Mois : octobre 2010

  • Des Fils

    On ne peut pas nier le mérite de Kim Jong-il : réussir à changer un régime férocement maoïste en monarchie héréditaire est toute une réussite; surtout si, en plus, tu complètes la bêtise avec cinq têtes nucléaires et 24 millions de paysans affamés. C’est intrigant de penser ce qui passe par la tête des délégués participants dans cet incroyable congrès du parti communiste nord-coréen tandis qu’ils applaudissent quelques plans de succession qui laisseraient le pouvoir dans les mains de son fils, de la soeur et du beau-frère. De la révolution paysanne au totalitarisme de clan familial. Tout simplement brillant.

    Les liens familiaux sont en vogue. De bonnes nouvelles donc pour les enfants, les frères, les gendres et les beaux-frères des 47 dictateurs du nombre égal de pays où  2.300 millions de personnes ont le malheur d’y vivre: ne pas être une monarchie héréditaire n’est pas un obstacle insurmontable pour hériter le pouvoir. C’est vrai que dans ceci les dictateurs sont assez machistes, parce que, si vous permettez : les filles et les brus, où sont-ils ? (peut-être qu’ils sont trop décents pour succéder aux tyrans qu’ils ont comme parents ou comme beaux-pères).

    Cependant, cette pratique est risquée. Toute personne qui a laissé sa voiture pour la première fois à un fils peut imaginer les sentiments exprimées de Kim Jong-il quand, il a préparé la transfert de pouvoir à son troisième fils, Kim Jong – un, un jeune de 27 ans qui après une carrière aussi brillante que secrète dans un internat suisse a été hâtivement nommé général de l’Armée et membre du comité central. Pas très différente doit être l’anxiété de Hosni Mubarak à l’heure d’essayer de planter dans la présidence de l’Égypte son cher fils, Gamal. Mubarak est un dictateur qui ne fait pas beaucoup de bruit mais qui depuis 30 ans manigance les élections et gouverne sous l’état d’urgence sous la protection de l’aide militaire américaine et de la complicité européenne. Mais ses prétentions dynastiques ne sont pas si étranges : Hafez El Assad a déjà fait le même coup en Syrie en laissant son fils Bachar au commandement et en Libye, Gaddafi a les yeux mis sur l’un de ses fils.

    Dans plusieurs de ces cas, les parents ont été des gouvernants aussi terribles que l’arrivée au pouvoir des enfants ouvre les espoirs d’un changement, des espoirs qui, ensuite, sont systématiquement déçues. La raison ? Un ami marocain dit qu’il a cru une fois que Mohamed VI (roi du Maroc, ndds) serait une avance par rapport à Hassan II, qu’une démocratie est comme une vieille Peugeot : la machine est si rodée et si fiable que même un conducteur maladroit avec des mauvaises intentions ne serait entremêlés le moteur avec facilité. Au contraire, ajoute-t-il, une dictature est comme une formule 1 : il faut calibrer des centaines de paramètres pour s’adapter au style de conduite du pilote, ce qui exige le temps et effort. Ce n’est pas étonnant, donc, que, dans une dictature, un changement de pilote soit une opération difficile et coûteuse qui n’ait pas le succès garanti. Malgré la simplicité et la brutalité avec laquelle ils ont l’habitude de se conduire, il ne faut pas oublier qu’ils sont des machines sophistiquées de pouvoir. Même si le contraire semble prévaloir, les dictateurs n’ont pas autant de pouvoir : Puisqu’ils ne peuvent pas baser leur autorité sur le soutien populaire exprimé librement dans les urnes, ils se voient obligés à prévaloir une trame complexe de factions avec des intérêts divergents (armée, parti, entrepreneurs, mafias, services secrets, etc.) qui peuvent très bien se mettre d’accord pour les déloger du pouvoir.

    Gouverner sans aucune légitimité est compliqué. De là que les dictateurs ont à chercher des sources alternatives. Le droit divin dans lequel s’abritent les théocraties, les guerres de libération nationale des anciennes colonies ou de la révolution contre la tyrannie bourgeoise – capitaliste constituent les bases les plus fréquentes de la légitimité de ces régimes. Cependant, la légitimité d’origine n’est pas un combustible qui peut pousser une dictature éternellement : une légitimité d’exercice est nécessaire. Un demi-siècle, après avoir imposé la sharia, expulsé les Anglais ou liquidé les capitalistes, un dictateur a besoin d’une justification additionnelle. Pour cela il peut choisir entre devenir un rempart face mal majeur (la menace d’invasion étrangère, l’accès des islamistes au pouvoir, le retour des capitalistes) ou bien devenir un garant d’un bien majeur (en promouvant la croissance économique pour que l’absence de liberté soit compensée par le bien-être matériel). C’est dans ce carrefour où ces fils doivent prendre une décision crucial : Monter au Formula 1 de Papa et vivre une vie pleine d’adrénaline, pouvoir et richesse ou s’asseoir dans une Peugeot abîmée, connaître le pays et les gens qui devra gouverner et faire une sorte de reformes sensées. Les paris sont les bienvenus.


    JOSÉ IGNACIO TORREBLANCA 

    jitorreblanca@ecfr.eu
    El Pais01/10/2010
  • Le Maroc abandonne près de 600 subsahariens dans la frontière algérienne

    Médecins Sans Frontières exprime sa profonde préoccupation par la détérioration de la situation médicale et humanitaire des immigrants sub-sahariens au Maroc, à cause de l’intensification des coups de filet et d’expulsions massives réalisées récemment par les forces de police marocaines. Des centaines de migrantes, parmi eux des femmes et des enfants, ont été déportées à une « terra nullius », dans la frontière entre le Maroc et l’Algérie, et abandonnés là-bas durant la nuit sans nourriture ni eau.

    Les incursions policières ont été réalisées entre le 19 août et le 10 septembre dans différentes villes du Maroc comme Oujda, Alhouceima, Nador, Tanger, Rabat, Casablanca et Fez. Dans plusieurs de ces coups de filet, la police a utilisé des excavateurs et à Nador même d’hélicoptères, en détruisant les tentes, les maisons des migrantes et ses biens personnels.

    MSF demande aux autorités marocaines de se tenir à leurs obligations en vertu du droit international et national au moment d’appliquer des mesures pour contrôler la migration. Les autorités doivent respecter la dignité et l’intégrité des migrants et doivent éviter de les exposer à une situation de plus grande vulnérabilité et d’insécurité. Comme il est stipulé par la législation marocaine, les femmes enceintes, les enfants et les autres groupes vulnérables de migrantes ne peuvent pas être expulsés.

    Source : El Mundo, 1/10/2010
  • Tahar Belkhodja : Le conflit entre l’Algérie et le Maroc

    Le 27 janvier 1976, éclata la deuxième guerre entre l’Algérie et le Maroc. En fait, ce dernier pays affirmait ses visées territoriales sur ce Sahara, tandis que l’Algérie méditerranéenne, refusant l’extension de son voisin, aspirait à un “couloir” vers l’Atlantique, qui, outre son caractère politique et stratégique, lui permettrait d’évacuer notamment son minerai de fer de Gara Jbilet.

