Mois : janvier 2011

  • Paris à l’écoute de Rabat

    Le ministre marocain des Affaires étrangères accuse l’Algérie de bloquer l’Union pour la Méditerranée.
    Pour donner un nouveau souffle à l’UPM, l’Union pour la Méditerranée, un projet moribond cher à Nicolas Sarkozy, la France mise sur le Maroc. Pour expliquer l’état embryonnaire qu’il n’arrive pas à dépasser, il fallait trouver un bouc émissaire. C’est sans hésitation que l’Algérie a été pointée du doigt.
    «Le Maghreb intégré sera un élément fondamental de l’UPM. Malheureusement, nos frères algériens maintiennent les frontières fermées», a déclaré vendredi à Paris, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. «Face à cette situation, le Maghreb continue d’être en panne», a-t-il ajouté sur un ton accusateur. Le chef de la diplomatie marocaine a tenu ces propos à l’occasion d’une table ronde qui s’est tenue vendredi dernier dans la capitale française. Elle avait comme thème «Pour un espace de croissance et de stabilité en Méditerranée».
    La réunion a été coprésidée par le ministre marocain des Affaires étrangères et son homologue française, Michèle Alliot-Marie. Cette rencontre qui avait pour initiateur l’ancien ministre de l’Immigration, (controversé et contesté), Eric Besson, désormais ministre de l’Industrie a vu la participation notamment de l’éminence grise du chef de l’Etat français, Henri Guaino, patron de la mission interministérielle «Union pour la Méditerranée» (UPM), et de M.Ahmed Masa’deh, le secrétaire général de l’UPM. Paris avait besoin d’un avocat pour défendre et ressusciter son initiative, elle l’a trouvé en la personne de Taïeb Fassi Fihri. Entre les capitales française et marocaine c’est du donnant-donnant.
    La France soutient ouvertement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. En signe de reconnaissance, le trône chérifien appuie les visées élyséennes de leadership, au Maghreb et en Méditerranée.
    Lors d’un entretien, le 14 décembre 2010 à Paris, entre la nouvelle patronne du Quai d’Orsay et son homologue marocain, Michèle Alliot-Marie a réitéré le soutien de la France au royaume alaouite concernant la question du Sahara occidental, selon une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle marocaine. A chaque fois que le Maroc s’est trouvé en situation délicate, la main secourable tendue par les responsables politiques français l’ont tiré des eaux dans lesquelles il aurait dû se noyer. La France a mis tout son poids dans la balance pour mettre en échec la mise sur pied d’une enquête internationale visant à faire toute la lumière à propos de l’assaut lancé le 8 novembre dernier par les forces d’occupation marocaines contre le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik, tandis que les eurodéputés français issus de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) se sont vainement opposés à la résolution votée par le Parlement européen. Le texte adopté avait fermement condamné cette agression. «Je me suis opposée à cette résolution», a confié le 5 décembre 2010 l’ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, au cours d’un point de presse animé à l’Institut supérieur national des sciences politiques à Ben Aknoun dans la banlieue d’Alger.
    L’Union pour la Méditerranée «est une étape complémentaire et positive par rapport au processus de Barcelone de 1995, en prévoyant une gestion paritaire entre le Nord et le Sud avec un secrétariat basé à Barcelone, et en identifiant des projets concrets (plan solaire, autoroutes de la mer, autoroutes terrestres, protection civile, PME/PMI)…», a estimé le chef de la diplomatie chérifienne. Sur ce plan, la France et le royaume marocain ont accordé leurs points de vue. Pour le meilleur et pour le pire Rabat et Paris ont scellé et signé leur union.
    Mohamed TOUATI
    L’expression, 10/1/2011
  • Cinzia Terzi : «Procès inéquitable des Sahraouis»

    Le procès des militants sahraouis, reporté à la semaine prochaine, a donné lieu à Casablanca (Maroc), comme lors des précédentes audiences, à des attaques physiques et verbales contre les observateurs internationaux, selon une observatrice italienne. L’audience devait juger pour «atteinte à la sécurité de l’Etat», les accusés sahraouis Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Lachgare Degia, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghavar et Lebaihidi Saleh. Les observateurs internationaux présents à l’audience ont affirmé que devant le siège du tribunal, il y avait «plusieurs groupes de manifestants brandissant des banderoles faisant l’éloge de l’occupation par le Maroc du Sahara Occidental et ce, pour intimider les témoins, notamment étrangers», selon Mme Cinzia Terzi. 

    Les observateurs ont été dépossédés de leurs téléphones cellulaires et caméras et certains d’entre eux ont été fouillés, au moment où les Marocains présents sur les lieux ont été épargnés. Aussi, «à l’audience, il y avait une centaine de personnes et les observateurs ont été invités par un préposé à prendre place à l’arrière de la salle, alors que les avocats à charge étaient debout devant les juges, ce qui n’a pas permis aux observateurs de suivre visuellement ce qui se passait», a-t-elle dit. Parmi le public, il n’y avait pas de Sahraouis, et les accusés sahraouis en liberté sous caution étaient absents, ont-ils précisé, affirmant sur la base d’informations recueillies auprès des avocats de la défense, que les absents avaient peur des attaques qui ont eu lieu au cours des trois séances précédentes. «Un sentiment d’hostilité continue régnait», a-t-elle relevé, précisant que «des femmes parmi le public ont couvert le visage de l’avocat Marco Martino avec un drapeau marocain.» 

