Mois : janvier 2011

  • Benali…les dernières heures!

    La situation s’est développée en Tunisie ces dernières vingt-quatre heures de protestation populaire, mardi et mercredi dernier, on parle même de la chute du régime tunisien et du président Zinelabidine Benali.

    Mardi dernier, le président tunisien prend la décision de limoger le chef de l’armée tunisienne, le général Rachid Ben Amar et le remplace par le chef des renseignements. Aucun communiqué officiel sur cette décision ni les raisons de ce limogeage n’a été annoncé. Mais la raison est que l’armée refuse d’intervenir et d’affronter les manifestants.
    Quelques heures avant, des sites Internet et des forums publient une vidéo montrant des unités de l’armée tunisienne protégeant les manifestants contre les agents de police anti-émeute. Sur les vidéos, on pouvait entendre des manifestants crier « vive l’armée ».

    Dans la même soirée de mardi, la chaîne iranienne « El Aâlem » diffuse un rapport selon lequel l’épouse du président Benali se serait enfuie à l’étranger avec ses filles. Des sites Internet de socialisation comme facebook, youtube et tweeter, publient des vidéo montrant d’importants regroupements de marocains et tunisiens à l’aéroport de Montréal après avoir été informés de l’arrivée de l’épouse du président tunisien avec sa fille et son beau fils. Selon ces sites, la police canadienne aurait aidée à s’enfuir Leila Benali et les membres de sa famille de crainte de les voir agressés par les immigrés tunisiens.

    Mercredi matin, les autorités tunisiennes annoncent la décision du président de libérer toutes les personnes arrêtées lors des manifestations avant d’annoncer par la suite le limogeage du ministre de l’intérieur.

    Le président Benali a par ailleurs ordonné une enquête sur l’implication de certains responsables, sans citer de noms, dans des affaires de corruption. Ce qui a été considéré par certains experts des affaires tunisiennes comme « de la poudre aux yeux », ou une tentation de maîtriser la situation. Malgré cela, les manifestations se sont poursuivit à Tunis et dans le reste des grandes villes tunisiennes jusqu’aux régions sud du pays aux frontières avec la Libye.
    Ismaïl Fellah

    Ennahar Online, 13/1/2011 
  • L’industrie du phosphate n’est pas profitable, déclare l’OCP

    Le directeur de la société nationale marocaine des phosphates dans les territoires occupés du Sahara Occidental affirme que son entreprise ne fonctionne pas pour obtenir des profits.
    Le PDG de l’Office Chérifien des Phosphates, Mostafa Terrab, considère comme son devoir moral d’employer des colons marocains dans le pays occupé. Les paragraphes ci-dessous sont extraits de la dépêche Reuters, du 18 octobre 2010.

    « Des critiques disent que l’entreprise ne doit pas exploiter les ressources minérales du Sahara Occidental jusqu’à ce que la question de la souveraineté soit réglée. Terrab rejette cela, disant que son entreprise n’est pas au Sahara Occidental pour faire des bénéfices.

    Les dirigeants de l’entreprise disent que le territoire contient moins de 2 pour cent des réserves de phosphate du Maroc, et que entre 1976 et 2008, la société a enregistré ici des pertes nettes de 4,716 milliards de dirhams, soit environ  580 millions de $US au taux de change actuel.

    « Si nous arrêtons cette opération, nous pourrions probablement arrêter nos pertes dans le même temps, mais vous auriez 1700 familles qui perdraient leur gagne-pain », selon Terrab. « Donc, nous le considérons comme le contraire, nous considérons comme notre devoir moral d’être là-bas. « 

    Au cours de ces dernières années, la production dans la mine de Bou Craa au Sahara Occidental a été de 3 à 4 millions de tonnes sur un le total d’une production par l’OCP de 30 millions de tonnes au Maroc/Sahara Occidental combinés. Presque tous les travailleurs sahraouis du phosphate ont été remplacés par des colons marocains après l’invasion du territoire en 1975.

  • Deux Français morts au cours d’une tentative d’enlèvement au Niger : Bientôt de la France en Afrique, il ne restera peut-être que ses forces spéciales

    Vendredi soir dernier 2 jeunes Français ont été enlevés par des hommes et pour des raisons inconnues à ce jour. Naturellement, le soupçon s’est très vite porté sur les islamistes de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

    Il est entendu que kidnapper deux jeunes, un futur marié et son témoin, seulement là pour des noces, piégés par les circonstances, qui n’ont ainsi rien à voir avec la présence française en Afrique et la situation géostratégique du Niger et de son uranium, ne fait pas avancer la cause de quiconque veut un meilleur sort pour le continent. S’attaquer à des civils et risquer leur vie, personne ne peut soutenir et cautionner un tel acte.

    Mais, dans ce qui s’avère être de plus en plus un fiasco, crier à la «barbarie» et tout mettre sur le dos des «barbares» est peut-être un peu trop facile. Un vieux truc éculé qui ne marche plus.

    «J’ai appris hier dans l’avion qui m’emmenait de Fort-de-France à Pointe-à-Pitre l’assassinat particulièrement odieux de deux de nos compatriotes au Niger (…). C’est la nation toute entière qui condamne un acte barbare perpétré par des barbares, un acte d’une lâcheté inouïe», a déclaré depuis la Martinique M. Sarkozy au début de son discours de vœux aux Français d’outre-mer. «Ce crime odieux ne fait que renforcer la détermination de la France à lutter sans relâche contre le terrorisme et contre les terroristes. Les démocraties ne peuvent pas accepter cela», a-t-il ajouté. «Les démocraties, c’est leur honneur, c’est leur noblesse, doivent lutter pied à pied contre ces barbares venus d’un autre âge qui veulent terroriser le monde entier. Nous n’accepterons jamais le diktat des terroristes et du terrorisme»

    D’ailleurs, ici et là des voix s’élèvent pour s’interroger sur les conditions de la mort de ces deux Français. Car enfin intervenir ainsi pour sauver les «otages», ça n’a de sens et de pertinence que si effectivement ça devait leur sauver la vie.

    «La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer», a déclaré l’état-major français.

    À l’évidence, il s’avère que ça devient davantage périlleux pour eux de ne pas «laisser passer».

    Il est possible que dans leur fuite, l’opération d’enlèvement compromise, les assaillants pourchassés aient décidé de ne plus s’encombrer d’otages.

     Il est possible que des soldats nigériens mal préparés à ce genre de situation aient pu tirer sans prêter l’attention voulue aux captifs. Nous prenons acte pourtant des déclarations de M. Laouali Dan Dah, porte-parole du gouvernement nigérien, précisant que les forces nigériennes «n’ont pas voulu ouvrir le feu sérieusement de crainte de blesser les otages et de mettre leur vie en danger, raison pour laquelle les ravisseurs ont pu passer à travers les mailles du filet».