    Faisons cependant un bref historique. Dès 1955, depuis le Caire, Allal El Fassi avait produit une carte du Grand Maroc des Almoravides qui se terminait aux frontières du Sénégal, une revendication adoptée par son parti l’Istiqlal et publiée dans son journal El Alam, (juillet 1956).

    L’armée de libération marocaine envahit en 1957 la région nord du Sahara espagnol (Sahara Occidental, ndds) ; elle ne sera refoulée qu’en février 1958 par la Légion étrangère espagnole, aidée par des unités françaises du sud algérien et de l’AOF (Afrique occidentale française).

    Le 25 février 1958, le roi Mohamed V affirmait officiellement, que son pays “poursuivrait son action pour la restitution du Sahara au Maroc”, peuplé alors de quelque 75 000 âmes, selon le recensement espagnol.

    Le 28 novembre 1960, naissait la Mauritanie. En 1963, l’Espagne projette d’exploiter les gisements de phosphates de Bou Craa, qui couvrent 250 km² avec des réserves de 2 milliards de tonnes à ciel ouvert, et décide de construire à El Ayoun, un quai pour des minéraliers de 100 000 tonnes, tout en édifiant à Huelva, en Espagne, plusieurs usines d’acide phosphorique.

    En 1971, le général Franco — dont le gouvernement a toujours considéré le Sahara occidental comme “res nullus” (terre sans maître) au moment où les Espagnols se sont installés — et n’ayant aucunement l’intention de se dessaisir du Sahara au profit de l’un ni de l’autre, répond ainsi à la démarche du roi du Maroc qui lui rend visite à Madrid : “Ce que vous me demandez, Majesté, est un suicide auquel ni moi ni l’Espagne ne sommes disposés…”. Peu après, Hassan II, recevant le ministre espagnol Lopez Bravo, lui demande : “…Donnez-moi l’engagement que vous n’accorderez pas l’indépendance au Sahara… Je suis prêt à accepter encore une présence coloniale espagnole… parce que ce territoire m’appartient…”26.

    En septembre 1973, Franco, dans un message à l’Assemblée locale (la Jemâa) proclame que le “peuple sahraoui est le seul maître de son destin et que l’Espagne assurerait son intégrité”.

    En octobre 1974, par un accord secret entre Hassan II et Ould Daddah, on assiste à la partition du Sahara : Saguiet El Hamra pour le Maroc et le Rio de Oro pour la Mauritanie.

    Le 10 décembre, l’Assemblée générale de l’ONU décide de soumettre l’affaire du Sahara à la Cour internationale de justice pour avis consultatif.

    Le 2 novembre 1975, le prince Juan Carlos se rend à El Ayoun et déclare : “l’Espagne tiendra ses engagements au Sahara”.

    Le 6, c’est la “Marche verte” avec 20 000 marcheurs qui pénètrent au Sahara. Le 9, le roi annonce : “La Marche a atteint son objectif”.

    Le 14 novembre 1975, à Madrid, un accord tripartite est signé entre l’Espagne, le Maroc et la

    Mauritanie. L’Espagne acceptait de mettre fin à sa colonisation du Sahara pour le 28 février 1976, la transition étant assurée par une administration à trois : un gouverneur espagnol et deux adjoints marocain et mauritanien. On respectera toutefois “l’opinion de la Jemâa” : l’assemblée des habitants du Sahara.

    Une société d’exploitation des phosphates est créée : avec 65 % de participation marocaine et 37 % espagnole. D’autres arrangements conclus restaient secrets.

    Aussitôt, l’accord est dénoncé durement par l’Algérie qui se sent trahie. La cassure entre les deux pays va, dès lors, précipiter les événements.

    Les manoeuvres ne cesseront pas, compliquant encore l’imbroglio ; la Tunisie, quant à elle, n’étant ni consultée ou informée sur une question qui intéressait pourtant l’évolution de toute la région.

    Le conflit devenait inévitable. Le 28 novembre, les Marocains occupent Smara. Le 10 décembre, l’ONU décide l’organisation d’un référendum au Sahara. Le 11, 4 000 soldats marocains occupent El Ayoun. De son côté, la Mauritanie, le 19 décembre, occupe La Guerra, à sa frontière avec le Sahara espagnol.

    Dans une conférence de presse, le roi Hassan II déclare : “Logiquement, j’attends qu’Alger me fasse la guerre”. Le 9 janvier 1976, l’armée marocaine fait son entrée à Dakhla (ex Villa Cisneros). Elle est rejointe le 12 par les Forces armées mauritaniennes. Le même jour, les derniers éléments de la Légion espagnole quittent le Sahara.

    Le 27, la guerre éclate entre les deux pays. L’affrontement est dur. La ville d’Amgala est occupée par le Maroc. Les communiqués contradictoires se succèdent, les campagnes de presse sont virulentes. Il y a grand risque que les escarmouches localisées soient dépassées et que les deux pays se dressent l’un contre l’autre.

    Le 30, le Président Bourguiba nous convoque à une réunion restreinte à 9 h 45 avec Nouira, le Premier ministre, Chatti, le ministre des Affaires étrangères, Chedli Klibi son directeur de cabinet et moi même.

    D’emblée, le Président me désigne pour une mission urgente auprès du chef d’Etat algérien et du roi du Maroc : “Je les voyais venir, dit-il, l’enjeu est trop grand (…). Il faut essayer d’arrêter cela, autrement, les choses vont aller trop loin”.

    Je suis un peu gêné : essentiellement politique, cette mission délicate aurait dû revenir au Premier ministre ou au ministre des Affaires étrangères, présents à la réunion. Mais le Président n’a pas ce scrupule et 26Hassan II, Mémoire d’un roi, Plon, 1993.

    n’explique même pas sa décision. Nous passons en revue, longuement, l’historique de l’affaire; nous évaluons, sommairement, les potentialités des deux armées et jaugeons précisément les appuis extérieurs dont peuvent bénéficier l’une et l’autre partie. Bourguiba veut peser de tout son poids pour arrêter l’escalade. Il nous lit son interview au Monde (8 septembre 1974) : “J’ai dit au Premier ministre marocain qu’on était prêt à l’aider, s’il ne contrevenait pas à la décision de l’ONU d’accorder aux Sahraouis le droit à l’autodétermination…”.

    Un avion spécial de notre compagnie est aussitôt affrêté. Nous sortons de la réunion vers 11 h 30. Je m’envole à 14 heures pour Alger et déclare au départ : “Nous avons l’espoir de voir se dissiper dans les plus brefs délais les nuages qui obscurcissent les relations entre les pays frères”. A l’arrivée, je confirme le cadre de ma mission et notre cortège se dirige directement vers le “Palais du peuple” où, accompagné de notre ambassadeur Mahmoud Maamouri, je suis introduit directement auprès du président Boumediene, entouré notamment de Bouteflika, de mon homologue Ahmed Abelghani, du directeur général de la Sûreté, Ahmed Draya, et du colonel Mohamed Yahaoui.

