Mois : février 2011

  • Les juristes du Parlement Européen questionnent l’accord agricole EU-Maroc

    Selon un avis juridique publié récemment par le service juridique du Parlement Européen, le projet d’accord agricole UE-Maroc manque de clarté sur la question du Sahara Occidental. L’avis propose au Parlement d’examiner cette ambiguïté avant de donner son approbation.

    L’avis juridique a été rédigé en réponse à des questions sur l’inclusion du territoire du Sahara Occidental dans le nouvel accord agricole avec le Maroc, et des conséquences sur la légalité de l’accord. 
    L’accord proposé prévoit une libéralisation substantielle des produits agricoles, produits agricoles transformés et produits de la pêche pour l’UE, en échange d’une libéralisation de 55% des importations de l’UE en provenance du Maroc. Le texte a été signé par le Conseil Européen et le Maroc le 13 décembre 2010 à Bruxelles, mais a encore besoin de l’approbation du Parlement Européen.
    Comme dans le cas du débat sur une éventuelle poursuite de l’accord de pêche UE-Maroc, la question du Sahara Occidental se révèle être une question épineuse.
    Le service juridique du Parlement Européen souligne « le manque d’information sur l’application ou non de l’accord au Sahara Occidental et sur la façon dont la population locale pourrait bénéficier de cet accord. » En outre, il n’est pas clair que « la libéralisation envisagée, soit en accord avec les souhaits et les intérêts du peuple du Sahara Occidental. »
    À ce jour, aucune consultation n’a encore été faite avec le peuple originaire du Sahara Occidental, ce qui est indispensable pour que l’accord soit en conformité avec le droit international. (Voir l’avis de l’ONU sur les droits du peuple Sahraoui sur leurs propres ressources naturelles.)
    Étant donné que le Sahara Occidental n’est pas reconnu comme faisant partie du Maroc, les États-Unis et les pays de l’AELE ont spécifiquement exclu le Sahara Occidental de leurs accords de libre-échange avec le Maroc.
    « Dans ces circonstances, il semble opportun de clarifier ces questions avec la Commission avant de prendre une position sur l’apporbation à la conclusion de l’accord proposé», conclut l’avis.
    (Télécharger ici un résumé de l’avis juridique sur la page du COAG, organisation syndicale agricole espagnole.)
    C’est la deuxième fois que les services juridiques du Parlement Européen émettent un avis sur l’impact de l’accord bilatéral UE-Maroc à propos du Sahara Occidental. En 2009, les juristes interrogés sur la légalité de l’accord de pêche ont conclu que le peuple Sahraoui n’en tirait aucun bénéfice alors même que les bateaux européens pêchaient dans les eaux du Sahara Occidental.
    WSRW, 03/02/2011
  • Sahel : Guerre de leadership entre Abou Zeid et Belmokhtar

    Deux phalanges se disputent le Sahel

    Une guerre de contrôle de la bande sahélo-saharienne est actuellement lancée entre deux chefs sanguinaires d’Al Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi).

    Il s’agit du tristement célèbre chef terroriste Abdelhamid Zeid, alias Abou Zeid, ou alias Abid Hammadou qui contrôle la partie ouest du Sahel, et de Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbas, également surnommé «Mister Marlboro», qui contrôle la partie est du Sahel. Abou Zeid est devenu, en l’espace de quelques années seulement, l’émir de la phalange «Tareq Ibn Zayed», autrefois créée par Amara Saïfi, alias El Para, aujourd’hui en prison en Algérie. Il est également le chef suprême de la katiba de l’Ouest, qui frappe surtout en Mauritanie et au Mali. Entre autres crimes, ce chef terroriste a participé à l’enlèvement des trois humanitaires espagnols en novembre 2009. 

     
    La libération de ces derniers en août de l’année suivante aurait coûté 8 millions d’euros à Madrid. Avant ce spectaculaire rapt, Abou Zeid était derrière l’assassinat de quatre touristes français dans le désert mauritanien en 2008. Son nom revient dans chaque attentat ou enlèvement perpétrés en Mauritanie ou au Mali. On peut citer, à titre d’exemple, l’attentat terroriste contre l’ambassade israélienne en Mauritanie durant l’été 2008. Il est également impliqué dans l’enlèvement du ressortissant français Michel Germaneau, le 20 avril 2010. 
     
    Cet ingénieur français, âgé de 78 ans sera égorgé par Abou Zeid après plusieurs mois de captivité, soit le 22 juillet de la même année. Avant lui, un autre ressortissant britannique, Edwin Dyer, avait subi le même sort que Germaneau. Au fait, cet otage anglais avait été égorgé, toujours par Abou Zeid, en 2008. Face à cette apocalypse, l’autre émir de la zone est du Sahel, en l’occurrence Mokhtar Belmokhtar, avait à son tour opéré plusieurs kidnappings dans l’autre partie de Sahel. Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbas, qui nomadise du sud de la Tunisie au nord du Niger, et l’est de la Mauritanie ou Tchad, est derrière plusieurs spectaculaires rapts. 
     
    Surnommé le «Mister Marlboro» du fait de son implication dans la contrebande de cigarettes, cet homme a participé à l’enlèvement de deux diplomates canadiens travaillant pour l’ONU en décembre 2008. Il a participé également au rapt des cinq Français au Niger, et des deux autres otages de l’Hexagone, tués récemment dans un raid de l’armée française. Mokhtar Belmokhtar, fait preuve d’une très grande audace en termes opérationnels. C’est sa plus grande force, avec également le fait qu’il est relativement très ancien au sein du réseau. Face à lui, Abou Zeid, est un chef terroriste très coriace. Connu pour son idéologie dévastatrice, Abou Zeid son nom est cité dans presque tous les attentats sanglants dans la région. Dans le Sahel, Al Qaïda au Maghreb Islamique est divisée en deux phalanges très mobiles. Elles sont organisées autour d’un seul chef, l’émir, désigné par Abdel Malek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud. Aujourd’hui, les deux émirs des deux phalanges se livrent à une guerre de contrôle sans précédent. Les deux chefs terroristes recourent aux rapts d’étrangers. En effet, chacun de ces chefs salafistes, cherche à enlever le maximum d’otages, tout en gardant sa vigilance. Entre autres, les deux terroristes cherchent à séduire le chef spirituel d’Al Qaïda mère, Oussama Ben Laden, afin de bénéficier de sa bénédiction. D’autre part, la traque de ces deux émirs se poursuit toujours dans la région. Plusieurs pays de la bande sahélo-saharienne sont mobilisés pour venir à bout de ces deux dangereux criminels, toutefois, sans y arriver à les éliminer.
    Par Sofiane Abi
  • Un sujet, à la Une : La marche du million, hier, au Caïre.

