Mois : février 2011
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Révolte alaouite?
Je vis avec une satisfaction infinie les évènements traversés dans les derniers jours par le monde arabe. Mais je suis aussi consciente de ses limitations et sa résistance à long terme.Je ne peux éloigner de mes souvenirs ce pays avec lequel nous avons tellement de choses en commun, qui se trouve à 14 km seulement de l’Espagne, dans cette frontière où se trouve le contraste des rentes per capita le plus grand du monde : le Maroc.Il est beaucoup plus difficile de voir une révolte populaire au Maroc comme celle de la Tunisie ou l’Egypte, parce que le régime de Mohamed VI a très bien fait ses devoirs en tant qu’oppresseur et dictateur qu’il est, a préparé son terrain des trois manières fondamentales:Mohamed VI est non seulement le dirigent du régime dans son pays, il est non seulement le Roi dans une monarchie très ancienne, il est le représentant de Dieu sur terre, et en tant que tel, l’affronter c’est affronter, en quelque sorte, l’Islam. Par conséquent, l’on ne peut l’éloigner, sans créer un réel débat profond entre croyances religieuses et justice sociale.Deuxièmement, depuis qu’il a pris le pouvoir il y a plus d’une décade, il a gagné l’estime du peuple grâce à la publicité mensongère, c’est-à-dire, comme Franco a utilisé le journal NO-DO pour vendre les bontés du régime au peuple, Mohamed VI utilise les médias pour s’afficher en protagoniste des améliorations en infrastructures, santé, etc. Mais le peuple continue à être pauvre et les ministères les plus importants, comme celui de l’économie et intérieur, sont encore entre ses mains. Les politiques (théoriquement, il y a une démocratie) portent la responsabilité des pénuries que le peuple traverse.Troisièmement, le régime s’est très bien occupé de maintenir les opposants, syndicats et démocrates bien occultes, à travers la prison, le passage à tabac, les menaces ou les disparitions.Le manque d’information sur la population marocaine est aussi une clef de sa permanence au pouvoir, non seulement maintenir l’analphabétisation du peuple pour ainsi pouvoir mieux le manipuler fait partie de sa stratégie, mais aussi les marocains ignorent des sujets de grande importance comme le fait que Mohamed VI a hérité de son père Hassan II, lui et non pas le peuple, les 50 milliards de dollars qu’il avait dans une banque suisse, comme ils ignorent que le régime dépense presque 2 millions d’euros par mois pour maintenir plus de 150.000 soldats chargés de garder la deuxième muraille la plus longue du monde, celle qui sépare le peuple sahraoui (peuple du Sahara Occidental, ndds) entre le Maroc et l’Algérie; en plus des subventions reçus par les marocains qui fixent leurs domiciles dans ce territoire en vue d’un éventuel référendum d’indépendance.Malgré ça, la révolte au Maroc est égale ou encore plus nécessaire que celle des pays voisins, puisque un loyer d’une maison modeste coûte 150 euros et le salaire moyen est de 180 euros, plus de 50% des jeunes se trouvent au chômage, même s’il n’y a pas de données officielles, un autre exemple significatif est qu’une radiographie coûte 100 euros.A Casablanca ou à Rabat, ss trouvent les jeunes mécontents, qui ont accès à Internet, et font partie des centaines de millions de personnes qui avons l’espoir de créer un autre monde meilleur, ceux qui exigeons un autre monde plus juste, une autre alter globalisation, nous sommes connectés entre nous, et cet article fait partie de la lutte globale menée pour, en fin, nous rebeller contre ce qui répriment et perpétuent la misère de notre civilisation actuelle. Rien n’est pour toujours, tout change, ce que nous voyons n’est que le cours de l’histoire.Entre temps, Mohamed VI a voyagé, en urgence et en cachette, à son château de Paris avec ses conseillers et, selon certains, pour aussi demander le soutien de son allié inconditionnel Sarkozy.Sara Doval, Militante de IU et I.R.Avila 03/02/11La mirada incomoda, 3/02/2011 -
Documents français déclassifiés sur le conflit du Sahara Occidental
Journal en Mauritanie ou autour: 27 Janvier-4 Février 1972 & 6 Février 1982Pour la première fois de son histoire, le Conseil de sécurité des Nations unies est réuni en Afrique & Arrestation de ses prédécesseurs par le lieutenant-colonel Ould Haïdalla
Du 28 Janvier au 4 Février 1972, se tient une session du Conseil de sécurité des Nations Unies à Addis-Abeba. L’Assemblée générale l’a réclamée en Décembre, sans s’accorder sur le lieu ; le président en exercice mensuel du Conseil, le représentant de la Somalie, a pressé l’exécution de la résolution pour que la réunion ait lieu pendant son mandat. Les difficultés financières graves de l’organisation rendent très réticents la plupart des « occidentaux ». Le 11 Janvier, les Africains ont gain de cause, une sous-commission est nommée, le siège de l’O.U.A. l’emporte facilement. Kurt Waldheim qui vient de succéder au secrétariat général à U Thant, a été séduit par la proposition, puis l’insistance de Moktar Ould Daddah.Cette session – de grand retentissement par le seul fait du lieu où elle est tenue – doit examiner principalement le bilan d’un mandat. Celui qu’avait reçu le président de la République Islamique de Mauritanie de ses pairs africains, le 23 Juin 1971 en étant élu à la tête de l’organisation panafricaine (Le Calame du 20 Juin 2007 – chronique anniversaire des 21-23 Juin 1971). Deux missions étaient alors données à Moktar Ould Daddah : celle de démontrer aux grandes puissances « occidentales » leurs responsabilités dans les impasses de la décolonisation en Afrique, et celle d’avancer vers la paix au Proche-Orient, puisque la « mission Jarring », malgré trois ans d’efforts d’un bon négociateur et l’implication, pour une fois, des membres permanents du Conseil de sécurité, n’aboutit pas.
