Mois : mai 2011

  • Le point de vue d’Abdelaziz Menebhi sur le Sahara Occidental

    Le 25 mai 2006, l’UJPA a organisé à Bruxelles une conférence d’Abdelaziz Menebhi, co-fondateur du Mouvement Marxiste-Léniniste Marocain « Ila Alamam » (« En avant ! »), ancien président de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc, ancien prisonnier et exilé politique, frère de la martyre Saida Menebhi. Voici le texte de cette conférence qui aborde un sujet crucial pour la lutte contre le chauvinisme dans la communauté marocaine : le droit à l’autodétermination du peuple saharaoui.

    IMG 1941Je remercie vivement les camarades de l’Union des Jeunes Progressistes Arabes (UJPA) de Belgique de nous avoir réuni dans cet Espace Marx qui évoque l’une des périodes les plus rayonnantes de l’histoire de l’humanité dans son combat contre l’exploitation et pour le socialisme. Les peuples sahraoui et marocain continuent ce combat contre l’oppression et la répression. Je remercie vivement les camarades de l’Union des Jeunes Progressistes de la monarchie marocaine pour l’indépendance, la démocratie et le socialisme.
    Je tiens à préciser d’emblée qu’il ne sera pas question de mon propos de revenir en détail sur l’histoire des deux peuples, leurs origines et formation, encore moins de revenir sur l’histoire des deux mouvements, marxiste marocain et front Polisario, ni sur les enjeux et perspectives de la guerre injuste et fratricide que livre la monarchie alaouite au peuple sahraoui, et l’oppression et l’exploitation de classe qu’elle exerce sur le peuple marocain.
    Je me limiterai au rappel bref de faits, de dates et d’événements historiques importants qui ont entouré et marqué la naissance simultanée de ces deux mouvements de luttes révolutionnaires, nationales et démocratiques, fin des années ‘60 début des années ‘70, dans cette région de l’Afrique du nord ou de l’occident arabo-berbère …contre l’occupation coloniale et néo-coloniale, l’oppression et l’exploitation de classe et la domination impérialiste.
    Permettez-moi de commencer par un rappel du contexte géopolitique de cette période :
    -début de la défaite de l’impérialisme Américaine au Vietnam ;
    -victoires des mouvements de libération nationale en Afrique (Angola, Mozambique ,etc.) qui ont sonné le glas des empires coloniaux (Espagne, Portugal) ;
    -déclenchement de la lutte armée en Palestine contre l’occupation sioniste ;
    -essors des mouvements de libération et de lutte armée en Amérique du Sud (Bolivie, Uraguay, Paraguay, etc.) et la consolidation de la révolution cubaine ;
    -victoire de la Longue marche en Chine et son impact idéologique sur la jeunesse dans le monde ;
    -montée des mouvements sociaux ouvrier et étudiant et l’apparition des actions armées en Europe occidentale (Mai 68 en France, Fraction Armée Rouge en Allemagne, Brigades Rouges en Italie) .
    En Espagne, l’isolement du régime franquiste, avec la montée des luttes sociales des jeunes et des mouvements ouvrier et basque, et la pression internationale pour la décolonisation du Sahara occidental, va accélérer l’approfondissement de la crise de ce régime fasciste et sa décomposition finale.
    Le Maroc venait juste de sortir de l’état d’exception imposé au peuple marocain par Hassan II après le massacre de l’insurrection populaire de mars 65 et la liquidation de Mehdi Ben Barka ; le pays connaît une crise grave et la monarchie était isolée et minée de l’intérieure (deux coups d’état successifs, 1971-72).
    Un événement va sceller la relation de deux  noyaux de militants révolutionnaires et aura un impact déterminant sur l’avenir et l’évolution de la lutte des deux peuples sahraoui et marocain.
    Le 3 mai 1970 annonce surprise à la radio marocaine de la visite de L .Bravo (ministre des affaires étrangères Espagnole) pour négocier un projet d accord entre Hassan II et Franco pour l’exploitation  du phosphate de Boukraa, au Sahara.
    Le 4 mai, grève générale à l’université Mohamed V de Rabat pour dénoncer cette visite. L’élément moteur à l’origine de cette grève n’est autre que le noyau de militants révolutionnaires qui allait quelques semaines après (le 30 Août) constituer l’organisation Mouvement Marxiste-Léniniste Marocain « Ila Alamam ».
    Cette grève, et les manifestations qui l’ont accompagné, vont provoquer une vague d’arrestations, de tortures, de procès, d’enrôlement forcé dans l’armée pour « punir » ces militants.
