Mois : janvier 2011

  • Time : le top 10 des pays qui aspirent à l’indépendance

    Après le référendum au Soudan du sud, pour devenir une nation indépendante, le magazine Time a publié une liste dans laquelle il recopile dix autres territoires qui se battent pour leur indépendance. Parmi les peuples mentionnés se trouve le Sahara Occidental, le Pays Basque, l’Écosse, le Tibet ou le Kurdistan. La même publication assure que parmi ces territoires il y en a qui ont « des réclamations de liberté plus légitime que les autres. »

    Dans la liste du Time, l’ordre de citation est le suivant : en premier lieu en Écosse, suivie par le Pays basque, le Tibet, Ossétie du sud, du Kurdistan, du Québec, Sahara Occidental, la République de Cascadia, de Padania et la République de Second Vermont. Pour chaque cas ils ont dédié un petit texte descriptif des revendication et des circonstances de chaque peuple.

    Voici ce que le Time rapporte sur le Sahara Occidental :

    L’ancienne colonie espagnole est un territoire peu peuplé (moins de 500.000 personnes y vivent ) coincée entre la Mauritanie et le Maroc.  En 1979, le Maroc a annexé la totalité du Sahara occidental, en dépit des protestations d’un mouvement indépendantiste de longue date, dirigé par un groupe connu sous le Front Polisario.

    Dans les décennies qui suivirent, une importante présence militaire marocaine a gardé les colonnes de guérilleros du Polisario à distance; les sécessionnistes ne contrôlent qu’une bande de terre en grande partie inhabités dans l’est du Sahara occidental.

    A l’ONU de cessez-le-feu en 1991 met à table pour un référendum dans le pays, mais le vote n’a pas encore eu lieu, le Maroc déclarant catégoriquement qu’il garde sa souveraineté sur le territoire.

    Pourtant, de nombreux Sahraouis ethniques vivent dans de mauvaises conditions sous surveillance marocaine.

    En Novembre 2010, des émeutes dans un camp de 12.000 Sahraouis déplacés ont éclaté; les rapports prétendent qu’au moins une personne a été tuée par la répression marocaine qui s’en est suivi .

  • Novembre 1954 et la question sahraouie – Un même objectif : le droit à l’autodétermination

    L’Algérie a partout défendu le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Certes confortée par la Charte et les résolutions de l’ONU, sa position envers les mouvements de libération nationale, dont le Front Polisario, est dictée par sa propre histoire.

    La nature même de l’occupation française en Algérie, une colonisation de peuplement et d’assimilation, ainsi que la répression sanglante du 8 mai 1945, ont placé l’Algérie parmi les avant-gardistes de la décolonisation. Aux yeux du Tiers-monde, notre pays, engagé dans une guerre de libération nationale dure et âpre, symbolisait la lutte pour l’autodétermination des peuples. Loin d’être une parenthèse, ses positions anticolonialistes constituent la matrice de sa politique extérieure. Dans la Constitution de 1963, il est d’ailleurs clairement stipulé que la politique internationale de l’Algérie est basée notamment sur «le soutien effectif aux mouvements en lutte pour l’indépendance ou la libération de leur pays.» Par ailleurs, la loi fondamentale de 1989, ayant donné le coup d’envoi au pluralisme politique, soutient que l’Algérie «s’honore du rayonnement de sa Révolution du 1er Novembre et du respect que le pays a su acquérir et conserver en raison de son engagement pour toutes les causes justes dans le monde.» La même disposition est contenue dans la Constitution de 1996, qui réaffirme aussi que l’histoire de notre pays est «une longue chaîne de luttes qui ont fait de l’Algérie de toujours une terre de liberté et de dignité.» De plus, l’article 27 de cette Constitution précise que l’Algérie reste «solidaire de tous les peuples qui luttent pour la libération politique et économique, pour le droit à l’autodétermination et contre toute discrimination raciale». 

     
    Faut-il s’étonner de la position de l’Algérie en faveur du parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental, alors que l’ONU a inscrit ce territoire parmi «les territoires non autonomes» ? Faut-il s’étonner aussi des dernières déclarations de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, dans lesquelles il souligne que l’Algérie encourage la recherche d’une solution à la question du Sahara occidental «à même de permettre au peuple sahraoui de décider librement de son sort, conformément au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité» ?

    Aujourd’hui, l’Algérie comme les Nations unies et de nombreux pays membres de l’organisation onusienne souhaitent voir programmer un 5e round de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario, en vue d’une solution juste garantissant le droit du peuple sahraoui à travers un référendum d’autodétermination.

    Un protectorat confirmé par la conférence de Berlin

    Le Sahara occidental est un territoire d’une superficie de 266 000 km², qui est situé au nord-ouest de l’Afrique. Il est bordé au nord par le Maroc, au nord-est par l’Algérie et à l’est et au sud par la Mauritanie.

    En 1884, ce territoire a été colonisé par l’Espagne : le protectorat ibérique a été confirmé par la conférence de Berlin de 1884-1885. Dès le début des années 1960, l’ONU a demandé à l’Espagne de décoloniser ce territoire revendiqué par le Polisario dès sa création en mai 1973 et, avant lui, par le mouvement sahraoui de Bassiri. En 1974, l’Espagne s’est engagée à organiser l’année suivante un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Seulement, le contexte de la guerre froide et la crainte de la création d’un Etat sahraoui indépendant proche de «l’Algérie socialiste» ont représenté des prétextes pour les grandes puissances occidentales, qui ont contribué activement à reporter le scrutin dans l’ancienne colonie. Et ce, malgré la Déclaration 1514 de l’ONU relative à l’indépendance des peuples colonisés et coloniaux, l’avis de la Cour internationale de Justice et le rapport de la Mission onusienne. Une autre logique s’est alors installée fin 1975-début 1976, après le reniement espagnol et l’agression du territoire par le Maroc et la Mauritanie. 

     
    Le 27 février 1976, au lendemain du départ du dernier soldat espagnol du territoire, le Front Polisario a proclamé la naissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Cela n’a pas dissuadé les forces assaillantes à se retirer du territoire voisin. Bien au contraire, une guerre s’est déclenchée, opposant les armées des deux pays à l’armée sahraouie (ALPS). Cette guerre s’est poursuivie avec le Maroc, même après le retrait de la Mauritanie du conflit fratricide et la reconnaissance de la RASD par Nouakchott. Elle prendra fin en 1991, suite à un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l’ONU et l’adoption, par le Conseil de sécurité, d’un plan de règlement prévoyant la tenue du référendum en janvier 1992.

    Depuis ce temps-là, des pays occidentaux influents au Conseil de sécurité, à leur tête la France, ont tout fait pour imposer le fait accompli du royaume chérifien, allant jusqu’à élargir le corps électoral aux colons marocains, avant de se fixer sur «l’idée d’autonomie», pourtant problématique dans une monarchie moyenâgeuse.

    Prochaine bataille pour le renforcement du droit

    La preuve, de juin 2007 à mars 2008, l’organisation de quatre rounds de négociations directes entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Polisario, n’a débouché sur aucun résultat. Si ce n’est sur les tentatives de l’ex-envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Peter Van Walsum, d’exclure l’option d’indépendance, sous le prétexte du réalisme politique.

    Aujourd’hui, de nouvelles données se présentent dans l’affaire sahraouie. On citera, entre autres, la poursuite d’un nouveau cycle de négociations, dont la date demeure toujours inconnue, la nomination de l’Américain Christopher Ross, venu remplacer Van Walsum et le coup d’Etat perpétré en Mauritanie, pays observateur du processus de paix au Sahara occidental, au même titre que l’Algérie. Par ailleurs, la Commission de décolonisation de l’ONU a de nouveau réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Réagissant au contenu de la résolution, l’Algérie s’est félicitée de l’adoption du texte qui réaffirme sans équivoque la validité des résolutions précédentes de l’Assemblée générale (AG) sur la question du Sahara occidental, qui reposent toutes sur «les principes énoncés dans la Charte des Nations unies et la résolution 1514 (XV) du 14 septembre 1960 portant Déclaration sur l’Octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux». Elle a également appelé à la reprise du processus de négociations «sans conditions (et) dans les meilleurs délais», afin d’aboutir à une solution, juste et définitive, garantissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

    Comme on le voit, il existe un large consensus sur l’autodétermination de la dernière colonie en Afrique. Ce qui prouve, selon des juristes que «le droit doit l’emporter sur la force». Pour y parvenir, les partisans de la décolonisation, dont l’Algérie de Novembre 1954, doivent convaincre l’AG, en réunion jusqu’en décembre prochain, d’aborder le caractère illégal de l’occupation marocaine, ayant entraîné le pillage des richesses naturelles du Sahara occidental et les atteintes aux droits humains. Ils doivent mettre en avant la nécessité du droit international objectif, en vue de la reconnaissance de la RASD par l’ONU.