    En outre, les avocats des accusés ont été fréquemment interrompus lors de leur prise de parole et parfois avec violence, ont raconté les observateurs, relevant que «la plaidoirie de l’avocat marocain des accusés, Mustapha Errachidia, a été arrêtée après seulement quatre minutes». Ils ont déclaré, à cette occasion, avoir assisté à «une violente attaque verbale d’un avocat des plaignants» et que «certains passages des plaidoiries des avocats de la défense ont été accompagnés de cris du public, comme lors de leur entrée à la salle d’audience». Par ailleurs, les observateurs, présents lors de cette audience, ont relevé que le président du tribunal a assisté «à des perturbations de l’audience et à des menaces contre les accusés et leurs défenseurs». 
    R. I.
    La Nouvelle République, 10/1/2011
  • Sahara Occidental et Sahel : Provocations, manipulations et chantage

    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental, Christopher Ross, s’est rendu les 18 et 19 octobre dernier dans la région du Maghreb. Il a eu des entretiens avec les Algériens, les Marocains et les Mauritaniens.

    Cette énième visite de l’émissaire onusien dans cette région sensible pour la sécurité du bassin méditerranéen et l’Europe occidentale ne s’est pas limitée au cadre du simple échange de points de vue. Le fait marquant est la récente adoption, à l’unanimité par la quatrième commission de l’Assemblée générale des Nations unies chargée de la décolonisation, d’une résolution réaffirmant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. En termes géopolitiques, cela va forcément introduire des changements qualitatifs favorables au Front Polisario. 
    Le Maroc, de plus en plus obstiné à changer le cours des événements en sa faveur, n’a pas tardé à se manifester en recourant à la provocation contre l’Algérie qu’il considère, pour des raisons multiples, comme son principal adversaire. Sentant le vent tourner à l’intérieur même de l’establishment américain, Rabat n’hésite nullement à utiliser le chantage contre Washington, en menaçant de faire quelques concessions aux cellules islamistes dormantes marocaines contrôlées par les services de renseignement du Makhzen. Cette démarche, essentiellement basée sur une étroite conception des règles du bon voisinage, a toujours constitué un fondement de la politique étrangère marocaine, notamment quand il est question de l’Algérie. Depuis la fin des années 1980 et le début des années 1990, au moment où l’Algérie était menacée par le chaos terroriste, le Maroc n’a pas cessé de revendiquer auprès des Américains le statut de rempart solide contre toute menace extrémiste.
    Algérie-USA : un rapprochement qualitatif
    Les lobbies marocains aux Etats-Unis, soutenus ouvertement par Israël, ont tout fait pour que les Américains considèrent le Maroc comme un allié stratégique dans la lutte contre le terrorisme islamiste. Pour cela, la situation qui prévalait en Algérie jusqu’en 1999 n’était pas pour les gêner outre mesure. Bien au contraire, elle leur avait été profitable à plus d’un titre, à commencer par la mise en sourdine des revendications du peuple sahraoui éclipsées médiatiquement par l’actualité sanglante algérienne. 
    Affaiblie économiquement, déstabilisée politiquement et isolée sur le plan international par un embargo dont le signal fut donné en premier lieu par la compagnie aérienne française Air France, l’Algérie n’a pas exaucé le vœu royal. Elle est restée non seulement debout, mais sa position de principe concernant le droit des peuples à disposer librement de leur sort s’est affirmée davantage, adressant au Maroc, par la même occasion, un message de longue portée historique que l’on peut résumer en une phrase : le soutien à la cause sahraouie n’est pas l’affaire du pouvoir algérien ; elle concerne aussi les Algériens, de par le voisinage et les liens historiques et culturels, et l’ensemble des peuples épris de liberté. En 1999, l’Algérie est «tirée» de son cauchemar par un homme providentiel nommé Bouteflika que les Marocains connaissent parfaitement. Entre 2000 et 2004, elle entame avec un certain succès son retour à la normalité sur tous les plans. Elle ne manque pas aussi d’alerter le monde sur le caractère transnational du terrorisme. 
