Mois : janvier 2011

  • Même les transfuges se sont révoltés contre la sauvage répression marocaine

    Sur la photo Guejmoula Ebbi, une transfuge sahraouie. Selon le journal qui la publie, Assabah, celui qui se trouve avec elle est le président du groupe de son parti, le PPS, le parti du grand illuminé Khalid Naciri, ministre marocain de la communication. Toujours selon le même journal, le responsable de Guejmoula est en train de la réprimander pour son intervention au Parlement sur les évènements que la ville d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc, a connu lors de l’implantation du camp de Gdeym Izik. Des déclarations qui, apparemment, ont fait la polémique, si l’on croit l’agence espagnole Europa Press.

    Si l’AMDH était la seule organisation a casser le mur du silence sur la vérité de ce qui s’est passé à El Aaiun, Guejmoula Ebbi a contesté la version officielle selon laquelle les « fauteurs de trouble » étaient des sahraouis à la solde du Polisario et l’Algérie et que les seules victimes de l’agression marocaine étaient des membres des forces de l’ordre.

    Un autre transfuge, Ramdan Messaoud, toujours selon Europa Press, a condamné les « fortes pressions » exercées sur Guejmoula « pour avoir dénoncé les graves violations des droits de l’homme subies par la population sahraouie après le « lundi noir ». 


    Ramdan Messaoud est le président d’ASADEH. Son initiative de condamner la répression marocaine contre le camp de Gdeym Izik est louable, mais le fait que son association soit reconnue par le Makhzen, jette les suspicions sur sa nature, parce que le gouvernement marocain refuse de reconnaître les autres associations sahraouies de défense des droits de l’homme, même à la demande des organisations internationales reconnues.
  • Visite guidée. Noël à Laâyoune

    Deux mois après les émeutes du 8 novembre, la ville a retrouvé son calme et ses habitants semblent souffrir d’une amnésie collective.

    Le parc de loisirs Las Dunas au centre-ville ressemble à un mini-parc Yasmina casablancais en plus cheap encore. Des cigognes en plâtre trônent sur une fontaine en toc, des “mikhis” dessinés à la va-vite sur les murs sont censés égayer les lieux, des enfants tentent désespérément de s’amuser dans ce lunapark triste comme un cimetière. Au loin résonnent des coups de feu inoffensifs, la ville ne se révolte pas à nouveau, ce n’est que la fantasia du festival Rawafid Azawane de Laâyoune (capitale de l’ancienne colonie espagnole du Sahara Occidental envahie par le Maroc en 1975 et 1979, ndds). 

     
    Reportée à cause des évènements du 8 novembre, la manifestation bat finalement son plein, au grand dam de plusieurs associations locales qui ont jugé ces festivités déplacées alors que la ville est encore meurtrie. “Tout est rentré dans l’ordre”, se justifie-t-on du côté de l’organisation. Un leitmotiv répété par toutes les personnes rencontrées, du chauffeur de taxi sahraoui à l’élu local, en passant par le vendeur ambulant originaire de Kelaât Sraghna. Un unanimisme de façade, à en croire un haut fonctionnaire originaire du nord du Maroc. Embarqué dans son véhicule de fonction, il nous balade en ville à travers la “zone verte”, expression des fonctionnaires locaux pour décrire le quartier administratif sécurisé lors des évènements. Détendu jusque-là, il se crispe à l’approche des faubourgs de la ville. “Je ne peux pas aller plus loin. S’ils voient l’immatriculation officielle, les jeunes vont nous caillasser.” La vie coule en apparence comme un long fleuve tranquille à Laâyoune. En attendant la prochaine crue ? 
    Hassan Hamdani, envoyé spécial
    TelQuel, 7/1/2011
  • Education : Benbouzid reçoit son homologue sahraouie

    Le renforcement du soutien de l’Algérie à la République  arabe sahraouie démocratique (RASD) en matière d’éducation a été évoqué, jeudi dernier à Alger par le ministre de l’Education nationale, M. Boubekeur Benbouzid, et  son homologue sahraouie, Mme Meriem Salek, indique un communiqué du ministère.   

