Mois : juillet 2011

  • Relations algéro-marocaines : Mohamed VI déterminé à surmonter les obstacles

    Dans son message qu’il adressé au président de la République, Abdelaziz Bouteflika, à l’occasion de l’indépendance de l’Algérie, le Roi du Maroc, Mohammed VI, s’est dit «déterminé» à surmonter les obstacles conjoncturels avec l’Algérie en vue d’amorcer une nouvelle dynamique de coopération.

    Le roi dans son argumentaire a mis en avant la conjoncture internationale marquée par la formation de blocs de par le monde «qui ne laisse pas de place aux entités fragiles». Le souverain marocain a, dans ce contexte «réaffirmé sa ferme détermination à poursuivre l’action, de concert avec vous (le Président de République, Abdelaziz Bouteflika, ndlr) pour surmonter les obstacles entre les deux pays voisins. L’union maghrébine est également l’un des soucis du roi, puisque il a ajouté que cette coopération, telle qu’espérée par le voisin, doit se réaliser «dans le cadre de notre union maghrébine, en tant qu’option stratégique « .

    Notons que ces derniers mois, Rabat et Alger ont échangé des visites de ministres qui avaient laissé sentir un réchauffement de leurs relations politiques, longtemps contrariées par le problème toujours non résolu du Sahara Occidental.

    Ainsi beaucoup d’accords de coopération ont été signés entre les deux nations , à l’instar de ceux ayant trait au secteur de l’agriculture, par lequel les deux pays veulent mettre sur pied une coopération fructueuse. S’ajoutent à cela les clins d’œil marocains visant à la réouverture des frontières à l’image des différentes interventions des responsables marocains, notamment du ministre du Tourisme, dans la presse nationale algérienne. Mais dans ce climat «électrifié», cette normalisation que souhaite Mohamed VI, reste, du moins pour le moment, chose difficile, puisque ni l’Algérie, ni d’ailleurs le Maroc qui souffre terriblement de la fermeture des frontières, n’ont l’intention de céder sur la question du Sahara Occidental, l’Algérie étant attachée au droit des peuples à l’autodétermination et le Maroc ne voulant pas se soumettre à la volonté du peuple sahraoui à se disposer de lui-même.
    Par Hamid Fekahrt
    Les Débats, 06/07/2011

  • Inconsistance

    Les rapports entre l’Algérie et le Maroc ont toujours évolué au gré des humeurs royales. Sans engagement stratégique clair, le Makhzen utilise souvent ce dossier sensible pour masquer ses difficultés internes, blanchir sa fuite en avant concernant la colonisation du Sahara occidental ou apporter son concours quand des pressions politiques et diplomatiques quelconques sont exercées dans le but d’affaiblir le pays voisin. A l’époque de Hassan II comme aujourd’hui sous le règne de son héritier Mohamed VI, les positions de la monarchie sur ce sujet précis, bassement tacticiennes, sont empreintes d’un certain flottement. On passe volontiers de la guerre médiatique ouverte à l’enthousiasme le plus excessif. Cette humeur en dents de scie n’est pas pour instaurer un réel climat de confiance de nature à raffermir les liens séculaires de solidarité et coopération entre les deux pays frères. Il y a une semaine de cela, des lobbyistes marocains accusaient ouvertement l’Algérie de sponsoriser le mercenariat en Libye, en feignant d’appeler à des sanctions internationales. La supercherie, trop grossière cette fois, n’a pas fait long feu. Même pas une étincelle. Un mois auparavant, ces mêmes autorités marocaines appelaient de tous leurs vœux à la réouverture des frontières terrestres entre les deux pays, fermées en 1994 pour, soi-disant, redynamiser les échanges entre les deux parties. Cette versatilité n’augure rien de sérieux. Dans son message de félicitations au président de la République, à l’occasion de la fête de l’Indépendance et de la Jeunesse, le souverain marocain s’est dit hier «déterminé» à ouvrir une ère nouvelle dans les relations de bon voisinage, en surmontant tous les obstacles conjoncturels entre les deux pays. Le souverain hachémite a souligné que cette coopération doit se réaliser «dans le cadre de notre union maghrébine, en tant qu’option stratégique (…) dans un monde où dominent les groupements solides et qui ne laisse pas de place aux entités fragiles». L’idée est fondamentalement généreuse et mutuellement bénéfique. A priori, ce dessein mérite l’attention des décideurs et des diplomates de tout le Maghreb. Mais quel crédit peut-on objectivement accorder, à cette déclaration de bonne intention quand on sait l’inconsistance de plusieurs proclamations antérieures ? La construction de l’espace maghrébin, en suspens depuis 1989, dérange beaucoup de monde. Des puissances étrangères, qui rêvent de prolonger leur «tutorat» sur la région, agissent en permanence pour saborder ce processus.  Le Maroc en sait à ce sujet plus que d’autres. La sécurisation des frontières, la lutte contre le trafic de drogue et d’armes, la répression des réseaux de contrebande, et le règlement des divers contentieux entre les pays maghrébins sont autant de préalables et d’actes à accomplir avant de déboucher naturellement sur cette intégration tant souhaitée. Il y a aussi le règlement définitif de la question du Sahara occidental dans le cadre des résolutions de l’ONU qui préconisent clairement un référendum d’autodétermination. Car, l’UMA doit profiter à tous les peuples sans distinction et le peuple sahraoui en fait partie. La huitième réunion informelle entre le Maroc et le Front Polisario, prévue à Manhasset (New York) le 15 de ce mois, nous donnera une idée sur le degré de «détermination» du roi à redynamiser la construction maghrébine. Pour se construire vraiment, le Maghreb a besoin d’actes concrets et tangibles. Les boniments ne trompent plus personne.
    Par Kamel Amgha
  • Mohammed VI écrit à Bouteflika: Un message diplomatique et des sous-entendus