De la première mission, le président mauritanien s’était personnellement et aussitôt chargé : il en avait longuement rendu compte au Conseil de sécurité devant l’Assemblée générale des Nations Unies le 24 Septembre 1971. L’ancien système colonial n’est pas éradiqué en Afrique, il est même – là où il se maintient – sans commune mesure matérielle ni idéologique avec ce qu’il fut avant le mouvement d’émancipation des années 1960. L’apartheid en Afrique australe, la Namibie, le Zimbabwe et les territoires administrés par le Portugal en sont l’objet et l’illustration. Moktar Ould Daddah le relate ainsi dans ses mémoires : « Pour accomplir cette dernière mission et, accompagné des ministres des Affaires Etrangères d’Algérie, du Cameroun, du Kenya, du Mali, de la Mauritanie, de Zambie, du Secrétaire général de l’O.U.A. et de son adjoint, enfin du Secrétaire général de la Présidence de la République Islamique de Mauritanie, j’effectue le plus long périple qu’un président en exercice de l’O.U.A. ait jamais entrepris. Ainsi, en trois phases, je visite treize pays à travers trois continents autres que le nôtre : l’Amérique, l’Europe et l’Asie. Les treize pays visités sont les Etats-Unis, le Canada, l’Islande, la Suède, la Norvège, la Finlande, le Danemark, la Hollande, la Belgique, la Grèce, la Suisse, la Turquie et le Japon. Dans chacune des treize capitales visitées, ma méthode de travail est la même : je rencontre les Chefs d’Etat et les principaux responsables politiques. Je leur expose l’objet de ma mission, en adaptant chaque fois mon exposé à mes interlocuteurs : poids spécifique de leur pays, ses engagements internationaux, ses possibilités d’influencer positivement le Portugal, l’Afrique du sud et la Rhodésie. Comme la grande majorité des pays visités sont membres de l’O.T.A.N., je mets en cause l’aide – directe ou indirecte – de ces pays au Portugal qui, détournant les moyens de l’O.T.A.N., s’en servent pour écraser les luttes de libération nationale dans ses colonies : Angola, Mozambique, Guinée-Bissau. Et je leur demande, au nom de l’Afrique martyre, sinon de supprimer cette aide, du moins de la réduire le plus possible. Je leur demande également de conseiller aux Portugais de décoloniser, aux Sud-Africains et aux Rhodésiens de mettre fin à l’apartheid. Aux uns et aux autres de limiter leurs relations économiques avec l’Afrique du Sud et le Portugal. Même si je semblais prêcher dans le désert, mes interlocuteurs entendaient, tout de même et pour la première fois peut-être, le son de cloche africain. Tous, en tout cas, promirent – du bout des lèvres probablement, et par politesse diplomatique – d’agir dans le sens que je leur suggérais..»
De la seconde, afin de ne pas avoir à se rendre en Israël, Moktar Ould Daddah se décharge physiquement mais pas moralement sur le président Senghor . Ce dernier accompagné de ses homologues zaïrois (Mobutu Sese Seko), nigérian (Yakubu Gowon) et camerounais (Ahmadou Ahidjo) fait à deux reprises en Novembre 1971 la navette entre Le Caire et Jérusalem : il est question de zones démilitarisées, de force internationale à Charm-el-Cheikh et d’une négociation directe entre les deux pays pour fixer les frontières.
Au Conseil de sécurité, dès l’ouverture de la réunion d’Addis-Abeba, Moktar Ould Daddah demande qu’en matière de décolonisation, le Conseil joue le rôle jusque là dévolu aux comités et conseils spécialisés, et notamment que ses cinq membres permanents prennent en main directement la Namibie et la Rhodésie. L’accord anglo-rhodésien devrait être invalidé et Portugal comme Afrique du sud suspendus de l’Organisation mondiale. Enfin, il réclame la création d’un fonds d’aide à ceux qui luttent contre les discriminations raciales. A peine de retour à Nouakchott, Moktar Ould Daddah reçoit, le 29 Janvier, Gunnar Jarring : ce dernier est en charge de ce que l’on n’appelle pas encore le processus de paix au Proche-Orient, et sa mission dure déjà depuis plus de trois ans. L’Egypte de Sadate n’a pas encore vraiment vécu la disparition de Nasser, le Premier ministre jordanien est assassiné, les Palestiniens ne sont guère reconnus en tant que tels que par la Mauritanie… et il faudra la guerre-éclair d’Octobre 1973 pour que les complexes d’infériorité (arabes) et de supériorité (israéliens) le cèdent un peu au réalisme. En conclusion de sa mission et aussi de la session du Conseil de sécurité, le 12 Février 1972, la presse sénégalaise, très reprise, rapportant l’opinion du président Senghor, l’échec de la mission des « sages africains » risque d’être imputé aux Israéliens, si ceux-ci ne bougent pas.
Quant à la décolonisation du continent, elle s’articule de la façon la plus cynique : dialoguer ou pas avec le régime de l’apartheid ! Pour Moktar Ould Daddah, le dialogue avec Pretoria a été refusé au sommet de l’O.U.A. par 28 voix contre 5 et il ne peut se faire que selon le manifeste de Lusaka. Echec ? et notamment de Moktar Ould Daddah. Non, car de cette année de présidence mauritanienne de l’O.U.A. et de cette session du Conseil de sécurité à Addis-Abeba date le lien – décisif – entre la libération du continent noir et le règlement de la question de Palestine. Désormais, les Arabes vont s’intéresser aux Etats et aux problèmes sub-sahariens, en diplomatie et en finances. Ecrivant le 23 Février à son homologue, Léopold Sedar Senghor observe : « Vous êtes un militant passionné de l’arabisme, tout comme je suis un militant non moins passionné de la négritude. Il en résulte que – comme je l’ai souvent dit – l’arabisme et la négritude ne sont pour moi, pour nous Sénégalais, que les deux aspects complémentaires de l’africanité ». Surtout, l’unité au sommet est maintenue, ce qui ne sera plus le cas des réunions annuelles à partir de 1976, d’abord du fait de la question saharienne, puis à nouveau pour divergences profondes sur l’avenir de l’Afrique australe : le clivage « progressistes-modérés » qui avait été surmonté en 1963, renaît, s’installe. Il n’y aura cependant pas de relation avec le régime afrikaner, et l’Afrique du sud ne devient membre de l’O.U.A. (53ème) que le 25 Mai 1994, intégrant juste ensuite (le 31) le Mouvement des non alignés (109ème membre), qu’une fois abattu l’apartheid et acquise l’indépendance de la Namibie.