    La formation des formateurs et des encadreurs, l’élaboration des programmes  pédagogiques, particulièrement au plan méthodologique et technique, l’édition  du manuel scolaire, la réalisation et l’équipement d’infrastructures sont les  domaines prioritaires abordés par M. Benbouzid et la ministre de l’Enseignement  et de l’Education de la RASD, ajoute la même source.    

    Les deux responsables ont également évoqué la possibilité de développer  une coopération « étroite » en matière de modernisation du système scolaire sahraoui  à la lumière de la « riche » expérience algérienne. Mme Salek a émis le vœu de  faire bénéficier la RASD de l’expérience de la réforme du système éducatif algérien  dont elle a souligné les « résultats positifs ».   

    M. Benbouzid a ainsi assuré son homologue de la volonté de l’Algérie  de poursuivre et de développer son soutien à la RASD, conformément à ses principes,  ajoute encore le communiqué. (La RASD est l’entité nationale proclamée par le Front Polisario sur le sol du Sahara Occidental, ancienne colonie espagnole envahie par le Maroc en 1975 et 1979, ndds)
    El Moudjahid, 7/1/2011
  • Les vols ont repris pour des visites familiales entre les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie et le Sahara occidental

    Points de presse, 7 janvier 2011
    Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Melissa Fleming à qui toute citation peut être attribuée lors de la conférence de presse du 7 janvier 2011 au Palais des Nations à Genève. 
    Nous sommes ravis d’annoncer que notre programme de mesures de restauration de la confiance pour faciliter les visites familiales entre des réfugiés vivant dans des camps près de Tindouf en Algérie et leurs familles dans le Sahara occidental ont repris aujourd’hui. Ce programme de mesures de restauration de la confiance est strictement humanitaire et apolitique en soutien des familles sahraouies séparées depuis plus de 34 ans.
    Nous remercions le Gouvernement du Maroc et le Front Polisario pour leur appui à la reprise de cet important programme humanitaire.
    Le premier vol transportera 30 personnes (5 familles) depuis Laayoune, dans le Sahara occidental vers le camp de réfugiés de Smara, près de Tindouf en Algérie alors 33 personnes (6 familles) voyageront depuis le camp de réfugiés de Smara vers Laayoune plus tard dans la journée. Ils passeront cinq jours avec leurs familles avant de rentrer chez eux.
    Depuis le début du programme en 2004, un total de 12 635 Sahraouis ont bénéficié de ces visites familiales. Un autre groupe de 31 058 personnes a été enregistré et continue d’attendre une possibilité d’être réunis avec leurs familles après plus de trois décennies de séparation.
    Le programme est mené en coopération avec le Maroc, le Front Polisario ainsi que l’Algérie en tant que pays hôte. Le HCR travaille également étroitement avec la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui fournit un soutien logistique y compris le transport par avion des familles.
    Le HCR prévoit d’organiser une réunion à Genève en février 2011 avec toutes les parties pour discuter de la mise en œuvre d’autres volets du programme de mesures de restauration de la confiance qui, lorsqu’il sera implémenté, bénéficiera à un plus grand nombre de familles sahraouies.
    UNHCR, 7/1/2011
  • Le problème du Sahara occidental empoisonne les négociations