    L’audience qui va durer de 17 heures à 19 heures, me permet d’exprimer longuement nos

    appréhensions et le souci majeur de Bourguiba de sauvegarder la sécurité dans la région. Je laisse entrevoir que nous sommes décidés à agir aussi auprès du Maroc et conclus ainsi :

    “La bonne volonté algérienne me permettra de continuer cette mission au Maroc.

    Boumediene, calme mais déterminé, souligne :

    — Nos rencontres au sommet, notre bonne volonté, ont été trahies par l’accord tripartite de Madrid qui réintroduit l’Espagne dans la région, et qui vise à un dépeçage et un partage du Sahara espagnol, aux dépens de tout un peuple qu’on veut lancer dans une diaspora, à l’instar du peuple palestinien. Nous aurons ainsi, bientôt, une deuxième Palestine dans la région (…) Aussi faudrait-il que nous convenions tous qu’aucun changement d’équilibre dans la région, géographique ou politique, ne puisse se faire sans l’accord de nous tous (…) L’Algérie, de toute façon, s’y emploiera (…) Mon pays est déterminé à lancer toutes ses forces dans la bataille en cas de nouvelle agression après Amgala, où nous n’avons pas voulu riposter pour éviter l’escalade (…) Tout le peuple algérien a démontré sa vigueur pendant la guerre coloniale (…) Je suis un homme de la guerre et de la montagne. Je ne pense pas que le roi du Maroc puisse renoncer, comme moi, aux fastes et aux palais”.

    Et ce fut ainsi, pendant deux heures entières, où je ne réussis à intervenir que sporadiquement, dans une atmosphère de plus en plus poignante : Boumediene avait besoin de se défouler… mais il semblait sincère. J’en retire la conviction qu’il est déterminé à réagir au prochain accrochage.

    Il est presque 19 heures. Le chef d’Etat algérien me demande d’accepter son hospitalité pour le soir, vu l’heure tardive. J’acquiesce, bien que j’avais pensé rentrer le soir même. Je comprends que Boumediene souhaite que je prolonge la conversation avec ses collaborateurs : dîner donc organisé par le ministre de l’Intérieur et réunissant les hauts responsables civils et militaires, puis soirée tardive avec Bouteflika et Medghri, qui rappellent l’agression de 1963 lo rs de la “guerre des sables” et retracent les différentes péripéties des rapports algéro-marocains, quand “l’Algérie jouait le jeu pour être finalement trahie”. J’en retire la conclusion que les Algériens ne pourraient accuser une deuxième défaite devant le Maroc. Je n’ai jamais autant craint l’irréparable.

    Le 31 janvier, de bon matin, je repars pour Tunis où je gagne directement Carthage et où je retrouve autour du Président les mêmes interlocuteurs qu’à l’aller, à savoir : le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le directeur du cabinet. Pendant plus d’une heure, après mon compte rendu et un long échange de points de vue, nous convenons qu’outre des conséquences imprévisibles pour la vieille monarchie marocaine et la jeune révolution algérienne et quelles que soient les ambitions expansionnistes et les intérêts économiques des uns et des autres, la Tunisie ne pouvait que redouter toute complication.

    Elle devait donc insister pour une trêve dans l’immédiat, et à longue échéance pour une politique de bon voisinage et de respect mutuel (…) Dans ces conditions, il fallait convaincre le Maroc de se contenter de sa victoire de Amgala et de calmer le jeu, tout en le prévenant que l’Algérie pouvait, cette fois, réagir autrement que lors de la “guerre des sables”.

    Contact diplomatique pris, je reprends, le soir même, l’avion spécial pour Rabat, d’où je repars sur Fès où réside Hassan II. Le dîner et la soirée permettent de faire le point avec plusieurs membres du gouvernement marocain, dont Ahmed Laraki, Taiebi Benhima, le ministre de l’Information et Moulay Ahmed Alaoui, proche du roi. Je suis très étonné par leur énervement : ils veulent en découdre une fois pour toutes avec l’Algérie, s’exaltant sur leur première victoire à Amgala. Nullement impressionné, j’imagine alors l’état d’esprit du roi ; je revois la soirée passée dans une atmosphère tendue avec les ministres algériens et adapte en conséquence ma stratégie.

    Le lendemain, l’audience va durer 1 h 15. Le roi est seul, contrairement à Boumediene. Après les formules d’usage que je ne ménage pas, Sa Majesté évoque avec sympathie ma dernière visite au Maroc, deux ans auparavant.

    [En effet, le 28 décembre 1973, j’arrivai au Maroc, invité par mon homologue Hadou Chiguer pour une réunion de travail ; en vérité, pour clarifier nos relations refroidies depuis quelques mois à cause d’une scabreuse affaire de calomnie rapportée par un proche du Président, qui, en réaction, avait rappelé brusquement notre ambassadeur. Je pus m’expliquer pendant toute la soirée avec le ministre marocain.

    Le lendemain, le roi me reçut, et sans laisser paraître le moindre signe d’acrimonie, n’a pas tari d’éloges sur Bourguiba qui, insistait-il, “avait porté sur les épaules la dépouille de Sa Majesté Mohamed V”. C’était pathétique.

    Au retour, le 1er janvier, le soir même, j’informai l’épouse du chef de l’Etat de la délicatesse de ma mission et de ses résultats. Le lendemain matin, le Président reçoit longuement son fils, puis le Premier ministre et moi-même. Je lui transmis le message “de respect et de fidélité” du roi Hassan II. A la sortie, j’annonçai “la prochaine relance des relations tuniso-marocaines …”].

    Cette fois-ci, en 1976, nous passons d’emblée aux problèmes d’actualité. Le roi me dit combien il est révolté et peiné par l’attitude des dirigeants algériens et décrit, brièvement mais sobrement, la situation.

    J’enchaîne pour exprimer notre consternation (…) et conclus ainsi :

    “Le président Bourguiba souhaite, vivement et avec insistance, que l’affrontement s’arrête là, qu’on prenne un temps minimum pour calmer la tension afin de reprendre le contact et, le cas échéant, le dialogue.

    Le roi m’interroge sur ma mission en Algérie :

    — C’est la même que celle du Maroc (…) J’ai l’intime conviction qu’une volonté personelle immédiate et réciproque du roi Hassan II et du président Boumediene est nécessaire pour éviter l’escalade et toutes ses conséquences.

    Le souverain réfléchit un instant, puis se lance, calmement, dans une diatribe contre l’Algérie pour terminer son exposé géopolitique :

    — L’affaire du Sahara est maroco-mauritanienne, et les deux pays ont réussi à décider l’Espagne à partir. L’Algérie veut interférer et compliquer la situation. Vous en connaissez les raisons aussi bien que moi.

