Mois : février 2011

  • Ce n’est pas l’Islam radical qui préoccupe les Etats-Unis, mais l’indépendance

    La nature des régimes qu’ils soutiennent dans le monde arabe importe moins que leur contrôle. Les sujets sont ignorés jusqu’à ce qu’ils brisent leurs chaînes.

    «Le monde arabe est en feu», annonçait Al Jazeera la semaine dernière, alors que partout dans la région les alliés occidentaux «perdent rapidement leur influence».

    L’onde de choc fut déclenchée par le soulèvement en Tunisie qui renversa le dictateur soutenu par l’Occident, avec des réverbérations surtout en Egypte, où les manifestants ont submergé la police brutale du dictateur.

    Certains observateurs ont comparé l’événement aux renversements des régimes du camp soviétique en 1989, mais les différences sont importantes. La plus importante est qu’il n’y a aucun Mikhail Gorbachev parmi les grandes puissances qui soutiennent les dictateurs arabes. Washington et ses alliés s’en tiennent au principe bien établi que la démocratie est acceptable à condition qu’elle soit conforme aux objectifs stratégiques et économiques : excellente en territoire ennemi (jusqu’à un certain point) mais à éviter dans nos chasses gardées sauf si elle est correctement contrôlée.

    La comparaison avec 1989 est cependant valable dans un cas : la Roumanie, où Washington soutenait Nicolae Ceausescu, le plus brutal des dictateurs de l’Europe de l’est, jusqu’à ce que ce dernier devienne incontrôlable. Washington a ensuite salué son renversement tout en oubliant le passé. Le scénario est classique : Ferdinand Marco, Jean-Claude Duvalier, Chun Doo-hwan, Suharto et de nombreux autres gangsters utiles. Cela pourrait être aussi le cas avec Hosni Moubarak, tout en étant déployant les efforts habituels pour s’assurer que le régime qui succède ne s’éloigne pas trop d’un chemin tracé. Les espoirs semblent s’orienter vers le général Omar Suleiman, un fidèle de Moubarak, qui vient d’être nommé vice-président. Suleiman, qui a longtemps dirigé les services de renseignement, est détesté par le peuple en révolte presque autant que le dictateur lui-même.

    Un refrain souvent entendu est que le risque posé par l’islamisme radical oblige à s’opposer (à contre-coeur) à la démocratie et ce pour des raisons pragmatiques. Si la formule mérite considération, elle est néanmoins trompeuse. La vraie menace est l’indépendance. Les Etats-Unis et leurs alliés ont régulièrement soutenu des islamistes radicaux, parfois pour éliminer la menace d’un nationalisme laïque.

    Un exemple connu est celui de l’Arabie Saoudite, le centre idéologique de l’Islam radical (et du terrorisme islamiste). Un autre sur la longue liste est Zia ul-Haq, le plus brutal des dictateurs pakistanais et le préféré du Président Reagan, qui a mené un programme d’islamisation radical (financé par les Saoudiens).

    «L’argument habituel constamment avancé dans le monde arabe et à l’extérieur est que tout va bien, que tout est sous contrôle», dit Marwan Muasher, un ancien officiel Jordanien et actuellement directeur du centre d’études Middle East research for the Carnegie Endowment. «En suivant ce raisonnement, les forces retranchées rétorquent que les opposants et ceux à l’étranger qui exigent des réformes exagèrent la situation à l’intérieur».

    On peut ignorer l’opinion publique. Cette doctrine ne date pas d’hier et elle a été généralisée au monde entier, y compris à l’intérieur des Etats-Unis. Lorsque des troubles se produisent, quelques ajustements tactiques peuvent se révéler nécessaires, mais toujours avec l’idée de garder le contrôle.

    Le mouvement démocratique en Tunisie était dirigé contre «un état policier, avec peu de liberté d’expression ou d’association, et de graves atteintes aux droits de l’homme», dirigé par un dictateur dont la famille était détestée pour sa vénalité. Ainsi s’exprimait Robert Godec, ambassadeur des Etats-Unis, dans un câble daté de juillet 2009 et diffusé par Wikileaks.

    Ainsi, selon certains observateurs, «les documents (de Wikileaks) devraient rassurer l’opinion publique américaine que les dirigeants (US) sont effectivement conscients et qu’ils agissent», et même que les câbles confirment tellement la politique des Etats-Unis que c’est à se demander si ce n’est pas Obama lui-même qui organise les fuites (selon Jacob Heilbrunn dans The National Interest ).

