Mois : février 2011

  • De Gdeym Izik à Sidi Bouzid : la victoire du peuple sahraoui est inéluctable

    Le 8 novembre 2010, le gouvernement marocain donna l’ordre à ses forces de sécurité de démanteler le camp de Gdeym Izik, installé quatre semaines auparavant à 15 km d’El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental pour protester contre la déterioration de leur niveau de vie.

    L’assaut contre ce camp marqua une nouvelle étape dans les politiques des USA et de l’UE envers le Maroc. Etant donné que le conflit du Sahara Occidental se place au premier rang des priorités marocaines, l’opinion internationale est devenue plus que jamais avec Rabat. Par conséquent, toute une série de facteurs sont devenus la base sur laquelle les nouvelles règles d’engagement politique sont amorcées.

    Jusqu’à l’agression de Gdeym Izik, les soulèvements dans les territoires occupés étaient considérés comme une affaire interne du Maroc. En maintenant un contrôle stricte sur les habitants de la région, Rabat réussissait à contrôler la diffusion médiatique qui pouvait éventuellement endommager l’image du Maroc. Similaire à l’occupation israélienne de la Cisjordanie palestinienne, le gouvernement marocain contrôle entièrement l’accès au Sahara Occidental en empêchant l’accès des journalistes et des représentants d’organisations internationales au territoire.

    Les affrontements de la population aux forces de sécurité entamés au Camp de Gdeym Izik, se sont avérés un tournant dans l’histoire du conflit entre les sahraouis et le Maroc. Ce qui était une manifestation pacifique contre le chômage et les lacunes des services sociaux est devenu un affrontement à grande échelle entre les forces de sécurité marocaines et les campistes de Gdeym Izik, aboutissant à la mort de 10 policiers marocains, selon des sources officielles marocaines, et de deux sahraouis, en plus de l’arrestation de plus de 163 sahraouis.

    Les sahraouis jouissent du plein soutien de l’Algérie et de sa défense du principe d’autodétermination. La société espagnole aussi apporte une grande aide à leur cause. Par contre, les relations avec les USA et l’UE sont encore en essai, parce que le Maroc, comme d’autres régimes autoritaires, ont utilisé la « guerre contre le terrorisme » comme excuse pour attirer le soutien politique et financier de l’Occident sur le dos du peuple sahraoui.

    Depuis son lancement, la guerre contre le terrorisme a remplacé la question des droits de l’homme en importance. Et cela, à son tour, a permis le Maroc de crier à une éventuelle montée de la menace islamiste dans le désert du Sahara. Rabat s’est aussi présenté comme un associé clef dans la guerre contre le terrorisme dans la région, lui permettant de renforcer ses relations avec les USA et l’UE. Ainsi, l’Occident a essayé relativement d’imposer le plan d’autonomie marocain pour le Sahara Occidental, et accepta que Rabat serre l’étau sur le territoire sahraoui. Mais après Gdeym Izik, des voix lourdes dans le monde ont condamné cet acte et ont fait allusion à sa répercussion sur les relations avec Rabat tant au niveau politique qu’économique.

    Ces voix ont été jointes par des personnalités importantes dans le monde du politique et des affaires qui, à cause du faible progrès des droits de l’homme au Maroc, en plus de la corruption effrénée, ils trouvent de plus en plus difficile l’engagement avec ce pays. Dans un câble récent de WikiLeaks, un homme d’affaires avait constaté que: « Les pratiques de corruption existaient durant le règne de Hassan II. Elles se sont institutionnalisées avec le roi Mohammed VI. »  D’autres âbles donnent l’image d’une pratique répandue dans le royaume, qui concerne les civils comme les militaires, ignore les classes sociales et touche jusqu’au palais royal. Plus grave encore, celui-ci est directement impliqué dans le trafic de drogue.