    Puis Hassan II se lance dans l’historique de ses manifestations de bonne volonté à l’égard de l’Algérie, restées, assure-t-il, sans réciprocité. Il épilogue, longuement, sur l’affrontement de 1963 et sa décision, malgré une forte opposition intérieure, de céder Tindouf “comme Bourguiba l’a fait pour la borne 233.

    Le roi exulte en vantant les vertus guerrières du peuple marocain :

    — Le Maroc, ce faisant, défend toute la région et veut cantonner une fois pour toutes l’Algérie dans ses frontières (…) Vous êtes aussi concernés que nous.

    La maîtrise du roi est impressionnante. Il martèle ses mots, sait se référer au passé pour aller au présent et revenir, avec brio, au passé, pour déterminer l’avenir. Il sait être brillant.

    Mais, je ne m’égare pas et reviens au sujet :

    — J’aimerais rapporter à Bourguiba votre décision d’arrêter l’escalade.

    Ce qui me vaut une nouvelle tirade du roi qui proclame à la fin :

    — L’armée fera son devoir.

    Bouleversé par cette détermination, je prends sur moi-même d’affirmer :

    — La Tunisie sera contrainte de déplorer et de dénoncer toute nouvelle complication !

    — Est ce la position personnelle de Bourguiba ?

    — Majesté, ma mission est nette et précise (…) Vous avez toujours rappelé les conseils de feu Sidi Mohamed V pour une concertation permanente entre les deux pays” (…) et je finis par laisser entrevoir que les Algériens sont déterminés à en découdre eux aussi.

    Un pesant silence s’installe. L’audience en reste là ; Hassan II me demande de prolonger mon séjour : il veut me recevoir une seconde fois. Je rentre au palais des hôtes pour déjeuner avec quelques ministres marocains, notamment deux vieux amis, Taiebi Benhima et Ahmed Senoussi, ancien ambassadeur en Tunisie. Ils savent que je vais revoir le roi, le déjeuner est plus calme que le dîner de la veille, mais les interrogations sur cette seconde entrevue prédominent. Il est difficile de détendre complètement l’atmosphère.

    Le soir, c’est vers 22 heures, que je suis réintroduit au palais de Fès. Le souverain, vêtu en chef militaire, me reçoit à un autre étage, dans un autre bureau que celui du matin et me déclare :

    “Je viens de me réunir avec mon Etat-major (…) Cette enveloppe [qu’il me montre] contient mes instructions pour aller de l’avant. Nous devions occuper ce soir Bir Helou. J’ai tout arrêté

    provisoirement. Vous le direz à Bourguiba. J’espère qu’il obtiendra la réciprocité et qu’on ne le décevra pas (…) L’Algérie ne doit plus interférer dans les problèmes de la région dont l’équilibre géographique ou politique ne se fera pas selon ses ambitions”.

    Le roi veut expliquer la gravité de la décision et sa portée. Lui aussi est manifestement sincère, sa sympathie pour notre pays et son admiration pour Bourguiba sont évidentes. Dans un court échange de vues, nous convenons qu’il est urgent d’attendre la mutation de l’Algérie, qui passe par des transes révolutionnaires avant de retrouver, par la force des choses, un certain équilibre.

    Il est près de 23 h 30. Je rentre au palais où vinrent d’arriver pour une même mission de bons offices, Hosni Moubarak, alors vice-président de la République égyptienne et Séoud Fayçal, ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite. Nous veillons tant soit peu, nous convenons que le calme et la sérénité s’imposent. Nous devisons sur les tribulations de Kadhafi et sur le sort de l’unité arabe. Je suis agréablement surpris par le réalisme de Moubarak et la pondération de Fayçal. Le lendemain, 2 février, je rencontre le Premier ministre, et discute encore longuement avec Moulay Ahmed Alaoui qui entrecoupe ses interventions impétueuses de ses habituels traits d’humour.

    J’arrive à Tunis vers 18 h 30 où je déclare à l’aéroport :

    “Les recommandations du Président ont permis d’obtenir deux résultats concrets : mettre fin à une situation qui aurait pu se dégrader davantage et devenir très dangereuse pour l’ensemble de la région, et réfléchir à une solution politique et pratique pour un règlement pacifique, respectant les droits fondamentaux de chaque partie”.

    Nous nous retrouvons, à 19 heures, chez le Président : le Premier ministre, le directeur de cabinet, Mongi Kooli, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et moi-même. Dans mon compte rendu, je rapporte intégralement les propos du roi, je souligne “sa surprise” devant la position de Bourguiba de “déplorer et dénoncer” toute escalade. Je mets, toutefois, en valeur la bonne volonté de Hassan II et son fameux geste de “l’enveloppe” annonçant l’arrêt de l’avancée militaire marocaine. Nous étudions tous les aspects de la trêve obtenue, sa fragilité et convenons d’agir pour la préserver…

    Le Président est réconforté. Il rappelle certaines de ses positions politiques dans le passé et ses bons réflexes dans de telles conjonctures. Il demande au Premier ministre de déclarer son soutien total à ma mission. A l’issue de cette longue séance de travail, Nouira déclarera : “Le ministre de l’ Intérieur à fait au chef de l’Etat un compte rendu de son entretien avec Sa Majesté le roi du Maroc et a évoqué les complications qui se sont produites à la suite du problème du Sahara occidental. Ce compte rendu a été fait, selon les directives que le ministre de l’Intérieur avait reçues, auparavant, avant de quitter Tunis pour Rabat”. Dans sa dernière partie, ce texte souleva la surprise de certains observateurs, il était destiné au Maroc.

    Bourguiba, quant à lui, préfère appeler personnellement Hassan II au téléphone pour le féliciter de son réalisme et l’assurer de son soutien personnel. Au président Boumediene, il annonce l’arrêt des hostilités à Amgala en l’adjurant au calme et à la sérénité. Les Algériens me feront, néanmoins, le reproche de n’avoir pas fait escale à Alger, à mon retour de Rabat.

  • Le Maroc abandonne près de 600 subsahariens dans la frontière algérienne

    Médecins Sans Frontières exprime sa profonde préoccupation par la détérioration de la situation médicale et humanitaire des immigrants sub-sahariens au Maroc, à cause de l’intensification des coups de filet et d’expulsions massives réalisées récemment par les forces de police marocaines. Des centaines de migrantes, parmi eux des femmes et des enfants, ont été déportées à une « terra nullius », dans la frontière entre le Maroc et l’Algérie, et abandonnés là-bas durant la nuit sans nourriture ni eau.

    Les incursions policières ont été réalisées entre le 19 août et le 10 septembre dans différentes villes du Maroc comme Oujda, Alhouceima, Nador, Tanger, Rabat, Casablanca et Fez. Dans plusieurs de ces coups de filet, la police a utilisé des excavateurs et à Nador même d’hélicoptères, en détruisant les tentes, les maisons des migrantes et ses biens personnels.