    La riposte du mouvement étudiant marocain à cette répression va être à la hauteur : une grève générale et illimitée est déclenchée dans toutes les facultés (Rabat ; Fès, Casa, Tétouan, Marrakech…) et sera suivie par plusieurs lycées dans plusieurs villes. Pendant cette grève qui va durer deux mois , la Faculté des lettres et de sciences humaines (Rabat) sera transformée en université parallèle où des centaines d’étudiants vont participer à larges mouvement de débats d’idées qui vont remettre en cause et contester les fondements historiques même du nationalisme bourgeois marocain et la conception makhzenienne de l’histoire et élaborer une toute autre conception, une toute autre histoire redonnant leur vérité aux luttes séculaires des masses  populaire marocaines et  sahraouis contre le pouvoir central oppresseur.
    La présence et la participation active des militants  Sahraouis (Elwali Mustapha Es-Said, Mohamed Sidati ; Mohamed Ouled Salek, Mohamed Lamine etc. noyau à l’origine de la création du front Polisario et de la République Arabe Sahraouie Démocratique), en particulier dans le débats qu’ils sont animé sur l’histoire du peuple sahraoui, sa culture, son mode de vie spécifique vont donner une dimension riche et profonde à ce débat unique et tout à fait  exceptionnel.
    Un article non moins historique, riche et exceptionnel va être publier quelques jours après dans le numéro 19 de la revue Souffle, intitulé Nouvelle Palestine au Sahara Occidental.
    Je vous résume les idées fondamentales qui ont jailli de ce débat :
    -1. La notion de « peuple » n’est ni statique ni mythique, elle doit être située dans sa dynamique, à partir des réalités historiques, réalités intégrant les composantes économiques, sociales et culturelles. Le fondement d’une telle dynamique est le processus socio-spatial de longue durée, au cours duquel se forge, s’élargit et s’approfondit la symbiose intégrant le maillage urbain et les activités économiques et culturelles qui lui ont donné naissance et qui s’en nourrissent.
    Dans le cas de la population sahraouie, le fondement de cette dynamique est le processus de construction de son identité en tant que peuple, processus qui s’est concrétisé dans la longue lutte de ces tribus contre toutes les formes de soumissions aux pouvoirs centraux oppresseurs (la dynastie alaouite en particulier), et contre le colonialisme espagnol et la domination économique et militaire impérialiste depuis 1884.
    L’un des facteurs historiques fondamentaux qui a entravé le développement du mouvement de libération  sahraoui contre le colonialisme et l’impérialisme, tout au long du siècle passé, est précisément l’intervention continuelle de la monarchie marocaine qui a toujours collaboré avec ces derniers pour encercler et disperser les initiatives libératrices des Sahraouis et leur imposer sa tutelle (celle de Maa Al Inine au début du siècle, du mouvement de libération début des années 50, ou du mouvement de Mohamed Bassiri en 1960, par exemple).
    Le peuple marocain,quant à lui, a connu une toute autre dynamique, séculaire et spécifique, dans sa lutte contre les oligarchies tribales alliées à la bourgeoisie mercantile et érigés en  états impériaux centralisés et dominateurs. Dès que la voie de contrôle des accès au nord du Sahara du commerce caravanier qui transportait principalement de l’or du Ghana vers les marchés transméditerranéens fut dépassée par la navigation européenne à longue distance, ils vont se transformer en structure parasitaire du Makhzen, se maintenant par le pillage de la production céréalière des tributs soumises pour l’exporter vers les marchés du capitalisme européen ascendant, en échange des armes et des moyens de paiement nécessaire à sa domination et à l’entretien de sa structure parasitaire, en collaboration étroite avec le capitalisme et l’impérialisme. Tel fut le rôle, le fondement et l’histoire de la dynastie alaouites qui a soumis et dominé les masses populaires, marocaines et sahraouies, par la force des armes et dans le sang et le pillage ; My Ismaël (sultan au 18e siècle) et Hassan II (1961-1999) sont deux grands monarques de cette dynastie sanguinaire et oppressive.
    Les révoltes des tribus marocaines au début du dernier siècle, du mouvement de Maa Al Inine en 1905, de la révolution de Mohamed Abdelkarim Khatabi dans le Rif en 1921 et le Mouvement et l’Armée de libération au début des années de 50, sont autant d’exemples qui ont illustré le combat de nos deux peuples contre la monarchie et la collusion de celle-ci avec le colonialisme français et espagnol.
