Mois : février 2011

  • Moubarak apprend de son ami Mohamed VI

    L’Etat Major de l’armée égyptienne a fait, il y a quelques jours, une déclaration pour le moins sublime. « L’armée n’attaquera pas la foule de manifestants », déclara-t-il.

    Les démocrates égyptiens ne pouvaient que se sentir fiers de leur armée, mais que se cache-t-il derrière cette déclaration mystérieuse d’une entité d’où sont sortis Moubarak même, celui qu’il a nommé comme vice-président, le ministre de l’intérieur du nouveau gouvernement et autres?

    Il ne fallait pas attendre trop longtemps pour connaître la réponse. Quelques jours après, une autre déclaration des militaires demande aux manifestants de rentrer chez eux après avoir transmis leur message revendicatif. Le peuple n’a pas obéi et continua à envahir la rue demandant le départ du dictateur.

    Soudain, une autre foule de manifestants fait surface avec des matraques, des cocktails molotov et des cailloux pour défendre Moubarak et agresser les manifestants pacifiques qui  depuis 10 jours occupent la Place principale du Caire.

    Les nouveaux manifestants portent tous les mêmes portraits du Raïs et les mêmes drapeaux. Comme si quelqu’un de particulier avait pris le soin de les distribuer. L’armée n’est intervenue qu’après la mort de trois personnes et plus de 600 blessés.

    Les nouveaux arrivants ont pris le soin de faire le travail répressif à la place de l’armée et de la police. Ils n’étaient pas sur des fourgons et des camions, mais à dos de chameau et de cheval rappelant la police montée canadienne.

    Faut-il comprendre que la passivité de Moubarak et son armée était calculée? Qu’ils avaient prévu cette autre « méthode » de répression? Très probable.

    Le roi du Maroc a une longue avancée dans ce domaine. Ses colons au Sahara Occidental ont été poussés, à plusieurs reprises, par la police marocaine contre les sahraouis, la dernière en date au mois de novembre dernier, lors du soulèvement d’El Aaiun pour protester contre le violent démantèlement du camp de Gdeym Izik.

    Les autorités marocaines ont fait recours à cette minable méthode, accablées par les instances internationales qui ne cessent de dénoncer la répression exercée sur la population civile du Sahara Occidental.

    Moubarak aussi, conscient du regard de la communauté internationale qui suit avec intérêt les évènements en Egypte, se cache derrière une armée d’agents de sécurité habillés en civil dans l’espoir de mettre fin à cette situation qui met son trône en danger.

    Ainsi, les dictateurs sont prêts à allumer les étincelles de la guerre civile pour rester au pouvoir et continuer à répondre aux besoins de leurs maîtres.

  • Strasbourg demande a l’Espagne de ne pas expulser les sahraouis demandeurs d’asile

    Le Tribunal Européen de Droits de l’homme de Strasbourg a demandé au Gouvernement espagnol de ne pas exécuter l’ordre d’expulsion de 13 des sahraouis ausquels il a refusé l’asile suite à leur arrivée à Fuerteventura le 5 janvier sur une embarcation de fortune, étant donné qu’il a besoin de plus de temps pour étudier les recours présentés contre la recevabilité des demandes d’asile en Espagne.

    Au début, le Tribunal s’est prononcé sur les 13 cas que la Commission Espagnole d’Aide au Réfugié (CEAR) a présenté vendredi. Cependant, l’organisation a registré dans les dernières heures deux autres cas. Ainsi, ils sont au total 15 les sahraouis concernés, les mêmes à qui l’Audience Nationale a refusé les mesures de précaution qui empêchent l’expulsion vers le Sahara Occidental occupé par le Maroc.

    Il s’agit d’une décision de procédure qui « ne préjuge pas » le fond de la demande des demandeurs d’asile, mais qui cherche « seulement à donner le temps » au Tribunal pour examiner avec précision les recours présentés par CEAR contre l’ordre d’expulsion du Gouvernement contre les sahraouis, a expliqué à Europa Press le cabinet de presse de la Cour.