    Un million défie Moubarak titre le Financial Times ; et c’est évidement, ce matin, l’image de ce jour. On ne sait laquelle choisir d’ailleurs car la plupart de vos journaux montre cette foule. Dense. Immense. Rassemblée sur la place El Tharir, la place de la Libération. Des calicots, des drapeaux. Des hommes en prières, d’autres qui rient, des femmes, des enfants. Des soldats aussi qui observent, presque placides. A la Une du Volkskrant, un détail de cette foule : 3 fillettes – tout sourire – debout sur un char de l’armée, et de la tourelle du char, un soldat, casque sur la tête, qui semble leur dire : Les enfants, vous êtes sur un char. Attention, c’est haut, il ne faudrait pas tomber. 
    Et dans cette presse, la manifestation d’hier continue de faire les titres. Imaginez, un million de protestataires, peut-être plus. Au Caïre, la foule réclame le départ du président annonce l’International Herald Tribune. Die Welt affine ce message : L’opposition lance un ultimatum. Moubarak doit partir d’ici vendredi (complète le Frankfurter Allgemeine). El Pais pointe l’entêtement du président : Moubarak refuse de démissionner… « – Je mourrai en Egypte.». Faut-il alors s’attendre à vivre – comme l’annonce le Volkskrant encore 8 mois avec Moubarak ? L’homme en tout cas est de plus en plus isolé sur la scène internationale, assiégé, pour le Figaro qui estime que Moubarak cherche une sortie « par le haut. » Des tractations sont engagées pour amener le président à déléguer ses pouvoirs et à ne pas se présenter à un nouveau mandat. En coulisses, Washington s’active. L’administration Obama discute avec toutes les parties pour faciliter une sortie de crise ‘ordonnée’. Ainsi, plusieurs quotidiens européens rapportent la présence en Egypte de Frank Wisner, ancien ambassadeur au Caïre et mandaté par l’administration américaine pour rencontrer les hauts responsables égyptiens. De quoi provoquer encore pas mal d’inquiétude côté Israélien. « Jimmy Carter avait laissé tomber le chah d’Iran. Obama est en train de faire pareil avec Moubarak ». Un constat – amer – dressé par des responsables israéliens – et anonymement rapporté par le Figaro. 
    Et c’est l’un des points abordés ce matin, dans la presse. Plusieurs quotidiens s’interrogent sur l’après Moubarak, non plus en Egypte, mais dans toute la région.
    Avec cette déclaration du chef de la diplomatie iranienne, Ali Akbar Salehi a dénoncé les ingérences américaines dans le mouvement populaire, a assuré que Téhéran allait proposer son aide aux manifestants et a surtout annoncé l’arrivée d’un Moyen-Orient islamique. Sans doute plus un vœu pieux qu’une analyse géostratégique.
    N’empêche, le Figaro fait un rapide tour des états arabes. En Jordanie, le roi Abdallah II a remplacé son premier ministre par son ancien conseiller militaire. Choix déjà critiqué par l’opposition islamiste. Sur l’autre rive du Jourdain, dans les territoires palestiniens, le Fatah, en Cisjordanie comme le Hamas, à Gaza se sont retrouvés sur un point : ils ont interdit tout rassemblement en solidarité avec le peuple égyptien. Mahmoud Abbas n’a pas hésité à heurter – dimanche – son opinion publique en téléphonant à Moubarak, pourtant rival pendant longtemps de Yasser Arafat. Dans la plupart des états, les dirigeants arabes continuent de nier tout risque de contagion. Mais dans le même temps, le contrôle de leur population se durcit. En Syrie, Bachar el-Assad a déclaré que « le parti Baas (à la tête du pays depuis un demi-siècle) est étroitement en phase avec les sentiments du peuple. » Il ajoute « aucun mécontentement populaire n’est perceptible », mais depuis 3 semaines, rapporte encore le Figaro, le leader syrien multiplie les demandes auprès de ses chefs de services de renseignement. Il faut occuper le terrain. Le Maroc cherche à afficher la sérénité, mais déjà, une déclaration du cousin du Roi Mohammed VI a fait du bruit. Il ne faut pas se tromper, presque tous les régimes autoritaires seront affectés par la vague de protestation. Le Maroc ne sera probablement pas une exception.
    RTBF.BE, 2/02/2011
  • Jean Ziegler : «Il est de l’intérêt de l’Occident d’affaiblir l’Algérie»

    Selon vous, l’Algérie a échappé à la mainmise du capitalisme mondial. Comment ?
    Je suis frappé de la permanence des principes en Algérie contenus dans la plate-forme de la Soummam de 1956. Ces mêmes principes se retrouvent dans la politique étrangère algérienne : universalité, Etat solidaire, justice sociale, souveraineté, etc. L’Algérie est la principale puissance en Afrique du Nord. Lancer un plan de 240 milliards d’euros sur quatre ans en est un signe. Cette puissance est mise au service de la souveraineté. L’Algérie est pratiquement le seul pays d’Afrique qui maîtrise l’investissement étranger avec la règle du 51/49 contenu dans son code. Il y a également le contrôle strict sur le transfert des profits.L’Algérie a trouvé là le moyen de négocier avec les multinationales, avec les maîtres du monde et de les maîtriser. Ces firmes ne cherchent qu’à maximiser les profits. Nestlé n’est pas la Croix-Rouge ! Je vis dans le cœur du monstre à Genève au milieu de ces multinationales et je sais de quoi je parle. Au Nigeria, Esso et Texaco dictent leur loi. L’Algérie est le onzième producteur de pétrole membre de l’Opep. Le Nigeria produit plus. Prenez ces deux exemples. Le Nigeria, le pays le plus peuplé d’Afrique et qui sort 2,2 millions de barils de pétrole par jour, est sous les ordres des multinationales.En Algérie, Sonatrach dicte sa loi aux firmes pétrolières étrangères pour travailler. Donc, il y a une notion de souveraineté totale. Au Conseil des droits de l’Homme de l’ONU, l’Algérie joue un grand rôle en présidant le groupe afro-arabe. Les diplomates algériens donnent le ton au sein de ce groupe en défendant les intérêts des pays du Sud. Bouteflika, qui a été ministre des Affaires étrangères, est l’un des hommes d’Etat du tiers monde qui a une parfaite connaissance des mécanismes compliqués du système onusien. Driss Djazaïri, Mohamed Salah Dembri et Lakhdar Ibrahimi sont des diplomates connus.