    Très peu de temps après les incidents de Gdeym Izik et les affrontements à El Aaiun, la commissaire européenne pour la Pêche, Maria Damanaki, demanda au gouvernement du Maroc des preuves que les sahraouis profitaient de l’argent accordé au Maroc en vertu de l’accord de pêche qui expire le 27 février 2011. Etant donné que les preuves présentées par les autorités marocaines ne sont pas convaincantes, la commissaire européenne envisage d’autres options telles que la limitation de l’accord aux eaux territoriales marocaines reconnues par la communauté internationale.

    L’écrasement du Camp de Gdeym Izik suivi du refus marocain d’une enquête internationale ont porté une atteinte grave à la fausse image que le Maroc avait forgé grâce au soutien du gouvernement et des médias français.

    A cela vient s’ajouter un nouveau facteur d’une importance extrême : la révolution tunisienne qui a bouleversé l’image des sociétés arabes et des dictatures soutenues par l’Occident. Une révolution qui a fini avec le mythe du rempart contre le terrorisme et a rapproché l’Occident des peuples en détriment des régimes.

    Tous ces évènements arrivent à un moment crucial dans les négociations décisives prévues pour le mois de mars prochain où le Maroc est condamné à faire un tournant spectaculaire au risque de perdre plus que des accords et des concessions économiques.

  • Maghreb, une exigeance de justice et de liberté

     
    Chronique publiée dans Zamane / Février 2011

    On croyait les idéologies remisées au placard, on pensait le monde mu par le seul appétit du ventre. La brève parenthèse de la démocratie triomphante, ouverte sur les ruines de la Guerre Froide, semblait si loin, effacée par le 11 septembre et sa « guerre à la terreur ». Une guerre, d’ailleurs, qui ne disait pas son nom, celui d’un « clash des civilisations » que tout le monde dénonçait, tout en refusant de voir qu’on pataugeait dedans. Occident démocratique vs Islam autoritaire, c’est bien ce bi-polarisme simpliste (certes nuancé par l’émergence du grand méchant loup chinois) que la révolution tunisienne est en passe de faire voler en éclats.


    LES FAITS. Pour la première fois dans l’histoire du monde arabe, une révolution populaire ne semble en effet évoluer ni vers un régime islamiste, ni vers une dictature militaire. Rien n’est encore gagné, mais plusieurs éléments rendent possible le scénario d’une démocratie en gestation : d’abord, l’armée tunisienne a été peu contaminée par les vicissitudes du régime policier de Ben Ali et a adopté, depuis le début de la crise, une réserve exemplaire. Cette armée est en mesure d’encadrer une éventuelle évolution démocratique du régime tunisien. Il existe ensuite une importante élite tunisienne qui a souffert de l’appât du gain et de la soif de pouvoir légendaires des clans Trabelsi et Ben Ali. Cette élite, qu’elle soit économique ou politique, est solidaire du peuple qui est sorti dans les rues. La principale inconnue réside en fait dans le degré de pénétration de la société tunisienne par les mouvements islamistes. Car on connaît l’important travail de sécularisation mené par Bourguiba, mais on sait aussi que Ben Ali, lui aussi embarqué dans une croisade contre le terrorisme, avait bien été obligé de donner des gages politiques aux islamistes, en même temps qu’il les embastillait.

    LA LECON. Il n’en reste pas moins que la Tunisie a l’occasion historique de donner une leçon au monde. Les Tunisiens peuvent renvoyer l’Europe, et la France en particulier, à leurs propres contradictions, à leur double discours, et gagner ainsi de précieux points dans la « course au remords » que se livreront les puissances démocratiques. L’occasion est unique pour la Tunisie de montrer à la face du monde que la démocratie ne s’impose pas, et que même en l’absence de soutiens étrangers, un peuple est capable de prendre son destin en main. Quant à nous, voisins arabes et maghrébins, il faut bien reconnaître que les Tunisiens nous ont déjà administré leur leçon. Ces prochains mois, tous nos regards seront braqués sur ce petit bout de continent, nouveau laboratoire politique au sud de la Méditerranée.