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Le 6 Février 1982, déjà arrivé à l’aéroport pour s’envoler vers Nairobi et y participer à un « mini-sommet » de l’O.U.A. sur le Sahara (Sahara Occidental, ndds), Mohamed Khouna Ould Haïdalla – au pouvoir depuis trente mois –, annule au dernier moment son voyage. Il fait arrêter, dans la soirée, l’ancien président du Comité militaire et chef d’Etat, le colonel Mustapha Ould Mohamed Saleck, nominalement la tête des putschistes du 10 Juillet 1978, l’ancien Premier ministre civil Sid’Ahmed Ould Bneijara, qu’il avait lui-même chargé de transition démocratique en même qu’était publié un projet de Constitution, le 17 Décembre 1980, et Baham Ould Mohamed Laghdaf, ancien ministre de Moktar Ould Daddah, puis des putschistes et leur ambassadeur au Maroc. Tous trois sont accusés d’avoir tenté un coup d’Etat, mais aucune indication sur le déroulement de la tentative ni sur les intentions des conjurés n’est ni ne sera jamais donnée. Le procès ne l’élucidera pas, tenu à huis-clos. Ils devaient enlever l’homme fort au moment où celui-ci monterait dans son avion. Thèse officielle : la « tentative isolée (de personnes) mues par l’ambition ». Le 13, quelques comparses, arrêtés dans le cadre de l’enquête ouverte après la découverte du complot, dont un des conseillers d’Ould Haïdalla, sont libérés mais Mustapha Ould Mohamed Saleck ne le sera qu’à la suite du renversement de son ancien co-équipier. Le 6 Mars, les « conjurés » sont condamnés à dix ans de prison ferme, par une Cour militaire spéciale constituée pour la circonstance. Son président, le commandant Sow Samba, expose sans émotion que les condamnés « sont soumis à un régime de détention sévère, ne voient jamais le jour et n’ont contact qu’avec la personne qui leur apporte la nourriture ». Co-accusé, l’exécutant supposé : l’adjudant Be Ould Bneijara, un temps responsable de la section des blindés à l’aéroport de Nouakchott. C’est le frère de l’ancien Premier ministre.
Pour Mustapha Ould Mohamed Saleck , cette voie de fait, lui ayant valu près de trois ans d’incarcération et de traitements particulièrement indignes, est demeurée inexplicable. « La raison de mon arrestation, je ne saurai la dire. Après ce que j’ai vécu de ma première expérience du pouvoir… et après l’avoir quitté délibérément et publiquement… qu’est-ce qui m’aurait bien poussé, à vouloir chercher à le reprendre … et de quelle manière ? Ayant des forces à ma disposition, disposant de tous les moyens nécessaires je n’avais pas voulu rester au pouvoir … pourquoi ? un beau jour, et si peu de temps après, peut-on penser que je suis en train d’organiser clandestinement un putsch ? Cela me surprend d’autant plus que le Président en place était une personne pour laquelle j’avais beaucoup d’estime, officier de valeur que j’avais soutenu à plusieurs moments de sa carrière, et que je croyais jusque là m’être des plus fidèles. Je rappelle, par ailleurs, que c’était le premier du collège à s’être fermement opposé à ma démission. – Donc, l’accusation de complot est inexplicable ? – Tout à fait inexplicable ! Le soir où ils sont venus m’arrêter, je me préparai pour me rendre, vers quatre heures du matin, à mon domicile, à soixante kilomètres au nord de Kiffa. La voiture était là, il y avait des jerricanes d’essence et mes bagages prêts à être embarqués. J’étais très loin de préparer un coup d’Etat. C’était une véritable mascarade montée de toutes pièces. Malheureusement, le régime de l’époque vivait dans la peur. D’autres, profitant de pareille situation, vivaient, eux, de renseignements colportés auprès des services secrets et du chef de l’Etat. Elles étaient souvent fausses. Je crois que les Mauritaniens se souviennent bien du climat particulièrement délétère qui a marqué cette période-là. Réfléchissez bien. Baham, Bneijara et moi, de quel coup d’Etat, étions-nous capables ? qui étions-nous pour pouvoir mener un projet d’une telle ampleur ? à son terme. – Et vous aviez gardé des relations avec… pas seulement d’amitié, mais de conseil politique…, avec Haïdalla après votre départ du Comité ? –Haïdalla demandait régulièrement de mes nouvelles, manifestait beaucoup de disponibilité à mon égard, avait donné instruction à ses collaborateurs de me faciliter son accès. Il m’est arrivé de l’avoir au téléphone ou de lui envoyer des notes écrites. Ce à quoi il a toujours répondu avec beaucoup d’égards. Mais je ne l’ai jamais revu directement, ni cherché à le voir, jusqu’à mon arrestation. D’ailleurs, je n’étais que très rarement à Nouakchott. »
Autant la tentative du 16 Mars 1981 est avérée, autant toutes celles qui suivirent – qualifiées très diversement et toujours considérées comme inspirées ou financées par l’étranger – semblent avec le recul avoir surtout pour origine des rumeurs, concernant le plus souvent des collaborateurs ou des anciens collaborateurs du lieutenant-colonel au pouvoir. Une seule ensuite sera, elle aussi, avérée : le coup d’un autre ancien Premier ministre de Mohamed Khouna, Maaouya Ould Sid’Ahmed Taya, qui réussira.