    Quant aux pourparlers maroco-sahraouis, il est clair que leur poursuite «sans condition préalable», voire même avec le retour du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, s’annonce d’ores et déjà comme la énième bataille. Une bataille où l’Algérie doit peser de tout son poids, pour déloger toute visée expansionniste dans la région.
    Z’hor Chérief

    Les Débats, 5-11/11/2008
  • Répression : le Maroc, juge et partie

    Dénoncé par la communauté internationale et après avoir refusé une enquête onusienne, le gouvernement marocain n’a pas trouvé de meilleur idée pour couvrir ses malfaits et chercher des excuses que d’envoyer une commission d’enquête constituée par des députés au parlement marocain pour enquêter sur le massacre de Gdeym Izik, le camp de toile installé par des citoyens sahraouis pour revendiquer leurs droits légitimes. Le rapport de la dite commission vient de voir la lumière.

    N’étant pas un rapport d’une commission indépendante ou d’une organisation internationale des droits de l’homme reconnue, il n’y avait aucune chance que la vérité sorte à la lumière. Quiconque tente de juger ses actes est voué à l’échec et à l’injustice. Il ne saurait en effet faire preuve d’impartialité. Son contenu n’est ni plus ni moins qu’une insulte à l’intelligence des autres, parce qu’on ne peut être juge et partie à la fois.

    Le makhzen cherche à créer un écran de fumée pour travestir la réalité, comme à son habitude. Quel résultat peut-on attendre dans un pays où tous les membres du gouvernement, les partis, la presse, se sont déjà prononcé pour condamner les sahraouis?

    La commission est formée par des parlementaires qui ne jouissent d’aucune liberté d’action ou de jugement, élus par des méthodes corrompues et représentant des partis corrompus à la merci du gouvernement sous prétexte d’un prétendu « consensus pour le Sahara » qui traîne depuis plus de 35 ans. Des parlementaires qui pour leur immense majorité ne doivent leur place au sein de cette institution que parce qu’ils ont usé de passe-droits, de l’influence de l’argent et du soutien des autorités à divers niveaux.

    Par conséquent, ces députés ne pourront produire qu’un rapport biaisé désignant quelques lampistes subalternes comme bouc émissaire de cette répression comme ce fut le cas lors de la terrible répression de Sidi Ifni en juin 2008.

    La ressemblance dans la manière de traiter les deux soulèvements est étonnante :

    – Les deux populations ont été accusées de lien avec le Polisario, alors qu’ils ne demandaient qu’un petit travail, un logement et une vie décente.

    – Le rapport dédouane les forces de sécurité des faits graves s’étant déroulés à Sidi Ifni et à El Aaiun et notamment la violence gratuite, l’atteinte à la dignité des citoyens. Ces mêmes forces qui se sont comportées comme des commandos appuyés par des hélicoptères contre des citoyens qui ne demandaient que du travail et de la dignité.

    – L’enquête de la commission a été précédée et accompagnée d’une vague d’arrestations sans précédent.  A El Aaiun, deux mois après, continue la chasse à ceux que les autorités marocaines accusent de « meneurs de la révolte ».

    Les courtisans du roi Mohamed VI n’ont pas oublié d’inclure dans leur rapport leur éternel recours : le terrorisme. Même les habitants de Sidi Ifni avaient été accusés, au début, de port et utilisation d’armes, ainsi que « d’agression contre les forces de l’ordre ».

    Le gouvernement marocain n’a pas conçu ce rapport pour le présenter à la communauté internationale mais pour diaboliser les sahraouis aux yeux du peuple marocain pour maintenir celui-ci muselé et prêt à s’en prendre à ses frères sahraouis.

  • Novembre 1954 et la question sahraouie – Un même objectif : le droit à l’autodétermination

    L’Algérie a partout défendu le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Certes confortée par la Charte et les résolutions de l’ONU, sa position envers les mouvements de libération nationale, dont le Front Polisario, est dictée par sa propre histoire.

    La nature même de l’occupation française en Algérie, une colonisation de peuplement et d’assimilation, ainsi que la répression sanglante du 8 mai 1945, ont placé l’Algérie parmi les avant-gardistes de la décolonisation. Aux yeux du Tiers-monde, notre pays, engagé dans une guerre de libération nationale dure et âpre, symbolisait la lutte pour l’autodétermination des peuples. Loin d’être une parenthèse, ses positions anticolonialistes constituent la matrice de sa politique extérieure. Dans la Constitution de 1963, il est d’ailleurs clairement stipulé que la politique internationale de l’Algérie est basée notamment sur «le soutien effectif aux mouvements en lutte pour l’indépendance ou la libération de leur pays.» Par ailleurs, la loi fondamentale de 1989, ayant donné le coup d’envoi au pluralisme politique, soutient que l’Algérie «s’honore du rayonnement de sa Révolution du 1er Novembre et du respect que le pays a su acquérir et conserver en raison de son engagement pour toutes les causes justes dans le monde.» La même disposition est contenue dans la Constitution de 1996, qui réaffirme aussi que l’histoire de notre pays est «une longue chaîne de luttes qui ont fait de l’Algérie de toujours une terre de liberté et de dignité.» De plus, l’article 27 de cette Constitution précise que l’Algérie reste «solidaire de tous les peuples qui luttent pour la libération politique et économique, pour le droit à l’autodétermination et contre toute discrimination raciale». 

     
    Faut-il s’étonner de la position de l’Algérie en faveur du parachèvement du processus de décolonisation au Sahara occidental, alors que l’ONU a inscrit ce territoire parmi «les territoires non autonomes» ? Faut-il s’étonner aussi des dernières déclarations de Mourad Medelci, ministre des Affaires étrangères, dans lesquelles il souligne que l’Algérie encourage la recherche d’une solution à la question du Sahara occidental «à même de permettre au peuple sahraoui de décider librement de son sort, conformément au droit international et aux résolutions du Conseil de sécurité» ?

    Aujourd’hui, l’Algérie comme les Nations unies et de nombreux pays membres de l’organisation onusienne souhaitent voir programmer un 5e round de négociations directes entre le Maroc et le Front Polisario, en vue d’une solution juste garantissant le droit du peuple sahraoui à travers un référendum d’autodétermination.

    Un protectorat confirmé par la conférence de Berlin

    Le Sahara occidental est un territoire d’une superficie de 266 000 km², qui est situé au nord-ouest de l’Afrique. Il est bordé au nord par le Maroc, au nord-est par l’Algérie et à l’est et au sud par la Mauritanie.

    En 1884, ce territoire a été colonisé par l’Espagne : le protectorat ibérique a été confirmé par la conférence de Berlin de 1884-1885. Dès le début des années 1960, l’ONU a demandé à l’Espagne de décoloniser ce territoire revendiqué par le Polisario dès sa création en mai 1973 et, avant lui, par le mouvement sahraoui de Bassiri. En 1974, l’Espagne s’est engagée à organiser l’année suivante un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui. Seulement, le contexte de la guerre froide et la crainte de la création d’un Etat sahraoui indépendant proche de «l’Algérie socialiste» ont représenté des prétextes pour les grandes puissances occidentales, qui ont contribué activement à reporter le scrutin dans l’ancienne colonie. Et ce, malgré la Déclaration 1514 de l’ONU relative à l’indépendance des peuples colonisés et coloniaux, l’avis de la Cour internationale de Justice et le rapport de la Mission onusienne. Une autre logique s’est alors installée fin 1975-début 1976, après le reniement espagnol et l’agression du territoire par le Maroc et la Mauritanie. 