    La commissaire Maria Damanaki (Pêche) devrait sous peu présenter une demande de mandat de négociation pour le renouvellement de l’accord de pêche qui unit le l’UE et le Maroc, accord dont la portée serait limitée à la partie nord du pays, en excluant ainsi les zones maritimes au large du Sahara occidental. Si ce projet devait aboutir, plus de cent navires européens seraient contraints de cesser leurs activités dans les zones de pêche concernées. Ce projet de mandat est entré dans la phase de consultation inter services au sein de la Commission européenne, consultation qui devrait courir jusqu’au mois de février.
    Le dernier accord de pêche UE/Maroc, conclu en 2007, expire le 27 février 2011. Il porte sur des licences de pêche accordées à 110 navires de pêche européens, dont 100 navires espagnols, et prévoit un droit d’accès aux eaux marocaines pour lequel l’UE paye 36,1 millions d’euros par an, dont une partie va au secteur national de pêche et une autre au développement.
    Engagées depuis plusieurs mois, les discussions pour le renouvellement de cet accord sont cependant plombées par le problème du Sahara occidental. Suite à un rapport du Parlement européen selon lequel l’accord enfreint les lois internationales du fait que la population sahraouie ne reçoit pas sa part de la contribution communautaire, la Commission a demandé aux autorités marocaines de lui prouver que l’accord bénéficiait aussi à ces populations. Lors d’une réunion avec le ministre marocain de l’Agriculture et de la Pêche, Aziz Akhannouch, le 21 octobre 2010, Maria Damanaki avait exigé du Maroc des données solides et claires confirmant que ces populations bénéficient de l’accord. « Nous ne pouvons pas renouveler cet accord tant que les autorités marocaines ne nous ont pas communiqué ces informations», avait-elle alors précisé. 
    Constatant qu’elle n’avait toujours pas obtenu les informations nécessaires et suffisantes et que le temps commence à manquer pour négocier un nouvel accord complet, en bonne et due forme, la commissaire propose dans le projet de mandat soumis à l’aval des commissaires, une solution temporaire visant à limiter la portée du nouveau protocole à la zone de pêche située au nord du 27e parallèle (très exactement 27°40’N) qui marque la frontière du Sahara occidental. La Commission pourrait aussi y inclure une clause visant à garantir la prise en compte des avis scientifiques,  et des contrôles pour assurer une pêche durable, responsable et respectueuse de l’environnement ainsi qu’une clause « droits de l’Homme » .
    D’autres options sont envisageables telles qu’une suspension temporaire de l’accord ou l’adoption de mesures transitoires jusqu’à l’aboutissement final des négociations et une solution sur le fond. A ce stade, aucun calendrier pour la reprise des négociations n’a été fixé. En tout état de cause, il ne reste que peu de temps pour trouver une solution, sous peine de vide juridique ce qui aurait pour effet le retrait total des pêcheurs européens.
    Par Anne Eckstein
  • Relancer l’économie de Ktama

