Mois : juin 2011

  • Le ministère des AE répond à l’ambassadeur du Maroc à Genève

    Dans sa relation avec l’Algérie, le Maroc a deux visages. Rabat se montre conciliant et positif lorsqu’il parle de la réouverture de la frontière terrestre fermée depuis 1994. Ses diplomates attaquent et tentent de dénigrer l’Algérie lorsqu’il s’agit du conflit au Sahara occidental.

    Malgré le climat de détente qui règne entre les deux pays ces derniers mois, les responsables marocains envoient des flèches et attaquent leur voisin de l’est. Illustration de cette stratégie, la charge brutale menée contre l’Algérie, mercredi 15 juin, par l’ambassadeur du Maroc à Genève, Omar Hilale. « Alors que le monde arabe connaît des bouleversements profonds, la diplomatie algérienne persiste à vivre hors du ton des mutations en cours et du temps des réformes qui bourgeonnent dans son voisinage immédiat et lointain ». Il répondait ainsi à l’ambassadeur algérien qui a dénoncé la détérioration de la situation des droits de l’homme au Sahara occidental.

    Contacté ce vendredi 17 juin par TSA, un responsable au ministère des Affaires étrangères a réagi aux déclarations du diplomate marocain. « Tout d’abord, permettez‑moi d’apporter deux précisions importantes : premièrement, comme nous l’avions démontré par le passé, nous ne tomberons pas dans le piège grossier de la « bilatéralisation » de la question du Sahara occidental car il s’agit d’une question de décolonisation contrariée, qui suivra, imperturbablement, son cours au sein du système des Nations unies. Deuxièmement, nous ne tomberons pas, non plus, dans les rets de la surenchère oiseuse et de l’escalade gratuite ».

    Le Maroc cherche en effet à établir un lien entre le dossier du Sahara occidental et sa relation conflictuelle avec l’Algérie. Rabat accuse périodiquement Alger d’avoir créé et alimenté le conflit au Sahara occidental. Le responsable du MAE a également répondu à l’ambassadeur du Maroc à Genève sur le sujet des réformes de la diplomatie algérienne en affirmant : « la diplomatie algérienne est en phase avec les défis et les impératifs de l’heure bien loin des verbiages creux et des péroraisons ineptes faites du haut des tribunes onusiennes. En Algérie, les concepts de mutations et de reformes ne se conjuguent pas, cyniquement, avec le reniement ! N’en déplaise donc aux sophistes et aux hâbleurs patentés, notre diplomatie ne sera jamais la diplomatie des porteurs de pancartes ni celle des porte‑flingues recrutés dans le cadre de contrats de prestation de services ». Le même responsable rappelle que l’Algérie a soutenu et continuera de soutenir le droit à l’autodétermination des peuples. La diplomatie algérienne « restera fidèle à ses principes immuables notamment en ce qui concerne le droit imprescriptible des peuples à l’autodétermination tel que consacré par la légalité internationale », a‑t‑il dit.

    La détente dans les relations algéro‑marocaines semble avoir fait long feu. Après une accalmie de plusieurs mois, les responsables marocains ont repris leurs attaques contre l’Algérie sur le dossier du Sahara occidental. De leur côté, des responsables algériens, notamment le Premier ministre Ahmed Ouyahia, ne semblent pas encore prêts à faire la paix avec le Maroc. Évoquée comme imminente, la perspective de la réouverture de la frontière terrestre s’éloigne à nouveau.
    TSA-Algérie, 17/06/2011

  • Le Comité de décolonisation de l’ONU s’y met

    Alors que le Maroc s’entête toujours à chercher du crédit à son plan d’autonomie rejeté dans le fond et dans la forme par la communauté internationale, le Comité de l’ONU chargé d’étudier la question relative à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux n’a hésité à valider le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. La présence à cette ultime réunion du «Comité des 24» de certains pays amis de la RASD a été décisif. 
     
