamentable pour un pays qui génère des revenus énormes de son pétrole et de son gaz. Un peuple aussi misérable et miséreux qu’à Calcutta. Ci-après les liens pour éclairer les lanternes de ceux qui attaquent le Maroc et qui permettront aux lecteurs de se faire une opinion sur la véritable situation socio-économique qui prévaut en Algérie», est-il écrit sur ce site en guise de préambule à cette insulte avant de diriger les lecteurs vers des sites qui traient de la mal-vie, de la misère des Algériens et de beaucoup d’autres maux de la société. Aussi ne fait-il qu’alimenter une haine absurde qui le dépasse et qui dépasse la simple question de la réouverture des frontières, une revendication du Roi Mohamed VI.

    L’auteur de cet article à une dent contre l’Algérie car la plupart de ses articles sont dirigés contre le pays et sa population. Sa réaction, est dit-il, motivée par les écrits de la presse algérienne. La dernière affaire scabreuse publiée par la presse algérienne relative à un article traitant de la pédophilie au Maroc. Un scandale où une zerda à Marrakech, au vu et au su des autorités, entre politiques français qui consommaient du jeune marocain (qui) ne peut pas avoir lieu en Algérie.

    L’affaire du collier en or est la goutte qui a fait déborder le vase. Pour ce marocain jaloux de son identité et de son roi, l’affaire du collier en or offert par la princesse Lalla Salma, l’épouse du roi, à Tzipi Livni devrait le conduire à revoir sa position vis-à-vis de l’Algérie de son peuple et des milliers de martyrs.

    L’affaire du collier en or offert à Tzipi Livni «Un collier en or aurait été offert par Lalla Salma, épouse du Roi du Maroc, à Tzipi Livni, le coordonnateur de la guerre de destruction israélienne de Gaza (2007-2008). Un cadeau offert en 2009 à l’occasion d’une visite de l’ancien ministre israélien des Affaires étrangères au Maroc, un an après la fin de la guerre israélienne contre l’enclave palestinienne ». Cette information explosive a été démentie de piètre façon par le Maroc, par un communiqué laconique du ministère des Affaires étrangères publié le 26 juillet, soit deux semaines après la fuite du Maariv.

    Le journal israélien précisait, pourtant, dans son édition en date du 13 juillet 2011, que le parlement israélien avait pris la décision de

    dévoiler une liste de cadeaux offerts aux officiels et parlementaires israéliens par des personnalités étrangères, liste où figurerait alla

    Salma»pour un «collier en or» à Tzipi Livni lors de sa visite au Maroc en 2009 à l’invitation de l’Institut Amadeus pour le Forum MEDays organisé à Tanger.

    Dans ce qui apparait comme un geste d’apaisement destiné à détourner le courroux de l’opinion publique, la communauté juive du

    Maroc a volé au secours du trône, lui emboitant le pas, endossant le même jour la responsabilité de ce cadeau. Non pas par un communiqué franc et précis qui aurait coupé court à toutes les spéculations mais par un procédé oblique, en des termes alambiqués, des propos confus faisant état d’une indication d’un membre de la communauté juive, à l’identité non définie, se dévouant pour confier à un site électronique marocain que Mme Livni «n’a rencontré aucune princesse du Maroc, uniquement des personnalités marocaines et des responsables de la communauté juive» et que «le collier a pu lui être offert par la communauté juive».

    Selon Maariv, pourtant, Lalla Salma n’aurait pas été la seule à couvrir de bijoux la ministre israélienne. La Fédération des juifs du Maroc lui aurait aussi offert «un collier d’or serti de diamants et de pierres précieuses assorties de deux bagues». Soit, en fin de compte, deux colliers et deux bagues. Un think tank marocain, indépendant, l’Institut Amadeus, dirigé par le propre fils du ministre marocain des Affaires étrangères, Brahim Fassi-Fihri, aura servi de paravent au séjour de Mme Livni au Maroc. Crée en 2008, l’institut est soutenu par les entreprises traditionnellement perméables aux intérêts occidentaux.