    Mettant à profit l’occasion du 5 juillet, le roi Mohammed VI du Maroc, dans une correspondance diplomatique adressée au président Bouteflika, a réaffirmé sa volonté d’imprimer une nouvelle dynamique aux relations bilatérales tout en évitant l’évocation des dossiers qui fâchent.

    Le message de félicitations de M6 s’est voulu un rappel de la température des derniers mois qui ont vu des échanges de visites ministérielles entre les deux capitales mais également à des annonces de bonnes intentions qui ont auguré, un certain temps, un réchauffement de leurs relations politiques.

    Ce message a été également un relais royal pour se souvenir de l’existence de l’Union du Maghreb Arabe (UMA) puisque le roi alaouite, se prononçant sur « les obstacles conjoncturels et objectifs » entre les deux pays, s’est dit « déterminé » à les surmonter dans le cadre même de l’UMA.

    Une union régionale en terme d’option stratégique avec la consolidation de cette union maghrébine mais aussi un clin d’oeil à la relance de l’Union Pour la Méditerranée, chère à Sarkozy, avec la nomination de M.

    Amrani, un haut cadre marocain, au poste de Secrétaire général de l’UPM, « avec l’appui de l’Algérie », comme souligné par Alain Juppé, le ministre français des Affaires étrangères et européennes, lors de son dernier passage à Oran.

    Ce discours de circonstance tranche avec le vocabulaire habituel utilisé par M6 pour fustiger la politique extérieure algérienne, notamment sur le dossier sahraoui et la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays.

    Une position marocaine qui s’inscrit en opposition avec les recettes de bon voisinage en provoquant des réactions de la part de la diplomatie algérienne pour recadrer les accusations et les manoeuvres marocaines.

    Alors que l’actualité était à une éventuelle et prochaine réouverture des frontières, fermées depuis 1994, la diplomatie marocaine, surfant sur les déclarations du Conseil de transition libyen accusant Alger d’alimenter les forces de Kadhafi en armes et mercenaires, s’est payé une tribune à Washington par l’entremise d’une plume lobbyiste en son nom pour reprendre ces mêmes accusations.

    Rabat, dont les inimitiés avec Alger sont plus fortes que son désir d’apaisement dans l’espoir de voir les frontières entre les deux pays se rouvrir, a profité de cette occasion pour rebondir sur la question et frapper de suspicion internationale les relations qu’entretiennent l’Algérie et le Polisario, sous le couvert de la sacro-sainte priorité de la lutte antiterroriste.

    Ce qui a fait dire au Premier ministre, Ahmed Ouyahia, que ce n’est pas avec ce genre d’initiatives qu’on assistera à une réouverture des frontières, une réouverture vivement souhaitée et conseillée par Paris.

    L’autre dossier polémique entre Alger et Rabat est celui du Sahara Occidental où, là aussi, la France a pris position. Interrogé à propos de la position de Paris sur le Sahara Occidental, M. Juppé, tout en se félicitant de la volonté de contact entre Alger et Rabat malgré ce problème, a veillé à rappeler les fondamentaux français qui consacrent la médiation américaine et le travail de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, comme base d’une solution dans la voie d’une reconnaissance du peuple sahraoui, soit sous la forme d’une autonomie, un plan préconisé par le Maroc, rappelons-le, soit sous la forme de l’indépendance.
    Le Quotidien D’Oran – 06/07/2011

  • PETITE EXEGESE D’UN MESSAGE PROTOCOLAIRE

    Que faut-il lire dans le message de circonstance envoyé par le roi Mohammed VI au président Abdelaziz Bouteflika ? Que les services du protocole du Roi – tout comme ceux de la présidence algérienne pour les dates marocaines – sont vigilants. Ils font le boulot régulier et évitent qu’une omission ne vienne donner lieu à des lectures indues. C’est d’ailleurs, explique un ancien diplomate, sur cet aspect des choses que les agences de presse officielles, MAP et APS, ont un rôle de témoin et servent de preuve que le message protocolaire et de circonstance a bien été transmis.

    Il est vrai que les journalistes d’Algérie et du Maroc n’auraient pas raté – en cas d’omission – d’analyser et de décortiquer le pourquoi de l’absence du message de fraternité traditionnel à l’occasion de la fête nationale du pays frère. De mémoire de journaliste – mais on peut se tromper –, il n’y a jamais eu de «ratage» et chaque année on a le lot minimal de messages entre le président de la RADP et le roi du Royaume.