    -2. Les deux peuples, leurs mouvements de libération et leurs forces révolutionnaire savaient toujours conscience que la monarchie alliée du colonialisme et de l’impérialisme représente le plus grand obstacle à leurs libération et à leur développement économique, social et culturel et à toute forme de démocratie, d’émancipation et de liberté ainsi qu’un facteur de haine chauvine entre les peuples, l’élément majeur qui entrave l’unité, la fraternité et la paix entre les peuples de cette région du monde.
    -3. Que la contradiction entre ses deux forces antagonistes ne peut trouver sa solution à travers une coexistence pacifique, ni avec des choix réformistes ; cette solution passe nécessairement par la violence révolutionnaire des masses populaires, par la lutte armée des peuples.
    -4. Pour mener à terme cette tâche, les révolutionnaires et les démocrates des deux peuples doivent se doter de leurs organisations spécifiques ,autonomes et indépendantes de l’idéologie nationaliste bourgeoise et de la vision bourgeoise et makhzenienne de l’histoire et opter pour une stratégie de libération nationale, démocratique et populaire qui met fin à la domination impérialiste et réactionnaire, ennemie des deux peuples et qui ouvre la voie de la liberté, de la solidarité ,de la fraternité et de la paix entre eux dans une perspective d’unité, pour la construction d’une société d’hommes et de femmes affranchis de toutes formes de domination et d’exploitation de l’homme par l’homme.
    Il nous est apparus dans l’intérêt des deux peuples de reconnaître l’existence du peuple sahraoui et de son droit inaliénable à l’autodétermination, et déclarer notre soutien inconditionnel à sa lutte contre le colonialisme et la réaction, ce même colonialisme qui a envahi militairement notre pays, massacré notre peuple, brisé notre culture et pillé nos richesses, avec la collaboration active et avérée de ce même colonialisme continue de coloniser une partie de notre pays (Ceuta et Mellila) au vu et au su de la monarchie marocaines et des instances internationales.
    Le premier acte politique exprimant officiellement cette analyse et position était la motion de reconnaissance du peuple sahraoui et de son droit à l autodétermination votée au 15e congrès de l’Union Nationale des Etudiants du Maroc. (15-18 août 1972). Les militants sahraouis ont continué leur lutte contre l’occupation coloniale du Sahara Occidental avec l’organisation de plusieurs manifestations à Tan Laayoune et Samara. Ces manifestations se sont soldées par des interventions violentes de l’armée espagnole et des forces de répressions marocaines et l’arrestation de plusieurs militants sahraouis parmi lesquels le martyr Mustafa Elouali, Mohamed Sidati, Mohamed Ouled Salek, etc.
    Au même moment, les militants révolutionnaires marxistes affrontaient la répression, la dissolution de l’UNEM et l’arrestation d’une centaine de ses responsables et militants, la mort sous la torture, les disparitions de la part du même système policier.
    Ce processus d’atteintes graves aux libertés démocratiques va prendre une forme et un degré digne d’un régime fasciste et dictatorial. Le règne de la terreur et de la barbarie va dominer dans tout le Maroc, éclaboussant par son ampleur les rives nord de la méditerranée ou résident quelques dizaines de milliers d’immigrés et d’exilés marocains.
    Une aventure coloniale meurtrière, une guerre injuste et fratricide va être déclarée au peuple sahraoui dans le terroir du Sahara Occidental. Tandis qu’au Maroc, une autre guerre, dont la nature et différente mais pas moins meurtrière et injuste, sera livrée au peuple marocain.
    Soutenu par les anciens colonisateurs et les multinationales, par la bourgeoisie locale décadente et les appareils dirigeants des partis sois disant de gauche, Hassan II va engager la région dans ce tunnel noir qui dure maintenant depuis presque quarante ans. Tout au long de cette période, le Maroc a connu trois insurrections populaires (1981, 1984, 1990) réprimées dans le sang, et des milliers de morts, assassinés, morts sous la torture et disparus dans des lieux de détentions secrets (Tazmamart-Kallat Maguouna-Agdes-Derb My Cherif…) des dizaines de procès fallacieux ou les juges (la police du roi) ont distribué des siècles de prison, provocant des souffrances, des frustrations et de l’humiliation dans notre peuple.