    Il est tout aussi vraisemblable qu’il s’est agi d’un raté des forces spéciales françaises. Un de plus. On se souvient qu’en juillet dernier, lors d’une intervention similaire dans laquelle le service action de la DGSE (contre-espionnage) était intervenu, Michel Germaneau, militant humanitaire de 78 ans enlevé le 19 avril y a laissé la vie.

    Il est à peu près certain que l’exécutif français voulait donner une leçon et désirait «coûte que coûte» en découdre avec les «terroristes» qui hantaient le désert sahélien. «J’assume !», droit dans ses bottes (posture dérisoire en la circonstance), clame le ministre de la Défense.

    C’est très (c’est trop) facile.

    Il faudra expliquer cela aux parents de ces deux jeunes partis à Niamey pour festoyer et qui leur reviennent dans des cercueils. C’est eux qui auront à assumer l’inconséquence d’une opération à la Sarkozy : vite fait, mal fait. Dans la précipitation, comme tout ce qu’il a entrepris jusque-là dans les autres domaines et qui a fait flop à tous les coups. Au point que parmi les hommes d’Etat dans les grandes réunions internationales, les déconfitures sarkoziennes s’ajoutent à celles de Berlusconi pour épicer l’attraction.

    Qui douterait un seul instant que le président français alors en visite dans les Antilles, ignorait ce qui se passait ? Il est à peu près certain que l’hyper président suivait minute par minute le cours des événements et décidait de ce qu’il convenait de faire et des bribes de nouvelles qu’il convenait de distiller aux Français. En attendant de torcher un scénario vraisemblable.

    De la même manière (mais cela est une autre histoire), qui douterait une seconde que les Américains, implantés discrètement dans la région, dédaigneraient de suivre en temps réel (peut-être même en s’en réjouissant secrètement) les instructifs déboires français… ? Il est même fort probable qu’ils aient fourni de précieux renseignements aux Français, pour suivrent nuitamment le déplacement des ravisseurs.

    Au passage, le «J’assume» du ministre fait office d’aveux. Pendant plus de 24 h, en effet, les autorités françaises étrangement silencieuses, ont laissé aux médias plus que complaisants le soin de laisser croire que l’opération militaire était le seul fait des forces nigériennes. Au moment où s’écrivent ces lignes, on ignore ce qui s’est réellement passé.

    On le saura.

    On apprend qu’en fin de compte, c’est au Mali que s’était déroulé le dernier épisode de cette triste affaire, avec pour acteurs les seules forces françaises. Au moment où se déroulaient ces événements, le Président français prétendait que l’armée nigérienne «semblait» toujours à la poursuite de leurs ravisseurs (AFP, S. 08/01/2011 à 16:22).

    Même scénario en juillet et en septembre dernier. Les opérations sont d’abord imputées aux Mauritaniens ou aux Maliens (aujourd’hui aux Nigériens), alors que tout le monde sait que les 10 000 commandos français (peut-être davantage) déployés dans la région (dont la moitié au Mali) sont très proches du terrain et prennent toutes les initiatives à propos desquelles on peut se demander si les autorités des pays sont en état réel de les envisager, de les approuver ou de les discuter.

    La vraie question qui n’a pas été traitée par les médias français qui ont réagi de manière Brejnévienne (qu’Alain Peyrefitte n’aurait pas renié, de l’époque où en «démocratie» française le ministre de l’Intérieur officiait à la tête de l’imprimatur de l’information publique sous la Vème République). Au fond, cela a-t-il vraiment et fondamentalement changé sous un régime libéral où les médias par dizaines, qu’ils soient publics ou privés, scandent une information formatée selon un codex unique d’apothicaires? Les téléspectateurs algériens le constatent à l’évidence.

    Sans polémiquer on pouvait, en régime de liberté d’expression, oser quelques questions raisonnables.

    Sur toutes les chaînes de TV de la République sarkozienne nous avons eu droit aux mêmes images et aux mêmes commentaires (à un Paul Quilès près qui a rompu timidement une unanimité sans tache). Avec des «experts ès terrorisme islamiste» qui bondissaient de plateaux en plateaux pour expliquer aux braves téléspectateurs la menace que représentaient les hordes de barbares hirsutes vouées à la perte de l’Hexagone et de l’Occident chrétien.

    Certes, la décence incline au consensus national, mais pas au prix de l’effacement du principe d’opposition, aux fondements des sociétés politiques occidentales qui se posent en norme universelle.

    Ou ce que l’on nous dit de la démocratie au ratio de laquelle on nous somme de nous conformer, sous peine d’être mis au ban de l’humanité fréquentable. Ou les préceptes démocratiques s’appliquent indifféremment à tous, sans exception et, dans ce cas, s’interroger est une vertu citoyenne.

    Certes, la sécurité des opérateurs économiques devra être assurée et les Etats d’accueil devraient la garantir, plus particulièrement lorsque ces opérateurs sont étrangers. Toutefois, l’importance stratégique des ressources et de leur exploitation profitable pour toutes les parties ne devrait pas faire d’un pragmatisme dévoyé l’alpha et l’oméga des relations internationales, au point de reléguer la souveraineté des nations à une question subalterne. L’Afghanistan, l’Irak, le Soudan… sont charcutés comme à la belle époque du XIXème au service des Compagnies Coloniales.

    La question du Sahel n’est pas une question militaire et encore moins une question militaire extra-africaine. Il n’est ni dans l’intérêt de la France, ni dans ses prérogatives de s’improviser nouveau gendarme dans la région, de la Mer Rouge à l’Océan Atlantique.

    A ce compte, un peu partout dans le monde, citoyens et hommes d’Etat français deviendront persona non grata et ne seraient plus les bienvenus nulle part.

    Que Paris agisse pour son propre compte ou pour celui de Washington à l’ombre duquel elle a décidé de placer ses forces militaires et sa sécurité, ne change rien à l’affaire.

    La tragédie de la disparition violente et cruelle de ces 2 jeunes français cache une tragédie plus vaste et plus inacceptable. Celle de la situation dans laquelle se trouve l’Afrique dans un monde entièrement dominé par des forces transnationales mondialisées pour lesquelles les Etats ne sont plus que des faire-valoir, déplacés sur un échiquier très peu préoccupé de la prospérité et de la sécurité des nations.