    Dans ses travaux de la première session pour la troisième Décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011-2020), le Comité a constaté, d’abor, que la divergence fondamentale entre le Front Polisario et le Maroc réside dans la question de l’autodétermination, souligne l’ONU. «Le Front Polisario propose la tenue d’un référendum envisageant plusieurs options, y compris l’indépendance, tandis que le Maroc tient à un régime d’autonomie négocié et à un référendum de confirmation à option unique», constate l’ONU. Cependant, les débats étaient plus déterminants. La représentante de Cuba n’est pas allée par quatre chemins en appuyant le droit des Sahraouis à l’autodétermination, en soulignant que le peuple du Sahara occidental lutte, depuis 40 ans, pour son indépendance. Le Comité des 24 «doit jouer un rôle central», a-t-elle soutenu en souhaitant que le peuple sahraoui puisse «décider librement de son avenir». 
     
    Le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, lui, a estimé que vingt années après la création de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO), « le Maroc profite toujours de ses amitiés au sein du Conseil de sécurité pour tenter, depuis 2007, de vendre sa prétendue proposition d’autonomie». Or, a-t-il dit, «cette proposition consiste seulement à demander au peuple sahraoui de renoncer à la possibilité de son indépendance et à accepter de rejoindre la puissance occupante». Dans la foulée, Ahmed Boukhari s’est dit «convaincu que le Comité des 24 reconnaîtrait sans mal qu’une telle proposition nie le principe d’autodétermination formulé dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU de 1960». Le responsable sahraoui n’a pas manqué de dénoncer l’entêtement du Maroc qui est d’ailleurs à l’origine directe de l’échec des négociations de Manhasset.

    Le septième round de négociations informelles Front Polisario-Maroc, tenue la semaine dernière à Manhasset (New York) sous les auspices de l’envoyé personnel du secrétaire général, n’a d’ailleurs pas abouti «en raison du manque de coopération du Maroc». M. Boukhari a appelé le «Comité des 24» à assumer ses responsabilités vis-à-vis de «la dernière colonie africaine inscrite à son ordre du jour». Il a demandé également au Comité d’envoyer une mission d’enquête au Sahara occidental et de suivre, en outre, très étroitement le processus actuel de négociations. La dernière enquête effectuée par ce comité au Sahara occidental date du début des années 1970 lorsqu’il était sous occupation espagnole. 

  • Free Gaza : Un député français embarque sur la Flottille de la Liberté

    Le 18 juin sera un grand jour dans le port de Marseille. Le Bateau français pour Gaza préparé par des dizaines d’associations, de syndicats et de partis politiques prendra la mer pour briser le blocus israélien contre Gaza. Jean-Paul Lecoq, député-maire PCF, s’associe à l’initiative humanitaire et non-violente.

    Le comité havrais Un Bateau pour Gaza réunit une vingtaine d’organisations. Depuis des mois, les militant-e-s mènent campagne pour soutenir financièrement l’envoi d’un bateau vers Gaza et dénoncer la politique d’apartheid menée par l’Etat israélien. Plus de 4 000 euros ont ainsi rejoints les autres collectes régionales dans la tirelire commune qui culmine à 600 000 euros. Pari gagné. Le Bateau français pour Gaza peut partir.
    Trente-cinq personnes prendront place à bord. Parmi elles – avec une cravate rouge sur la photo – Jean-Paul Lecoq, député-maire communiste de Gonfreville l’Orcher (Seine-Maritime). Membre de la commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, il s’était rendu à Gaza en février 2009, peu de temps après Plomb durci, la sinistre opération militaire israélienne. « Toute la zone d’activité de Gaza était rasée, broyée. Ce n’était pas que l’effet d’une opération militaire. Derrière les canons, les bulldozers étaient passés. Il y avait vraiment la volonté de terroriser la population palestinienne. Même les bassins de rétention d’eau, qui ne sont pas des terrains militaires, étaient détruits. Le président de l’Assemblée nationale avait promis de reconstruire l’hôpital de Gaza. Nous avions l’intention de revenir un an après pour voir l’avancement des travaux, mais nous n’avons pas eu l’autorisation. Nous y serions pourtant allés dans le cadre d’une délégation officielle… »
    A quelques jours du départ de la deuxième Flottille de la Liberté qui comptera une douzaine de bateaux venus d’Europe et du continent américain, Israël hausse le ton et fait jouer ses réseaux. Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU apporte aussi sa voix au mauvais concert en invitant les Etats à tout faire pour empêcher le départ des bateaux pour Gaza. « Il discrédite l’ONU », assure Jean-Paul Lecoq. Le 14 juin, Alain Juppé, ministre des Affaires étrangères, s’est aussi exprimé au Parlement sur le sujet. « S’agissant du projet de flottille, notre position est très claire et je l’ai rappelé aux autorités israéliennes comme aux autorités palestiniennes que j’ai rencontrées il y a maintenant dix jours. Nous pensons que cette initiative est regrettable et qu’elle ne peut qu’envenimer la situation. Nous avons demandé à tous ceux qui, en France, s’apprêtaient à y participer d’y renoncer. »