    Plus de trente ans de mensonges, de falsification de l’histoire et de la volonté du peuple, d’institutions fantoches, de mépris et de non respect des principes des droits de l’homme, des décisions des institutions internationales et régionales (ONU, OUA, N.A.) et de déformation de leur avis.
    Plus de trente ans de propagande de haine chauvine entre les peuples de la région et contre tous les peuples et les gouvernements qui n’ont pas plié à l’instinct fasciste et mythomane de Hassan II.
    Plus de trente ans de guerre et d’étouffements des libertés démocratiques et des droits sociaux, économiques et culturelles, pendant lesquelles la mafia du Makhzen et les généraux ont pillé la richesse de notre pays, racketté notre peuple en l’appauvrissant et piétinant la dignité et la fierté de ses hommes et de ses femmes ; où la police clandestine a semé la terreur ,l’arbitraire et la loi de la jungle ; où le Maroc est devenu un paradis du tourisme sexuel, de la drogue et de toutes sortes de trafics ; un pays de chômeurs simples et diplômés ,d’analphabètes ,de marginaux et de laissés pour compte.
    Cette destruction violente des bases même de notre société, de point de vue matériel, économique social, culturel et intellectuel …était applaudie, soutenue et glorifié par les partis politiques qui sont dit pompeusement d’oppositions et progressistes (l’Union Socialiste des Forces Populaire de Bouabid A ,le Parti Communiste de Yaata .A . le parti d’Istiqlal d’Elfassi Allal etc.). Leurs leaders se sont envolés à l’appel de Hassan II pour sillonner tout les pays du monde et défendre l’aventure meurtrière Hassanienne, en la présentant sous l’habillage de l’« union sacrée », de l’« unanimité nationale », de la « paix sociale », du « processus démocratique », et en présentant Hassan II comme un « génie ,libérateur,unificateur et bâtisseur ». Ils ont tous qualifié le Front Polisario de mercenaires d’Alger et les marxistes marocains d’agents de l’impérialisme et du sionisme (sic).
    Au même moment, la salle guerre au Sahara fait rage avec du napalm (arme utilisée par l’armé Américaine au Vietnam et par l’armé sioniste en Palestine), des bombardiers F-5, l’empoisonnement de puits, la dispersion et la destruction du bétail, la déportation et la séparation de la population, le partage du territoire de manœuvre politiques et diplomatiques…
    Le peuple sahraoui ,dirigé par le front Polisario et organisé au sein de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD) va faire preuve d’une résistance héroïque à cette invasion coloniale et barbare de l’armada militaire marocaine soutenue par l’impérialisme international (France, Espagne, USA).
    L organisation « Ila Alamam » (« En avant ! ») apportera son soutien aussi héroïque à la lutte du peuple sahraoui et à son droit à l’ autodétermination, malgré la terreur et la campagne chauvine des partis politiques marocains.
    La monarchie marocaine a échoué dans son aventure guerrière au Sahara Occidental et dans sa politique de terreur et de répression au Maroc, grâce à la résistance et les sacrifices des deux peuples et de leurs organisations révolutionnaires.
    Aujourd’hui l’occupation militaire et la colonisation du Sahara Occidental continuent et la répression sauvage et les atteintes graves aux droits de l’homme n’ont diminué ni au Maroc ni au Sahara (arrestations, morts sous la tortures, procès, violations des libertés et des droits, etc).
    La nouvelle carte d’autonomie des territoires, soutenue aveuglement par quelques anciens détenus politiques devenus des nouveaux défenseurs et mercenaires du trône, n’est qu’une manœuvre pour gagner du temps en semant la confusion, dans le seul but est de faire avorter la lutte de libération qui se développe dans cette région en désarmant le peuple sahraoui et renforçant la domination de la réaction et de l’impérialisme dans cette partie du monde.
    Le peuple sahraoui doit reprendre sa  lutte armée, le peuple marocain, en particulier les ouvriers ,les paysans pauvres et les militants intellectuels révolutionnaires doivent se préparer pour le même choix pour même voie : c’est notre seul salut.
    Abdelaziz Menebhi, Bruxelles 25 juin 2006
    Source : Coup pour coup, 04/05/2011 
  • Bouleversés et mobilisés pour le peuple sahraoui