    Des pans entiers de souveraineté ont été concédés à des groupes d’intérêts occultes dont on a du mal à identifier les contours et qui semblent organiser dans les coulisses la politique à entreprendre pour l’ensemble de la planète. On le voit de manière si caricaturale dans la gestion des dettes souveraines des Etats européens du sud : les marchés décident, les gouvernements s’alignent.

    Soyons naïfs et interrogeons-nous : A-t-on vu cette scène singulière, celle d’un pays (le Portugal cette semaine), refuser une aide que le FMI et les marchés tiennent – sous une menace fermement réitérée – à lui apporter ?

    De l’Egypte au Maghreb, sans oublier l’Afghanistan, l’Irak et les ex-pays de l’Est, le feu est allumé partout. Parce que partout les peuples sont soumis à un diktat inique : où ils consentent à un ordre économique où le seul avantage comparatif qui leur est proposé est d’offrir un travail sous-traité, docile et sous payé, ou on les bombarde. «Avec moi ou contre moi» criait Bush Jr.

    Un peu partout, au cœur de la Mitteleuropa, nos voisins rejouent au XXIème siècle un jeu dangereux qui a fait führer au cours des années 30. Un jeu dont on connaît l’issue…

    Pendant qu’à Niamey on enlevait deux jeunes Français, le peuple tunisien, «peuple modèle» jusque-là, se mettait debout pour dire «non !» de manière plus évidente et plus visible (merci Internet !). On aura beau cacher les images venues de Tunis sous celles venues d’Alger où on ne peut plus museler la liberté d’expression des foules, il s’avérait clair que la pratique du deux poids, deux mesures ne pouvait se soustraire au regard de tous.

    Derrière la Tunisie des complexes touristiques qui fait la fortune des transnationales du loisir industriel et de quelques nababs indigènes, il y a une Tunisie que tous faisaient mine de ne pas voir, celle que les vacanciers ne parviennent pas à distinguer à partir de Sidi Bou Saïd, de Hammamet, Houmt Essouk ou par-delà Bab El Khadra.

    Parmi les clients du Club Med, se glissent selon les saisons ceux venus des Emirats, de la Libye voisine ou d’Algérie. Depuis que les islamistes ont mis la main sur l’ordre culturel du pays, les «touristes» algériens dérivés d’une nouvelle classe moyenne de parvenus, fuient leurs responsabilités le temps d’une libation estivale.

    Dignitaires (gradés ou non), démocrates en chambre, francophones en perte de repères auxquels la France (et Dubaï) refuse la charité d’un visa, intellectuels libéraux éblouis par les réussites apparentes de leurs voisins et aveuglés par l’idée qu’il y a là un modèle à imiter, puisqu’ils s’avèrent incapables d’innover, nouvelle bourgeoisie islamiste reconvertie aux joies du capitalisme informel…

    Tout ce bric-à-brac d’Algériens se laisse servir après s’être servi, se retrouve dans un Maroc ou une Tunisie un peu comme au spectacle et s’adonnant aux récréations touristiques en se mêlant aux troupeaux de vacanciers septentrionaux. S’illusionnant comme eux.

    Jamais le projet Blum-Violette n’aurait pu espérer tout cela.

    Comment la classe politique française (conservateurs et «socialistes» confondus) qui s’est rassemblée au Maroc cet hiver pour délibérer discrètement du sort de 2012, fera-t-elle pour expliquer que dans les marches de l’Europe civilisée, on soutient des dictateurs à bout de bras, des autocrates qui tabassent les avocats dans des salles obscures, après des plaidoiries jugées hétérodoxes, des satrapes incultes qui utilisent des armes de guerre contre leur peuple ?

    Sans doute, les enfants de Halq El Oued et de la Ghriba qui ont désormais pignon sur rue à Paris, ont plus de mal à verrouiller les réseaux d’information.

    Comment les autorités françaises (et les entreprises qui les financent parce qu’ils y trouvent leur compte) pourraient-ils justifier le soutien apporté à leurs «amis» (rois et omnipotents héréditaires d’Egypte, du Maroc ou de Tunisie, lesquels se maintiennent au pouvoir avec des scores électoraux qui rappellent Staline, Ceauþescu, ou Chirac (2002) ? Et continuer à abandonner la Palestine à un ordre colonial raciste qui bafoue tous les jours, depuis 1948, les résolutions des Nations unies ?

    En sorte que la question qu’il aurait été pertinent de poser – pour ce qui concerne cette région du monde qui leur est historiquement liée – est celle des politiques internationales de la France et de l’Europe. La France et L’Union européenne sont les grandes absentes d’un espace abandonné aux soldats et aux techniciens de la guerre asymétrique, après avoir été concédé aux banquiers et aux affairistes.

    À la suite de la mort tragique de ces jeunes Français au Niger, sans doute eût-il été opportun de dépêcher non pas un ministre de la Défense à Niamey, mais la ministre des Affaires etrangères (qui a d’ailleurs l’expérience des deux fonctions) voire le Premier ministre, pour montrer à quelle hauteur la France entendait placer les enjeux.

    Mais évidemment, un ministre des Affaires étrangères ne sert que si on a une politique étrangère à proposer et à défendre… 

    par Hadj Ahmed Bey 
  • Demandant la destruction du «mur de la honte» : Les Sahraouis appellent à faire la lumière sur le sort des disparus

    Il existe bel et bien des Sahraouis enlevés, torturés, arrêtés arbitrairement et dont on ignore le sort aujourd’hui. Après la publication d’un rapport d’une ONG marocaine sur les différentes violations des droits de l’Homme, le gouvernement sahraoui a réitéré son appel à la destruction du mur de la honte marocain, exigeant que toute la lumière soit faite sur le sort des milliers de Sahraouis, victimes des disparitions forcées, d’arrestations arbitraires et de torture. 
    «La reconnaissance par le régime marocain de l’assassinat et l’extermination de 352 Sahraouis entre 1958 et 1992 ouvre une brèche dans le mur du silence et du déni que l’Etat marocain a toujours opposé devant la recherche de la vérité sur le sort des milliers de victimes sahraouies de disparitions forcées et d’enlèvements», a souligné le gouvernement sahraoui dans un communiqué publié hier par l’Agence de presse sahraouie (SPS) et repris par l’agence de presse algérienne (APS). 
    Dans le «rapport sur les cas de disparitions forcées 2010», élaboré par l’Instance équité et réconciliation marocaine (IER), le régime marocain «reconnaît officiellement», relève le communiqué de SPS, les «crimes de guerre et les crimes contre l’humanité» qu’il a commis contre le peuple sahraoui. Des crimes, précise encore la même source, dont l’ampleur et la gravité ont atteint la dimension d’un «génocide». Parmi les 640 victimes mortes suite à la torture et aux traitements dégradants et inhumains, pendant la période de leur disparition forcée de 1958 jusqu’à 1992, 352 sont des Sahraouis, dont des bébés, des enfants, des femmes dont certaines enceintes et des personnes âgées, note le rapport. 
    Le gouvernement sahraoui a affirmé que cette longue liste de crimes, qui ne cite toutefois pas les noms de toutes les victimes, confirme la légitimité des revendications tant exprimées par le gouvernement, la société civile et les organisations internationales des droits de l’Homme, depuis l’occupation marocaine du Sahara occidental en 1975, ajoute le document. Après avoir condamné les crimes contre l’humanité et les crimes de guerre commis, dans le passé et le présent, contre le peuple sahraoui, y compris les crimes perpétrés suite à l’agression contre le camp de Gudeim Izik le 8 novembre dernier, le gouvernement sahraoui tient à préciser qu’il n’économisera pas ses efforts pour que toute la vérité soit rétablie et que la justice rendue.
    Par Ghada Hamrouche
  • Maroc : Accuser le Polisario pour intégrer les pays du Sahel

