Mois : janvier 2011

  • Comment le roi Mohamed VI a réussi à berner le peuple marocain

    L’histoire contemporaine et moderne est riche en exemples sur le fait que tout Etat totalitaire a tendance à exercer des pressions sur les populations. Au Maroc, à titre d’exemple, l’unité de la nation est constamment appellée parce que l’individu n’est rien face à l’Etat qui est tout. La sensibilité populaire est visée avec des moyens qui frappent l’imagination. La réflexion est éloignée par les dictateurs pour laisser place au conformisme, l’acceptation de la pensée unique du Makhzen qui joue sur les sentiments des citoyens qui ne détiennent pas la vérité sur la situation. L’objectif a été largement atteint, parce que même les intellectuels marocains ont été bernés par le roi Mohamed VI au point de voir dans la « conquête » du Sahara Occidental une page de l’histoire du Maroc écrite avec une plume d’or.

    La méthode utilisée pour arriver à ce but a été la création d’un fanatisme animateur, une hystérie collective, où les marocains ont une réelle foi sans aucun besoin de preuves pour croire. Le pays suit le démi-dieu qui le guide dans une marée de sentiments exaltés. Pour cela, les moyens ne manquent pas. Au Maroc, il n’y a pas de presse indépendante. Le seul journal indépendant, Le Journal Hebdomadaire, a été liquidé de la manière la plus scandaleuse. Le magazine Tel Quel, selon certaines sources, a été créé par le Makhzen pour le substituer. Sur le terrain, il n’y a que la presse partisane qui multiplie les messages destinés à frapper les espris des citoyens.

    Le Makhzen, pour « prouver » sa force et gagner des adhérents à sa « cause » multiplie les grands spectacles où se manifeste l’adhésion du plus grand nombre de gens comme des parades sportives. Le Makhzen multiplie les cérémonies à grand spectacle qui révèlent la « supériorité » du régime alaouite. Le culte du roi est un élément essentiel dans la mobilisation des masses marocaines. Le roi doit incarne la nation. Ils travaillent ardemment pour faire croire aux marocains que la dynastie alaouite est l’essence de l’existence du Maroc qu’on veut « millénaire ». Ils sont allées même jusqu’à proclamer le roi descendant du prophète Mahomet tout en cachant que la mère de Hassan II était une esclave offerte en cadeau par le Pasha Leglaoui. L’image diffusée sur le roi est qu’il est l’héros d’une transition imaginaire que la France et le lobby sioniste ont réussi à implanter dans les cerveaux de presque la totalité des marocains.

    Pourquoi un régime dictatorial a besoin de mobiliser les masses populaires? Dans le cas du Maroc, parce que le Makhzen a une peur bleue de l’opinion publique marocaine. Le régime n’est rassuré que s’il se sent soutenu par le peuple, parce que l’opinion de celui-ci est décisive dans les destins des nations. Pour pouvoir mener à bien sa politique dictatoriale, le régime marocain a besoin de stabilité interne pour affronter les « risques externes » engendrés par le conflit du Sahara Occidental. L’armée a été muselé avec l’argent de la corruption, la contrebande et le pillage des richesses sahraouies, mais ce n’est pas le cas du peuple qui vit encore dans des conditions précaires à cause de la politique de ses dirigents et le risque d’un soulèment populaire ne laisserait pas le palais se libérer pour les plans stratégiques concoctés par Paris et Washington.

    Les mobilisations organisées contre l’Espagne sont un exemple vivant de cette politique. L’Espagne n’a jamais été un ennemi du Maroc et n’a jamais soutenu le Polisario, ni à l’époque de Felipe Gonzalez, ni à celles d’Aznar et Zapatero. Au contraire, Rabat sait très bien qu’il peut compter sur leur aide pour mater le peuple sahraoui. Pour cela, des armes ont été fournis au Maroc au prix d’un euro symbolique. Le but de ces mobilisations est de faire croire aux marocains que le problème ne vient pas des sahraouis, mais d’ailleurs. L’éternelle histoire de l’ennemi extérieur. D’après les responsables marocains, les sahraouis sont heureux et fidèles au trône alaouite. Une « fidélité » qui leur coûte cher : répression, emprisonnements, marginalisation, colonisation…

    A l’époque de Hassan II, il prétendait que les unités qui attaquaient les forces armées marocaines, étaient composées de vietnamiens et des cubains et non pas de sahraouis. Aujourd’hui, si ce n’est pas l’Algérie, c’est l’Espagne. Rabat ne dit jamais que ce sont les sahraouis qui lui rendent le trône aussi difficile. Reconnaître devant le peuple marocain, que le roi a été vaincu par un petit peuple est une humiliation pour un régime qui ne cesse de parler des capacités du Maroc pour devenir la première puissance économique et militaire de la région.