    ET NOUS ? Ainsi le Maroc sera-t-il lui aussi obligé de tirer les enseignements du grand soir tunisien. On croyait le Pouvoir marocain fasciné par la réussite économique de la Tunisie. Nos dirigeants pensaient sans doute que le développement des infrastructures pouvait les dispenser de s’atteler aux réformes institutionnelles. L’urgence, estimaient-ils, n’est pas politique. Or ce que nous montre la révolution tunisienne, c’est que cette époque est révolue. Fini le temps des compromis avec les légitimes revendications de liberté et de justice. Les Tunisiens nous ont appris que les peuples, même arabes et musulmans, meurent encore pour autre chose que du pain. Pour paraphraser Mohammed VI, on pourrait presque dire que le temps «  du double jeu et de la dérobade » est bel et bien révolu. Mais cette fois-ci, c’est à nos gouvernants que le message est adressé : les « soupapes de sécurité » que constituent notre tissu associatif, notre caisse de compensation, ou encore la politique menée à l’égard des diplômés chômeurs,  ne suffisent plus. Elles ne nous mettront pas à l’abri d’une énième révolte sociale qui, dans un contexte d’embrasement régional, pourrait dégénérer en révolution. Souffrirons-nous encore longtemps les compromis avec la liberté d’expression ? Nous complairons-nous dans l’omerta qui entoure notre système judiciaire ? Continuerons-nous à nous satisfaire du pouvoir d’un seul ? Une chose peut-être nous sauve encore : contrairement aux Tunisiens avec les clans Trabelsi et Ben Ali, les Marocains n’ont pas encore désigné l’objet de leur colère. Corrupteurs et corrompus marocains sont tapis dans l’ombre, plus discrets mais non moins efficaces que leurs homologues tunisiens. Pour combien de temps encore ?
  • Ignacio Cembrero : Au Maroc « Les villes explosent. Les banlieues peuvent sauter »

    Le spécialiste du Maroc dans la presse espagnole, le journaliste d’El Pais Ignacio Cembrero, l’un des rares reporters internationaux (aucun marocain ne fait partie de la liste!) à interviewer le roi Mohamed VI, vient de déclarer dans un débat sur le net que « la chute du régime de Moubarak aura un grand impact sur l’ensemble du monde m…usulman, mais que le tour viendra à chaque pays à un moment différent et selon ses spécificités; pas tous à la fois. (…) Nous sommes devant un changement historique aux proportions similaires à la chute du mur de Berlin en 1989 ».
    Et il a rajouté, en ce qui concerne le Maroc, que « les autorités marocaines sont décidées à présenter le Maroc comme un pays différent où existe un système démocratique. Mais il ne faut pas oublier que l’article 19 de la constitution octroie un pouvoir quasi absolu au roi. Le Maroc est un pays où le mécontentement social a plus de soupapes de sécurité qu’en Tunisie et même en Egypte. Mais c’est aussi un pays avec des différences sociales brutales entre riches et pauvres. Les villes marocaines ont grandi beaucoup et de manière désordonnée, sans les services adéquats. Les villes explosent. Les banlieues peuvent sauter ».
    Source : Ali Lmrabet (Facebook),  O4/02/2011
  • Mauritanie : un terroriste marocain sous les verrous

    Après les multiples « péripéties » des ressortissants marocains en Europe, l’attentat de Madrid en 2004, le plus sanglant que l’Europe a connu, l’assassinat du cinéaste hollandais Théo Van Gogh, les voilà qu’ils continuent à faire parler d’eux grâce à la politique « éclairée » de sa Majesté le premier serviteur de la France.

    En effet, les services de sécurité viennent de mettre la main sur un certain Omar, et ce n’est certainement pas le Omar Sahraoui, le citoyen malien que les services de sécurité ont voulu amputer au Polisario. Il s’agit bel et bien d’un resssortissant marocain qui habitait dans le luxueux quartier de Tevragh Zeina, à Nouakchott, capitale de la Mauritanie.