Pprochaines productions de documents diplomatiques français,
Le 8 Février 2011 : la Mauritanie du point de vue militaire au début de la guerre du Sahara
Le 15 Février 2011 : la Mauritanie indépendante, première annéeprochaine chronique anniversaire, à paraître le 22 Février 2011 : 25 Février 1905 – décret portant délimitation du Territoire civil de la Mauritanie et du Sénégal
24-26 Février 2006 – démarrage de la production de pétroleNotes:
– Moktar Ould Daddah, La Mauritanie contre vents et marées (Karthala. Octobre 2033. 669 pages) disponible en arabe et en français. p. 441
– les dix Sages chargés d’aider les Nations Unies dans la recherche de solutions au Proche-Orient étaient, outre le nouveau Président en exercice de l’O.U.A., les présidents du Cameroun, du Kenya, du Zaïre, de la Côte d’Ivoire, de la Tanzanie, du Sénégal, du Liberia, du Nigeria et de l’Ethiopie– extraits de son discours d’ouverture de la session du Conseil de sécurité :
“… L’événement, c’est qu’aujourd’hui, du fait que le Conseil de Sécurité ait choisi de venir ici chercher les moyens pratiques de mettre en application les nombreuses résolutions et décisions sur la décolonisation et l’apartheid qui jalonnent la longue carrière de l’Organisation des Nations Unies, Addis-Abeba soit devenu aussi le point de mire de tous ceux qui, de par le monde, ont commencé à douter des aptitudes, si ce n’est de la détermination de la communauté internationale, et surtout, des membres permanents du Conseil de Sécurité, de traduire dans les faits les généreux principes pour lesquels l’Organisation des Nations-Unies a été créée … Comment pouvait-il en être autrement puisque la somme de quelques 128 résolutions votées depuis 1960 par le Conseil de Sécurité et l’Assemblée Générale sur la décolonisation et l’apartheid concerne presque exclusivement les peuples africains ? Comment pouvait-il en être autrement dès lors que les divers Comités et Conseils chargés de veiller à l’application de ces résolutions avaient le mandat particulier d’aider les Africains dans leur juste lutte contre les divers tenants de la domination étrangère et de la discrimination raciale ? …
… L’Afrique reste la seule région du monde dont plus du dixième de la population est encore soumis au joug colonial et à la discrimination raciale …
… Ne somme-nous pas fondés à espérer qu’ici, plus proche que ne l’est New-York de ces réalités que sont le colonialisme, et la discrimination raciale, se déclencherait l’étincelle qui, hors des divergences d’intérêt entre les Grands souderait une fois peut-être, leur détermination d’agir en commun et plus efficacement que par le passé, pour offrir aux derniers africains qui n’en jouissent pas encore, ces droits élémentaires que sont l’indépendance, la liberté et l’égalité avec les autres hommes ? …
…. Pour être élémentaires, des concepts comme la liberté, l’égalité, énoncés sous d’autres cieux, n’évoquent pas toujours, comme c’est encore le cas en Afrique, les réalités quotidiennes et palpables, de souffrance, d’humiliation, de brutalité et d’injures, réalités qui marquent, chaque jour, le cœur et la chair des hommes en Angola, au Mozambique, en Guinée Bissau , aux Iles du Cap-Vert, au Zimbabwe, en Namibie et en Afrique du Sud, par exemple …
… Ce sont là des faits suffisamment dénoncés et stigmatisés par les africains autant que le sont aujourd’hui les responsabilités individuelles des Etats qui, activement ou passivement, contribuent à renforcer la puissance négative du Portugal, de la minorité blanche de Rhodésie ou du Gouvernement Sud-Africain contre les intérêts des peuples de notre continent
… L’O.U.A. propose formellement qu’un Conseil groupant des membres du Conseil de Sécurité parmi lesquels nécessairement les cinq membres permanents, soit chargé de l’administration de la Namibie et prenne toutes les dispositions pour assurer effectivement cette administration …
… A cette décision qui inscrirait dans la longue histoire de la décolonisation une de ses dates les plus marquantes, nous autres africains trouvons un avantage de poids : c’est qu’elle signifierait un renouveau d’espérance non seulement pour le peuple de la Namibie, mais encore pour tous les autres qui, en Afrique du Sud, en Rhodésie, dans les colonies portugaises, luttent avec acharnement pour affirmer leur dignité et recouvrer leur liberté …
… Au nom de l’Organisation de l’Unité Africaine, au nom de tous les peuples et gouvernements africains, je vous souhaite, Monsieur le Président, Messieurs les membres du Conseil de Sécurité, plein succès dans vos délibérations, afin que cette session d’Addis-Abeba trouve, aujourd’hui, dans le cœur des hommes qui souffrent et demain, dans l’Histoire, une juste place parmi les grands événements qui ont amélioré la condition humaine.”– Débattue du 21 au 23 Juin 1971, la proposition de Félix Houphouët-Boigny de dialogue avec Pretoria avait été rejetée par 28 voix contre 6 (Gabon, Côte d’Ivoire, Lesotho, Madagascar, Malawi, Maurice) et 5 abstentions (Haute Volta, Dahomey, Niger, Togo, Swaziland). En Conseil des ministres précédent, du 15 au 19 Juin, avait été rejetée par 27 voix contre 4 (Lesotho, Malawi, Madagascar et Swaziland) « l’idée d’un dialogue quelconque avec le régime sud-africain qui n’aurait pas pour but unique d’obtenir pour le peuple opprimé de l’Afrique du Sud la reconnaissance de ses droits légitimes et imprescriptibles et l’élimination de l’apartheid, conformément au manifeste de Lusaka » et il avait été affirmé que « tout acte en vue de trouver une solution aux problèmes du colonialisme doit se situer dans le cadre de l’O.U.A. et selon ses directives ». Du coup, le ministre ivoirien des Affaires étrangères quitte la conférence à la suite de heurts sur l’ordre du jour libellant sa proposition : « implications de la proposition de dialogue avec le régime minoritaire qui est contraire aux décisions de l’O.U.A. à l’égard de l’Afrique du Sud », alors qu’Abidjan avait proposé : « rapport entre la paix par la neutralité proposée par la Côte d’Ivoire, le manifeste de Lusaka et le non-alignement tel que le pratiquent certains Etats : leur implication sur le devenir de notre continent »