    Après avoir tenté d’accuser le Polisario de connivence avec Aqmi
    Rabat annonce l’arrestation de cinq soldats pour «complicité» avec «un réseau terroriste»
     
    Le Maroc a annoncé, hier, l’arrestation de cinq militaires soupçonnés d’avoir «facilité» l’introduction d’armes récemment saisies au Maroc avec la complicité de trafiquants opérant dans le sud du Sahara occidental. «Ces (cinq) soldats du 59e régiment de l’infanterie (marocaine) mobilisés sur le mur de défense près d’Amgala [ndlr, 200 km à l’est d’El Ayoun, au Sahara occidental] facilitaient l’introduction au Maroc d’armes au profit d’un réseau» démantelé début janvier au Maroc, a déclaré hier à Rabat le ministre de l’Intérieur Taïb Cherkaoui, lors d’un point de presse. «Ces militaires seront déférés prochainement devant la justice», a-t-il indiqué. Le 5 janvier, les autorités marocaines avaient annoncé l’arrestation de 27 personnes soupçonnées de «terrorisme». «Ces soldats agissaient en contrepartie de sommes d’argent», a précisé M. Cherkaoui. 
     
    Une source sécuritaire a également indiqué à l’AFP que «27 personnes ont été arrêtées, début janvier, dans plusieurs villes du royaume notamment à Casablanca, Rabat et Fès (centre) et sont toutes de nationalité marocaine». Rappelons qu’après l’enlèvement des cinq Français et des deux ressortissants africains par Aqmi, le Maroc a tout fait pour prendre part à la réunion de coordination des pays sahélo-sahariens et n’a pas hésité à accuser le Polisario d’intelligence avec Aqmi. 
     
    Lors du démantèlement du groupe accusé de préparer des attentats et des attaques contre des banques au Maroc et la «découverte» de caches d’armes près d’Amgala, dans le territoire sahraoui occupé, Rabat a sciemment laissé croire que le Polisario était derrière cette affaire.
    Par Abdelkrim Ghezali
  • Benali…les dernières heures!

    La situation s’est développée en Tunisie ces dernières vingt-quatre heures de protestation populaire, mardi et mercredi dernier, on parle même de la chute du régime tunisien et du président Zinelabidine Benali.

    Mardi dernier, le président tunisien prend la décision de limoger le chef de l’armée tunisienne, le général Rachid Ben Amar et le remplace par le chef des renseignements. Aucun communiqué officiel sur cette décision ni les raisons de ce limogeage n’a été annoncé. Mais la raison est que l’armée refuse d’intervenir et d’affronter les manifestants.
    Quelques heures avant, des sites Internet et des forums publient une vidéo montrant des unités de l’armée tunisienne protégeant les manifestants contre les agents de police anti-émeute. Sur les vidéos, on pouvait entendre des manifestants crier « vive l’armée ».

    Dans la même soirée de mardi, la chaîne iranienne « El Aâlem » diffuse un rapport selon lequel l’épouse du président Benali se serait enfuie à l’étranger avec ses filles. Des sites Internet de socialisation comme facebook, youtube et tweeter, publient des vidéo montrant d’importants regroupements de marocains et tunisiens à l’aéroport de Montréal après avoir été informés de l’arrivée de l’épouse du président tunisien avec sa fille et son beau fils. Selon ces sites, la police canadienne aurait aidée à s’enfuir Leila Benali et les membres de sa famille de crainte de les voir agressés par les immigrés tunisiens.

    Mercredi matin, les autorités tunisiennes annoncent la décision du président de libérer toutes les personnes arrêtées lors des manifestations avant d’annoncer par la suite le limogeage du ministre de l’intérieur.

    Le président Benali a par ailleurs ordonné une enquête sur l’implication de certains responsables, sans citer de noms, dans des affaires de corruption. Ce qui a été considéré par certains experts des affaires tunisiennes comme « de la poudre aux yeux », ou une tentation de maîtriser la situation. Malgré cela, les manifestations se sont poursuivit à Tunis et dans le reste des grandes villes tunisiennes jusqu’aux régions sud du pays aux frontières avec la Libye.
    Ismaïl Fellah

    Ennahar Online, 13/1/2011 
  • Le Makhzen-Mossad, très actifs en Algérie

    Société algéro-turque du fer : Le financier sous mandat de dépôt
    Quatre proches collaborateurs du PDG en fuite, le Franco-Israélo-Palestino-Algérien Messalha Saïd Youcef, de la société de récupération des déchets ferreux algéro-turque du Fer (ATF) ont été récemment placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal correctionnel de Annaba. Un d’entre eux, financier de son état, s’était autoproclamé liquidateur de ladite société. Sous cette qualité et bien qu’informé que le patrimoine de la société a été saisi dans sa totalité par le fisc, il a procédé à la vente de tous les biens mobiliers. 
    Selon nos sources, ces 4 personnes auraient agi à la demande de leur ancien patron. Avec l’aide des services spéciaux marocains et de complices algériens à nos frontières ouest, Messalha Saïd avait quitté clandestinement le territoire national à destination du Maroc au courant de l’été 2010. Il avait été condamné par défaut le 3 novembre 2010 par le tribunal criminel de Annaba à 20 ans de prison ferme, le paiement de 1,55 milliard de dinars, et 1 million de dinars d’amende pour fraude fiscale, fausses facturations et opposition au contrôle des impôts. C’est à partir de Oujda, la ville marocaine frontalière avec l’Algérie où il s’est installé sous la couverture des services spéciaux marocains, qu’il continue de braver les autorités algériennes.