    Les attentats du 11 septembre à New York, une tragédie à la mesure du gigantisme américain, ont forcé les Occidentaux à écouter enfin l’Algérie, devenue par la suite une voix autorisée dans le domaine de la lutte antiterroriste. Il faut préciser que les Américains avaient compris, bien avant le 11 septembre 2001, la nécessité de coopérer avec l’Algérie dans la lutte contre le terrorisme international ; il est utile cependant d’ajouter que cette date a accéléré le rapprochement entre les deux pays. Parallèlement à cette coopération sécuritaire de haut niveau, les relations économiques ont remarquablement progressé. En 2005, les Etats-Unis d’Amérique sont devenus le premier client de l’Algérie et son troisième fournisseur. 
    Les Américains sont également conscients de l’importance du marché algérien, notamment le pétrole et le gaz naturel dans la région, mais très spécialement en Algérie. Pour ce qui est du gaz naturel, les spécialistes en la matière le considèrent comme la source d’énergie la plus apte à répondre aux attentes des pays consommateurs. Illias sarkis, en expert avisé, formule une hypothèse qui pourrait éclairer certaines zones d’ombre planant sur les relations internationales. «Le problème de la sécurité des approvisionnements mérite d’autant plus d’attention que les échanges gaziers mondiaux progressent à vive allure et que les fournisseurs actuels et potentiels ne sont pas nombreux.
    Contrairement, là aussi, à une idée reçue, la répartition géographique des réserves n’est pas moins inégale que celle du pétrole.
    Qu’on le veuille ou non, l’offre sera de plus en plus dominée par trois grandes zones d’exportation : la Russie, le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord, prévoit-il. Ainsi, l’Algérie est introduite dans la perspective de l’après-pétrole et dans ce contexte, les Américains sont appelés à revoir leur position sur la question sahraouie sous tous ses angles.
    La RASD ne sera jamais un repaire pour les terroristes d’Al Qaida
    Un dirigeant du Polisario avait prononcé le mois de décembre dernier un message était clair : la république sahraouie n’a jamais accepté et n’acceptera jamais de constituer un repaire pour les terroristes d’Al Qaida et la moindre parcelle de son territoire ne sera aucunement abandonnée aux barons qui contrôlent l’immigration clandestine et le trafic de drogue. Cette mise au point a été rendue nécessaire d’autant que les Sahraouis, très instruits par leur expérience et très convaincus de la justesse de leur revendication, sont décidés à déjouer tous les complots marocains. 
    Surpris par l’ampleur du mouvement de résistance pacifiste qui s’étend à travers l’ensemble des localités sahraouies occupées, les Marocains cèdent à leur défaut majeur, causé par leur frustration née de leur lamentable échec de contrôler, ne serait-ce qu’une infime partie, ces combattants que la France appelait les fellagas, de satisfaire un besoin de vengeance mal placée vis-à-vis d’un régime algérien qui ne partage pas leurs points de vue. Ce n’est nullement de la politique-fiction, dictée par un inexplicable sentiment anti-marocain, mais une lecture attentive de la furie médiatique qui s’est emparée récemment du palais chérifien ; un palais qui voit ses derniers espoirs concernant une problématique autonomie, préservant sa présence militaire et administrative au Sahara, s’écrouler un à un. 
    L’affaire de Mustapha Salma Ould Sidi, arrêté par le Front Polisario le 21 septembre dernier pour espionnage, après qu’il s’est rallié aux autorités marocaines alors qu’il occupait les fonctions d’inspecteur général de la police de la RASD, ainsi que le tapage orchestré autour des deux journalistes marocains, reflètent symboliquement, mais d’une façon qui ne laisse aucun doute, le désarroi des autorités de Rabat contraintes de multiplier les provocations contre un pays voisin qui a toujours observé scrupuleusement une attitude légaliste à l’endroit des questions de souveraineté.
    Refusant de se conformer aux règles internationales, le Maroc s’enlise de plus en plus dans le cycle «fou» des derniers quarts d’heure, essayé autrefois par les Français. De son côté, l’Algérie ne manquera pas de peser de tout son poids pour maintenir la lutte contre les réseaux d’Al Qaida au Maghreb Islamique et empêcher toute exploitation opérationnelle du terrorisme dans l’affaire du Sahara Occidental. Cette préoccupation tout à fait légitime d’un pays qui a trop souffert des affres du colonialisme et du terrorisme a été transmise aux Américains et aux Européens. Une chose est sûre : elle sera lue attentivement.
    Par Sofiane Abi
    Les Débats, 5-11/1/2011