    Et il faut dire que la police mauritanienne a trouvé plus qu’assez de preuves sur le terroriste marocain. Rien de plus ni de moins qu’un ordinateur portable avec des programmes de maniement d’armes et une paire de jumelles pour vision nocturne.

    Grâce à l’argent fourni par AQMI il avait créé une société écran, mais il avait fait une erreur collossale : Il se déplaçait souvent au Nord du Mali. 

    Le Maroc mène une campagne de propagande et de désinformation dans les médias dans le but de diaboliser les sahraouis dans la société mauritanienne. Les autorités marocaines sont jalouses de la bonne réputation des sahraouis en Mauritanie  et l’excellence des relations inter-étatiques entre les deux pays. Tout cela pour réaliser l’obsession de sa vie : l’annexion définitive du Sahara occidental. Une annexion qui n’aura jamais lieu tant qu’il y aura un sahraoui sur la surface de la terre. La preuve : 35 ans de résistance et aujourd’hui le palais royal tremble à cause de la révolution arabe et les sahraouis sont toujours là, avec les armes aux mains pour défendre leur terre.

    Cette information a été diffusée par l’Agence Nationale d’Information mauritanienne (ANI) prédit tout le contraire de ce que le Makhzen voulait. Ce sont les marocains qui vont être mal vus par le peuple mauritanien.
  • Makhzen : « Le Polisario et la DRS se trouvent derrière la convocation de Facebook »


    Nous l’avons dit et nous ne cesserons pas de le répéter. Le régime sanguinaire du Maroc utilise la carte de « l’ennemi algérien » juste pour maintenir la cohésion autour de la question du Sahara Occidental. En alternance avec « l’autre ennemi », l’Espagne.

    Par crainte d’usure de cet argument, le roi en peronne s’y est mis pour participer dans cette tentative de garder le soutien du peuple marocain à un régime qui est la cause de tous ses maux. Il ne rate plus un discours sans s’en prendre à l’Algérie.

    Mais la dernière est la meilleure. En voyant que le Maroc ne sera pas épargné par la vague de protestations qui secoue le monde arabe, les voyous de Rabat pointe du doigt l’Algérie et le Polisario en les accusant d’être derrière l’appel lancé sur Facebook à manifester le 27 février dans toutes les villes marocaines, parce que la date du 27 février correspond à l’anniversaire de la proclamation de la République Arabe Sahraouie Démocratique (RASD).

    Jusqu’à quand le peuple marocain sera manipulé au nom du Sahara Occidental? C’est une question qui mérite une réponse de ces intellectuels narcissiques qui, malgré leur haut degré de formation, sont aveuglés par la propagande d’un Makhzen qu’ils n’arrêtent pas de critiquer sauf lorsqu’il s’agit de s’en prendre aux sahraouis et à l’Algérie.

    Dans cette histoire de la date de manifestation convoquée sur Facebook, se trouve un bel exemple de la manipulation makhzénienne de tout un peuple.

    Heureusement, les jeunes ont maintenu la date du 20 février pour la manifestation. Là, le Makhzen devra inventer un autre argument pour détourner les jeunes marocains de leur initiative. Une initiative qui constitue le début de la fin du véritable ennemi du peuple marocain : son roi et son gouvernement.

  • Arrestation d’un marocain et de deux mauritaniens soupçonnés de relation avec Al-Qaïda

    Un ressortissant marocain et deux mauritaniens, soupçonnés de relation avec Al-Qaïda au Maghreb Islamique, ont été remis, vendredi, par la brigade mixte de gendarmerie à la direction de la sûreté d’Etat, a appris ANI de source informée.
     