    Une quarantaine de personnalités françaises de premier plan ont opté pour le Maroc pour leurs vacances de fin d’année lors de la révolte arabe de 2010. De l’ancien président Jacques Chirac, à Taroudant, dans le sud du pays, à son successeur Nicolas Sarkozy, qui y a passé des vacances de Noël en 2009 et en 2010, à la résidence royale de Jnane Lekbir, à 3 km de Marrakech, à son ancienne adversaire socialiste de 2007, Ségolène Royal, qui y a séjourné en 2010, avec son compagnon André Hadjez, au sein d’un palace de Ouarzazate , dans le sud du pays, à Jean Louis Borloo, ministre de l’écologie, au couple Balkany, Isabelle et Patrick Balkany, maire de Levallois, à Hervé Morin (et 18 membres de sa famille à l’hôtel Es-Saâdi de Marrakech), à Brice Hortefeux et naturellement à Philippe Douste Blazy, ancien ministre des Affaires étrangères qui fit l’objet d’un scandale. La tribu Maroc s’étend bien audelà de ces attaches.

    De Bernard-Henri Lévy à Thierry de Beaucé, à Dominique Strauss Kahn et Anne Sinclair, à Elizabeth Guigou et Dominique de Villepin, nombre de dirigeants politiques, chefs d’entreprise, intellectuels médiatiques et célébrités du showbiz ont, à Marrakech ou ailleurs, une résidence secondaire. Etat policé, le Maroc est aussi un état policier et son parc hôtelier, comme il se doit de l’être, est sonorisé et scanné. Le Royaume se gangrène de tant de dérives. De tant de licences.

    Lupanar des pétromonarchies du Golfe, enclave diplomatique israélienne, mercenaires sous traitant de la stratégie américaine en Afrique dans le cadre du Safari Club chargé de la protection des dictatures africaines prooccidentales, notamment le Zaïre du général Joseph Désiré Mobutu, sur fond de corruption, de népotisme et d’autoritarisme bureaucratique. 

    Mahmoud Tadjer
    Le Jeune Indépendant (PDF), 15/08/2011 
  • Mohamed Abdelaziz appelle à l’élargissement des prérogatives de la Minurso

    Le président sahraoui appelle l’ONU à « intervenir d’urgence » pour protéger les civils sahraouis de la répression marocaine ainsi que l’élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) à la protection et à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental. Le président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, a appelé le Secrétaire général de l’Organisation des Nations unies (ONU), Ban Ki-moon, à « intervenir d’urgence » pour protéger les civils sahraouis et prendre les « sanctions » qui s’imposent à l’encontre du gouvernement marocain pour qu’il cesse ses « violations flagrantes » des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés, rapporte samedi l’agence de presse sahraouie (SPS). Dans un message adressé au Secrétaire général de l’ONU, le président sahraoui a exprimé sa conviction que ces développements graves dictent l’urgence de trouver un mécanisme onusien qui garantit la sécurité et les droits des Sahraouis dans les territoires occupés à travers l’élargissement des prérogatives de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso) à la protection et à la surveillance des droits de l’Homme au Sahara Occidental. Le président Abdelaziz a mis en garde contre l’escalade menée par les autorités marocaines face à la résistance dans les territoires sahraouis occupés, rappelant ce qui s’est passé dans la ville d’ El- Ayoun lundi et jeudi derniers où 8 blessés parmi les citoyens ont été enregistrés. Le président sahraoui a indiqué que les forces d’occupation marocaines avaient lancé, dans le cadre d’une escalade dangereuse, une campagne répressive générale dans les rues et quartiers de la capitale sahraouie occupée de la Rasd après avoir interdit des manifestations que des citoyens sahraouis pacifiques avaient décidé d’organiser tous les lundi et jeudi après la prière des tarawihs devant le siège de la délégation du ministère marocain de l’énergie et des Mines. Des civils innocents et pacifiques portant des revendications légitimes font l’objet « de toutes sortes de répression et d’intimidation par les forces marocaines », souligne Mohamed Abdelaziz dans son message. Le président sahraoui a, dans ce contexte, déploré le fait que les citoyens sahraouis sont réprimés dans un territoire qui est encore sous l’égide des Nations unies à travers la présence des membres de la Minurso », qualifiant cet acte d’illégal et immoral. Un acte, a-t-il dit, qui rappelle le climat de peur qui a suivi l’attaque perpétrée par les forces marocaines le 8 novembre 2010 contre le camp sahraoui de Gdeim Izik. Ces pratiques visent non seulement à créer un climat de peur et de terreur chez les citoyens sahraouis mais aussi à confisquer leur liberté d’expression et leur droit à l’organisation de manifestations pacifiques pour revendiquer leurs droits et refuser les politiques de pillage de leurs ressources, indique le président sahraoui, rappelant que ceci est une violation flagrante des chartes et conventions internationales y afférentes. Le président sahraoui a souligné que la cessation de ce genre de pratiques et de violations aboutira immanquablement à une solution juste au conflit du Sahara Occidental à travers le respect total de la volonté du peuple et l’organisation d’un référendum libre, transparent et régulier d’autodétermination. Il a enfin appelé à mettre la lumière sur le sort des 651 Sahraouis disparus et à éliminer le mur de séparation, le qualifiant de crime contre l’humanité.
    Farid Houali 
    Le Courrier d’Algérie, 15/08/2011
  • «La suggestion du roi Mohammed VI d’ouvrir la frontière émane de l’état-major de l’armée»

