Mois : février 2011

  • Le Maroc essaie d’asphyxier la mobilisation populaire

    « Ils ont commencé avec des insultes par des téléphones occultes et m’ont déjà menacé de mort », explique Oussama El Khlifi, un des organisateurs de la manifestation contre le gouvernement convoquée via Facebook pour le 20 février. Il n’est pas le seul; ce jeune chômeur explique à Publico que tous ses amis « sont menacés aussi ».

    Les autorités du Maroc commence à montrer nervosité face aux concentrations convoquées à travers les réseaux sociaux et les vidéos Internet de jeunes qui réclament une constitution démocratique et appellent à manifester pour cela. La peur de la contagion des révoltes de la Tunisie et l’Egypte se propage, et elle semble la cause principale des menaces et le harcèlement de plus en plus grand dont sont victimes vertains blogueurs marocains.

    Les milliers de visites au vidéo Youtube dans lequel El Khlifi convoque la marche du 20 février est très mal prise par le gouvernement. « Ils ont voulu me voir en personne et devant mon refus, ils m’ont menacé de mort. Le Wali (gouverneur) de Rabat aussi a appelé mon père et lui a demandé ce que je veux pour que cela s’arrête », ajoute-t-il.

    Agadir, Fès, Tanger et Rabat ont été le scénario de manifestations qui se s’étendent à tout le pays. Sous le slogan de la solidarité avec les égyptiens et tunisiens, les citoyens profitent de l’occasion pour protester contre la cherté de la vie et réclamer une constitution démocratique. Certains sont allés encore plus loin : des étudiants de l’Université Mohamed Ben Abdoullah, à Fès, ont répété des mots très durs en faisant la comparaison entre la situation au Maroc et celle de la Tunisie avant la révolution qui a renversé Ben Ali. Le résultat était que cette protestation s’est soldé de 30 blessés.

    « C’est un mouvement »

    Les premières tentatives de manifestation au Maroc ont été dissoutes par les forces de sécurité mais, maintenant, ils se sont organisés par Internet et il devient difficile d’arrêter la mobilisation. Aujourd’hui même, l’on prévoit un sit-in convoqué aussi via Facebook, dans l’Avenue Mohamed V, l’artère principale de Rabat, où se trouve le Parlement.

    « L’acte du 20 février n’est pas une manifestation de proteste, c’est un peu plus, c’est un mouvement », explique Mountassir Driddi, un des jeunes étudiants qui travaillent dans son organisation. Le syndicat Union Marocaine du Travail, les étudiants de l’Université de Rabat et les jeunes diplômés au chômage sont les prochains objectifs du mouvement. « Nous voulons parler avec eux, non pas de politique, mais de changements sociaux », expliquent-ils depuis l’organisation.

    Connaître la répercussion de la convocation est difficile, parce que beaucoup de jeunes sont entrain de se mobiliser dans des endroits différents du Maroc. Ils revendiquent la réforme de la Constitution de 1996, un nouveau gouvernement pour mitiger la crise sociale et du travail pour les chômeurs diplômés.

    Malgré les menaces, les leaders des deux groupes d’Internet qui mobilisent les citoyens (Mouvement Liberté et Démocratie Maintenant et Mouvement 20 février Le Peuple veut changer) n’ont pas peur. Ils assurent que la situation dans leur pays « n’est pas bonne et une révolution est possible ».

    Source : Publico.es, 08/02/2011
  • La révolte arabe a commencé au Sahara Occidental

    Il est étonnant de voir que personne n’a considéré ce qui s’est passé il y a juste trois mois au Sahara Occidental comme un précédent des révoltes actuelles dans le monde arabe. Les revendication des milliers de persones qui ont campé dans les banlieues d’El Aaiun répondaient aux mêmes problèmes structurelles qui permettent aujourd’hui d’abattre les dictateurs. Le droit d’autodétermination du peuple sahraoui, évidemment, induit des différences.

    C’est vrai que tous les experts signalent les gouvernants du Maroc comme les moins mauvais de tous ceux qui se trouvent dans l’oeil du cyclone. Mais, il est également prouvé que la population sahraouie est marginalisée, vivant dans des conditions socio-économiques beaucoup pires que celles de la marocaine.

    Et c’est cela qui a poussé les sahraouis à la zone de Gdeym Izik, fatigués que l’appareil répressif du Makhzen les empêche de manifester dans leurs rues. La situation d’oubli dans laquelle vit le peuple sahraoui a souffert une brève parenthèse qui a vite été fermée par le démantèlement et postérieure répression dans la ville. La même répression qu’en Egypte a mobilisé la communauté internationale, mais sans médias. Des yeux qui ne voient, cœur qui ne sent pas.

    Personne, sauf les sahraouis, ne parie encore pour le référendum d’autodétermination qui apporterait la solution à ce conflit. Les résolutions du Conseil de Sécurité de l’ONU concernant ce conflit ont, peu à peu, exclu ce terme, « référendum », pour se limiter à défendre une « solution politique, juste, durable et mutuellement acceptable qui permette la libre autodétermination du peuple du Sahara occidental ». Dans ces parages, le processus se trouve stagnant.

    Mais il y a une question où l’on peut avancer. Par exemple, l’accord de pêche signé entre le Maroc et l’UE qui expire le 27 février. La Commission Européenne a l’intention d’accéder à la demande espagnole de prolonger l’accord d’un an. Pour quelques pêcheurs, la Commission européenne veut étouffer le droit de tout un peuple.

    Le Bureau Juridique de l’UE, pour sa part, s’est déjà prononcé sur la question soulignant que le statu du Sahara Occidental est celui d’un territoire non-autonome. Pour les pêcheurs espagnols, cela n’a aucune importance. Apparemment, pour la Commission Européenne aussi. Les relations avec le Maroc étant basées sur l’activité économique sans aucun regard sur les droits humains des sahraouis.

    Avec ce qui arrive en Tunisie et en Egypte, l’UE serait-elle capable d’incorporer les droits des sahraouis à ces soucis économiques? En tenant compte le poids de la France dans cette institution, la réponse ne peut qu’être négative. La France, le berceau des droits de l’homme, a déclaré la guerre au peuple sahraoui pour soutenir un régime dictatorial.

  • Le combat du peuple sahraoui en filigrane

    Des événements de Gdeym Izik à ceux de Sidi Bouzid
    Le 8 novembre 2010, le gouvernement marocain donna l’ordre à ses forces de sécurité de démanteler le camp de Gdeym Izik, installé quatre semaines auparavant à 15 km d’El-Ayoun, capitale occupée du Sahara occidental, pour protester contre la détérioration de leur niveau de vie.
    L’assaut contre ce camp marqua une nouvelle étape dans les politiques des Etats-Unis et de l’UE envers le Maroc. Etant donné que le conflit du Sahara occidental se place au premier rang des priorités marocaines, l’opinion internationale est devenue plus que jamais avec Rabat. 

    Par conséquent, toute une série de facteurs sont devenus la base sur laquelle les nouvelles règles d’engagement politique sont amorcées.

    Jusqu’à l’agression de Gdeym Izik, les soulèvements dans les territoires occupés étaient considérés comme une affaire interne du Maroc. En maintenant un contrôle strict sur les habitants de la région, Rabat réussissait à contrôler la diffusion médiatique qui pouvait éventuellement endommager l’image du Maroc. 

    Similaire à l’occupation israélienne de la Cisjordanie palestinienne, le gouvernement marocain contrôle entièrement l’accès au Sahara occidental en empêchant l’accès des journalistes et des représentants d’organisations internationales au territoire.
    Les affrontements de la population aux forces de sécurité, entamés au Camp de Gdeym Izik, se sont avérés un tournant dans l’histoire du conflit entre les Sahraouis et le Maroc.