     
    Le 27 février 1976, au lendemain du départ du dernier soldat espagnol du territoire, le Front Polisario a proclamé la naissance de la République arabe sahraouie démocratique (RASD). Cela n’a pas dissuadé les forces assaillantes à se retirer du territoire voisin. Bien au contraire, une guerre s’est déclenchée, opposant les armées des deux pays à l’armée sahraouie (ALPS). Cette guerre s’est poursuivie avec le Maroc, même après le retrait de la Mauritanie du conflit fratricide et la reconnaissance de la RASD par Nouakchott. Elle prendra fin en 1991, suite à un cessez-le-feu favorisé par la médiation de l’ONU et l’adoption, par le Conseil de sécurité, d’un plan de règlement prévoyant la tenue du référendum en janvier 1992.

    Depuis ce temps-là, des pays occidentaux influents au Conseil de sécurité, à leur tête la France, ont tout fait pour imposer le fait accompli du royaume chérifien, allant jusqu’à élargir le corps électoral aux colons marocains, avant de se fixer sur «l’idée d’autonomie», pourtant problématique dans une monarchie moyenâgeuse.

    Prochaine bataille pour le renforcement du droit

    La preuve, de juin 2007 à mars 2008, l’organisation de quatre rounds de négociations directes entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Polisario, n’a débouché sur aucun résultat. Si ce n’est sur les tentatives de l’ex-envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU, Peter Van Walsum, d’exclure l’option d’indépendance, sous le prétexte du réalisme politique.

    Aujourd’hui, de nouvelles données se présentent dans l’affaire sahraouie. On citera, entre autres, la poursuite d’un nouveau cycle de négociations, dont la date demeure toujours inconnue, la nomination de l’Américain Christopher Ross, venu remplacer Van Walsum et le coup d’Etat perpétré en Mauritanie, pays observateur du processus de paix au Sahara occidental, au même titre que l’Algérie. Par ailleurs, la Commission de décolonisation de l’ONU a de nouveau réaffirmé le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Réagissant au contenu de la résolution, l’Algérie s’est félicitée de l’adoption du texte qui réaffirme sans équivoque la validité des résolutions précédentes de l’Assemblée générale (AG) sur la question du Sahara occidental, qui reposent toutes sur «les principes énoncés dans la Charte des Nations unies et la résolution 1514 (XV) du 14 septembre 1960 portant Déclaration sur l’Octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux». Elle a également appelé à la reprise du processus de négociations «sans conditions (et) dans les meilleurs délais», afin d’aboutir à une solution, juste et définitive, garantissant le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui.

    Comme on le voit, il existe un large consensus sur l’autodétermination de la dernière colonie en Afrique. Ce qui prouve, selon des juristes que «le droit doit l’emporter sur la force». Pour y parvenir, les partisans de la décolonisation, dont l’Algérie de Novembre 1954, doivent convaincre l’AG, en réunion jusqu’en décembre prochain, d’aborder le caractère illégal de l’occupation marocaine, ayant entraîné le pillage des richesses naturelles du Sahara occidental et les atteintes aux droits humains. Ils doivent mettre en avant la nécessité du droit international objectif, en vue de la reconnaissance de la RASD par l’ONU.

    Quant aux pourparlers maroco-sahraouis, il est clair que leur poursuite «sans condition préalable», voire même avec le retour du droit des peuples à disposer d’eux-mêmes, s’annonce d’ores et déjà comme la énième bataille. Une bataille où l’Algérie doit peser de tout son poids, pour déloger toute visée expansionniste dans la région.
    Z’hor Chérief

    Les Débats, 5-11/11/2008
  • Répression : le Maroc, juge et partie

    Dénoncé par la communauté internationale et après avoir refusé une enquête onusienne, le gouvernement marocain n’a pas trouvé de meilleur idée pour couvrir ses malfaits et chercher des excuses que d’envoyer une commission d’enquête constituée par des députés au parlement marocain pour enquêter sur le massacre de Gdeym Izik, le camp de toile installé par des citoyens sahraouis pour revendiquer leurs droits légitimes. Le rapport de la dite commission vient de voir la lumière.

    N’étant pas un rapport d’une commission indépendante ou d’une organisation internationale des droits de l’homme reconnue, il n’y avait aucune chance que la vérité sorte à la lumière. Quiconque tente de juger ses actes est voué à l’échec et à l’injustice. Il ne saurait en effet faire preuve d’impartialité. Son contenu n’est ni plus ni moins qu’une insulte à l’intelligence des autres, parce qu’on ne peut être juge et partie à la fois.

    Le makhzen cherche à créer un écran de fumée pour travestir la réalité, comme à son habitude. Quel résultat peut-on attendre dans un pays où tous les membres du gouvernement, les partis, la presse, se sont déjà prononcé pour condamner les sahraouis?

    La commission est formée par des parlementaires qui ne jouissent d’aucune liberté d’action ou de jugement, élus par des méthodes corrompues et représentant des partis corrompus à la merci du gouvernement sous prétexte d’un prétendu « consensus pour le Sahara » qui traîne depuis plus de 35 ans. Des parlementaires qui pour leur immense majorité ne doivent leur place au sein de cette institution que parce qu’ils ont usé de passe-droits, de l’influence de l’argent et du soutien des autorités à divers niveaux.

    Par conséquent, ces députés ne pourront produire qu’un rapport biaisé désignant quelques lampistes subalternes comme bouc émissaire de cette répression comme ce fut le cas lors de la terrible répression de Sidi Ifni en juin 2008.

    La ressemblance dans la manière de traiter les deux soulèvements est étonnante :

    – Les deux populations ont été accusées de lien avec le Polisario, alors qu’ils ne demandaient qu’un petit travail, un logement et une vie décente.

    – Le rapport dédouane les forces de sécurité des faits graves s’étant déroulés à Sidi Ifni et à El Aaiun et notamment la violence gratuite, l’atteinte à la dignité des citoyens. Ces mêmes forces qui se sont comportées comme des commandos appuyés par des hélicoptères contre des citoyens qui ne demandaient que du travail et de la dignité.

    – L’enquête de la commission a été précédée et accompagnée d’une vague d’arrestations sans précédent.  A El Aaiun, deux mois après, continue la chasse à ceux que les autorités marocaines accusent de « meneurs de la révolte ».

    Les courtisans du roi Mohamed VI n’ont pas oublié d’inclure dans leur rapport leur éternel recours : le terrorisme. Même les habitants de Sidi Ifni avaient été accusés, au début, de port et utilisation d’armes, ainsi que « d’agression contre les forces de l’ordre ».

    Le gouvernement marocain n’a pas conçu ce rapport pour le présenter à la communauté internationale mais pour diaboliser les sahraouis aux yeux du peuple marocain pour maintenir celui-ci muselé et prêt à s’en prendre à ses frères sahraouis.

  • Sahara occidental : Une injustice qui s’éternise

    Dernièrement, de violentes émeutes ont éclaté à El Aiun, chef-lieu du Sahara occidental. Ces évènements d’une violence encore jamais vue, ont fait remonter à la surface de l’actualité l’histoire d’un vieux conflit oublié de tout le monde et ensablé dans les dunes du désert. 
     
    Ces évènements, de par leur ampleur et leurs conséquences, constituent une première dans cette région du nord de l’Afrique. L’analyse de la situation sur place, nous met dans la nécessité de procéder à un court flashback afin de pouvoir dresser un historique de ce conflit vieux de 40 ans. La virulente guerre médiatique à laquelle se livrent le Maroc et le front Polisario témoigne des enjeux géopolitiques de taille auxquels la région devrait faire face. Enfin une analyse raisonnable de ce qui vient de se passer à El Aiun, ne saurait se faire sans comprendre au préalable, les motifs réels qui animent ce conflit tragique datent de la guerre froide.