    Pour revenir sur les mesures sur l’investissement, des pays européens tels que la France et l’Allemagne ont critiqué ces dispositions…
    Les multinationales veulent avoir le champ libre. Elles ne l’ont pas en Algérie. L’actuelle classe dirigeante française n’a jamais pardonné l’indépendance de l’Algérie. On ne se rend pas compte encore du traumatisme causé aux Européens. Il y avait la défaite de Diên Biên Phu, mais le Viêtnam est loin de leur monde. Le Maghreb est dans le même monde, et c’est là que ces Européens ont été radicalement contestés. La victoire de l’Algérie a ouvert la voie à la décolonisation en Afrique.

    L’instabilité au Sahel n’aide-t-elle pas les anciens empires à se réveiller ?
    La situation au Sahel est dangereuse. L’Algérie est effectivement indépendante et montre l’exemple. L’Algérie ne fait pas partie de la francophonie. Souverain donc, ce pays doit être saboté. Je ne sais pas qui finance El Qaïda et qui est derrière. Mais il me semble évident qu’il est de l’intérêt de l’Occident d’affaiblir l’Algérie. El Qaïda est au cœur du Sahel. Qui sait, demain ils iront attaquer les champs pétrolifères de Hassi Messaoud…

    Ces groupes sont-ils manipulés ?
    Je le pense, oui. Sociologiquement, il existe un terreau avec l’appauvrissement des Touareg, le racisme noir contre les Touareg, etc. Les gouvernements n’ont pas tenu leurs promesses, la misère est toujours là. Ces groupes se financent par les rançons payées contre la libération des otages. Les Européens négocient et payent. Pour l’Algérie, cela crée des problèmes puisque ces groupes ont plus de possibilités de s’armer. Si vous payez 5 millions d’euros pour les otages, comme l’ont fait les Espagnols, cela devient un commerce alimenté par les Européens […]. La Suisse refuse d’extrader les islamistes recherchés par mandat international parce qu’elle ne veut pas provoquer ceux qui ont déposé des fonds dans les banques.L’économie suisse dépend énormément des banques. La Suisse est le deuxième pays le plus riche de la planète avec le revenu par habitant. Ce pays, qui n’a pas de matière première, vit de l’argent d’autrui […]. Je n’ai pas les moyens de confirmer que l’Occident finance les groupes terroristes, mais je peux dire que certaines puissances occidentales ne seront pas mécontentes d’affaiblir l’Algérie. L’Algérie, dans tous les pays du Sud, est une épine, un pays qu’on ne peut pas mettre à genoux. C’est «le mauvais» exemple pour les autres. Imaginez que demain le Niger reprenne les gisements d’uranium au groupe nucléaire français Areva et crée une Sonatrach nigérienne. Cela va provoquer une explosion en France des prix de l’électricité, car, pour l’instant, la France ne paye presque rien. Le président Tandja, qui voulait multiplier les investissements chinois et indiens, a été écarté.

    Le Maghreb uni en tant qu’entité économique n’est-il pas une menace pour l’Union européenne (UE) ?
    Non. L’UE est constituée de 27 pays, de 400 millions de consommateurs et de 11 000 milliards de dollars de produit intérieur brut (PIB). L’UE est une grande puissance économique qui habilement a associé les pays du Maghreb avec des accords et a créé un marché élargi. Avec le problème du Sahara occidental, le Maghreb uni, une idée merveilleuse, n’est pas possible. La Libye et l’Egypte posent aussi problème. Comme pour l’UE, les pays doivent créer un minimum commun, avoir des buts politiques et structures économiques communs…

    En Algérie, il y a un dossier de corruption lié à Sonatrach. Pourquoi la corruption est-elle fort présente dans les pays pétroliers ?Pourquoi les Algériens seraient-ils des anges !? A Genève, il existe une corruption incroyable, pourtant c’est une démocratie. Il s’agit de spéculations immobilières et des fausses factures. Partout où il y a de l’argent, il y a beaucoup de tentations. Les banquiers suisses ont, pour la plupart, des banques off shore aux îles Caïman pour échapper au fisc.

    Des experts parlent de «malédiction du pétrole». Le Nigeria en est le parfait exemple…
    Je mets l’Algérie à part. Il est faux de dire qu’il n’existe pas de développement dans ce pays. Il y a des logements et des infrastructures qui sont en construction. Certes, il y a des problèmes sociaux, mais il y a un investissement public, pas spéculatif privé, qui est impressionnant. Je ne suis pas venu depuis huit ans en Algérie et je constate qu’il y a un développement infrastructurel remarquable. Au Nigeria, des dictatures militaires se succèdent. Dans l’index du développement humain du Pnud, le Nigeria est en bas du tableau, alors que c’est le huitième producteur mondial de pétrole. Il faut peut-être renforcer le contrôle sur les dépenses publiques, mais on m’a dit que le président Bouteflika auditionne chaque année les ministres sur les projets. Cela n’existe pas au Nigeria ou au Soudan. Aux Algériens de savoir si de telles méthodes sont efficaces ou non.

    L’absence de démocratie et de libertés n’aide-t-elle pas le maintien des systèmes comme au Nigeria ?
    Mis à part l’Egypte, l’Afrique du Sud, l’Algérie, le Nigeria et l’Ethiopie, la majorité des 53 pays en Afrique, surendettés et dirigés par des élites faibles, vivent la misère sur le plan économique. Dans ces pays, la construction nationale, durant les 50 dernières années, a été déficiente. Selon le FAO, 81 millions d’Africains étaient sous-alimentés en 1975. En 2005, ils étaient 202 millions d’Africains à être dans cette situation. La faim explose en Afrique. L’hypocrisie des Européens est totale. Ils pratiquent le dumping agricole en Afrique. Les surplus sont déversés sur les marchés de Niamey, Bamako, Dakar et d’ailleurs, et plus loin, le paysan africain s’épuise au travail et n’a aucune chance d’avoir un revenu normal parce qu’au marché, la ménagère peut acheter des légumes ou du poulet espagnols, grecs ou français à moitié prix des produits locaux. Les règles de l’OMC fonctionnent selon les intérêts des multinationales. L’OMC est une entreprise de désarmement économique des pays du tiers monde. Ce dumping empêche les pays agricoles africains, qui constituent les deux tiers du continent, d’acquérir le minimum vital qui permet ensuite le développement de la démocratie. Brecht a dit : «L’affamé ne peut pas manger un bulletin de vote.» De l’autre côté, les Occidentaux se plaignent de l’absence de démocratie et des atteintes aux droits de l’Homme en Afrique noire, alors que cette absence de démocratie est le résultat de la surexploitation économique pratiquée par ce même Occident.