    Les Sahraouis jouissent du plein soutien de l’Algérie et de sa défense du principe d’autodétermination. La société espagnole aussi apporte une grande aide à leur cause. Par contre, les relations avec les Etats-Unis et l’UE sont encore en essai, parce que le Maroc, comme d’autres régimes autoritaires, ont utilisé la «guerre contre le terrorisme» comme excuse pour attirer le soutien politique et financier de l’Occident sur le dos du peuple sahraoui.

    Depuis son lancement, la guerre contre le terrorisme a remplacé la question des droits de l’homme en importance. Et cela, à son tour, a permis au Maroc de crier à une éventuelle montée de la menace islamiste dans le désert du Sahara. Rabat s’est aussi présenté comme un associé clef dans la guerre contre le terrorisme dans la région, lui permettant de renforcer ses relations avec les Etats-Unis et l’UE. 

    Dans un câble récent de WikiLeaks, un homme d’affaires avait constaté : «Les pratiques de corruption existaient durant le règne de Hassan II. Elles se sont institutionnalisées avec le roi Mohammed VI.»

    D’autres câbles donnent l’image d’une pratique répandue dans le royaume, qui concerne les civils comme les militaires, ignore les classes sociales et touche même le palais royal. 

    Plus grave encore, celui-ci est directement impliqué dans le trafic de drogue. Très peu de temps après les incidents de Gdeym Izik et les affrontements à El-Ayoun, la commissaire européenne pour la pêche, Maria Damanaki, demanda au gouvernement du Maroc des preuves que les Sahraouis profitaient de l’argent accordé au Maroc en vertu de l’accord de pêche qui expire le 27 février 2011. Etant donné que les preuves présentées par les autorités marocaines ne sont pas convaincantes, la commissaire européenne envisage d’autres options telles que la limitation de l’accord aux eaux territoriales marocaines reconnues par la communauté internationale.

    L’écrasement du camp de Gdeym Izik, suivi du refus marocain d’une enquête internationale, ont porté gravement atteinte à la fausse image que le Maroc avait forgée, grâce au soutien du gouvernement et des médias français.

    A cela vient s’ajouter un nouveau facteur d’une importance extrême : la révolution tunisienne qui a bouleversé l’image des sociétés arabes et des dictatures soutenues par l’Occident. Une révolution qui en a fini avec le mythe du rempart contre le terrorisme et a rapproché l’Occident des peuples au détriment des régimes. Tous ces évènements arrivent à un moment crucial dans les négociations décisives prévues pour le mois de mars prochain, où le Maroc est condamné à faire un tournant spectaculaire, au risque de perdre plus que des accords et des concessions économiques.
    Le Jeune Indépendant, 09/02/2011
  • L’accaparement de terres dénoncé à Dakar

    Le Forum social s’est ouvert pour une semaine dans la capitale sénégalaise. Ce rendez-vous annuel des altermondialistes a débattu de la terre en Afrique. 
     
    Le Forum social mondial (FSM), rendez-vous annuel des altermondialistes, a consacré lundi à Dakar toute une journée de débats au continent africain, y dénonçant en particulier « l’accaparement des terres » par des groupes étrangers et les « mécanismes du néocolonialisme ».
     
    « Ne touche pas à ma terre. C’est ma vie! »: sous ce titre, les ONG Enda et Oxfam ont dénoncé « l’accaparement des terres par des groupes étrangers, européens, asiatiques » mais aussi par « des Africains nantis ». Au nom d’Oxfam, le Sénégalais Lamine Ndiaye a rappelé que« selon un rapport de la Banque mondiale, entre août 2008 et octobre 2009, 42 millions d’hectares avaient été acquis dans les pays du sud ». 
     
    Le Français Bernard Pineau, du Comité catholique contre la faim et pour le développement (CCFD), a insisté sur l’idée que ces achats de terre étaient le fait « non seulement des multinationales, telle la compagnie sud-coréenne Daewoo à Madagascar, mais aussi des Etats dont l’Arabie saoudite« , « au détriment des petits agriculteurs » . Au FSM, qui se tient jusqu’à vendredi, « nous réaffirmons que la priorité, c’est de renforcer l’agriculture familiale en Afrique, seul moyen d’assurer la sécurité alimentaire « , a-t-il dit. 

    À titre d’exemple, M. Pineau a cité l’action concrète de syndicalistes agricoles en Guinée, qui ont pu « imposer le relèvement des droits de douanes pour la pomme de terre importée des Pays-Bas, et valoriser ainsi la pomme de terre locale, la belle de Guinée »

    Après que le président sénégalais Abdoulaye Wade, qui s’est présenté comme un « partisan de l’économie de marché et non de l’économie d’Etat qui a fait faillite partout ou presque dans le monde« , l’ex-président brésilien Lula a affirmé qu’en dix ans, les « dogmes » libéraux avaient fait « faillite ». « En Amérique du Sud, mais surtout dans les rues de Tunis et du Caire et de tant d’autres villes africaines, renaît l’espoir d’un monde nouveau », a-t-il dit. « Des millions de personnes sont en mouvement contre la pauvreté à laquelle elles sont soumises, contre la domination des tyrans, contre la soumission de leur pays à la politique des grandes puissances », a-t-il assuré. Il a appelé l’Afrique à prendre conscience qu’elle pouvait bâtir son « indépendance en matière de production d’aliments ». « Ceux qui, avec arrogance, donnaient des leçons sur la façon dont nous devions gérer notre économie n’ont pas été capables d’éviter la crise qui a atteint leur propre pays et l’ensemble de l’humanité ».
     
    De son côté, le Belge Pierre Galand, président de la Coordination européenne des comités de soutien au peuple sahraoui (peuple du Sahara Occidental occupé par le Maroc depuis 1975, ndds), a dénoncé la perturbation par la violence d’une marche et d’un atelier de réflexion sur la question sahraouie. Les perturbateurs sont « des activistes marocains » « proches du gouvernement » de Rabat. (Avec AFP) 
    Source : La libre.be, 08/02/2011 

  • Documents français déclassifiés : La question de l’ouest saharien et la capacité de la Mauritanie au début de la guerre du Sahara

    5ème série
    Depuis la révision des accords de coopération, déclarés caducs par la Mauritanie à la fin de 1972, il n’y avait plus d’accord de défense ni de coopération militaire avec la France. La première évaluation – anonyme, document sans origine ni date – vient d’un des services de renseignements français (document 15) – milieu de Février 2011