    Il faut donc reconnaître aux deux services du protocole – qui préparent les messages de longue date et vérifient qu’ils ont bien été envoyés et publiés par l’APS ou la MAP – de bien faire leur travail, de ne pas provoquer de crise inutile et de maintenir le fameux fil de Mouaouiya.

    Une fois que l’on constate qu’il y a bien eu message, l’exercice consiste à chercher, dans le texte, ce qui sort de la routine et de la politesse diplomatique. Attention, il ne faut pas se contenter des dépêches des agences occidentales – un peu trop pressées alors qu’il faut prendre du temps -, il faut aller sur les sites des deux «agences sœurs» et lire le texte dans son intégralité.

    On peut ne pas aimer le style, mais si l’on veut comprendre qu’il y a message en sus de l’ordinaire protocolaire, il faut lire patiemment le texte, même si les phrases paraissent aussi longues que l’autoroute Est-Ouest qui deviendra un jour, si Allah le veut et si les peuples changent la donne, un tronçon de l’autoroute maghrébine.

    Pour notre 49e, le message du Roi paraît vouloir veiller aux prémices des prémices d’une relation normale avec les accords conclus par exemple dans l’agriculture et les échanges ministériels (eau, énergie et même jeunesse et sports). Et si des journaux et des ministres marocains – et même le Roi parfois – ont la dent dure contre le voisin, le message solennel doit prendre de la hauteur.

    Le Roi affirme qu’il existe des «obstacles conjoncturels et objectifs», qu’il œuvrera, de «concert avec Vous» – avec la majuscule, bien entendu, le protocole ne badine pas – à les surmonter et «imprimer une nouvelle dynamique aux relations de coopération fructueuse et de solidarité agissante…».

    Même si les agences occidentales, terriblement pressées de conclure, ont souligné cette notion de «nouvelle dynamique», les habitués, par impératif de fonction des lectures attentives des messages royaux et présidentiels, ne sont pas prêts à jurer qu’ils ont un caractère nouveau. En tout cas, même si cela a été dit avec d’autres termes, le sens a déjà été dit et redit. Et ils seraient enclins à noter que cette «dynamique nouvelle» correspond à un vieux surplace.

    Mais bon, il ne faut pas faire les rabat-joie. Il y a eu un message. Tout est dans l’ordre. En attendant que les peuples changent la donne.
    par M. Saadoune
    Le Quotidien d’Oran, 06/07/2011

  • Libya et la défaillance maghrébine

    Lakhdar Brahimi, notre ancien ministre des Affaires étrangères, estimait, dans une interview accordée au quotidien national la Tribune, que la solution à la crise libyenne pouvait être maghrébine et suggérait à l’Algérie au Maroc et à la Tunisie, trois pays «directement concernés» de passer à l’action. Alger, Rabat et Tunis doivent «aller à l’ONU et demander un mandat en disant que c’est nous qui aiderons au règlement politique de ce pays», soulignait l’ancien diplomate, actuellement membre du comité des sages constitué par Nelson Mandela en 1997. La réponse des Nations unies ne peut être que positive, disait-il. «Le même mandat doit être demandé à la Ligue arabe et à l’Union africaine (…) Avec un mandat des trois organisations, on peut demander à Monsieur Kadhafi de partir avec dignité et mettre en place une mission de maintien de la paix pour les aider (les Libyens, ndlr) à se réconcilier et à créer une deuxième république.» Est-il besoin de dire que les idées de M. Brahimi sont pleines de bon sens et qu’elles ont toutes les chances de se voir majoritairement adoptées par les peuples et les dirigeants de la région ? Cependant, les paroles de l’homme nous rappellent cruellement que contre toute logique, pas la moindre petite réunion intermaghrébine n’a été tenue ni même envisagée depuis le début de la guerre civile en février dernier. En revanche, et alors que l’intervention étrangère battait son plein, la propagande au goût de pastella vendait à l’opinion internationale des mercenaires et des armes algériens toujours introuvables en Libye. De derrière le rideau, on devinait aisément la main de BHL, le Grand Satan qui est arrivé jusqu’à présent à dicter sa volonté au régime de Sarkozy et aux insurgés, et donc à empêcher une solution. Lakhdar Brahimi sait comme nous tous que le commandeur des croyants lâchera la Libye plus facilement qu’il n’a lâché Ceuta et Melilla s’il le fallait pour continuer à bénéficier du veto français à l’ONU, pour l’aider à consacrer son fait accompli au Sahara occidental. Quant à la Tunisie qui elle-même se trouve sur une pente glissante, il ne faut pas perdre de vue que la première visite d’un officiel à l’étranger du gouvernement issu du «Jasmin» a été dévolue à… la France. Le lieu où se mijotent justement nos blocages et notre empêchement.
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 06/07/2011
  • M. Belkhadem réaffirme le soutien de l’Algérie à la cause sahraouie

    M. Abdelaziz Belkhadem a organisé, hier, une conférence historique sur la cause sahraouie en présence du SG du FLN et de l’ambassadeur Sahraoui à Alger, Ibrahim Ghali, lequel a qualifié la révolution algérienne «d’exemple à suivre». Il affirme devant une assistance nombreuse que le peuple sahraoui est aujourd’hui plus fort que jamais pour faire valoir ces droits légitimes. Il affirme que le Sahara Occidental a sans nul doute de beaux jours devant lui, si toutefois il décide d’emboîter le pas à l’Algérie.