    «L’Amérique devrait donner une médaille à Assange», peut-on lire dans un titre du «Financial Times», dans un article où Gideon Rachman écrit : «La politique étrangère des Etats-Unis apparaît comme éthique, intelligente et pragmatique…

    la position publique des Etats-Unis sur un sujet donné correspond en général aux positions privées.»

    De ce point de vue, WikiLeaks coupe l’herbe sous les pieds des «théoriciens du complot» qui émettent des doutes sur la noblesse des motivations proclamées par Washington.

    Le câble de Godec confirme cette idée

    -à condition de ne pas creuser plus loin. Dans ce cas, comme l’analyste de la politique internationale Stephen Zunes l’a indiqué dans Foreign Policy in Focus, on découvre aussi, à-coté du câble de Godec, que Washington a fourni 12 millions de dollars d’aide militaire à la Tunisie. On découvre que la Tunisie était l’un des cinq bénéficiaires : Israël (de manière constante); deux dictatures du Moyen-Orient, l’Egypte et la Jordanie ; et la Colombie qui détient le record en matière d’atteintes aux droits de l’homme et qui est aussi le premier bénéficiaire de l’aide militaire US sur le continent.

    La première pièce à conviction présentée par Heilbrunn est le soutien arabe à la politique des Etats-Unis contre l’Iran, révélé par les câbles. Rachman lui-aussi se saisit de cet exemple, à l’instar de la plupart des médias, tout en louant ces révélations encourageantes. Toutes ces réactions montrent à quel point la démocratie est méprisée dans les milieux éduqués. (selon Chomksy, ce sont les milieux «éduqués», ceux qui passent par le formattage du système éducatif, qui deviennent les piliers du système).

    Aucune mention n’est faite de ce que pense la population -chose facile à vérifier. Selon un sondage de Brookings Institution rendu public au mois d’août, certains Arabes sont effectivement d’accord avec Washington et les commentateurs occidentaux pour qui l’Iran représente une menace : ils sont 10%. Par contraste, les Arabes qui considèrent que ce sont les Etats-Unis et Israël qui représentent la plus grande menace sont, respectivement, 77% et 88%.

    L’opinion publique arabe est si hostile à la politique américaine qu’une majorité (57%) pensent que la sécurité régionale serait renforcée si l’Iran se dotait d’armes nucléaires. Néanmoins, «tout va bien, tout est sous contrôle» (selon l’expression de Muasher pour décrire cette illusion dominante). Puisque les dictateurs nous soutiennent, leurs sujets peuvent être ignorés -sauf lorsqu’ils brisent leurs chaînes. Dans ce cas, il faut procéder à un ajustement de politique.

    D’autres documents semblent confirmer l’enthousiasme qui s’exprime autour de la noblesse supposée de Washington. En juillet 2009, Hugo Llorens, l’ambassadeur US au Honduras, a informé Washington d’une enquête de l’ambassade sur « les enjeux juridiques et constitutionnels autour du renversement le 28 juin du Président Manuel ‘‘Mel’’ Zelaya.»

    L’ambassade a conclu qu’«il ne fait aucun doute que l’armée, la Cour suprême et le Congrès ont conspiré le 28 juin dans ce qui constitue un coup d’état illégal et anticonstitutionnel contre la branche exécutive du pouvoir». Très admirable, sauf que le Président Obama a rompu avec pratiquement toute l’Amérique latine et l’Europe en soutenant le régime issu du coup d’état et en ignorant les atrocités qui ont suivi.

    La révélation la plus remarquable de Wikileaks est peut-être celle qui concerne le Pakistan et qui a été examinée par l’analyste Fred Branfman dans Truthdig.

    Les câbles révèlent que l’ambassade US était parfaitement consciente que la guerre US en Afghanistan et au Pakistan non seulement renforçait l’antiaméricanisme ambiant mais aussi « le risque d’une déstabilisation de l’état pakistanais» et celui du cauchemar absolu : que les armes nucléaires tombent entre les mains de terroristes islamistes.

    Encore une fois, ces révélations «devraient rassurer l’opinion publique américaine que les dirigeants (US) sont effectivement conscients et qu’ils agissent» (selon Heilbrunn). Pendant ce temps, Washington avance à pas décidés vers un désastre.
    Par Noam Chomsky

    Les Débats, 10/02/2011
  • Des jeunes appellent à une marche grandiose le 20 février