    Des accords rejetés par les Sahraouis

    Les récents affrontements entre population civile et forces marocaines de l’occupation (officiellement pour l’ONU le Maroc occupe toujours illégalement le Sahara occidental) ont fait la une des médias internationaux et ont suscité de vives réactions partout dans le monde. Pourtant, le conflit au Sahara occidental, est loin d’être récent. En effet, cette ex-colonie de l’Espagne, connue autrefois sous le nom du Sahara espagnol, figurait déjà en 1963 sur la liste des territoires n’ayant pas encore accédé à leur autodétermination. En 1975, alors que Franco agonise, l’Espagne signe à la hâte, un accord tripartite avec le Maroc et l’ensemble mauritanien. L’accord en question prévoit notamment la répartition dudit territoire d’une superficie de 266 000 km² entre le Maroc (les deux tiers au nord) et la Mauritanie (le tiers situé au sud).
    En contrepartie, l’Espagne était assurée du maintien de ses intérêts économiques dans la province. Ces accords, signés en l’absence de toute forme de consultation avec les populations locales, ou avec le front Polisario [1], sont immédiatement rejetés par les Sahraouis déjà en guerre contre les espagnols.
    Le Polisario mènera par la suite, durant plusieurs années une violente insurrection contre les nouveaux occupants. La guérilla sahraouie accumule triomphes et succès militaires et inflige de sévères défaites aussi bien aux Marocains qu’aux Mauritaniens : de lourdes pertes sont à déplorer dans les rangs des deux armées. Affaiblie par le coût de la guerre et en proie à de fortes perturbations internes, la Mauritanie se retire du conflit en 1979 et reconnaît la RASD (République arabe sahraouie démocratique) autoproclamée par le Polisario en février 1976.
    Elle abandonne également la partie du territoire qui lui a été allouée par les accords de Madrid de 1975, que le Maroc annexe aussitôt. La guerre au Sahara occidental prend fin en 1991, après la signature d’un accord de cessez-le-feu entre les deux partis en guerre, en attendant l’organisation par l’ONU d’un référendum d’autodétermination sous quelques mois.
    L’afflux incessant de Marocains venus s’installer au Sahara, et la politique de forte colonisation qu’entreprend le Maroc, finit par faire capoter le référendum en question. La région entre alors dans une situation de blocage total où tous les partis campent sur leurs positions respectives. Plusieurs envoyés spéciaux du secrétaire général de l’ONU tentent en vain de débloquer la situation, sans grand succès.

    Invasion militaire et blocus

    Depuis l’invasion militaire du Sahara occidental par le Maroc, le régime autocratique de Rabat y impose une sévère politique de blocus sécuritaire et médiatique. Presse internationale, ONG, de même que les organismes de défense des droits de l’homme sont interdits de se rendre dans les territoires occupés. Nombreuses sont les résolutions onusiennes qui condamnent et exigent le retrait immédiat du Maroc de ce territoire non-autonome.
    Nombreuses sont également celles qui réaffirment le droit indivisible du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, en conformité avec le droit et la légalité internationale, comme le stipule la résolution 1514 de 1960. Le Maroc accepte dans un premier temps l’organisation d’un référendum lors du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) tenu à Nairobi en 1982. Depuis, la position marocaine oscille entre acceptation conditionnelle et refus catégorique. En 2006 Rabat annonce une proposition unilatérale d’autonomie élargie au Sahara. L’initiative marocaine, refusée par le Polisario, est considérée comme une tentative de contourner la légalité internationale. Sans pour autant adopter la proposition marocaine, les Nations unies appellent les deux partis à entamer des pourparlers directs afin d’arriver à une solution pacifique et durable de ce conflit, l’un des plus vieux d’Afrique, sinon du monde.

    Une politique de colonisation

    Dans la situation de blocage qui règne au Sahara, le Maroc poursuit sa politique enfiévrée de répression, de colonisation et du fait accompli. Le pays est entré, depuis son invasion militaire de ce territoire en 1975, dans une véritable course contre la montre pour provoquer un profond déséquilibre démographique, dans la province revendiquée par le front Polisario. Le régime autoritaire monarchique marocain met en place un large système de privilèges économiques et d’exonération fiscale, en vue d’inciter les citoyens marocains à s’y installer massivement.
    Dans son différend qui l’oppose au peuple sahraoui, désarmé et pacifiste, le régime monarchique marocain est épaulé des grandes puissances impériales et coloniales occidentales, tout comme il bénéficie également de l’inconditionnel soutien financier en masse des États réactionnaires du pétrodollar. S’il n’est tellement pas difficile de comprendre l’alignement systématique des États arabes sur les positions marocaines -s’agissant surtout et avant tout de rassemblement solidaires d’États non démocratiques et de régimes corrompus qui se ressemblent tous ou presque- on a en revanche, toutes les peines du monde à comprendre les secrets du scandaleux silence des pays démocratiques et de leur désintérêt total vis-à-vis de ce qui se passe au Sahara occidentale.
    Par leur soutien incessant au Maroc, qui est en vérité plus une complicité qu’un soutien, les pays européens se rendent aussi d’une manière ou d’une autre, responsables de l’injustice qui s’éternise au Sahara occidental.

    Le rôle trouble de la France

    Le 17 novembre 2010 la France empêche, en menaçant d’y opposer son veto, l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un projet de résolution, qui prévoit l’envoi sur place d’une commission internationale d’enquête, sur les sanglants évènements du campement de Gdim Izik à El Aiun, la capitale du Sahara occidental. Sur 15 pays membres du Conseil de sécurité, seule la France a voté contre. Le veto français, en même temps qu’il anéantit l’aspiration des sahraouis à la justice et à la vérité, détruit le peu de confiance dont le pays jouit parmi la communauté internationale, et constitue un feu vert pour le Maroc, dans sa politique d’oppression et de répression, qui perdure depuis bientôt quatre décennies. Il faut dire que la position de la France est essentiellement dictée par des intérêts d’ordre économiques.
    Les Sahraouis assistent aujourd’hui impuissants, aux exactions les plus graves, commises en toute impunité, à leur encontre par le Maroc. L’amertume et la désolation remplissent leurs cœurs en voyant le désintérêt international total auquel ils sont délaissés. Abandonnés dans leur combat inégal contre un régime répressif, les Sahraouis ont voulu faire part au monde du calvaire dans lequel ils vivent, en se regroupant dans un campement aux alentours de la ville d’El Aiun.

    Le campement d’El Aiun

    L’idée du campement est bien évidemment pleine de significations et fait allusion à la situation inhumaine dans laquelle vivent, depuis 1975 des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en Algérie.
    Le camp installé à l’improviste en guise de protestation contre les violations graves des droits politiques, socioéconomiques et des droits de l’homme commises par l’État marocain, s’est vite transformé en un gigantesque rassemblement populaire regroupant plus de 25000 sahraouis. Le politique et le social se chevauchent et s’entremêlent dans un climat de censure, de blocus et d’embargo total.
    L’État marocain, dont l’appareil répressif est connu sous le nom du Makhzen (appareil vieux de plusieurs siècles et réputé pour être une école de choix dans la torture et les enlèvements), ne ménage pas ses efforts pour dissoudre le mouvement de protestation qui gagne jour après jour en ampleur et en soutiens internationaux. Le ministre marocain de l’Intérieur rencontre le 4 novembre 2010 un comité qui représente les habitants du campement et leur promet une solution rapide : des logements et des emplois allaient leur être accordés affirmait-il.
    Le 8 novembre2010, un mois jour pour jour après la mise en place dudit campement, les forces d’occupation (armée, police, gendarmes, forces auxiliaires, services secrets, etc.) donnent l’assaut sur les civils sahraouis installés dans plus de 8 000 tentes. Les forces marocaines, mettent le feu au campement et entrent en confrontation directe avec les jeunes, les femmes et enfants, la répression est sauvage et le constat est alarmant. L’attaque sanglante des forces d’occupation fait plusieurs morts [2], des centaines de blessés graves dont la majorité ne peut accéder aux soins médicaux de peur d’être arrêtés et des centaines de disparus – 65 arrestations selon la version officielle marocaine, plus de 2000 disparus selon le Front Polisario, environ 800 d’après les services de renseignements espagnols.