    Notre stagiaire a récidivé et semble déterminé à à prendre ma place de président éternel du Cercle des Jeunes Débiles Marocains. Je lui pardonne ses envies criminelles seulement parce qu’il tient un excellent quoique nihiliste blog que je vous invite à visiter (si vous osez).
    Abou Lahab
    Une proposition du CJDM
    Le stagiaire a les dents longues et veut être Aboulhab à la place d’Aboulahab (pur réflexe marocain, et si je puis me permettre, une caractéristique intrinsèque de la sélection naturelle).
    Nous parlerons aujourd’hui de pétards. Non, pas les engins improvisés que nos enfants, artificiers d’un jour, ont créé pendant l’Achoura (et pan ! dans la gueule des Chiites). Non, je parle de drogue. De joints, de beu, de shit, de… excusez le bourgeois bien-pensant que je suis, je ne connais pas les autres noms de cette malédiction. Je n’en consomme pas moi-même, voyez vous. (Pour l’élite, il y a l’ecstasy)
    Liant l’utile à l’agréable, je (re)lisais une n-ième fois le dernier rapport annuel de Bank Al Maghrib (toujours en mode fayotage), et j’ai découvert que la nomenclature du panier des biens consommés par l’ensemble des marocains a été… comment dire ? ‘upgradée’ pour intégrer de nouveaux types de biens (page 243 pour les feignasses).
    Voyez plutôt : depuis Novembre 2009, un nouvel indice, dit des prix à la consommation, a remplacé l’indice du coût de la vie. D’abord parce que le coût de la vie, comme vous le savez, est désormais très bas au Maroc (une activité en expansion versus une inflation à 1-2% seul le Maroc le réussit) donc pour ne pas associer une image de coût de vie, on a décidé, au département Marketing du HCP, de parler ce prix à la consommation. C’est plus classe, et on a l’impression de parler d’autre chose. Donc ce nouvel indice se décompose comme suit :
    Et là, l’honnête nihiliste se reprend un moment, et relis : ‘Boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants’. Si le nihiliste est barbu (ou voilée, c’est selon), c’est tout l’intitulé qui le/la choque : ‘أعود بالله، إن هذا لمنكر ‘ Serait même sa première réaction.
    Le nihiliste endurci –comme votre serviteur- notera que désormais, l’administration en charge de la publication des statistiques officielles admet, tout aussi officiellement, que les marocains, non seulement consomment de la drogue, mais qu’ils y allouent environ, avec la bière et le paquet de casa sport, 2.2% de leur misérable revenu. Sur le mode de l’article de notre distingué maître, je me propose, comme je le fais dans la vraie vie, de détailler une nouvelle politique économique, résolument nihiliste, moderniste et réaliste (admirez l’alignement et l’harmonie de la rime) : après la légalisation des putes, voici la légalisation du ma’joun. (Entre autres)
    Avant de commencer à déployer mon argument, certains demanderont, incrédules : mais comment diable ont-ils réussi à calculer ce chiffre? D’abord, c’est une insulte à l’ingéniosité de nos ingénieurs statisticiens (formé au biberon de la manipulation statistique. Pardon pour le pléonasme) et à l’ingéniosité marocaine tout court. Le joint se fume avec une feuille dite ‘OCB’ ou, comme dirait la populace : ‘Nibro’. Nos statisticiens ont simplement extrapolé la consommation annuelle de ces feuilles en tenant compte de la consommation de tabac y correspondant (notamment la consommation de feuilles de tabac par rapport aux cigares sur-mesures) Pour les autres types de drogues, se sont les ingrédients entrant en fabrication qui sont comptabilisés. La manip’ dans un sens fonctionne très bien dans l’autre : ils réussissent non seulement à estimer les quantités de facteurs de production, mais aussi les quantités produites.
    Sur ce point, nous pouvons avancer sans grand risque de se tromper que les chiffres de consommation de stupéfiants sont solides.
    Le tableau de BAM est troublant d’exactitude : entre Juillet 2008 et Septembre 2009, les prix de cette rubrique (que nous appellerons rubrique des loisirs alternatifs) ont augmenté de près de 6.1%, une augmentation qui s’estompera  pour le reste de l’année (consommation estivale peut être) A titre d’information, le poids de 2.2% affecté aux loisirs alternatifs correspond au même poids calculé pour la rubrique ‘loisirs et culture’. Peut être les deux vont-ils ensembles.