    « Cela dit, nous n’avons pas les moyens juridiques d’empêcher des bateaux de prendre la haute mer et de se diriger vers la côte israélienne ou vers Gaza », reconnaissait aussitôt Alain Juppé. Cette remarque tombe à pic pour répondre à celles et à ceux qui diabolisent la flottille pacifiste en la déclarant illégale, pirate ou même terroriste ! Curieuse manière d’analyser la situation. « C’est la politique israélienne qui ne respecte pas le droit international. C’est la politique israélienne qui est terroriste », assure Jean-Paul Lecoq.
    Les menaces israéliennes n’entament pas la détermination des militant-e-s venu-e-s de tous les horizons de gauche ou d’extrême gauche et au-delà. Etienne Pinte, député UMP, ne rate en effet jamais l’occasion de dire ce qu’il pense de la politique israélienne aux côtés du collectif Un Bateau français pour Gaza. « J’ai prévenu Alain Juppé que je serai sur le bateau, précise Jean-Paul Lecoq. La France se doit d’assurer la protection d’un navire français qui a en plus de nombreux Français à bord. » Message reçu ? Jean-Paul Lecoq n’est pas un inconnu au Parlement. En novembre 2010, il avait été expulsé du Maroc parce qu’il voulait se rendre au Sahara Occidental où une révolte sahraouie avait été violemment réprimée par les forces d’occupation marocaines. Sahara Occidental, Palestine. Même violence coloniale, même mépris des lois internationales.
    En mai 2010, une première flottille non-violente, pacifiste et humanitaire avait était violemment attaquée par la marine israélienne dans les eaux internationales. Bilan : vingt-huit passagers blessés et neuf morts. « Des meurtres » pour Jean-Paul Lecoq qui sera le 18 juin à Marseille où une série de rendez-vous politiques et festifs accompagneront le départ du bateau français. Le député-maire ne montera à bord qu’à Athènes, le 25 juin, pour la dernière partie de la traversée vers Gaza. Dans sa poche, il aura une lettre de Serge Grossvak, militant antisioniste de l’Union juive des Français pour la Paix, qui dit : « Amis palestiniens, je fais le rêve du jour où nous célébrerons ensemble tout à la fois les états israéliens et palestiniens. Je fais le rêve du jour où nous commémorerons tout à la fois les souffrances juives et palestiniennes. Ensemble, nous serons humains parmi les humains. »
    La page Facebook du Bateau français pour Gaza.
    Le site Internet du Bateau français pour Gaza.
    La lettre de Serge Grossvak adressée aux Palestiens.

    Alqods-palestine, 16/06/2011
  • Etrange agression ou tentative d’assassinat d’un cadre supérieur du journal Al Massae ?