    Le palais royal marocain fait face à une forte contestation à peine voilée et qui pourrait éclater au grand jour le 20 février, date d’une manifestation grandiose lancée sur un site communautaire de la toile. Un site, à l’origine de la révolte en Tunisie et en Egypte.  
    Ces jeunes, plus de 100 000, entendent sortir dans les rues des grandes villes pour protester contre le mal-vivre. Face à cette menace qui pourrait prendre de l’ampleur, le ministre marocain de la Communication et porte-parole du gouvernement, Khalid Naciri, semble calme et serein. «Nous percevons cela avec énormément de sérénité», avait-il affirmé, lors d’un point de presse. 
    Naciri semble ne pas comprendre ou saisir la portée d’un tel «projet» en disant que les initiateurs de la manifestation ne sont pas antiroyalistes et qu’ils revendiquent plutôt une réforme profonde du système politique marocain et de la place que doit y tenir la monarchie.
    Par contre, les jeunes Marocains, la force vive du pays, ont perdu confiance dans les hommes politiques, «qui n’agissent que selon leurs intérêts personnels et oublient le peuple et ses préoccupations», comme l’explique l’un des initiateurs dont les propos ont été rapportés par des médias étrangers. Sous le label  «Démocratie et liberté maintenant», les groupes comptent s’exprimer publiquement sur leur situation et dénoncer les pratiques des gouverneurs au Maroc.
    Cet appel à la manifestation a été critiqué par des «opposants» qui, après avoir appelé à une contre-action pour le 6 février, ont dû l’annuler pour certainement peu de mobilisation qu’elle a suscitée. La pression ne se limite pas au monde virtuel de la toile car les politiciens du royaume commencent à s’exprimer sur de possibles troubles au Maroc. Ils se veulent rassurants. 
    Ainsi, l’ambassadeur du Maroc auprès de l’Union européenne a expliqué que le citoyen marocain est immunisé contre des dérives sociales.
    Il est question pour le pouvoir marocain de liberté d’expression qui «ne dérange aucunement, tant que cela se déroule dans le plein respect des constantes et des intérêts suprêmes et vitaux du pays». Pour sa par, le prince Moulay Hicham, chercheur en sciences politiques à l’université de Stanford (Etats-Unis), parle d’«évolution» au Maroc. Cette évolution s’inscrit dans le cadre d’une monarchie constitutionnelle, au sens anglo-saxon. C’est-à-dire une monarchie parlementaire, où le roi se retirerait des affaires courantes de l’Etat.
    Si des observateurs n’écartent pas que c’est là un sujet de débat, d’autres relèvent que le royaume chérifien est rongé par la corruption et oxydé de misère. Ils estiment que le peuple marocain «ne mérite pas d’être maintenu dans la pauvreté et dans la peur par un système hors d’âge», de cette misère rien ne filtre car cachée derrière un voile d’hôtels paradisiaques, de golfs luxuriants. 
    Par ailleurs, le mouvement islamiste qui ne veut pas se faire distancer dans la course vers la révolte et le changement engagé par les jeunes appelle à «un changement démocratique urgent» pour l’établissement «de mécanismes mettant fin à l’autocratie». 
    Face à cette montée du discours de la rue et de l’opposition, le gouvernement se précipite pour apaiser la situation. «Le Maroc s’est engagé depuis longtemps dans un processus irréversible de démocratie et d’ouverture de l’espace des libertés», s’est empressé de dire le ministre marocain de la Communication.
    M. Zemmour
    Le Temps d’Algérie, 09/02/2011
  • Le Front Polisario dénonce le pillage des ressources naturelles sahraouies

    Le représentant du Front Polisario pour l’Europe, Mohamed Beisset, a dénoncé hier après-midi le forcing diplomatique effectué pendant plusieurs semaines auprès des 27 par le gouvernement espagnol, avec le soutien de la France, pour faire proroger l’accord de pêche UE-Maroc «au moins pour une année supplémentaire », comme l’a suggéré la ministre espagnole de l’Agriculture, Rosa Aguilar.

    Pour le représentant sahraoui, l’Espagne veut que ses chalutiers soient autorisés par les autorités marocaines à pêcher dans les eaux du Sahara occidental, comme ils le font depuis l’entrée en vigueur de cet accord en février 2007, alors que ce territoire est classé «non autonome» par les Nations unies.

    Hier, le comité des ambassadeurs des 27 était sur le point de se prononcer favorablement sur l’initiative de Mme Aguilar, qui avait toutes les chances d’aboutir en soirée, tant la pression des Espagnols était forte grâce au soutien de ses alliés, généralement les pays de la rive sud de la Méditerranée.

    Ceux du nord de l’Europe, comme le Danemark et la Suède, ont vainement fait valoir le rapport rendu public en 2010 par les services juridiques du Parlement de Strasbourg attirant l’attention de la Commission européenne sur le caractère illégal d’un tel accord qui autorise la pêche dans les eaux d’un territoire qui est sous occupation militaire du Maroc et non sous sa souveraineté.