    Il annonce à cet effet, la disponibilité de son Etat à s’assoir la semaine prochaine autour de la table des négociations avec la partie marocaine. Abdelaziz Belkhadem a, lui, dénoncé la politique de deux poids deux mesures des Nations Unies, en se posant la question suivante : «pourquoi Timor-est a réussi à se dégager de l’ennemi colonial et non pas le Sahara Occidental ?». Il remettra ainsi au goût du jour la «nécessaire» réforme de l’ONU qui, d’après lui, suscite moult questionnements sur le rôle qu’elle doit jouer, notamment dans le règlement des conflits coloniaux. 


    Il rappelle, à cet effet, toutes les dispositions légales décidées en faveur de la cause sahraouie, mais hélas restées lettre morte, avant de réaffirmer que l’Algérie ainsi que le FLN ont toujours été aux côtés des causes justes, en adoptant des positions constantes fondées sur
    l’impartialité et la justice. Déclarant dans ce sillage que «nous ne sommes pas des tuteurs sur le Sahara Occidental». Une façon de confirmer, encore une fois, que l’Algérie refuse de s’immiscer dans les affaires internes des autres pays. Cela ne l’empêche pas, cependant, d’«intervenir en raison des liens frontaliers existants entre les Etats».
  • Occident – Sahara Occidental : Deux poids deux mesures

    Une levée de boucliers occidentale a accueilli, mardi, l’annonce par Moscou de la reconnaissance de l’indépendance des Républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud par Moscou. Un véritable concert de réprobations.Deux poids et deux mesures!
    La secrétaire d’Etat américaine, Condoleezza Rice «regrette», la chancelière allemande, Angela Merkel, estime «inacceptable» cette reconnaissance, l’Otan «rejette» et la France veut faire condamner, par l’Union européenne, la Russie. L’Otan juge que cette reconnaissance «viole» l’intégrité territoriale de la Géorgie. Mme Merkel estime que celle-ci «(…) contredit le principe de l’intégrité territoriale, un principe de base du droit international des peuples et pour cette raison c’est inacceptable» et Mme Rice de renchérir: «L’intention évidente de la Russie de reconnaître deux zones, deux régions qui ont été en conflit, qui sont manifestement dans les limites des frontières internationales de la Géorgie, reconnues par plusieurs résolutions des Nations unies, me semble regrettable.»Moscou a piègé tout le monde au sujet du Kosovo.
    Ces condamnations et réprobations auraient été conséquentes et appropriées si les mêmes parties avaient fait une lecture uniforme du droit international et de son application par les Etats quand il s’est agi de la Serbie et de son intégrité territoriale, pour ne citer que le dernier cas des errements des politiques occidentaux. Ce qui est loin d’avoir été le cas, le «droit international» semblant dimensionné à l’aune et au gré de celui qui l’exprime. Du coup, il n’a pas la même résonance dès lors que s’en réclament les uns et/ou les autres. Ainsi, les Etats occidentaux qui mettent aujourd’hui en avant le droit international n’ont pas hésité, dans un bel ensemble, à reconnaître l’indépendance autoproclamée de la province serbe du Kosovo. Personne n’avait alors songé au droit international et à l’intégrité de la Serbie, membre à part entière de l’ONU dans sa composante géographique et ethnique reconnue, dixit Mme Rice, par les différentes «résolutions du Conseil de sécurité».Tel est pris qui croyait prendre!
    Or, Washington, Berlin, Paris, Londres, qui ont rejeté unanimement la reconnaissance par Moscou de l’indépendance des deux Républiques séparatistes d’Abkhazie et d’Ossétie du Sud, ont eux-mêmes ouvert cette brèche en reconnaissant imprudemment l’indépendance autoproclamée du Kosovo. Une indépendance qui n’a pas fait l’objet d’une résolution de l’ONU ou de négociations entre les Kosovars et la République de Serbie.
    La question n’est pas de défendre la Serbie, mais de faire ressortir la proportion de l’Occident de faire des lectures biaisées du droit international et de son application dans des contentieux comme ceux du Kosovo, de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud, dans les territoires palestiniens occupés, au Sahara occidental, ou hier au Timor-Oriental. Or, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud avaient proclamé leur indépendance respectivement en 1994 et 1992. Même Moscou n’avait pas alors jugé politique de reconnaître deux Etats qui lui sont politiquement très proches. Prudence que l’on n’a pas observé chez les Occidentaux qui ont immédiatement reconnu une province (le Kosovo) qui s’est autoproclamée indépendante, du fait que les promoteurs de cette indépendance sont pro-occidentaux et que la Serbie n’avait pas d’atomes crochus avec ce même Occident, ce qui n’est pas le cas de la Géorgie qui frappe aux portes de l’OTAN. Ce qui fait que le précédent du Kosovo n’est pas aussi fâcheux que l’on pouvait le penser, du moins pas pour tout le monde, et entrait en droite ligne avec les luttes de leadership entre l’Occident et une Russie renaissante et à nouveau conquérante, retrouvant peu à peu la puissance perdue de l’ex-Union soviétique.
    En réalité, ce qui est inacceptable et regrettable dans le même temps est le fait que les puissances occidentales défendent l’intégrité territoriale de la Georgie -un pays qui leur est proche- invoquant pour ce faire le droit international, tout en faisant passer par pertes et profits l’intégrité territoriale d’un autre pays, la Serbie, pour cause de relations conflictuelles de Belgrade avec les chefs de file de l’Occident. Il est ici, en fait, strictement question d’intérêts et l’Occident ne se souvient du droit international que lorsque celui-ci sert ses intérêts. Car beaucoup de pays voient leur intégrité territoriale violée, sans susciter le holà de cet Occident qui observe alors un silence coupable, souvent complice, mais qui, aujourd’hui, montre les dents et se prétend défenseur du pauvre et de l’orphelin.
    Les dossiers du Sahara occidental (dont le cas est identique à celui du Timor -Oriental – ce dernier a trouvé sa solution par le bon vouloir de l’Occident qui a retiré son soutien au dictateur indonésien, Suharto) et des territoires palestiniens, notamment, dont les territoires sont respectivement occupés par le Maroc et Israël, n’ont jamais empêché l’Occident de dormir ou de trouver des justificats.
    Commentaire de rais1956
    Russia.fr, 05/07/2011
  • Bouguettaya : »aucun pays au monde ne reconnaît la légitimité du Maroc sur les territoires sahraouis »