    MSF demande aux autorités marocaines de se tenir à leurs obligations en vertu du droit international et national au moment d’appliquer des mesures pour contrôler la migration. Les autorités doivent respecter la dignité et l’intégrité des migrants et doivent éviter de les exposer à une situation de plus grande vulnérabilité et d’insécurité. Comme il est stipulé par la législation marocaine, les femmes enceintes, les enfants et les autres groupes vulnérables de migrantes ne peuvent pas être expulsés.

    Source : El Mundo, 1/10/2010
  • Tahar Belkhodja : Le conflit entre l’Algérie et le Maroc

    Le 27 janvier 1976, éclata la deuxième guerre entre l’Algérie et le Maroc. En fait, ce dernier pays affirmait ses visées territoriales sur ce Sahara, tandis que l’Algérie méditerranéenne, refusant l’extension de son voisin, aspirait à un “couloir” vers l’Atlantique, qui, outre son caractère politique et stratégique, lui permettrait d’évacuer notamment son minerai de fer de Gara Jbilet.

    Faisons cependant un bref historique. Dès 1955, depuis le Caire, Allal El Fassi avait produit une carte du Grand Maroc des Almoravides qui se terminait aux frontières du Sénégal, une revendication adoptée par son parti l’Istiqlal et publiée dans son journal El Alam, (juillet 1956).

    L’armée de libération marocaine envahit en 1957 la région nord du Sahara espagnol (Sahara Occidental, ndds) ; elle ne sera refoulée qu’en février 1958 par la Légion étrangère espagnole, aidée par des unités françaises du sud algérien et de l’AOF (Afrique occidentale française).

    Le 25 février 1958, le roi Mohamed V affirmait officiellement, que son pays “poursuivrait son action pour la restitution du Sahara au Maroc”, peuplé alors de quelque 75 000 âmes, selon le recensement espagnol.

    Le 28 novembre 1960, naissait la Mauritanie. En 1963, l’Espagne projette d’exploiter les gisements de phosphates de Bou Craa, qui couvrent 250 km² avec des réserves de 2 milliards de tonnes à ciel ouvert, et décide de construire à El Ayoun, un quai pour des minéraliers de 100 000 tonnes, tout en édifiant à Huelva, en Espagne, plusieurs usines d’acide phosphorique.

    En 1971, le général Franco — dont le gouvernement a toujours considéré le Sahara occidental comme “res nullus” (terre sans maître) au moment où les Espagnols se sont installés — et n’ayant aucunement l’intention de se dessaisir du Sahara au profit de l’un ni de l’autre, répond ainsi à la démarche du roi du Maroc qui lui rend visite à Madrid : “Ce que vous me demandez, Majesté, est un suicide auquel ni moi ni l’Espagne ne sommes disposés…”. Peu après, Hassan II, recevant le ministre espagnol Lopez Bravo, lui demande : “…Donnez-moi l’engagement que vous n’accorderez pas l’indépendance au Sahara… Je suis prêt à accepter encore une présence coloniale espagnole… parce que ce territoire m’appartient…”26.

    En septembre 1973, Franco, dans un message à l’Assemblée locale (la Jemâa) proclame que le “peuple sahraoui est le seul maître de son destin et que l’Espagne assurerait son intégrité”.

    En octobre 1974, par un accord secret entre Hassan II et Ould Daddah, on assiste à la partition du Sahara : Saguiet El Hamra pour le Maroc et le Rio de Oro pour la Mauritanie.

    Le 10 décembre, l’Assemblée générale de l’ONU décide de soumettre l’affaire du Sahara à la Cour internationale de justice pour avis consultatif.

    Le 2 novembre 1975, le prince Juan Carlos se rend à El Ayoun et déclare : “l’Espagne tiendra ses engagements au Sahara”.

    Le 6, c’est la “Marche verte” avec 20 000 marcheurs qui pénètrent au Sahara. Le 9, le roi annonce : “La Marche a atteint son objectif”.

    Le 14 novembre 1975, à Madrid, un accord tripartite est signé entre l’Espagne, le Maroc et la

    Mauritanie. L’Espagne acceptait de mettre fin à sa colonisation du Sahara pour le 28 février 1976, la transition étant assurée par une administration à trois : un gouverneur espagnol et deux adjoints marocain et mauritanien. On respectera toutefois “l’opinion de la Jemâa” : l’assemblée des habitants du Sahara.

    Une société d’exploitation des phosphates est créée : avec 65 % de participation marocaine et 37 % espagnole. D’autres arrangements conclus restaient secrets.

    Aussitôt, l’accord est dénoncé durement par l’Algérie qui se sent trahie. La cassure entre les deux pays va, dès lors, précipiter les événements.

    Les manoeuvres ne cesseront pas, compliquant encore l’imbroglio ; la Tunisie, quant à elle, n’étant ni consultée ou informée sur une question qui intéressait pourtant l’évolution de toute la région.

    Le conflit devenait inévitable. Le 28 novembre, les Marocains occupent Smara. Le 10 décembre, l’ONU décide l’organisation d’un référendum au Sahara. Le 11, 4 000 soldats marocains occupent El Ayoun. De son côté, la Mauritanie, le 19 décembre, occupe La Guerra, à sa frontière avec le Sahara espagnol.

    Dans une conférence de presse, le roi Hassan II déclare : “Logiquement, j’attends qu’Alger me fasse la guerre”. Le 9 janvier 1976, l’armée marocaine fait son entrée à Dakhla (ex Villa Cisneros). Elle est rejointe le 12 par les Forces armées mauritaniennes. Le même jour, les derniers éléments de la Légion espagnole quittent le Sahara.

    Le 27, la guerre éclate entre les deux pays. L’affrontement est dur. La ville d’Amgala est occupée par le Maroc. Les communiqués contradictoires se succèdent, les campagnes de presse sont virulentes. Il y a grand risque que les escarmouches localisées soient dépassées et que les deux pays se dressent l’un contre l’autre.

    Le 30, le Président Bourguiba nous convoque à une réunion restreinte à 9 h 45 avec Nouira, le Premier ministre, Chatti, le ministre des Affaires étrangères, Chedli Klibi son directeur de cabinet et moi même.

    D’emblée, le Président me désigne pour une mission urgente auprès du chef d’Etat algérien et du roi du Maroc : “Je les voyais venir, dit-il, l’enjeu est trop grand (…). Il faut essayer d’arrêter cela, autrement, les choses vont aller trop loin”.

    Je suis un peu gêné : essentiellement politique, cette mission délicate aurait dû revenir au Premier ministre ou au ministre des Affaires étrangères, présents à la réunion. Mais le Président n’a pas ce scrupule et 26Hassan II, Mémoire d’un roi, Plon, 1993.

    n’explique même pas sa décision. Nous passons en revue, longuement, l’historique de l’affaire; nous évaluons, sommairement, les potentialités des deux armées et jaugeons précisément les appuis extérieurs dont peuvent bénéficier l’une et l’autre partie. Bourguiba veut peser de tout son poids pour arrêter l’escalade. Il nous lit son interview au Monde (8 septembre 1974) : “J’ai dit au Premier ministre marocain qu’on était prêt à l’aider, s’il ne contrevenait pas à la décision de l’ONU d’accorder aux Sahraouis le droit à l’autodétermination…”.