    La seconde analyse (document 16 – 13 Mars 1976) peut être attribuée à François Beslay – décédé en 2008 – premier chef du cabinet militaire de Moktar Ould Daddah, alors tout jeune Premier ministre d’une République débutante, puis fondateur de l’état-major national en 1961. La présente publication de cette note doit être considérée comme un hommage chaleureux à cet officier méhariste, amoureux d’un désert et de populations : les Regueibat, qu’il a admirablement connus et sur lesquels il a su écrire (Les Réguibats, de la paix française au Front Polisario – L’Harmattan. Novembre 1984. 187 pages). Un grand Français, Mauritanien d’adoption, serviteur de l’indépendance du nouvel Etat, collaborateur hors de pair du président-fondateur auquel il resta fidèle pendant l’exil de celui-ci. Moktar Ould Daddah l’évoque ainsi dans ses mémoires (La Mauritanie contre vents et marées : fin de 1943 p. 100 & à partir de1959-1961 p. 228) : « … le lieutenant Beslay été affecté à Fort-Trinquet. Ce jeune officier – nous  avions le même âge –  qui fut mon deuxième “patron” à Bir, allait devenir un ami pour moi. Sans préjugés, il n’avait pas la mentalité colonialiste. Esprit ouvert, cherchant le contact avec les Mauritaniens, il commença, dès son arrivée, à apprendre notre langue. Sainement curieux, spontané, il voulut, tout de suite, connaître, comprendre, notre pays et notre peuple. J’étais donc à mon aise avec lui. » – « Déjà subtil à comprendre autant de la part de ses compatriotes que des miens, le rôle joué par le Haut Commissaire de France dans notre marche à l’indépendance a eu son répondant dans mon propre entourage. En effet, étaient français, les deux premiers directeurs de mon cabinet, français aussi le premier de mes chefs d’état-major particulier et tant que je fus au pouvoir le secrétaire général du Conseil des ministres, avec le titre, puis sans le titre. Ces hommes ont été plus que des amis de la Mauritanie, ils surent se passionner et se dévouer pour ce qui leur sembla, sans aucun doute, la tâche la plus exaltante que puissent accomplir des hommes qui avaient pourtant à l’origine la vocation de coloniser notre pays. Ils étaient plus décolonisés dans leur tête et dans leur cœur, que beaucoup de mes compatriotes alors, mais leur présence dans l’intimité de notre pouvoir national ne présenta jamais d’ambigüité que dans l’esprit de leurs anciennes hiérarchies en France. – Le  commandant François Beslay, dont j’ai parlé plus haut, à propos de mon service à Bir Moghrein. Promotionnaire du futur général Le Borgne (cet officier démissionnaire en 1958 pour « ne pas servir une République Islamique » – NDLR), son service auprès de moi ne fut pas apprécié de sa hiérarchie nationale, puisqu’il ne dépassa pas le grade de commandant (il obtint cependant à la longue celui de colonel pour sa retraite… NDLR). – Telle quelle cette note présente des lacunes d’information, des erreurs de date, voire d’interprétation pour ce qui est des années 1970-1974, mais elle donne bien les origines de la question du Sahara occidental et le dialogue, en 1975-1976, des deux amis : le méhariste et le président, est éclairant.
    Toutes deux mettent en évidence que Moktar Ould Daddah n’a en rien cherché le conflit avec l’Algérie et que celle-ci, dès le début, intervient sur le terrain à l’appui du Front Polisario.          
    Les faits

    Décembre 1975
    7 – début des attaques du Front Polisario contre Aïn Ben Tili, Bir Oum Ghrein et la voie ferrée
    9 – attaques sahraouies contre Bir Oum Ghrein et Al Inal (à 250 kms de Nouadhibou)
    19 – le centre administratif de Fdérik est attaqué au mortier
    20 – prise de contrôle mauritanienne de La Guera après dix jours de combat et occupation de Tichla
    30 – à Zouerate, la centrale électrique et le dépôt d’essence sont attaqués par le Polisario
    Janvier 1976
    8 – les troupes marocaines prennent le contrôle de Dakhla (ex-Villa Cisneros) désertée par ses 5000 habitants sahraouis et les troupes espagnoles
    11 – l’armée mauritanienne succède à Dakhla aux forces marocaines
    20 – après trois jours de combat, la garnison mauritanienne à Aïn Ben Tili est détruite
    24 – l’armée mauritanienne prend position à Awsred, à 150 kms de Zouerate
    27 au 29 – à Amgala, violent combat algéro-marocain (pertes algériennes de 100 morts et 200 prisonniers)
    Février 1976
    12 – les forces marocaines contrôlent Mahbès, censément capital du Polisario
    14 – l’armée mauritanienne entre sans combat dans Ain Ben Tili
    22 – la Mauritanie confirme contrôler totalement la partie du Sahara qui lui est revenue
    27 – proclamation de la « République arabe sahraouie et démocratique » (RASD) par le Front Polisario et le Conseil national provisoire sahraoui
    28 – le drapeau espagnol est amené à Dakhla, 10 heures 30
    Mars 1976
    7 – le Maroc et la République islamique de Mauritanie rompent leurs relations diplomatiques avec l’Algérie qui vient de reconnaître la « RASD »
    12 – décret créant la wilaya de Tiris el Gharbia, chef lieu Dakhla, qui comprend trois départements : Dakhla, Awsred, Aargoub ; le département de La Guera et l’oasis de Bir Gandouz sont rattachés à la VIIIème (Nouadhibou)
    16 – accrochage près de Bir Oum Ghrein
    30 – à  Dakhla, mesures pour approvisionner la population
    31 – l’envoyé spécial de Kurt Waldheim, Olof Rydbeck, rencontre à Tindouf des dirigeants du Polisario 
    Avril 1976
    1er – la Mauritanie se déclare prête à discuter avec l’envoyé spécial de Kurt Waldheim « de toutes les questions qui ne touchent pas notre souveraineté »
    2 – lettre au secrétaire général des Nations unies : « votre représentant se comporte d’une manière que vous avez vous-même exclue »
    Ould Kaïge

    Document n° 15  – confidentiel défense 328 – 27 – 4
    Mauritanie : La « reconquête » par les armes
    Entamée au mois de décembre, la conquête militaire de la partie mauritanienne du Sahara Occidental s’est poursuivie méthodiquement au cours des mois de janvier et de février. Par contre, la situation dans le secteur Nord du pays où se trouvent incontestablement les éléments les plus nombreux, les mieux armés et les plus déterminés du FPOLISARIO, a été fertile en rebondissements. Longtemps hésitante sur le parti à prendre, puis ne s’alignant – semble-t-il – qu’à son corps défendant sur la position marocaine, la Mauritanie, depuis quelques semaines s’est engagée résolument auprès du Maroc dans les opérations militaires. En outre, face aux attaques de plus en plus virulentes de l’Algérie, son espoir de sauvegarder l’essentiel des relations mauritano-algériennes est devenu vain et à son tour le gouvernement mauritanien a mis nominativement en cause l’Algérie et ses dirigeants.
    Après la conquête des villes d’Argub et de Dakhla (ex-Villa Cisneros) début janvier, les Forces Armées mauritaniennes entamaient dès le 19 janvier la dernière étape de l’occupation systématique de la zone Sud du Rio de Oro. En dépit de sérieuses difficultés dues essentiellement à l’état défectueux des véhicules, les unités mauritaniennes atteignaient ainsi Awsred, le 23 janvier, et s’en emparaient assez facilement. Poursuivant leur action en direction d’Aguerit, elles occupaient ce dernier poste sans coup férir le 27 janvier. Toutefois des éléments du FPOLISARIO allaient pendant plusieurs jours attaquer et harceler les unités mauritaniennes installées à Awsred. Une véritable opération de nettoyage dans la région de Dumus et Tiznig el Khadra au Nord d’Awsred, devait être montée pour venir à bout des derniers rebelles. A l’heure actuelle, en dépit de quelques incidents provoqués par des mines, il apparaît que l’Armée mauritanienne contrôle à peu près complètement toute la zone au Sud du 24ème parallèle. Les nombreux ralliements de notables Sahraouis auprès des autorités mauritaniennes, sont à cet égard significatifs.
    Dans le secteur Nord du pays (Zemmour – Bir Moghrein – Aïn ben Tili) sous la pression du FPOLISARIO efficacement appuyé par l’armée algérienne, la situation au cours de la 2ème quinzaine de janvier, s’était gravement détériorée. C’est seulement à l’action marocaine au Nord de la frontière et au retrait des éléments algériens que la Mauritanie doit d’avoir pu rétablir une situation très compromise.
    Dès le début du mois de janvier, l’armée mauritanienne devait en effet subir dans ce secteur une forte pression de son adversaire sous formes d’attaquas, de harcèlements et d’embuscades. Bir Moghrein et Aïn ben Tili se trouvaient pratiquement isolés et ce dernier poste, après quatre jours d’attaque, tombait aux mais du FPOLISARIO. Au cours de cette action, le Capitaine SOUEDAT OULD OUEDAD était tué et des pertes particulièrement lourdes (tués, prisonniers, disparus) étaient à déplorer du côté mauritanien. Du 22 au 29, Bir Moghrein était pratiquement encerclé.
    L’offensive déclenchée par le Maroc, en direction d’Amgala, de Tifariti, de Bir Lahlou (au Nord d’Aïn ben Tili) et de Mahbès, devait permettre à la garnison de Bir Moghrein de se renforcer et de reprendre l’initiative. Le 14 février, un détachement mauritanien se rendait à nouveau maître – pratiquement sans résistance de la part du FPOLISARIO – du poste et du village d’Aïn ben Tili. La situation autour de Bir Moghrein redevenait normale, les éléments armés Sahraouis s’étant repliés ou écartés.
    A l’heure actuelle, les régions de la Guelta Zemmour et du Zemmour blanc semblent être encore tenues par le FPOLISARIO, mais les unités et garnisons mauritaniennes n’en sont pas pour autant à l’abri de toute action de harcèlement.
    Au cours d’une réunion en séance extraordinaire du Conseil Nationale (deuxième instance du Parti), le 29 janvier 1976, le Président MOKTAR OULD DADDAH, sortant de sa réserve habituelle, mettait pour la première fois en cause l’Algérie dans les événements du Sahara Occidental. Constatant qu’en dehors des pays socialistes, peu d’Etats soutenaient l’Algérie dans cette affaire, la Mauritanie – sans prendre trop de risques – s’est décidée à répondre aux attaques algériennes et a ouvert une véritable campagne contre les dirigeants algériens. Il apparaît en outre que, sur le plan intérieur, cette prise de position nouvelle du président MOKTAR OULD DADDAH répondait au souhait de la majorité de la population mauritanienne.
    Si l’Algérie a espéré un moment mettre le gouvernement de MOKTAR OULD DADDAH en difficulté, voire provoquer sa chute, il semble que pour l’instant cet espoir ait peu de chance de se réaliser. A l’heure actuelle, le pays semble quasi unanime sur la politique suivie par son gouvernement, et la mobilisation des esprits et des moyens lancée par le Conseil national trouvera sans aucun doute un écho favorable dans la population. Il est cependant souhaitable pour la Mauritanie que des aides extérieures importantes viennent compenser l’effort financier qu’elle a dû consentir sur le plan militaire. S’il n’en était pas ainsi, son développement économique serait compromis, entraînant ainsi un malaise social et une menace sérieuse pour le régime de M. MOKTAR OULD DADDAH.
    *
    *  *
    Document n° 16   – 1ère partie
         