    En 1975, trois cent mille Marocains, un Coran et un drapeau à la main, ont été mobilisés pour une marche teinte en vert et planifiée par Hassan II. Opération d’envergure qui avait pour but de réussir à faire passer le message que le Sahara occidental, libéré des Espagnols, devenait par la force marocain. Le Sahara occidental considéré comme un territoire non-autonome par les Nations unies, la problématique coloniale butte entre les avis des partisans de l’expansionnisme marocain et ceux, comme l’Algérie, affiliés à l’autonomie d’un peuple torturé par un frère ennemi. Concernant les sévices et les tortures, des ONG, des pays et des hommes politiques des quatre coins de la planète interpellent souvent les instances onusiennes sur l’escalade dangereuse des violations des droits de l’homme des Sahraouis par le Maroc.

    Au mois de juillet dernier, le président sahraoui a adressé une lettre à Ban Ki-moon où il expose ses craintes suite à ses dépassements de droit. Pour le président sahraoui, l’intervention des instances internationales est urgente dans la mesure où elle sauvera des vies de Sahraouis. Une demande de renforcement des mécanismes de la Minurso (mission de l’ONU pour le référendum au Sahara Occidental), et ce «pour garantir la protection des civils sahraouis de la répression sauvage des forces d’occupation marocaines», a été formulée. Le Haut-commissariat des droits de l’homme de l’ONU avait confirmé que les droits de l’homme étaient piétinés dans les territoires occupés du Sahara Occidental. 


    Mais jamais le Rapport de la délégation du Commissariat de l’ONU n’a été publié, encore moins la mise en œuvre des recommandations prévoyant l’élargissement du mandat de la Minurso afin de surveiller la situation des droits de l’homme dans les territoires sahraouis occupés. Pis encore, la réponse du régime marocain était l’intervention sanglante de la police et forces auxiliaires… Dans l’entretien qui suit, Khadija Mohsen-Finan, enseignante et chercheur à l’Institut d’études politiques de l’université Paris VIII, revient sur ce conflit et ses répercussions dans la région.

    Le jeune Indépendant : Vous avez travaillé sur le Sahara occidental. Pourquoi, selon vous, les changements intervenus au Maghreb durant l’année 1999, avec l’arrivée d’Abdelaziz Bouteflika à la tête de l’Etat algérien, la brusque disparition de Hassan II et la disgrâce du ministre marocain de l’Intérieur qui avait la haute main sur le dossier du Sahara, ne se sont pas répercutés positivement sur le conflit ?