  • Au Chili : plainte contre des diplomates marocains

    Le royaume violateur des DDHH du Maroc essaie de bloquer ou de geler les reconnaissances des pays latino-américains en essayant d’acheter des hommes politiques avec des voyages et des invitations luxueuses au Maroc en croyant que tout est à corrompre et à acheter. 
    Le Maroc a déployé à travers ses fonctionnaires d’intelligence accrédités comme diplomates au Chili une campagne de discréditaion contre des personnes et des institutions chiliennes qui défendent la juste lutte du peuple sahraoui. Pour cela, ils n’hésitent pas à propager tout genre de mensonges sur le conflit du Sahara Occidental,  des injures et des menaces en violant en toute impunité la souveraineté du Chili. En outre, ils invitent « avec tout les frais payés » des politiques et des parlementaires pour essayer de les convaincre de leur inacceptable répression et leur blocage des négociations pour instaurer la paix au Sahara Occidental.
     
    Rabat mène aussi une nouvelle campagne de manipulation internationale : faire croire que le Front Polisario est lié à Al Qaida pour semer la peur dans des larges secteurs et affaiblir la solidarité transversale et ample que la cause d’autodétermination sahraouie suscite dans le monde.

    La mentalité des voyous du Makhzen veut qu’ils utilisent les mêmes méthodes que celui-ci emploie avec ses concitoyens : l’intimidation et les menaces.

    Selon le journal digital de Radio Chili, les députés Sergio Aguiló (PS) et Hugo Gutiérrez (PC), à coté du président de l’Association Latino-américaine d’Amitié avec la République Arabe Sahraouie Démocratique, Esteban Silva, se sont réunis ce vendredi avec le sous-directeur administratif de la PDI, le préfet général José Cabión, dans le but de dénoncer une campagne systématique d’intimidation et de menaces contre l’association pro-sahraouie.

    D’après Aguiló, Silva a reçu une série d’e-mails menaçants. Cela relève carrément du terrorisme. Le dirigeant de l’Association a présenté un recours de protection devant les tribunaux.

  • Le traître Ould Souilem à Madrid depuis hier

    Le transfuge Ahmedou Ould Souilem est arrivé hier à Madrid pour remplir ses fonctions d’ambassadeur du Maroc au Royaume d’Espagne. Probablement, il présentera ses lettres d’accréditation lundi prochain, selon de sources du ministère des affaires étrangères espagnol.

    Le poste se trouve vacant depuis que l’ambassadeur Azziman a été désigné, au mois de janvier 2010, président de la commission chargée de préparer un rapport sur l’application du projet de régionalisation, un rapport qui se fait encore attendre malgré que le roi Mohamed VI avait annoncé qu’il serait prêt avant la fin de l’année 2010.

    Ould Souilem est un ancien conseiller à la présidence sahraouie qui s’est retourné vers le Maroc. Le gouvernement marocain lui a réservé un traitement particulier puisqu’il est le chef d’une tribu sahraouie, mandat hérité de son illustre père, feu Souilem Ould Ahmed Lebrahim qui n’aurait jamais apprécié la trahison de son fils. Cette particularité et la respectabilité de son père ont poussé le Front Polisario à désigner Ahmedou dans des fonctions hors de ses compétences intellectuelles. Il n’a pas fait des études et n’a aucune formation technique ni politique, mais son ambition lui a poussé à rejeter la fonction de conseiller à la présidence.

    En le nommant ambassadeur en Espagne, le Maroc a fait une grave erreur. L’arrogance et l’ignorance de cet homme ne peut que créer des problèmes aux relations bilatérales entre les deux pays. Qu’est-ce que peut faire un homme qui ne sait que courir derrière les jupes?

    Omar Hadrami, à différence d’Ahmedou, est un homme cultivé, politisé et la presse occidentale le traitait de « cerveau du Front Polisario » et il est un des fondateurs du mouvement de libération sahraoui. Il a rallié le Maroc et n’a épargné aucun effort pour venir à bout de la cause de son peuple. Vingt-et-un ans après sa défection, vous  pouvez constater que le Polisario n’est pas mort et la cause sahraouie ne cesse de gagner des points. Par contre, le Maroc se trouve acculé par une communauté internationale qui n’est pas près de lâcher le principe d’autodétermination. Alors, Ahmedou, qui n’a jamais reçu de formation, pourrait-il faire mieux que les autres? Dans ses rêves, peut-être. Et dans les rêves du Makhzen ou plutôt dans leurs cauchemars. Parce que le Sahara Occidental est devenu un véritable cauchemar pour les voyous de Rabat… et de Madrid.

  • Comment le roi Mohamed VI a réussi à berner le peuple marocain

    L’histoire contemporaine et moderne est riche en exemples sur le fait que tout Etat totalitaire a tendance à exercer des pressions sur les populations. Au Maroc, à titre d’exemple, l’unité de la nation est constamment appellée parce que l’individu n’est rien face à l’Etat qui est tout. La sensibilité populaire est visée avec des moyens qui frappent l’imagination. La réflexion est éloignée par les dictateurs pour laisser place au conformisme, l’acceptation de la pensée unique du Makhzen qui joue sur les sentiments des citoyens qui ne détiennent pas la vérité sur la situation. L’objectif a été largement atteint, parce que même les intellectuels marocains ont été bernés par le roi Mohamed VI au point de voir dans la « conquête » du Sahara Occidental une page de l’histoire du Maroc écrite avec une plume d’or.