    La Commission européenne avait laissé entendre qu’elle autoriserait la prorogation de l’accord en question, mais que cette initiative devrait toutefois recueillir l’accord du Parlement européen pour qu’elle puisse entrer en vigueur. «Aucun pays de l’Union européenne et d’ailleurs ne reconnaît pourtant les prétentions du Maroc à annexer le Sahara occidental», a déclaré Mohamed Besseit,

    qui n’a pas caché sa «déception» envers l’attitude de l’Espagne, le plus grand bénéficiaire de l’accord de pêche UE-Maroc qui parvient à expiration le 27 du mois courant. Sur les 117 licences accordées par Rabat aux chalutiers européens pour pêcher au Sahara occidental, la zone la plus poissonneuse de la côte ouest atlantique, 100 ont été attribuées aux pêcheurs espagnols.

    En contrepartie, le Maroc bénéficie d’une rétribution de plusieurs dizaines de milliers d’euros, accompagnée de multiples avantages pour le renouvellement de sa flotte de pêche et la formation de ses pêcheurs.

    «L’Espagne a choisi les intérêts économiques et le pillage des richesses de son ancienne colonie aux principes qu’elle prétend défendre», a déclaré M. Besseit, pendant que de leur côté des eurodéputés ont critiqué l’attitude de complaisance dont jouit Rabat en toutes circonstances auprès des gouvernements européens, les mêmes qui «ferment les yeux sur ce qui se passe dans les pays arabes».
    Hamid A.

    Le Temps d’Algérie, 09/02/2011
  • Arrogance

    Aujourd’hui, la guerre en Irak fait encore des dizaines de morts chaque jour et est certainement avec la guerre en Afghanistan au centre des préoccupations de l’administration de Barack Obama. Ce dernier qui avait promis durant sa campagne une résolution de ce conflit est bien obligé désormais d’essayer de trouver une solution à cette guerre interminable. Pourtant, il semblerait que l’on ait trop vite oublié les déclencheurs même de ce conflit auxquels personne ne demande, à l’heure actuelle, de compte. Que cela soit George W. Bush ou encore Dick Cheney, ou tout autre membre de l’équipe Bush lors de la préparation et du déclenchement de la guerre, aucun n’est inquiété par la justice ou ne serait-ce que par une légitime commission d’enquête internationale. Car cette guerre qui dure depuis près de huit ans a déjà coûté la vie à des centaines de milliers d’Irakiens, à plus de 4 000 soldats américains et aura coûté plus de 700 milliards de dollars et ce n’est pas fini. Donald Rumsfeld, ancien secrétaire d’Etat à la Défense et l’un des principaux fomenteurs de la guerre irakienne revient aujourd’hui sur le devant de la scène en publiant un livre où il pointe du doigt un grand nombre de ses collègues de l’époque et même le président Bush. Selon lui, Condoleezza Rice et Colin Powell, tous deux ex-secrétaires d’Etat aux Affaires étrangères sont en grande partie, du fait de leur inexpérience, responsables de l’énorme chaos dans lequel s’est rapidement enfoncé l’Irak. Pourtant, Colin Powell, vétéran du Viêt-Nam et ex-chef d’état-major, a incontestablement plus d’expérience dans le domaine des conflits armés que le politicien Rumsfeld, qui fut dans sa jeunesse pilote dans l’US Navy. Ce dernier tente d’ailleurs coûte que coûte de s’attribuer le beau rôle en accablant tous ses collègues de l’époque. Pourtant, c’est lui, avec Cheney, qui ont en premier lieu eu l’idée de cette guerre et qui ont poussé, grâce à leur emprise sur le président Bush, les Etats-Unis à entreprendre cette guerre. Mais il semblerait surtout que l’ex-secrétaire d’Etat ne regrette nullement d’avoir contribué au déclenchement de cette guerre, son seul regret est d’avoir eu des écarts de langage et de n’avoir pas démissionné sitôt le scandale de la prison d’Abou Ghraïb dévoilé au grand jour. Pas d’excuses donc, pas de repentance, mais au contraire une arrogance affichée qui dénote avec l’horreur que vit l’Irak aujourd’hui. Toutefois, Rumsfeld n’est pas le seul à pratiquer la politique de l’autruche. Que cela soit, Georges W. Bush ou encore Dick Cheney, aucun des instigateurs de cette guerre n’est aujourd’hui capable d’assumer les conséquences de leurs actes et la vie gâchée de millions d’Irakiens ne semble pas avoir grande importance à leurs yeux. Reste à savoir, si dans les années à venir les autorités internationales prendront des dispositions plus agressives à leur égard et s’ils seront un jour confrontés à leurs crimes.
    F. M.
    Le Jour d’Algérie, 10/02/2011
  • Scandale des vacances payées, Sarkozy en première ligne

    Le président français Nicolas Sarkozy a rappelé à l’ordre ses ministres hier pour tenter de calmer la polémique sur les vacances du Premier ministre aux frais du président égyptien Hosni Moubarak qui provoque les violentes attaques de l’opposition.