    Khadija Mohsen-Finan : De nombreux observateurs s’attendaient à des changements importants au niveau de l’évolution du conflit du Sahara. Pour eux, le changement de personnel politique ne pouvait qu’avoir des effets sur ce conflit. Le maintien du conflit dans sa configuration initiale montre qu’il ne s’agit pas là d’un problème de personne mais bien de système politique. Il montre aussi que fondamentalement, nous étions dans la continuité du système marocain initié par Hassan II et du système algérien en vigueur depuis 1962. L’exécutif algérien ne se limite pas à la présidence de la République, il inclut l’état-major de l’armée.
    En outre, une part importante de la légitimité du système se fonde sur son positionnement dans l’affaire du Sahara et la défense du Front Polisario pour la défense de ses «droits à l’autodétermination «. Mais à partir de la fin des années 1990, il y a un changement au niveau de la gestion du conflit. Les Marocains optent pour l’autonomie de ce territoire et écartent le référendum d’autodétermination. Les Marocains avaient jusqu’alors beaucoup tergiversé entre autodétermination et autonomie. Rabat a voulu écarter toute possibilité d’avoir un Etat sahraoui indépendant. Ce faisant, le Maroc adoptait une posture d’opposition à la position algérienne. 

    Vous dites dans une étude publiée récemment que le deuxième enjeu du règlement de ce conflit réside dans l’évolution de la place des militaires au sein de la monarchie ? Pourriez-vous être plus explicite ?
     
    On évoque toujours le poids des militaires algériens dans la recherche de sortie de crise et on limite la gestion de ce dossier au palais royal marocain. Cela est inexact. Les militaires marocains sont impliqués dans la gouvernance de ce dossier, même si les décisions finales reviennent au roi. S’il est vrai que lorsque le conflit éclate au milieu des années 1970, Hassan II en profite pour envoyer une grande partie de l’armée marocaine dans le Sahara, l’éloignant de la prise de décision politique, au fil des années, l’armée a été associée à la gestion de ce territoire et l’état-major est très concerné par les rapports entre Rabat et Alger.
    Dans son discours prononcé lors de la fête du trône, la suggestion, sous forme de souhait, du roi Mohammed VI d’ouvrir la frontière entre les deux pays a certainement été pensée par l’exécutif et l’état-major de l’armée. C’est elle qui dispose des renseignements sur la nature des produits qui transitent, sur les risques de contagion en matière de terrorisme ou de trafics d’armes. La volonté d’ouvrir cette frontière ne se limite pas aux aspects économiques et aux principes politiques. Elle est aussi dictée par des considérations d’ordre stratégique et géopolitique.

    Enfin, concernant le Maroc, vous dites aussi, dans une récente communication, que nous sommes dans la continuité de ce que Hasan II a instauré, malgré le vent révolutionnaire qui secoue le monde arabe. Sommes-nous en présence d’un statu quo imposé par l’Occident, notamment la présence française au Maroc. Y aurait-il d’autres raisons ?

    Lorsque je parle de continuité entre Mohammed VI et Hassan II, je n’évoque pas de statut quo. Nous sommes dans la continuité d’un système politique et le roi actuel tire une partie de sa légitimité de la continuité de la politique de son père.
    Par ailleurs, le statut quo n’est pas imposé par l’Occident. La France appuie la politique du Maroc mais n’impose rien. Je crois que nous devons nous défaire de cette impression et de ce sentiment de complot. Nous sommes tout à fait responsables des politiques mises en place dans nos pays. Toutefois, je reconnais que nos classes dirigeantes ont tendance à solliciter la bénédiction des capitales occidentales pour donner plus de poids à leurs décisions. De la même manière que le personnel politique algérien qui pose son pays en victime éternelle de la France et de l’Occident. Cela relève des mêmes pratiques, nous n’avons pas coupé le cordon avec cet Occident que nous sollicitons et que nous accablons de maux divers.