  • Paris à l’écoute de Rabat

    Le ministre marocain des Affaires étrangères accuse l’Algérie de bloquer l’Union pour la Méditerranée.
    Pour donner un nouveau souffle à l’UPM, l’Union pour la Méditerranée, un projet moribond cher à Nicolas Sarkozy, la France mise sur le Maroc. Pour expliquer l’état embryonnaire qu’il n’arrive pas à dépasser, il fallait trouver un bouc émissaire. C’est sans hésitation que l’Algérie a été pointée du doigt.
    «Le Maghreb intégré sera un élément fondamental de l’UPM. Malheureusement, nos frères algériens maintiennent les frontières fermées», a déclaré vendredi à Paris, le ministre marocain des Affaires étrangères et de la Coopération. «Face à cette situation, le Maghreb continue d’être en panne», a-t-il ajouté sur un ton accusateur. Le chef de la diplomatie marocaine a tenu ces propos à l’occasion d’une table ronde qui s’est tenue vendredi dernier dans la capitale française. Elle avait comme thème «Pour un espace de croissance et de stabilité en Méditerranée».
    La réunion a été coprésidée par le ministre marocain des Affaires étrangères et son homologue française, Michèle Alliot-Marie. Cette rencontre qui avait pour initiateur l’ancien ministre de l’Immigration, (controversé et contesté), Eric Besson, désormais ministre de l’Industrie a vu la participation notamment de l’éminence grise du chef de l’Etat français, Henri Guaino, patron de la mission interministérielle «Union pour la Méditerranée» (UPM), et de M.Ahmed Masa’deh, le secrétaire général de l’UPM. Paris avait besoin d’un avocat pour défendre et ressusciter son initiative, elle l’a trouvé en la personne de Taïeb Fassi Fihri. Entre les capitales française et marocaine c’est du donnant-donnant.
    La France soutient ouvertement le plan d’autonomie marocain pour le Sahara occidental. En signe de reconnaissance, le trône chérifien appuie les visées élyséennes de leadership, au Maghreb et en Méditerranée.
    Lors d’un entretien, le 14 décembre 2010 à Paris, entre la nouvelle patronne du Quai d’Orsay et son homologue marocain, Michèle Alliot-Marie a réitéré le soutien de la France au royaume alaouite concernant la question du Sahara occidental, selon une dépêche répercutée par l’agence de presse officielle marocaine. A chaque fois que le Maroc s’est trouvé en situation délicate, la main secourable tendue par les responsables politiques français l’ont tiré des eaux dans lesquelles il aurait dû se noyer. La France a mis tout son poids dans la balance pour mettre en échec la mise sur pied d’une enquête internationale visant à faire toute la lumière à propos de l’assaut lancé le 8 novembre dernier par les forces d’occupation marocaines contre le camp de toile sahraoui de Gdeim Izik, tandis que les eurodéputés français issus de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) se sont vainement opposés à la résolution votée par le Parlement européen. Le texte adopté avait fermement condamné cette agression. «Je me suis opposée à cette résolution», a confié le 5 décembre 2010 l’ex-garde des Sceaux de Nicolas Sarkozy, Rachida Dati, au cours d’un point de presse animé à l’Institut supérieur national des sciences politiques à Ben Aknoun dans la banlieue d’Alger.
    L’Union pour la Méditerranée «est une étape complémentaire et positive par rapport au processus de Barcelone de 1995, en prévoyant une gestion paritaire entre le Nord et le Sud avec un secrétariat basé à Barcelone, et en identifiant des projets concrets (plan solaire, autoroutes de la mer, autoroutes terrestres, protection civile, PME/PMI)…», a estimé le chef de la diplomatie chérifienne. Sur ce plan, la France et le royaume marocain ont accordé leurs points de vue. Pour le meilleur et pour le pire Rabat et Paris ont scellé et signé leur union.
    Mohamed TOUATI
    L’expression, 10/1/2011
  • Cinzia Terzi : «Procès inéquitable des Sahraouis»

    Le procès des militants sahraouis, reporté à la semaine prochaine, a donné lieu à Casablanca (Maroc), comme lors des précédentes audiences, à des attaques physiques et verbales contre les observateurs internationaux, selon une observatrice italienne. L’audience devait juger pour «atteinte à la sécurité de l’Etat», les accusés sahraouis Brahim Dahane, Ahmed Nassiri, Ali Salem Tamek, Lachgare Degia, Yahdih Ettarrouzi, Rachid Sghavar et Lebaihidi Saleh. Les observateurs internationaux présents à l’audience ont affirmé que devant le siège du tribunal, il y avait «plusieurs groupes de manifestants brandissant des banderoles faisant l’éloge de l’occupation par le Maroc du Sahara Occidental et ce, pour intimider les témoins, notamment étrangers», selon Mme Cinzia Terzi. 

    Les observateurs ont été dépossédés de leurs téléphones cellulaires et caméras et certains d’entre eux ont été fouillés, au moment où les Marocains présents sur les lieux ont été épargnés. Aussi, «à l’audience, il y avait une centaine de personnes et les observateurs ont été invités par un préposé à prendre place à l’arrière de la salle, alors que les avocats à charge étaient debout devant les juges, ce qui n’a pas permis aux observateurs de suivre visuellement ce qui se passait», a-t-elle dit. Parmi le public, il n’y avait pas de Sahraouis, et les accusés sahraouis en liberté sous caution étaient absents, ont-ils précisé, affirmant sur la base d’informations recueillies auprès des avocats de la défense, que les absents avaient peur des attaques qui ont eu lieu au cours des trois séances précédentes. «Un sentiment d’hostilité continue régnait», a-t-elle relevé, précisant que «des femmes parmi le public ont couvert le visage de l’avocat Marco Martino avec un drapeau marocain.» 

    En outre, les avocats des accusés ont été fréquemment interrompus lors de leur prise de parole et parfois avec violence, ont raconté les observateurs, relevant que «la plaidoirie de l’avocat marocain des accusés, Mustapha Errachidia, a été arrêtée après seulement quatre minutes». Ils ont déclaré, à cette occasion, avoir assisté à «une violente attaque verbale d’un avocat des plaignants» et que «certains passages des plaidoiries des avocats de la défense ont été accompagnés de cris du public, comme lors de leur entrée à la salle d’audience». Par ailleurs, les observateurs, présents lors de cette audience, ont relevé que le président du tribunal a assisté «à des perturbations de l’audience et à des menaces contre les accusés et leurs défenseurs». 
    R. I.
    La Nouvelle République, 10/1/2011
  • Le double embarras du gouvernement espagnol

    Une vingtaine de sahraouis sont arrivés, jeudi dernier, à bord d’une embarcation, à Fuerteventura, aux Îles Canaries. Selon le journal espagnol El Pais, six mineurs se trouvent parmi le groupe. Le reste ont entamé les démarches de demande d’asile.

    El Pais ajoute que l’arrivée de sahraouis aux côtes canariennes pour demander l’asile suscite des préoccupations au sein des partis politiques des îles Canaries, devant la possibilité du déchaînement d’une grande nouvelle vague de pateras provenant du Sahara Occidental, avec des sahraouis qui assurent fuir la répression marocaine, comme celle qui a eu lieu après l’intifada sahraouie de mai 2005.