    De même source, on indique que les trois prévenus le marocain Oumar et les deux mauritaniens Moustapha et Eby ont été arrêtés jeudi dernier, après des soupçons émis sur le marocain. Ce dernier, habitant le quartier résidentiel de Tevragh Zeina, a récemment créé « une société écran » et se déplace fréquemment vers le nord du Mali.
    La gendarmerie a saisi sur lui un ordinateur portable avec des programmes de maniement d’armes, en plus d’une paire de jumelles pour vision nocturne.
    Et la source d’ajouter que ses présumés complices mauritaniens, ont eu auparavant à voyager avec lui plusieurs fois vers le Mali.
    Les trois hommes sont actuellement interrogés par les services de la sûreté d’Etat.
    ANI, 4/02/2011

  • Participation sahraouie au Congrès de l’Association Italienne du Conseil des Maries et R2gions de l’Europe

    Le représentant sahraoui dans la région italienne de Toscana, Abdallahi Boucheiba, a participé vendredi dans la célébration du Congrès de l’Association Italienne du Conseil des Mairies et R2gions de l’Europe (AICRE)

    Le délégué sahraoui a remercié l’invitation adressée pour représenter le peuple sahraoui. Pendant le déroulement des travaux et dans les différentes commissions, était présente la situation dans laquelle le peuple sahraoui vit, non seulement dans les camps de réfugiés, mais aussi dans les territoires occupés, en soulignant l’exemple et le courage de jeunes sahraouis qui ont nprotagonsié les protestes sociales et politiques dans le Camp de la Dignité de Gdeym Izik.

    Le Congrès a approuvé par unanimité dans le document final la condamnation des violations permanentes des droits de l’homme au Sahara Occidental. Ce document sera envoyé à toutes les instances italiennes et eurpéennes, exigeant le soutien de la célébration immédiate du référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

    Source : SPS, 04/02/2011
  • Le Monde en ébullition

    Titre du Monde le 31 janvier : « Au Caire, la bourgeoisie défend ses biens et prend ses distances avec le régime ». « Avec quelques amis, Samer Ahmed, gère un barrage routier sur la corniche de Zamalek, l’un des bastions de la bourgeoisie cairote. Leur mission consiste à empêcher toute intrusion indésirée. »

    L’horreur absolue. Vous vous rendez compte ? Tout ça dans le Monde, le journal des proprios à 8.000 euros le mètre carré. Comment un tel journal responsable a pu garder en son sein de tels journalistes ?
    Le journal de référence fait de trop dans le populisme. Sans véritable patron, en attente de normalisation durable, ses journalistes en abusent. Des gros mots comme « bourgeoisie », « révolution », « parti communiste » apparaissent dans le journal de Bergé-Pigasse, même dans les éditoriaux. La banlieue francophone (Tunisie) les a excité. Fort bien. Mais la banlieue anglophone ? S’il faut être solidaire de la banlieue anglaise, ou va-t-on ?
    Après un moment d’égarement, le nouveau directeur du Monde va arranger tout ça. Il nous faut des titres plus consensuels, digne d’un pays civilisé. J’adore des titres comme par exemple « Sa majesté le roi Mohammed VI, en compagnie de femme de culture française, a reçu dans son château de l’Oise le président N. Sarkozy et sa femme Carla, belle de toujours. Les deux présidents dénoncent les agissements criminels de la populace inculte autour de deux propriétés du plus grand philosophe vivant et par ailleurs membre de notre comité de surveillance ».
    Le nouveau Monde risque-t-il de nous décevoir ? Il faudra se dépêcher car le réchauffement climatique de la planète a des conséquences néfastes sur le Maroc et pas seulement.