    Concernant l’Algérie, certains vous jugent sévère en pronostiquant l’immobilisme politique lors des mandats de Bouteflika auquel appartient ce relookage de l’image de l’Algérie sur la place internationale. Maintenez-vous votre jugement ?
     
    Je ne suis pas sûre que l’immobilisme caractérise le système politique algérien, je pense que nous sommes davantage dans la continuité en ce qui concerne les grandes lignes, même si la présidence de la République est plus autonome et que l’armée est quelque peu affaiblie en ce qui concerne les décisions d’ordre politique.
    Néanmoins, sur certains dossiers, comme celui des frontières et plus globalement de la relation entre les deux grands pays du Maghreb, la présidence de la République ne peut s’écarter de la ligne de conduite dessinée il y a quelques années par l’état-major. Cette ligne est inhérente au nationalisme algérien tel qu’il a été mis en avant par le personnel politique.

    Lors d’un entretien, Benjamin Stora nous a déclaré que ce qui se passe dans le monde arabe est une sorte de reprise de l’histoire suite à une décolonisation mal assumée. Sur le plan politique, comment l’analysez-vous ?
     
    Je ne sais si ce que nous vivons aujourd’hui dans le monde arabe correspond à une décolonisation mal assumée. Pour ma part, j’ai plutôt tendance à y voir une mauvaise gestion du politique, un accaparement du politique par les élites dirigeantes et la mise à l’écart des citoyens. C’est une absence cruciale de démocratie. Les schémas politiques ne se sont pas renouvelés et il n’y a pas eu de renouvellement des élites non plus. Les légitimités se sont effritées et nous avons assisté à une fracture de plus en plus grande entre gouvernants et gouvernés. C’est une faillite des modèles politiques et économiques mis en place au lendemain des indépendances qui sont en cause. Les responsables politiques qui se sont succédé n’ont pas eu l’opportunité d’en prendre la mesure car ils ont méthodiquement écarté toutes formes d’opposition politique. Ils ont été entourés de courtisans qui se sont enrichis ostensiblement. Dans les années 1980, l’introduction de l’économie libérale leur a donné l’occasion de s’enrichir davantage encore, et leur richesse devint visible. Parallèlement, cette élite donnait l’impression, fondée d’ailleurs, d’être dans l’impunité.
    C’est de là qu’est née une crise morale qui s’est additionnée aux effets de la crise économique mondiale. Tout cela a rendu insupportable l’univers des privilèges et la mise à l’écart des citoyens dans la gestion de leurs vies. Les médias et les réseaux sociaux ont rendu possible un cyberespace de protestation malgré l’absence d’espace public dans ces pays.
    Les Arabes ont réalisé que leurs élites politiques les maintenaient en dehors de la modernité politique et de la mondialisation.
    Entretien réalisé par Samir Méhalla
    Le Jeune Indépendant, 14 AOUT 2011
  • Ben Bella va-t-il témoigner dans le documentaire sur Hassan II?

    Par

    «Une vraie rencontre, une rencontre décisive, c’est quelque chose qui ressemble au destin.» Tahar Ben Jelloun – Extrait « de L’Auberge des pauvres »