    Le gouvernement espagnol se trouve dans des sales draps. Si Madrid octroie le statu de réfugiés aux jeunes sahraouis, il attisera les foudres de Rabat. Au même temps, les derniers évènements d’El Aaiun et la féroce répression que la population sahraouie a connue, ne laisse pas les autorités espagnoles indifférentes, surtout face à leur opinion publique. D’autre part, le statu de réfugié attirerait un grand nombre d’autres jeunes sahraouis persécutés par le Maroc.

    L’autre sujet d’embarras est l’arrivée du polémique ambassadeur marocain en Espagne, le transfuge Ahmedou Ould Souilem. Il a dû attendre plusieurs mois pour avoir l’accord de Madrid sur sa désignation. Cela ne le laissera pas indifférent, il sait depuis le début qu’il n’est pas le bienvenu en Espagne. De la part du gouvernement et de la part du peuple espagnol. Son curriculum embarrasse le gouvernement espagnol face à l’opinion publique espagnol et les associations pro-sahraouies.

  • Le roi aime le jet-ski, le rock et les bains de sang

    L’Espagne s’en était lavé les mains. Le voisin en a profité pour entreprendre une occupation que le défunt monarque appela « La Marche Verte » pour débouler sur les territoires du Sahara Occidental qui fut gelé dans le statu gelé dans le statut de colonie.

    C’était en 1975. Et ce qu’on appelle la communauté internationale, expression très diplomatique pour désigner un Occident ostensiblement enclin à entériner cette annexion en contradiction avec les règles les plus élémentaires dont celle des peuples à disposer librement de leur autodétermination.

    Le mot est lancé. En d’autres termes, il signifie tout simplement l’indépendance. Et les choses traînèrent de tentative de dialogue en rencontres au Sommet qui n’aboutiront qu’à la perpétuation du fait accompli : le Sahara Occidental est bel et bien considéré comme un territoire marocain. Les choses en restèrent donc là, et la population sahraouie, derrière le Polisario, ne baissa jamais les bras, tentant plus par la voie diplomatique que par des actions d’éclat, de faire entendre sa voix.

    Une tragédie humanitaire

    Devant une « communauté internationale » sourde à toute revendication d’indépendance, plutôt versée dans l’humanitaire. Et c’est là tout le noeud du problème : un conflit typique de colonisation transformé par la frilosité et surtout la complicité de l’Occident en tragédie humanitaire que des convois de riz, de denrées alimentaires et de tentes essaient de soulager. La situation va alors s’enliser avec le temps et l’Algérie qui est intransigeante sur les questions de décolonisation – ayant elle-même payé très cher son indépendance – apporta donc son soutien à la population sahraouie.

    Aussi, avec l’intronisation du jeune héritier Mohamed VI un air d’espoir commença à planer autour de cette question et on se dit que le nouveau souverain allait en finir avec ce conflit, vu son jeune âge et ses propensions prétendument modernistes. Grosse erreur d’appréciation : le nouveau roi allait se révéler plus cruel que son père. Plus manoeuvrier aussi car il excelle dans l’art de régner sous des apparats de jeune homme bien sous tous rapports, pratiquant le jet-ski, amateur de musique rock – c’est un fan de Johnny Halliiday – et grand épicurien, il fait montre d’une tyrannie sans égale quand il s’agit de réprimer tout mouvement contestataire, notamment dans les territoires occupés. Impunément.

    La complicité de l’Occident

    Il est reçu dans toutes les capitales occidentales avec les honneurs, et personne ne fait allusion au Sahara occidental considéré par beaucoup de chancelleries comme un territoire marocain comme le dessinent les cartes géographiques et les dictionnaires de référence. Mais d’où vient donc cette impunité du roi, voire cette complicité de la communauté internationale?

    Il faut dire que le Maroc est une destination touristique très prisée et particulièrement à Marrakech, cité millénaire qui répond exactement aux fantasmes exotiques de tous les européens qui y trouvent intactes les traces d’une ville des mille et une nuits avec ses palais, ses Riads et ses splendides demeures dans la pure tradition architecturale arabe. Présidents, ministres, richissimes hommes d’affaires et stars du cinéma y ont tous un luxueux pied à terre. Récemment, le président Sarkozy y a passé quelques jours de vacances en compagnie de son épouse, alors que tout le monde le croyait en villégiature dans la propriété de sa belle-famille dans le sud de la France. Pendant les fêtes de fin d’année, c’est le rush de tout le gratin parisien, souvent aux frais du souverain, qui se fait un devoir de bichonner tout ce beau monde.

     On comprend dès lors que la France, par la voix de son flambant ministre des Affaires Etrangères, ponde un communiqué dans lequel elle « condamne fermement les heurts qui ont lieu au sud du Maroc » (sic). C’est pourquoi le roi réprime dans le sang, en toute impunité : il est assuré du soutien de la France et de ce « machin » nommé ONU qui tergiverse depuis de longues années, non sans faire entériner le fait accompli.

    La mission onusienne – la MINURSO – chargée de trouver une issue au conflit est impuissante à influer sur la situation, se contentant de rédiger des rapports épisodiques dans lesquels elle déplore la précarité des populations exilées et chassées de leur territoire. Les camps de réfugiés de Tindouf vivent par la grâce des dons et de l’aide alimentaire.