    Quatre Amis tourangeaux de la République sahraouie rentrent des camps de réfugiés, à la frontière algérienne. Des projets solidaires vont être menés.

    Ils vivent dans l’enfermement, dans de terribles conditions sanitaires, sans eau… Et cela depuis trente-cinq ans ! Sans qu’on en parle dans les médias, et sans qu’il n’y ait de raisons que ça change ! 
     
    QuatreTourangeaux de l’association des Amis de la République sahraouie  (le Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 1975, ndlr) sont revenus très marqués par le voyage qu’ils ont effectué la semaine dernière. « Les deux tiers du territoire du Sahara occidental est sous occupation marocaine, rappellent-ils, photos à l’appui. Un mur de 2.730 km de long et bordé de 5 millions de mines a été construit pour séparer la partie occupée de celle libérée. » Josette Blanchet, conseillère municipale de Tours, Nadia Hamoudi, adjointe, Éric Levieux et Pierre Texier faisaient partie de la délégation d’une centaine d’élus et représentants associatifs invités par les familles de réfugiés. Ils se sont rendus dans les camps construits à la frontière algérienne, il y a déjà trente-cinq ans… 


    Dormant sous les tentes, supportant le vent de sable, ils ont rencontré la deuxième génération de réfugiés, et senti « émerger une exigence de citoyenneté ». Une expérience qui a renforcé leurs convictions : « L’ONU, qui se réunit bientôt, doit élargir sa mission de surveillance du respect des droits de l’Homme sur ce territoire, explique Josette Blanchet. Ceci pour permettre la consultation du peuple sahraoui, afin qu’il s’exprime sur son autodétermination. »

     
    Les Tourangeaux réfléchissent désormais aux projets solidaires à mener pour aider ce peuple très organisé (avec un parlement, des écoles…) malgré la situation précaire. Ils prévoient d’organiser une exposition photos au printemps 2012. Ils devraient également accueillir, une journée durant l’été, la dizaine d’enfants sahraouis hébergés trois semaines à Vierzon. « L’idée est de les éloigner de chez eux pendant les grandes chaleurs (50 °C). En lien avec une autre ville française, on pourrait nous aussi en héberger durant l’été 2012. » Les bénévoles de Tours réfléchissent encore, avec leurs homologues de Marseille, à l’envoi d’un bateau humanitaire.

    Voir également les photos du voyage sur lanouvellerepublique.fr

    Cécile Lascève
    La Nouvelle République.fr, 05/05/2011
  • Des milliers de marocains abandonnent leur citoyenneté et fuient vers l’Algérie

    Des milliers d’habitants de la région marocaine « M’hamid El Ghozlane », située sur la bande frontalière proche de la wilaya de Bechar, ont commencé à se déplacer en groupe vers l’Algérie, abandonnant leur citoyenneté marocaine, avant d’être encerclés par l’armée et la gendarmerie royales à quelques mètres des frontières algériennes.

    Selon les informations en notre possession, ces habitants avaient déjà fait appel au gouvernement et au roi pour que leurs revendications sociales et politiques soient prises en considération ; à l’instar de la corruption, la justice sociale et l’équilibre régional dans les opérations de développement. Un groupe de militants des droits de l’homme et d’ancien politiciens se sont rejoint à eux à M’hamid El Ghozlane pour les soutenir. 

     
    Des images et vidéos, en possession d’Ennahar, montrent des centaines de familles composées de femmes de personnes agées, de jeunes et d’enfants, qui se sont déplacé avant-hier soir de la région de M’hamid el Ghozlane, dans la région de Zakoura, proche de la wilaya de Bechar, brandissant des banderoles et scandant des slogans exprimant leur abandon de leur citoyenneté marocaine et leur désir de s’exiler en Algérie.
    Selon les dernières informations en provenance de la région, des véhicules de l’armée et de la gendarmerie royales ont encerclé la région de Laribia, où se sont regroupé ces gens dans le but de les empêcher de rejoindre le territoire algérien.
    Une grande tension règne dans cette région frontalière entre l’Algérie et le Maroc.
    Le mouvement du 20 février, instigateur des mouvements de protestation qui réclame des réformes et un changement de régime au Maroc a exprimé sa solidarité avec les habitants de M’hamid El Ghozlane. A noter que la « caravane du voyage » se trouve à quelques dizaines de mètres du territoire algérien.
    Ismaïl Fellah
    Ennahar Online, 28/04/2011
     
  • Conflits en Afrique (1) : Le Sahara Occidental

    Même si certains médias occultent d’en parler comme les journaux télévisés des chaînes publiques, le continent africain concentre beaucoup de territoires à risque et de conflits encore non résolus. Ruedesinfos.fr va donc mettre en lumière ces zones d’ombre pendant quelques semaines.
    Le premier sujet est un conflit très méconnu en Europe et pourtant il est aux portes de ses frontières. Le Sahara Occidental est une région du Maroc qui réclame son indépendance depuis le départ des Espagnols en 1976. Non reconnu indépendant juridiquement par l’ONU (Organisation des Nations Unies), ce territoire est revendiqué par le Maroc et par la République arabe sahraouie démocratique qui est soutenue par l’Algérie.