    Des violences sans précédent

    Quelques minutes plus tard, éclatent dans les rues d’El Aiun de violentes émeutes opposant les forces marocaines aux jeunes Sahraouis en colère. Les affrontements sont d’une violence encore jamais vue auparavant dans la ville occupée. Plusieurs dizaines d’établissements publics et privés, de véhicules et de magasins sont incendiés. El Aiun devient une ville fantôme. Une fiévreuse chasse à l’homme est lancée juste après : les arrestations se chiffrent par centaines, le couvre-feu est annoncé, les coups de la répression se déchaînent avec rage.
    Les évènements sanglants qui ont secoué la capitale occupée du Sahara occidental, représentent l’éclatement d’une situation politique et sociale grave et tendue, qui menaçait d’exploser à tout moment à cause de la répression marocaine qui sévit dans cette région depuis son annexion par la force, en 1975. Ces évènements violents sont aussi le résultat de la politique prônée par le régime tyrannique de la monarchie : politique de favoritisme, de discrimination et de marginalisation.
    Les Sahraouis, simples citoyens comme chefs militaires et décideurs politiques se trouvent aujourd’hui confrontés à des choix difficiles : faire abstraction des crimes que commet l’occupant marocain au jour le jour, ou s’engager dans la lutte armée, devenue une revendication des masses populaires sahraouies. Le risque est de voir de nouveau s’engouffrer la région dans le collimateur de la violence.
    Aujourd’hui, le rôle des militants révolutionnaires, marocains comme sahraouis, est de lutter contre la fièvre raciste que les deux forces antagonistes (pouvoir marocain et indépendantistes) nourrissent et de soutenir un projet démocratique et pacifiste. Des militants communistes libertaires marocains et sahraouis
    Le nombre exact est encore inconnu à cause de la censure médiatique imposée par le régime monarchique de Rabat qui parle de deux civils tués et de 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre, chiffres à prendre avec modération.
     
    [1] Mouvement de libération armée dans l’ex-colonie espagnole, fondé en 1973 par El Ouali Mostapha Sayed
    [2] Le nombre exact est encore inconnu à cause de la censure médiatique imposée par le régime monarchique de Rabat qui parle de deux civils tués et de 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre, chiffres à prendre avec modération.
  • Tunisie: fin d’une dictature?

    Ben Ali cède-t-il vraiment?!
     
    En effet, bien avoir fait de belles promesses dans son dernier discours, d’avoir organisé une manifestation de joie par ses partisans, (entendre les coups de klaxons…sic!), d’avoir baisser les prix des produits nécessaires de base, d’avoir mis en veille son dispositif de censure et de ne pas se représenter en 2014, Ben Ali sait très bien que la démocratie ne s’installe pas aussi facilement que ça.
    Première chose, libérer les dissidents. Laisser l’information se diffuser correctement (car actuellement, c’est la gabgie totale), ceci de façon à ce que les gens puissent s’exprimer et laisser ainsi des partis se former. Puis organiser des élections populaires afin que les citoyens puissent choisir leur parti et que ce dernier devienne représentatif au sein d’un gouvernement nouvellement créé. Avoir une cour de justice indépendante de l’Etat.
    Ce sera un long apprentissage de la démocratie à un peuple a subi la dictature depuis sa décolonisation. Si ce serait aussi facile que cela, ça se saurait! l’Europe en fait la douloureuse expérience.
    La démocratie n’est pas comme un robinet qu’on ouvre et l’eau qui en coule en fait automatiquement un état démocratique et ça, Ben Ali le sait très bien, lui qui n’a supporté aucune contradiction, quelle qu’elle soit.
    Créer 300’000 postes d’emploi comme ça, d’un coup de baguette magique, il faudra qu’il donne la recette aux différents pays plongés dans la crise actuelle.
    Bref, je ne sais que trop penser de ces paroles réconfortantes d’un dictateur qui a fait pété sa loi pendant presque 30 ans.
    Il est vrai qu’aux yeux de la face du monde, déployer un dispositif policier et militaire contre une foule non armée, ça la mettait un peu mal au yeux du monde.
    Et de penser à cette phrase d’un jeune plein de bon sens «Il va encore nous niquer, c’est sûr!»
    Mais je garde l’espoir que le peuple tunisien va trouver la voie d’une politique démocratique. Zine el-Abidine Ben Ali a 74 ans et a mis suffisamment d’argent de côté pour ses vieux jours. Selon ses dires, il lui restera 3 ans pour redorer son blason et sortir du poste de dictateur en toute beauté. Rien à voir avec un Saddam Hussein ou un Nicolae Ceauşescu.
    Quant au «rempart» contre le fondamentalisme, de citer ce professeur tunisien entendu hier, «Vous avez votre extrême-droite, laissez-nous nous occuper de nos fondamentalistes!»
    Et toc!
  • Sahara occidental : Une injustice qui s’éternise

    Dernièrement, de violentes émeutes ont éclaté à El Aiun, chef-lieu du Sahara occidental. Ces évènements d’une violence encore jamais vue, ont fait remonter à la surface de l’actualité l’histoire d’un vieux conflit oublié de tout le monde et ensablé dans les dunes du désert. 
     
    Ces évènements, de par leur ampleur et leurs conséquences, constituent une première dans cette région du nord de l’Afrique. L’analyse de la situation sur place, nous met dans la nécessité de procéder à un court flashback afin de pouvoir dresser un historique de ce conflit vieux de 40 ans. La virulente guerre médiatique à laquelle se livrent le Maroc et le front Polisario témoigne des enjeux géopolitiques de taille auxquels la région devrait faire face. Enfin une analyse raisonnable de ce qui vient de se passer à El Aiun, ne saurait se faire sans comprendre au préalable, les motifs réels qui animent ce conflit tragique datent de la guerre froide.

    Des accords rejetés par les Sahraouis

    Les récents affrontements entre population civile et forces marocaines de l’occupation (officiellement pour l’ONU le Maroc occupe toujours illégalement le Sahara occidental) ont fait la une des médias internationaux et ont suscité de vives réactions partout dans le monde. Pourtant, le conflit au Sahara occidental, est loin d’être récent. En effet, cette ex-colonie de l’Espagne, connue autrefois sous le nom du Sahara espagnol, figurait déjà en 1963 sur la liste des territoires n’ayant pas encore accédé à leur autodétermination. En 1975, alors que Franco agonise, l’Espagne signe à la hâte, un accord tripartite avec le Maroc et l’ensemble mauritanien. L’accord en question prévoit notamment la répartition dudit territoire d’une superficie de 266 000 km² entre le Maroc (les deux tiers au nord) et la Mauritanie (le tiers situé au sud).
    En contrepartie, l’Espagne était assurée du maintien de ses intérêts économiques dans la province. Ces accords, signés en l’absence de toute forme de consultation avec les populations locales, ou avec le front Polisario [1], sont immédiatement rejetés par les Sahraouis déjà en guerre contre les espagnols.
    Le Polisario mènera par la suite, durant plusieurs années une violente insurrection contre les nouveaux occupants. La guérilla sahraouie accumule triomphes et succès militaires et inflige de sévères défaites aussi bien aux Marocains qu’aux Mauritaniens : de lourdes pertes sont à déplorer dans les rangs des deux armées. Affaiblie par le coût de la guerre et en proie à de fortes perturbations internes, la Mauritanie se retire du conflit en 1979 et reconnaît la RASD (République arabe sahraouie démocratique) autoproclamée par le Polisario en février 1976.
    Elle abandonne également la partie du territoire qui lui a été allouée par les accords de Madrid de 1975, que le Maroc annexe aussitôt. La guerre au Sahara occidental prend fin en 1991, après la signature d’un accord de cessez-le-feu entre les deux partis en guerre, en attendant l’organisation par l’ONU d’un référendum d’autodétermination sous quelques mois.
    L’afflux incessant de Marocains venus s’installer au Sahara, et la politique de forte colonisation qu’entreprend le Maroc, finit par faire capoter le référendum en question. La région entre alors dans une situation de blocage total où tous les partis campent sur leurs positions respectives. Plusieurs envoyés spéciaux du secrétaire général de l’ONU tentent en vain de débloquer la situation, sans grand succès.