– Clivage particulièrement marqué, en Juillet 1976, au sommet de Port-Louis (Maurice) : participation de 20 chefs d’Etat seulement, et en Juillet 1980, à Freetown, présence de 16 Chefs d’Etat et 8 chefs de gouvernement, absence remarquée du Gabon– Entretien à Nouakchott, le 23 Avril 2006 – publié par Le Calame le 22 Juillet 2008
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Sahara Occidental : 35 ans d’exil
Depuis l’automne 1975, 200.000 Sahraouis sont réfugiés dans le Sud-Est algérien, un désert aride écrasé de soleil.Prisonniers d’une situation politique confuse, qui mêle Maroc, Algérie et communauté internationale, ils survivent tant bien que mal.Située au sud du Maroc, à la frontière entre le Maghreb et l’Afrique noire, l’ancienne colonie espagnole du Sahara occidental est le dernier pays d’Afrique à n’avoir pas encore accédé à l’indépendance.En 1973, les Sahraouis créent un mouvement de libération nationale : le Front Polisario, qui aujourd’hui encore lutte pour l’indépendance. Lorsqu’en 1975 le Maroc et la Mauritanie envahissent le pays, la plupart des Sahraouis fuient vers l’Algérie. Exilés, ils s’installent dans des campements de réfugiés près de Tindouf. En février 1976, en pleine guerre, le Front Polisario proclame la République arabe sahraouie démocratique (RASD).Ce n’est qu’en septembre 1991 qu’un Plan de paix est adopté par le Conseil de sécurité des Nations Unies. L’ONU envoie une mission sur place, la Minurso, chargée de surveiller le cessez-le-feu et d’organiser un référendum d’autodétermination.Mais à l’heure actuelle, le référendum n’a toujours pas eu lieu et le Sahara occidental reste occupé.Seize ans de guerre ont déchiré les Sahraouis après l’invasion de leur territoire, en 1975, par le Maroc et la Mauritanie. Lorsqu’en 1979 la Mauritanie se retire du conflit, le Maroc tente d’endiguer la progression des soldats sahraouis en construisant des murs de protection.Ces murailles placées sous haute surveillance existent toujours. Sur la carte, ils apparaissent en rouge et marquent la frontière entre les territoires occupés par le Maroc – à l’ouest de cette ligne – et les territoires dits « libérés », reconquis par les Sahraouis – à l’est.Les campements de réfugiés sont situés côté algérien, à la frontière avec les zones libérées. -
12.000 jeunes demandent à Mohamed VI dans Facebook d’annuler la Constitution
« J’ai reçu des appels anonymes en me menaçant de mort », déclare au téléphone Oussama El Khlifi, un Marocain chômeur de 23 ans, tête visible d’un appel dans Facebook convoquant des manifestations le 20 février dans les villes principales du Maroc. « Il est clair qu’il y a des gens à qui l’initiative ne plaît pas », appel qui a reçu l’appui de 12.000 internautes, selon lui.Les meneurs demandent, dans des termes très modérées, au roi Mohamed VI de « annuler la Constitution actuelle », dont l’article 19 lui octroie un pouvoir presque absolu; qu’il prenne des mesures pour lutter contre la corruption et qu’il libère les prisonniers de conscience.Les jeunes qui revendiquent des changements ne sont pas les seuls a activer sur le réseau. Durant quelques heures une autre convocation a aussi circulé pour célébrer, ce dimanche à Casablanca, une Marche de l’Amour et de la Fidélité à Sa Majestad Roi Mohamed VI.À la fin, elle a disparu et il ne reste qu’une autre initiative qui demande aux usagers marocains de Facebook de substituer leur photo dans le profil du réseau social par celle du monarque, le 14 février, jour de la Saint Valentin.Le Gouvernement marocain a réagi hier, pour la première fois, à cette effervescence dans le réseau. Son porte-parole, Khalid Naciri, a déclaré à la fin du Conseil des Ministres : « Les appels à se manifester qui surgissent à travers quelques webs d’Internet sont vus avec beaucoup de sérénité ».« Que les citoyens puissent s’exprimer est quelque chose qui ne nous gêne absolument pas à condition de respecter la légalité et les intérêts suprêmes et vitaux de notre pays », ajouta-t-il en parlant de la monarchie, la religion et l’appartenance du Sahara Occidental au Maroc.Outre les jeunes, un des principaux intellectuels marocains, l’écrivain Abdellatif Laabi, qui n’était pas spécialement critique avec le système, a fait hier aussi un appel : « Disons-le haut et fort, aucun pays arabe ne peut se soustraire à ce mouvement qui s’est fixé comme objectif finir avec le royaume de l’acte de l’arbitraire ».Un ex-capitaine des Forces Armées, Mustafa Adib, qui a été inculpé pour dénoncer la corruption dans ses rangs, s’est animé aussi à faire un double appel au monarque, lui instant de modifier la Constitution, et à ses anciens compagnons d’armes, de ne pas réprimer les manifestations hypothétiques, selon lui, qui auront lieu dans un bref délais.Ignacio CembreroEl Pais, 04/02/2011Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui -
Protestations au Maroc; Rabat appelle ses troupes du Sahara
Malgré la réponse policière brutale aux protestations de dimanche à Tanger, des centaines de manifestants ont protesté aujourd’hui à Rabat. Au fur et à mesure que de nouvelles protestations sont annoncées, le Maroc a rappelé une partie de ses troupes déployées au Sahara Occidental, a appris Afrol News, pour réduire l’éventuelle révolte.Tel qu’a rapporté Afrol News aujourd’hui, les forces de sécurité marocaines sont brutalement intervenues dimanche pour disperser une protestation organisée par « ATTAC Maroc », association de la ville marocaine de Tanger, où l’on protestait contre la dégradation des conditions sociales et la flambée des prix des denrées alimentaires basiques au Maroc.Selon des témoins oculaires, les forces de sécurité ont utilisé des matraques et des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants qui s’étaient réunis sur la place des Nations à Tanger, où les manifestants ont fait chorus aux consignes de solidarité avec les peuples tunisien et égyptien, ainsi qu’au droit au travail, au logement