    «Simage écornée », «autorité de l’Etat mise à mal»: la gauche se déchaînait après la mise en cause de François Fillon, l’austère Premier ministre présenté par la droite comme l’image de l’intégrité, dans ce qui est en train de devenir un scandale de morale publique. Au point que le chef de l’Etat, à la veille de s’adresser aux Français jeudi à la télévision, a déjà rappelé à l’ordre ses minis-tres réunis en Conseil en leur demandant de «privilégier» la France pour leurs vacances et de faire valider au plus haut niveau leurs séjours à l’étranger. 

     
    La nouvelle, révélée mardi par l’hebdomadaire le «Canard Enchaîné», a fait l’effet d’une bombe: François Fillon a passé ses vacances de fin d’année aux frais de l’autoritaire président égyptien Hosni Moubarak, dont des centaines de milliers de personnes réclament jour après jour le départ. Il a lui-même reconnu avoir été «invité» par le régime égyptien et avoir profité sur place de l’hébergement, d’un avion pour un trajet Assouan-Abou Simbel et d’un bateau pour une sortie sur le Nil. Avant lui, sa ministre des Affaires étrangères, Michèle Alliot-Marie, avait déjà été épinglée pour avoir utilisé à deux reprises pendant ses vacances de Noël, l’avion privé d’un riche ami du non moins autoritaire président tunisien Zine El-Abidine Ben Ali, que la rue tunisienne a depuis poussé au départ. Rien d’illégal dans tout cela. Mais une accumulation qui choque après d’autres scandales de conflit d’intérêt ou d’usage abusif des deniers publics ayant touché ces derniers mois des ministres du président qui avait promis lors de sa campagne en 2007 une «République irréprochable». L’opposition s’insurge que des ministres puissent ne pas payer les dépenses d’activités privées en dénonçant une «confusion des genres». Et critique la «proximité» de gouvernants français avec des dirigeants qualifiés de «dictateurs» par les organisations de défense des droits de l’homme. L’opposition dénonce enfin un fossé entre les dirigeants et les Français appelés à se serrer la ceinture et à travailler plus longtemps en raison de la crise. «Les gouvernants se fréquentent (…) comme les membres d’une confrérie suprême qui finit par mépriser les critères éthiques du commun des mortels et se soucie comme d’une guigne de l’ennuyeuse question des droits de l’homme», écrit le quotidien de gauche «Libération». 
     
    L’écart «entre la façon de vivre des politiques et la réalité des Français» est «insupportable», s’est ému le patron de la CFDT, un des deux grands syndicats de France, François Chérèque, après un automne marqué par des semaines de manifestations contre la réforme de la retraite. La droite a, elle, serré les rangs autour de son Premier ministre. Le secrétaire général du parti au pouvoir UMP, Jean-François Copé, a fait part de son «indignation». La ministre des Sports, Chantal Jouanno, a déploré une «politique de caniveau». Mais apparemment conscient que cette nouvelle affaire risque encore de le plomber dans les sondages de président, attaqué au début de son mandat pour son goût du luxe, a dû mettre les points sur les i.
    Le Jour d’Algérie, 10/02/2011
  • Visites interfamiliales : Sale temps pour le Maroc

    Depuis hier, des délégations du Front Polisario et du Maroc se trouvent à Genève dans une réunion présidée par le Haut Commissaire aux Réfugiés, l’Envoyé Personnel et le représentant spécial du Secrétaire Général de l’ONU pour le Sahara Occidental.

    A l’ordre du jour, l’ouverture de brèches au mur de la honte marocain qui empêche les sahraouis de se retrouver. Ouverture qui fait partie des mesures de confiance établies par les Nations Unies depuis des années et qui n’a pas pu se réaliser à cause des obstructions marocaines qui voient dans les retrouvailles des sahraouis un facteur de déblocage du black out que le Maroc impose sur les territoires occupés du Sahara Occidental.

    Lentement, mais sûrement, le processus entamé par Christopher Ross poursuit son chemin. L’entêtement du diplomate américain embarrasse les autorités marocaines. Pour celles-ci, la poursuite des négociations, même si elle n’a rien apporté jusqu’à présent, elle met Rabat devant le fait accompli : les mesures de confiance exigées par le Conseil de Sécurité depuis 2007.