    Source : Je cherche un homme, 04/02/2011
  • « La vague de changement dans les pays arabes arrivera à l’Occident »

    Alvaro Frutos, président de l’ONG Charte Méditerranéenne, ne peut pas éviter de tracer un parallélisme entre la vague de changements qui vit le monde arabe et la chute des régimes communistes de l’Europe de l’Est. Il se rappelle d’une réunion de l’OTAN à laquelle il a participé comme directeur du Cabinet de Crise de la Moncloa en 1989 sur les menaces de l’avenir, dans laquelle des experts de toute sorte mettaient l’Union Soviétique et ses pays satellite dans la ligne de mire. La même nuit, à l’hôtel, quelqu’un a sonné à sa porte et lui a dit d’allumer la télévision : le mur de Berlin tombait. « Et il ne tombait parce que vieux, ni par les chards de l’alliance, mais parce que les citoyens tiraient sur lui à coups de pioche parce qu’ils voulaient vivre dans un système comme l’Européen, avec des libertés publiques et des horizons de vie. Et personne n’a été capable de le voir venir ».

    Il considère que l’effet domino déclenché alors est un bon précédent pour anticiper les changements qui viendront. Frutos participe à Vitoria aux journées « Parlant du Sahara Occidental sans crispation ». De nouveaux paradigmes pour les Droits de l’homme célébrées entre hier et aujourd’hui à Vitoria.

    Question : Pourquoi le conflit du Sahara Occidental déclenche-t-il tant de passions en Espagne ?

    Réponse : Lorsque quelqu’un a eu l’idée du titre des journées, il y en a qui a dit que cela était impossible. Lorsque nous organisions les collaborations, ils nous disaient tous « moi, je suis pro-sahraoui » ou « moi, je suis pro-marocain ». Moi, de mon côté, je suis pro-droits de l’homme, pro-libertés publiques, je veux voir des démocraties au Sahara Occidental, au Maroc, à Tunis, partout.

    Q : En Espagne il y a un certain sentiment de culpabilité en ce qui concerne la cause sahraouie.

    R. Il y a une culpabilité, mais une culpabilité mal analysée ou mal interprétée. Parce que le Gouvernement espagnol de l’époque, avec la dictature dans une situation très faible, l’a fait très mal. Celle de Hassan II était aussi faible : c’était presque une opération de maquillage pour avoir une cause nationale avec laquelle unir le peuple marocain autour de sa personne et cela il faut le tenir très en compte. Il est important que les experts se mettent d’accord, à travers le dialogue, pour trouver des points en commun pour que la citoyenneté ne soit pas pro-quelque chose sans bien savoir pourquoi.

    P. Serait-elle viable, une solution dans laquelle les deux parties ne soient pas d’accord ?

    R. Il faut chercher le point de rencontre, la solution Baker [une période d’autonomie pour le Sahara Occidental après un référendum au préalable] était possible mais le Maroc l’a sabotée depuis le début. L’objectif qu’il faut chercher est de résoudre les problèmes. Et ce qui est important c’est qu’il y a une quantité innombrable de personnes déplacées de chez elles dans des champs de réfugiés. Et cela est inacceptable si nous prenons au sérieux les Droits de l’homme.

    P. Convaincront-elles les propositions d’autonomies du Maroc si elles ne viennent pas accompagnées des changements démocratiques ?

    R. Avec la succession de Hassan II et l’arrivée de Mohamed VI l’on a essayé de faire une transition politique similaire à celle de l’Espagne. Mais ils ont primé les intérêts économiques : les castes privilégiées se sont occupées à satisfaire leurs besoins. Le changement dans les pays arabes impliquera finir avec certains privilèges.

    P. L’Espagne avait l’Europe comme référence dans sa transition. Allons-nous à l’aveuglette dans les pays arabes ?

    R. Le modèle est l’Européen, en maintenant les particularités de chaque pays. Si un parti démocrate – chrétien a gouverné l’Italie pendant presque 40 ans, pourquoi ne va-t-i pas le faire un autre de nuance islamiste en Égypte, à condition de respecter les libertés publiques et les droits fondamentaux avec des garanties sociales et une justice indépendante ? Une classe moyenne doit faire surface qui soutienne l’état du bien-être, avec un système fiscal qui assure une distribution du revenu : ils doivent entreprendre de vrais processus constituants.