    Une situation tendue

    Deux autorités s’affrontent pour ce territoire : le Maroc et le Front Polisario qui est à la tête de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Ce mouvement politique et armé a d’abord été créé en 1973 pour lutter contre l’occupation espagnole. Puis, en 1976, il s’est opposé au Maroc qui voulait annexer le Sahara Occidental à son territoire.
    La guerre au Sahara Occidental commence le 6 novembre 1975 par la marche Verte qui symbolise la volonté du Maroc à avoir ce territoire après le départ des Espagnols. Ces derniers décident de faire les accords de Madrid qui confirme le partage du Sahara Occidental entre le Maroc et la Mauritanie. L’Algérie qui est aussi un pays frontalier n’a pas été consulté pour ce partage. Mais, le front Polisario ne veut pas se laisser faire et fonde la République arabe sahraouie démocratique le 27 février 1976. L’armée de ce front attaque alors les forces marocaines et mauritaniennes et cela se traduit par les guerres d’Amgala qui voient, en plus du Maroc, de la Mauritanie et du RASD, l’Algérie en prendre part en soutien à la RASD. Sous fond de Guerre Froide, l’Algérie qui est du côté de l’URSS se met en guerre face au Maroc qui est soutenu par les Etats-Unis.
    En 1979, le front Polisario profite d’un coup d’Etat en Mauritanie pour signer un traité de paix avec ce pays et ainsi récupérer le territoire donné par les Espagnols. Le front Polisario reste donc en guerre avec le Maroc qui dresse un « mur de défense » en 1981 cédant 20% du Sahara Occidental. La guerre prend fin en 1991 avec un cessez-le-feu initié par l’ONU.
    Depuis, les négociations sont au point mort car le Maroc ne veut pas faire de référendum sur la question de l’indépendance du Sahara Occidental. Mais, l’ONU cherche maintenant à accélérer le mouvement car de nouveaux incidents commencent à raviver les passions. En Février, lors du Forum Social Mondial à Dakar, des femmes sahraouies ont été pris pour cible par de jeunes marocains suite à une conférence sur ce conflit et elles ont ensuite été mises sous protection policière tout au long de cet événement. Auparavant, un raid des forces de sécurité du Maroc contre un camp d’opposants près de la capitale du territoire, Laayoune, en novembre dernier a mis en lumière de nouvelles frictions. Le Polisario a affirmé que 36 personnes avaient été tuées et 700 autres blessées. Le Maroc a indiqué pour sa part que 11 agents de sécurité marocains et deux civils avaient été tués.

    L’ONU en renfort

    Suite aux révolutions arabes dans de nombreux pays, l’ONU veut éviter que le conflit du Sahara Occidental soit un sujet sensible supplémentaire. Le Conseil de Sécurité a donc décidé à l’unanimité de prolonger le mandat de l’ONU sur ce territoire. Depuis maintenant 20 ans, cette institution internationale renouvèle sa mission au Sahara Occidental même si les pays membres de l’ONU ne sont pas tous en accord sur la marche à suivre et que les pays concernés ne trouvent pas de solution. Le Maroc ne veut pas entendre parler d’un référendum sur une auto-détermination proposé par l’ONU et les négociations semblent au point mort comme l’a indiqué Ban Ki-moon, le secrétaire général de l’ONU dans un rapport : « Aucune des parties n’a accepté la proposition de l’autre en tant que seule base de négociation et aucune n’a pris à ce jour des mesures qui indiqueraient qu’elle est disposée à avancer sur la voie d’un compromis acceptable ». Pour autant, le Maroc a fait un premiers pas en créant un Conseil des Droits de l‘Homme au sein du pays ce qui permet à des enquêteurs des droits de l’Homme de l’ONU d’aller sur le territoire du Sahara Occidental
    Dans le but de « continuer de montrer une volonté politique et à travailler dans une atmosphère propice au dialogue dans le but d’entrer dans une phase de négociations plus intensive et substantielle », l’ONU est sur le terrain grâce à MINURSO (Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental). Cette mission a pour responsabilité de surveiller les activités militaires des deux parties et à travailler en vue de l’auto-détermination.