    Avant sa fuite, cet homme qui «arrosait» en devises et en dinars des cadres algériens, dont de hauts fonctionnaires, était au coeur d’une formidable machine à financer les campagnes électorales de deux partis politiques algériens et d’un candidat indépendant à Annaba. Outre le salaire des agents formant le réseau de renseignements qu’il avait mis en place durant sa présence en Algérie de 1999 jusqu’à l’été 2010. Le produit des ventes devait servir à la création d’un autre réseau de renseignements ou la redynamisation de l’ancien. 
    Messalha agirait au profit du Makhzen marocain et son allié le Mossad israélien. Selon des sources judiciaires, interrogé par le juge d’instruction en charge de l’affaire sur la provenance des ordres qu’il recevait, le financier «liquidateur» aurait affirmé qu’il y avait beaucoup de monde mais qu’il ne pouvait citer aucun nom. Pour le reste, il aurait reconnu avec la minutie d’un comptable qu’il était le système mis en place pour vider la société de son contenu. 

    Une partie des sommes issues des ventes finissait dans ses poches et celles de ses 3 complices. Ce financier a été pendant des années un des principaux collaborateurs de Messalha Saïd Youcef. Il est à l’origine de la colère des travailleurs de ATF qui ont affirmé n’avoir pas perçu leurs salaires et indemnités de licenciement. Mal informés ou bien manipulés, ces derniers avaient pointé un doigt accusateur sur la direction locale des  impôts comme étant à l’origine de tous leurs déboires. Ce n’est pas le cas, puisque tout autant qu’eux, l’institution décentralisée du ministère des Finances est  également une victime des pratiques du patron d’ATF et de ses complices. C’est du reste ce qu’ont clairement souligné les responsables du même ministère lorsqu’ils ont affirmé que leur institution est en droit de saisir tous les biens d’un contribuable n’ayant pas réglé sa fiscalité définie par les lois de la République. 
    Apparemment, l’ancien patron d’ATF est resté à ce jour en étroite relation avec ses anciens «amis algériens». Nos sources évoquent des interventions de responsables algériens bien placés dans les rouages de nos administrations pour remettre sur rail le réseau qui s’est mis en veilleuse. Pas tellement, puisque les travailleurs sont harcelés par des manipulateurs pour «faire du bruit» devant le siège de la direction des impôts de la wilaya de Annaba et pourquoi pas… une émeute. C’est dire que cette affaire ATF n’est pas prête de s’achever et ce, bien que le principal mis en cause ait été condamné et qu’il soit en fuite. Pour ces mêmes sources, Messalha a de quoi faire «chanter» certains responsables et des élus locaux et nationaux ayant profité de ses bienfaits en monnaie sonnante et trébuchante. Il est même question d’implication d’un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur et d’un imam. L’un comme l’autre auraient perçu de fortes sommes d’argent, séjours tous frais payés à l’étranger et autres cadeaux. 
    Lors de la perquisition effectuée au siège d’ATF, s’ils ont pris en charge les disques durs des microordinateurs, les enquêteurs n’ont pas pris la peine de s’intéresser aux registres et autres carnets de notes. Messalha y notait tous les mouvements de fonds qu’il était le seul à maîtriser dans sa nébuleuse société. C’est dans ces registres et carnets que sont indiqués les «dons» versés aux élus, fonctionnaires et cadres locaux et nationaux. Etonnante omission s’il en est qui démontre qu’en matière de corruption, la justice a rarement toutes les pièces en main. 
    A. Djabali
    La Nouvelle République, 13/1/2011
  • Deux Français morts au cours d’une tentative d’enlèvement au Niger : Bientôt de la France en Afrique, il ne restera peut-être que ses forces spéciales

    Vendredi soir dernier 2 jeunes Français ont été enlevés par des hommes et pour des raisons inconnues à ce jour. Naturellement, le soupçon s’est très vite porté sur les islamistes de Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI).

    Il est entendu que kidnapper deux jeunes, un futur marié et son témoin, seulement là pour des noces, piégés par les circonstances, qui n’ont ainsi rien à voir avec la présence française en Afrique et la situation géostratégique du Niger et de son uranium, ne fait pas avancer la cause de quiconque veut un meilleur sort pour le continent. S’attaquer à des civils et risquer leur vie, personne ne peut soutenir et cautionner un tel acte.

    Mais, dans ce qui s’avère être de plus en plus un fiasco, crier à la «barbarie» et tout mettre sur le dos des «barbares» est peut-être un peu trop facile. Un vieux truc éculé qui ne marche plus.

    «J’ai appris hier dans l’avion qui m’emmenait de Fort-de-France à Pointe-à-Pitre l’assassinat particulièrement odieux de deux de nos compatriotes au Niger (…). C’est la nation toute entière qui condamne un acte barbare perpétré par des barbares, un acte d’une lâcheté inouïe», a déclaré depuis la Martinique M. Sarkozy au début de son discours de vœux aux Français d’outre-mer. «Ce crime odieux ne fait que renforcer la détermination de la France à lutter sans relâche contre le terrorisme et contre les terroristes. Les démocraties ne peuvent pas accepter cela», a-t-il ajouté. «Les démocraties, c’est leur honneur, c’est leur noblesse, doivent lutter pied à pied contre ces barbares venus d’un autre âge qui veulent terroriser le monde entier. Nous n’accepterons jamais le diktat des terroristes et du terrorisme»

    D’ailleurs, ici et là des voix s’élèvent pour s’interroger sur les conditions de la mort de ces deux Français. Car enfin intervenir ainsi pour sauver les «otages», ça n’a de sens et de pertinence que si effectivement ça devait leur sauver la vie.

    «La décision, il faut la prendre très vite : soit on y va, soit on laisse passer. Et ça devenait très dangereux pour les otages si on laissait passer», a déclaré l’état-major français.

    À l’évidence, il s’avère que ça devient davantage périlleux pour eux de ne pas «laisser passer».

    Il est possible que dans leur fuite, l’opération d’enlèvement compromise, les assaillants pourchassés aient décidé de ne plus s’encombrer d’otages.

     Il est possible que des soldats nigériens mal préparés à ce genre de situation aient pu tirer sans prêter l’attention voulue aux captifs. Nous prenons acte pourtant des déclarations de M. Laouali Dan Dah, porte-parole du gouvernement nigérien, précisant que les forces nigériennes «n’ont pas voulu ouvrir le feu sérieusement de crainte de blesser les otages et de mettre leur vie en danger, raison pour laquelle les ravisseurs ont pu passer à travers les mailles du filet».