et une vie digne et pour condamner la politique menée par le gouvernement marocain.Mais les manifestants marocains ne se sont pas considérés vaincus, malgré la réponse brutale des forces de sécurité dimanche à Tanger. Aujourd’hui, la scène des protestations a été la capitale du pays, Rabat, avec des manifestations de solidarité face à l’Ambassade d’Égypte au Maroc, et où des centaines de manifestants ont fait chorus aux consignes en solidarité avec leurs voisins en Égypte.Les convocations des protestations sont à chaque fois plus grandes au Maroc, au fur et à mesure que le régime se montre de plus en plus inquiet. Le roi Mohammed VI se réunissait le week-end passé avec sa coupole militaire et des fonctionnaires du gouvernement français dans son palais privé dans les banlieues de Paris pour parler de la situation de sécurité au Maroc face à la grande vague de révolte que le Nord de l’Afrique vit et qui menace, de plus en plus, d’arriver au Maroc.Pendant que la tension monte au Maroc, Rabat a appelé une partie de ses troupes déployées au Sahara Occidental occupé pour être déployées au Maroc en prévision d’une éventuelle révolte populaire, comme ont confirmé à Afrol News des sources officielles sahraouies.À son tour, la relocalisation des troupes marocaines peut laisser au Sahara Occidental – territoire occupé par le Maroc et dont la population est toujours prête pour la révolte contre le pouvoir d’occupation – une nouvelle révolte possible dans les territoires. Les forces de sécurité marocaines stationnées au Sahara Occidental sont connues par leur usage d’une grande brutalité contre la population civile sahraouie, et la descente de ces forces de sécurité pourrait présager une nouvelle tentative de marche sahraouie contre le Maroc.Par l’équipe d’Afrol NewsAfrol News, 01/02/2011Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui -
Nouvelle arrivée de sahraouis en Espagne à bord d’un zodiac
Groupe arrivé en janvier Un nouveau groupe de sahraouis fouillant la répression est arrivé mercredi aux ïles Canaries à bord d’un zodiac provenant de la ville d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupé apr le Maroc. Parmi le groupe composé de 25 à 30 personnes se trouve une femme et deux ou trois mineurs.Une nouvelle épreuve pour le gouvernement espagnol qui devra affronter de nouvelles demandes d’asile dont l’éventuelle admission serait très mal vue par Rabat à moins que ce dernier ne soit derrière ces fuites pour vider le territoire sahraouis des jeunes qui ne cessent de participer à des manifestations contre l’occupation marocaine.Pour rappel, le Tribunal de Strasbourg vient de demander à Madrid d’annuler l’expulsion de 13 sahraouis dont la procédure d’asile a été rejetté par l’Audience Nationale espagnole. -
Egypte, Sahara Occidental : des tueries à huit clos
Moubarak a tourné le dos aux appels de la communauté internationale à une transition immédiate du pouvoir.Mercredi, le régime a mobilisé ses nervis pour attaquer la Place Al-Tahrir, où les manifestants persistent et signent. Des pro-Moubarak et la police secrète habillée en civil ont envahi la place pour faire cesser la révolte. A dos de chevaux et de chameaux, ont chargé les manifestants contre le pouvoir, les frappant à coups de bâtons et les traînant au sol. La bataille s’est déroulée sous l’œil presque indifférent de l’armée égyptienne qui affirmait une fois de plus sa neutralité.Vu l’intensification des appels au départ du président égyptien Hosni Moubarak, ce dernier a recouru à travers ses proches collaborateurs à un plan diabolique comprenant une série de méthodes pour avorter la révolution égyptienne et rester au pouvoir. Parmi les méthodes utilisés :– Engagement de policiers habillés en civil et des voyous recrutés par les services de sécurité de Moubarak pour créer un climat de peur et d’anarchie, commettre des actes de pillage, de vols, pour terroriser les égyptiens, particulièrement les manifestants pour qu’ils renoncent à leurs revendications. Des manifestants ont arrêté des personnes avec des documents attestant de leur appartenance aux services de sécurité.– La chasse aux journalistes et blocage des moyens de communication, notamment internet. Les journalistes sont expulsés de force de la place Tahrir (libération) pour la transformer en bain de sang.– Attribution de la révolution à des « mains étrangères » et à des islamistes pour ternir la réputation des citoyens égyptiens afin de les accuser de travailler au bénéfice des étrangers.C’est une option à laquelle a déjà eu recours le roi Mohamed VI au Maroc et au Sahara Occidental contre les activistes des droits de l’homme qui se sont rendus aux camps de réfugiés sahraouis et en Algérie pour participer à des actes de solidarité avec le peuple sahraoui, ainsi qu’à Prétoria pour participer au Festival International de la Jeunesse.Les manifestations au mois de novembre à El Aaiun, capitale occupé du Sahara Occidental, pour protester contre le démantèlement violent du camp de Gdeym Izik, ont été violemment agressées par la foule de policiers marocains en civil et des colons embrigadés par le régime pour mater la proteste sahraouie.Scénario pareil dans le tribunal de Casablanca pour agresser les activistes étrangers venus témoigner sur les procès contre le groupe de Tamek Ali Salem. De cette manière, le tribunal reporte, à chaque fois, le procès pour maintenir ces sahraouis en prison sans les condamner.Les régimes criminels ont recours à des actes criminels devant la condamnation internationale. De la sorte, le régime génocidaire marocain a fait tomber à l’eau son propre plan d’autonomie en rendant impossible toute convence entre sahraouis et marocains. -
Hans-Christian Stroebele : « Les ressources du Sahara Occidental ne doivent pas devenir une malediction pour les sahrouis »