    La méthode utilisée pour arriver à ce but a été la création d’un fanatisme animateur, une hystérie collective, où les marocains ont une réelle foi sans aucun besoin de preuves pour croire. Le pays suit le démi-dieu qui le guide dans une marée de sentiments exaltés. Pour cela, les moyens ne manquent pas. Au Maroc, il n’y a pas de presse indépendante. Le seul journal indépendant, Le Journal Hebdomadaire, a été liquidé de la manière la plus scandaleuse. Le magazine Tel Quel, selon certaines sources, a été créé par le Makhzen pour le substituer. Sur le terrain, il n’y a que la presse partisane qui multiplie les messages destinés à frapper les espris des citoyens.

    Le Makhzen, pour « prouver » sa force et gagner des adhérents à sa « cause » multiplie les grands spectacles où se manifeste l’adhésion du plus grand nombre de gens comme des parades sportives. Le Makhzen multiplie les cérémonies à grand spectacle qui révèlent la « supériorité » du régime alaouite. Le culte du roi est un élément essentiel dans la mobilisation des masses marocaines. Le roi doit incarne la nation. Ils travaillent ardemment pour faire croire aux marocains que la dynastie alaouite est l’essence de l’existence du Maroc qu’on veut « millénaire ». Ils sont allées même jusqu’à proclamer le roi descendant du prophète Mahomet tout en cachant que la mère de Hassan II était une esclave offerte en cadeau par le Pasha Leglaoui. L’image diffusée sur le roi est qu’il est l’héros d’une transition imaginaire que la France et le lobby sioniste ont réussi à implanter dans les cerveaux de presque la totalité des marocains.

    Pourquoi un régime dictatorial a besoin de mobiliser les masses populaires? Dans le cas du Maroc, parce que le Makhzen a une peur bleue de l’opinion publique marocaine. Le régime n’est rassuré que s’il se sent soutenu par le peuple, parce que l’opinion de celui-ci est décisive dans les destins des nations. Pour pouvoir mener à bien sa politique dictatoriale, le régime marocain a besoin de stabilité interne pour affronter les « risques externes » engendrés par le conflit du Sahara Occidental. L’armée a été muselé avec l’argent de la corruption, la contrebande et le pillage des richesses sahraouies, mais ce n’est pas le cas du peuple qui vit encore dans des conditions précaires à cause de la politique de ses dirigents et le risque d’un soulèment populaire ne laisserait pas le palais se libérer pour les plans stratégiques concoctés par Paris et Washington.

    Les mobilisations organisées contre l’Espagne sont un exemple vivant de cette politique. L’Espagne n’a jamais été un ennemi du Maroc et n’a jamais soutenu le Polisario, ni à l’époque de Felipe Gonzalez, ni à celles d’Aznar et Zapatero. Au contraire, Rabat sait très bien qu’il peut compter sur leur aide pour mater le peuple sahraoui. Pour cela, des armes ont été fournis au Maroc au prix d’un euro symbolique. Le but de ces mobilisations est de faire croire aux marocains que le problème ne vient pas des sahraouis, mais d’ailleurs. L’éternelle histoire de l’ennemi extérieur. D’après les responsables marocains, les sahraouis sont heureux et fidèles au trône alaouite. Une « fidélité » qui leur coûte cher : répression, emprisonnements, marginalisation, colonisation…

    A l’époque de Hassan II, il prétendait que les unités qui attaquaient les forces armées marocaines, étaient composées de vietnamiens et des cubains et non pas de sahraouis. Aujourd’hui, si ce n’est pas l’Algérie, c’est l’Espagne. Rabat ne dit jamais que ce sont les sahraouis qui lui rendent le trône aussi difficile. Reconnaître devant le peuple marocain, que le roi a été vaincu par un petit peuple est une humiliation pour un régime qui ne cesse de parler des capacités du Maroc pour devenir la première puissance économique et militaire de la région.

  • Le traître Ould Souilem à Madrid depuis hier

    Le transfuge Ahmedou Ould Souilem est arrivé hier à Madrid pour remplir ses fonctions d’ambassadeur du Maroc au Royaume d’Espagne. Probablement, il présentera ses lettres d’accréditation lundi prochain, selon de sources du ministère des affaires étrangères espagnol.

    Le poste se trouve vacant depuis que l’ambassadeur Azziman a été désigné, au mois de janvier 2010, président de la commission chargée de préparer un rapport sur l’application du projet de régionalisation, un rapport qui se fait encore attendre malgré que le roi Mohamed VI avait annoncé qu’il serait prêt avant la fin de l’année 2010.

    Ould Souilem est un ancien conseiller à la présidence sahraouie qui s’est retourné vers le Maroc. Le gouvernement marocain lui a réservé un traitement particulier puisqu’il est le chef d’une tribu sahraouie, mandat hérité de son illustre père, feu Souilem Ould Ahmed Lebrahim qui n’aurait jamais apprécié la trahison de son fils. Cette particularité et la respectabilité de son père ont poussé le Front Polisario à désigner Ahmedou dans des fonctions hors de ses compétences intellectuelles. Il n’a pas fait des études et n’a aucune formation technique ni politique, mais son ambition lui a poussé à rejeter la fonction de conseiller à la présidence.