    Convention  de transcription : à la plume, par l’auteur de la note
    13 Mars 1976
    Annotation au crayon par un des lecteurs
    BO cl. Dossier « Sahara ». Dossier de base. Considérations générale – documentation
    N O T E
    ____
    Situation générale aux confins Algéro-Maroco-Mauritaniens
    du point de vue de la MAURITANIE
    ___________
    Les journaux français parlent fréquemment de ce problème mais aucun journaliste professionnel ne semble avoir jugé nécessaire de remonter aux « sources », et pour la plupart, ils se contentent de narrer des faits sans chercher à en donner les causes lointaines.
    Or, il est évident que ces événements sont d’autant plus faciles à comprendre que l’on remonte un peu dans le passé pour analyser le problème « Sahraoui » et que l’on remet un peu en mémoire des lecteurs, l’histoire des relations de la MAURITANIE avec le MAROC et l’ALGERIE au cours des vingt dernières années, sans oublier celles avec la France.
    Le problème Sahraoui :
    Les « Sahraoui », comme il est à la mode, et je   le reconnais pratique de les appeler, sont de grands nomades chameliers, de race indiscutablement « maure », que les Sahariens de mon âge ont toujours connus sous le nom de « Regueibat Charg »   ou « Legouassem ». Appartenant, comme les « Regueibat Sahel »   à la grande famille Regueïbat, ils s’en distinguent par un nomadisme de plus grande ampleur  , par un caractère plus farouche, et par un amour encore plus grand de l’indépendance, amour tel qu’à l’intérieur de la cellule que constitue un « campement », ils s’installent normalement par « tentes » distantes de centaines de mètres les unes des autres dans un même campement.
    « Fils des nuages », parce que les grands nomades vont avec leurs troupeaux là où les nuages crèvent, la pluie bienfaisante étant génératrice des pâturages nécessaires à la vie des troupeaux, et « amis de la paix lointaine », c’est-à-dire pacifiques certes, mais « de loin », sans accepter d’être les vassaux de qui que ce soit.
    Evidemment quarante ans ont passé, et les Regueïbat Charg se sont un peu humanisés, et ont été contraints de nouer des liens un peu plus étroits avec les Espagnols, les Marocains et les Algériens. Ils ont cependant toujours manœuvré pour que ces liens soient les moins étroits possible, et en tous cas les plus légers à supporter. Le comportement de Khattri Ould Joumani est à cet égard bien caractéristique, à travers les volte-faces auxquelles il s’est livré depuis 1957. En 1957, en effet, il jouait le Maroc, qui venait d’organiser une soi-disant « Armée de libération de la Mauritanie », comprenant plus de Marocains que de Regueïbat, pour s’emparer au minimum du Nord de la Mauritanie, les Marocains au moment où la décision d’exploiter les gisements de fer de la Kedia d’Idjill venait de se concrétiser, « découvrant » soudainement que la Mauritanie était une province « marocaine », avec un parfait mépris de l’histoire.
    En 1958, dès que, après l’opération « Ecouvillon » franco-espagnole de Janvier qui avait ramené les bandes maroco-sahraoui jusqu’au Maroc, après nettoyage du Rio de Oro et de la Seguiet el Hamra, il devenait un grand ami des Français et leur proposait sans vergogne, à condition qu’on arme ses fidèles, de se retourner contre les Marocains et d’organiser une guérilla contre eux dans le sud du pays.
    Peu après, il faisait « ami-ami » avec les Espagnols et acceptait pour sa tribu un rattachement de principe au Sahara espagnol. « Joug » léger s’il en fût, puisque les « Charg » ne payaient pas d’impôts à l’Espagne, étaient matériellement et largement soutenus à chaque menace de famine, et étaient représentés aux Cortès en Espagne  .
    En 1975, sentant le vent, et dès l’annonce d’un prochain accord hispano-marocain, il se précipite au Maroc pour aire acte d’allégeance vis-à-vis de Hassan II. En réalité, ces changements d’attitude n’avaient d’autre but que de rester « du côté du manche » et d’obtenir pour les « Charg » le statut le plus favorable possible, c’est-à-dire le moins contraignant possible.
    Pour que ce tableau soit complet, il faut rappeler qu’à la suite des arrangements intervenus dans la région de Tindouf après le dernier conflit armé Maroc-Algérie, un certain nombre de « Charg », les moins nomades, et ceux ayant toujours fréquenté le sud algérien, passaient avec accord du Maroc sous un contrôle de principe des Algériens, sans opposition sévère des Espagnols qui, à dire vrai, depuis des années n’occupaient que très théoriquement l’intérieur du Sahara espagnol, portant leurs efforts sur la façade atlantique – port d’El Aïoun, débouché du gisement de phosphates dont ils commençaient la mise en exploitation.
    Un mot sur les effectifs « réels » de Regueïbat Charg, les « Sahraouis » d’aujourd’hui : environ 20.000 en 1935, ils sont peut-être 50.000 actuellement ? – C’est certainement un chiffre maximum.
    Les relations maroco-mauritaniennes :
    En 1957, les Marocains avaient organisé une « Armée de libération de la Mauritanie », comprenant évidemment, pour la vraisemblance, un certain nombre de Maures – des Regueïbat Charg et quelques « Sahel », mais une majorité d’authentiques Marocains, dont des Marocains de l’armée régulière « en civil ».
    Se basant sur une unique correspondance d’un Emir du Trarza (province du sud de la Mauritanie, dont est originaire le Président Moktar Ould DADDAH), qui dans la langue fleurie en usage entre Arabes, reconnaissait une allégeance religieuse vis-à-vis du Sultan du Maroc, « Emir des Croyants », le Maroc prétendait tout à coup que la Mauritanie n’était qu’une province marocaine, qui devait donc rentrer dans le giron de la mère patrie. Cette prise de position soudaine correspondait avec la décision de mise en exploitation du gisement de fer de la Kedia d’Idjil, très important et d’une remarquable qualité.