    Il est tout aussi vraisemblable qu’il s’est agi d’un raté des forces spéciales françaises. Un de plus. On se souvient qu’en juillet dernier, lors d’une intervention similaire dans laquelle le service action de la DGSE (contre-espionnage) était intervenu, Michel Germaneau, militant humanitaire de 78 ans enlevé le 19 avril y a laissé la vie.

    Il est à peu près certain que l’exécutif français voulait donner une leçon et désirait «coûte que coûte» en découdre avec les «terroristes» qui hantaient le désert sahélien. «J’assume !», droit dans ses bottes (posture dérisoire en la circonstance), clame le ministre de la Défense.

    C’est très (c’est trop) facile.

    Il faudra expliquer cela aux parents de ces deux jeunes partis à Niamey pour festoyer et qui leur reviennent dans des cercueils. C’est eux qui auront à assumer l’inconséquence d’une opération à la Sarkozy : vite fait, mal fait. Dans la précipitation, comme tout ce qu’il a entrepris jusque-là dans les autres domaines et qui a fait flop à tous les coups. Au point que parmi les hommes d’Etat dans les grandes réunions internationales, les déconfitures sarkoziennes s’ajoutent à celles de Berlusconi pour épicer l’attraction.

    Qui douterait un seul instant que le président français alors en visite dans les Antilles, ignorait ce qui se passait ? Il est à peu près certain que l’hyper président suivait minute par minute le cours des événements et décidait de ce qu’il convenait de faire et des bribes de nouvelles qu’il convenait de distiller aux Français. En attendant de torcher un scénario vraisemblable.

    De la même manière (mais cela est une autre histoire), qui douterait une seconde que les Américains, implantés discrètement dans la région, dédaigneraient de suivre en temps réel (peut-être même en s’en réjouissant secrètement) les instructifs déboires français… ? Il est même fort probable qu’ils aient fourni de précieux renseignements aux Français, pour suivrent nuitamment le déplacement des ravisseurs.

    Au passage, le «J’assume» du ministre fait office d’aveux. Pendant plus de 24 h, en effet, les autorités françaises étrangement silencieuses, ont laissé aux médias plus que complaisants le soin de laisser croire que l’opération militaire était le seul fait des forces nigériennes. Au moment où s’écrivent ces lignes, on ignore ce qui s’est réellement passé.

    On le saura.

    On apprend qu’en fin de compte, c’est au Mali que s’était déroulé le dernier épisode de cette triste affaire, avec pour acteurs les seules forces françaises. Au moment où se déroulaient ces événements, le Président français prétendait que l’armée nigérienne «semblait» toujours à la poursuite de leurs ravisseurs (AFP, S. 08/01/2011 à 16:22).

    Même scénario en juillet et en septembre dernier. Les opérations sont d’abord imputées aux Mauritaniens ou aux Maliens (aujourd’hui aux Nigériens), alors que tout le monde sait que les 10 000 commandos français (peut-être davantage) déployés dans la région (dont la moitié au Mali) sont très proches du terrain et prennent toutes les initiatives à propos desquelles on peut se demander si les autorités des pays sont en état réel de les envisager, de les approuver ou de les discuter.

    La vraie question qui n’a pas été traitée par les médias français qui ont réagi de manière Brejnévienne (qu’Alain Peyrefitte n’aurait pas renié, de l’époque où en «démocratie» française le ministre de l’Intérieur officiait à la tête de l’imprimatur de l’information publique sous la Vème République). Au fond, cela a-t-il vraiment et fondamentalement changé sous un régime libéral où les médias par dizaines, qu’ils soient publics ou privés, scandent une information formatée selon un codex unique d’apothicaires? Les téléspectateurs algériens le constatent à l’évidence.

    Sans polémiquer on pouvait, en régime de liberté d’expression, oser quelques questions raisonnables.

    Sur toutes les chaînes de TV de la République sarkozienne nous avons eu droit aux mêmes images et aux mêmes commentaires (à un Paul Quilès près qui a rompu timidement une unanimité sans tache). Avec des «experts ès terrorisme islamiste» qui bondissaient de plateaux en plateaux pour expliquer aux braves téléspectateurs la menace que représentaient les hordes de barbares hirsutes vouées à la perte de l’Hexagone et de l’Occident chrétien.

    Certes, la décence incline au consensus national, mais pas au prix de l’effacement du principe d’opposition, aux fondements des sociétés politiques occidentales qui se posent en norme universelle.

    Ou ce que l’on nous dit de la démocratie au ratio de laquelle on nous somme de nous conformer, sous peine d’être mis au ban de l’humanité fréquentable. Ou les préceptes démocratiques s’appliquent indifféremment à tous, sans exception et, dans ce cas, s’interroger est une vertu citoyenne.

    Certes, la sécurité des opérateurs économiques devra être assurée et les Etats d’accueil devraient la garantir, plus particulièrement lorsque ces opérateurs sont étrangers. Toutefois, l’importance stratégique des ressources et de leur exploitation profitable pour toutes les parties ne devrait pas faire d’un pragmatisme dévoyé l’alpha et l’oméga des relations internationales, au point de reléguer la souveraineté des nations à une question subalterne. L’Afghanistan, l’Irak, le Soudan… sont charcutés comme à la belle époque du XIXème au service des Compagnies Coloniales.

    La question du Sahel n’est pas une question militaire et encore moins une question militaire extra-africaine. Il n’est ni dans l’intérêt de la France, ni dans ses prérogatives de s’improviser nouveau gendarme dans la région, de la Mer Rouge à l’Océan Atlantique.

    A ce compte, un peu partout dans le monde, citoyens et hommes d’Etat français deviendront persona non grata et ne seraient plus les bienvenus nulle part.

    Que Paris agisse pour son propre compte ou pour celui de Washington à l’ombre duquel elle a décidé de placer ses forces militaires et sa sécurité, ne change rien à l’affaire.

    La tragédie de la disparition violente et cruelle de ces 2 jeunes français cache une tragédie plus vaste et plus inacceptable. Celle de la situation dans laquelle se trouve l’Afrique dans un monde entièrement dominé par des forces transnationales mondialisées pour lesquelles les Etats ne sont plus que des faire-valoir, déplacés sur un échiquier très peu préoccupé de la prospérité et de la sécurité des nations.

    Des pans entiers de souveraineté ont été concédés à des groupes d’intérêts occultes dont on a du mal à identifier les contours et qui semblent organiser dans les coulisses la politique à entreprendre pour l’ensemble de la planète. On le voit de manière si caricaturale dans la gestion des dettes souveraines des Etats européens du sud : les marchés décident, les gouvernements s’alignent.

    Soyons naïfs et interrogeons-nous : A-t-on vu cette scène singulière, celle d’un pays (le Portugal cette semaine), refuser une aide que le FMI et les marchés tiennent – sous une menace fermement réitérée – à lui apporter ?

