Mois : janvier 2011

  • Le gouvernement sahraoui réitère son appel à faire la lumière sur le sort des disparus sahraouis

    Chahid El Hafed (camps des réfugiés sahraouis), 12 jan 2011 (SPS) Le gouvernement sahraoui a réitéré son appel à la destruction du mur de la honte marocain, exigeant su Maroc de faire toute la lumière soit faite sur le sort des milliers de sahraouis, victimes des disparitions forcées, d’enlèvements, d’arrestations arbitraires et de tortures.

    « La reconnaissance par le régime marocain de l’assassinat et l’extermination de 352 sahraouis (entre 1958 et 1992), ouvre une brèche dans le mur du silence et du déni que l’Etat marocain a toujours opposé devant la recherche de la vérité sur le sort des milliers de victimes sahraouies de disparitions forcées et d’enlèvements », a souligné le gouvernement sahraoui dans un communiqué, publié mercredi par le gouvernement sahraoui.

    Dans le « rapport sur les cas des disparitions forcées 2010 », élaboré par l’Instance marocaine Equité et Réconciliation (IER), le régime marocain « reconnaît officiellement », les « crimes de guerres et les crimes contre l’humanité » qu’il a commis contre le peuple sahraoui, dont l’ampleur et la gravité ont atteint la dimension d’un « génocide », ajoute le communiqué parvenu à SPS.

    Parmi les 640 victimes mortes suite à la torture et aux traitements dégradants et inhumains, pendant la période de leur disparition forcée de 1958 jusqu’à 1992, 352 sont des sahraouis, dont des bébés, des enfants, des femmes (certaines enceintes) et des personnes âgées, note le rapport.

    Le gouvernement sahraoui a affirmé que cette longue liste de crimes, qui ne cite toutefois pas les noms de toutes les victimes, confirme la légitimité des revendications tant exprimées par le gouvernement, la société civile et les organisations internationales des droits de l’Homme, depuis l’occupation marocaine du Sahara Occidental en 1975, ajoute le document.

    Après avoir condamné les crimes contre l’humanité et les crimes de guerres commis, dans le passé et le présent, contre le peuple sahraoui, y compris les crimes perpétrés suite à l’agression contre le camp de « Gdeim Izik », le gouvernement sahraoui a souligné qu’il « n’épargnera aucun effort pour que toute la vérité soit rétablie et la justice rendue ». (SPS)

  • Les premiers fugitifs sont arrivés aux Iles Canaries en 1994

    Le 28 août 1994 deux saharauis qui arboraient un drapeau du Front Polisario sont arrivés à bord d’une patera à Fuerteventura. C’était la première embarcation d’immigrants sans papiers qui touchait les îles Canaries. Ou la première dont on connaissait l’existence. Ces deux sahraouis ignoraient probablement que leur exploit marquait le début de la grande vague massive de pateras qui dans les années postérieures arriveraient à ces côtes, et que sa prouesse servirait d’exemple à d’autres sahraouis qui ont décidé de fuir  vers l’Espagne et réclamer l’asile politique.

    L’intifada sahraouie de mai 2005 a multiplié le nombre de pateras et zodiacs qui ont atteint les Canaries. La dure répression marocaine suite aux protestations organisées dans les principales villes du Sahara Occidental pour réclamer l’indépendance du territoire a amené des centaines de jeunes à fuir vers l’Espagne, une fuite forcée, comme ils ont assuré à leur arrivée, par les autorités marocaines, qui faisaient pression sur eux pour qu’ils quittent leur terre.

    Le conflit a rouvert ainsi la route entre le Sahara Occidental et les îles que l’on avait fermées un an avant grâce au compromis du roi marocain Mohamed VI de finir avec le trafic d’immigrants.

    La tragédie de 2006


    L’exode de sahraouis s’est accentué en 2006, quand plus de 100 embarcations sont arrivées aux Canaries et ont enregistré plus de 200 demandes d’asile politique. Le Bureau d’Asile et de Refuge a admis, au moins, 90 % des demandes.

    En novembre de cette année, 31 sahraouis ont perdu la vie quand deux embarcations avaient naufragé en essayant d’arriver aux Canaries. La catastrophe a ouvert un nouveau conflit entre le Polisario et le Maroc, à qui le premier a accusé de financer les maffias de trafiquants qui étaient derrière l’exode.

    Quelques sahraouis ont brandi d’anciens documents officiels pour tenter que la nationalité espagnole leur soit reconnue, en particulier depuis qu’en octobre 1998 le Tribunal Suprême l’a faiit dans le cas de Badadi Mohamed-Moulud, né en 1950 dans l’ancienne province espagnole d’El Aaiun.

    Le conflit politique entre le Maroc et le Sahara a aussi laissé un espace pour le piège. Il y a eu des immigrants marocains sans papiers qui se présentaient comme des membres du Front Polisario lorsqu’ils regagnaient les îles pour demander ainsi l’asile politique et pour éviter leur rapatriement.