Intervention de M. Hans-Christian Stroebele, vice président du groupe Les Verts, au Bundestag, le 27 janvier 2011Les deux motions soumises évoquent les chicanes et les violations des droits de l’homme par les autorités marocaines au Sahara occidental Elles font état de la situation insupportable dans laquelle se trouve une grande partie du peuple sahraoui depuis des décennies et elles font remarquer que l’état marocain refuse constamment d´appliquer la résolution 690 qui date de 1991.Depuis les années 70, je suis attentivement la lutte du Frente Polisario pour la liberté, à l’époque contre la colonisation espagnole. Nous avons essayé de soutenir cette lutte de manière solidaire. Comme député au Bundestag, je m’occupe de la situation très difficile (désespérée) des Sahraouis et du problème non résolu du statu politique et juridique du Sahara Occidental. La répression par l’état marocain a augmenté constamment, tout comme l’impatience et le mécontentement des sahraouis s’accentuent.Je me suis rendu au Sahara occidental. Il y a un mur de protection infranchissable qui divise le Sahara Occidental. Les 140.000 réfugiés qui y habitent dans les camps de réfugiés Sahraouis ne peuvent pas se rendre au Sahara Occidental. Les visiteurs des camps ne peuvent pas y aller. J’aurais du prendre un vol sur plusieurs milles de km, en passant par Alger, pour me rendre dans les camps des réfugiés. Je suis en contact permanent avec le représentant du Polisario. Je me suis solidarisé avec l’activiste des droits de l’homme Haidar quand elle avait fait la grève de la faim pour plus de 30 jours à Lanzarote car le Maroc lui avait refusé de rentrer dans sa patrie le Sahara Occidental. Je sais que le Polisario à suspendu la lutte armée en 1991 pour annoncer un cessez le feu car, à l’époque, l’ONU avait présenté un plan de la paix qui avait promis au peuple Sahraoui de pouvoir décider dans le cadre d’un référendum s’il souhaitait un état propre ou bien obtenir un statu autonome dans l’état marocain. Cette promesse a été confirmée par le Conseil de Sécurité de l´ONU dans sa résolution 690.Maintenant, cela fait 20 ans que les sahraouis attendent que cette promesse de la communauté internationale soit tenue. Le Maroc refuse déjà de parler sérieusement de ce référendum. Les sahraouis sont furieux et déçus, aussi de l´ONU et du Conseil de Sécurité. Ils se sentent abandonnés par la communauté internationale, par l’ONU, par l’UE et par les gouvernements des pays européens et ce, à juste titre. J’en ai également parlé aux représentants marocains, non seulement avec l’ambassadeur á Berlin mais aussi avec des marocains au Maroc. Par conséquent, je sais qu’il est devenu très difficile de solutionner le problème. Le fait d’avoir attendu trop longtemps pour la mise en application des résolutions des nations Unies a nuit beaucoup au développement des choses.Une grande partie de la population marocaine considère dorénavant que le Sahara Occidental fait partie intégrante de leur pays. Cela ne vaut pas seulement pour le roi ou pour le gouvernement. Déjà en 1975, le roi avait envoyé 350.000 colons marocains au Sahara Occidental. Plus d’un quart de siècle est passé depuis. Beaucoup a changé. Des faits ont été créés. Beaucoup de marocains vivent désormais au Sahara Occidental ce qui pose problème au niveau de l´identification des personnes ayant le droit de vote lors du référendum.L’appartenance du Sahara Occidental au Maroc a été élevée au rang de question nationale. Déjà à l’école les enfants apprennent qu’il fait partie du Maroc. Un représentant assez libéral du gouvernement marocain m’a dit qu’aucun gouvernement marocain ne serait en mesure d’accepté la séparation du Sahara Occidental du Maroc sans perdre son pouvoir. La propagande est omniprésente. Très souvent, j’ai constaté que cette idéalisation de la question du Sahara Occidental a été reprise dans les médias, par le public et par la population du Maroc. Voilà ce qui rend si difficile de trouver une solution raisonnable. Aucun Premier ministre ne veut négocier une solution qui causera sa chute. Or, cela ne veut pas dire qu’il faut récompenser le fait que l’on a fait traîner le référendum juste parce que sa mise en place est devenue encore plus difficile. Et surtout, cela ne justifie en aucun cas l’expulsion des 160.000 sahraouis de camps situés au Sahara ni la violence contre 15.000 personnes dans le camp de tentes prés de El Aaiun ni la mort de Nayem El-Garhi, âgé de 14 ans, ni l’arrestation arbitraire de sahraouis par les forces de l’ordre marocaines ni la limitation de la liberté des médias ni les violations fréquentes des droits de l’homme. Ainsi, le Maroc ne sauvegarde pas vraiment ses intérêts que nous connaissons tous car il met ainsi en jeu son prestige international. La multiplication des interdictions, la répression et les violences sont des réactions erronées aux aspirations des sahraouis pour obtenir la liberté et l’indépendance.Voilà pourquoi, nous demandons au gouvernement marocain : Ouvrez le mur de protection entre les camps de réfugiés et le reste du pays. Ce mur aussi doit tomber. Tous les sahraouis, tous les journalistes, toutes les organisations humanitaires, tous les observateurs internationaux et tous les députés doivent avoir libre accès au Sahara Occidental et pouvoir y bouger librement. Les prisons et les procédures pénales doivent respecter les standards internationaux. La liberté d’opinion et de presse doit être respectée au Sahara Occidental aussi et également en ce qui concerne les réfugiés. Répondre à ces attentes va de soi et ce serait aussi dans l’intérêt du Maroc. Ce serait une contribution judicieuse pour la désescalade. Le gouvernement fédéral doit orienter les relations germano-marocaines sur la réponse que le Maroc donne à cette demande.Le prestige et la crédibilité de l’ONU ainsi que de la communauté internationale souffrent du fait que ses résolutions sont pratiquement abrogées par le désœuvrement et le non-respect sur plusieurs années et si les droits de l’homme sont violés au lieu de les mettre en place. Pour cette raison, il appartient à l’ONU d’assumer sa responsabilité et de faire enquêter par un comité international les incidents des derniers mois, les décès, la disparition de personnes et de surveiller le respect des droits de l’homme et de jouer un rôle constructif pour solutionner le conflit. Cela signifie, qu’il faut entamer des entretiens et des négociations pour arriver à une solution politiquement acceptable par tous qui soit juste et durable. Comme membre du conseil de sécurité, le gouvernement fédéral doit prendre les devants. Les ressources halieutiques, très riches dans le passé, et les gisements de pétrole devant la cote du Sahara Occidental ne doivent devenir de malédiction mais devront représenter une opportunité pour la population souffrante des sahraouis et ils pourraient même constituer la solution. Le Maroc pourrait en profiter aussi.Le conflit lié au Sahara Occidental doit rester à l’ordre du jour jusqu’à ce qu’il soit surmonté. -