    Aujourd’hui, voilà le Maroc contraint à ouvrir la voie à ceux qu’il a toujours qualifiés de séquestrés et à qui ils font une peur bleue. Le contact entre les familles des deux côtés va s’intensifier. Dans le passé, il a déjà donné ses fruits : les manifestations dans les territoires occupés ne cessent de se multiplier.

    Si les visites inter-familiales ne sont pas encadrées comme c’était le cas jusqu’à maintenant, c’est le début de la fin de l’occupation. Une nouvelle révolte, cette fois-ci dans toutes les villes sahraouies occupées, est inévitable.

  • La rue appartient à celui qui l’occupe

    Les régimes dits fermés sont des régimes qui ne laissent aucune issue à la liberté  d’expression, qui verrouillent tous les espaces et étouffent dans l’oeuf la moindre revendication et la plus minime des protestations. Les peuples ainsi muselés par l’Etat, via ses institutions de répression, ne retrouvent en fin de compte que la rue pour exprimer leur ras-le-bol. C’est que seule la rue échappe au contrôle de l’Etat et reste la voie la plus sûre malgré la répression de se faire entendre au-delà des frontières. Il y a certes les moyens modernes de communication via Internet: Facebook, Twiter, mais la rue demeure, un symbole d’expression. Si l’Etat possède toutes les forces de répression, les peuples possèdent au moins la rue. En Tunisie, comme en Egypte comme dans d’autres pays ayant connu de grandes manifestations populaires, les régimes sont réputés pour leur verrouillage, les peuples étaient obligés de sortir dans la rue pour crier leur colère. 
    Les soulèvements populaires ne se font pas sur Internet et ne se forment pas par correspondance. Ces outils permettent la mobilisation mais la rue reste l’unique espace d’expression, justement parce qu’il échappe au contrôle de l’Etat. C’est pourquoi, il appartient à celui qui l’occupe. La preuve si l’Etat fait souvent appel à ses forces de répression pour chasser les citoyens de la rue, c’est dans le but de s’en accaparer. La rue devient donc un enjeu stratégique entre forces de répression et citoyens protestataires. 
    Dans les cas de la Tunisie et de l’Egypte, l’Etat n’a pas réussi à chasser les citoyens d’où la chute des deux régimes même si en Egypte, la chute n’est pas, tout à fait, avouée. Et c’est pourquoi les Egyptiens maintiennent leur pression en occupant continuellement la rue. Et dans la rue, les différences sociales sont vite évacuées, il n’y a aucune différence entre riches et pauvres, entre travailleurs et chômeurs, entre intellectuels et illettrés. La rue est souvent plus juste que l’Etat, lorsque ce même Etat n’arrive pas à imposer la justice sociale telle qu’elle est vécue par les sociétés démocratiques.
    Par BOUHALI Abdellah
  • Drogue, carburant et bêtes de somme dans les filets des GGF

    Plusieurs opérations menées récemment par la Gendarmerie nationale aux frontières de l’Est et de l’Ouest, se sont soldées par d’importantes saisies de drogue, de carburant et de produits alimentaires.

    La lutte contre la contrebande menée par la Gendarmerie nationale fait ressortir un nombre important de saisies de marchandises prohibées ainsi que l’interpellation de nombreuses personnes, dont des ressortissants étrangers. Ainsi, le 7 février courant, les éléments de la brigade de Béni Boussaïd (Tlemcen) ont interpellé un ressortissant marocain en possession d’un sac à dos renfermant 2,5 kg de kif traité. «Les investigations sont en cours», selon le communiqué de la cellule de communication, transmis hier à notre rédaction. Toujours aux frontières avec le Maroc, le 8 février, les gardes-frontières relevant de la Gendarmerie nationale de Tlemcen ont saisi un troupeau comptant 9 bêtes de somme. Ce cheptel allait être passé de l’autre côté de la frontière. 

    Lors de cette opération, il a été également découvert plusieurs types de marchandises destinées à l’exportation frauduleuse vers le Maroc. «Nos éléments ont découvert et saisi15 kg d’arachides, 143 jerrycans et 42 fûts contenant 4 860 litres de carburant ainsi qu’un véhicule de marque Renault 25, ayant à son bord 12 quintaux et 10 kg de déchets de cuivre. Tous ces produits ont été abandonnés par des contrebandiers sur la bande frontalière», souligne le communiqué. Par ailleurs, aux frontières de l’Est, les gendarmes de la brigade d’El-Meridj (Tébessa) ont arrêté, le 7 février dernier, un véhicule transportant 676 bouteilles de bière et 60 autres de vin. Cette marchandise était destinée à la vente clandestine. Dans l’Est, précisément sur la bande frontalière avec la Tunisie, les gardes-frontières de ce corps de sécurité relevant de Tébessa et de Souk Ahras ont saisi, le
    8 février, 3 bêtes de somme. 