    El Pais, 7/1/2011
  • Au Maroc, Aghata Christie s’appelle Abderahim

    Mesdames, Mesdemoiselles, Messieurs,
    Notre très beau et magnifique pays regorge de talents extraordinaires et peu de choses sont faites pour encourager la créativité de nos jeunes compatriotes. Le CJDM, profitant de sa diffusion internationale grâce à sa présence sur le réseau mondial et multimédia Internet, a décidé de remédier à cette situation pour sortir un écrivain talentueux de l’ombre. Ce monsieur, Abderrahim de son tendre prénom, a été condamné par le sort et par l’inculture de ses compatriotes à occuper un sombre bureau dans les locaux d’Aujourd’hui le Maroc, où il excerce l’ingrat métier de chroniqueur judiciaire pour le fameux journal.
    Assez parlé, lisons ensemble la chronique de ce chevalier des mots. (texte en gras)
    Il est chauffeur d’un grand taxi.
    Ainsi commence donc cette chevauchée littéraire, par la trivialité saisissante de la vie quotidienne.
    La quarantaine sonnante, ce père de famille parcourait quotidiennement, à bord de son véhicule blanc, le trajet entre la place Maréchal et le quartier El Oulfa, à Casablanca.
    Le chroniqueur nous donne d’abord quelques informations de base sur notre homme, qui a la quarantaine sonnante (et trébuchante? ). Il est donc chauffeur de taxi, entre, précise-t-il, Maréchal et Oulfa. Le lecteur s’attend naturellement à ce que cette information soit cruciale à la compréhension du texte, ou qu’un moins, un évènement saugrenu ait lieu précisément sur ce trajet et qui changera complètement le cours de l’Histoire. Et bien vous savez quoi ? surprise, surprise ! cette information est complètement inutile, et le type aurait pu conduire son taxi de couleur rose pédé entre Tizi Ouazzou et Hammamat ça n’aurait absolument rien changé. Ce passage a en fait un rôle purement esthétique, contrairement à la phrase qui suit .
    En fait, il est un homme tranquille.
    La locution en fait a permis à l’auteur d’aller au fond des choses et de réfuter subtilement tous les clichés du taximan-truand malheureusement très répandus dans notre société.
    Mais, le mauvais voisinage peut jeter quiconque dans le gouffre des rixes sans fin et le rendre une personne à problèmes.
    C’est à cela que l’on reconnaît les grands écrivains : au beau milieu d’une chronique judiciaire toute banale qui n’a même pas commencé, il glisse une réflexion personnelle profonde sur les choses de la vie, et déconseille ainsi aux pères de familles, tentés par les charmes des professionnelles du sexe, d’habiter à côté d’un bordel. D’autant plus que les rixes sont, selon notre écrivain, hautement addictifs et qu’on risque facilement d’être jeté dans leur gouffre. Moi-même, qui suis pourtant pas d’un tempérament violent, me suis retrouvé dépendant des rixes et même qu’il m’en fallait au moins trois par jour. Je vous rassure, je suis sorti de ce gouffre.
    Morale : si vous êtes une personne sans problèmes, et pour éviter de devenir une personne à problème (élégance du verbe), choisissez soigneusement vos voisins  !
    à bon entendeur !
    C’est ce qui est arrivé, récemment, à ce chauffeur de taxi. Pour quelques futilités, il s’est retrouvé en confrontation avec une voisine qui n’hésitait pas à le menacer de le mettre en prison. Il n’a pas pris ses paroles au sérieux. Puisqu’il ne l’a jamais violentée. Certes, il a échangé avec elle des invectives, mais sans la toucher.
    L’implication que contient ce passage est un chef d’oeuvre de logique formelle que l’on peut ainsi reformuler : Il ne l’a jamais violentée, donc il n’a pas pris ses paroles au sérieux. Tenez par exemple, Meriem, mon ex, et bien je ne l’ai jamais prise (à quatre pattes peut-être, mais jamais au sérieux). La preuve : je ne l’ai jamais violentée. J’espère seulement qu’elle n’est pas entrain de me lire … imaginez la pauvre femme qui se rend à l’évidence « Ce connard ne m’écoutait jamais, c’est pour ça qu’il ne m’a jamais frappée … ah je me disais bien qu’il était trop pacifiste ce Abou Lahab ! »
    Enfin, remarquez tout de même que l’auteur nous parle au début de rixes, mais fini par préciser, quelques phrases plus loin, qu’aucune violence n’a eu lieu. Rixes mais pas de violences donc. Il s’agit de rixes bisounours à l’helvète je crois, avec à peine l’échange de ces quelques insultes
    – “Tes parents se sont connus dans les chiottes de leur fac, bouuuuuuh !”
    -“Toi tes parents n’ont pas voté l’année dernière bouuuuuuh !”
    Continuons
    Quelques jours plus tard, un policier a frappé à sa porte. C’était sa femme qui lui a ouvert la porte puisqu’il n’ était pas à la maison. Le policier lui a remis une convocation pour son mari. Celui-ci est rentré le soir.
    On ne va pas non plus s’arrêter à la concordance des temps, avec laquelle seuls les poètes sont capables de prendre des libertés.D’ailleurs, derrière ce passage a priori frappant par son inutilité se cache un haiku, les fameux poèmes japonais :
    Le policier lui a remis
    Une convocation

    Pour son mari.
    Mais ce n’était pas tout, ce haiku fait partie d’un poème d’un genre assez exotique, où la rime a été carrément remplacé par la répétition du mot entier :
    Quelques jours plus tard, un policier,
    a frappé à sa porte.

    C’était sa femme, qui lui a ouvert la porte.