    Un avion spécial de notre compagnie est aussitôt affrêté. Nous sortons de la réunion vers 11 h 30. Je m’envole à 14 heures pour Alger et déclare au départ : “Nous avons l’espoir de voir se dissiper dans les plus brefs délais les nuages qui obscurcissent les relations entre les pays frères”. A l’arrivée, je confirme le cadre de ma mission et notre cortège se dirige directement vers le “Palais du peuple” où, accompagné de notre ambassadeur Mahmoud Maamouri, je suis introduit directement auprès du président Boumediene, entouré notamment de Bouteflika, de mon homologue Ahmed Abelghani, du directeur général de la Sûreté, Ahmed Draya, et du colonel Mohamed Yahaoui.

    L’audience qui va durer de 17 heures à 19 heures, me permet d’exprimer longuement nos

    appréhensions et le souci majeur de Bourguiba de sauvegarder la sécurité dans la région. Je laisse entrevoir que nous sommes décidés à agir aussi auprès du Maroc et conclus ainsi :

    “La bonne volonté algérienne me permettra de continuer cette mission au Maroc.

    Boumediene, calme mais déterminé, souligne :

    — Nos rencontres au sommet, notre bonne volonté, ont été trahies par l’accord tripartite de Madrid qui réintroduit l’Espagne dans la région, et qui vise à un dépeçage et un partage du Sahara espagnol, aux dépens de tout un peuple qu’on veut lancer dans une diaspora, à l’instar du peuple palestinien. Nous aurons ainsi, bientôt, une deuxième Palestine dans la région (…) Aussi faudrait-il que nous convenions tous qu’aucun changement d’équilibre dans la région, géographique ou politique, ne puisse se faire sans l’accord de nous tous (…) L’Algérie, de toute façon, s’y emploiera (…) Mon pays est déterminé à lancer toutes ses forces dans la bataille en cas de nouvelle agression après Amgala, où nous n’avons pas voulu riposter pour éviter l’escalade (…) Tout le peuple algérien a démontré sa vigueur pendant la guerre coloniale (…) Je suis un homme de la guerre et de la montagne. Je ne pense pas que le roi du Maroc puisse renoncer, comme moi, aux fastes et aux palais”.

    Et ce fut ainsi, pendant deux heures entières, où je ne réussis à intervenir que sporadiquement, dans une atmosphère de plus en plus poignante : Boumediene avait besoin de se défouler… mais il semblait sincère. J’en retire la conviction qu’il est déterminé à réagir au prochain accrochage.

    Il est presque 19 heures. Le chef d’Etat algérien me demande d’accepter son hospitalité pour le soir, vu l’heure tardive. J’acquiesce, bien que j’avais pensé rentrer le soir même. Je comprends que Boumediene souhaite que je prolonge la conversation avec ses collaborateurs : dîner donc organisé par le ministre de l’Intérieur et réunissant les hauts responsables civils et militaires, puis soirée tardive avec Bouteflika et Medghri, qui rappellent l’agression de 1963 lo rs de la “guerre des sables” et retracent les différentes péripéties des rapports algéro-marocains, quand “l’Algérie jouait le jeu pour être finalement trahie”. J’en retire la conclusion que les Algériens ne pourraient accuser une deuxième défaite devant le Maroc. Je n’ai jamais autant craint l’irréparable.

    Le 31 janvier, de bon matin, je repars pour Tunis où je gagne directement Carthage et où je retrouve autour du Président les mêmes interlocuteurs qu’à l’aller, à savoir : le Premier ministre, le ministre des Affaires étrangères et le directeur du cabinet. Pendant plus d’une heure, après mon compte rendu et un long échange de points de vue, nous convenons qu’outre des conséquences imprévisibles pour la vieille monarchie marocaine et la jeune révolution algérienne et quelles que soient les ambitions expansionnistes et les intérêts économiques des uns et des autres, la Tunisie ne pouvait que redouter toute complication.

    Elle devait donc insister pour une trêve dans l’immédiat, et à longue échéance pour une politique de bon voisinage et de respect mutuel (…) Dans ces conditions, il fallait convaincre le Maroc de se contenter de sa victoire de Amgala et de calmer le jeu, tout en le prévenant que l’Algérie pouvait, cette fois, réagir autrement que lors de la “guerre des sables”.

    Contact diplomatique pris, je reprends, le soir même, l’avion spécial pour Rabat, d’où je repars sur Fès où réside Hassan II. Le dîner et la soirée permettent de faire le point avec plusieurs membres du gouvernement marocain, dont Ahmed Laraki, Taiebi Benhima, le ministre de l’Information et Moulay Ahmed Alaoui, proche du roi. Je suis très étonné par leur énervement : ils veulent en découdre une fois pour toutes avec l’Algérie, s’exaltant sur leur première victoire à Amgala. Nullement impressionné, j’imagine alors l’état d’esprit du roi ; je revois la soirée passée dans une atmosphère tendue avec les ministres algériens et adapte en conséquence ma stratégie.

    Le lendemain, l’audience va durer 1 h 15. Le roi est seul, contrairement à Boumediene. Après les formules d’usage que je ne ménage pas, Sa Majesté évoque avec sympathie ma dernière visite au Maroc, deux ans auparavant.

    [En effet, le 28 décembre 1973, j’arrivai au Maroc, invité par mon homologue Hadou Chiguer pour une réunion de travail ; en vérité, pour clarifier nos relations refroidies depuis quelques mois à cause d’une scabreuse affaire de calomnie rapportée par un proche du Président, qui, en réaction, avait rappelé brusquement notre ambassadeur. Je pus m’expliquer pendant toute la soirée avec le ministre marocain.

    Le lendemain, le roi me reçut, et sans laisser paraître le moindre signe d’acrimonie, n’a pas tari d’éloges sur Bourguiba qui, insistait-il, “avait porté sur les épaules la dépouille de Sa Majesté Mohamed V”. C’était pathétique.

    Au retour, le 1er janvier, le soir même, j’informai l’épouse du chef de l’Etat de la délicatesse de ma mission et de ses résultats. Le lendemain matin, le Président reçoit longuement son fils, puis le Premier ministre et moi-même. Je lui transmis le message “de respect et de fidélité” du roi Hassan II. A la sortie, j’annonçai “la prochaine relance des relations tuniso-marocaines …”].

    Cette fois-ci, en 1976, nous passons d’emblée aux problèmes d’actualité. Le roi me dit combien il est révolté et peiné par l’attitude des dirigeants algériens et décrit, brièvement mais sobrement, la situation.

    J’enchaîne pour exprimer notre consternation (…) et conclus ainsi :

    “Le président Bourguiba souhaite, vivement et avec insistance, que l’affrontement s’arrête là, qu’on prenne un temps minimum pour calmer la tension afin de reprendre le contact et, le cas échéant, le dialogue.