    Casablanca.- Abdellah El Hattach, le conseiller du président du conseiller d’administration du groupe Massae Media, qui édite le quotidien Al Massae, a été victime hier, vers 22h40, d’une violente agression qui aurait pu mal finir.
    Trois hommes, à l’allure sportive et à visage découvert, l’ont attendu devant le 219 du boulevard d’Anfa à Casablanca, avant de se ruer vers lui et quand il est sorti de l’immeuble où il rendait visite à une collègue.
    Les trois assaillants, qui l’ont attendu, selon un témoin, de 19h00 jusqu’à 22h40, étaient armés de battes de beisbol.
    Frappé violemment à la tête et aux membres supérieurs, durant plusieurs minutes, El Hattach a perdu connaissance et est tombé par terre. Après le départ de ses agresseurs, qui ont quitté tranquillement les lieux sans se soucier des témoins, il a pu contacter des amis et des collègues qui ont rapidement accouru.
    Transporté à la clinique Al Andalous, les médecins ont diagnostiqué un traumatisme crânien et la fracture des deux bras avec lesquels il s’est servi pour se défendre. Selon une source médicale, l’agression aurait pu être fatale à El Hattach, la victime souffrant de problèmes cardiaques. Hier, une grosse tâche de sang était toujours visible sur les lieux de l’agression.
    Selon toute probabilité, l’agression n’aurait rien à voir avec un crime de droit commun, puisque ce cadre supérieur du quotidien Al Massae n’a pas été cambriolé. On ne lui a rien pris, ni ses deux portables neufs ni son portefeuille.
    « Les coups portés étaient vraiment terribles. Ce types sont venus pour le tuer, pas pour lui faire peur« , insiste Mustapha El Fanne, un journaliste d’Al Massae qui a été le premier arrivé sur les lieux.
    Deux témoins oculaires, dont l’un, le gardien de voitures qui avait repéré les agresseurs dès 19h00, ont indiqué à un reporter de Demain qu’ils ont bien dévisagé les agresseurs d’Abdellah El Hattach. Et selon une source policière, les témoignages oculaires des deux témoins ainsi que les cheveux arrachés à l’un des agresseurs, que la police scientifique a récupérés, sont autant d’éléments qui promettent « une résolution rapide du crime ».
    Il n’empêche, ce n’est pas la première fois qu’un journaliste ou une personnalité du monde de la culture sont agressés en pleine rue sans qu’il y ait « résolution rapide du crime ».
    Le directeur d’Al Massae, Rachid Niny, ainsi qu’un ex-journaliste de ce quotidien, Abdelilah Sakhir, et l’ex-rescapé de Tazmamart, Mohamed Marzouki (celui-là à Bruxelles) ont été violemment agressés par des inconnus parlant marocain sans qu’on connaisse aujourd’hui les noms de leurs agresseurs ou de leurs commanditaires.
    De même, l’humoriste marocain Ahmed Snoussi, « Bziz » se plaint depuis plusieurs mois de menaces de mort sans que le parquet, si prompt à diligenter des enquêtes contre des journalistes et des dissidents,  ne daigne bouger le petit doigt.
    Hier, certains journalistes présents à la clinique A Andalouss étaient formels : l’agression d’El Hattach est un message qu’on envoie à ceux qui seraient tentés d’évoquer des sujets sensibles en ces temps incertains.
    Abdellatif Gueznaya
    Demain Online, 16/06/2011
  • Touche pas à ma famille ! ou lorsque le Makhzen veut couler une femme qui le dérange

    Hier, mon mari, allé visiter notre fille ainée, a trouvé à la sortie une enveloppe coincée entre son pare-brise et ses essuie-glaces. Une enveloppe jaune et anodine comme il s’en trouve dans les petites épiceries populaires. J’en reçus une bonne dizaine sous ma porte en 2005, l’année de mon procès dont l’auteur est le même : devinez qui ?

    Celles que je reçus il y a quelques années contenaient des menaces de mort. Celle là est nettement plus lâche et prouve que l’adversaire est arrivé aux dernières manœuvres avec ma petite personne. L’arme maintenant c’est la calomnie et la zizanie. Le fait que cela se passe devant la maison de ma fille est un autre message insidieux qui mettrait mes enfants aussi au centre de cette manipulation putride.

    Bien sûr, la lettre n’est pas signée, comme au bon vieux temps du Makhzen archaïque toujours et encore. Il y est juste dit que l’auteur est un gentil »frère en Dieu », si gentil qu’il veut mettre la puce à l’oreille de mon époux en lui envoyant une photo qui, bien que manipulée, n’a rien de compromettant puisque j’y parle le plus sérieusement du monde avec un étranger en pleine rue. Rien de bien méchant ne serait-ce le message très pernicieux derrière la photo qui dit ‘’ Ce qui est caché est encore plus grave’’. Ceci annonce certainement d’autres documents préfabriqués.

    Il ya quelques années déjà, j’avais reçu à la maison une soi-disant journaliste qui était venue user de menaces détournées dans ce sens, en me parlant de ce que fait la police marocaine concernant l’honneur des femmes. Lui répondant qu’ils peuvent toujours courir et que nous étions au-dessus de tout soupçon, elle me dit que la DST avait des techniciens hors pair pour la fabrique de faux. Je lui dis que je m’ne fichais totalement parce que j’ai confiance en l’intelligence du peuple, et qui l’a prouvée d’ailleurs depuis le 20 février.