    Ces bêtes allaient être livrées à des trafiquants tunisiens qui attendaient de l’autre côté de la frontière. Cette opération s’est soldée aussi par la saisie de 8 quintaux de pois-chiche, de 53 jerrycans contenant 954 litres de carburant, d’une motocyclette et d’un véhicule de marque Renault 25. 

    Selon la cellule de communication de la gendarmerie, ces produits ont également été abandonnés précipitamment par des contrebandiers sur la bande frontalière. Quant aux gendarmes de la brigade de Hammam Sokhna, dans un barrage de police de la route, le  7 février, ont interpellé une personne à bord d’un autocar. Celle-ci était en possession de 28 800 pétards en provenance de la contrebande. «La brigade de la Gendarmerie nationale de Hammam Sokhna procède à l’enquête», lit-on dans le communiqué. Enfin, les gendarmes de la compagnie de Chechar (wilaya de Khenchela), effectuant une patrouille, ont découvert et saisi 5 175 litres de carburant. «Cette marchandise contenue dans 23 fûts était dissimulée par des contrebandiers à la commune de Babar», souligne le communiqué. 
    Lynda Louifi
    Le Jeune Indépendant, 10/02/2011
  • Quatrième jour du FSM, le soutien à la cause sahraouie s’intensifie

    Dakar, 09 fév 2011 (SPS) Le Forum social mondial (FSM) s’est poursuivi mercredi à Dakar pour la quatrième journée consécutive, alors que le soutien des milliers de participants à la cause sahraouie s’intensifie.

    Réagissant aux agressions et aux intimidations menées par des extrémistes marocains contre la délégation sahraouie pour l’empêcher de s’exprimer et transmettre le message du combat pour l’autodétermination et l’indépendance, plusieurs ONG, associations et mouvements sociaux se sont élevés contre ces pratiques « racistes et criminelles ».

    Pour Virginie, une militante française au sein de l’ONG internationale « ATTAC », « les Sahraouis ont le droit de s’exprimer au sein du FSM qui est un espace d’échanges et de rencontres ».

    La militante d’ATTAC, qui plaide pour la taxation des transactions financières, a affirmé que « personne ici au FSM ne peut dénier le droit du peuple sahraoui à la parole », ajoutant que des rassemblements et des sit-in ont été organisés pour dénoncer « le grand dérapage des Marocains ».

    De son côté, Aziz, militant marocain des droits de l’homme, a indiqué à l’APS que chaque participant au FSM est tenu de « respecter la charte du FSM et assumer l’obligation de laisser tout le monde parler et exprimer son avis ».

    « La chose qu’on doit accepter dans un tel espace (Forum), c’est le dialogue et la confrontation des idées. Même si on n’est pas partisan des thèses +justes+ du peuple sahraoui, il est temps de l’écouter attentivement et permettre à tous les Marocains de participer au débat sur la question du Sahara occidental ».

    Une autre militante française du Comité pour l’annulation de la dette du tiers-monde (CADTM), Henriette, s’est félicité de sa participation au FSM qui lui a permis de « découvrir le combat du peuple sahraoui », exprimant son appui à « une solution définitive » du conflit au Sahara occidental, dernière colonie en Afrique.

    « L’état actuel où se trouve le conflit n’honore nullement le Maroc ni la communauté internationale. Il est temps de prendre cette question avec beaucoup de sérieux en se référant à la légalité internationale », a notamment dit la représentante de CADTM à un groupe de journalistes.

    Rappelant le droit à l’autodétermination de tous les peuples, Henriette a saisi sa présence au FSM pour lancer un appel à « la mobilisation au profit des Sahraouis », qui ont, a-t-elle dit, « besoin de l’aide de tous les peuples attachés à la justice et à la liberté ».

    Pour sa part, M. Vladimir Nieddu du Syndicat solidaire des travailleurs de la santé française, (SSTSF) a affirmé que l’un des événements « les plus importants » du FSM, est incontestablement « l’écho retentissant qu’a eu le combat mené au Sahara occidental contre l’occupation marocaine ».

    « Aujourd’hui, la situation est plus favorable au peuple sahraoui pour avancer dans sa lutte et dans toutes ses actions pour l’indépendance », constatant que la question du Sahara occidental « n’est à aucun moment passée inaperçue durant cet grand événement (forum) », a notamment dit M. Nieddu.