    C’est la « première fois » que le Tribunal Européen applique l’article 39 de son Règlement dans une décision relative aux expulsions depuis l’Espagne. Cependant, il l’avait fait déjà auparavant avec des procédures d’extradition, selon les mêmes sources.

    Dans son appel, CEAR sollicitait l’adoption de ces mesures extraordinaires pour entendre que ces personnes étaient victimes d’une persécution au Maroc à cause de leur condition de sahraouis et que, de plus, leur intégrité physique était en danger s’ils sont expulsés parce que leurs noms et circonstances personnelles avaient été diffusés dans les médias, par conséquent « il y a un risque de dommage irréparable ». 


    Source : Europe Press, 01/02/2011
  • Des tentatives pathétiques d’empêcher la révolution au Maroc

    Les déclarations de Trinidad Jiménez sur le Maroc coïncident, et je ne crois pas que ce soit un hasard, avec celles d’un ancien ministre de Mohamed VI : la différence n’est pas autant dans le contenu que dans le lyrisme, plus intense dans le sujet du sultan alaouite.

    I. Les « réformes » de Mohamed VI, selon Trinidad Jimenez


    Trinidad Jiménez a dit, selon Europa Press, ni plus ni moins que ceci :

    La ministre a profité de son intervention dans le débat [entre les ministres européens] pour exprimer le soutien au Maroc et pour souligner que c’est le pays de la région qui a un processus démocratique « plus consolidé », par conséquent, l’UE devrait « renforcer » les rapports avec lui.

    Nous devons comprendre, donc, que, selon Trinidad Jimenez, il fait partie du « processus démocratique » :

    – l’expulsion de la presse espagnole du Maroc et du Sahara Occidental occupé
    – la fermeture des médias critiques ou semi-critiques avec le Makhzen
    – la torture des prisonniers ramenés dans les avions de la CIA,
    – l’annihilation du camp de Gdeym Izik
    – le maintien en prison d’Alí Salem Tamek pendant des mois sans aucune accusation contre lui
    – le système judiciaire marocain qui, selon, Wikileaks, est complètement contrôlé par le Makhzen
    – la corruption de Mohamed VI révélée aussi par Wikileaks.
    – etc..

    II.- La « Révolution du jasmin » marocaine, selon un sujet (reconnaissant) de Mohamed VI

    Les déclarations de Jiménez sont très similaires à celles de Nabil Benabadallah, un sujet de Mohamed VI, qui a été remercié avec les postes de ministre de la propagande et ambassadeur en Italie, ce dernier poste l’avait perdu d’une façon, parait-il, très propre dans  tout « processus démocratique » ou État de Droit.

    Un intellectuel marocain peu complaisant avec le Makhzen, Fouad Abdelmoumni, écrit dans Facebook (le seul moyen d’expression que, jusqu’à présent, le makhzén ne peut pas fermer à ses sujets), ce qui suit et que je traduis :

    « Le Roi a déjà fait la révolution du jasmin »
    31 janvier 2011, 5:29 pm
    Par Fouad Abdelmoumni

    Cette affirmation est de Nabil Benabdellah, secrétaire général du PPS, qui a déclaré que :
        « Le Maroc n’est pas affecté par la vague de protestations qui secoue le monde arabe parce que le roi a déjà fait la révolution du jasmin au Maroc contre la pauvreté et la précarité … »

        Qui voudra rappeler à M. Benabdellah que même Ben Ali n’a pas de réputation d’avoir destitué un ambassadeur parce que l’épouse de celui-ci s’est disputé avec l’épouse d’un homme de la cour (*) ? Benabdellah: n’est-il pas prudent ?

        Prétendre que le seule horizon de la révolution tunisienne serait celui de ressembler l’absolutisme, l’irresponsablité et l’absence de rendement  de comptes propre de la monarchie marocaine est une insulte aux luttes de ce peuple.