    Au moment où l’Algérie prépare, en 2012, une série de documentaires sur le 50e anniversaire de l’Indépendance, Al Jazeera fait l’impasse sur le sujet et prépare une série de documentaires sur le Maroc. C’est en tout cas ce qu’a affirmé l’Egyptien Ahmed Mahfoud, directeur général d’Al Jazeera Documentaire au quotidien Al Massa. Al Jazeera prépare deux grands documentaires sur des figures importantes du Maroc, qui seront réalisés au cours de l’année 2012. Un film documentaire sur la vie du roi Hassan II et le second sur son plus célèbre opposant Mehdi Ben Barka. Le documentaire sur Ben Barka revient ainsi sur la vie du leader socialiste, mort en 1965 à Paris, et promet d’éclaircir les zones d’ombre de ce personnage, dont la mort reste toujours un mystère. Mehdi Ben Barka, qui a fait des études de mathématiques à Alger et qui a dénoncé en 1963, le conflit frontalier qui oppose le Maroc et l’Algérie, est considéré comme un ami de l’Algérie et donc il n’est pas exclu que des intervenants algériens soient cités dans le documentaire d’Al Jazeera. Un documentaire a été déjà réalisé sur Ben Barka, par Patrice Barrat et Simone Bitton intitulé L’Equation marocaine et qui n’a pas plu aux responsables marocains. Le film avait recueilli, pour la première fois, les témoignages et les archives qui racontent le parcours exceptionnel d’un enfant de la Medina, passionné de mathématiques et de politique, qui fut l’un des dirigeants de la lutte pour l’Indépendance de son pays, le fondateur de la gauche marocaine, et l’un des dirigeants les plus en vue du mouvement tiers-mondiste des années 1960. En revanche, le documentaire sur Hassan II est beaucoup plus étudié et surtout a bénéficié d’un accord du roi Mohammed VI lui-même. La condition est simple. Le réalisateur doit être Marocain et il doit respecter la mémoire du Roi Hassan II. Et la personne choisie est Mohamed Belhadj, talentueux réalisateur et responsable de la production à Al Jazeera Documentaire. Il avait, notamment réalisé en 2007, le documentaire sur Mustapha El Akkad, qui a rencontré un grand succès sur la chaîne qatarie et a été vendu dans plusieurs pays dans le monde. Il a enchaîné ensuite avec un documentaire exceptionnel sur une figure de la résistance marocaine contre l’occupant espagnol, Abdelkrim Khettabi, Le héros du Rif. Mohamed Belhadj qui a émigré au Canada, avait été formé dans le domaine des effets spéciaux avant de rejoindre, dès sa création Al Jazeera Doc. Pour réaliser son documentaire sur le défunt roi du Maroc, Belhadj doit impérativement évoquer les rapports tumultueux entre Hassan II et Boumediene sur la question du Sahara occidental. Plusieurs personnalités sont prévues pour figurer dans ce documentaire, notamment l’ancien président français Valéry Giscard d’Estaing, mais surtout l’ancien président algérien, Ahmed Ben Bella. Enfin, la chaîne qatarie envisage également de consacrer un autre documentaire sur le groupe musical mythique Nass El Ghiwane et un autre sur le Festival de mariages d’Imilchil. A travers ces documentaires, la chaîne a pour ambition de promouvoir le patrimoine culturel et l’histoire séculaire du Royaume, a déclaré Ahmed Mahfoud dans le quotidien Al Massa.
    L’Expression, 14 AOUT 2011

  • Le corps de Hamid El Kanouni transporté à Fès, ses amis répondent à la MAP

    Le corps de Hamid El Kanouni, le vendeur ambulant qui s’est immolé par le feu dimanche dernier à Berkane, quitte la morgue de Casablanca aujourd’hui. La famille et les amis du défunt viennent de régler les dernières formalités pour le transporter vers Fès, sa ville natale, où il sera enterré.

    « On nous a demandé de payer 3500 dirhams pour payer le cercueil et l’ambulance qui le transportera », nous indique Fayçal, un de ses amis, présent à la morgue de Casablanca, ce mercredi 10 août 2011. « Si Hamid possédait une somme pareille (ndlr : 3500 Dhs), il n’aurait pas brûlé son corps », ajoute son ami.

    Selon nos informations, cette somme a été payée par les jeunes du Mouvement du 20 février de Casablanca, qui ont organisé un sit-in devant la morgue en début d’après midi de ce mercredi.

    La MAP défend la police…

    L’agence Maghreb arab press (MAP) a fini par publier une dépêche dans la soirée du mardi 9 août, où elle nie la responsabilité de la police dans ce drame.