    Quant à mon mari, non seulement il n’est pas tombé de la dernière pluie, mais en plus il connait très bien la lâcheté du Makhzen puisqu’il y a goûté et y goûte encore …

    Je tiens donc à rassurer mes détracteurs afin de leur éviter trop d’efforts dans ce sens, et qu’ils concentrent leur attention sur ce qui leur arrive de partout. Leur message est bien arrivé et je leur réponds :

    1°) Lorsque le Makhzen arrive à de telles bassesses, c’est qu’il est au pied du mur. Le fait que l’histoire des islamistes épouvantails soit désormais caduque, et nos dernières déclarations qui prouvent notre modération et notre bonne foi en plus d’une popularité accrue, le poussent dans ses derniers retranchements : la calomnie et le déshonneur par les ragots et l’opprobre.

    2°) Cette méthode est périmée. Cherchez autre chose.

    3°) La calomnie n’est plus l’arme fatale mais bien la plus ridicule des armes.

    4°) Ne comptez pas sur ce créneau ; c’est raté.

    5°) Moi qui essayais de tempérer mes convictions afin d’accompagner les revendications des jeunes du 20 février et afin d’être pour plus de pragmatisme ! Je crois bien que je vais revenir à mes anciennes tendances. C’est peut-être le seul moyen d’avoir un procès en plein jour et non pas des coups bas et mesquins.

    6°) Ce que vous avez fait est une excellente nouvelle pour nous car vous ne trouvez plus rien à produire contre la force de notre attitude, sinon de vouloir faire une pression psychologique sur nous.

    7°) Il vous faudra calomnier tout un peuple désormais. (Ce qui d’ailleurs est fait d’une certaine manière).

    Reste peut-être le crime ! Après Kamal à qui le tour?

    Nadia Yassine

    Demain Online, 16/06/2011

  • Le Makhzen persiste et signe

    Mise à part une déclaration de lèse-majesté de l’Union européenne, appelant les «parties» au dialogue et à la retenue, comme suite à la répression de manifestations, les démocratiseurs occidentaux essaient d’éviter au maximum de regarder du côté de la monarchie marocaine et surtout de sa rue. Leurs médias font de même dans le strict minimum. Il y a des peuples qui devraient comprendre que le «printemps» n’est pas pour qui le désire. L’argument était que le roi s’était engagé dans des réformes inédites et qu’il allait faire de son pays un exemple de démocratie pour le monde dit arabe. 
     
    Avant même que les louanges se taisent, le projet de constitution qui va être soumis au référendum populaire a refroidi les enthousiasmes les plus serviles. Le projet de loi fondamentale ne modifie absolument rien de la féodalité du système. Il maintient l’article 19 sur le «commandement des croyants» et dans l’article 52 on exhorte, sans rire, le Parlement et le Premier ministre d’être «une source des initiatives de lois». Le monarque chérifien, lui, reste le «commandeur des croyants», une «personne sacrée» et la «source de législation». 
     
    Le peuple pourra remplir les urnes des bulletins qu’il veut, les courants politiques pourront épiloguer à leur guise sur des programmes de gouvernement, ce sera toujours Mohamed VI qui décidera des ministres, du mode de gestion et des objectifs. Une petite, toute petite concession, qui est présentée en tant que gigantesque avancée, le Premier ministre «nommé à la discrétion du roi» aura la possibilité (pas le droit) de participer à la désignation des ministres du gouvernement, d’ambassadeurs et de hauts fonctionnaires de l’Etat. D’après les conseillers royaux, le roi aurait cédé ainsi «60% de ses pouvoirs à la primature». Il n’a rien cédé bien sûr de la holding alaouite qui «accapare une bonne part de l’économie et rien sur le réseau d’influence tentaculaire du palais sur tout ce qui se fait. On pourrait penser que c’est de l’aveuglement et que les risques d’un «été marocain» sont sous-estimés. On serait loin du compte. 
     