    Revenons à nos joints : les légaliser permettra à l’état d’engranger un supplément de taxes, sans pour autant toucher significativement le pouvoir d’achat des sujets consommateur de ces biens récréatifs. La cigarette est déjà taxée à fond (mes amis fumeurs confirmeront) l’alcool vient d’être taxé un supplément (merci qui ? Merci le groupe parlementaire PJD) reste les stupéfiants, dont les autorités n’ignorent rien des capacités de production, de distribution et de consommation. Pourquoi ne pas en prendre un ‘tit bout, légalement et comme dirait le défunt : ‘في نظام و إنتظام’ ?
    Tout d’abord, la base d’imposition : nous savons que le marocain moyen dépense, annuellement, 2.2% de son revenu immédiat à consommer des loisirs alternatifs. Nous pouvons même dire que chaque famille dépense 2.2% de son revenu : pour le chômeur qui vole ses parents, pour l’ouvrier alcoolique qui bat sa femme pour lui en soutirer les maigres revenus amassés à la sueur de son front de femme de ménage, pour le soudard qui met la pression sur la sœur pour lui filer sa doser quotidienne, elle qui passe sa journée penchée sur la machine à coudre à l’usine, pour ceux-là et pour d’autres, un revenu additionnel n’est jamais de trop (ni assez, d’ailleurs)
    Le Marocain moyen (le marocain médian, devrons-nous dire), c’est quelqu’un qui ne touche pas plus de 70.000 dhs annuels, c’est-à-dire, 80% de la population. 1540 dhs affectés à la consommation de loisirs alternatifs, c’est 140 dirhams par mois (ne pas oublier d’exempter le Ramada, allah y khelikoum). En mettant de côté l’alcool et les cigarettes (et par extrapolation du poids résiduel des biens récréatifs sur la base de l’indice ce production industrielle des alcools et du tabac) on obtient une dépense mensuelle moyenne de près de 94 dirhams par famille et par mois de joints et assimilés.
    Ensuite, Imaginons que l’Etat impose une taxe de 14% (10% sur les biens alimentaires, mais dans ce cas, il s’agit d’un bien très spécial). En calculant ce taux sur une base de 94 dirhams par ménage, et dans l’éventualité que cette base représente un marché brut de 27.1 Milliards de dirhams, soit une recette nette de 3,70 Milliards de dirhams annuels. Notre gouvernement peut facilement payer pour les dépenses suivantes :
    – les fonctionnaires de la chambre des représentants (y compris les parlementaires, dont certains sont considérés comme partie prenante de la distribution des drogues, faut-il le souligner)
    – les dépenses d’investissements du ministère de la justice
    – Entretenir le département de ministère de du développement social, de la famille et de la solidarité
    – Payer pour les dépenses d’investissements de la délégation générale à l’administration générale pénitentiaire et à la réinsertion (bonne idée ça) et en construire 9 fois plus de prisons et de centres de réhabilitation.
    Et si l’Etat est gourmand, on obtient une augmentation d’un 1.6 milliard en recettes fiscales en passant au taux plein de 20%. On peut aussi supposer que l’élasticité de la demande est rigide (c’est-à-dire que, lorsqu’on a une addiction, on n’est pas prêt à abandonner, quelque soit le prix à payer pour une petite taf.)
    Voyez, il faut un minimum d’imagination pour trouver à notre gouvernement de nouvelles sources de revenus.
    On peut même considérer un raffinement de cette imposition, comme multiplier les taux, graduellement du ma’joun de basse qualité –exempté ou hors champ d’application- au joint de Ktama à un taux plein de 20%. Sans compter les impôts municipaux qui peuvent être levés sur les régions riches (Casablanca, Rabat, Agadir, Marrakech, Meknès essentiellement). Les calculs n’ont porté que sur 80% de la population, imaginez ce que ce serait si en plus, l’Etat pourrait imposer des taxes forfaitaires sur les importations d’ecstazy d’héroïne et de cocaïne, ce qui peut porter les revenus à près d’un demi-milliards de dirhams.
    Les possibilités sont immenses. En ces temps de serrage de ceintures, une nouvelle source de revenus fiscaux telle que les drogues est une bien bonne soupe pour cracher dessus. Bon joint à tous.
    Source : CJDM, 7/1/2011
  • Même les transfuges se sont révoltés contre la sauvage répression marocaine