    Le roi m’interroge sur ma mission en Algérie :

    — C’est la même que celle du Maroc (…) J’ai l’intime conviction qu’une volonté personelle immédiate et réciproque du roi Hassan II et du président Boumediene est nécessaire pour éviter l’escalade et toutes ses conséquences.

    Le souverain réfléchit un instant, puis se lance, calmement, dans une diatribe contre l’Algérie pour terminer son exposé géopolitique :

    — L’affaire du Sahara est maroco-mauritanienne, et les deux pays ont réussi à décider l’Espagne à partir. L’Algérie veut interférer et compliquer la situation. Vous en connaissez les raisons aussi bien que moi.

    Puis Hassan II se lance dans l’historique de ses manifestations de bonne volonté à l’égard de l’Algérie, restées, assure-t-il, sans réciprocité. Il épilogue, longuement, sur l’affrontement de 1963 et sa décision, malgré une forte opposition intérieure, de céder Tindouf “comme Bourguiba l’a fait pour la borne 233.

    Le roi exulte en vantant les vertus guerrières du peuple marocain :

    — Le Maroc, ce faisant, défend toute la région et veut cantonner une fois pour toutes l’Algérie dans ses frontières (…) Vous êtes aussi concernés que nous.

    La maîtrise du roi est impressionnante. Il martèle ses mots, sait se référer au passé pour aller au présent et revenir, avec brio, au passé, pour déterminer l’avenir. Il sait être brillant.

    Mais, je ne m’égare pas et reviens au sujet :

    — J’aimerais rapporter à Bourguiba votre décision d’arrêter l’escalade.

    Ce qui me vaut une nouvelle tirade du roi qui proclame à la fin :

    — L’armée fera son devoir.

    Bouleversé par cette détermination, je prends sur moi-même d’affirmer :

    — La Tunisie sera contrainte de déplorer et de dénoncer toute nouvelle complication !

    — Est ce la position personnelle de Bourguiba ?

    — Majesté, ma mission est nette et précise (…) Vous avez toujours rappelé les conseils de feu Sidi Mohamed V pour une concertation permanente entre les deux pays” (…) et je finis par laisser entrevoir que les Algériens sont déterminés à en découdre eux aussi.

    Un pesant silence s’installe. L’audience en reste là ; Hassan II me demande de prolonger mon séjour : il veut me recevoir une seconde fois. Je rentre au palais des hôtes pour déjeuner avec quelques ministres marocains, notamment deux vieux amis, Taiebi Benhima et Ahmed Senoussi, ancien ambassadeur en Tunisie. Ils savent que je vais revoir le roi, le déjeuner est plus calme que le dîner de la veille, mais les interrogations sur cette seconde entrevue prédominent. Il est difficile de détendre complètement l’atmosphère.

    Le soir, c’est vers 22 heures, que je suis réintroduit au palais de Fès. Le souverain, vêtu en chef militaire, me reçoit à un autre étage, dans un autre bureau que celui du matin et me déclare :

    “Je viens de me réunir avec mon Etat-major (…) Cette enveloppe [qu’il me montre] contient mes instructions pour aller de l’avant. Nous devions occuper ce soir Bir Helou. J’ai tout arrêté

    provisoirement. Vous le direz à Bourguiba. J’espère qu’il obtiendra la réciprocité et qu’on ne le décevra pas (…) L’Algérie ne doit plus interférer dans les problèmes de la région dont l’équilibre géographique ou politique ne se fera pas selon ses ambitions”.

    Le roi veut expliquer la gravité de la décision et sa portée. Lui aussi est manifestement sincère, sa sympathie pour notre pays et son admiration pour Bourguiba sont évidentes. Dans un court échange de vues, nous convenons qu’il est urgent d’attendre la mutation de l’Algérie, qui passe par des transes révolutionnaires avant de retrouver, par la force des choses, un certain équilibre.

    Il est près de 23 h 30. Je rentre au palais où vinrent d’arriver pour une même mission de bons offices, Hosni Moubarak, alors vice-président de la République égyptienne et Séoud Fayçal, ministre des Affaires étrangères d’Arabie saoudite. Nous veillons tant soit peu, nous convenons que le calme et la sérénité s’imposent. Nous devisons sur les tribulations de Kadhafi et sur le sort de l’unité arabe. Je suis agréablement surpris par le réalisme de Moubarak et la pondération de Fayçal. Le lendemain, 2 février, je rencontre le Premier ministre, et discute encore longuement avec Moulay Ahmed Alaoui qui entrecoupe ses interventions impétueuses de ses habituels traits d’humour.

    J’arrive à Tunis vers 18 h 30 où je déclare à l’aéroport :

    “Les recommandations du Président ont permis d’obtenir deux résultats concrets : mettre fin à une situation qui aurait pu se dégrader davantage et devenir très dangereuse pour l’ensemble de la région, et réfléchir à une solution politique et pratique pour un règlement pacifique, respectant les droits fondamentaux de chaque partie”.

    Nous nous retrouvons, à 19 heures, chez le Président : le Premier ministre, le directeur de cabinet, Mongi Kooli, secrétaire d’Etat aux Affaires étrangères et moi-même. Dans mon compte rendu, je rapporte intégralement les propos du roi, je souligne “sa surprise” devant la position de Bourguiba de “déplorer et dénoncer” toute escalade. Je mets, toutefois, en valeur la bonne volonté de Hassan II et son fameux geste de “l’enveloppe” annonçant l’arrêt de l’avancée militaire marocaine. Nous étudions tous les aspects de la trêve obtenue, sa fragilité et convenons d’agir pour la préserver…

    Le Président est réconforté. Il rappelle certaines de ses positions politiques dans le passé et ses bons réflexes dans de telles conjonctures. Il demande au Premier ministre de déclarer son soutien total à ma mission. A l’issue de cette longue séance de travail, Nouira déclarera : “Le ministre de l’ Intérieur à fait au chef de l’Etat un compte rendu de son entretien avec Sa Majesté le roi du Maroc et a évoqué les complications qui se sont produites à la suite du problème du Sahara occidental. Ce compte rendu a été fait, selon les directives que le ministre de l’Intérieur avait reçues, auparavant, avant de quitter Tunis pour Rabat”. Dans sa dernière partie, ce texte souleva la surprise de certains observateurs, il était destiné au Maroc.

    Bourguiba, quant à lui, préfère appeler personnellement Hassan II au téléphone pour le féliciter de son réalisme et l’assurer de son soutien personnel. Au président Boumediene, il annonce l’arrêt des hostilités à Amgala en l’adjurant au calme et à la sérénité. Les Algériens me feront, néanmoins, le reproche de n’avoir pas fait escale à Alger, à mon retour de Rabat.

  • Guerre déclarée entre les femmes marocaines et saoudiennes

    La vie sexuelle des Saoudiennes… racontée par une Marocaine 

    Les pays du Golfe intensifient leurs attaques contre nos concitoyennes qu’ils assimilent à des prostituées ou à des sorcières. Un livre choc, bientôt disponible dans nos librairies, révèle la réalité des alcôves de la péninsule arabique.