    Et dans sa mégalomanie expansionniste, le roi ne se gêne pas pour revendiquer Tindouf comme territoire marocain. Passés maîtres de l’art de la manipulation, les services marocains parlent d’attaque des sahraouis contre l’armée royale. Dans ce cas, pourquoi interdire aux ONG’s et à la presse d’entrer au Maroc?
    Neyla Belhadi
    Alger Hebdo, 13-19/12/2010
  • Le double embarras du gouvernement espagnol

    Une vingtaine de sahraouis sont arrivés, jeudi dernier, à bord d’une embarcation, à Fuerteventura, aux Îles Canaries. Selon le journal espagnol El Pais, six mineurs se trouvent parmi le groupe. Le reste ont entamé les démarches de demande d’asile.

    El Pais ajoute que l’arrivée de sahraouis aux côtes canariennes pour demander l’asile suscite des préoccupations au sein des partis politiques des îles Canaries, devant la possibilité du déchaînement d’une grande nouvelle vague de pateras provenant du Sahara Occidental, avec des sahraouis qui assurent fuir la répression marocaine, comme celle qui a eu lieu après l’intifada sahraouie de mai 2005.

    Le gouvernement espagnol se trouve dans des sales draps. Si Madrid octroie le statu de réfugiés aux jeunes sahraouis, il attisera les foudres de Rabat. Au même temps, les derniers évènements d’El Aaiun et la féroce répression que la population sahraouie a connue, ne laisse pas les autorités espagnoles indifférentes, surtout face à leur opinion publique. D’autre part, le statu de réfugié attirerait un grand nombre d’autres jeunes sahraouis persécutés par le Maroc.

    L’autre sujet d’embarras est l’arrivée du polémique ambassadeur marocain en Espagne, le transfuge Ahmedou Ould Souilem. Il a dû attendre plusieurs mois pour avoir l’accord de Madrid sur sa désignation. Cela ne le laissera pas indifférent, il sait depuis le début qu’il n’est pas le bienvenu en Espagne. De la part du gouvernement et de la part du peuple espagnol. Son curriculum embarrasse le gouvernement espagnol face à l’opinion publique espagnol et les associations pro-sahraouies.

  • Le roi aime le jet-ski, le rock et les bains de sang

    L’Espagne s’en était lavé les mains. Le voisin en a profité pour entreprendre une occupation que le défunt monarque appela « La Marche Verte » pour débouler sur les territoires du Sahara Occidental qui fut gelé dans le statu gelé dans le statut de colonie.

    C’était en 1975. Et ce qu’on appelle la communauté internationale, expression très diplomatique pour désigner un Occident ostensiblement enclin à entériner cette annexion en contradiction avec les règles les plus élémentaires dont celle des peuples à disposer librement de leur autodétermination.

    Le mot est lancé. En d’autres termes, il signifie tout simplement l’indépendance. Et les choses traînèrent de tentative de dialogue en rencontres au Sommet qui n’aboutiront qu’à la perpétuation du fait accompli : le Sahara Occidental est bel et bien considéré comme un territoire marocain. Les choses en restèrent donc là, et la population sahraouie, derrière le Polisario, ne baissa jamais les bras, tentant plus par la voie diplomatique que par des actions d’éclat, de faire entendre sa voix.

    Une tragédie humanitaire

    Devant une « communauté internationale » sourde à toute revendication d’indépendance, plutôt versée dans l’humanitaire. Et c’est là tout le noeud du problème : un conflit typique de colonisation transformé par la frilosité et surtout la complicité de l’Occident en tragédie humanitaire que des convois de riz, de denrées alimentaires et de tentes essaient de soulager. La situation va alors s’enliser avec le temps et l’Algérie qui est intransigeante sur les questions de décolonisation – ayant elle-même payé très cher son indépendance – apporta donc son soutien à la population sahraouie.

    Aussi, avec l’intronisation du jeune héritier Mohamed VI un air d’espoir commença à planer autour de cette question et on se dit que le nouveau souverain allait en finir avec ce conflit, vu son jeune âge et ses propensions prétendument modernistes. Grosse erreur d’appréciation : le nouveau roi allait se révéler plus cruel que son père. Plus manoeuvrier aussi car il excelle dans l’art de régner sous des apparats de jeune homme bien sous tous rapports, pratiquant le jet-ski, amateur de musique rock – c’est un fan de Johnny Halliiday – et grand épicurien, il fait montre d’une tyrannie sans égale quand il s’agit de réprimer tout mouvement contestataire, notamment dans les territoires occupés. Impunément.

    La complicité de l’Occident

    Il est reçu dans toutes les capitales occidentales avec les honneurs, et personne ne fait allusion au Sahara occidental considéré par beaucoup de chancelleries comme un territoire marocain comme le dessinent les cartes géographiques et les dictionnaires de référence. Mais d’où vient donc cette impunité du roi, voire cette complicité de la communauté internationale?