    En le nommant ambassadeur en Espagne, le Maroc a fait une grave erreur. L’arrogance et l’ignorance de cet homme ne peut que créer des problèmes aux relations bilatérales entre les deux pays. Qu’est-ce que peut faire un homme qui ne sait que courir derrière les jupes?

    Omar Hadrami, à différence d’Ahmedou, est un homme cultivé, politisé et la presse occidentale le traitait de « cerveau du Front Polisario » et il est un des fondateurs du mouvement de libération sahraoui. Il a rallié le Maroc et n’a épargné aucun effort pour venir à bout de la cause de son peuple. Vingt-et-un ans après sa défection, vous  pouvez constater que le Polisario n’est pas mort et la cause sahraouie ne cesse de gagner des points. Par contre, le Maroc se trouve acculé par une communauté internationale qui n’est pas près de lâcher le principe d’autodétermination. Alors, Ahmedou, qui n’a jamais reçu de formation, pourrait-il faire mieux que les autres? Dans ses rêves, peut-être. Et dans les rêves du Makhzen ou plutôt dans leurs cauchemars. Parce que le Sahara Occidental est devenu un véritable cauchemar pour les voyous de Rabat… et de Madrid.

  • Maroc : libération triomphale de Mohamed Abounasr

    La gratitude populaire

    Le vendredi 7 janvier 2011, le siège d’ANNAHJ ADDIMOCRATI a été « pris d’assaut » par des centaines d’habitant-es des quartiers populaires de Casablanca (Maroc, ndds), venu-es en masses féliciter le camarade Mohamed Abounasr après sa libération triomphale et cela grâce à ces centaines de citoyen-nes, les sans droits de citoyenneté, grâce à ses collègues enseignants chercheurs (et à leur tête les militant-es de PSU, d’ANNAHJ ADDIMOCRATI. Chapeau camarade Mohamed Hamza du PSU!…), grâce aux dizaines d’avocats (PADS, PSU, CNI, ANNAHJ, sensibilités marxistes. Chapeau Maîtres/camarades Messaoudi, Benhoummane, El Bahi, Aït Bennacer…!), grâce aux étudiant-es d’Abounasr ( les cours n’ont pas eu lieu le jeudi 6 janvier 2011 à l’université de Casablanca en solidarité avec le camarade Abounasr).
    La prise de conscience, l’organisation de masses, la lutte organisée et ciblée, l’unité dans l’action, l’engagement sur le terrain, la clarté des objectifs, l’abnégation, la patience, le sacrifice, la simplicité, l’honnêteté, c’est la garantie du succès sur la voie de la révolution.
    Camarades ! continuons, nous sommes sur la bonne voie, la voie du changement !
    Ni les « élections »/mascarades makhzaniennes, ni la répression policières, ni les gesticulations/fanfaronnades des uns et des autres ne peuvent en aucun cas nous déstabiliser.
     
    Solidarité Maroc, 8/1/2011

    Par Ali Fkir, 8/1/2011

  • Gdaym Izik et le processus des négociations

    Cela fait plus de 6 mois que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a exhorté les parties au conflit à entamer une phase plus intense et plus substantielle de négociations. Pourtant, depuis ce moment, les parties ne se sont toujours pas rencontrées.

    Il y a eu diverses tentatives pour que se tienne un cinquième round de négociations, mais l’occasion se faisait toujours attendre.

    Et soudain, dans les zones occupées du Sahara Occidental, ont été organisées les plus grandes manifestations dont on se souvienne depuis 35 ans. Quelles conséquences peuvent-elles avoir sur le processus de négociations ?

    L’exhortation du Conseil de sécurité opère comme un mandat donné aux parties pour qu’elles entament des négociations intensives et substantielles.

    Depuis un certain temps déjà, le Polisario et ses alliés accusent le Maroc de faire obstacle aux négociations directes. La lettre de Ross, ébruitée dans la presse [espagnole] sur ordre de Moratinos […] est venue confirmer la véracité de ces affirmations.

    L’ouverture des négociations prévue pour le 3 novembre prochain a coûté quelques suées à plusieurs puissances. Christopher Ross a dû se battre résolument avec l’Administration démocrate américaine pour que celle-ci lui offre le soutien nécessaire pour pouvoir mener les négociations à terme.

    Finalement, le diplomate américain a réussi à ouvrir une brèche dans ce qu’on appelle le « Groupe des amis du Sahara » (GAS [en espagnol, ce mot signifie GAZ], gaz létal dans tous les cas). Ross a obtenu que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et l’Espagne (celle-ci à la remorque et après avoir diffusé, depuis le Palais de Santa Cruz, la lettre de pression du propre Christopher Ross) se soient rangés à l’idée de faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles participent, de bonne foi, à des négociations directes. Il faut lire : pour que le Maroc soit obligé de négocier. La France est restée à l’écart de tout cela, telle une brebis galeuse.

    De son côté, le Conseil de Sécurité lui-même a atteint les limites de sa capacité à continuer de s’occuper du conflit, étant donné les centaines de millions de dollars investis sans parvenir à faire négocier les parties… Il faut comprendre qu’il est sur le point de jeter l’éponge, et de remettre l’affaire entre les mains de l’Assemblée générale.