    Puisqu’il n’était pas à la maison. Le policier,

    lui a remis une convocation,

    Le soir, sa femme lui a donné la convocation,

    Du policier.
    Passons …
    Quand sa femme lui a donné la convocation de police, il était convaincu que sa voisine ne jouait pas avec les mots.
    C’était donc ça ! Sa voisine ne jouait pas avec les mots ! Reamquez qu’il lui a tout de même fallu un document officiel pour enfin comprendre qu’il n’y a pas de contrepèterie dans la phrase “Je vais t’envoyer en prison”. Quel idiot !
    Le lendemain, il s’est présenté au commissariat de police. Il a été informé que sa voisine avait porté plainte contre lui, qu’elle l’avait accusé de l’avoir maltraitée et qu’elle avait remis à la police un certificat médical attestant qu’elle a fait l’objet de coups et blessures qui lui ont causé une incapacité temporaire totale de vingt-six jours. Le chauffeur s’est disculpé. Il a été relâché en attendant que l’enquête soit achevée.
    Vous avez bien lu : le chauffeur s’est disculpé. Il a sûrement fait des études de droit qui lui ont permis d’éviter facilement la garde à vue et un long procès.
    Que devait-il faire pour prouver son innocence? Pourquoi le médecin lui a remis un certificat médical attestant qu’elle avait été maltraitée? Le médecin a-t-il constaté des traces de violence sur son corps ?
    Tant de questions auxquelles le marocain lambda a déjà trouvé la réponse, mais rien n’est moins évident pour notre taximan vraisemblablement helvète. Néanmoins, il a déjà un début de réponse :
    Ce n’était pas vrai.
    Ah ! Donc notre chauffeur de taxi, convaincu de son innocence, a mis un certain temps et beaucoup de questions pour se rendre compte qu’effectivement, il est innocent. C’est déjà un bon début.
    Enfin, le chauffeur de taxi, qui a noté le nom du médecin et le dispensaire où il exerce, a trouvé la solution convenable pour prouver son innocence.
    Petit clin d’oeil, au Maroc c’est le suspect qui doit prouver son innocence.
    Comment ?
    Notre auteur pose la question et fait monter le suspens. On imagine bien le lecteur priant Dieu pour que cette chronique ne s’arrête pas ici, sait-on jamais, un To be continued peut surgir de nulle part nous laissant ainsi sur notre faim.
    Le lendemain matin, il a recouru au dispensaire Al Massira, situé au quartier Sidi Moumen. Il a cherché le médecin puisqu’il était l’auteur du certificat médical remis à la plaignante.
    Avez-vous remarqué l’usage répété de la conjonction puisque ? On se croirait en plein démonstration du théorème de Fermat-Wiles.
    A partir d’ici les commentaires (en gras) seront inclus dans le texte.
    Quand il l’a rencontré, il lui a demandé de lui rédiger un certificat médical attestant qu’il avait fait l’objet de coups et blessures. En deux minutes (c’est dans le PV), il le lui a remis avec un sourire aux lèvres (ça aussi c’est dans le PV) surtout quand il a vu un billet de deux cents dirhams glissé dans sa poche. Quelques jours plus tard, le chauffeur de taxi était une seconde fois parti chez le même médecin. Cette fois, il lui a demandé de lui rédiger un certificat médical pour sa mère. Le «service» a été rendu contre un billet de cent dirhams. Les deux certificats médicaux en poche, le chauffeur de taxi s’est dépêché (vous sentez le rythme monter ?) sur la préfecture de police. Il a déposé une plainte contre le médecin. Il a affirmé aux limiers (oui, moi aussi j’ai consulté le Robert) que sa mère n’est plus en vie, il y a onze ans, depuis février 1999 (si c’était juin 1998 ça n’aurait pas marché). Et pourtant, le médecin en cause (à distinguer du médecin non mis en cause, celui dont on ne parle pas ici) lui avait remis un certificat médical attestant que son corps présente des signes de violence qui ont nécessité une ITT de vingt-deux jours. Une souricière (comme le roman d’Aghta Christie) a été tendue par les enquêteurs et le médecin est tombé dans leurs filets (je croyais que le seul enquêteur dans l’affaire est le chauffeur de taxi …) . Il a été arrêté lundi 3 janvier. Deux intermédiaires qui lui cherchaient des «clients» surtout devant les portes des commissariats et dans les couloirs des tribunaux (lieux absolument pas fréquentés par les flics) ont été également interpellés par la police judiciaire. Le médecin qui a rédigé plusieurs faux certificats et ses deux complices ont été traduits, mercredi 5 janvier, devant la chambre correctionnelle près le tribunal de première instance de Casablanca. Mais, combien d’innocents ont-ils été mouillés (comme ses lectrices) dans une affaire de coups et blessures sur la base de certificats médicaux rédigés par ce médecin ? (question ouverte, vous avez droit aux calculettes. Dans quatre heures je ramasse les copies)
    CJDM, 12/1/2011
  • Les premiers fugitifs sont arrivés aux Iles Canaries en 1994

    Le 28 août 1994 deux saharauis qui arboraient un drapeau du Front Polisario sont arrivés à bord d’une patera à Fuerteventura. C’était la première embarcation d’immigrants sans papiers qui touchait les îles Canaries. Ou la première dont on connaissait l’existence. Ces deux sahraouis ignoraient probablement que leur exploit marquait le début de la grande vague massive de pateras qui dans les années postérieures arriveraient à ces côtes, et que sa prouesse servirait d’exemple à d’autres sahraouis qui ont décidé de fuir  vers l’Espagne et réclamer l’asile politique.

    L’intifada sahraouie de mai 2005 a multiplié le nombre de pateras et zodiacs qui ont atteint les Canaries. La dure répression marocaine suite aux protestations organisées dans les principales villes du Sahara Occidental pour réclamer l’indépendance du territoire a amené des centaines de jeunes à fuir vers l’Espagne, une fuite forcée, comme ils ont assuré à leur arrivée, par les autorités marocaines, qui faisaient pression sur eux pour qu’ils quittent leur terre.