    Son bureau politique a relancé la question
    Le FLN exige le «pardon» de la France pour ses crimes en Algérie
    Par Amar Rafa

    Le FLN réitère son attachement à la poursuite de la lutte jusqu’à la reconnaissance par la France officielle de ses crimes coloniaux commis contre le peuple algérien, et exige son pardon. A la veille de la commémoration du 49e anniversaire de la fête de l’indépendance et de la Jeunesse, le bureau politique du FLN, réuni hier en son siège national, relève avec espoir que la fête de l’Indépendance intervient cette année, alors que «l’Algérie entière s’apprête à engager des réformes politiques, économiques et sociales profondes qui ouvriront les portes à un profond changement qualitatif de la vie des Algériennes et des Algériens, et qui baliseront le chemin à l’édification d’institutions à même de répondre aux aspirations des nouvelles générations». Aussi le BP du doyen des partis appelle-t-il sa base militante à «accorder tout l’intérêt et l’importance requis aux réformes politiques initiées par le président de la République, afin de réussir les réformes globales engagées par le pays visant à donner au pays un autre visage dans tous les domaines, à travers l’approfondissement du processus démocratique et le renforcement des fondements à l’Algérie de droit». Et ce, avant de renouveler sa fidélité à son «engagement d’œuvrer auprès des forces nationalistes à l’édification de l’Etat démocratique». C’est l’occasion pour le FLN de rappeler à la France officielle ses crimes coloniaux. Le Bureau politique du FLN «réitère son attachement à militer encore, à travers les moudjahidine, les enfants de chouhada et les jeunes des nouvelles générations, jusqu’à la reconnaissance par l’ancien colonisateur de ses crimes abjects commis contre le peuple algérien, et de présenter ses excuses pour la guerre d’extermination digne de crime contre l’humanité». Son communiqué ne manquera d’ailleurs pas de rappeler que «l’Algérie n’a pas seulement arraché son entière indépendance», mais a aussi «réussi à protéger et à sauvegarder sa totale souveraineté à l’ère de l’expansion de l’hégémonie moderne, qui a pris différents aspects de transgression de l’intégrité et de la souveraineté des pays». Avant de réaffirmer enfin à l’adresse des pays voisins, à la lumière des révoltes dans les pays arabes, que le FLN demeure essentiellement «attaché à la souveraineté et à l’intégrité des pays voisins et exprime encore une fois son refus et son indignation devant les ingérences dans les affaires intérieures des pays». Dans ce contexte, lors d’une rencontre intitulée «La question du Sahara occidental face aux défis actuels du monde arabe», organisée par le secrétariat à la formation du FLN, en présence de l’ambassadeur de la RASD, Brahim Ghali, plusieurs intervenants ont réitéré le soutien du FLN aux causes justes dans le monde, notamment au droit à l’autodétermination du peuple sahraoui et à la lutte pour l’indépendance des peuples encore sous le joug du colonialisme. Sous la direction du SG du parti, Abdelaziz Belkhadem, le parlementaire Sadek Bouguettaya fera une longue intervention, durant laquelle il s’est évertué à démontrer, preuves historiques à l’appui, que «le territoire du Sahara occidental n’a jamais fait partie de la monarchie marocaine», affirmant qu’«aucun pays au monde ne reconnaît la légitimité du Maroc sur les territoires sahraouis».
    La Tribune d’Algérie, 05/07/2011