    Selon la MAP, les services de police ont été informés, dimanche, d’un échange d’injures suivi d’une réconciliation entre une femme propriétaire d’un four public, sis avenue Mohammed V et un marchand de pain ambulant, à cause d’un litige à caractère civil. « Cette affaire a été consignée dans les registres de ces services après la réconciliation entre les deux parties » précise la MAP qui cite une source policière.

    «Après le départ des intéressés du commissariat de police, Hamid Kanouni, a été surpris de constater que sa marchandise a été détruite par un inconnu, ce qui l’a incité à asperger ses vêtements d’essence et d’y mettre le feu sur l’avenue Achouhada », ajoute la dépêche.

    « C’est faux », réplique Fayçal, qui a accompagné Hamid dans l’ambulance de Berkane à Casablanca. « Quand Hamid a trouvé sa marchandise détruite, il est revenu au commissariat pour se plaindre. Sauf qu’il a été insulté et giflé par un policier. Il est parti acheter cinq litres d’essence, en a aspergé son corps et mis le feu », explique-t-il. « D’ailleurs, il s’est immolé devant le commissariat et non pas sur le boulevard Mohammed V où il travaille », argumente-t-il.

    Photo: Cerceuil de Hamid El Kanouni avant son départ vers la ville de Fès, où il sera enterré.

    fr.Lakom.com, 11 août 2011

  • Présence féminine remarquée lors de la manifestation du 20F à Casablanca

    Le Mouvement du 20F a repris samedi ses protestations, dans des marches organisées dans 40 villes, et qui se sont caractérisées par une augmentation du nombre des manifestants et le retour aux anciens slogans. Ainsi, à Casablanca, la marche a commencé au croisement du 2 mars avec boulevard el Fida, se dirigeant vers Hay el Amal, demandant la fin de la corruption et des mauvaises pratiques, de même que la lutte contre la pauvreté et la marginalisation, mais aussi l’éloignement d’al Himma, Majidi et Abbas el Fassi, revenant au fameux « non à la confusion entre pouvoir et argent ». Les marcheurs étaient estimés à 20.000 personnes.
    Une forte présence policière était sur les lieux et a contribué à séparer les manifestants du 20F et les partisans de la Constitution, au nombre de quelques dizaines, encadrés par des élus communaux, et qui voulaient visiblement en découdre, n’eût été l’interposition des forces de l’ordre. A noter également que les femmes étaient présentes en nombre, au sein d’al Adl wal Ihsane ; les femmes sont sorties avec leurs maris et leurs enfants, dans ce qui rappelait une excursion dominicale ordinaire, les femmes tenant cependant, et pour la première fois, des bougies.
    Panoramaroc, 8 août 2011
  • Rabat et Paris manipulent l’Amazighité : Alger visée par des plans de déstabilisation