    Le conflit a rouvert ainsi la route entre le Sahara Occidental et les îles que l’on avait fermées un an avant grâce au compromis du roi marocain Mohamed VI de finir avec le trafic d’immigrants.

    La tragédie de 2006


    L’exode de sahraouis s’est accentué en 2006, quand plus de 100 embarcations sont arrivées aux Canaries et ont enregistré plus de 200 demandes d’asile politique. Le Bureau d’Asile et de Refuge a admis, au moins, 90 % des demandes.

    En novembre de cette année, 31 sahraouis ont perdu la vie quand deux embarcations avaient naufragé en essayant d’arriver aux Canaries. La catastrophe a ouvert un nouveau conflit entre le Polisario et le Maroc, à qui le premier a accusé de financer les maffias de trafiquants qui étaient derrière l’exode.

    Quelques sahraouis ont brandi d’anciens documents officiels pour tenter que la nationalité espagnole leur soit reconnue, en particulier depuis qu’en octobre 1998 le Tribunal Suprême l’a faiit dans le cas de Badadi Mohamed-Moulud, né en 1950 dans l’ancienne province espagnole d’El Aaiun.

    Le conflit politique entre le Maroc et le Sahara a aussi laissé un espace pour le piège. Il y a eu des immigrants marocains sans papiers qui se présentaient comme des membres du Front Polisario lorsqu’ils regagnaient les îles pour demander ainsi l’asile politique et pour éviter leur rapatriement.

    El Pais, 7/1/2011
  • Le Maroc, l’Espagne et la politique de l’ennemi extérieur

    Avant son accès à La Moncloa, Rodriguez Zapatero s’est rendu, lors des incidents de Perejil, à Rabat pour présenter son « allégeance » et rassurer le gouvernement marocain de son soutien si son parti remportait les élections. Une visite qui a soulevé beaucoup d’interrogations suite aux attentats de Madrid de 2004 qui a fait plus de 2000 morts. En effet, la synchronisation de ces attentats, deux jours avant les élections présidentielles a poussé une grande partie de la société espagnole à croire que c’est le voisin du sud qui a voulu influencer les résultats des élections en faveur de Zapatero. La nationalité marocaine des terroristes était un argument de poids.

    Depuis, la politique du gouvernement espagnol a été d’un franc soutien aux prétentions alaouites sur le Sahara Occidental, malgré l’effort déployé pour donner l’image d’une position équidistante dans le conflit de son ancienne colonie. Dans les coulisses, non seulement ils ont appuyé le Maroc, mais, en plus ils l’ont aidé à élaborer une proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine. Des dizaines de câbles des Ambassades des USA à Madrid, à Rabat et à Paris dénoncent la fausseté de la position espagnole sur le Sahara Occidental, certains la décrivant comme « confuse », mais en définitive, l’Espagne a fini par rallier les thèses marocaines.

    Cette proximité est devenue évidente, selon les rapports secrets, après que Rabat aurait repoussé en 2004 le plan de James Baker pour le Sahara, qui a obtenu l’aval du Conseil de Sécurité de l’ONU. A ce moment-là, le Gouvernement marocain est arrivé à la conclusion qu’il ne lui suffisait pas de dire non et devait présenter une contre-proposition. Il a donné une impulsion à l’élaboration de son offre d’autonomie qui a vu la lumière en 2007.

    Depuis le premier moment, l’Espagne l’a appuyée. « Le Maroc doit présenter un plan croyable d’autonomie », a dit l’ambassadeur espagnol à Rabat, Luis Planas, à son homologue des EU, Thomas Riley, en 2006. Avant de se prononcer sur le plan, le Gouvernement espagnol aura besoin de l’examiner, avait prévenu Planas mais, en attendant, il « l’aidera à se sentir confortable et il le soutiendra » pour qu’il rédigé un projet sérieux.

    La même année, le ministre des Affaires Étrangères, Miguel Ángel Moratinos, a élaboré sur le Sahara un dépliant sans en-tête qu’il a remis aux cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Il y a proposé d’abandonner les termes de « décolonisation, souveraineté et indépendance » et de les substituer par le vocabulaire de la « globalisation » avec des mots comme « régionalisation, autonomie et auto-gestion ». Dans ce document, en outre, il pariait pour « une solution similaire à celle que l’Espagne a octroyé à la Catalogne » pour le Sahara.

    Une délégation marocaine de haut niveau a voyagé à Madrid et à d’autres capitales, en février 2007, pour faire connaître, enfin, le plan d’autonomie que Rabat voulait convertir en axe de la négociation avec le Front Polisario. Il a mentionné les modèles d’autonomie espagnol et Allemand, mais sans entrer dans les détails. Moratinos leur a prié d’être généreux.

    La proposition marocaine n’a pas enthousiasmé la diplomatie espagnole. Le conseiller politique de l’Ambassade d’Espagne à Rabat a invité ses homologues de la France, des EU, du Royaume-Uni et de l’Allemagne à une réunion d’évaluation le 14 mars 2007. « Notre amphitryon espagnol n’était pas content », remarque son homologue américain Craig Karp.

    Aucun des assistants n’était content. Tous se sont lamentés : l’énergie mise à l’initiative ne débouche à aucune avance substantielle de l’autonomie qui puisse convaincre l’autre partie. Au mois suivant Álvaro Iranzo, directeur du Proche Orient, a déploré avec son homologue Gordon Gray le refus du Maroc de permettre même l’usage simple des symboles sahraouis dans la future région autonome.