    Et c’est au moment même où ce scénario se met en place que se produisent les plus importantes manifestations jamais vues sur le territoire du Sahara Occidental depuis la mission de visite des Nations Unies en mai 1975 !

    Nous pensons que rien n’arrive de manière fortuite, en matière politique en particulier, et que ce qui se produit là obéit à un schéma préétabli.

    Après ses efforts pour parvenir à des négociations directes, le Polisario a-t-il un quelconque intérêt à lancer la bagarre juste avant l’ouverture de nouvelles rencontres, et par conséquent, à gâcher le travail de Christopher Ross ? Il est évident que non.

    Existe-t-il une clé politique interne qui nous permette de suspecter la main du Makhzen dans cette affaire ? Non plus.

    La tentative de monter cinq campements de protestation, de manière synchronisée, à côté de Dakhla, de Boujdour, d’El Aïoun, de Smara et de Goulimine, ajoutée à la charge idéologique minimale (en apparence) du mouvement, invitent à ne pas voir la signature du Polisario dans ces initiatives. Le fait que le Front Polisario a dû s’y reprendre à deux fois pour donner les informations relatives au jeune garçon assassiné révèle, pour le moins, un certain éloignement entre le Front et le coeur des événements.

    Les tentatives du Maroc pour « vendre » le campement de Gdeyam Izik comme démonstration de son ouverture, de sa démocratie et de son respect des droits de l’homme (liées à la campagne sur www.map.ma et dans les déclarations de Fassi Fihri pour détourner l’attention de l’opinion vers ce qui se passe à Melilla [i.e. le meurtre allégué d’un jeune Marocain par la police espagnole]) invitent, de leur côté, à écarter toute implication du Makhzen dans la genèse du mouvement. Rappelons, pour le moins, la détermination avec laquelle le Maroc a dévasté les campements qui avaient commencé à se monter à proximité de Dakhla, de Boujdour, de Smara et de Goulimine…

    Alors, qui est derrière tout ça ? Rappelons-le : il s’agit des manifestations les plus importantes au Sahara Occidental depuis la mission de visite de l’ONU, en mai 1975.

    Et cela se produit au moment le moins opportun. Au moment où toutes les parties (le GAS, le Conseil de Sécurité, le Front Polisario, le Maroc, etc.) relèvent les manches pour négocier, la rivière déborde, devenant un torrent impétueux qui emporte des bâtons et va les mettre dans les roues du moulin des négociations. D’où vient ce flot ?

    Si on ajoute, à la connaissance du dialecte arabe hassaniya, la possibilité d’accéder aux vidéos sur Youtube envoyées du cœur du campement Gdeyam Izik, et l’ADN univoque des manifestants, la conclusion est évidente : il faut substituer au discours apparent, que l’on a décrit comme charge idéologique minimale, celui d’une protestation nationaliste.

    C’est le peuple sahraoui, souverain, qui s’est relevé de ses cendres pour dire : « Je suis ici, quoi qu’il en coûte ». Bien avertis du fait que l’exhibition de drapeaux sahraouis et d’autres symboles entraînerait une répression cruelle et dévastatrice, les manifestants se sont passés de la liturgie sans renoncer à la messe…

    En effet, les échos de la messe dite à Gdeyam Izik ont résonné jusque dans l’enceinte des négociations. Il faut savoir que Christopher Ross parle arabe, comprend le hassaniya (ce qui lui permet de bien identifier l’ADN des manifestants) et dispose plus qu’il n’en faut de l’accès à YouTube.

    Tout cela n’a fait que redoubler les voix intérieures qui réclament, au Front Polisario, de ne pas négocier avec le cadavre d’un enfant sur la table. Y compris Ould Salek qui a averti que le climat de tension régnant n’encourage pas à négocier.

    Selon moi, pourtant, je pense que c’est le moment de négocier, à fond. Parce que jamais auparavant la pression sur le Maroc n’a été aussi forte.

    Curieusement, l’après-midi même du jour [samedi 23 octobre] où Christopher Ross atterrissait à Casablanca (il est resté trois jours), Mohammed VI envoyait en urgence à Paris son bras droit, Fassi Fihri, avec une missive à remettre immédiatement et en mains propres à Nicolas Sarkozy. Le contenu du message coulait tellement de source que le site www.map.ma n’a eu le choix que de dire qu’il concernait des « questions d’intérêt régional ». Ainsi le Maroc, suppliant la France ou exerçant sur elle un chantage, fait montre d’un degré certain de nervosité devant ce qui se profile.