    La Mauritanie, sous le régime de la loi-cadre, n’était pas encore indépendante, mais à la veille de l’être. Le gouvernement marocain de ‘époque, poussé par « l’Istiqlal », estimait-il qu’à la veille de se retirer de Mauritanie, la France n’interviendrait que mollement, ou peut-être même un lobby marocain assez puissant existant en France, laisserait faire ? Je l’ignore. Quoi qu’il en soit, après avoir passé plusieurs mois en Seguiet el Hamra et au Rio de Oro à s’organiser, sous l’œil neutre sinon bienveillant des Espagnols, les bandes de l’armée de libération attaquaient la Mauritanie en 1957, l’une d’entre elles arrivait même par surprise jusqu’à 15 km d’Atar. Refoulées respectivement au Rio de Oro et en Seguiet el Hamra, après de dures opérations dans la région nord de Bir Moghrein, Janvier et Février 1957, non sans pertes sérieuses de notre côté, les bandes laissaient sur le terrain d’assez nombreux cadavres, dont beaucoup de Marocains, et pas mal d’armes. Au cours des 3 mois qui suivirent, les relations franco-espagnoles s’étant améliorées après différents contacts entre méharistes et sahariens français et espagnols, les Espagnols retirèrent leur appui aux bandes… mais celles-ci cantonnaient toujours au Rio de Oro et en Seguiet.
    Le 14 Juillet 1957, le général Cdt. Supérieur des troupes françaises de l’AOF et le Capitaine général du Sahara espagnol, arrêtaient le principe d’un nettoyage du Rio de Oro et de la Seguiet par une opération franco-espagnole. Celle-ci se déroula, de façon presque secrète, en 3 semaines, en Janvier 1958 – opération « Ecouvillon » – cependant que la presse tournait plutôt ses regards vers la frontière algéro-tunisienne : Sakkiet).
    Début Février 1958, « l’armée de libération de la Mauritanie » qui avait compté environ 800 à 1.000 hommes en 4 ou 5 bandes bien armées, était refoulée en Maroc.
    Le rêve marocain de conquête de la Mauritanie, et de ses mines de fer, s’évanouissait… au moins provisoirement.
    Il convient à ce sujet de noter qu’en 1934, les forces françaises du Maroc, qui avaient « pacifié », à vrai dire sans tirer de coups de fusil, les confins sud du Maroc, et donc nord de la Mauritanie, avaient déjà manifesté l’intention de rattacher au Maroc le nord de la Mauritanie jusques et y compris Fort Gouraud (Kedia d’Idjil, gisement de fer). Grâce à l’opposition et à la clairvoyance du gouverneur de la Mauritanie, M. CHAELAS, rappelant que la Mauritanie était une « colonie » alors que le Maroc n’était qu’un « protectorat », le Général TRINQUET avait dû rabattre ses prétentions. Cependant, un commandement des confins algéro-maroco-mauritaniens avait été mis sur pied, qui empiétait sur le territoire de la Mauritanie  . Son siège était à Tiznit, et les troupes algéro-marocaines (françaises) occupaient Bir Moghrein et Aïn ben Tili en territoire mauritanien. La Mauritanie n’était représentée à Bir Moghrein, chez elle, que par un officier détaché par la Mauritanie auprès du Commandement des confins algéro-marocains » et Bir Moghrein était fâcheusement baptisé « Fort-Trinquet ».
    Ce n’est qu’un détail historique, mais il n’est pas tellement surprenant que le commandement français du Maroc ayant à l’époque envisagé « d’annexer » le nord de la Mauritanie, le Maroc indépendant ait eu la même idée quelques années plus tard.
    1959 à 1970 : années durant lesquelles la Mauritanie devint indépendante, fut admise à l’ONU à une énorme majorité sur présentation conjointe de la France et de la Tunisie, mais années durant lesquelles le Maroc s’obstina à refuser de reconnaître la Mauritanie comme un Etat indépendant. De 1960 à 1963, le Maroc entretient même en Mauritanie un climat d’insécurité, qui se traduisit par des attentats à Atar, Nema et Nouakchott, perpétrés par des Mauritaniens certes, mais avec des armes venues du Maroc ; 3 ministres du premier gouvernement mauritanien indépendant avaient rejoint le Maroc ; un ministère du Sahara avait été confié au Maroc à un ancien député mauritanien à l’Assemblée Nationale française  , et, hebdomadairement, la radio marocaine attaquait la Mauritanie et donnait les noms d’individus « à supprimer ».
    Et puis, après 13 ans sans relations diplomatiques, et, il faut le reconnaître, à l’instigation d’Hassan II faisant taire son opposition, le Maroc a officiellement reconnu la Mauritanie. Cette réconciliation entre « pays-frères » suivant la terminologie en Afrique, fut célébrée avec éclat, en particulier à Nouakchott.
    Puis en 1970 (ou 1971 ?), une réunion solennelle de 48 heures eut lieu à Nouadhibou entre Hassan II, Boumediene et Moktar Ould Daddah. A l’issue de cette réunion, ils affirmaient leur parfait accord
    1°/ pour la décolonisation du Sahara dit espagnol par le départ des occupants
    2°/ pour la fixation du sort des populations « libérées », par consultation populaire.
    Leur accord réel et profond sur le premier point n’était pas douteux. En ce qui concerne le second, le sens donné à « consultation populaire » par l’Algérie (référendum) et la Mauritanie et le Maroc (certainement, et dès lors, prêts à se contenter d’un vote de la « Djemaa ») n’était sans doute pas le même.
    Quoiqu’il en soit, le Colonel Boumedienne avait affirmé que l’Algérie n’avait aucune revendication territoriale à formuler sur les territoires « à libérer » ; il « aurait » cependant fait état de son désir sinon d’avoir une fenêtre sur l’Atlantique, tout au moins de pouvoir exporter par El Aïoun le fer de l’énorme gisement de Gara Djebilet, près de Tindouf, dont la sortie par la façade méditerranéenne de l’Algérie, n’était absolument pas rentable à cause de la distance.      
    À suivre – 15 Février 2011 – documents diplomatiques : suite de la note du colonel François Beslay au début de la guerre du Sahara
    NB – Les notes sont celles de l’auteur du document n° 15 – Situation générale…
      – L’auteur de la note, qui a vécu de nombreuses années au Sahara comme officier méhariste ou Commandant de cercle, use quelquefois de la forme personnelle et directe.
      – « Regueïbat de l’Est » ou plus exactement du Nord Est.
      – « Regueïbat du Nord » ou plus précisément du Nord et de l’Ouest.
      – zone de nomadisation de la Seguiet el Hamra à l’Ouest à Tabelbala dans le Sud-Algérien et à Taoudéni dans le Nord-Mali et englobant les régions orientales du Sahara mauritanien, à l’Est de la ligne Tourine – Ouadane – Tichitt