    La révision des nombreuses conversations maintenues entre des diplomates américains et espagnols sur le Sahara met en relief la coïncidence de leurs points de vue. Les deux puissances sympathisent, avec nuances, avec la proposition d’autonomie. L’Espagne se montre en revanche critique avec la France parce que son aveugle alignement avec le Maroc lui empêche d’exercer efficacement son influence.

    Jacques Chirac, le président français, « est plus pro-marocain que le roi du Maroc », ironisa Bernardino León après avoir été nommé numéro deux du Ministère des Affaires Étrangères. Lui et son ministre ont tenté en 2004 que Paris prenne une position proche de la neutralité, mais en vain.

    Chirac et Nicolas Sarkozy ont été des amphitryons inconditionnels du Maroc. Même Yassin Mansouri, chef du service secret marocain le plus puissant (DGED), a reconnu devant Christopher Ross, l’envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara, que Rabat avait indiqué à Sarkozy qu’il « serait préférable pour la France de ne pas être perçu aussi pro-marocaine par rapport au Sahara ».

    L’alignement avec Rabat a généré des tensions avec Alger. « Les socialistes espagnols n’ont pas été honnêtes avec les sahraouis », a affirmé, en août 2005, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Il a fait ce commentaire à Richard Lugar, président du Comité des Relations Extérieures du Sénat.

    Bouteflika se plaigna que le gouvernement socialiste a d’abord essayé de contourner le Front Polisario en tant qu’interlocuteur. L’Espagne, déclara-t-il à M. Lugar, propose à l’Algérie de négocier avec la France et le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental. L’Algérie, a-t-il rappelé, « ne négociera jamais au nom des Sahraouis ».

    Donc, si le gouvernement espagnol est pro-marocain à 100%, pourquoi Rabat tient à maintenir la tension avec Madrid? A cause de Ceuta et Melilla? Faux. Ils savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance dans ce dossier, parce que les deux enclaves étaient espagnoles avant que le Maroc n’existe en tant que nation.

    Et les marocains, y compris la classe intellectuelle, se donnent à ce jeu à plein cœur.
  • Le Maroc, l’Espagne et la politique de l’ennemi extérieur

    Avant son accès à La Moncloa, Rodriguez Zapatero s’est rendu, lors des incidents de Perejil, à Rabat pour présenter son « allégeance » et rassurer le gouvernement marocain de son soutien si son parti remportait les élections. Une visite qui a soulevé beaucoup d’interrogations suite aux attentats de Madrid de 2004 qui a fait plus de 2000 morts. En effet, la synchronisation de ces attentats, deux jours avant les élections présidentielles a poussé une grande partie de la société espagnole à croire que c’est le voisin du sud qui a voulu influencer les résultats des élections en faveur de Zapatero. La nationalité marocaine des terroristes était un argument de poids.

    Depuis, la politique du gouvernement espagnol a été d’un franc soutien aux prétentions alaouites sur le Sahara Occidental, malgré l’effort déployé pour donner l’image d’une position équidistante dans le conflit de son ancienne colonie. Dans les coulisses, non seulement ils ont appuyé le Maroc, mais, en plus ils l’ont aidé à élaborer une proposition d’autonomie sous souveraineté marocaine. Des dizaines de câbles des Ambassades des USA à Madrid, à Rabat et à Paris dénoncent la fausseté de la position espagnole sur le Sahara Occidental, certains la décrivant comme « confuse », mais en définitive, l’Espagne a fini par rallier les thèses marocaines.

    Cette proximité est devenue évidente, selon les rapports secrets, après que Rabat aurait repoussé en 2004 le plan de James Baker pour le Sahara, qui a obtenu l’aval du Conseil de Sécurité de l’ONU. A ce moment-là, le Gouvernement marocain est arrivé à la conclusion qu’il ne lui suffisait pas de dire non et devait présenter une contre-proposition. Il a donné une impulsion à l’élaboration de son offre d’autonomie qui a vu la lumière en 2007.

    Depuis le premier moment, l’Espagne l’a appuyée. « Le Maroc doit présenter un plan croyable d’autonomie », a dit l’ambassadeur espagnol à Rabat, Luis Planas, à son homologue des EU, Thomas Riley, en 2006. Avant de se prononcer sur le plan, le Gouvernement espagnol aura besoin de l’examiner, avait prévenu Planas mais, en attendant, il « l’aidera à se sentir confortable et il le soutiendra » pour qu’il rédigé un projet sérieux.

    La même année, le ministre des Affaires Étrangères, Miguel Ángel Moratinos, a élaboré sur le Sahara un dépliant sans en-tête qu’il a remis aux cinq membres permanents du Conseil de Sécurité. Il y a proposé d’abandonner les termes de « décolonisation, souveraineté et indépendance » et de les substituer par le vocabulaire de la « globalisation » avec des mots comme « régionalisation, autonomie et auto-gestion ». Dans ce document, en outre, il pariait pour « une solution similaire à celle que l’Espagne a octroyé à la Catalogne » pour le Sahara.

    Une délégation marocaine de haut niveau a voyagé à Madrid et à d’autres capitales, en février 2007, pour faire connaître, enfin, le plan d’autonomie que Rabat voulait convertir en axe de la négociation avec le Front Polisario. Il a mentionné les modèles d’autonomie espagnol et Allemand, mais sans entrer dans les détails. Moratinos leur a prié d’être généreux.

    La proposition marocaine n’a pas enthousiasmé la diplomatie espagnole. Le conseiller politique de l’Ambassade d’Espagne à Rabat a invité ses homologues de la France, des EU, du Royaume-Uni et de l’Allemagne à une réunion d’évaluation le 14 mars 2007. « Notre amphitryon espagnol n’était pas content », remarque son homologue américain Craig Karp.