    Il faut dire que le Maroc est une destination touristique très prisée et particulièrement à Marrakech, cité millénaire qui répond exactement aux fantasmes exotiques de tous les européens qui y trouvent intactes les traces d’une ville des mille et une nuits avec ses palais, ses Riads et ses splendides demeures dans la pure tradition architecturale arabe. Présidents, ministres, richissimes hommes d’affaires et stars du cinéma y ont tous un luxueux pied à terre. Récemment, le président Sarkozy y a passé quelques jours de vacances en compagnie de son épouse, alors que tout le monde le croyait en villégiature dans la propriété de sa belle-famille dans le sud de la France. Pendant les fêtes de fin d’année, c’est le rush de tout le gratin parisien, souvent aux frais du souverain, qui se fait un devoir de bichonner tout ce beau monde.

     On comprend dès lors que la France, par la voix de son flambant ministre des Affaires Etrangères, ponde un communiqué dans lequel elle « condamne fermement les heurts qui ont lieu au sud du Maroc » (sic). C’est pourquoi le roi réprime dans le sang, en toute impunité : il est assuré du soutien de la France et de ce « machin » nommé ONU qui tergiverse depuis de longues années, non sans faire entériner le fait accompli.

    La mission onusienne – la MINURSO – chargée de trouver une issue au conflit est impuissante à influer sur la situation, se contentant de rédiger des rapports épisodiques dans lesquels elle déplore la précarité des populations exilées et chassées de leur territoire. Les camps de réfugiés de Tindouf vivent par la grâce des dons et de l’aide alimentaire.

    Et dans sa mégalomanie expansionniste, le roi ne se gêne pas pour revendiquer Tindouf comme territoire marocain. Passés maîtres de l’art de la manipulation, les services marocains parlent d’attaque des sahraouis contre l’armée royale. Dans ce cas, pourquoi interdire aux ONG’s et à la presse d’entrer au Maroc?
    Neyla Belhadi
    Alger Hebdo, 13-19/12/2010
  • Sahara sahraouie

    Ils disent que la curiosité déchire le sac. Quel dommage que cette curiosité ne casse pas l’ignorance des Espagnols sur la majorité des calamités qui arrivent, tous les jours, dans le monde. Quelle dommage que cette curiosité focalise presque toujours sur les commérages, contaminés par le conscience du Grand Frère, si, pour nous sentir plus heureux, nous devons nous immiscer dans la vie des autres. Ceci, d’une certaine manière, génère un relâchement mental, moins qu’une prédilection par l’égoïsme qui nous change en êtres insensibles aux problèmes d’autrui.
    A cause de cela, l’écho de voix sanglantes provenant du Maroc voisin peine à arriver jusqu’à nous ou, si quelque chose rebondit dans nos tambourins, ce n’est que  des sons vides dépourvus de signification. C’est ainsi que, depuis notre bulle impénétrable, nous voyons les « maures » tous mis dans le même sac et personne n’arrive à comprendre qu’un conflit honteux existe là-bas à l’autre côté du Détroit qui nous concerne , – binômes à part.
    Au Sahara Occidental persiste un conflit territorial qui depuis des années perturbe la vie d’innocents. Un mur construit par les autorités marocaines de plus de 2700 kilomètres coupe la région en deux parties. Cette aberration est constamment surveillée par 150.000 soldats et est entourée de 4 millions de mines anti-personnelles. Contre quelle terrible armée envahissante nos voisins se défendent-ils ? Eh bien ni plus ni moins que contre le Front Polisario, un mouvement politico – culturel dirigé par une poignée de guérilleros appartenant à l’ethnie sahraouie, lesquels ont progressivement vu diminuer leurs espoirs d’obtenir ce qu’ils croient qu’il est à eux par droit historique : la terre de leurs ancêtres.