    Prétendre que le Maroc a déjà réalisé les grandes réformes qui sont nécessaires est une erreur politique, parce que le parti même de M. Benabdellah continue de revendiquer des réformes fondamentales, y compris celles de l’architecture institutionnelle de l’État.

     Cette pantomime est aussi un manque de sens politique, parce que la période actuelle ouvre la porte à élever, d’une manière significative, la longue liste des demandes de réforme et essayer tout simplement de la mettre à profit pour « être bien vu dans la cour » se retournera, c’est sûr, contre les paresseux et les lâches.

    (*) M. Benabdellah a été relevé de ses fonctions d’ambassadeur du roi à Rome de manière très « chevaleresque » et sans aucune procédure, parce que son épouse avait refusé de céder la place qu’elle occupait à l’épouse du ministre « de souveraineté » des Affaires Etrangères.

    Mais quoi qu’il fasse, Benabdellah ne réussira pas à enlever du podium celui qui était avant, et je vois qu’il l’est toujours, le thuriféraire numéro 1 parmi les sujets de Mohamed VI :

    Aujourd’hui nous devons être plus royalistes que le Roi. Avec Sa Majestad Mohamed VI c’est possible. C’est une opportunité historique.

    Ils lèvent les enchères au plus haut à notre ministre.

    Mais qui sait….

    Carlos Ruiz Miguel, Professeur à l’Université de Saint-Jacques de Compostèle

    Source : Desde El Atlantico, 01/02/2011
    Traduction : Diaspora Saharaui
  • L’incapacité à régler la question sahraouie exige la réforme des Nations unies

    L’incapacité de l’institution onusienne à appliquer les résolutions de son Conseil de sécurité pousse de plus en plus les détracteurs de sa conception actuelle à revendiquer une réforme rapide de son fonctionnement. Le Comité international pour le développement des peuples (CISP) fait partie de ces voix qui contestent de plus en plus l’incapacité des Nations unies à travers son Conseil de sécurité à mettre en œuvre ses résolutions. 
    Le CISP pointe du doigt spécialement le règlement de la question du Sahara occidental pour lequel le Conseil de sécurité ne trouve pas à ce jour le moyen de faire appliquer ses propres résolutions. Ce qui incite le CISP à exiger une réforme de cette organisation, selon les déclarations faites hier à Rome par la présidente italienne du Comité international pour le développement des peuples, Julia Olmi. «Le nœud du problème réside dans l’incapacité des Nations unies à appliquer ses décisions qui sont obligatoires, à travers le Conseil de sécurité», a indiqué Julia Olmi, citée par Radio Vaticano (RV) et reprise par l’agence de presse algérienne (APS) à propos de l’impasse actuelle dans laquelle se trouve la question du Sahara occidental. «Il y a un gros problème, celui de la réforme des Nations unies, qui lui permette de mettre en œuvre ses propres décisions» sur une question donnée, a estimé Olmi, en allusion aux nombreuses résolutions onusiennes sur le conflit du Sahara occidental qui restent sans effet. 
    La militante et experte de la question sahraouie a approuvé l’idée selon laquelle «le blocage» de toute solution au problème du Sahara occidental aux Nations unies découle de la «préservation d’intérêts». A ce propos, elle a estimé que l’impasse sert les parties qui ont «un intérêt» dans les territoires sahraouis, notamment l’exploitation et le contrôle des ressources naturelles, en citant le phosphate, la pêche, le pétrole et le gaz. Ces ressources «bénéficient à l’Union européenne et à certains pays, en particulier l’Espagne et la France, et cela se reflète au niveau politique», a-t-elle dit, précisant que «les positions des unes et des autres se vérifient lors du vote de résolutions» au Conseil de sécurité. Julia Olmi a qualifié de «miracle» le fait que des milliers de personnes, à savoir les réfugiés sahraouis, «vivent en exil dans un pays étranger depuis 35 ans», indiquant que «ces personnes qui ont des droits en tant qu’êtres humains vivent dans des conditions précaires». 
    Dans son commentaire, Radio Vaticano (RV) est revenue sur la dernière rencontre informelle près de New York entre les dirigeants sahraouis et marocains, pour relever que ces réunions informelles ne parviennent pas à décoller. Le statu quo est le maître mot de chaque rencontre entre les parties belligérantes. «L’impasse actuelle» dans laquelle sont confinées les négociations semble être insurmontable selon l’état des lieux actuel. C’est une «impasse qui dure depuis plus de 35 ans», estime RV, qualifiant le problème sahraoui d’un «des conflits les plus oubliés de l’histoire moderne». 
    Par Ghada Hamrouche   
    La Tribune Online, 01/02/2011