    Aucun des assistants n’était content. Tous se sont lamentés : l’énergie mise à l’initiative ne débouche à aucune avance substantielle de l’autonomie qui puisse convaincre l’autre partie. Au mois suivant Álvaro Iranzo, directeur du Proche Orient, a déploré avec son homologue Gordon Gray le refus du Maroc de permettre même l’usage simple des symboles sahraouis dans la future région autonome.

    La révision des nombreuses conversations maintenues entre des diplomates américains et espagnols sur le Sahara met en relief la coïncidence de leurs points de vue. Les deux puissances sympathisent, avec nuances, avec la proposition d’autonomie. L’Espagne se montre en revanche critique avec la France parce que son aveugle alignement avec le Maroc lui empêche d’exercer efficacement son influence.

    Jacques Chirac, le président français, « est plus pro-marocain que le roi du Maroc », ironisa Bernardino León après avoir été nommé numéro deux du Ministère des Affaires Étrangères. Lui et son ministre ont tenté en 2004 que Paris prenne une position proche de la neutralité, mais en vain.

    Chirac et Nicolas Sarkozy ont été des amphitryons inconditionnels du Maroc. Même Yassin Mansouri, chef du service secret marocain le plus puissant (DGED), a reconnu devant Christopher Ross, l’envoyé personnel de Ban Ki-moon pour le Sahara, que Rabat avait indiqué à Sarkozy qu’il « serait préférable pour la France de ne pas être perçu aussi pro-marocaine par rapport au Sahara ».

    L’alignement avec Rabat a généré des tensions avec Alger. « Les socialistes espagnols n’ont pas été honnêtes avec les sahraouis », a affirmé, en août 2005, le président algérien, Abdelaziz Bouteflika. Il a fait ce commentaire à Richard Lugar, président du Comité des Relations Extérieures du Sénat.

    Bouteflika se plaigna que le gouvernement socialiste a d’abord essayé de contourner le Front Polisario en tant qu’interlocuteur. L’Espagne, déclara-t-il à M. Lugar, propose à l’Algérie de négocier avec la France et le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara occidental. L’Algérie, a-t-il rappelé, « ne négociera jamais au nom des Sahraouis ».

    Donc, si le gouvernement espagnol est pro-marocain à 100%, pourquoi Rabat tient à maintenir la tension avec Madrid? A cause de Ceuta et Melilla? Faux. Ils savent pertinemment qu’ils n’ont aucune chance dans ce dossier, parce que les deux enclaves étaient espagnoles avant que le Maroc n’existe en tant que nation.

    Et les marocains, y compris la classe intellectuelle, se donnent à ce jeu à plein cœur.
  • Le Sahara Occidental et le Droit International

    La violation systématique des droits humains de la population sahraouie dans les territoires occupés est une triste réalité depuis plus de trois décennies. Mais la manière avec laquelle l’Armée marocaine a procédé à démanteler le campement de Gdeym Izik et la répression postérieure déployée le long de tout le territoire ont porté la situation à la limite. Nous sommes devant des graves violations de droits humains, qui ne sont plus que la dernière conséquence de l’autre grave violation : celle du droit à la libre détermination du peuple sahraoui, affirmé catégoriquement par l’ONU.

    L’Espagne a l’obligation juridique de promouvoir l’exercice du droit à la libre détermination du peuple sahraoui, puisqu’elle est, de iure, la puissance administratrice du territoire. Au moyen des accords tripartites de Madrid, l’Espagne a livré le territoire à qui, tel que déjà affirmé par la Cour Internationale de Justice, n’avaient pas de titre juridique sur lui. Comme signalé par l’Assemblée Générale de l’ONU, un État ne perd pas la condition de puissance administratrice, ni se trouve libéré de l’accomplissement des obligations qui dérivent d’elle, par le fait simple de le déclarer.

    Par conséquent, conformément aux résolutions de l’Assemblée Générale de 1979, le Maroc est la puissance occupante illégal du territoire, de la même manière qu’elle l’est Israël dans les territoires occupés palestiniens. De ce fait, le Maroc viole systématiquement, entre autres, la IV Convention de Genève, qui prévoit les obligations de la puissance occupante, parmi lesquels se trouve la prohibition de déplacer une partie de sa propre population au territoire occupé (art. 49). Actuellement, on estime que dans le territoire il y a quatre colons marocains pour chaque sahraoui.

    Comme conséquence de l’illégalité de l’occupation du territoire par le Maroc, aucun État, même pas la France, son plus fidèle allié inconditionnel, n’a reconnu l’annexion. Pour cette même raison, et comme signalé par le Bureau Juridique de l’ONU et corroboré par le Parlement Européen dans des résolutions très claires, l’exploitation des ressources naturelles sahraouies sans le consentement de ses représentants (le Front Polisario), et sans qu’elle ne répercute au bénéfice de la population sahraouie, constitue une violation du Droit international. L’Union Européenne, qui se vante de défendre les droits humains dans le monde, en conditionnant l’application de ses accords avec de troisièmes états au respect par ceux-ci des droits humains, regarde d’un autre côté lorsqu’il s’agit du Maroc et viole consciemment le Droit international.

    Mais ça vaut la peine d’analyser, même superficiellement, les arguments de l’Exécutif espagnol pour ne pas condamner l’actuelle situation et pour ne pas appuyer résolument l’application du Droit international. Appuyer la libre détermination du peuple sahraoui ne suppose pas se mettre du côté de l’une des parties, mais simplement défendre l’application du Droit international, ce qu’il faisait déjà dans le conflit de l’Irak.