    Sur la photo Guejmoula Ebbi, une transfuge sahraouie. Selon le journal qui la publie, Assabah, celui qui se trouve avec elle est le président du groupe de son parti, le PPS, le parti du grand illuminé Khalid Naciri, ministre marocain de la communication. Toujours selon le même journal, le responsable de Guejmoula est en train de la réprimander pour son intervention au Parlement sur les évènements que la ville d’El Aaiun, capitale du Sahara Occidental occupée par le Maroc, a connu lors de l’implantation du camp de Gdeym Izik. Des déclarations qui, apparemment, ont fait la polémique, si l’on croit l’agence espagnole Europa Press.

    Si l’AMDH était la seule organisation a casser le mur du silence sur la vérité de ce qui s’est passé à El Aaiun, Guejmoula Ebbi a contesté la version officielle selon laquelle les « fauteurs de trouble » étaient des sahraouis à la solde du Polisario et l’Algérie et que les seules victimes de l’agression marocaine étaient des membres des forces de l’ordre.

    Un autre transfuge, Ramdan Messaoud, toujours selon Europa Press, a condamné les « fortes pressions » exercées sur Guejmoula « pour avoir dénoncé les graves violations des droits de l’homme subies par la population sahraouie après le « lundi noir ». 


    Ramdan Messaoud est le président d’ASADEH. Son initiative de condamner la répression marocaine contre le camp de Gdeym Izik est louable, mais le fait que son association soit reconnue par le Makhzen, jette les suspicions sur sa nature, parce que le gouvernement marocain refuse de reconnaître les autres associations sahraouies de défense des droits de l’homme, même à la demande des organisations internationales reconnues.
  • L’étrange amour du roi du Maroc pour les sahraouis

    Personne n’ignore que la monarchie alaouite, depuis les tentatives de coups d’Etat de 1971 et 1972, a pris les revendications territoriales comme monnaie de salut pour le roi qui se sentait menacé par son armée. C’était une époque où les officiers marocains étaient de vrais hommes, pas comme la racaille d’aujourd’hui qui se contente de remplir les poches.

    Le gouvernement marocain est conscient qu’il n’a aucune chance à Ceuta et Melilla parce que ce sont deux villes espagnoles depuis plus de 5 siècles, avant même que le Maroc existe en tant que nation. Mais c’est un jouet pour une population marocaine hystérique qui a besoin d’un passe-temps pour oublier ses problèmes sociaux.