  • Hassan II & Driss Basri : Conférence de presse à titre posthume

    Pour cette mission délicate, nous avons dépêché notre éternel stagiaire/pigiste/responsable caféine.  Il avait déjà brillé en interviewant l’auguste feu Sa Majesté Hassan II. Voici son compte rendu
    le CJDM a été invité à la conférence de presse exceptionnelle, organisée par feu Hassan II -contributeur contractuel à la dépêche MAPlol- défunt Roi du Maroc et Commandeur des Moutons Croyants et feu Driss Basri, défunt Ministre d’Etat, Ministre de l’Intérieur et Statisticien à ses heures perdues (on lui doit notamment la démonstration de la loi Bassrya, en vertu de laquelle la probabilité qu’un quartier de nihilistes (ou agitateurs) peut se retrouver à voter à la droite du Makhzen tend vers 1 au fur et à mesure que sa population s’étoffe d’électeurs décédés, de cousins éloignés et de bidonvillards cravachés par le Moqadem. (Disclaimer: la description plus longue et plus exhaustive du Ministre Basri ne manque en rien au respect dû au Père (fouettard) de la Nation, dont la description prendrait une dizaine de volume, à l’image du « Registre du Génie Hassanien »).
    Ces deux augustes personnages -le premier étant plus auguste que l’autre- ont tenu à convoquer une conférence de presse, de l’au-delà, afin de commenter les résultats du Référendum et son issue heureuse pour le peuple marocain, son Roi Sa Majesté Sérénissime et Royale Mohammed VI que Dieu le glorifie et lui garde ses costards rayés très classe de la mort qui tue. Ils ont tenu à s’exprimer sur un autre virage hist… on me glisse à l’oreillette qu’il s’agit d’un tournant (plutôt qu’un virage) tout aussi historique que l’indépendance, ou la signature du traité du protectorat.
    Dans la grande salle comble de journalistes -certains décédés, d’autres bien vivants- venant du monde entier, le Roi et son Ministre-homme de main s’installent derrière un somptueux bureau, décorés de lourdes draperies de couleur verte, brodées d’or et ornementés de petits drapeaux marocains. Sur le mur derrière, deux gigantesques portraits de Hassan II et de son auguste fils confirment l’aspect solennel de cette conférence.
    Hassan II muni de son attribut ministériel
    Le Défunt, Sa Majesté Hassan II Ben Mohamed Alaoui, commence par lire un bref communiqué:
    « Mon Cher Peuple,
    Avec l’aide de Dieu, j’annonce la tenue d’un référendum constitutionnel. Permets-moi de mettre ce discours aseptisé de côté, et de te parler, les yeux dans les yeux.
    Ceci est la quatrième réforme constitutionnelle que notre royaume bienheureux engage depuis son indépendance, la première depuis mon départ pour un plus grand royaume (où je suis Roi aussi, sauf que Dieu a fait ses valises, et se retrouve maintenant dans la Capital des Roses de l’au-delà) et je puis te dire, en toute honnêteté, que j’espère franchement que tu continueras dans la voie de servir ton Roi, ta Patrie et Ta Religion, en Votant Oui à cette constitution; Et je suis certain et serein, cher Peuple, que tu voteras Oui (autrement, il y en aura qui visiteront la Capitale des Roses, celle de l’au-delà et celle sur terre) »
    à ce moment, il repose la feuille sur le bureau, puis, reprenant son coupe-papier favori, se mit à expliquer son sentiment:
    Et je ne peux qu’exprimer ma joie, mon cher peuple, à la suite de ton empressement à voter Oui. Certes, cet empressement vil, obséquieux et servile à répondre aux désir du maître peut être jouissif, mais je te le répète, cher peuple, 98% de Oui… Grand Dieu! Mais ce plébiscite, cher peuple, tu n’as pas été le seul à le réaliser: nous saluons le travail minutieux et méticuleux de notre serviteur Driss Basri, ses subordonnés au Ministère de l’Intérieur, les Moqadems et Chioukhs, pour leurs efforts soutenus et patriotiques pour convaincre, vous citoyens, mon cher peuple, de voter POUR cette constitution. Une nouvelle page a été écrite dans l’histoire glorieuse de notre royaume. »
    Driss Basri, à l’écoute de son maître, a le visage radieux, l’œil mouillé et la bouche tremblotante devant l’hommage que lui rend, en direct, son Roi.
    « Votre Majesté. les mots me manquent pour décrire ma gratitude. Mais sachez, Sire, que je le suis, et bien plus que vous ne le pensez -à ce moment, Driss Basri se jette sur la main Royale qu’il badigeonne de sa salive, ce qui semble amuser et satisfaire Hassan II- Je disais donc que la nouvelle constitution a été voté oui par 98% des voix, avec un taux de participation de 72% des inscrits. Sire, vous n’avez peut être pas écrit cette constitution, mais Par Dieu, il était de mon devoir, il était du devoir de la famille du Ministère de l’Intérieur et des forces vives de la nation, de faire voter massivement  ce merveilleux document. Sire, vous être bon, généreux, et vous êtes formidables.
    Comme vous pouvez le constater messieurs, le Oui est uniforme sur toutes les régions du Royaume. C’est la preuve d’abord qu’il y a un consensus national autour de ce document, car écrit par le peuple (exclamation de journalistes, promptement dégagés de la salle) et que les Marocains se sont levés, comme un seul homme pour faire entendre leur enthousiasme pour la nouvelle constitution. Les bureaux de vote ont fait le plein dès 8h du matin, ce qui illustre bien l’exaltation générée par ce texte, et je pèse mes mots de policier défenseur du trône, révolutionnaire. Majesté, Sire, vous êtes un génie, et le vôtre a inspiré les « agnag » qui ont mis en forme vos idées et celles de votre fils. Je suis à votre service même mort, Sire »