    P. Quel rôle doit jouer l’UE dans cela ?

    R. L’UE doit laisser la bureaucratie et faire la politique avec des majuscules. Nous avons besoin d’idées, mais il semble que les penseurs sont en congé. Le modèle que nous avons déjà ne nous convient pas, parce que nous n’avons pas la capacité de croîssance d’avant et parce que nous devrons partager avec ces pays pour maintenir notre sécurité. La vague de changements arrivera à l’Occident.
    K. Asry



    Álvaro Frutos (Madrid, 1960) licencié en Droit à l’Université Complutense de Madrid. Directeur Général de la Direction de Crise de la Présidence du Gouvernement entre 1989 et 1996, professeur en excellence de la Faculté de Sciences Economiques et Administration d’Entreprises à l’Universoté Européenne de Madrid et membre du Conseil Social à l’Université Carlos III. Président du Groupe Cofivacasa, dépendant de la SEPI, dirige depuis 2008 la Charte Méditérranéenne, une ONG connue comme un réseau d’intellectuels et penseus qui parie sur le concept de diplomatie publique.


    El Pais, 05/02/2011
    Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
  • Maroc : la fin des mensonges

    Le président égyptien Hosni Moubarak a clairement avoué qu’il serait prêt à quitter le pouvoir s’il ne craignait pas que l’Egypte soit prise d’assaut par les frères musulmans qui pourraient «tuer» la démocratie. 

    Ce même discours a été entendu au Maroc depuis 1975, date de l’invasion du Sahara Occidental par le Maroc. Mais c’était au nom de « l’intégrité territoriale ». Alors, les forces politiques marocaines, dans l’espoir de voir ses revendications se réaliser, ont soutenu cette aventure saharienne qui, 35 après continue à faire parler d’elle. 

    « Consensus national », disait-on à l’époque. En effet, c’était un consensus pour la réalisation les ambitions de la France et des USA visant à s’accaparer des richesses du Sahara Occidental, sans compter sur la volonté des sahraouis, qualifiés de tous les mots parce qu’ils aspirent à l’épanouissment qui ne pourront jamais trouver au sein d’un Etat dévoué aux prétentions impérialistes.

    Le discours usé a été changé par la menace terroriste. Ce qui reviendrait à dire  » C’est moi ou le déluge, vous n’avez qu’à choisir entre le pouvoir corrompu en place ou les intégristes ».

    Ainsi, la voix du renouveau au Maroc a été étouffé au nom de la lutte contre la menace islamiste, cette menace créée par le pouvoir même en laissant le peuple abandonné à son sort : pauvreté, corruption, clientélisme, népotisme… et la liste est longue. La politique du roi Mohamed VI, ou plutôt de ses conseillers et proches, n’a fait que renforcer l’intégrisme religieux en puisant la misère et l’ignorance du peuple.

    Les gouvernants marocains n’ont rien fait pour moderniser les écoles, au contraire ils les ont écrasées en ouvrant la porte aux écoles privées dont l’accès est impossible pour la grande majorité des familles marocaines dont le revenu ne dépasse pas 1 euro par jour.

    L’espace médiatique a été entièrement dompté après la liquidation du Journal Hebdomadaire et l’espace politique est toujours contrôlé par les partis créés par le palais, le dernier en date, le PAM dont le agissements ont été dévoilés par les câbles américains diffusés sur Wikileaks. Les télévisions ne sont qu’une caisse à résonnance de la politique royale et au service de la mafia politico-militaire qui gouverne le Maroc.

    Aujourd’hui, le message tunisio-égyptien a été reçu « cinq sur cinq » par le peuple marocain. Le 20 février sera une journée décisive pour l’avenir du pays et peut être la fin des « krouch lehram » au Maroc, un pays, jusqu’à présent, fantoche parce qu’au service des puissances étrangères et nullement au service du peuple.