    Existe-t-il un lien entre cette crise financière et la multiplication des conflits actuellement ?
    L’Amérique est la première puissance économique. Presque 25% des biens industriels fabriqués dans le monde sont l’œuvre des Américains, alors qu’ils ne sont que 300 millions. La matière première de cette formidable machine industrielle est le pétrole. Elle utilise 20 millions de barils de pétrole par jour, alors que la production mondiale est de 85 millions de barils par jour. Huit de ces 20 millions de barils sont produits entre l’Alaska et le Texas, le reste est importé de régions dangereuses telles que le delta du Niger, l’Asie centrale, le Moyen-Orient. Cela force les Américains à maintenir la plus gigantesque armada que le monde ait jamais connue. Donald Rumesfeld (ancien secrétaire à la Défense, ndlr) avait dit que les Etats-Unis doivent être capables de mener quatre guerres en même temps.Les Etats-Unis soutiennent Israël pour contrôler le monde arabe et l’Iran. Si l’Arabie saoudite, principal fournisseur des Etats-Unis en hydrocarbures, change de stratégie, elle sera ciblée par Israël. La guerre d’Irak est une guerre du pétrole. L’Irak a les deuxièmes réserves de pétrole au monde avec 13 milliards de barils avec une faible teneur en soufre. Les pipelines entre la mer Noire et l’océan Indien passent par l’Afghanistan. La guerre d’Afghanistan a également une motivation économique directe. Marx disait que «le capitalisme porte en lui la guerre, comme le nuage porte l’orage». Il y a une logique contraignante, si vous dépendez du pétrole étranger, vous devriez assurer et contrôler les sources d’approvisionnement.

    Avez-vous des projets d’écriture ?
    Tout ce dont je vous parle ici fait l’objet d’un livre que j’ai écrit, La France identitaire, pour lequel je cherche un éditeur. Pour la première fois en 25 ans de publication, j’éprouve des difficultés à publier pareil ouvrage sur la montée de l’islamophobie en France. Je ne sais pas pourquoi. Il paraît que c’est la crise…  

  • La Journée européenne : Le Maroc, ça finit où ?

    Günter Verheugen bridé
    Le vilain n’avait pas voulu coopérer, il en restera pour ses frais. La Commission européenne a décidé, pour des raisons éthiques, de restreindre l’activité de l’ancien commissaire et nouveau consultant en affaires européennes Günter Verheugen. Certes, elle lui a autorisé à poursuivre son activité à la tête de la société de conseil « The European experience company », qu’il a fondée l’an dernier en Allemagne avec sa compagne et ancienne chef de son cabinet – l’Irlandais Charlie McCreevy avait été moins chanceux à cet égard, forcé de démissionner d’une banque. Mais la Commission a interdit à l’ancien commissaire à l’Industrie et à sa compagne tout contact pendant 26 mois avec ses anciens services et avec les quelque 400 entreprises avec lesquelles son ancien service a eu affaire. Ces décisions ont été prises notamment en raison « d’un manque de coopération » du couple, qui n’a pas fourni au comité d’éthique toutes les informations qui leur étaient demandées sur la société de conseil.
    Le Maroc, ça finit où ?
    Cela pourrait ressembler à une boutade de « l’agité du local » (comme le surnommait « Le Monde Magazine »). Mais la question est on ne peut plus sérieuse : « Où commence et où finit le Royaume du Maroc ? » L’eurodéputé vert français José Bové a posé la question au service juridique du Parlement européen. Car l’assemblée est censée donner son aval à l’Accord d’association signée par l’Union européenne et le Maroc. Or, « la Commission européenne s’est engagée dans une nouvelle phase de libéralisation commerciale sans prendre le soin de définir la nature géographique de son partenaire », note le rapporteur. En clair, l’accord couvre-t-il le territoire contesté du Sahara occidental ou non ? Réponse du service juridique du Parlement : aucun élément dans les documents de l’accord ne permet de donner une réponse à la question posée par José Bové ! Ne reste plus aux eurodéputés qu’à demander à la Commission européenne qui bondira sûrement de joie à l’idée de devoir fixer les frontières du Maroc 
    Faire venir le Pape, c’est aider les pays pauvres
    Le voyage du Pape au Royaume-Uni en septembre dernier a été financé à hauteur de 1,85 million de livres (2,2 millions d’euros), sur des fonds publics d’aide au développement des pays pauvres, selon un rapport parlementaire. Les députés ont déniché ce financement « quelque peu surprenant » en épluchant les comptes du Département pour le développement international. Un porte-parole du DfID a expliqué que l’attribution des fonds était « une reconnaissance du rôle de l’Eglise catholique comme important contributeur de services de santé et d’éducation dans les pays en développement ». La visite de Benoît XVI a coûté 10 millions de livres au contribuable, le reste étant à la charge de l’Eglise catholique.
    Lalibre.be, 3/02/2011
  • Tunisien, Egypte, Maroc… CES dictatures amis

    Une dictature, la Tunisie ?
    L’Egypte, une dictature ?
     
    En voyant les médias se gargariser maintenant du mot « dictature » appliqué à la Tunisie de Ben Ali et à l’Egypte de Moubarak, les Français ont dû se demander s’ils avaient bien entendu ou bien lu.
     Ces mêmes médias et ces mêmes journalistes n’avaient-ils pas, durant des décennies, martelé que ces deux « pays amis » étaient des « Etats modérés » ?
    Le vilain mot de « dictature« , dans le monde arabo-musulman, n’était-il pas exclusivement réservé (après la destruction de l’ « effroyable tyrannie » de Saddam Hussein en Irak) au seul régime iranien ?
     Comment ? Il y avait donc d’autres dictatures dans cette région ?
     Et nos médias, dans notre exemplaire démocratie, nous l’auraient-ils caché ?
     
    Voilà, en tout cas, un premier dessillement que nous devons au peuple révolté de Tunis. Sa prodigieuse victoire a libéré les Européens de la « rhétorique d’hypocrisie et de dissimulation » en vigueur dans nos chancelleries et nos médias. Contraints de mettre bas les masques, ceux-ci font semblant de découvrir ce que nous savions depuis longtemps [1], que les « dictatures amies » ne sont que cela : des régimes d’oppression.
    En la matière, les médias n’ont fait que suivre la « ligne officielle » : fermer les yeux ou regarder ailleurs confirmant l’idée que la presse n’est libre qu’envers les faibles et les gens isolés.
     
    Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas eu l’aplomb d’affirmer, à propos du système mafieux du clan Ben Ali-Trabelsi, qu’en Tunisie, « il y avait une désespérance, une souffrance, un sentiment d’étouffement dont, il nous faut le reconnaître, nous n’avions pas pris la juste mesure » ?
    « Nous n’avions pas pris la juste mesure… » En 23 ans…
    Malgré la présence sur place de services diplomatiques plus prolifiques que ceux de n’importe quel autre pays du monde…
    Malgré la collaboration dans tous les domaines de la sécurité (police, gendarmerie, renseignement…).
    Malgré les séjours réguliers de hauts responsables politiques et médiatiques qui y ont établi, de façon décomplexée, leur lieu de villégiature [2]…
    Malgré la présence en France de dirigeants exilés de l’opposition tunisienne maintenus à l’écart, comme des pestiférés, par les autorités françaises et quasiment interdits d’accès, pendant des décennies, aux grands médias… Ruine de la démocratie.
     
    En vérité, ces régimes autoritaires ont été (et continuent d’être) complaisamment protégés par les démocraties européennes au mépris de leurs propres valeurs et au prétexte qu’ils constituaient des remparts contre l’islamisme radical [3].
    Le même argument cynique utilisé, à l’époque de la guerre froide, par l’Occident pour soutenir des dictatures militaires en Europe (Espagne, Portugal, Grèce, Turquie) et en Amérique latine, en prétendant empêcher ainsi l’arrivée du communisme au pouvoir.
     
    Quelle formidable leçon donnent les sociétés arabes révoltées à ceux qui, en Europe, ne les décrivaient qu’en termes manichéens : soit des masses dociles soumises à des satrapes orientaux corrompus, soit des foules hystériques possédées par le fanatisme religieux. Or voilà qu’elles surgissent soudain, sur les écrans de nos ordinateurs ou de nos téléviseurs (cf. l’admirable travail d’Al-Jazeera), préoccupées de progrès social, aucunement obsédées par la question religieuse, assoiffées de liberté, excédées par la corruption, détestant les inégalités et réclamant la démocratie pour tous, sans exclusives.
     
    Loin des caricatures binaires, ces peuples ne constituent nullement une sorte d’ « exception arabe » mais apparaissent semblables, dans leurs aspirations politiques, au reste des sociétés urbaines modernes éclairées.
    Le tiers des Tunisiens et presqu’un quart des Egyptiens naviguent régulièrement sur Internet
    Comme l’affirme Moulay Hicham El Alaoui :
    « Les nouveaux mouvements ne sont plus marqués par les anciens antagonismes comme l’anti-impérialisme, l’anti-colonialisme ou l’anti-sécularisme. Les manifestations de Tunis et du Caire ont été dépourvues de tout symbolisme religieux. C’est une rupture générationnelle qui réfute la thèse de l’exceptionnalisme arabe. De plus, ce sont les nouvelles technologies de communication de l’Internet qui animent ces mouvements. Ceux-ci proposent une nouvelle version de la société civile où le refus de l’autoritarisme va de pair avec le rejet de la corruption [4]. »
     
    Grâce notamment aux réseaux sociaux numériques, les sociétés, aussi bien en Tunisie qu’en Egypte, se sont mobilisées à très grande vitesse et ont pu bousculer les pouvoirs en un temps record. Avant même que les mouvements aient eu l’occasion de « mûrir » et de favoriser l’émergence en leur sein de dirigeants nouveaux. C’est une des rares fois où, sans leader, sans organisation dirigeante et sans programme, la simple dynamique de l’exaspération des masses a suffi à faire triompher une révolution.
     
    C’est un instant fragile, et des puissances travaillent sans doute déjà, notamment en Égypte, à faire en sorte que « tout change pour que rien ne change« , selon le vieil adage du Guépard. Ces peuples qui conquièrent leurs libertés doivent garder à l’esprit l’avertissement de Balzac : « On tuera la presse comme on tue un peuple, en lui donnant la liberté [5]. » Les « démocraties de surveillance » sont infiniment plus habiles à domestiquer, en toute légitimité, un peuple que les anciennes dictatures. Mais cela ne justifie en rien le maintien de celles-ci. Ni ne doit ternir l’ardeur de mettre à bas une tyrannie.
    L’effondrement de la dictature tunisienne a été si rapide que les autres peuples maghrébins et arabes en ont conclu que ces autocraties – parmi les plus anciennes du monde – étaient en réalité profondément vermoulues, et n’étaient donc que des « tigres en papier« . La démonstration s’est encore vérifiée en Egypte.
    D’où cette impressionnante levée des peuples arabes qui fait inévitablement penser à la grande floraison des révolutions à travers l’Europe de 1848, en Jordanie, au Yémen, en Algérie, en Syrie, en Arabie Saoudite, au Soudan et au Maroc.
     
    Dans ce dernier pays, une monarchie absolue où le résultat des « élections » (toujours truquées) reste déterminé par le souverain qui désigne selon son bon vouloir les ministres dits « de souveraineté », quelques dizaines de familles proches du trône continuent d’accaparer les principales richesses [6].
    Les câbles diffusés par WikiLeaks ont révélé que la corruption y atteignait des niveaux d’indécence faramineux, plus élevés que dans la Tunisie de Ben Ali, et que les réseaux mafieux conduisaient toujours au Palais. Un pays où la pratique de la torture est généralisée et le bâillonnement de la presse constant.
    Pourtant, comme la Tunisie de Ben Ali, cette « dictature amie » bénéficie d’une très grande indulgence, dans nos médias et chez la plupart de nos responsables politiques [7]. Ceux-ci minimisent les signes qui montrent le début d’une « contagion » de la révolte.
    Déjà quatre personnes s’y sont immolées par le feu. Des manifestations de solidarité avec les révoltés de Tunisie et d’Egypte ont eu lieu à Tanger, à Fez et à Rabat [8]. Saisies de crainte, les autorités ont préventivement décidé de subventionner les denrées de première nécessité pour éviter des « révoltes du pain« . D’importants contingents de troupes auraient été retirées du Sahara Occidental et acheminées à la hâte vers Rabat et Casablanca.
    Le roi Mohammed VI et quelques collaborateurs se seraient spécialement déplacés en France, le week-end du 29 janvier, pour consulter des experts en matière de maintien de l’ordre du ministère français de l’Intérieur [9].
     