      – Par 4 députés, si je ne me trompe, dont Khattri Ould Joumani.

      – La limite sud des Confins était le 25° parallèle.
      – Horma ould Babana
    Source : Le Calame, 09/02/2011
  • FSM de Dakar : La charte du forum piétinée

    La charte pacifique du Forum social mondial élaborée en 2001 à Porto Allegre vient d’être piétinée allégrement par les Marocains.

    Désormais, cet espace social et politique de libre expression n’a presque plus de raison d’être dès lors que les opprimés ne peuvent plus témoigner. Les 60 000 participants ont constaté, dimanche après-midi, de visu, la répression féroce dont ont été victimes les organisateurs d’un atelier sur «Le Sahara occidental, dernière colonie d’Afrique». Mme Jadiyetu El Mokhtar, porte-parole de l’Union nationale des femmes sahraouies (UNFS) a failli perdre la vue après qu’une bande de Marocains surexcités lui ait arraché ses lunettes et l’ait rouée de coups. Une centaine de jeunes Marocains «fliqué» avaient en effet squatté la salle qui devait accueillir l’atelier.

    Les Sahraouis et tous ceux qui voulaient assister à la conférence furent surpris d’y trouver une «armée» de Marocains, drapeau rouge en main, criant «Sahara marocain !». Il était dès lors impossible d’approcher la tribune. «On parle de négociation, mais en réalité il n’y a que de la répression», fulmine Mme Jadiyetu, le visage rouge d’ecchymoses et les yeux larmoyants, dans un point de presse improvisé au niveau de la bibliothèque de l’université. «On m’a agressée, on m’a pris mes lunettes et battue avec le bâton du drapeau. Les Marocains ont ensuite mis les drapeaux de leur pays sur nos têtes et quand on a essayé de les enlever, ils ont voulu nous étrangler avec… C’est inhumain !», lâche-t-elle, apeurée.

    C’est pourquoi elle a demandé, au nom des militants sahraouis, aux organisateurs du Forum d’assurer leur sécurité. Mais cet appel plaintif ne semble pas avoir été entendu puisque des Marocains ont refait leur cinéma, hier, devant les altermondialistes du monde entier. Et pour le coup, ce fut un succès retentissant pour les Sahraouis et leur cause. Quant à ce Forum Dakar 2011, censé être celui de la société civile, a fait lamentablement flop. Au royaume altermondialiste du Sénégal, l’alignement pro-marocain fait foi.
    Hassan Moali

    El Watan, 09/02/2011
  • FSM de Dakar: un collectif de femmes sahraouies en conférence sur les droits de l’homme

    DAKAR – Un collectif de femmes sahraouies venues des territoires occupés par le Maroc ont résisté, mardi à Dakar, aux menaces d’extrémistes marocains et animé une conférence historique sur les violations des droits de l’homme dont est victime le peuple sahraoui sur sa propre terre. La conférence prévue dans le programme du Forum social mondial (FSM) a été précédée par une intervention musclée des agents de sécurité qui ont évacué au moins une trentaine de perturbateurs qui voulaient empêcher la tenue d’un débat qui se voulait être « libre » et « démocratique », a-t-on constaté sur place. La rencontre, qui a drainé une grande foule composée de sahraouies victimes, militants des droits de l’homme, ONG, associations internationales soutenant les combats des peuples pour l’indépendance ainsi que des représentants de la presse internationale, a été marquée par des témoignages poignants, émouvants et authentiques sur les violations « systématique » des droits de l’homme au Sahara occidental, territoire déclaré par l’Onu en 1966 non-autonome et occupé par le Maroc depuis 1975.

    En effet plusieurs intervenantes ont évoqué des scènes illustrant « les atrocités et les exactions commises par le régime marocain contre les enfants, les femmes et les personnes âgées pour réprimer un peuple luttant pour son droit à l’autodétermination ».

    La rencontre a duré plus de deux heures sous l’oeil vigilant d’un service d’ordre contraint à assurer la sécurité des Sahraouis, suite à la forte mobilisation, en leur faveur, des participants qui menaçaient de se retirer du FSM si de nouvelles agressions venaient à être commises par les membres de la délégation marocaine.
    Dans leurs interventions, Layla ElIili et ses compatriotes, Lakhlifi Nahabouha et Djamila Abdellouahab Dambar ont affirmé qu’ »il n’y a pas un jour qui passe sans qu’il n’y est des violations graves des droits de l’homme dans les territoires occupés ».
    « La torture, les enlèvements, les arrestations, les condamnations et les exécutions sont devenus le lot quotidien des populations sahraouies », ont-elles affirmé, suscitant indignation et condamnation au sein de l’assistance. En outre, les témoignages sur les violations n’ont laissé personne indifférent, même parmi certains Marocains présents qui cachaient mal leur émotion après avoir écouté de tels témoignages.
    En plus de cette réalité, les intervenantes ont ajouté que les autorités marocaines refusent non seulement de libérer les Sahraouis arrêtés arbitrairement mais « elles cachent également les lieux de détentions où se trouvent les Sahraouis et rejettent les plaintes de leurs familles ».
    Avant la levée des travaux de la conférence, les participants ont condamné et dénoncé à l’unanimité « le silence des autorités françaises qui ne cessent d’œuvrer pour cacher les violations des droits de l’homme dont sont victimes les Sahraouis ».
  • Collecte de livres pour deux bonnes causes – Rezé

    Avec la Barak’à livres, Amis et enfants du Monde et Enfants d’ici ou d’ailleurs espèrent financer des projets humanitaires.

    De 10 h à 18 h, non-stop, samedi 12 février et samedi 19 mars aura lieu une collecte de livres au centre info jeunesse Diderot à Rezé. Deux associations de solidarité internationale, Amis et enfants du Monde (AEM) et Enfants d’ici ou d’ailleurs, ensemble c’est tout, se sont unies pour organiser, une première édition d’une collecte suivie d’une vente de livres le dimanche 10 avril, salle du Seil.

    Elles ont appelé l’opération la Barak’à livres parce que la salle de vente du Seil est à proximité immédiate de la Barakason. Pour la collecte, tous les livres les intéressent mais ils doivent être en bon état : romans, bandes dessinées, revues, livres pour tous âges, enfants et adultes.

    La recette de la vente sera partagée entre les deux associations. Pour les AEM, elle permettra de soutenir financièrement des initiatives en faveur des enfants défavorisés à l’étranger et pour Enfants d’ici ou d’ailleurs, de financer une partie d’un voyage au Sahara occidental.

    En effet, cette association, créée en 2010, est composée de Rezéens de 14 à 17 ans qui fréquentent l’Arpej et l’été lorsqu’ils partent en colonies de vacances, ils côtoient des jeunes Sarahouis invités par l’association Enfants réfugiés du monde. Avec le temps, des liens d’amitié se sont établis et ils ont eu envie de leur rendre visite. Ce sera chose faite en octobre prochain, ils iront dans leurs camps de réfugiés au sud de l’Algérie, au coeur du désert, dans l’attente que se résolve la question de l’indépendance du Sahara Occidental.

  • Ali AARRASS a été torturé

    COMMUNIQUE DE PRESSE du CABINET D’AVOCATS JUS COGENS – Me Christophe MARCHAND (GSM: 32.486.32.22.88) et Me Dounia ALAMAT (GSM:32.472.40.58.02)
    Affaire Ali AARRASS 8 février 2011 : 

    Après l’extradition par l’Espagne d’Ali AARRASS, malgré la demande expresse du Comité des Droits de l’Homme des Nations-Unies de suspendre cette mesure, ce belgo-marocain a été torturé au Maroc


    Ali AARRASS est belgo-marocain. Il n’est marocain qu’en raison du fait qu’il a dû obtenir, pour voyager, un titre d’identité. Ali AARASS est né dans l’enclave espagnole de Melilla. Il n’a jamais vécu au Maroc et n’a aucun lien effectif avec ce pays.
    Ali AARRASS a vécu 28 ans en Belgique, y a fait son service militaire, y a développé un commerce de proximité et des attaches profondes.

    Ali AARRASS a un casier judiciaire vierge tant en Belgique qu’en Espagne, où il était retourné vivre près de son père en 2005. Il a fait l’objet de deux enquêtes en Espagne pour vérifier qu’il n’entretenait pas de liens avec des groupes terroristes. Il a été totalement blanchi après une instruction de près de trois ans, menée par le juge Baltasar GARZON.

    Ali AARRASS était détenu en Espagne depuis avril 2008 suite à une demande d’extradition formulée par le Maroc. Il est soupçonné par cet Etat d’appartenir à la « cellule terroriste Belliraj ».