    Cinq jours après la visite de Fassi Fihri à Paris [jeudi 28], était organisée par Omar Mansour une table ronde à l’Assemblée nationale française, ni plus ni moins, en présence de Mohammed Abdelaziz, sur le thème : « La décolonisation du Sahara Occidental : la responsabilité des Nations Unies et le rôle de la France ». Et, au cas où il manquerait des ingrédients au suspense, a été célébrée le même week-end dans la ville française du Mans la 36e édition de l’EUCOCO (Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui), en présence de 400 délégués.
    Par Haddamin Moulud Said
    (original en espagnol Gdeym Izik y el proceso de las negociaciones, traduit par Niko)
    Source : ARSO Opinions, 1/11/2010
  • Maroc : libération triomphale de Mohamed Abounasr

    La gratitude populaire

    Le vendredi 7 janvier 2011, le siège d’ANNAHJ ADDIMOCRATI a été « pris d’assaut » par des centaines d’habitant-es des quartiers populaires de Casablanca (Maroc, ndds), venu-es en masses féliciter le camarade Mohamed Abounasr après sa libération triomphale et cela grâce à ces centaines de citoyen-nes, les sans droits de citoyenneté, grâce à ses collègues enseignants chercheurs (et à leur tête les militant-es de PSU, d’ANNAHJ ADDIMOCRATI. Chapeau camarade Mohamed Hamza du PSU!…), grâce aux dizaines d’avocats (PADS, PSU, CNI, ANNAHJ, sensibilités marxistes. Chapeau Maîtres/camarades Messaoudi, Benhoummane, El Bahi, Aït Bennacer…!), grâce aux étudiant-es d’Abounasr ( les cours n’ont pas eu lieu le jeudi 6 janvier 2011 à l’université de Casablanca en solidarité avec le camarade Abounasr).
    La prise de conscience, l’organisation de masses, la lutte organisée et ciblée, l’unité dans l’action, l’engagement sur le terrain, la clarté des objectifs, l’abnégation, la patience, le sacrifice, la simplicité, l’honnêteté, c’est la garantie du succès sur la voie de la révolution.
    Camarades ! continuons, nous sommes sur la bonne voie, la voie du changement !
    Ni les « élections »/mascarades makhzaniennes, ni la répression policières, ni les gesticulations/fanfaronnades des uns et des autres ne peuvent en aucun cas nous déstabiliser.
     
    Solidarité Maroc, 8/1/2011

    Par Ali Fkir, 8/1/2011

  • Extrait du nouveau livre « Le territoire est mort. Vive les territoires!

    En 2005, le petit Prince n’aurait pas demandé au géographe de lui dessiner une carte, mais plutôt de lui découper un territoire ! Il lui aurait également demandé de définir le territoire mais le géographe eut été bien à la peine, tant ce mot recouvre des réalités différentes, tant il est devenu polysémique. 
    De nombreux observateurs ont récemment annoncé la fin des territoires, mais malgré les processus de mondialisation et de métropolisation en cours, le territoire est bel et bien vivant, sous des formes largement renouvelées. Partout dans le monde, on assiste en effet à une fabrication débridée de territoires, et l’éloge de la proximité et du local se traduit en politiques de décentralisation, provoquant une vague sans précédent d’assemblages, de découpages et redécoupages. Dans les pays du Sud, les nouveaux acteurs de la société civile (ONG, associations, groupes d’entrepreneurs…) ainsi que leurs partenaires internationaux érigent à profusion des périmètres de projets, d’intervention ou de mobilisation, encouragés en cela par les paradigmes dominants que sont la  » gouvernance  » et le  » développement durable « . 
    Afin de mieux comprendre la signification de cette nouvelle complexité territoriale et d’en mesurer les limites contemporaines, les auteurs de cet ouvrage, issus d’horizons variés, nous livrent une série de réflexions originales, tout en plaidant pour une régulation des territoires au nom du développement. L’ouvrage intéressera tous les lecteurs préoccupés par les enjeux politiques, culturels et économiques de la question territoriale contemporaine. 
    Benoît Antheaume est géographe, directeur de recherche à l’IRD, membre du laboratoire Gecko-Paris-X. Ses travaux portent sur le Pacifique, l’Afrique de l’Ouest et australe. 

    Frédérice Giraut est géographe, maître de conférences à l’Université Joseph-Fourier et membre du laboratoire PactE-territoire de Grenoble. Il a travaillé en France, en Afrique de l’Ouest, du Nord et australe.

    Extrait : 
     
    (… ) 
    L’autre forme de conflit impliquant des frontières, ce sont les guerres d’annexion. Ce fut le cas des tentatives somaliennes de conquête de l’Ogaden éthiopien en 1963 et en 1978, dans le contexte de la guerre froide. Ces tentatives se soldèrent par des échecs, puis par d’importants changements d’alliance sur  l’échiquier régional et, au bout du compte, la désintégration de l’État somalien et la partition de l’État éthiopien. Le conflit territorial opposant le Tchad à la Libye concernait la bande d’Aouzou que la Libye annexa en 1973.
    Après plusieurs années de guerres à répétition ponctuées par des interventions militaires étrangères (française notamment), la Cour internationale de justice rétrocéda ce territoire au Tchad. Ce fut aussi le cas du Sahara occidental, ancienne colonie espagnole récupérée par le Maroc. Les autres litiges frontaliers constituent, en réalité, des conflits dormants. Ils portent, soit sur des tracés en liaison avec l’existence de ressources naturelles (pétrole, fer, diamants), soit sur des îles. C’est notamment le cas entre le Nigeria et le Cameroun (presqu’île de Bakassi). Ces guerres de frontières ont davantage consisté en des escarmouches qu’en de véritables conflits ouverts.
    Toujours est-il qu’à la fin du XXe siècle, de nombreux litiges frontaliers continuent d’opposer des États africains à d’autres. C’est notamment le cas dans le golfe de Guinée, entre le Nigeria et ses voisins  (Cameroun et Guinée-Équatoriale notamment) ; dans l’espace sahélien (Mali, Niger, Algérie, etc.) ; entre la Namibie et le Botswana. La plupart de ces litiges ont pour origine, non pas la volonté de faire coïncider espace ethno-culturel et espace étatique, mais la lutte pour le contrôle de ressources considérées comme vitales. C’est par exemple le cas en ce qui concerne le partage des eaux des grands bassins hydrographiques, qu’il s’agisse des fleuves (le Congo, le Zambèze, le Niger, le Nil, le Sénégal) ou des lacs (lac Tchad, lac Victoria) tendent ainsi à devenir de nouveaux espaces de conflit. Autour de ces bassins se sont en effet nouées, non seulement des activités économiques, mais aussi de graves contradictions. 