    Le Maroc dit que le Sahara Occidental lui appartient, mais il fait rien pour gagner la confiance des sahraouis. Parce que le Makhzen savait que les sahraouis qui ont vécu au Sahara ex-Espagnol n’ont aucune sympathie pour le Maroc, ils les a laissé abandonnés  à leur chance. Pas d’endroit où vivre dans la dignité, pas de sécurité sociale, pas de travail… C’est la raison qui les a poussés à installer le camp de Gdeym Izik, parce qu’ils savent que le Makhzen doit être bousculé et agité pour qu’il réagisse. Les Seigneurs marocains, malgré leur richesses personnelles, sont radins.

    L’amour du Maroc pour le Sahara Occidental est exprimé dans des termes dures : répression, corruption, violations des droits de l’homme… Un amour très bizarre. Pourtant, le Sahara regorge d’interminables ressources qui constituent une source de malheur pour la population autochtone. Un vieux notable sahraoui avait demandé, ironiquement, qu’on « enterre ce trou (la mine de phosphates) qui est la cause de tous nos souffrances ».
    Les intellectuels marocains qui refusent de reconnaître l’influence de la propagande marocaine sur leurs esprits, n’hésitent pas à dire que les sahraouis sont gâtés par le gouvernement marocain. Quel mensonge! Mais c’est normal, ils cherchent des raisons pour haïr les sahraouis comme le Makhzen les haït. Alors, ils rejettent la faute sur le comportement de certains adolescents dans les universités marocains.  Ils prétendent qu’ils se comportaient comme des « caïds ». Pour eux, l’initiative de Gdeym Izik est un chantage. Bref, pour eux, les sahraouis n’ont pas le droit d’exister. Ils préfèrent soutenir le Makhzen.
    Pourtant, celui-ci est notre ennemi commun!
  • Les vols ont repris pour des visites familiales entre les camps de réfugiés à Tindouf, en Algérie et le Sahara occidental

    Points de presse, 7 janvier 2011
    Ceci est un résumé des déclarations du porte-parole du HCR Melissa Fleming à qui toute citation peut être attribuée lors de la conférence de presse du 7 janvier 2011 au Palais des Nations à Genève. 
    Nous sommes ravis d’annoncer que notre programme de mesures de restauration de la confiance pour faciliter les visites familiales entre des réfugiés vivant dans des camps près de Tindouf en Algérie et leurs familles dans le Sahara occidental ont repris aujourd’hui. Ce programme de mesures de restauration de la confiance est strictement humanitaire et apolitique en soutien des familles sahraouies séparées depuis plus de 34 ans.
    Nous remercions le Gouvernement du Maroc et le Front Polisario pour leur appui à la reprise de cet important programme humanitaire.
    Le premier vol transportera 30 personnes (5 familles) depuis Laayoune, dans le Sahara occidental vers le camp de réfugiés de Smara, près de Tindouf en Algérie alors 33 personnes (6 familles) voyageront depuis le camp de réfugiés de Smara vers Laayoune plus tard dans la journée. Ils passeront cinq jours avec leurs familles avant de rentrer chez eux.
    Depuis le début du programme en 2004, un total de 12 635 Sahraouis ont bénéficié de ces visites familiales. Un autre groupe de 31 058 personnes a été enregistré et continue d’attendre une possibilité d’être réunis avec leurs familles après plus de trois décennies de séparation.
    Le programme est mené en coopération avec le Maroc, le Front Polisario ainsi que l’Algérie en tant que pays hôte. Le HCR travaille également étroitement avec la Mission des Nations Unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (MINURSO) qui fournit un soutien logistique y compris le transport par avion des familles.
    Le HCR prévoit d’organiser une réunion à Genève en février 2011 avec toutes les parties pour discuter de la mise en œuvre d’autres volets du programme de mesures de restauration de la confiance qui, lorsqu’il sera implémenté, bénéficiera à un plus grand nombre de familles sahraouies.
    UNHCR, 7/1/2011
  • Relancer l’économie de Ktama