    De l’Egypte au Maghreb, sans oublier l’Afghanistan, l’Irak et les ex-pays de l’Est, le feu est allumé partout. Parce que partout les peuples sont soumis à un diktat inique : où ils consentent à un ordre économique où le seul avantage comparatif qui leur est proposé est d’offrir un travail sous-traité, docile et sous payé, ou on les bombarde. «Avec moi ou contre moi» criait Bush Jr.

    Un peu partout, au cœur de la Mitteleuropa, nos voisins rejouent au XXIème siècle un jeu dangereux qui a fait führer au cours des années 30. Un jeu dont on connaît l’issue…

    Pendant qu’à Niamey on enlevait deux jeunes Français, le peuple tunisien, «peuple modèle» jusque-là, se mettait debout pour dire «non !» de manière plus évidente et plus visible (merci Internet !). On aura beau cacher les images venues de Tunis sous celles venues d’Alger où on ne peut plus museler la liberté d’expression des foules, il s’avérait clair que la pratique du deux poids, deux mesures ne pouvait se soustraire au regard de tous.

    Derrière la Tunisie des complexes touristiques qui fait la fortune des transnationales du loisir industriel et de quelques nababs indigènes, il y a une Tunisie que tous faisaient mine de ne pas voir, celle que les vacanciers ne parviennent pas à distinguer à partir de Sidi Bou Saïd, de Hammamet, Houmt Essouk ou par-delà Bab El Khadra.

    Parmi les clients du Club Med, se glissent selon les saisons ceux venus des Emirats, de la Libye voisine ou d’Algérie. Depuis que les islamistes ont mis la main sur l’ordre culturel du pays, les «touristes» algériens dérivés d’une nouvelle classe moyenne de parvenus, fuient leurs responsabilités le temps d’une libation estivale.

    Dignitaires (gradés ou non), démocrates en chambre, francophones en perte de repères auxquels la France (et Dubaï) refuse la charité d’un visa, intellectuels libéraux éblouis par les réussites apparentes de leurs voisins et aveuglés par l’idée qu’il y a là un modèle à imiter, puisqu’ils s’avèrent incapables d’innover, nouvelle bourgeoisie islamiste reconvertie aux joies du capitalisme informel…

    Tout ce bric-à-brac d’Algériens se laisse servir après s’être servi, se retrouve dans un Maroc ou une Tunisie un peu comme au spectacle et s’adonnant aux récréations touristiques en se mêlant aux troupeaux de vacanciers septentrionaux. S’illusionnant comme eux.

    Jamais le projet Blum-Violette n’aurait pu espérer tout cela.

    Comment la classe politique française (conservateurs et «socialistes» confondus) qui s’est rassemblée au Maroc cet hiver pour délibérer discrètement du sort de 2012, fera-t-elle pour expliquer que dans les marches de l’Europe civilisée, on soutient des dictateurs à bout de bras, des autocrates qui tabassent les avocats dans des salles obscures, après des plaidoiries jugées hétérodoxes, des satrapes incultes qui utilisent des armes de guerre contre leur peuple ?

    Sans doute, les enfants de Halq El Oued et de la Ghriba qui ont désormais pignon sur rue à Paris, ont plus de mal à verrouiller les réseaux d’information.

    Comment les autorités françaises (et les entreprises qui les financent parce qu’ils y trouvent leur compte) pourraient-ils justifier le soutien apporté à leurs «amis» (rois et omnipotents héréditaires d’Egypte, du Maroc ou de Tunisie, lesquels se maintiennent au pouvoir avec des scores électoraux qui rappellent Staline, Ceauþescu, ou Chirac (2002) ? Et continuer à abandonner la Palestine à un ordre colonial raciste qui bafoue tous les jours, depuis 1948, les résolutions des Nations unies ?

    En sorte que la question qu’il aurait été pertinent de poser – pour ce qui concerne cette région du monde qui leur est historiquement liée – est celle des politiques internationales de la France et de l’Europe. La France et L’Union européenne sont les grandes absentes d’un espace abandonné aux soldats et aux techniciens de la guerre asymétrique, après avoir été concédé aux banquiers et aux affairistes.

    À la suite de la mort tragique de ces jeunes Français au Niger, sans doute eût-il été opportun de dépêcher non pas un ministre de la Défense à Niamey, mais la ministre des Affaires etrangères (qui a d’ailleurs l’expérience des deux fonctions) voire le Premier ministre, pour montrer à quelle hauteur la France entendait placer les enjeux.

    Mais évidemment, un ministre des Affaires étrangères ne sert que si on a une politique étrangère à proposer et à défendre… 

    par Hadj Ahmed Bey 
  • Une autre police pour l’Algérie ?

    Michèle Alliot-Marie, la ministre des Affaires étrangères française, a proposé à l’Algérie et à la Tunisie d’établir une «coopération sécuritaire» pour permettre aux gouvernement de ces pays de faire face à leurs manifestants. La France, a-t-elle précisé, a une réputation de savoir faire mondial en la matière. Elle peut donc montrer à nos gouvernants comment neutraliser la colère de son peuple. Sarkozy rappelait à l’occasion du nouvel an combien son pays savait y faire, en évoquant la manière pacifique avec laquelle les grandes manifestations sur la retraite s’étaient déroulées. 
    Ce point de discours a fait l’objet d’un bêtisier – vraie spécialité hexagonale, celle-là – dans les télévisions françaises et des images ont été rediffusées sur les pneus brûlés et les routes crevées à l’occasion. Ne parlons donc pas des émeutes de banlieues qui sont récurrentes à Paris et dans de nombreuses autres villes, notre «amie» Michèle Alliot-Marie parait les avoir déjà oubliées. 
    Pendant que se déroule en Tunisie des manifestations dues à un problème de chômage affectant les jeunes diplômés, conséquence naturelle d’un pouvoir qui a su éduquer ses jeunes à un haut niveau, la presse française n’a d’yeux que pour l’Algérie, où elle croit savoir que le peuple est violemment sorti dans les rues, saccageant tout sur son passage, réclamant le départ des généraux et de la mafia corrompue qui s’est emparée des milliards du pétrole. Aussi bien, fait-elle des comparaisons entre les Maghrébins : la Tunisie est victime de son miracle économique, dont certains diplômés se sentent exclus, le Maroc de son développement impressionnant, malgré la persistance d’une certaine pauvreté dans quelques régions rurales, et l’Algérie de sa misère totale, de sa  mal vie, de son indépendance, de ses militaires, de sa bureaucratie et de Bouteflika. Sur France 5, un spécialiste de l’Algérie a déclaré que le peuple algérien a commencé à régresser en 1962 et depuis lors, sa descente en enfer n’arrête pas. 
    Cette «campagne» qui dure encore, entre en contradiction avec la proposition de la ministre qui veut nous faire bénéficier de la haute technicité française. Puisqu’il suffit de chasser le pouvoir, pour que l’Algérie devienne heureuse, pourquoi donc veut-elle l’aider à se maintenir en lui offrant les services de sa police ? Disons que tout cela est de bonne guerre. Le fait est que les dernières émeutes ont clairement montré des insuffisances au plan du maintien de l’ordre qu’il s’agirait de corriger. Car si les problèmes économiques ou politiques expliquent ces émeutes, elles ne doivent pas les justifier. 
    Que ceux qui se réjouissent tant de ce qui s’est passé et qui déjà appellent les généraux à intervenir pour restaurer l’Etat, comme le fait cet universitaire de Lyon ADDI Lahaouari – auteur d’une formule sur la «régression féconde» à défaut d’une œuvre – soient libres de le faire, cela participe de la diversité des opinions. Mais que ceux, comme les forces anti-émeutes, qui sont chargés de faire leur boulot le fassent aussi bien que possible. Pour que ceux, comme Michèle Alliot-Marie, ne viennent pas les insulter, et nous insulter tous avec, en proposant de le faire à leur place. Si rien ne ressemble à un policier autant qu’un autre policier, Madame doit savoir que les siens ne seraient pas reçus à Alger et ailleurs par des émeutiers armés de pierres – mais par tout à fait autre chose.
    Aissa Khelladi
    Le Jour d’Algérie, 13/1/2011
  • Le Makhzen-Mossad, très actifs en Algérie