    Même si les autorités démentent ces deux dernières informations, il est clair que la société marocaine suit avec exaltation les événements de Tunisie et d’Egypte. Prête à rejoindre l’élan de ferveur révolutionnaire pour briser enfin le carcan féodal. Et à demander des comptes à tous ceux qui, en Europe, pendant des décennies, furent les complices des « dictatures amies« .
                                                                  

     Notes
     
    [1]  Lire, par exemple, Jacqueline Boucher, « La société tunisienne privée de parole« , et Ignacio Ramonet, « Main de fer en Tunisie« , Le Monde diplomatique, respectivement février 1996 et juillet 1996.
    [2]  Alors que Mohammed Bouazizi s’était immolé par le feu dès le 17 décembre 2010, que l’insurrection gagnait l’ensemble du pays et que des dizaines de Tunisiens révoltés continuaient de tomber sous les balles de la répression bénaliste, le maire de Paris, Bertrand Delanoé, et la ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, trouvaient parfaitement normal d’aller fêter allégrement le réveillon en Tunisie.
    [3]  En même temps, et sans apparemment mesurer la contradiction, Washington et ses alliés européens soutiennent le régime théocratique et tyrannique de l’Arabie Saoudite, principal foyer officiel de l’islamisme le plus obscurantiste et le plus expansionniste.
    [5]  Honoré de Balzac, Monographie de la presse parisienne, Paris, 1843.
    [6]  Lire Ignacio Ramonet, « La poudrière Maroc« , Mémoire des luttes, septembre 2008.
    http://www.medelu.org/spip.php ?article111
    [7]  De Nicolas Sarkozy à Ségolène Royal, en passant par Dominique Strauss-Kahn qui possède un « ryad » à Marrakech, des dirigeants politiques français n’ont eu aucun scrupule à séjourner dans cette « dictature amie » durant les récentes vacances de fin d’année.
    [9]  Lire País, 30 janvier 2011 http://www.elpais.com/..Mohamed/VI/va/vacaciones..
    et Pierre Haski, « Le discret voyage du roi du Maroc dans son château de l’Oise« , Rue89, 29 janvier 2011.