    Notre stagiaire a récidivé et semble déterminé à à prendre ma place de président éternel du Cercle des Jeunes Débiles Marocains. Je lui pardonne ses envies criminelles seulement parce qu’il tient un excellent quoique nihiliste blog que je vous invite à visiter (si vous osez).
    Abou Lahab
    Une proposition du CJDM
    Le stagiaire a les dents longues et veut être Aboulhab à la place d’Aboulahab (pur réflexe marocain, et si je puis me permettre, une caractéristique intrinsèque de la sélection naturelle).
    Nous parlerons aujourd’hui de pétards. Non, pas les engins improvisés que nos enfants, artificiers d’un jour, ont créé pendant l’Achoura (et pan ! dans la gueule des Chiites). Non, je parle de drogue. De joints, de beu, de shit, de… excusez le bourgeois bien-pensant que je suis, je ne connais pas les autres noms de cette malédiction. Je n’en consomme pas moi-même, voyez vous. (Pour l’élite, il y a l’ecstasy)
    Liant l’utile à l’agréable, je (re)lisais une n-ième fois le dernier rapport annuel de Bank Al Maghrib (toujours en mode fayotage), et j’ai découvert que la nomenclature du panier des biens consommés par l’ensemble des marocains a été… comment dire ? ‘upgradée’ pour intégrer de nouveaux types de biens (page 243 pour les feignasses).
    Voyez plutôt : depuis Novembre 2009, un nouvel indice, dit des prix à la consommation, a remplacé l’indice du coût de la vie. D’abord parce que le coût de la vie, comme vous le savez, est désormais très bas au Maroc (une activité en expansion versus une inflation à 1-2% seul le Maroc le réussit) donc pour ne pas associer une image de coût de vie, on a décidé, au département Marketing du HCP, de parler ce prix à la consommation. C’est plus classe, et on a l’impression de parler d’autre chose. Donc ce nouvel indice se décompose comme suit :
    Et là, l’honnête nihiliste se reprend un moment, et relis : ‘Boissons alcoolisées, tabacs et stupéfiants’. Si le nihiliste est barbu (ou voilée, c’est selon), c’est tout l’intitulé qui le/la choque : ‘أعود بالله، إن هذا لمنكر ‘ Serait même sa première réaction.
    Le nihiliste endurci –comme votre serviteur- notera que désormais, l’administration en charge de la publication des statistiques officielles admet, tout aussi officiellement, que les marocains, non seulement consomment de la drogue, mais qu’ils y allouent environ, avec la bière et le paquet de casa sport, 2.2% de leur misérable revenu. Sur le mode de l’article de notre distingué maître, je me propose, comme je le fais dans la vraie vie, de détailler une nouvelle politique économique, résolument nihiliste, moderniste et réaliste (admirez l’alignement et l’harmonie de la rime) : après la légalisation des putes, voici la légalisation du ma’joun. (Entre autres)
    Avant de commencer à déployer mon argument, certains demanderont, incrédules : mais comment diable ont-ils réussi à calculer ce chiffre? D’abord, c’est une insulte à l’ingéniosité de nos ingénieurs statisticiens (formé au biberon de la manipulation statistique. Pardon pour le pléonasme) et à l’ingéniosité marocaine tout court. Le joint se fume avec une feuille dite ‘OCB’ ou, comme dirait la populace : ‘Nibro’. Nos statisticiens ont simplement extrapolé la consommation annuelle de ces feuilles en tenant compte de la consommation de tabac y correspondant (notamment la consommation de feuilles de tabac par rapport aux cigares sur-mesures) Pour les autres types de drogues, se sont les ingrédients entrant en fabrication qui sont comptabilisés. La manip’ dans un sens fonctionne très bien dans l’autre : ils réussissent non seulement à estimer les quantités de facteurs de production, mais aussi les quantités produites.
    Sur ce point, nous pouvons avancer sans grand risque de se tromper que les chiffres de consommation de stupéfiants sont solides.
    Le tableau de BAM est troublant d’exactitude : entre Juillet 2008 et Septembre 2009, les prix de cette rubrique (que nous appellerons rubrique des loisirs alternatifs) ont augmenté de près de 6.1%, une augmentation qui s’estompera  pour le reste de l’année (consommation estivale peut être) A titre d’information, le poids de 2.2% affecté aux loisirs alternatifs correspond au même poids calculé pour la rubrique ‘loisirs et culture’. Peut être les deux vont-ils ensembles.
    Revenons à nos joints : les légaliser permettra à l’état d’engranger un supplément de taxes, sans pour autant toucher significativement le pouvoir d’achat des sujets consommateur de ces biens récréatifs. La cigarette est déjà taxée à fond (mes amis fumeurs confirmeront) l’alcool vient d’être taxé un supplément (merci qui ? Merci le groupe parlementaire PJD) reste les stupéfiants, dont les autorités n’ignorent rien des capacités de production, de distribution et de consommation. Pourquoi ne pas en prendre un ‘tit bout, légalement et comme dirait le défunt : ‘في نظام و إنتظام’ ?
    Tout d’abord, la base d’imposition : nous savons que le marocain moyen dépense, annuellement, 2.2% de son revenu immédiat à consommer des loisirs alternatifs. Nous pouvons même dire que chaque famille dépense 2.2% de son revenu : pour le chômeur qui vole ses parents, pour l’ouvrier alcoolique qui bat sa femme pour lui en soutirer les maigres revenus amassés à la sueur de son front de femme de ménage, pour le soudard qui met la pression sur la sœur pour lui filer sa doser quotidienne, elle qui passe sa journée penchée sur la machine à coudre à l’usine, pour ceux-là et pour d’autres, un revenu additionnel n’est jamais de trop (ni assez, d’ailleurs)
    Le Marocain moyen (le marocain médian, devrons-nous dire), c’est quelqu’un qui ne touche pas plus de 70.000 dhs annuels, c’est-à-dire, 80% de la population. 1540 dhs affectés à la consommation de loisirs alternatifs, c’est 140 dirhams par mois (ne pas oublier d’exempter le Ramada, allah y khelikoum). En mettant de côté l’alcool et les cigarettes (et par extrapolation du poids résiduel des biens récréatifs sur la base de l’indice ce production industrielle des alcools et du tabac) on obtient une dépense mensuelle moyenne de près de 94 dirhams par famille et par mois de joints et assimilés.
    Ensuite, Imaginons que l’Etat impose une taxe de 14% (10% sur les biens alimentaires, mais dans ce cas, il s’agit d’un bien très spécial). En calculant ce taux sur une base de 94 dirhams par ménage, et dans l’éventualité que cette base représente un marché brut de 27.1 Milliards de dirhams, soit une recette nette de 3,70 Milliards de dirhams annuels. Notre gouvernement peut facilement payer pour les dépenses suivantes :
    – les fonctionnaires de la chambre des représentants (y compris les parlementaires, dont certains sont considérés comme partie prenante de la distribution des drogues, faut-il le souligner)
    – les dépenses d’investissements du ministère de la justice
    – Entretenir le département de ministère de du développement social, de la famille et de la solidarité
    – Payer pour les dépenses d’investissements de la délégation générale à l’administration générale pénitentiaire et à la réinsertion (bonne idée ça) et en construire 9 fois plus de prisons et de centres de réhabilitation.
    Et si l’Etat est gourmand, on obtient une augmentation d’un 1.6 milliard en recettes fiscales en passant au taux plein de 20%. On peut aussi supposer que l’élasticité de la demande est rigide (c’est-à-dire que, lorsqu’on a une addiction, on n’est pas prêt à abandonner, quelque soit le prix à payer pour une petite taf.)
    Voyez, il faut un minimum d’imagination pour trouver à notre gouvernement de nouvelles sources de revenus.
    On peut même considérer un raffinement de cette imposition, comme multiplier les taux, graduellement du ma’joun de basse qualité –exempté ou hors champ d’application- au joint de Ktama à un taux plein de 20%. Sans compter les impôts municipaux qui peuvent être levés sur les régions riches (Casablanca, Rabat, Agadir, Marrakech, Meknès essentiellement). Les calculs n’ont porté que sur 80% de la population, imaginez ce que ce serait si en plus, l’Etat pourrait imposer des taxes forfaitaires sur les importations d’ecstazy d’héroïne et de cocaïne, ce qui peut porter les revenus à près d’un demi-milliards de dirhams.
    Les possibilités sont immenses. En ces temps de serrage de ceintures, une nouvelle source de revenus fiscaux telle que les drogues est une bien bonne soupe pour cracher dessus. Bon joint à tous.
    Source : CJDM, 7/1/2011