    Un argument déjà classique est que l’Espagne maintient une position de « neutralité active » face au conflit. Mais la neutralité n’existe pas dans le Droit : celui qui ne soutient pas son accomplissement soutient sa violation. Par ailleurs, notre Gouvernement est arrivé à soutenir que le Maroc pourrait considérer telle condamnation comme une ingérence dans ses affaires internes. Eh bien, depuis l’approbation de la Résolution 1514 un (XV) de l’Assemblée Générale sur la concession de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, qui célèbre maintenant ses 50 ans, et qui a établi en grand partie les bases de la décolonisation, se trouve hors toute discussion minimalement rigoureuse le fait qu’il ne s’agit pas d’une affaire interne marocaine mais international, parce que le Sahara Occidental est un territoire en attente de décolonisation et ne fait pas de partie du territoire marocain.

    Après sa victoire électorale, le Gouvernement socialiste a affirmé que les principes éthiques et le respect du Droit international inspireraient son action extérieure, mais maintenant ce sont les « intérêts nationaux » qui prévalent sur ceux-là. Mais, en plus, de la manière avec laquelle il agit, cet intérêt national n’est même pas garanti, puisque Ceuta et Melilla ont été et resteront une monnaie d’échange dans nos relations avec Rabat, avec ou sans le Sahara au milieu; l’immigration illégale se poursuivra organisée depuis les côtes sahraouies et marocaines pour ceux qui essaient de la combattre; et l’efficacité du Maroc comme frein à l’entrée de l’intégrisme terroriste en Europe – qui, par ailleurs, a été ouvertement repoussé par la société sahraouie qui pratique une version ouverte de l’islam – peut, au moins, être mise en doute après les attentats de Casablanca (contre la Maison de l’Espagne, en 2003) et Madrid (2004).

    Après trois lustres de guerre de libération nationale, en 1991, le Front Polisario a décidé de substituer les armes par les urnes, confiant que les Nations Unies seraient capable de mener à bien un Plan de Paix qui avait été librement négociée par les parties. Mais, depuis sa mise en application, ce Plan a été boycotté par le Maroc, comme dénoncé, entre autres, par James Baker. Un recensement existe déjà pour le référendum confectionné par les Nations Unies, mais le veto français empêche sa célébration. En attendant, le Plan de Paix reste stagnant et au Sahara occupé ces graves violations de droits humains ont lieu, notre pays se préoccupe de son intérêt national, l’Union Européenne du sien et les Nations Unies se limitent à « à les déplorer ». Dans ce situation, si à la fin on empêche le peuple sahraoui de décider librement son avenir à travers un référendum d’autodétermination, dans les termes établis par les résolutions des Nations Unies, personne ne pourra l’accuser de ne pas avoir exploré toutes les voies pacifiques imaginables pour mettre fin à sa souffrance.
    Blog de Hercalito, 9/1/2011

  • Le Sahara Occidental et le Droit International

    La violation systématique des droits humains de la population sahraouie dans les territoires occupés est une triste réalité depuis plus de trois décennies. Mais la manière avec laquelle l’Armée marocaine a procédé à démanteler le campement de Gdeym Izik et la répression postérieure déployée le long de tout le territoire ont porté la situation à la limite. Nous sommes devant des graves violations de droits humains, qui ne sont plus que la dernière conséquence de l’autre grave violation : celle du droit à la libre détermination du peuple sahraoui, affirmé catégoriquement par l’ONU.

    L’Espagne a l’obligation juridique de promouvoir l’exercice du droit à la libre détermination du peuple sahraoui, puisqu’elle est, de iure, la puissance administratrice du territoire. Au moyen des accords tripartites de Madrid, l’Espagne a livré le territoire à qui, tel que déjà affirmé par la Cour Internationale de Justice, n’avaient pas de titre juridique sur lui. Comme signalé par l’Assemblée Générale de l’ONU, un État ne perd pas la condition de puissance administratrice, ni se trouve libéré de l’accomplissement des obligations qui dérivent d’elle, par le fait simple de le déclarer.

    Par conséquent, conformément aux résolutions de l’Assemblée Générale de 1979, le Maroc est la puissance occupante illégal du territoire, de la même manière qu’elle l’est Israël dans les territoires occupés palestiniens. De ce fait, le Maroc viole systématiquement, entre autres, la IV Convention de Genève, qui prévoit les obligations de la puissance occupante, parmi lesquels se trouve la prohibition de déplacer une partie de sa propre population au territoire occupé (art. 49). Actuellement, on estime que dans le territoire il y a quatre colons marocains pour chaque sahraoui.

    Comme conséquence de l’illégalité de l’occupation du territoire par le Maroc, aucun État, même pas la France, son plus fidèle allié inconditionnel, n’a reconnu l’annexion. Pour cette même raison, et comme signalé par le Bureau Juridique de l’ONU et corroboré par le Parlement Européen dans des résolutions très claires, l’exploitation des ressources naturelles sahraouies sans le consentement de ses représentants (le Front Polisario), et sans qu’elle ne répercute au bénéfice de la population sahraouie, constitue une violation du Droit international. L’Union Européenne, qui se vante de défendre les droits humains dans le monde, en conditionnant l’application de ses accords avec de troisièmes états au respect par ceux-ci des droits humains, regarde d’un autre côté lorsqu’il s’agit du Maroc et viole consciemment le Droit international.