    http://www.rue89.com/..le-roi-du-maroc-en-voyage-discret…188096

    par Ignacio Ramonet
  • LE SORT DE MOUBARAK EST JETÉ

    Le sort de Moubarak est jeté, et jusqu’à l’appui des États-Unis ne pourra pas sauver son gouvernement. Le peuple égyptien est intelligent ; il a, au cours de sa glorieuse histoire, laissé son empreinte dans la civilisation humaine. « Du haut de ces pyramides, quarante siècles vous contemplent », s’exclama, dit-on, Bonaparte à un moment d’exaltation où la révolution des Encyclopédistes le conduisit à cette extraordinaire rencontre de civilisations.
    À la fin de la Deuxième Guerre mondiale, l’Égypte brilla sous la conduite d’Abdel Gamal Nasser. Lui, Jawaharlal Nehru, héritier du Mahatma Gandhi, Kwame Nkrumah et Ahmed Sékou Touré, deux leaders africains, Sukarno, président de l’Indonésie récemment libérée, créèrent le Mouvement des pays non alignés qui propulsa la lutte d’indépendance des colonies. Les peuples du Sud-Est asiatique et de l’Afrique du Nord, dont l’Égypte, l’Algérie, la Syrie, le Liban, la Palestine, le Sahara occidental, le Congo, l’Angola et le Mozambique, se battaient, avec le soutien de l’URSS et de la Chine, contre les métropoles française, anglaise, belge et portugaise que soutenaient les États-Unis
    Cuba se joignit à ce mouvement en marche au triomphe de sa Révolution.
    En 1956, la Grande-Bretagne, la France et Israël avaient attaqué par surprise l’Égypte qui avait nationalisé le canal de Suez, mais la solidarité audacieuse de l’URSS, qui menaça même de recourir à ses missiles stratégiques, paralysa les agresseurs.
    Le décès précoce de Nasser, le 28 septembre 1970, fut une perte  irréparable pour l’Égypte.
    Les USA n’ont pas cessé de conspirer contre le monde arabe qui concentre les plus grosses réserves de pétrole au monde.
    Il est inutile de beaucoup argumenter. Il suffit de lire les dépêches de presse pour savoir ce qu’il se passera inévitablement.
    Lisons-les.
    28 janvier :
    « (DPA). Plus de cent mille Égyptiens sont descendus aujourd’hui dans la rue pour protester contre le gouvernement du président Hosni Moubarak, bien que les manifestations soient interdites par les autorités…
    « Les manifestants ont incendié des bureaux du Parti démocratique national (PDN), de Moubarak, et des postes de police, tandis qu’au centre du Caire, ils ont lancé des pierres contre la police qui tentait de les disperser par des gaz lacrymogènes et des balles de caoutchouc.
    « Le président étasunien, Barack Obama, s’est réuni aujourd’hui avec une commission de spécialistes pour analyser la situation, tandis que le porte-parole de la Maison-Blanche, Robert Gibbs, a averti que les États-Unis réévalueraient en fonction des événements les aides se montant à des milliards qu’ils octroient à l’Égypte.
    « Les Nations Unies ont aussi émis un message fort depuis Davos où le secrétaire général Ban Ki-moon se trouvait ce vendredi.
    « (Reuters).- Le Président Mubarak  a ordonné le couvre-feu  en Egypt et le déploiement de troupes de l’armée, appuyées par des véhicules blindés au Caire et dans d’autres villes. Des confrontations violentes entre la police et des manifestants sont reportées.
    « Des forces de l’armée, appuyées par des véhicules blindés, se sont déployées vendredi au Caire et dans d’autres grandes villes égyptiennes pour faire cesser les protestations populaires qui exigent la démission du président Hosni Moubarak.
    « Selon des sources médicales, 410 personnes ont été blessées à ce jour durant les protestations, tandis que la télévision publique a annoncé le couvre-feu dans toutes les villes.
    « Les événements représentent un dilemme pour les États-Unis qui ont exprimé leur souhait de voir s’étendre la démocratie dans toute la région, bien que Moubarak ait été depuis de longues années un de leurs proches alliés et le bénéficiaire d’une très grosse aide militaire. »
    « (DPA).- Des milliers de Jordaniens ont protesté aujourd’hui dans tout le pays après les prières du vendredi,  pour demander la démission du Premier Ministre Samir Rifai, ainsi que des reformes politiques et économiques»
    Au milieu de la catastrophe politique qui frappe le monde arabe, des dirigeants réunis en Suisse ont réfléchi sur les causes de ce phénomène dans un monde qui court même, selon certains, à un suicide collectif :
    «(EFE).- Plusieurs leaders politiques demandent au Forum économique de Davos un changement  du modèle de croissance économique.
    «Le modèle de croissance économique actuel, fondé sur la consommation et oublieux de ses impacts environnementaux, ne peut plus se maintenir pour beaucoup plus longtemps, car il en va de la survie de la planète, ont averti aujourd’hui à Davos plusieurs dirigeants politiques.
    «  »Le modèle actuel est un suicide collectif. Nous avons besoin d’une révolution dans la pensée et dans l’action. Les ressources naturelles sont toujours plus réduites », a averti Ban Ki-moon au cours d’un débat du Forum économique mondial portant sur la façon de redéfinir une croissance durable.
    «  »Les changements climatiques nous indiquent que le vieux modèle est plus que jamais périmé », a insisté le responsable de l’ONU.
    « Le secrétaire général a ajouté qu’en plus de ressources essentielles à la survie comme l’eau et les aliments, « une autre ressource nécessaire pour faire face aux changements climatiques est en train de s’épuiser : le temps ». »
    29 janvier :
    « Washington (AP). Le président Barack Obama a tenté l’impossible face à la crise égyptienne : séduire une population soulevée contre un régime autoritaire de trente ans, tout en assurant un allié clef de son soutien.
    « Son allocution de quatre minutes, vendredi soir, a représenté une tentative prudente de maintenir un équilibre difficile : Obama avait tout à perdre en se prononçant soit pour les manifestants qui exigent la démission du président Hosni Moubarak soit pour le régime qui s’accroche au pouvoir avec violence.
    « Obama… n’a pas demandé un changement de régime, mais il n’a pas dit non plus que l’annonce de Moubarak était insuffisante.
    « Bien que ses paroles aient été les plus fortes qu’on ait écoutées ce jour-ci à Washington, il ne s’est pas écarté du scénario déjà écrit par sa secrétaire d’État, Hillary Clinton, et par son porte-parole, Robert Gibbs.
    «(NTX).- Selon un éditorial du journal The Washington Post, les États-Unis devraient user de toute leur influence, y compris le milliard de dollars et plus d’aide qu’ils fournissent chaque année à l’armée égyptienne, pour obtenir ce dernier résultat », autrement dit le départ de Moubarak.
    « …Dans son allocution de vendredi soir, Obama a affirmé qu’il continuerait de travailler avec le président Moubarak et a regretté que celui-ci n’ait pas mentionné des élections éventuelles.
    « Le journal a qualifié d’ « irréalistes » les positions d’Obama et du vice-président Joe Biden qui a déclaré à une radio qu’on ne pouvait pas taxer le président égyptien de dictateur et qu’il ne pensait pas qu’il devait démissionner.
    «(AFP).- Les Organisations arabes étasuniennes, ont exhorté le gouvernement du Président Barack Obama à ne plus soutenir la dictature de Moubarak en Egypte»
    «(ANSA).- Les USA se sont déclarés à nouveau  ¨préoccupés¨ par la violence en Egypte et a averti au gouvernement de Moubarak qu’il ne peut agir comme si rien ne s’était passé. Selon Fox News, il ne reste plus à Obama qu’une alternative mauvaise au sujet de l’Égypte.
    « …il a averti le gouvernement du Caire qu’il ne peut recommencer à « battre les cartes » et continuer d’agir comme de si de rien n’était.
    « La Maison-Blanche et le département d’État suivent de très près la situation en Égypte, l’un des principaux alliés de Washington dans le monde et bénéficiaire d’une aide civile et militaire se montant à environ 1,5 milliard de dollars par an.
    « Les médias étasuniens couvrent très largement les troubles en Égypte et signalent que la situation peut se convertir, de quelque manière qu’elle se règle, en un casse-tête pour Washington.
    « Selon Fox, si Moubarak tombait, les USA et leur autre principal allié au Moyen-Orient, Israël, pourraient se retrouver face à un gouvernement des Frères musulmans au Caire et voir l’Égypte prendre un virage anti-occidental.
    «  »Nous avons misé sur le mauvais cheval pendant cinquante ans »,  a affirmé à Fox un ancien agent de la CIA, Michael Scheuer : « Penser que le peuple égyptien va oublier que nous avons soutenu des dictateurs pendant un demi-siècle est utopique », a-t-il ajouté.
    «(AFP).- La communauté internationale a multiplié ses appels pour que le Président égyptien Hosni Moubarak introduise des réformes politiques et qu’il cesse la répression des manifestations contre son gouvernement, lesquelles se trouvent à son cinquième jour.
    « Nicolás Sarkozy, Angela Merkel et David Cameron ont, pour leur part, demandé  samedi au président dans une déclaration conjointe d’ « entamer des changements » face aux « revendications légitimes » de son peuple et d’  »éviter à tout prix de recourir à la violence contre les civils ».
    « L’Iran a aussi appelé les autorités égyptienne à faire cas des revendications de la rue.
    « Le roi Abdallah d’Arabie saoudite a estimé en revanche que les protestations constituaient « des attaques à la sécurité et à la stabilité » de l’Égypte, réalisées par des « infiltrés » au nom de la « liberté d’expression ».
    « Le monarque a téléphoné à Moubarak pour lui exprimer sa solidarité, a fait savoir l’agence officielle saoudite SPA.
    31 janvier :
    « (EFE) Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a exprimé aujourd’hui sa crainte que la situation en Égypte ne favorise l’accès des islamistes au pouvoir, cette inquiétude étant partagée, a-t-il dit, par des dirigeants avec lesquels il s’est entretenu ces derniers jours.
    « …le Premier ministre a refusé de commenter des nouvelles divulguées par des médias locaux, comme quoi Israël a autorisé aujourd’hui l’Égypte à déployer des troupes dans le Sinaï pour la première fois en trente ans, ce qui serait une violation de l’accord de paix signé en 1979 entre les deux nations.
    « La chancelière allemande a affirmé pour sa part, face aux critiques visant des puissances occidentales comme les USA et l’Allemagne qui ont maintenu des liens étroits avec des régimes totalitaires arabes : « Nous n’avons pas abandonné l’Égypte « 
    « Le processus de paix entre les Israéliens et les Palestiniens est paralysé depuis septembre, surtout parce qu’Israël refuse de freiner la construction de colonies juives dans le Territoire palestinien occupé.
    « Jérusalem (EFE). Israël est favorable au maintien au pouvoir du président égyptien Hosni Moubarak que le chef de l’État israélien a soutenu aujourd’hui quand il a jugé qu’ « une oligarchie religieuse fanatique n’est pas mieux que le manque de démocratie ».
    « Les déclarations du chef d’État coïncident avec les pressions – diffusées par les médias locaux – qu’exerce Israël sur ses alliés occidentaux pour qu’ils ne critiquent pas autant le régime Moubarak que le peuple égyptien et l’opposition tentent de renverser.
    « Selon des sources officieuses anonymes citées par le journal Haaretz, le ministère des affaires étrangères a adressé samedi un communiqué à ses ambassades aux USA, au Canada, en Chine, en Russie et dans plusieurs pays européens pour demander aux ambassadeurs d’insister devant les autorités locales sur l’importance que signifie la stabilité de l’Égypte pour Israël.
    « D’après les observateurs israéliens, la chute de Moubarak pourrait mettre en danger les accords de Camp David signés entre l’Égypte et Israël en 1978 et le Traité de paix bilatéral de 1979, surtout si elle entraînait la montée au pouvoir des Frères musulmans, des islamistes qui jouissent d’une vaste assise sociale.
    « Israël considère l’Égypte comme le garant de la paix à ses frontières sud et un soutien capital au blocus de la bande de Gaza et à l’isolement du mouvement islamiste palestinien Hamas.
    « L’une des plus grandes craintes d’Israël est que la révolte égyptienne, qui se situe dans le sillage de celle de la Tunisie, touche aussi la Jordanie et affaiblisse le régime du roi Abdallah II, dont le pays est le seul  du monde arabe, avec l’Égypte, à avoir reconnu Israël.
    «  La désignation récente du général Omar Suleiman comme vice-président égyptien et, donc, comme éventuelle successeur à la présidence, a été bienvenue en Israël qui a maintenu avec lui d’étroites relations de coopération en matière de défense.
    « Mais l’orientation des protestations égyptiennes ne permet pas de juger comme un fait acquis que la continuité du régime est assurée ni qu’Israël pourra continuer de compter sur l’Égypte comme son principal allié dans la région. »
    Comme on le voit, le monde fait face pour la première fois à trois problèmes simultanés : crises climatiques, crises alimentaires et crises politiques.
    À quoi on peut ajouter d’autres graves dangers.
    Les risques de guerres toujours plus destructives ne cessent pas.
    Les dirigeants politiques feront-ils preuve d’assez de sérénité et d’équanimité pour leur faire face ?
    Le sort de notre espèce en dépend.
    Fidel Castro Ruz
    Le 1er février 2011
    Source : Fidelista, 3/2/2011
  • Les juristes du PE demandent des clarifications sur l’accord agricole EU-Maroc