    Voici le scénario. Regardons l’origine; appuyons sur le bouton de rebobinement. Il y a des surprises qui empêcher de dormir.
    C’était en 1975. Le Sahara Occidental était l’une des dernières colonies espagnoles sur le point de se noyer dans ses propres vomissements. Depuis les années 50 s’était produit un processus de Décolonisation qui nous aurait amené à abandonner d’autres territoires du nord de l’Afrique. Cependant, celle-ci se débattait ardemment bien que, à la fin, sous la pression de forces internationales, l’Espagne a dû céder. Le Généralissime, – les binômes à part-, était moribond dans son lit de mort, je suppose qu’il était embarrassé après quarante ans de Dictature forgée avec beaucoup de fureur (et il se trouve que le temps ne pardonne ni aux Dieux, ni aux civilisations, ni aux idéologies … ni aux médiocres fantoches de long sabre). Donc il n’a pas pris la peine d’intervenir dans la question, ou s’il l’a fait, il ordonnerait : – : délogez la zone avec une rapidité suprême pour que les employés qui se trouvent au commandement là-bas puissent participer à mes obsèques!-. De cette façon, les Espagnols nous avons pris la fuite et, sans dire un mot, nous avons pris le large de cet endroit. Ces actes-là, quelles répercussions auraient-ils ?
    C’était le début d’un supplice éternel. En faisant des oreilles sourdes au référendum pour l’indépendance du Sahara, les Marocains ont organisé la célèbre « Marche Verte » et le territoire a été annexé sur le dos de toute négociation. La suite de cet épisode se résume en 16 ans de guérilla, la construction d’un mur hautement militarisé et un nombre incalculable de morts à cause des mines, la répression du Gouvernement marocain et les escarmouches sporadiques. Ce n’était qu’en 1991, peu de temps après la chute de l’ancienne Union soviétique: quel hasard!, que l’ONU a négocié un cessez-le-feu qui a signifié la stagnation totale du conflit. Depuis lors, la partie nord et ouest du Sahara Occidental resterait sous contrôle marocain, et la partie Est, frontalière avec la Mauritanie et l’Algérie, aux mains du Front Polisario où il installerait plusieurs campements à Tinduf (Algérie). Le mur séparerait des familles, des clans, des vies, des sentiments et des rêves.
    Et maintenant retournons au présent. Fatigués de ne pas être écoutés, de voir comment les pays occidentaux regardent de l’autre côté, de vivre dans des conditions extrêmes, de devoir perdre un membre de la famille à cause d’une mine suite aux tentatives de regagner l’autre côté; ennuyés, peut-être, par le jargon réitéré des dirigeants du Front Polisario, plus de 20.000 sahraouis se sont concentrés dans quelques terres inhospitaliers, au milieu du désert, mais en territoire marocain, appelé El Aaiun (l’auteur veut dire territoire contrôlé par le Maroc, ndds). Ceci a déchaîné dans des manifestations de protestation du peuple sahraoui et la mobilisation rapide des forces marocaines de sécurité dans le but de déloger le campement. Un post-scriptum : des affrontements entre les deux blocs et le solde de quelques morts dont il n’y a pas encore des chiffres dignes de foi.
    Derrière tout cet embrouillement politique il y a une vérité qui, comme c’est fréquent dans des situations pareilles, est déguisée, cachée derrière un masque qui montre les choses à moitié, ou ne les montre pas comme elles devraient être exposées. Parce que nous vivons des temps de médiocrité, de mensonges veloutés à un prix bon marché, où les esprits hypnotisés par la télévision dévorent les salves sorties des journaux sans faire attention aux questions qui font douter des informations. Ce n’est pas de l’or tout ce qui brille; le verre est-il plein ou à moitié vide?
    L’affaire qui se trouve entre les mains de tous et chacun des pays impliqués dans le conflit du Sahara garde derrière elle des racines obscures que, si elles se révélaient, presque personne n’en croirait ou, plutôt, elle nous serait égale en les assumant comme quelque chose d’absurdement quotidien, tel est l’empoisonnement de l’être humain. A cause de cela, la personne simple n’y peut rien. Les racines se trouvent dans une question basique qui a accompagnée la civilisation depuis la nuit des temps : la guerre pour les ressources énergétiques. Le Sahara occidental possède dans les viscères de son ventre le plus grand gisement de Phosphore du monde. En fait, l’Espagne a été le plus grand exportateur de ce non-métal polyvalent quand nous possédions ces terres. Aussi, ses côtes sont très riches en banques de poissons; disons qu’elle possède les eaux si fertiles qu’elles sont un morceau de gâteau exquis pour les charognards de pêche du Premier Monde.
    Le jeu d’intérêts, si nous l’observons attentivement, est énorme. Déjà dans les années 1970, quand les pattes armées de griffes marocaines ont guetté le territoire, il y aurait des pays qui se sont alignés en faveur de ceux-ci en échange de missives bancaires pour leurs entreprises. Bien qu’il y a eu quelqu’un qui serait resté en dehors de ces compromis secrets et, comme réponse, ils aideraient le Front Polisario dans sa lutte en lui fournissant des armes et des provisions (cette histoire se répète continuellement au XXe siècle : l’Afghanistan, l’Irak, l’Arabie, le Vietnam, etc.. – comme rideau de fond la Guerre Froide). Mais l’URSS s’est écroulé en 1989 laissant la place à un nouvel ordre mondial. Donc, cogito ergo sum, les puissances qui surenchérissaient en format de phosphate sont arrivées enfin à un accord commercial et le gâteau a été réparti. Ils ont enterré la hache de guerre et ont oublié les sahraouis, le Front Polisario, les mines, le mur, les meilleurs enchérisseurs – le Gouvernement du Maroc – et les sentiments manipulés après plus de 15 ans de conflit.
    Et maintenant El Aaiun. Les gaz lacrymogènes, les jets d’eau à pression, les barricades improvisées, les feux de haine, les cris déchirés, les bras inquisiteurs, les uniformés en file, les décharges, les morts, les hélicoptères survolant le campement, l’exclusivité malade des journalistes, les nouvelles de l’incident, les opinions internationales, les répercussions : aucune.
    Les jours passeront, les semaines et les mois. À la fin, cet incident restera oublié à l’exception des groupes d’activistes pro-sahraouis qui continueront à revendiquer depuis leurs bureaux ou face aux consulats un référendum pour ces désempares. Les loups des entrepreneurs européens agiteront la tête avec une triste expression cynique pour les victimes enregistrées, ils croiseront les bras et regarderont au sol avec dédain. Les hommes politiques, entre des condoléances irréprochables, des marionnettes de ces magnats utiliseront la diplomatie pour minimiser les faits après avoir prié instamment le roi du Maroc avec des menaces de fumée. Les Espagnols changeront de canal et continueront à voir le programme les « fourmis blanches » où sept mannequins de la poupée diabolique lapideront au fameux de tour par quelques milliers d’euros.
    Personne ne fera rien parce que le phosphore qui coure dans leurs veines comme la raie de cocaïne qu’ils ont sniffé quelques heures avant… Sic transit une gloire mundi 
    Source : Libre Pensadores, 10/11/2010