    Société algéro-turque du fer : Le financier sous mandat de dépôt
    Quatre proches collaborateurs du PDG en fuite, le Franco-Israélo-Palestino-Algérien Messalha Saïd Youcef, de la société de récupération des déchets ferreux algéro-turque du Fer (ATF) ont été récemment placés sous mandat de dépôt par le juge d’instruction près le tribunal correctionnel de Annaba. Un d’entre eux, financier de son état, s’était autoproclamé liquidateur de ladite société. Sous cette qualité et bien qu’informé que le patrimoine de la société a été saisi dans sa totalité par le fisc, il a procédé à la vente de tous les biens mobiliers. 
    Selon nos sources, ces 4 personnes auraient agi à la demande de leur ancien patron. Avec l’aide des services spéciaux marocains et de complices algériens à nos frontières ouest, Messalha Saïd avait quitté clandestinement le territoire national à destination du Maroc au courant de l’été 2010. Il avait été condamné par défaut le 3 novembre 2010 par le tribunal criminel de Annaba à 20 ans de prison ferme, le paiement de 1,55 milliard de dinars, et 1 million de dinars d’amende pour fraude fiscale, fausses facturations et opposition au contrôle des impôts. C’est à partir de Oujda, la ville marocaine frontalière avec l’Algérie où il s’est installé sous la couverture des services spéciaux marocains, qu’il continue de braver les autorités algériennes.

    Avant sa fuite, cet homme qui «arrosait» en devises et en dinars des cadres algériens, dont de hauts fonctionnaires, était au coeur d’une formidable machine à financer les campagnes électorales de deux partis politiques algériens et d’un candidat indépendant à Annaba. Outre le salaire des agents formant le réseau de renseignements qu’il avait mis en place durant sa présence en Algérie de 1999 jusqu’à l’été 2010. Le produit des ventes devait servir à la création d’un autre réseau de renseignements ou la redynamisation de l’ancien. 
    Messalha agirait au profit du Makhzen marocain et son allié le Mossad israélien. Selon des sources judiciaires, interrogé par le juge d’instruction en charge de l’affaire sur la provenance des ordres qu’il recevait, le financier «liquidateur» aurait affirmé qu’il y avait beaucoup de monde mais qu’il ne pouvait citer aucun nom. Pour le reste, il aurait reconnu avec la minutie d’un comptable qu’il était le système mis en place pour vider la société de son contenu. 

    Une partie des sommes issues des ventes finissait dans ses poches et celles de ses 3 complices. Ce financier a été pendant des années un des principaux collaborateurs de Messalha Saïd Youcef. Il est à l’origine de la colère des travailleurs de ATF qui ont affirmé n’avoir pas perçu leurs salaires et indemnités de licenciement. Mal informés ou bien manipulés, ces derniers avaient pointé un doigt accusateur sur la direction locale des  impôts comme étant à l’origine de tous leurs déboires. Ce n’est pas le cas, puisque tout autant qu’eux, l’institution décentralisée du ministère des Finances est  également une victime des pratiques du patron d’ATF et de ses complices. C’est du reste ce qu’ont clairement souligné les responsables du même ministère lorsqu’ils ont affirmé que leur institution est en droit de saisir tous les biens d’un contribuable n’ayant pas réglé sa fiscalité définie par les lois de la République. 
    Apparemment, l’ancien patron d’ATF est resté à ce jour en étroite relation avec ses anciens «amis algériens». Nos sources évoquent des interventions de responsables algériens bien placés dans les rouages de nos administrations pour remettre sur rail le réseau qui s’est mis en veilleuse. Pas tellement, puisque les travailleurs sont harcelés par des manipulateurs pour «faire du bruit» devant le siège de la direction des impôts de la wilaya de Annaba et pourquoi pas… une émeute. C’est dire que cette affaire ATF n’est pas prête de s’achever et ce, bien que le principal mis en cause ait été condamné et qu’il soit en fuite. Pour ces mêmes sources, Messalha a de quoi faire «chanter» certains responsables et des élus locaux et nationaux ayant profité de ses bienfaits en monnaie sonnante et trébuchante. Il est même question d’implication d’un fonctionnaire du ministère de l’Intérieur et d’un imam. L’un comme l’autre auraient perçu de fortes sommes d’argent, séjours tous frais payés à l’étranger et autres cadeaux. 
    Lors de la perquisition effectuée au siège d’ATF, s’ils ont pris en charge les disques durs des microordinateurs, les enquêteurs n’ont pas pris la peine de s’intéresser aux registres et autres carnets de notes. Messalha y notait tous les mouvements de fonds qu’il était le seul à maîtriser dans sa nébuleuse société. C’est dans ces registres et carnets que sont indiqués les «dons» versés aux élus, fonctionnaires et cadres locaux et nationaux. Etonnante omission s’il en est qui démontre qu’en matière de corruption, la justice a rarement toutes les pièces en main. 
    A. Djabali
    La Nouvelle République, 13/1/2011