    M6 n’est pas Kadhafi, son royaume bénéficie du statut avancé octroyé par l’UE, dont l’unique autre bénéficiaire est Israël. Etat avec lequel le Makhzen entretient de nombreux liens et avec qui une «normalisation des relations» est en cours. Les menaces de démocratisation musclée ne le concernent pas, celles qui ont sonné comme une sentence sans appel en décrétant que le «règne sans partage des potentats arabes est terminé». Le peuple marocain n’est pas éligible aux droits et à la liberté. Il fait partie de cette infra humanité qui n’a que le choix de se coucher et d’obéir aux protégés de la «communauté internationale». Le «Monarque exécutif», comme il se dénomme lui-même, n’a rien à craindre. Il affirme même tout haut qu’il ne cédera pas à la «démagogie et à l’improvisation». Au besoin, ce sera lui qui bénéficiera du soutien de ceux qui soutiennent le conglomérat de Benghazi. 
     
    Dimanche dernier, des milliers de Marocains ont encore manifesté, sans la publicité que les grandes télévisions actrices des «printemps arabe» en fasse grand cas. Mais suffit-il d’ignorer une réalité pour qu’elle ne soit pas et ne vaut-il pas mieux, dans ce cas précis, éviter ces chaînes polluantes.
    Par Ahmed Halfaoui
    Les Débats, 16/06/2011

  • La question du Sahara Occidental examinée par le Comité des 24

    La question du Sahara Occidental a été examinée lundi par le Comité spécial de l’ONU chargé d’étudier la situation relative à l’application de la Déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples colonisés, dit Comité des 24.

    Dans ses travaux de la première session pour la troisième décennie internationale de l’élimination du colonialisme (2011- 2020), le Comité a constaté que la divergence fondamentale entre le Front Polisario et le Maroc réside dans la question de l’autodétermination, souligne l’ONU. « Le Front Polisario propose la tenue d’un référendum envisageant plusieurs options, y compris l’indépendance, tandis que le Maroc tient à un régime d’autonomie négocié et à un référendum de confirmation à option unique», indique encore l’ONU. Lors du débat, la représentante de Cuba a souligné que le peuple du Sahara Occidental lutte, depuis 40 ans, pour son droit à l’autodétermination. Le Comité des 24 «doit jouer un rôle central», a-t-elle soutenu en souhaitant que le peuple sahraoui puisse décider librement de son avenir. Dans son intervention, le représentant du Front Polisario à l’ONU, Ahmed Boukhari, a estimé que vingt années après la création de la Mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara Occidental (Minurso), «le Maroc profite toujours de ses amitiés au sein du Conseil de sécurité pour tenter, depuis 2007, de vendre sa prétendue proposition d’autonomie». Or, a-t-il dit, «cette proposition consiste seulement à demander au peuple sahraoui de renoncer à la possibilité de son indépendance et à accepter de rejoindre la puissance occupante». Il s’est dit «convaincu que le Comité des 24 reconnaîtra sans mal qu’une telle proposition nie le principe d’autodétermination formulé dans la résolution 1514 de l’Assemblée générale de l’ONU de 1960. 

     
    Le représentant sahraoui a regretté que la septième réunion informelle Front Polisario-Maroc, tenue la semaine dernière à Manhasset (New York) et placée sous les auspices de l’Envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU, n’ait pas abouti «en raison du manque de coopération du Maroc». Aussi, s’est-il tourné vers le Comité des 24, en espérant qu’il sera en mesure d’assumer ses responsabilités vis-à-vis de la dernière colonie africaine inscrite à son ordre du jour. Ahmed Boukhari a aussi demandé au Comité d’envoyer une mission d’enquête au Sahara Occidental et de suivre, en outre, très étroitement le processus actuel de négociations. La dernière enquête effectuée par ce comité au Sahara Occidental date du début des années 1970 lorsqu’il était sous occupation espagnole. En effet, a-t-il expliqué, la question du Sahara Occidental est toujours inscrite à l’agenda du Comité des 24, lequel «a des responsabilités en vertu de la Charte des Nations unies consistant à assurer le processus de décolonisation des territoires sahraouis occupés». 
     