  • Le président s’entretient à Addis Abeba avec son homologue du Sud du Soudan

    Le Président de la République, Mohamed Abdelaziz s’est entretenu lundi avec son homologue du Sud du Soudan, Salva Kiir, en marge du 16ème Sommet des Chefs d’Etat et de Gouvernement de l’Union africaine, tenu dimanche et lundi à Addis Abeba, a-t-on appris de source proche de la délégation présidentielle.

    L’entretien entre les deux parties a porté les derniers développements de la question du Sahara occidental et le succès du référendum d’autodétermination au sud du Soudan, a-t-on indiqué.

    Le président de la République a exprimé le « soutien total » du peuple sahraoui à son frère du Sud-Soudan, lui souhaitant plein succès dans les étapes ultérieures, dont l’annonce des résultats du référendum et la transition.

    Pour sa part, le président Salva Kiir a salué les liens solides qui unissent les deux peuples depuis plusieurs années de la lutte des deux peuples pour la liberté et l’autodétermination, réitérant son soutien à la lutte du peuple sahraoui pour son droit à l’autodétermination.

    Il a en outre exprimé la volonté de son pays de renforcer et consolider les relations bilatérales entre les deux pays dans l’avenir.

  • Des syndicats européens relèvent la détention de plus d’une centaine de Sahraouis après la répression de novembre dernier

    Une mission de syndicats européens les plus représentatifs ont dénoncé la détention dans les prisons marocaines de plus d’une centaine de militants sahraouis arrêtés par les forces marocaines d’occupation en novembre dernier, au Sahara Occidental, selon un communiqué conjoint rendu publique lundi à Rome.

    Ils sont huit syndicats issus de différents pays européens, dont l’Italie, qui ont séjourné à El-Aaiun occupée, du 23 au 25 janvier, à rendre public ce communiqué dans lequel ils ont dénoncé les atteintes aux droits de l’homme des populations sahraouies.

    « Les objectifs de la mission étaient de faire part de la solidarité internationale aux travailleurs du Sahara occidental et au peuple sahraoui, et être directement au courant de la situation actuelle dans les territoires (sahraouis) occupés par le Maroc », a expliqué le texte.

    Durant leur séjour, les représentants syndicaux européens, ont tenu « des réunions avec la Confédération syndicale des travailleurs sahraouis (CSTS), qui n’est pas reconnue par le gouvernement marocain et avec les travailleurs de l’ »OCP » Fosbucraa phosphates et d’autres unions locales des travailleurs, mais aussi avec les associations de Sahraouis des droits de l’homme », a ajouté le communiqué.

    Ils ont également rencontré le « gouverneur » de la capitale sahraouie occupée, El-Aaiun, et le « vice-président du Conseil municipal, le président du Conseil régional (Parlement) et le Conseil provincial » d’El-Aaiun, a-t-on ajouté.

    Lors de la visite, la délégation a constaté « l’absence de l’Union des libertés politiques, sociales et syndicales et des travailleurs sahraouis qui ne peuvent pas créer des organisations, associations et syndicats selon les directives du gouvernement marocain », a fait savoir le texte.