    Il est de renommée commune que le Maroc torture de manière systématique les individus dans le cadre de la lutte contre le terrorisme, motif invoqué par cet Etat pour museler toute opposition politique pacifique. Il est également de renommée commune que le « procès Belliraj », mené au Maroc, a été une véritable mascarade, une parodie de justice. Les inculpés ont été torturés pour ensuite être condamnés sur base de leurs propres « aveux », obtenus sous la torture.

    Sur cette problématique, les critiques des organisations internationales de défense des droits de l’homme sont aussi virulentes que celles faites à l’encontre d’autres pays du Maghreb, aujourd’hui en pleine révolte.

    Ali AARRASS s’opposait dès lors fermement à son extradition. Il a fait trois grèves de la faim pour l’éviter.

    Interpellée par la famille AARRASS depuis l’incarcération d’Ali, le Ministre des affaires étrangères belge a refusé de prendre contact avec l’Espagne afin de faire part ne fut-ce que de la préoccupation des autorités belges à l’égard de leur ressortissant. Le Ministre invoquait « la confiance mutuelle » qui prévaut entre les différents Etats européens, alors même que cette confiance était mal placée.

    Le 19 novembre 2010, le Conseil des ministres espagnol a approuvé l’extradition d’Ali AARRASS. Par contre, l’Espagne a refusé d’extrader Monsieur EL BAY, détenu dans la même affaire mais de nationalité hispano-marocaine. Cet homme a, à juste titre, été libéré.
    Le Comité des droits de l’Homme des Nations Unies a alors été saisi d’une requête en extrême urgence afin d’empêcher la remise d’Ali AARRASS au Maroc.

    Au grand soulagement de toute sa famille, le Comité des droits de l’Homme a pris une mesure provisoire et a demandé l’Espagne à ne pas l’extrader, dès le 26 novembre 2010.
    Les proches d’Ali AARRASS pensaient alors que l’injustice qu’il subissait depuis des années prendrait bientôt fin.

    Malheureusement, le 14 décembre 2010, le consul belge, qui avait finalement reçu instruction de visiter Monsieur AARRASS, a été informé que cette visite ne pouvait avoir lieu : Ali AARRASS avait été extradé.

    Ce consul n’a même pas pris la peine de contacter les avocats d’Ali AARRASS ou sa famille. C’est par la presse que cette extradition a été portée à la connaissance de ses proches.
    En extradant Ali AARRASS malgré la mesure provisoire adoptée par le Comité des Droits de l’Homme des Nations Unies, l’Espagne a manifestement violé ses obligations internationales . C’est d’autant plus choquant que, s’adressant au Comité des Droits de l’Homme, cet Etat avait sollicité, le 7 décembre 2010, la levée de la mesure provisoire, ce qui ne lui avait pas été accordée.

    Après cette extradition illégale, le Ministère des Affaires Etrangères belge a, à nouveau, été contacté. Le Ministère s’est cette fois retranché derrière la double nationalité d’Ali AARRASS pour refuser toute intervention en sa faveur. Ce refus paraît inacceptable. Le Maroc pourrait éventuellement refuser de faire droit aux demandes des autorités consulaires belges mais le Belgique ne peut se dédouaner ainsi de ses obligations diplomatiques, d’autant qu’une pression internationale est en soi de nature à protéger Ali AARRASS.

    De très nombreuses démarches ont été effectuées, dès le 16 décembre 2010, afin de localiser Monsieur AARRASS et de le soutenir. Le Ministre de la Justice marocain a notamment été avisé de l’état de santé très précaire d’Ali AARRASS, qui était en grève de la faim depuis près d’un mois. Le Rapporteur spécial contre la torture des Nations-Unies a également été alerté, compte tenu des craintes de mauvais traitements.

    Malheureusement, la procédure marocaine autorise le maintien en garde-à-vue pendant douze jours en cas d’application de la législation antiterroriste. Durant ce délai, les personnes sont maintenues au secret et ne peuvent pas communiquer avec l’extérieur ou bénéficier de l’assistance d’un avocat. Dans son rapport du 1er décembre 2004, le Comité des Droits de l’Homme avait déjà indiqué : « Le Comité considère comme excessive la période de garde à vue – 48 heures (renouvelables une fois) pour les crimes ordinaires et 96 heures (renouvelables deux fois) pour les crimes liés au terrorisme –, période pendant laquelle un suspect peut être détenu sans être présenté devant un juge. L’État partie devrait revoir sa législation sur la garde à vue et la mettre en conformité avec les dispositions de l’article 9 ainsi que de toutes les autres dispositions du Pacte. L’État partie devrait modifier sa législation et sa pratique pour permettre à la personne arrêtée d’avoir un accès à un avocat dès le début de sa garde à vue (articles 6, 7, 9, 10 et 14 du Pacte) » .

    C’est au cours de ce délai illégal de garde-à-vue que Monsieur AARRASS a été torturé. Il a été privé de sommeil pendant de nombreux jours et soumis à des interrogatoires incessants. Au cours de ceux-ci, il aurait fait l’objet d’injections de produits chimiques, de chocs électriques dans les parties génitales, du supplice de la bouteille (viol) et de nombreux autres sévices inqualifiables.

    Il semble que, lorsqu’il a été présenté pour la première fois devant un juge d’instruction, Monsieur AARRASS se trouvait dans un tel état qu’il a été impossible de l’auditionner. Lors de sa seconde présentation, l’avocat de Monsieur AARRASS a pu l’accompagner mais le juge d’instruction a refusé d’acter les allégations de torture de Monsieur AARRASS.

    Pourtant, la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants du 10 décembre 1984, impose :
    « Tout Etat partie assure à toute personne qui prétend avoir été soumise à la torture sur tout territoire sous sa juridiction le droit de porter plainte devant les autorités compétentes dudit Etat qui procéderont immédiatement et impartialement à l’examen de sa cause. Des mesures seront prises pour assurer la protection du plaignant et des témoins contre tout mauvais traitement ou toute intimidation en raison de la plainte déposée ou de toute déposition faite».

    « Tout Etat partie veille à ce que toute déclaration dont il est établi qu’elle a été obtenue par la torture ne puisse être invoquée comme un élément de preuve dans une procédure, si ce n’est contre la personne accusée de torture pour établir qu’une déclaration a été faite » .

    Dans ces circonstances, les proches d’Ali AARRASS sont extrêmement inquiets. Ils ont peur qu’Ali soit condamné sur base d’aveux obtenus sous la torture, les siens et ceux de Monsieur BELLIRAJ. Le dossier répressif marocain ne contient en effet aucun élément objectif relatif à l’implication de Monsieur AARRASS dans un quelconque groupe terroriste.

    Les proches de Monsieur AARRASS appellent les gouvernements espagnols et belges à se préoccuper de celui qu’ils ont livré à ses tortionnaires. Ils exigent qu’une enquête impartiale soit réalisée quant à ces allégations de torture. Ils appellent toutes les bonnes volontés à faire pression afin qu’Ali puisse bénéficier d’un procès équitable. Ils implorent les juridictions marocaines à ne pas avaliser l’usage de la torture et à rendre une justice qui puisse honorer le peuple marocain.
    Source : Moqawama, 08/02/2011
    Commentaire de Diaspora Saharaui :
    Un autre ressortissant belgo-marocain, Abdelkader Belliraj se trouve en prison depuis 2008 sous des fausses accusations liées au terrorisme.
  • Sarkozy, Mam, Ollier, Fillon… vive les vacances aux frais des dictateurs !