    Bruxelles, 03 fév 2011 (SPS) Les juristes du Parlement européen ont demandé des clarifications sur le projet d’accord agricole UE-Maroc, appelant à exclure le Sahara Occidental de cet accord avant que le PE donne son approbation, a indiqué l’observatoire pour la protection des ressources naturelles du Sahara occidental (WSRW).

    L’accord proposé prévoit une libéralisation substantielle des produits agricoles, produits agricoles transformés et produits de la pêche pour l’UE, en échange d’une libéralisation de 55% des importations de l’UE en provenance du Maroc. Le texte a été signé par le Conseil Européen et le Maroc le 13 décembre 2010 à Bruxelles, mais a encore besoin de l’approbation du Parlement Européen., a précisé la même source.

    Le service juridique du Parlement Européen s’est également interrogé sur « l’application ou non de l’accord au Sahara Occidental et sur la façon dont la population locale pourrait bénéficier de cet accord ». En outre, il n’est pas aussi clair si « la libéralisation envisagée, soit en accord avec les souhaits et les intérêts du peuple du Sahara Occidental ».

    À ce jour, aucune consultation n’a encore été faite avec le peuple originaire du Sahara Occidental, ce qui est indispensable pour que l’accord soit en conformité avec le droit international. (Voir l’avis de l’ONU sur les droits du peuple Sahraoui sur leurs propres ressources naturelles.), a souligné la même source.

    Étant donné que le Sahara Occidental n’est pas reconnu comme faisant partie du Maroc, les États-Unis et les pays de l’AELE ont spécifiquement exclu le Sahara Occidental de leurs accords de libre-échange avec le Maroc.

    « Dans ces circonstances, il semble opportun de clarifier ces questions avec la Commission avant de prendre une position sur l’apporbation à la conclusion de l’accord proposé », conclut l’avis.

    C’est la deuxième fois que les services juridiques du Parlement européen émettent un avis sur l’impact de l’accord bilatéral UE-Maroc à propos du Sahara Occidental. En 2009, les juristes interrogés sur la légalité de l’accord de pêche, estiùant que le peuple sahraoui n’en tirait aucun bénéfice alors même que les bateaux européens pêchaient dans les eaux du Sahara Occidental, rappelle-t-on. (SPS)

  • Manifestation à El Aaiun contre l’occupation marocaine et le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental

    El Aaiun (Sahara Occidental occupé), 02 fév 2011 (SPS) Plusieurs dizaines de Sahraouis ont manifesté mercredi, à El Aaiun, capitale occupée du sahara occidental contre l’occupation illégale de leur pays et le pillage de ses ressources naturelles par le Maroc, a-t-on indiqué de source du ministère des territoires occupés et des communautés sahraouies établies à l’Etranger.

    La manifestation a duré près de trois heures avant que la police marocaine procéde à sa dispersion par la force , faisant deux blessés, personnes et blessé Buhmadi Moulud et Nafi Daya, selon un premier bilan cité par la même source.

    Les manifestants ont scandé des slogans appelant au retrait immédiat de l’occupation marocaine du Sahara occidental et l’arrêt du pillage des ressources naturelles sahraouies par le Maroc. (SPS)

  • Rabat continue à vider le territoire sahraoui de sa jeunesse (repsonsable)

    Madrid, 01 fev 2011 (SPS) Le représentant du Front Polisario en Espagne, Bucharaya Beyoun a critiqué lundi la politique menée par le gouvernement marocain visant à nettoyer les territoires occupés du Sahara Occidental de sa jeunesse.

    Dans une interview à la radio espagnole, San Borondon, Bucharaya a relevé la situation qui prévaut dans les territoires occupés du Sahara occidental, estimant que « le Maroc cherche par tous les moyens à nettoyer le territoire de ses forces juvéniles, y compris l’épuration ethnique ».

    Dans ce contexte, le diplomate sahraoui a déclaré que le Maroc a lancé une campagne médiatique, selon laquelle plusieurs jeunes sahraouis sont recherchées par la justice marocaine, afin de les encourager à quitter leur pays vers les Iles Canaries ou la Mauritanie ».

    « Le Maroc poursuit la même politique de répression, et maintient son état de siège imposé sur le territoire depuis plus de 35 ans afin d’empêcher l’accès des observateurs internationaux et des médias au Sahara occidental et ceux qui réussissent à pénétrer sont expulsés immédiatement », a-t-il ajouté. (SPS)