    « Nous avons eu la preuve que plus de cent Sahraouis sont toujours en détention pour avoir participé aux manifestations de Gdeim Izik, (près d’El Aaiun », a souligné le communiqué. « Nous avons également constaté que l’exploitation des ressources naturelles des Sahraouis n’a pas apporté d’avantage aux populations locales (création d’emplois, etc ..) », souligne le texte,

    « Nous tenons également à dénoncer le contrôle par la police des membres de la mission. La police marocaine nous a suivis dans tous nos mouvements et procédé à l’enregistrement et la photographie de nos activités », ont affirmé les syndicalistes européens.

    « Les syndicats participant à cette mission internationale continuent d’exprimer leur solidarité au peuple sahraoui et renouvellent leur demande du respect de son droit à l’autodétermination, à travers un référendum conformément aux nombreuses résolutions des Nations unies, qui ne sont pas respectées par le royaume du Maroc », souligne le communiqué.

    « Nous demandons instamment à l’Union européenne de tenir compte de ces résolutions dans ses relations avec le Maroc, de suspendre le statut avancé dont bénéficie le Maroc auprès de l’UE. Nous exigeons que le gouvernement espagnol, (ancienne) puissance administrante du territoire, conformément au droit international, cesse la politique de neutralité active, dans la région, en soutenant les thèses marocaines » sur le conflit sahraoui, a ajouté le communiqué.

    La délégation des syndicats européens était composée des syndicats d’Espagne (CCOO Inter-Trade Union Confederation), Euskadi (ELA-STV), Galice (CIG), France (CGT), d’Italie (CGIL) et du Portugal (CGTP-IN).

    La mission a été décidée au cours de la 36e Conférence internationale de solidarité avec le Sahara occidental en novembre 2010, tenue dans le Mans, (France), rappelle-t-on.

  • Une manifestation  »violemment dispersée » à Tanger et appel à d’autres dans plusieurs villes du Maroc

    Les forces de sécurité marocaines ont brutalement dispersé dimanche une manifestation organisée par l’association marocaine « ATTAC Maroc » à la ville de Tanger, en protestation contre les dures conditions de vie sociales et la hausse des prix, notamment les aliments de base, ont rapporté lundi, des médias marocains.

    Selon des témoins oculaires, les forces de sécurité « ont utilisé des matraques et du gaz lacrymogène » pour disperser les manifestants qui s’étaient rassemblés à la Place des Nations à Tanger, scandant des slogans de solidarité avec les peuples, tunisien et égyptien et réclamant le droit « à l’emploi, au logement et à une vie décente et condamnant la politique menée par le gouvernement marocain ».

    Dans ce contexte, plusieurs organisations au Maroc ont appelé à la tenue de rassemblements et de manifestations samedi prochain avec une large participation des composantes de la société marocaine.

    Dans le même contexte, le Conseil de l’Association de la Fédération démocratique du travail au Maroc a appelé à une autre manifestation le 6 mars prochain à la ville de Ouarzazate (Maroc) pour protester contre la les conditions de vie « inhumaines » au Maroc.

  • Le Maroc n’échappera pas aux révoltes qui secouent le monde arabe (Moulay Hicham)

    Le prince Moulay Hicham a pronostiqué une révolte populaire qui mettra fin à la monarchie marocaine à l’image de celle qui a tombé Ben Ali en Tunisie et celle qui secoue l’actuel président égyptien Hosni Moubarak, dans une interview publiée mardi par le quotidien madrilène, El Pais.

    « Le Maroc n’est pas encore touché mais il ne faut pas se leurrer sur ce fait: pratiquement tous les systèmes autoritaires vont être atteints par la vague de contestation et le Maroc ne fera probablement pas exception », a averti le prince Hicham (46 ans), troisième dans la ligne de succession au trône alaouite.

    Pour Hicham il manque seulement l’étincelle qui amorcera l’implosion et il s’interroge si elle viendra directement du peuple ou des formations politiques marocaines, excitées par l’exemple de leur voisin tunisien.

    « Reste à savoir si cela se traduira par une contestation purement sociale ou par une revendication politique au sein des formations politiques en place, celles-ci étant enhardies par les récents événements », s’est-t-il interrogé.