    « Je voudrais dire à Michèle tout mon soutien. Elle a le soutien du président de la République et du Premier ministre », a donc finalement accordé à Alliot-Marie François Fillon. On comprend qu’il la défende : si la ministre des Affaires étrangères a passé des vacances invitée par un proche du dictateur ben Ali, utilisant à deux reprises son jet privé, lui-même se trouvait, à la même époque, hôte du dictateur… égyptien, Hosni Moubarak ! « François Fillon a été hébergé par le gouvernement égyptien pendant ses vacances de fin d’année et a emprunté un avion « de la flotte gouvernementale » du pays pour une excursion, a annoncé Matignon mardi 8 février, dans un communiqué qui confirme des informations du Canard enchaîné« , relaie L’Obs.com. Selon le palmipède, le jet appartiendrait même directement à Moubarak. Voilà qui éclaire aussi la querelle qui avait opposé le Premier ministre à sa secrétaire d’Etat à la Jeunesse Jeannette Bougrab. Cette dernière avait déclaré : « Je crois qu’il faut que le président Moubarak parte, je crois qu’après 30 ans de pouvoir il y a quand même une forme d’usure et que la transition démocratique doit aussi toucher l’Égypte. » Suite à quoi Fillon l’avait fermement recadrée : « Du coup, la secrétaire d’État avait été convoquée dimanche à Matignon, où Fillon lui a rappelé que ce sont le président de la République et son Premier ministre qui expriment la position de la France et du gouvernement sur l’Égypte… et pas elle ! A sa sortie de Matignon, elle avait été contrainte de publier un communiqué précisant que c’était sa position et pas celle de la France », relate Le Post. France Info résume pour sa part la mise au point fillonesque par cette phrase : « C’est le peuple égyptien qui décide ».
    Une position ensuite défendue par Nathalie Kosciusko-Morizet, invitée par RTL-LCI-Le Figaro : « Je pense que nous n’avons pas à souhaiter le départ d’un dirigeant étranger. C’est le peuple égyptien qui doit décider des ces choses-là, il n’y a que lui qui peut le faire », avait dit la ministre de l’Ecologie. « L’enjeu c’est : est-ce qu’on peut réussir vers plus de démocratie sans aller vers l’islamisme ? C’est un sujet qui, bien sûr, nous préoccupe beaucoup. » Moubarak est-il un dictateur ? Oui, mais ne préfère-t-on pas un tyran ami avec les occidentaux qu’un islamiste ? Voilà ce que signifie la phrase de NKM. Toujours le même épouvantail, comme s’il n’existait pas de troisième voie. Cela justifie-t-il pour autant de se compromettre avec le Raïs, en acceptant de passer des vacances avec sa famille tous frais par lui payés ? Evidemment non. Fillon a donc commis une faute politique incontestable. « Ça ne m’étonne pas que M. Fillon n’ait pas demandé la démission de Michèle Alliot-Marie car il est tombé dans la même marmite de la complaisance à l’égard de dictateurs. Comme elle, il a profité de leur générosité », réagit sur Le Post le député Vert Noël Mamère. Le communiqué diffusé par Matignon en guise de pare-feu ne met pas fin au problème politique. Nous avons donc trois ministres pris la main dans le sac pour avoir passé des vacances payées aux frais de dictateurs. Vous vous rendez compte ? Après Michèle Alliot-Marie et son compagnon, Patrick Ollier, qui sont tous deux ministres d’Etat, le Premier ministre se fait prendre lui aussi… Nous sommes face à une affaire d’Etat. Cette affaire pose la  question du maintien de François Fillon à Matignon. » Cerise sur le gâteau, le communiqué de presse de Matignon indique apporter des précisions sur le séjour égyptien de Fillon « par souci de transparence ». Sauf que lesdites vacances se sont déroulées durant les fêtes de fin d’année et qu’on ne l’apprend qu’aujourd’hui, en catastrophe, parce que le Canard enchaîné publiera toute l’histoire demain. Parler de transparence dans ces circonstances relève donc du grand foutage de gueule !
     
    « Ce n’est que l’illustration du sarkozysme, dit encore Mamère. Qui a donné l’exemple ? C’est Sarkozy en passant des vacances sur le yacht de Bolloré aux lendemains de son élection ! C’est le règne de l’impunité puisqu’on a le pouvoir… » Il eût été plus inspiré de mentionner les vacances du chef de l’Etat de décembre 2009, tous frais payés par… Mohammed VI, « à la résidence royale de Jnane Lekbir », comme le précisait Libération« Mohammed VI régale les Sarkozy. L’ambiance est feutrée, la tablée conviviale. Le roi du Maroc a convié dimanche soir le couple Sarkozy, à partager le dîner familial dans son palais, à Marrakech. Un repas de fête qui n’est pas son seul égard pour le président français et son épouse, puisque l’un et l’autre sont logés dans le « petit palais » de Jnane Lekbir, au cœur de la palmeraie de Marrakech, à trois kilomètres du centre-ville sur la route de Meknès », détaillait France soir. Ou encore les vacances d’octobre dernier, en plein conflit sur les retraites et en cachette : « Le lundi 25 après-midi, L’Express demande au conseiller en communication du président, Franck Louvrier, si le chef de l’Etat se trouve bien au Maroc, comme il en a eu l’information. Réponse négative : Nicolas Sarkozy est au Cap Nègre. Sauf que personne ne l’a vu sur place, ni même à l’aéroport. En réalité, le président s’est bel et bien rendu au Maroc, dans une résidence prêtée par le roi. « Je ne le savais pas, il fait aussi des surprises », assure aujourd’hui Franck Louvrier. Sans doute l’Elysée a-t-il jugé préférable de rester discret sur cette destination ensoleillée, alors que le climat social reste tendu et que les manifestations sur les retraites se sont succédé à un rythme soutenu. »
    En quoi ces séjours aux frais de la princesse du roi sont-ils gênants ? Un exemple, tiré de L’Humanité : « Jointe par téléphone, Sonia Terhzaz, vingt-sept ans, est inquiète. Son père, le colonel-major Kaddour Terhzaz, condamné en novembre 2008 à douze ans de prison pour divulgation de «secrets militaires», risque de dépérir dans la prison de Salé, à Rabat. Il a été placé à l’isolement, dormant à même le sol, sans repas chauds, sans douche. Son crime ? Avoir écrit une lettre au roi Mohammed VI, en 2005, exposant la situation d’anciens officiers-pilotes libérés par le Front Polisario après vingt ans de détention, et dans laquelle il demandait un ajustement de carrière compte tenu du fait que leur grade a été gelé durant cette période. [En fait pour avoir transmis ladite lettre à un autre officier, histoire résumée sur le site de ses soutiens] Arrêté le 9 novembre 2008, l’officier est condamné, sans qu’il ait bénéficié d’un temps suffisant pour assurer sa défense. En dépit d’une lettre adressée au souverain marocain et signée par 150 députés européens, dont Patrick Le Hyaric, d’une cinquantaine de demandes de grâce envoyées par la famille de l’ex-officier, d’interventions multiples d’ONG de défense des droits de l’homme – Amnesty International, Human Rights Watch, AMDH (Maroc) – et d’une pétition signée par de nombreuses personnalités, dont le journaliste et écrivain Gilles Perrault, les autorités marocaines continuent à faire la sourde oreille. Quant à la France – Kaddour Terhzaz étant franco-marocain –, elle a adopté la posture de l’autruche, qualifiant la situation de «délicate, compliquée», alors que, par ailleurs, Nicolas Sarkozy n’a pas hésité à s’investir personnellement pour la libération du… soldat israélien Shalit, prisonnier du Hamas ! » Mais comment taper sur la table et exiger quoi que ce soit d’un dictateur – et le Maroc reste bien une dictature, témoin ce terrible billet de juin 2009 – alors qu’on est par ailleurs son débiteur personnel ? A cette dimension éthique élémentaire s’ajoute le pragmatisme bling bling des sarkozystes : après la Tunisie, si l’Egypte venait à tomber elle aussi et que la contagion gagnait le Maroc, où donc iraient se dorer la pilule nos gouvernants décomplexés ? Mam et Ollier ont tranché pour la Dordogne, qui ne mérite certes pas de souffrir en plus l’invasion des Fillon et des Sarkozy !
    Source : Plume de Presse, 08/02/2011