Côte d’Ivoire : Le camp Gbagbo souhaite que Choi et Bakayoko s’expliquent devant le Panel de paix de l’ONU
M. Gnamien Yao L’ambassadeur Gnamien Yao, conseiller diplomatique du président sortant de la Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, déclare dans un entretien au quotidien Le Temps qu’il serait nécessaire que le Représentant spécial de l’ONU en Côte d’Ivoire, Y.J. Choi, et le président de la Commission électorale indépendante ivoirienne, Youssouf Bakayoko, témoignent devant le Panel de paix de l’UA pour la crise ivoirienne.En effet, M. Yao estime que les membres du Panel « vont essayer de faire triompher la vérité et à partir de cet instant, tous les acteurs sont prévenus. Ceux qui accusent et qui sont accusés, et puis ceux qui ont été à l’origine de la crise ; je veux parler de M. Choi, je veux parler du président de la Commission électorale indépendante, M. Bakayoko. L’espoir de tous les Ivoiriens, c’est que le président de la CEI rentre de son « exil forcé ». Qu’il rentre de France pour venir s’expliquer et le président du Conseil constitutionnel dise sa part de vérité. C’est lorsqu’on aura entendu tout ce monde, que la vérité sera dite et que nous pourrons avoir un président de la République de Côte d’Ivoire qui sera celui de tous les Ivoiriens. Bien entendu, en ce qui nous concerne, nous pensons qu’au regard de la Constitution ivoirienne comme au regard de toute Constitution à travers le monde, le président de la République de Côte d’Ivoire, c’est Laurent Gbagbo ». -
Mme Asfari interpelle la France sur les conditions de détention des Sahraouis dans les prisons marocaines
Paris, 03 fév 2011 (SPS) Mme Claude-Mangin Asfari, épouse du militant sahraoui des droits de l’homme Naama Asfari, détenu dans les geôles marocaines, a appelé jeudi la ministre française des Affaires étrangères, Mme Michèle Alliot-Marie, à intervenir pour améliorer les « pénibles conditions » de détention de son époux et de ses camarades détenus à la prison de Salé (près de Rabat).« Madame la ministre, je vous demande d’intervenir, au nom des liens qui unissent la France au Maroc, pour améliorer les conditions d’incarcération de mon mari et de ses camarades et, en particulier, rompre l’isolement qu’ils subissent depuis bientôt trois mois », a-t-elle écrit dans un compte rendu à la ministre de sa visite « très éprouvante » de « quelques minutes seulement » qu’elle a rendue à Nama Asfari.
« Leurs conditions de détention, après leur enlèvement très violent à El-Aaiun par les forces de police marocaine, est une forme de torture psychologique incompatible avec le respect des droits fondamentaux de la personne humaine, et comme tel condamné, par le droit international humanitaire. Cela en attendant que très vite une solution politique soit trouvée et que tous retrouvent la liberté qu’ils ont déjà chèrement payée », a-t-elle poursuivi.
« Comme le montrent les témoignages recueillis par les avocats et recensés par les associations de défense des droits de l’homme, mon mari et ses camarades ont tous été torturés les jours suivant de leur arrestation et ont subi des violences pour certains jusqu’au viol.
Durant un mois, nous n’avons pas eu de nouvelles, ils étaient au secret », témoigne Mme Asfari. « Dans quelques jours, cela fera 3 mois, que 16 des 20 militants sahraouis pacifiques des droits de l’homme sont à l’isolement total les 4 autres sont ensemble car très malades », déploré Me Asfari.
« Chacun est seul dans sa cellule, sans livres, sans moyens d’écrire, sans contact avec l’extérieur en dehors de la visite hebdomadaire de 10mn d’un membre de sa famille, s’il a les moyens de payer son long voyage du Sahara occidental vers Salé, soit 200 euros à chaque voyage, alors que la plupart des Sahraouis sont au chômage », a-t-elle ajouté.
Elle a également rappelé que plus de 200 personnes, dont deux jeunes filles, sont en prison. Les trois quart ont été arrêtés depuis le 8 novembre et les arrestations se poursuivent, alors que des centaines de jeunes ont été enlevés, torturés avant d’être relâchés et de nombreux Sahraouies et Sahraouis sont morts et disparus.
« Le décompte macabre n’est pas encore possible dans cette prison à ciel ouvert qu’est le Sahara occidental, n’en déplaise aux députés du groupe d’amitié France-Maroc en visite à El-Aaiun la semaine dernière qui ont tout trouvé si beau », a ajouté Mme Asfari.
« Les principes que Monsieur Sarkozy à rappelés lundi à Addis Abeba aux chefs d’Etat de l’Union africaine ne concerneraient-ils pas les peuples sahraouis et marocains », s’est interrogée cette militante des droits de l’homme, Chevalière de l’Ordre national du mérite.
« Les propos que vous avez tenus, vous même sur France 2, affirmant que vous aviez toujours défendu les droits de l’homme où que ce soit et que mourir pour avoir la liberté était intolérable, faisaient mal à entendre quand on connaît la position française concernant le Sahara occidental depuis toujours », a-t-elle regretté.
Enfin, Mme Asfari a interpellé le gouvernement français pour appuyer la Conseil de sécurité pour la mise en place d’un mécanisme de surveillance des droits de l’homme dans le mandat de la Minurso et à l’organisation d’une enquête internationale sous l’égide de l’Onu, pour faire toute la lumière sur les exactions commises par le Maroc au Sahara occidental.(SPS)