    Une position internationale loin d’être claire

    Evidement, le monde entier donne leurs avis sur ce conflit et ces derniers divergent. Par exemple, la France est dans le camp du Maroc alors que l’Afrique du Sud soutient le RASD ce qui donne lieu à des débats houleux à l’ONU. D’ailleurs, la France en a pris pour son grade en ce mois d’avril : « La France intervient militairement en Côte d’Ivoire, en Libye, en invoquant la protection des populations civiles, mais refuse l’établissement de mécanisme au Sahara occidental, pouvant aider à protéger les populations des violations et des abus. Le peuple sahraoui défend des principes universels, que sont la liberté, la démocratie et le droit de déterminer librement et sans contrainte son destin. Beaucoup pensent que le conflit du Sahara occidental serait réglé depuis belle lurette, n’eût été l’attitude manifestement hostile de l’Etat français à l’endroit des revendications légitimes à l’autodétermination du peuple sahraoui » a déclaré M. Mohamed Abdelaziz le président de la RASD. C’est en Afrique que ce conflit a le plus de répercussions car le Sahara Occidental ainsi que le RASD sont reconnus par l’Union Africaine depuis 1982 ce qui a poussé le Maroc de s’en retiré. Le pays maghrébin est alors le seul de l’Afrique à ne pas faire partie de cette organisation régionale.
    De son côté, la Ligue Arabe soutient de tout son poids le Maroc et ne reconnaît à aucun moment l’existence de la RASD. Ce conflit est d’ailleurs le principal frein à la construction de l’Union du Maghreb Arabe qui l’organisation économique et politique formée par cinq pays (Maroc, Algérie, Tunisie, Libye et Mauritanie).
    Outre les enjeux territoriaux, le conflit entre le Maroc et le Sahara Occidental cache un enjeu économique puisque la zone tant convoitée est riche, voire très riche en phosphate. Sans cette ressource, le Sahara Occidental n’aurait sans doute pas été autant désiré. En mai, l’ONU organise une nouvelle session de discussions entre le front Polisario et le Maroc afin d’essayer de faire avancer le dossier.
    Rue des Infos,  02/05/2011
  • Les juristes de New York : « l’ONU doit enquêter sur le pillage »

    Western Sahara Resource Watch : Un rapport de l’Association du Barreau de la Ville de New York demande instamment à l’ONU d’enquêter sur le pillage des ressources naturelles au Sahara Occidental. L’Association du Barreau de la Ville de New York, organisation regroupant plus de 23 000 avocats new-yorkais, après 16 mois de recherche et d’analyse, a publié en avril 2011 un « rapport sur les questions juridiques liées au conflit du Sahara Occidental : l’utilisation des ressources naturelles. »Télécharger le rapport ici.
    « En considérant le statut juridique le plus favorable à la position marocaine –  qui serait de considérer le Maroc comme puissance administrante du territoire – dans la mesure où le Maroc utilise les ressources naturelles situées dans le territoire du Sahara Occidental, excepté si cette utilisation est en consultation avec, et pour le bénéfice direct du peuple du Sahara Occidental, l’utilisation des ressources naturelles du territoire par le Maroc constitue une violation du droit international » indique le rapport.
    WSRW, 24 avril 2011.
  • Nouveau mandat de la Minurso : ni Droit de l’Homme, ni référendum