    Invasion militaire et blocus

    Depuis l’invasion militaire du Sahara occidental par le Maroc, le régime autocratique de Rabat y impose une sévère politique de blocus sécuritaire et médiatique. Presse internationale, ONG, de même que les organismes de défense des droits de l’homme sont interdits de se rendre dans les territoires occupés. Nombreuses sont les résolutions onusiennes qui condamnent et exigent le retrait immédiat du Maroc de ce territoire non-autonome.
    Nombreuses sont également celles qui réaffirment le droit indivisible du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance, en conformité avec le droit et la légalité internationale, comme le stipule la résolution 1514 de 1960. Le Maroc accepte dans un premier temps l’organisation d’un référendum lors du sommet de l’Organisation de l’unité africaine (OUA) tenu à Nairobi en 1982. Depuis, la position marocaine oscille entre acceptation conditionnelle et refus catégorique. En 2006 Rabat annonce une proposition unilatérale d’autonomie élargie au Sahara. L’initiative marocaine, refusée par le Polisario, est considérée comme une tentative de contourner la légalité internationale. Sans pour autant adopter la proposition marocaine, les Nations unies appellent les deux partis à entamer des pourparlers directs afin d’arriver à une solution pacifique et durable de ce conflit, l’un des plus vieux d’Afrique, sinon du monde.

    Une politique de colonisation

    Dans la situation de blocage qui règne au Sahara, le Maroc poursuit sa politique enfiévrée de répression, de colonisation et du fait accompli. Le pays est entré, depuis son invasion militaire de ce territoire en 1975, dans une véritable course contre la montre pour provoquer un profond déséquilibre démographique, dans la province revendiquée par le front Polisario. Le régime autoritaire monarchique marocain met en place un large système de privilèges économiques et d’exonération fiscale, en vue d’inciter les citoyens marocains à s’y installer massivement.
    Dans son différend qui l’oppose au peuple sahraoui, désarmé et pacifiste, le régime monarchique marocain est épaulé des grandes puissances impériales et coloniales occidentales, tout comme il bénéficie également de l’inconditionnel soutien financier en masse des États réactionnaires du pétrodollar. S’il n’est tellement pas difficile de comprendre l’alignement systématique des États arabes sur les positions marocaines -s’agissant surtout et avant tout de rassemblement solidaires d’États non démocratiques et de régimes corrompus qui se ressemblent tous ou presque- on a en revanche, toutes les peines du monde à comprendre les secrets du scandaleux silence des pays démocratiques et de leur désintérêt total vis-à-vis de ce qui se passe au Sahara occidentale.
    Par leur soutien incessant au Maroc, qui est en vérité plus une complicité qu’un soutien, les pays européens se rendent aussi d’une manière ou d’une autre, responsables de l’injustice qui s’éternise au Sahara occidental.

    Le rôle trouble de la France

    Le 17 novembre 2010 la France empêche, en menaçant d’y opposer son veto, l’adoption par le Conseil de sécurité de l’ONU d’un projet de résolution, qui prévoit l’envoi sur place d’une commission internationale d’enquête, sur les sanglants évènements du campement de Gdim Izik à El Aiun, la capitale du Sahara occidental. Sur 15 pays membres du Conseil de sécurité, seule la France a voté contre. Le veto français, en même temps qu’il anéantit l’aspiration des sahraouis à la justice et à la vérité, détruit le peu de confiance dont le pays jouit parmi la communauté internationale, et constitue un feu vert pour le Maroc, dans sa politique d’oppression et de répression, qui perdure depuis bientôt quatre décennies. Il faut dire que la position de la France est essentiellement dictée par des intérêts d’ordre économiques.
    Les Sahraouis assistent aujourd’hui impuissants, aux exactions les plus graves, commises en toute impunité, à leur encontre par le Maroc. L’amertume et la désolation remplissent leurs cœurs en voyant le désintérêt international total auquel ils sont délaissés. Abandonnés dans leur combat inégal contre un régime répressif, les Sahraouis ont voulu faire part au monde du calvaire dans lequel ils vivent, en se regroupant dans un campement aux alentours de la ville d’El Aiun.

    Le campement d’El Aiun

    L’idée du campement est bien évidemment pleine de significations et fait allusion à la situation inhumaine dans laquelle vivent, depuis 1975 des dizaines de milliers de réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en Algérie.
    Le camp installé à l’improviste en guise de protestation contre les violations graves des droits politiques, socioéconomiques et des droits de l’homme commises par l’État marocain, s’est vite transformé en un gigantesque rassemblement populaire regroupant plus de 25000 sahraouis. Le politique et le social se chevauchent et s’entremêlent dans un climat de censure, de blocus et d’embargo total.
    L’État marocain, dont l’appareil répressif est connu sous le nom du Makhzen (appareil vieux de plusieurs siècles et réputé pour être une école de choix dans la torture et les enlèvements), ne ménage pas ses efforts pour dissoudre le mouvement de protestation qui gagne jour après jour en ampleur et en soutiens internationaux. Le ministre marocain de l’Intérieur rencontre le 4 novembre 2010 un comité qui représente les habitants du campement et leur promet une solution rapide : des logements et des emplois allaient leur être accordés affirmait-il.
    Le 8 novembre2010, un mois jour pour jour après la mise en place dudit campement, les forces d’occupation (armée, police, gendarmes, forces auxiliaires, services secrets, etc.) donnent l’assaut sur les civils sahraouis installés dans plus de 8 000 tentes. Les forces marocaines, mettent le feu au campement et entrent en confrontation directe avec les jeunes, les femmes et enfants, la répression est sauvage et le constat est alarmant. L’attaque sanglante des forces d’occupation fait plusieurs morts [2], des centaines de blessés graves dont la majorité ne peut accéder aux soins médicaux de peur d’être arrêtés et des centaines de disparus – 65 arrestations selon la version officielle marocaine, plus de 2000 disparus selon le Front Polisario, environ 800 d’après les services de renseignements espagnols.

    Des violences sans précédent

    Quelques minutes plus tard, éclatent dans les rues d’El Aiun de violentes émeutes opposant les forces marocaines aux jeunes Sahraouis en colère. Les affrontements sont d’une violence encore jamais vue auparavant dans la ville occupée. Plusieurs dizaines d’établissements publics et privés, de véhicules et de magasins sont incendiés. El Aiun devient une ville fantôme. Une fiévreuse chasse à l’homme est lancée juste après : les arrestations se chiffrent par centaines, le couvre-feu est annoncé, les coups de la répression se déchaînent avec rage.
    Les évènements sanglants qui ont secoué la capitale occupée du Sahara occidental, représentent l’éclatement d’une situation politique et sociale grave et tendue, qui menaçait d’exploser à tout moment à cause de la répression marocaine qui sévit dans cette région depuis son annexion par la force, en 1975. Ces évènements violents sont aussi le résultat de la politique prônée par le régime tyrannique de la monarchie : politique de favoritisme, de discrimination et de marginalisation.
    Les Sahraouis, simples citoyens comme chefs militaires et décideurs politiques se trouvent aujourd’hui confrontés à des choix difficiles : faire abstraction des crimes que commet l’occupant marocain au jour le jour, ou s’engager dans la lutte armée, devenue une revendication des masses populaires sahraouies. Le risque est de voir de nouveau s’engouffrer la région dans le collimateur de la violence.
    Aujourd’hui, le rôle des militants révolutionnaires, marocains comme sahraouis, est de lutter contre la fièvre raciste que les deux forces antagonistes (pouvoir marocain et indépendantistes) nourrissent et de soutenir un projet démocratique et pacifiste. Des militants communistes libertaires marocains et sahraouis
    Le nombre exact est encore inconnu à cause de la censure médiatique imposée par le régime monarchique de Rabat qui parle de deux civils tués et de 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre, chiffres à prendre avec modération.
     