    Après cette brève introduction, la première question émane de M. Fahd Yata, de la Nouvelle Tribune:
    – « Votre Majesté, Monsieur le Ministre: allez-vous enfin engager une campagne de purge à l’encontre des ennemis de la nation, ces homosexuels, lesbiennes, athée et pro-polisarios membres du ci-devant « 20 Février »? Et Merci. »
    Driss Basri: « Votre question objective et impartiale me semble pertinente. Au regard de la pression internationale, nous nous réfrénons d’avoir l’air de les remettre sur le droit chemin, celui tracé par notre lumière à tous, Sa Majesté Hassan II, et perpétué par son glorieux fils, Sa Majesté Mohamed VI. Nous laissons les bons citoyens marocains les convaincre de leur déviance, et bon, ce zèle patriotique peut parfois déborder. Après, c’est aux représentants des forces de l’ordre d’apprécier la situation, et de considérer si elle porte atteinte à l’ordre public ou pas.
    De toutes façons, nous observons bien que le résultat du référendum est un cinglant échec de leur projet d’instaurer une république soviético-islamiste. La vigilance du peuple Marocain a, encore une fois, été honorable. »
    Hassan II: « Votre père vous passe le salut, Mr. Yata. Effectivement, ces agitateurs subiront très bientôt le courroux des sujets marocains. Et je crois qu’en continuant votre travail de journaliste, exposant et démontrant leur hargne contre ce Royaume, ils seront de plus en plus isolés et ridicules. A ce sujet, je souhaite d’ailleur saluer le travail de nos serviteurs sur internet, qui, en dénigrant, insultant, détournant les propos des agitateurs, les font apparaître sous leur vrai jour, celui de mauvais musulmans, d’impies et de traîtres à la nation. Certes, internet donne aux agités et agitateurs le moyen de cracher leur venin, mais c’est aussi grâce à nos loyaux sujets serviles que le débat est maintenu au niveau que nous considérons suffisant pour notre bon peuple. »
    Khalil Hachimi Idrissi, ancien d’Aujourd’hui Lol Makhzen, nouveau Wali de Lol-MAP, prend la parole:
    « Ma question est pour au Ministre de l’Intérieur: comment avez-vous réussi à mobiliser les électeurs à 72%? »
    Driss Basri: « Ce n’était pas une mince affaire. Les ‘agnag’ se révélaient très tenaces. Mais voyez-vous, la machine de l’intérieur était encore intact: nos relais locaux, chefs de tribus, notables, moqadems, chioukh, walis, merdas et autres serviteurs obéissant de notre administration se sont levés comme un seul homme pour faire voter les marocains. A mort. Nous n’avons pas lésinés sur les moyens, et, suprême source de fierté pour notre ministère, tout cela n’a même pas nécessité de circulaire centrale, ni d’orientations. Sa Majesté me disait tout à l’heure à quel point elle était impressionnée par la capacité de prise d’initiative de nos valeureux cadres locaux. Je suis particulièrement fier d’avoir apporté ma modeste contribution à l’édifice qui nous fait gagner depuis plus de 40ans des référendums à 97% et plus. »
    KHI: « Pouvez-vous être plus spécifiques dans la description les méthodes utilisées?« 
    Driss Basri (qui s’énèrve soudainement): « Baghi n5li darbouk? hem. Excusez-moi Votre Majesté; ces journalistes semblent avoir oublié les bonnes manières! »
    Hassan II: « mais allez-y, racontez-leur. Nous pensons que les agités gagneraient à comprendre que nous sommes bien plus forts ».
    Driss Basri: « vos désirs sont des ordres, Sire. Mr Idrissi, nous procédons comme suit: l’avancement du Moqadem dépend du bon vouloir de son supérieur hiérarchique. Pour bien se faire voir de son chef, il fouette le Merda pour lui récupérer certains individus sur sa liste: ceux ayant droit aux aides locales, les associations de quartier bénéficiant d’un financement comme celui de l’INDH, les jeunes présents dans les maisons de jeunesse, etc.. à toutes ces personnes, le Moqadem leur propose de voter. Juste voter. Ces citoyens marocains, doublement obligés par leur devoir civique et l’insistance de l’agent d’autorité, se déplacent en masse (avec l’aide d’une logistique préparée par la commune) pour voter Oui au bureau de vote. Au besoin, les absents votent aussi. Je précise que l’usage du vote des décédés se réduit de plus en plus car la population ‘volontaire’ est plus que suffisante.
    Au niveau supérieur, le Cheikh et Caid interviennent dans le cas où la population n’est pas ‘coopérative’ notamment dans les régions de M’sa5it Sidna. L’intervention est rarement visible au niveau du Wali ou du 3amil. J’insiste sur le fait que grâce à la grille de rémunération unique allouée aux Moqadems, Chioukhs et Caids, la participation des populations -avec le soutien désintéressé des notables locaux- est assurée. D’autres questions? »
    Hassan II: « Messieurs, vous nous excuserez, les résultats des prochaines élections législatives nous attendent. Il nous faut du temps pour redécouper les circonscriptions. Au bon plaisir de vous voir couvrir l’expression de notre démocratie marocaine. »
    Le délégué presse du CJDM est allé vomir un peu plus loin
  • MAROC-RÉFÉRENDUM : Un taux stalinien pour une Constitution octroyée