    Mais ça vaut la peine d’analyser, même superficiellement, les arguments de l’Exécutif espagnol pour ne pas condamner l’actuelle situation et pour ne pas appuyer résolument l’application du Droit international. Appuyer la libre détermination du peuple sahraoui ne suppose pas se mettre du côté de l’une des parties, mais simplement défendre l’application du Droit international, ce qu’il faisait déjà dans le conflit de l’Irak.

    Un argument déjà classique est que l’Espagne maintient une position de « neutralité active » face au conflit. Mais la neutralité n’existe pas dans le Droit : celui qui ne soutient pas son accomplissement soutient sa violation. Par ailleurs, notre Gouvernement est arrivé à soutenir que le Maroc pourrait considérer telle condamnation comme une ingérence dans ses affaires internes. Eh bien, depuis l’approbation de la Résolution 1514 un (XV) de l’Assemblée Générale sur la concession de l’indépendance aux pays et peuples coloniaux, qui célèbre maintenant ses 50 ans, et qui a établi en grand partie les bases de la décolonisation, se trouve hors toute discussion minimalement rigoureuse le fait qu’il ne s’agit pas d’une affaire interne marocaine mais international, parce que le Sahara Occidental est un territoire en attente de décolonisation et ne fait pas de partie du territoire marocain.

    Après sa victoire électorale, le Gouvernement socialiste a affirmé que les principes éthiques et le respect du Droit international inspireraient son action extérieure, mais maintenant ce sont les « intérêts nationaux » qui prévalent sur ceux-là. Mais, en plus, de la manière avec laquelle il agit, cet intérêt national n’est même pas garanti, puisque Ceuta et Melilla ont été et resteront une monnaie d’échange dans nos relations avec Rabat, avec ou sans le Sahara au milieu; l’immigration illégale se poursuivra organisée depuis les côtes sahraouies et marocaines pour ceux qui essaient de la combattre; et l’efficacité du Maroc comme frein à l’entrée de l’intégrisme terroriste en Europe – qui, par ailleurs, a été ouvertement repoussé par la société sahraouie qui pratique une version ouverte de l’islam – peut, au moins, être mise en doute après les attentats de Casablanca (contre la Maison de l’Espagne, en 2003) et Madrid (2004).

    Après trois lustres de guerre de libération nationale, en 1991, le Front Polisario a décidé de substituer les armes par les urnes, confiant que les Nations Unies seraient capable de mener à bien un Plan de Paix qui avait été librement négociée par les parties. Mais, depuis sa mise en application, ce Plan a été boycotté par le Maroc, comme dénoncé, entre autres, par James Baker. Un recensement existe déjà pour le référendum confectionné par les Nations Unies, mais le veto français empêche sa célébration. En attendant, le Plan de Paix reste stagnant et au Sahara occupé ces graves violations de droits humains ont lieu, notre pays se préoccupe de son intérêt national, l’Union Européenne du sien et les Nations Unies se limitent à « à les déplorer ». Dans ce situation, si à la fin on empêche le peuple sahraoui de décider librement son avenir à travers un référendum d’autodétermination, dans les termes établis par les résolutions des Nations Unies, personne ne pourra l’accuser de ne pas avoir exploré toutes les voies pacifiques imaginables pour mettre fin à sa souffrance.
    Blog de Hercalito, 9/1/2011

  • Deux norvégiens expulsés du Sahara Occidental pour avoir rencontré la famille d’un prisonnier politique sahraoui

    El Aaiun (territoires occupés) 12 Janvier 2011 (SPS) Les autorités du Maroc ont procédé lundi, à l’arrestation et l’expulsion de deux norvégiens, pour avoir eu des entretiens avec la mère d’un prisonnier d’opinion sahraoui, Brahim Dahane, a rapporté le Comité norvégien pour le Sahara occidental.

    Selon l’explication officielle de la part de la police marocaine, l’arrestation et l’expulsion des deux norvégiens a eu lieu en raison de leur « contact avec la population locale qui n’est pas explicitement autorisée », a indiqué la même source.

    Les deux norvégiens voulaient s’enquérir de la situation de la famille de Brahim Dahane après son emprisonnement depuis octobre 2009, sachant qu’il avait été lauréat d’un prix des droits de l’homme l’année dernière.

    « Ils nous ont cherchés partout et nous ont interrogés. La police nous avait demandé des photos que nous avions dans un flash de notre caméra sur la rencontre de la mère de Dahane », a déclaré le norvégien,Trygve Utstumoen.

    Des dizaines de groupes d’observateurs, de parlementaires et de journalistes ont été expulsés du Sahara Occidental, rappelle-t-on. (SPS)

  • Les autorités marocaines expulsent un membre de l’organisation internationale WSRW d’El Aaiun occupée

    El Aaiun (Territoires occupé) 12/01/2011 (SPS) Un membre de WSRW, l’espagole, Elena Pollán, a été arrêté samedi depuis sa résidence à El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental, avant d’être contrainte en compagnie de ses deux amies à se diriger vers l’aéroport de Marrakech et s’envoler à destination de Madrid, a rapporté mardi l’observatoire pour la protection des ressources du Sahara occidental (Western Sahara Resource Watch).

    Durant leur séjour de 10 jours dans les territoires occupés du Sahara occidental, les trois observatrices internationales ont essayé d’enquêter sur la pêche illégale de l’UE dans les territoires occupés.

    Depuis leur arrivée au Sahara occidental, les trois jeunes femmes ont été suivies et intimidés par la police marocaine, a ajouté la même source.

    Des dizaines de journalistes, parlementaires et observateurs ont été expulsés au cours des derniers mois par les autorités marocaines afin de maintenir le black out imposé par le Maroc sur le Sahara occidental, rappelle-t-on. (SPS)