    Que ce soit lors du colloque international sur l’amazighité qui s’est tenu récemment à Rabat, qui avait consacré la reconnaissance de Ferhat Mehenni par les participants, dans un geste éminemment politique adressée outrageusement à Alger, ou par le biais des nouveaux prospectus collés sur les médicaments et écrits en langue amazighe au Maroc, ou encore, et de manière plus dangereuse, lors du largage d’armes opéré par Paris sur le djebel Nefoussa, dans l’Ouest libyen, à quasi-dominance berbère, tous les signes étaient étalés, là, devant nos yeux, pour indiquer, d’abord, une complémentarité entre Rabat et Paris, et, ensuite, un plan de déstabilisation visant dans une large mesure l’Algérie. La veille du 15 juillet dernier, et pour donner un aspect pédagogique, voire scientifique au colloque sur l’amazighité, Rabat annonçait avec un fort accent choisi dans la docte terminologie lettrée, où se sentait la pédanterie la plus exécrable, que dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l’Instance Equité et Réconciliation en matière d’archives, d’histoire et de mémoire, le Conseil national des droits de l’Homme, la ville d’Al-Hoceïma et le Conseil régional Taza-Taouanate-Al- Hoceïma organisaient, sous le haut patronage du roi Mohamed VI, un Colloque international sur le thème: «Patrimoine culturel du Rif: quelle muséographie ?», à Al- Hoceïma, au nord du Maroc, les 15 et 16 juillet 2011. Un colloque qui ne disait même pas son nom, car il était centré sur la question de l’amazighité au Maghreb. Mais au finish, les participants quittaient le colloque avec des recommandations plus politiques que scientifiques, condamnant l’Algérie au passage, pour ses positions vis-à-vis de l’amazighité, et reconnaissant Ferhat Mehenni, renié même chez lui à Tizi Ouzou, comme un représentant da la culture tamazight au Maghreb. Dans les mêmes moments, Sarkozy jetait des armes aux rebelles libyens au djebel Neffoussa. Le choix de la région était soigneusement ciblé : alors que la rébellion avait conquis l’Est du pays, Paris jetait les armes –qui ne sont jamais arrivés entre les mains des rebelles, selon un article récent du New York Times-, à l’Ouest, chez les berbères Neffoussa. Le djebel Nefoussa, est situé dans le nord-ouest de la Libye, à proximité de la Tunisie, et peuplé de berbérophones «Infusen», de religion ibadite, et qui sont, au plan ethnologique, plus proches de l’Algérie que de la Tunisie et la Libye. Habitants d’un pays très majoritairement arabophone et sunnite, les Infusen parlent un dialecte berbère et sont d’obédience ibadite, comme leurs cousins de Ghardaïa, dans le Sud de l’Algérie. L’écrivain et journaliste français Gilles Munier, connu pour son soutien à la résistance irakienne et à la politique arabe héritée du général de Gaulle, et qui revient de Libye, observait récemment : «Les Occidentaux s’attaquent actuellement aux régimes qui ont toujours contesté leur suprématie, comme la Libye et la Syrie. Demain, ils s’en prendront peut-être à l’Algérie. Les livraisons d’armes aux rebelles berbères du Djebel Nefoussa, en Libye, n’ont pas seulement pour objectif secondaire de couper la route Tripoli-Djerba au niveau du port de Zaoura – peuplé en grande partie de Berbères – elles sont aussi un message envoyé à Alger. L’Algérie n’est pas à l’abri des menées déstabilisatrices occidentales, coordonnées ou non avec Israël. Du temps du Président Boumediene, Giscard d’Estaing a livré des armes à des activistes en Kabylie. Cela pourrait bien se reproduire» …
    O.M. 
    Le Courrier d’Algérie, 07/08/2011
  • Ali Amar et J.P. Tuquoi s’attaquent aux relations franco-marocaines


    Ali Amar, auteur de « Mohamed VI, le grand malentendu » et Jean Pierre Tuquoi, auteur du « Dernier roi », préparent tout deux un livre sur les relations troubles entres les élites politico-économiques du Maroc et de la France.


    La ville ocre, point de ralliement des élites franco-marocaines, sera centrale dans l’ouvrage titré « Paris Marrakech, Le Maroc, dernière colonie française ». Sur une présentation du livre qui circule sur internet, on peut lire : « Marrakech, c’est la France. Avec l’affaire DSK et la redécouverte du « pacte de Marrakech », noué entre l’ancien directeur général du Fonds monétaire international et la première secrétaire du Parti socialiste, Martine Aubry, la ville des confins du Sahara est apparue pour ce qu’elle est: une sorte d’enclave française à des milliers de kilomètres de Paris ».


    L’économie ne sera pas en reste. Le livre s’attaquera aussi au milieu franco-marocain des affaires. « Personne n’est dupe. Les principales entreprises marocaines sont détenues par des groupes français. C’est vrai dans les télécommunications, la distribution, le BTP, l’hôtellerie… Paris forme les élites du royaume et porte à bout de bras la diplomatie marocaine. Sans l’appui de la France, il y a longtemps que le Sahara occidental, que se disputent le Polisario et Rabat, aurait acquis son indépendance », lit-on encore sur le même document.

    L’ouvrage sera publié le 26 octobre prochain aux éditions « Calmann-Lévy »