    Tous les ingrédients sont réunis pour l’insurrection populaire contre la monarchie, affirme Hicham.

    « Le fossé entre classes sociales sape la légitimité du système politique et économique. Les diverses formes de clientélisme dans l’appareil d’Etat mettent en péril sa survie. Enfin, si la majorité des acteurs politiques reconnaissent la monarchie, il n’en demeure pas moins vrai qu’ils sont mécontents de la vaste concentration du pouvoir dans l’exécutif », a-t-il ajouté.

    « Indépendamment des qualités humaines de l’individu, et même s’il s’agit d’un monarque éclairé, l’étendue du pouvoir monarchique depuis l’indépendance est incompatible de fait avec cette nouvelle dimension. Et la dignité du citoyen est devenue aujourd’hui fondamentale », a-t-il martelé.

    Le prince croit savoir que « le cours de l’histoire a déjà changé avec le renversement du régime de Ben Ali et quelle que soit l’issue de la crise égyptienne, il est évident que l’ancien régime ne saurait être préservé en l’état », estimant qu’il faut « conjuguer le changement au présent et pas au futur ».

    Par ailleurs, a-t-il relevé, « le mur qui rendait impossible le soulèvement populaire était le mur de la peur, érigé dans la tête de chacun. Il se trouve que ce mur-ci s’est écroulé, ce qui a donné naissance à des mouvements de contestation démocratique dans le monde arabe ».

    Interrogé sur les craintes de l’Europe de l’instabilité sur sa rive sud par une poussée de l’islamisme et de l’émigration clandestine, M. Hicham a estimé que pour une fois l’Europe n’est pas déterminante, et encore moins l’Occident.

    « Ces mouvements ont pris de court des régimes cajolés par l’Occident et, en particulier, en Afrique du Nord, par la France. C’est peut-être pour la première fois depuis l’ère coloniale que le monde arabe s’autodétermine, fait ses propres choix et se donne les moyens de sa démocratisation par des manifestations de rue qui n’ont pas été soutenues par l’Occident ».

    Le prince lancera un appel à l’Europe et au monde occidental, pour « arrêter de soutenir des dictatures non-viables et tout faire pour appuyer des mouvements qui visent le changement pluraliste dans la région », ajoutant qu’il faut aussi « sortir de la dichotomie manichéenne, encouragée par les régimes arabes, qui consiste à faire peur au nom de l’islamisme pour préserver le statu quo ».

    « Dans les nouveaux mouvements sociaux, la religion ne joue aucun rôle majeur. C’est plutôt une nouvelle génération sécularisée qui revendique sa liberté et sa dignité de citoyen face à des régimes qui agissent à l’encontre des droits de l’homme et du citoyen », a-t-il conclu.

  • Trinidad Jimenez offre « un chèque en blanc » à Mohamed VI pour massacrer toute manifestation au Maroc et au Sahara Occidental

    Trinidad Jiménez demande l’appui de l’Union Européenne pour « protéger » le Maroc de la vague révolutionnaire qui secoue la Tunisie et l’Égypte. Les conséquences de ces déclarations sont que Mohamed VI pourra réprimer avec impunité totale n’importe quel type de manifestation sociale ou politique au Maroc et au Sahara Occidental. Si des événements similaires à ceux du camps sahraoui de Gdeim Izick ont lieu à Casablanca ou à Tanger et à El Aaiun ou Smara, ou des protestations comme celles de la Tunisie ou de l’Égypte il pourra les réprimer avec une impunité totale étant donné que l’Espagne et probablement l’Union Européenne vont tourner le regard ailleurs. Personne n’a l’intention de conseiller Mohamed VI d’empêcher son armée et sa police de tirer sur la foule de manifestants. La « gauche marocaine » qui a applaudit que le gouvernement espagnol soit complice de la répression marocaine au Sahara, probablement verra avec horreur que si des protestations ont lieu pour revendiquer la démocratie au Maroc elle aura la même réponse du gouvernement espagnol et de l’Union Européenne.