    La résolution 1979 a été adoptée le 27 avril 2011 par le Conseil de Sécurité des Nations Unies sur la question du prolongement du mandat de la Mission des Nations Unies pour le Référendum au Sahara Occidental, la Minurso.
    Présente depuis aujourd’hui 20 ans au Sahara Occidental, la mission onusienne a pour tâche la surveillance du cessez-le-feu entre les forces marocaines et les forces sahraouies du Polisario, ainsi que l’organisation du référendum prévu par l’ONU. 20 ans de présence sur place pour des résultats pourtant bien maigres, car non seulement le référendum paraît plus dur à réaliser aujourd’hui que dans les années 90, mais surtout, la situation sur place n’a jamais été aussi tendue.
    La Minurso est la seule mission actuelle de maintien de la paix des Nations Unies qui ne possède pas de mandat pour la surveillance des Droits de l’Homme. Depuis des années, les associations militantes d’un côté et les ONG qui surveillent les Droits de l’Homme de l’autre (tels Amnesty International et Human Rights Watch) demandent au Conseil de Sécurité de pourvoir la Mission de ce mandat afin que les exactions contre les civils soient enfin surveillées dans la zone occupée par le Maroc.
    Or, une fois de plus, suite notamment aux pressions françaises, cette demande a été ignorée par le Conseil de Sécurité dans sa résolution 1979. Pas de surveillance des Droits de l’Homme dans une région où l’armée et la police surveillent tous les activistes sahraouis, où les arrestations arbitraires sont quotidiennes, où les violences policières sont de règle, où l’impunité règne, où la liberté de la presse et d’expression est inexistante. Pas de surveillance des Droits de l’Homme mais l’optimisme du Conseil « Se félicitant de la création d’un Conseil national des droits de l’homme au Maroc et de son antenne envisagée pour le Sahara occidental, ainsi que de l’engagement qu’a pris le Maroc d’accorder un accès sans réserves ni restrictions à tous les titulaires de mandats relevant des procédures spéciales du Conseil des droits de l’homme.«
    Mais plus encore, c’est le projet même du référendum qui a disparu de la résolution. Plus de référendum, mais la recherche d’une  »solution politique juste, durable et mutuellement acceptable« .
    Ni Droits de l’Homme, ni référendum.
    La Minurso repart donc pour un an, pour aller dans une direction qui semble être celle du statu quo, alors même qu’aux yeux des sahraouis, qu’ils vivent dans les campements de réfugiés ou bien dans les territoires occupées, cette mission a depuis longtemps déjà perdu beaucoup de son sens et de sa crédibilité.
    APSO, 2 mai 2011
  • Sahara occidental : L’Algérie accueille avec «satisfaction» l’adoption par le Conseil de sécurité de la résolution 1979

    L’Algérie a accueilli avec «satisfaction» l’adoption mercredi par le Conseil de sécurité de l’ONU de la résolution 1979 relative à la question du Sahara occidental, indique jeudi une déclaration du porte-parole du ministère des Affaires étrangères. «L’Algérie note avec intérêt que, dans la résolution 1979, le Conseil de sécurité a réitéré son appel aux deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario afin de poursuivre leur dialogue et d’entrer dans une phase de négociations intensives et substantielles sur la base de leurs propositions respectives, présentées en avril 2007 au Conseil de sécurité, pour parvenir à une solution politique à la question du Sahara occidental juste, durable et mutuellement acceptable qui permette au peuple sahraoui d’exercer son droit à l’autodétermination sur la base des principes et objectifs de la Charte des Nations unies et des résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale de l’ONU», souligne la déclaration. «L’Algérie se réjouit de l’importante avancée enregistrée, dans la résolution 1979 du Conseil de sécurité, sur la voie de la prise en charge par les Nations unies de la question de la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental», ajoute le porte-parole du ministère des Affaires étrangères. Il affirme que «l’Algérie se félicite, en particulier, de l’acquis incontestable que constitue le rôle reconnu, dans cette résolution, à la communauté internationale qui doit développer et mettre en œuvre des mesures crédibles et indépendantes et bénéficier d’un accès inconditionnel et sans entraves pour assurer le plein respect des droits de l’homme au Sahara occidental, tenant compte des obligations pertinentes des deux parties conformément à la légalité internationale». «L’Algérie, en sa qualité de pays voisin aux deux parties en conflit, tient à réaffirmer, souligne encore le porte-parole, son soutien au secrétaire général des Nations unies et à son envoyé personnel, l’ambassadeur Christopher Ross, et à les assurer de sa coopération dans leurs efforts pour aider le Maroc et le Front Polisario à atteindre un règlement du conflit qui assurer au peuple du Sahara occidental le libre exercice de son droit à l’autodétermination».
    La déclaration précise, dans ce cadre, que «l’Algérie encourage les deux parties au conflit à poursuivre les négociations, de bonne foi et sans conditions préalables, afin de parvenir à une solution à la question du Sahara occidental qui pourvoit à l’autodétermination du peuple sahraoui, en accord avec les résolutions pertinentes du Conseil de sécurité et de l’Assemblée générale des Nations unies».
    Adoptée mercredi à l’unanimité, la résolution 1979 souligne que le Conseil de sécurité «réitère son engagement à aider les deux parties en conflit à parvenir à une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».
    La nouveauté dans cette résolution est que le Conseil de sécurité souligne pour la première fois l’importance d’améliorer la situation des droits de l’homme au Sahara occidental et d’engager les parties à collaborer avec la communauté internationale pour mettre au point et appliquer des mesures indépendantes et crédibles qui garantissent le plein respect des droits de l’homme, en gardant à l’esprit les obligations que le droit international met à leur charge dans ce domaine.
    Horizons, 29/04/2011