    [1] Mouvement de libération armée dans l’ex-colonie espagnole, fondé en 1973 par El Ouali Mostapha Sayed
    [2] Le nombre exact est encore inconnu à cause de la censure médiatique imposée par le régime monarchique de Rabat qui parle de deux civils tués et de 11 morts dans les rangs des forces de l’ordre, chiffres à prendre avec modération.
  • Tunisie: fin d’une dictature?

    Ben Ali cède-t-il vraiment?!
     
    En effet, bien avoir fait de belles promesses dans son dernier discours, d’avoir organisé une manifestation de joie par ses partisans, (entendre les coups de klaxons…sic!), d’avoir baisser les prix des produits nécessaires de base, d’avoir mis en veille son dispositif de censure et de ne pas se représenter en 2014, Ben Ali sait très bien que la démocratie ne s’installe pas aussi facilement que ça.
    Première chose, libérer les dissidents. Laisser l’information se diffuser correctement (car actuellement, c’est la gabgie totale), ceci de façon à ce que les gens puissent s’exprimer et laisser ainsi des partis se former. Puis organiser des élections populaires afin que les citoyens puissent choisir leur parti et que ce dernier devienne représentatif au sein d’un gouvernement nouvellement créé. Avoir une cour de justice indépendante de l’Etat.
    Ce sera un long apprentissage de la démocratie à un peuple a subi la dictature depuis sa décolonisation. Si ce serait aussi facile que cela, ça se saurait! l’Europe en fait la douloureuse expérience.
    La démocratie n’est pas comme un robinet qu’on ouvre et l’eau qui en coule en fait automatiquement un état démocratique et ça, Ben Ali le sait très bien, lui qui n’a supporté aucune contradiction, quelle qu’elle soit.
    Créer 300’000 postes d’emploi comme ça, d’un coup de baguette magique, il faudra qu’il donne la recette aux différents pays plongés dans la crise actuelle.
    Bref, je ne sais que trop penser de ces paroles réconfortantes d’un dictateur qui a fait pété sa loi pendant presque 30 ans.
    Il est vrai qu’aux yeux de la face du monde, déployer un dispositif policier et militaire contre une foule non armée, ça la mettait un peu mal au yeux du monde.
    Et de penser à cette phrase d’un jeune plein de bon sens «Il va encore nous niquer, c’est sûr!»
    Mais je garde l’espoir que le peuple tunisien va trouver la voie d’une politique démocratique. Zine el-Abidine Ben Ali a 74 ans et a mis suffisamment d’argent de côté pour ses vieux jours. Selon ses dires, il lui restera 3 ans pour redorer son blason et sortir du poste de dictateur en toute beauté. Rien à voir avec un Saddam Hussein ou un Nicolae Ceauşescu.
    Quant au «rempart» contre le fondamentalisme, de citer ce professeur tunisien entendu hier, «Vous avez votre extrême-droite, laissez-nous nous occuper de nos fondamentalistes!»
    Et toc!
  • Entretien exclusif avec le Dr. Mohamed Mahmoud Ould Mah

    En exclusivité pour Nouakchott Info à l’occasion du cinquantenaire de notre Indépendance nationale, le Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah, témoin de l’histoire contemporaine de la Mauritanie dont il a été et reste un acteur incontournable, revient sur les tenants et les aboutissants de cette colonisation, mais aussi sur ce que nous, Mauritaniens, avons fait de notre Indépendance et comment avons-nous réfléchi à ce qui nous attend.
    Faut-il rappeler qu’avant de créer l’Union Populaire Sociale Démocrate (UPSD) dès les premières heures de la démocratisation de la vie politique dans notre pays, parti dont il est le Secrétaire Général, le Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah a occupé les fonctions de Directeur du Budget, de Directeur du Trésor et de la Comptabilité publique, de Directeur Général de la Sonimex, de Contrôleur financier de la Mauritanie, de Contrôleur d’Etat, de Professeur à l’Université à Nouakchott. Mieux, le Dr Ould Mah aura été le premier maire élu en 1986, de la capitale Nouakchott. Entretien …
    Nouakchott Info: De mémoire de Mauritanien ayant vécu la décolonisation, l’indépendance nationale et participé à la naissance et à l’évolution politique, sociale et économique du pays, quelles sont, selon vous, les causes de la colonisation de la Mauritanie?
    Dr Mohamed Mahmoud Ould Mah: En pleine industrialisation dont disait Adam Smith qu’elle est la « richesse des nations », les puissances coloniales se sont ruées vers les colonies. Trois raisons principales ont présidé à la colonisation de notre pays comme d’ailleurs à celle de toute l’Afrique; nous dirions même à toute colonisation: la recherche de matières premières bon marché pour les usines du Nord; la recherche de marchés pour l’écoulement des produits finis et enfin l’extension de la civilisation judéo-chrétienne à des peuples appartenant à d’autres civilisations. En effet, le colonisateur est venu à la recherche de matières premières bon marché pour les usines du Nord. Aujourd’hui, après 50 années d’indépendance, les matières premières sont bon marché, car leurs prix sont déterminés par les acheteurs (les anciens colonisateurs) dans des bourses de commerce installées dans les pays du Nord, à Chicago, New York, Londres, Paris, etc. et les pays anciennement colonisés sont victimes de ce que certains auteurs appellent la détérioration séculaire des termes de l’échange: pour acquérir un bien industriel, le cultivateur ou l’Etat africain minéralier, doit fournir une quantité de produis agricoles ou miniers toujours plus grande pour l’obtention du même bien industriel, surtout quand on se rappelle qu’un bien industriel est renouvelable alors que la quantité de matières premières, minerai par exemple, doit venir en déduction d’un stock national condamné à l’épuisement.

    Ainsi, l’industrialisation de la fin du 19ème siècle et du début du 20ème siècle a créé une forte concurrence entre les puissances coloniales condamnées à chercher des marchés d’écoulement pour les produits finis.

    Victimes d’une mondialisation débridée, les Etats anciennement colonisés, ne produisant rien, sont devenus des consommateurs universels. En effet, la mondialisation est une intégration économique de tous les pays; les économies sont ouvertes à la concurrence et il est formellement interdit aux pays anciennement colonisés de protéger leurs industries naissantes, cheminement incontournable vers l’industrialisation, et par lequel tous les pays industrialisés du Nord sont passés.
    En invitant le monde à une intégration économique sans possibilité pour les petits pays de se protéger, les grandes puissances du Nord s’inscrivent en porte à faux contre les enseignements de leurs manuels prodigués sur les bancs de leurs universités: les pays candidats à une intégration économique doivent satisfaire au moins à deux critères: avoir un même niveau de développement économique (sinon le grand pays absorbe le petit); et avoir un minimum d’intégration politique, car des pays décidés à mener en commun la même politique économique, ne peuvent avoir des politiques opposées. Il est vrai que depuis l’avènement de la mondialisation, ces enseignements relatifs à l’intégration économique ont disparu des programmes dont ils assuraient pourtant la crédibilité. Pour prendre un exemple plus pratique, c’est comme si on venait à supprimer les règles régissant la boxe, c’est-à-dire les catégories. Un match de boxe opposant un poids lourd à un gringalet de 50 kg n’intéresse personne, car l’issue est connue d’avance. De même, l’issue de la mondialisation est déjà vécue par les petits pays anciennement colonisés devenus de plus en plus pauvres pendant que les pays riches s’enrichissent davantage.
    Théoriquement, il ne nous est pas interdit de fabriquer un produit fini, mais l’importation de la matière première qui entre dans la fabrication de ce produit fini nous coûtera cher, car les institutions monétaires internationales (instruments du Nouvel Ordre Mondial) poussent les monnaies du Sud à des dévaluations successives, si bien que le produit fini revient plus cher que le même produit fabriqué dans les pays du Nord. Ajoutez à cela l’impossibilité de le protéger (OMC oblige, autre instrument du Nouvel ordre mondial) et la préférence psychologique des anciens colonisés pour les produits du Nord au détriment de ce qui est produit localement.

    S’agissant de l’Afrique, elle est complètement déconnectée de cette mondialisation. Larguée, elle s’enfonce profondément dans des conflits interethniques issus des lignes de partages coloniaux appelées frontières «qui ont rapproché ceux que tout sépare et éloigné ceux que tout rapproche».