    Le «oui» au référendum sur la nouvelle Constitution octroyée par le souverain marocain l’a emporté par un score stalinien, 98,5 % des voix, selon le ministre de l’Intérieur marocain. Ces résultats portent sur le dépouillement de 94 % des bulletins. Le taux de participation est de 73 %. Une victoire certes écrasante mais contestée et contestable et qui appelle un certain nombre de remarques, puisque l’opposition au referendum et à une constitution qui ne change rien dans le fond à la nature de la monarchie marocaine a été empêchée de s’exprimer et n’a pu faire campagne pour le boycott au référendum. « On peut parler d’une exception marocaine », s’est réjoui le ministre de l’économie, Salaheddine Mezouar.

    Plus revanchard, Khalid Naciri, l’inenarrable ministre marocain de la communication, a salué « une leçon magistrale donnée à ces apprentis révolutionnaires », désignant ainsi les partisans du Mouvement du 20-Février, qui n’ont cessé, depuis cette date, de réclamer des réformes politiques profondes. Le ministère de l’Intérieur a recensé dans la période 790 manifestations, souvent à caractère social mais aussi politique. Pour les politologues dans un monde arabe en effervescence, le roi du Maroc, 47 ans, qui a succédé à son père en 1999, a ainsi voulu « relégitimé  » son pouvoir à l’issue d’une campagne-éclair en faveur d’un texte qui, certes, consacre une place à la reconnaissance de droits fondamentaux et renforce le rôle du gouvernement, mais qui assoit, aussi, un peu plus son autoritarisme . 

     
    Commandeur des croyants et donc première autorité religieuse du pays, chef suprême des armées, garant de la justice, le souverain présidera toujours le Conseil des ministres et conserve le pouvoir de nommer les principaux responsables du pays, notamment dans les grandes entreprises publiques. Si la victoire du oui est stalinienne , elle ne décourage pas pour autant les contestataires, qui soulignent que, sur les 19,5 millions de Marocains en âge de voter recensés en 2009, seuls 13 millions, dûment inscrits et détenteurs d’une carte d’électeur, ont pu se rendre aux urnes. Et chacun se dit déterminé à poursuivre le combat, dans la perspective des prochaines élections législatives. « Maintenant, on va manifester tous les dimanches », promet Oussama El Khifli, l’une des figures du Mouvement du 20-Février. « Pour nous, il n’y aura pas de trêve », affirme de son côté Mohamed Salmi, membre du secrétariat général de Justice et Spiritualité, un mouvement islamiste dirigé par le cheikh Yacine, allié aux jeunes du 20-Février.La question religieuse a été au centre de la campagne référendaire.

    La Commission consultative pour la réforme de la Constitution avait, dans ses propositions, inscrit, le 24 mai, la liberté de croyance, avant de devoir battre retraite. « C’est la grande défaite de ce projet », regrette un de ses membres.A la place, le Conseil des oulémas a fait son entrée dans la Constitution. Et pour contrer l’influence de Justice et Spiritualité, le parti de cheikh Hocine dont la fille et porte-parole appelle ouvertement à l’instauration de la République au Maroc, le roi n’a pas hésité à mobiliser mosquées et partisans religieux. La plus puissante confrérie religieuse du pays, la Zaouïa Boutchichia, installée à Berkane, dans le Rif oriental – dont est issu le cheikh Yacine, comme ne manquent pas de le souligner les autorités marocaines -, a lancé un appel au oui. Le prêche du vendredi 25 juin a été dicté par le ministère des Affaires islamiques en faveur d’un texte qui « comporte tous les bienfaits dont a besoin notre société ». Pour avoir refusé de le lire, Abdelmalek Briki, imam de la mosquée Corsica dans la ville de Kenitra, a été aussitôt démis de sa fonction, comme en témoigne la lettre officielle qu’il a reçue et rendue publique sur Internet. »Sur une question éminemment politique, le roi a fait appel aux religieux, c’est une première: même Hassan II n’avait jamais fait prêcher un vote dans les mosquées », s’insurge l’économiste Fouad Abdelmoumni, devenu
    le porte-parole d’une coalition, née le 29 mai, autour de cinq petits partis de gauche et islamistes, trois syndicats et des associations, pour revendiquer une « monarchie parlementaire ». « Nous sommes en présence d’un roi qui prétend incarner la modernité, et qui en même temps exerce un pouvoir absolu. « Qui plus est et pour de nombreux opposants au projets, le souverain marocain est sorti de son role d’arbitre en appelant a voter oui. Enfin last but not the least Mohammed VI , a joué aussi un coup de poker en étendant le référéndum au Sahara Occidental , territoire qu’il occupe militairement et illégalement et sur lequel la communauté internationale et les Nations unis ne lui reconnaissent aucun droit. Pour les Sahraouis , qui luttent pour l’indépendance il va s’en dire que les résultats de ce référéndum d’un autre temps sont « nuls et non avenus. »
    Mokhtar Bendib 

    Le Courrier d’Algérie, 03/07/2011