    « Le combat du peuple sahraoui avance. Les peuples de la planète ont compris que quant il est possible de résister face au colonisateur, la victoire sera au bout du combat », a-t-il souligné, ajoutant, par ailleurs, que « la France qui a connu de grands mouvements d’immigration suit maintenant de très près la cause sahraouie ».

    M. Nieddu a également affirmé que le gouvernement et le peuple français « considère que le conflit au Sahara Occidental fait partie des grandes causes du moment ».

    Un autre militant ayant exercé dans le cadre de la coopération espagnole s’est opposé à « toute tentative de réprimer la voix des peuples en combat pour l’émancipation », dénonçant, le démantèlement sanglant du camp de Gdeim Izzik à El-Aaiun dans les territoires occupés.

    « On est en train d’assister à un génocide contre un peuple et sa culture. Un peuple millénaire qui est là. Et si ça continue comme ça, on va le voir disparaître devant nos yeux et ça on ne pourra jamais le permettre », a-t-il conclu.(SPS)

  • Nadia Yassine : « le calme apparent au Maroc est peut-être le silence qui précède la tempête » (El Pais)

    Madrid, 10 Fév. 2011 (SPS) « Le calme apparent au Maroc est peut-être le silence qui précède la tempête », a pronostiqué Mme Nadia Yassine, porte-parole du parti Justice et Spiritualité, estimant que « le basculement démocratique se fera de gré ou de force », dans une interview au quotidien madrilène, El Pais publiée mercredi.

    « Le calme apparent est peut-être le silence qui précède la tempête à l’image de celle qui déferle sur le monde arabe. Ceci dit la tranquillité n’est pas absolue. Les revendications et les révoltes brutalement réprimées sont communes au Maroc depuis des années », a relevé la fille du fondateur de cette formation politique, qui a une grande capacité de mobilisation au Maroc.

    Mme Yacine pense qu’ »au Maroc, comme dans tout autre pays arabe, il y a des équilibres socio-politiques corrodés (…). Le Maroc n’est pas exempt du peloton. Le renversement démocratique aura lieu par n’importe quel moyen ».

    Elle appellera le régime marocain à « jeter à la poubelle la Constitution » et à mener une campagne de « nettoyage des réseaux de népotisme pour restituer au peuple marocain ses biens confisqués et que le makhzen (police politique) ne continue pas à s’imaginer qu’il est au-dessus de l’histoire! »

    Analysant les facteurs objectifs à même de déclencher la révolte au Maroc, Mme Yacine relèvera « le taux de chômage qui atteint les 20% et qui affecte principalement les diplômés qui ont le sentiment d’être «socialement inutiles», l’effondrement du visa d’immigration en raison de la sélection des pays bénéficiaires, de la montée de l’islamophobie, et la rapine des dirigeants du népotisme, qui encouragent la corruption endémique ».

    D’autres « facteurs subjectifs » versent également dans une implosion latente au Maroc que la dirigeante politique relèvera dans « la hogra célèbre » (l’humiliation) subie par les citoyens, et « la frustration causée par la proximité médiatique d’un Occident perçu comme un eldorado de liberté, de dignité, et aussi de bien-être ».

    Interrogée si sa formation politique participera aux rassemblements le 20 Février prochain convoqué par des milliers de Marocains qui se sont inscrits sur Face book, elle affirmera qu’elle soutiendra « n’importe quel rassemblement pacifique, civilisé et organisé ».

    « Nous sommes une force tranquille profondément ancrée dans le peuple et si nous ne faisons aucun choix pour lui, nous serons avec lui dans ses choix tant que la non-violence est respectée, a-t-elle martelé ».

    A la question de savoir quelle attitude pourront avoir les Etats-Unis, Mme Yacine croit savoir que « le pragmatisme et la connaissance du terrain » de l’Administration américaine font qu’elle « s’adapte afin de ne pas perdre complètement les rênes », estimant que Washington pourrait accepter un régime « quand il est un peu corrompu », mais pas quand il est « complètement pourri » au point de compromettre la stabilité à court ou à long terme du système.

    « Le Maroc n’est pas encore touché mais il ne faut pas se leurrer sur ce fait: pratiquement tous les systèmes autoritaires vont être atteints par la vague de contestation et le Maroc ne fera probablement pas exception », avait averti le prince Hicham (46 ans), troisième dans la ligne de succession au trône alaouite.

    Pour Hicham il manque seulement l’étincelle qui amorcera l’implosion et il s’interroge si elle viendra directement du peuple ou des formations politiques marocaines, excitées par l’exemple de leur voisin tunisien. (SPS)