    S’agissant de l’extension de la civilisation judéo-chrétienne, elle est aujourd’hui le fait d’institutions multinationales: World Vision, Caritas, etc; (ce n’est plus un curé accompagnant l’administrateur colonial.) qui travaillent en collaboration avec les missions diplomatiques, les organismes internationaux surtout les représentations du Système des Nations Unies. C’est ainsi que chez nous, la distribution du Programme alimentaire mondial (PAM) est confiée à World Vision. On ne peut mieux trouver pour lui faciliter sa mission que de lui donner l’occasion de distribuer gratuitement des produits de première nécessité à des populations de grande pauvreté.

    En conclusion, nous sommes revenus à la case de départ. Force est de constater qu’après un demi siècle d’indépendance, les puissances coloniales, après avoir partagé l’Afrique à la conférence de Berlin de 1881, sont parvenues à préserver, nous dirions même à renforcer, les acquis de la colonisation grâce à la mise en place d’un nouvel ordre mondial sensé pourtant, à en croire ses initiateurs, apporter un bien être à tous les peuples. Il s’est avéré en fait un moyen pour perpétuer les effets de domination du Nord sur le Sud. C’est le règne de la pensée unique: il n’y a plus de pluralisme politique, le monde est condamné à une seule forme politique: la démocratie occidentale. Une démocratie de l’argent qui s’essouffle d’ailleurs, au profit de taux d’abstention élevés. Il n’y a plus de pluralisme économique, le monde est condamné à un seul système: le libéralisme économique sauvage. Il n’y a plus de pluralisme culturel: la civilisation judéo-chrétienne est la seule alternative.
    NI: Qu’avons fait alors de nos 50 années d’indépendance?

    Dr M.M.O.M:
    Je diviserais volontiers ce demi-siècle en deux périodes qui sont la période glorieuse du parti unique de 1960-1978 et la période d’instabilité politique et de démocratie imposée de l’extérieur qui va de 1978 à nos jours.

    On peut qualifier cette période (1960-1978) de période glorieuse. C’est la période du parti unique; une période de relative stabilité et d’émancipation politique grâce aux nationalisations et à la création de la monnaie nationale. Le président était au-dessus de toutes les parties et toutes les sensibilités régionales au sein de chaque région étaient représentées: si celui-ci est ministre, celui-là est ambassadeur, directeur de société ou gouverneur de région etc; ce qui a d’ailleurs favorisé les antagonismes inter et intra-tribaux; les antagonismes inter et intra-ethniques.

    Contrairement à ce qui s’est passé dans d’autres pays, les nationalisations ont été des succès. La Mauritanie est devenue une référence, un exemple souvent cité de succès du secteur public. La création d’une monnaie nationale reposant sur un panier de monnaies où le franc français ne bénéficiait pas d’une position privilégiée, contrairement à toute attente, était une source de tension avec l’ancienne puissance coloniale.
    Sur le plan international, notre pays jouissait d’une bonne renommée et remplissait idéalement sa position de trait d’union entre le monde arabe et le monde africain en étant à la fois arabe et africain.
    La période de 1978 à nos jours a été une période de coups d’Etat et de démocratie administrée; une période d’instabilité politique.
    Les auteurs du premier coup d’Etat prennent pour prétexte à leur action la guerre du Sahara Occidental et décident de s’en retirer sans dire d’ailleurs à qui il appartient. La démocratie imposée de l’extérieur n’a pas su mettre à l’abri des coups d’Etat les régimes élus et a fait ressurgir les démons du tribalisme, de l’ethnicisme et du communautarisme que l’on croyait disparus.

    Il y a lieu cependant de faire amende honorable aux différents régimes politiques de cette période et de reconnaître à leur décharge que la mondialisation par le biais de la politique d’ajustement structurel a soustrait à l’Etat toutes ses prérogatives et quasiment sa souveraineté. Et l’on doit à la vérité de dire que l’ajustement structurel imposé par les institutions de Breton Wood au début des années 80 et sensé assurer aux Etats du tiers monde une « croissance soutenue et un développement économique harmonieux » visait, en réalité, leur fin, car ces Etats constituent désormais des obstacles à la mondialisation et sont délaissés au profit de la société civile, des lois du marché et de la privatisation.

    Depuis 30 ans, la situation des Etats au lieu de s’améliorer, empirait plutôt. Nous sommes en droit de nous demander s’il y a une vie après l’ajustement structurel?

    Il y a lieu aussi de reconnaître que l’Etat mauritanien d’aujourd’hui n’a rien de commun avec la Mauritanie de la première période: le monde rural largement excédentaire durant la période de l’indépendance a été décimé par les différentes sécheresses qui se sont succédées et, finalement laminé par la sédentarisation des ruraux.

    Les dépenses publiques d’aujourd’hui n’ont aucune commune mesure avec celles de l’Etat de la période de l’indépendance. C’est un Etat Providence qui a cédé la place à un Etat endetté.
    NI: A présent où situez-vous la politique et le programme de l’actuel président Mohamed Ould Abdel Aziz?

    Dr M.M.O.M:
    J’ai gardé de la lecture du programme du président Mohamed Ould Abdel Aziz l’engagement de combattre le gaspillage, l’intérêt qu’il porte aux couches sociales les plus marginalisées, en un mot les pauvres. Il a également rompu les relations diplomatiques avec l’Etat d’Israël, ce qui est une preuve de courage politique quand on se rappelle qu’Israël c’est en fait les Etats-Unis d’Amérique. C’est certainement pour cette même raison que ses prédécesseurs n’ont pas osé aller jusque là.

    Je pense qu’on doit prendre un peu de recul par rapport à la période que le président Mohamed Ould Abdel Aziz a déjà passée à la tête de l’Etat pour pouvoir porter un jugement de valeur sur son bilan.

    Néanmoins, il est confronté à deux défis majeurs, un défi sur le plan extérieur et un défi sur le plan intérieur. Les politiques économiques dictées par les institutions monétaires internationales et les crises économiques et financières que traverse l’Occident, ne lui laissent aucune marge de manœuvre. Ce sont là des données exogènes. En général, les pays du Nord résolvent leurs crises sur le dos des pays du Sud. Après les Etats-Unis, c’est au tour des pays européens de passer l’un après l’autre par le mécanisme de sauvetage de 750 milliards d’euros mis en place par l’Union européenne. Après la Grèce, c’est au tour de l’Irlande et la liste d’attente ne fait que s’allonger: le Portugal, l’Espagne, l’Italie et la France dont le président a déjà pris le devant en supprimant, pour des raisons d’austérité, la Garden Party du 14 Juillet, en réformant 10.000 véhicules de fonction et en reconduisant le même Premier ministre dont il voulait se débarrasser à cause de ses déclarations pessimistes quant à l’avenir de la France en 2011 et 2012.

    Sur le plan intérieur, les trois opérateurs de téléphonie mobile exercent une pression permanente sur la monnaie nationale en empêchant son taux d’échange de s’améliorer et en privant le pays de toute forme de croissance économique généralement tirée par la consommation des ménages. En effet, toute augmentation de la demande sur le marché (c’est-à-dire de la consommation) pousse les producteurs à augmenter leurs offres, c’est-à-dire, à produire davantage, à mettre en place de nouvelles capacités productives, c’est-à-dire, recruter des chômeurs, ce qui crée de nouveaux revenus et partant fait augmenter la demande (la consommation) sur le marché et l’offre augmente à son tour ainsi de suite… Ce mécanisme, incontournable pour prétendre à toute forme de croissance économique, est très faible chez nous, car l’essentiel des revenus est détourné du marché au profit des trois opérateurs de téléphonie mobile (les Mauritaniens ne consomment pas, ils téléphonent plutôt) dont les énormes recettes exercent des pressions à la fois sur la Banque centrale pour le transfert de la contrepartie en devises vers l’étranger et sur le marché libre en offrant plus d’ouguiyas pour un euro ou pour un dollar, ce qui pousse la valeur du taux de change de notre monnaie à la baisse.

    Propos recueillis par Mohamed Ould Khattatt