    Avec 16 territoires non autonomes demeurant sur la liste de l’ONU dont le Sahara Occidental, le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, avait exhorté, en février dernier, la communauté internationale à «éliminer immédiatement et complètement le colonialisme sous toutes ses formes». Le Comité des 24 a été créé par l’Assemblée générale de l’ONU en 1961 afin d’étudier et d’émettre des propositions sur l’application de la Déclaration sur la décolonisation.
  • Alors que le clan de Fès veut revenir aux Affaires, le Maroc miné par les rivalités

    C’est un vieux conflit étouffé par Hassan II qui remonte à la surface Affaiblie économiquement malgré l’apport étranger, la monarchie est désormais assise sur un volcan qui menace d’entrer en éruption à n’importe quel moment.Le mouvement de contestation du 20 février n´est pas prêt à lâcher prise. Quatre mois après sa naissance, il continue de rallier davantage de soutien de la part d´une population qui se débarrasse, peu à peu, de l´emprise des partis politiques dont le rôle de modérateurs semble dépassé par les évènements. Né dans le tumulte provoqué par le soulèvement du peuple tunisien et les émeutes qui ont ébranlé de nombreuses villes algériennes, ce mouvement est en train de ratisser large dans les banlieues pauvres des grandes! villes marocaines. Ses initiateurs sont issus de tous les courants idéologiques qui traversent le pays; des islamistes aux communistes. Tout le monde est mobilisé pour exiger un changement rapide dans la gestion politique et économique du Royaume. Pour certaines personnalités proches du Makhzen, la situation est loin d´être alarmante dans la mesure où il ne s´agirait, selon elles, que d´un chahut qui se dissipera avec le temps.C´est ce qui ressort de manière plus subtile du discours officiel relayé par les médias qui soutiennent sans réserve la démarche du roi Mohamed VI consistant à opérer des aménagements dans la Constitution du pays. Cette façon de réduire la contestation populaire à un chahut n´est pas partagée par un grand nombre d´intellectuels et d´hommes d´affaires marocains qui y voient une lame de fond puissante pouvant mettre en péril la monarchie si les modes de traitement du malaise social ne sont pas à la hauteur des attentes.«En adoptant cette attitude pour ! le moins incompréhensible, le Palais royal ne se rend pas compte de la gravité de la situation», indiquent les observateurs de la scène politique marocaine affirmant que «le peuple marocain, dans son ensemble, n´est pas dupe. Il sait que dans les hautes sphères du pouvoir, des tiraillements commencent à se faire sentir et leur écho est arrivé, malgré le black-out imposé par les maîtres des lieux, et à sortir dans la rue». «Ce n´est certainement pas en réduisant la dimension du mouvement du 20 février que le régime réussira à épargner à la société les retombées d´une lutte de clans qui fait déjà rage», estiment en aparté des journalistes marocains. Le souverain, qui avait promis des réformes dans son discours du 9 mars dernier, est tout à fait conscient du poids du clan de Fès qui monte au créneau dans le sillage de la contestation, ont confié des sources au fait de la situation. Agissant comme un bloc soudé et impénétrable, ce clan aurait des comptes à régler avec la monarchie et non avec le roi en personne, ajoutent les mêmes sources! . Cette rivalité qui n´est pas née d´aujourd’hui remonte au temps du défunt roi Hassan II, précise-t-on encore. Ce dernier avait réussi à l´étouffer et à la limiter à l´aide d´un formidable arsenal répressif construit par un certain Driss Basri, mais aujourd’hui et à la lumière des évènements qui secouent cycliquement le Monde arabe, le clan de Fès qui se considère comme le socle de la monarchie marocaine a vraiment l´intention de revenir aux affaires et à un haut niveau après avoir été marginalisé durant des décennies. Dans ce contexte, la contestation née du mouvement du 20 février pourrait constituer un terrain favorable à cette «remise en question» constitutionnelle. Affaiblie économiquement malgré l´apport étranger, la monarchie est désormais assise sur un volcan qui menace d´entrer en éruption à n´importe quel moment et ne cesse d´alerter ses réseaux médiatiques afin qu´ils remettent sur la table la fameuse question de la réouverture des frontières terrestres avec l´Algérie. Selon eux, la réouverture permettrait au Palais royal de «souffler». Mais sur cette question, l´Algérie n´est pas prête pour le moment à cette éventualité comme l´a expliqué le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, lors d´une récente conférence de presse. Les relations ne sont pas au beau fixe, disent les mêmes sources. Et les tenants du pourrissement n´ont pas tardé à réagir en procédant au montage du scénario relatif aux mercenaires que l´Algérie aurait envoyés en Libye, tentant ainsi de saborder tout rapprochement avec ce pays et qui pourrait assurer au roi Mohammed VI une solution certes, conjoncturelle, mais suffisante pour ramener la tranquillité au niveau d´une grande partie du Royaume. Le roi a-t-il été piégé? De nombreux Marocains le pensent en n´hésitant pas à l´accuser, en tant que premier opérateur du pays, d´abandonner des pans entiers de l´économie marocaine entre les mains des réseaux affairistes et des milieux de la corruption et à grossir les rangs des ! mécontents. L´attentat de Marrakech symbolise, dans une certaine mesure, l´exacerbation des rivalités et démontre de façon claire la complexité d´une situation politique et sociale que le mouvement du 20 février n´a fait que révéler au grand jour.
  • Task force du mouvement de solidarité avec le peuple sahraoui