    La non-coïncidence des limites des États et des limites naturelles a ouvert la voie à des disputes sur la souveraineté. Les rivières, les fleuves et les lacs combinant, de manière générale, deux éléments juridiques distincts : la terre et l’eau, la question est de savoir comment concilier les trois exigences que sont la liberté des usages, le droit d’accès pour tous, et la souveraineté sur le sol sur lequel coule le fleuve. 

    L’exemple du Nil est, à cet égard, éloquent. L’on sait que 95 % du flux d’eau égyptien provient de l’extérieur de ses frontières (Éthiopie et Soudan notamment). La pression démographique dans la région, la nécessité de mettre en valeur des terres de moins en moins productives, l’accroissement rapide de la consommation par habitant conduisent la plupart des États de la région à envisager la construction de barrages. Ainsi, l’Éthiopie et l’Égypte sont-elles aux prises avec un différend portant sur la répartition des ressources hydriques, suite à la volonté éthiopienne d’entreprendre des projets d’irrigation dont le but est de bonifier les terres du Ouollo et du Tigré (LEBBOS, 1996). Mais la question du partage des eaux du Nil ne se limite pas à l’Égypte, au Soudan et à l’Éthiopie. Les frontières du Nil englobent d’autres pays, à l’exemple de l’Ouganda, la Tanzanie, le Kenya, le Rwanda, le Burundi, la République démocratique du Congo.
    (…)

    Titre de l’ouvrage : Le territoire est mort. Vive les territoires!
    Auteurs : Benoît Antheaume & Frédéric Giraut
    Edition : IRD 
    Source : IRD Editions, 8/1/2011
  • Gdaym Izik et le processus des négociations

    Cela fait plus de 6 mois que le Conseil de Sécurité des Nations Unies a exhorté les parties au conflit à entamer une phase plus intense et plus substantielle de négociations. Pourtant, depuis ce moment, les parties ne se sont toujours pas rencontrées.

    Il y a eu diverses tentatives pour que se tienne un cinquième round de négociations, mais l’occasion se faisait toujours attendre.

    Et soudain, dans les zones occupées du Sahara Occidental, ont été organisées les plus grandes manifestations dont on se souvienne depuis 35 ans. Quelles conséquences peuvent-elles avoir sur le processus de négociations ?

    L’exhortation du Conseil de sécurité opère comme un mandat donné aux parties pour qu’elles entament des négociations intensives et substantielles.

    Depuis un certain temps déjà, le Polisario et ses alliés accusent le Maroc de faire obstacle aux négociations directes. La lettre de Ross, ébruitée dans la presse [espagnole] sur ordre de Moratinos […] est venue confirmer la véracité de ces affirmations.

    L’ouverture des négociations prévue pour le 3 novembre prochain a coûté quelques suées à plusieurs puissances. Christopher Ross a dû se battre résolument avec l’Administration démocrate américaine pour que celle-ci lui offre le soutien nécessaire pour pouvoir mener les négociations à terme.

    Finalement, le diplomate américain a réussi à ouvrir une brèche dans ce qu’on appelle le « Groupe des amis du Sahara » (GAS [en espagnol, ce mot signifie GAZ], gaz létal dans tous les cas). Ross a obtenu que les Etats-Unis, le Royaume-Uni, la Russie et l’Espagne (celle-ci à la remorque et après avoir diffusé, depuis le Palais de Santa Cruz, la lettre de pression du propre Christopher Ross) se soient rangés à l’idée de faire pression sur les parties au conflit pour qu’elles participent, de bonne foi, à des négociations directes. Il faut lire : pour que le Maroc soit obligé de négocier. La France est restée à l’écart de tout cela, telle une brebis galeuse.

    De son côté, le Conseil de Sécurité lui-même a atteint les limites de sa capacité à continuer de s’occuper du conflit, étant donné les centaines de millions de dollars investis sans parvenir à faire négocier les parties… Il faut comprendre qu’il est sur le point de jeter l’éponge, et de remettre l’affaire entre les mains de l’Assemblée générale.