    La ministre des Affaires Etrangères et Coopération espagnole, Trinidad Jiménez, a prévenu lundi que l’Union Européenne et ses États membres soutiennent « les pays et Gouvernements, mais non pas les personnes individuels », en allusion au président de l’Égypte, Hosni Mubarak, après que les 27 ont réclamé lundi des élections « libres et justes » pour le pays méditerranéen dans lequel la population demande le départ de son président.

    « L’Union Européenne et les différents pays en particulier soutenons les pays et les Gouvernements, mais nous ne soutenons pas des personnes individuels. C’est le peuple-même qui a, en ce moment, la possibilité de devenir le protagoniste de son propre changement », a affirmé la ministre dans des déclarations aux médias à Bruxelles, à la fin d’une réunion des ministres des affaires étrangères de l’UE dans laquelle cette question a été abordée.

    Lors du débat, plusieurs pays, parmi eux la France et le Royaume-Uni, ont plaidé pour donner un « espace » et un « temps » au leader égyptien pour mener des réformes démocratiques, mais d’autres délégations comme celles de l’Espagne, l’Allemagne et la Suède se sont montrées en faveur de la célébration d’élections, tel que rapporté par des sources diplomatiques européennes.

    À ce sujet, Jiménez a expliqué que finalement l’UE ne s’est pas exprimé en clarté sur ce point parce que « c’est le peuple égyptien qui doit décider de son propre destin » et que, en tout cas, la communauté internationale peut « l’accompagner » dans ses « revendications légitimes ».

    La ministre a profité de son intervention dans le débat pour exprimer l’appui au Maroc et pour souligner que c’est le pays de la région qui a un processus démocratique « plus consolidé », par conséquent l’UE devrait « renforcer » les relations avec lui.

  • L’Espagne demande la prorrogation de l’accord de pêche

    Le journal espagnol El Pais rapporte que le Gouvernement espagnol a demandé à la Commission Européenne de proroger l’accord de pêche actuel avec le Maroc d’une manière transitoire, au moins pour un an, devant l’impossibilité de trouver un nouveau pacte avant le 27 février, date d’expiration du dernier accord, selon des sources gouvernementales. L’Espagne est le premier bénéficiaire de cette convention, puisque 100 des 119 licences adjugées à la flotte communautaire lui appartiennent. Son expiration supposerait la paralysie de la flotte et de localités comme Barbate (Cadix), dont l’économie dépend en grande partie de cet accord.

    Le renouvellement a été entravé par les différences entre le Gouvernement espagnol et la commissaire européenne de Pêche, la Grecque Maria Damanaki, responsable de la négociation au nom de Bruxelles. Damanaki avait proposé en décembre d’exclure de l’accord avec le Maroc le banc sahraoui, situé dans la côte sahraouie, ce qui a clairement repoussé le Gouvernement espagnol puisque 80 % de ses bateaux de pêche opèrent précisément dans cette zone, qui est la la plus riche.

    El Pais ajoute que Damanaki basait sa proposition sur un rapporte du Bureau Juridique du Parlement Européen qui proposait de suspendre l’accord ou d’exclure les eaux du Sahara Occidental, puisque la communauté internationale ne reconnaît au Maroc aucune souveraineté sur ce territoire. La Commissaire Européenne signala que le Maroc n’avait pas apporté de preuves que la population sahraouie bénéficiait de l’exploitation de ces ressources.

    Rabat a répondu aux requêtes de Damanaki, selon El Pais, avec des rapports qui essayaient de prouver, pour la première fois, que la population de l’ancienne colonie espagnole bénéficiait des revenus de l’accord de pêche, mais Damanaki n’a pas été convaincue.

    Pour rappel, les USA n’ont jamais inclue le territoire du Sahara Occidental dans leurs accords économiques avec le Maroc.

    Selon l’agence EFE, une majorité des députés de la Commission d’Agriculture de la Commission Européenne, y compris le PP européen, les Verts et les Libéraux, se sont prononcés hier contre la ratification de l’accord.