    Dans le cadre de la commémoration du 41e anniversaire du soulèvement populaire sahraoui de Zemla qui fut dirigé par le chahid Mohamed Sid Brahim Basiri, une task force internationale élargie regroupant les acteurs du mouvement international de solidarité avec la résistance populaire sahraouie des Territoires occupés et pour la défense des droits humains au Sahara occidental et pour le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination aura lieu le samedi 18 juin à 10 h au Centre de la jeunesse ANALJ de Zéralda route du complexe touristique de Zéralda à côté de l’hôtel Mazafran.
  • Un bouledogue c’est venimeux ?

    Alain Juppé, le digne successeur du légendaire Kouchner, devrait entamer aujourd’hui, mercredi, une visite de travail de deux jours en Algérie. Une visite qui «s’inscrit dans le cadre du renforcement du dialogue politique» entre les deux pays et participe de leur volonté commune d’édifier un partenariat d’exception qui soit à la mesure des liens multiformes qui les unissent en termes d’histoire, de voisinage et de densité des rapports humains», nous avisait lundi dernier, le département des A.E via l’APS après l’heureux rétablissement de la connexion avec l’agence. 
     
    Dans leurs discussions, Juppé et ses hôtes, nous dit-on de même source, évoqueront notamment le cas de la Libye, le processus de paix au Proche Orient, la question du Sahara occidental, la lutte contre le terrorisme, les faux départs de l’UPM, les relations avec l’Union européenne et tous les restes. En somme, que de sujets qui… fâchent. Des sujets qui peuvent, à la limite, trouver audience et même être accueillis à coups de youyous, au pays de la Mamounia sur notre flanc ouest. En réalité, les divergences avec Alger importent peu pour Paris, Raffarin a fait l’essentiel, il était revenu le couffin comblé de contrats du souk algérien et c’est ça qui compte. 
     
    Vingt-quatre heures avant l’arrivée de Juppé chez nous, le consul général de Russie, nous alerte : Paris travaille à envenimer les relations algéro-russes à travers une propagande tapageuse sur le scandale autour des MIG-29 vendus à l’Algérie dans l’objectif de refiler son Rafale à l’ANP. On ne sait pas si, à Alger, Juppé se fera marchand de canons, mais il pourra s’enquérir sur le marché des pick-up auprès des concessionnaires sur place. S’il s’intéresse encore à la question, Juppé que Roland Dumas -un autre diplomate français qui lui, jouit de l’amitié arabe- présente comme «un bouledogue qui réfléchit trop, jusqu’à l’erreur», saura que les autorités algériennes ont interdit la circulation des 4×4 dans les zones frontalières de la Libye. Mais au-delà des petites curiosités qui versent dans la provocation, que vient chercher Juppé dans un pays à l’approche différente ? Peut-être tout simplement l’appui d’Alger pour un «statut avancé» auprès de l’UA, ce qui atténuerait aux yeux de l’opinion le mépris d’une Afrique marginalisée chez elle, dans sa propre maison.
    M. Z. mohamed_zaaf@yahoo.fr
    Le Jeune Indépendant, 15/06/2011