    Et c’est au moment même où ce scénario se met en place que se produisent les plus importantes manifestations jamais vues sur le territoire du Sahara Occidental depuis la mission de visite des Nations Unies en mai 1975 !

    Nous pensons que rien n’arrive de manière fortuite, en matière politique en particulier, et que ce qui se produit là obéit à un schéma préétabli.

    Après ses efforts pour parvenir à des négociations directes, le Polisario a-t-il un quelconque intérêt à lancer la bagarre juste avant l’ouverture de nouvelles rencontres, et par conséquent, à gâcher le travail de Christopher Ross ? Il est évident que non.

    Existe-t-il une clé politique interne qui nous permette de suspecter la main du Makhzen dans cette affaire ? Non plus.

    La tentative de monter cinq campements de protestation, de manière synchronisée, à côté de Dakhla, de Boujdour, d’El Aïoun, de Smara et de Goulimine, ajoutée à la charge idéologique minimale (en apparence) du mouvement, invitent à ne pas voir la signature du Polisario dans ces initiatives. Le fait que le Front Polisario a dû s’y reprendre à deux fois pour donner les informations relatives au jeune garçon assassiné révèle, pour le moins, un certain éloignement entre le Front et le coeur des événements.

    Les tentatives du Maroc pour « vendre » le campement de Gdeyam Izik comme démonstration de son ouverture, de sa démocratie et de son respect des droits de l’homme (liées à la campagne sur www.map.ma et dans les déclarations de Fassi Fihri pour détourner l’attention de l’opinion vers ce qui se passe à Melilla [i.e. le meurtre allégué d’un jeune Marocain par la police espagnole]) invitent, de leur côté, à écarter toute implication du Makhzen dans la genèse du mouvement. Rappelons, pour le moins, la détermination avec laquelle le Maroc a dévasté les campements qui avaient commencé à se monter à proximité de Dakhla, de Boujdour, de Smara et de Goulimine…

    Alors, qui est derrière tout ça ? Rappelons-le : il s’agit des manifestations les plus importantes au Sahara Occidental depuis la mission de visite de l’ONU, en mai 1975.

    Et cela se produit au moment le moins opportun. Au moment où toutes les parties (le GAS, le Conseil de Sécurité, le Front Polisario, le Maroc, etc.) relèvent les manches pour négocier, la rivière déborde, devenant un torrent impétueux qui emporte des bâtons et va les mettre dans les roues du moulin des négociations. D’où vient ce flot ?

    Si on ajoute, à la connaissance du dialecte arabe hassaniya, la possibilité d’accéder aux vidéos sur Youtube envoyées du cœur du campement Gdeyam Izik, et l’ADN univoque des manifestants, la conclusion est évidente : il faut substituer au discours apparent, que l’on a décrit comme charge idéologique minimale, celui d’une protestation nationaliste.

    C’est le peuple sahraoui, souverain, qui s’est relevé de ses cendres pour dire : « Je suis ici, quoi qu’il en coûte ». Bien avertis du fait que l’exhibition de drapeaux sahraouis et d’autres symboles entraînerait une répression cruelle et dévastatrice, les manifestants se sont passés de la liturgie sans renoncer à la messe…

    En effet, les échos de la messe dite à Gdeyam Izik ont résonné jusque dans l’enceinte des négociations. Il faut savoir que Christopher Ross parle arabe, comprend le hassaniya (ce qui lui permet de bien identifier l’ADN des manifestants) et dispose plus qu’il n’en faut de l’accès à YouTube.

    Tout cela n’a fait que redoubler les voix intérieures qui réclament, au Front Polisario, de ne pas négocier avec le cadavre d’un enfant sur la table. Y compris Ould Salek qui a averti que le climat de tension régnant n’encourage pas à négocier.

    Selon moi, pourtant, je pense que c’est le moment de négocier, à fond. Parce que jamais auparavant la pression sur le Maroc n’a été aussi forte.

    Curieusement, l’après-midi même du jour [samedi 23 octobre] où Christopher Ross atterrissait à Casablanca (il est resté trois jours), Mohammed VI envoyait en urgence à Paris son bras droit, Fassi Fihri, avec une missive à remettre immédiatement et en mains propres à Nicolas Sarkozy. Le contenu du message coulait tellement de source que le site www.map.ma n’a eu le choix que de dire qu’il concernait des « questions d’intérêt régional ». Ainsi le Maroc, suppliant la France ou exerçant sur elle un chantage, fait montre d’un degré certain de nervosité devant ce qui se profile.

    Cinq jours après la visite de Fassi Fihri à Paris [jeudi 28], était organisée par Omar Mansour une table ronde à l’Assemblée nationale française, ni plus ni moins, en présence de Mohammed Abdelaziz, sur le thème : « La décolonisation du Sahara Occidental : la responsabilité des Nations Unies et le rôle de la France ». Et, au cas où il manquerait des ingrédients au suspense, a été célébrée le même week-end dans la ville française du Mans la 36e édition de l’EUCOCO (Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui), en présence de 400 délégués.
    Par Haddamin Moulud Said
    (original en espagnol Gdeym Izik y el proceso de las negociaciones, traduit par Niko)
    Source : ARSO Opinions, 1/11/2010