    Une Marocaine a osé le faire ! Sex and the medina est un livre témoignage édité chez Plon, écrit par une hôtesse de l’air marocaine qui a préféré garder l’anonymat. Souvenez-vous, en 2004, ces mêmes éditions Plon avaient réalisé un coup de maître en publiant le premier roman érotique écrit par une Arabe, L’Amande de Nedjma, suivi de La Traversée des sens, du même auteur. Les deux livres ont été traduits dans une douzaine de langues, mais pas en arabe. Et aujourd’hui, voilà cette Marocaine qui lève le voile sur les femmes saoudiennes, leurs longues journées oisives, les bavardages incessants autour de leur vie sexuelle, leurs recettes de beauté pour captiver leurs maris, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs liaisons secrètes, et surtout leur regard sur les Marocaines, « ces putes sorcières aux mœurs débridées, voleuses de maris ». Elles leur font peur mais les Saoudiennes ne peuvent s’empêcher de les envier. Elles ont le droit de conduire des voitures, de travailler, de parler avec des hommes sans lien de parenté avec elles, de voyager seules, sans tuteur. Un privilège qui ne leur est pourtant pas accordé par l’Arabie saoudite, la Jordanie ou la Syrie. Le PJD a même appelé le ministère des Affaires étrangères marocain à intervenir pour faire cesser un tel abus dans le traitement des Marocaines et rendre la dignité aux familles touchées par cette exclusion. Il a demandé cet été aux autorités marocaines d’ouvrir le dialogue avec leurs homologues saoudiens pour éclaircir la situation (voir nos questions à Bassima Hakkaoui). Pour les Saoudiennes rencontrées par l’auteur de Sex and the medina, les Marocaines sont avant tout « le pétrole de leur pays ».


    Retraitée à 25 ans


    Sex and the medina, c’est Sex and the city version arabo-musulmane. Si Carry Brad-show, Samantha, Charlotte et Amanda ont été choquées par les mœurs et la culture d’Abu Dhabi, les quatre drôles de dames saoudiennes de Sex and the medina ne s’intéressent pas aux Américaines ou autres Occidentales jugées trop caricaturales. Elles se passionnent davantage pour leurs « sœurs » de la nation musulmane qui se sont émancipées, troquant les traditions pour une modernité à la thaïlandaise mêlant alcool, drogue et prostitution. Elles n’arrivent pas à croire que notre narratrice, hôtesse de l’air dans une compagnie saoudienne, soit vierge et ne se contente, à 28 ans, que de flirts, se préservant pour son futur époux. Elles fantasment sur le collègue marocain de Leila, stewart, qu’elles imaginent viril, doux et conciliant. Mais surtout, elles ont peur de ces jeunes filles prédatrices, prêtes à tout pour se faire épouser en raflant la mise.


    Nous avons rencontré l’une d’entre elles à Casablanca. A 25 ans, Badria est propriétaire d’un appartement dans un quartier plutôt chic, porte des vêtements de marques et arbore des bijoux que seules les grandes bourgeoises casablancaises peuvent s’offrir. Belle, grande, claire, séduisante à souhait, elle est pourtant déjà à la retraite. « Les Saoudiens aiment les filles jeunes, très jeunes », dit-elle en riant. « Moi, je suis déjà hors circuit. Je suis allée en Arabie saoudite à l’âge de 15 ans. Et j’ai découvert un monde souterrain que les musulmans qui vont en pèlerinage sur cette terre sacrée ne peuvent même pas imaginer. Là-bas, il n’y a pas de boîtes de nuits ou de bars, mais des caves de villa aménagées comme les plus belles discothèques du monde. Quand il y a une soirée, les filles arrivent à la porte et sont sélectionnées à l’entrée. Une caméra à l’intérieur permet aux hôtes saoudiens de faire le casting », poursuit-elle. Dans le contrat de ces filles, elles sont obligées de boire, fumer et se droguer. La plupart passeront la soirée à parader sans résultat, d’autres plus ou moins chanceuses, feront l’objet de la réalisation des fantasmes de quelques vieux pervers.


    L’homme idéal


    Pour la grand-mère saoudienne dans Sex and the medina, l’homme idéal est « celui qui s’intéresse à toi et aux tiens, qui essaie de s’approcher de ta famille. Celui qui te fait des compliments pour une belle chose que tu viens d’entreprendre. Celui qui ne compte pas l’argent avec toi et n’oublie jamais de te faire des cadeaux. » Plutôt cupide comme approche pour des femmes qui traitent les Marocaines de prostituées ! Ce à quoi répond Joumana, la plus moderne de nos amies saoudiennes : « Un bon mari est celui qui ne prend pas une seconde épouse, qui encourage sa femme à s’épanouir hors de la cuisine et à exercer un métier, qui ne voit aucun inconvénient à ce qu’elle fraie avec ses amis garçons, qui est capable d’élever la voix pour lui épargner toute loi qui la brime ou touche à sa dignité, qui marche à côté d’elle et pas devant, qui ne fait pas rire le monde entier en la présentant sous les traits de l’esclave, qui n’a pas peur de sa sexualité et apprécie son appétit comme un signe d’amour et non de débauche, qui ne la tue pas parce qu’il a découvert qu’elle n’était pas vierge. » Il est vrai que cela ressemble beaucoup à une plaidoirie de femme marocaine. Finalement, aussi bien au Maroc qu’en Arabie saoudite, les rapports du couple se noient dans la tradition, comme l’explique Abdelbaki Belfqih, sociologue (voir interview). Et les femmes en sont à la fois les principales instigatrices et les premières victimes.


    Les meilleures clientes de nos fqihs


    Elles sont prêtes à payer le prix fort nos Saoudiennes pour bénéficier des services de nos fqihs, de nos voyantes ou des recettes des Marocaines, amulettes et aphro-disiaques propres à enchaîner les maris. Dans son ouvrage, notre hôtesse de l’air raconte : « Ma cousine Nora s’est proposée de motiver la bande à magie qu’elle avait recrutée, composée de deux anciennes femmes de ménage en leur promettant un visa pour l’Arabie et la moitié des frais du pèlerinage. Elles ont mis la main sur une sahhara à la mode, une certaine Zineb que l’on disait mariée à un être de l’au-delà, instigateur de ses formules et de ses remèdes censés venir à bout de tous les maux. Elle aurait reçu les plus grands de ce monde sous sa modeste tente, certains citant le président français Jacques Chirac en personne. »


    Nous vérifions la cote des sorciers marocains auprès de Mohamed, un fqih en vogue qui tient boutique à Derb Sultan. « Je me rends à la Mecque régulièrement, trois à quatre fois par an, tous frais payés », dit-il fièrement. « Ces dames saoudiennes sont extrêmement friandes de nos compétences. Elles payent très cher pour domestiquer leurs époux, jusqu’à 40 000, voire 50 000 dirhams uniquement pour les mater », poursuit-il. Ce sont, de loin, les meilleures clientes de nos enchanteurs en tout genre.


    Nuits barbares


    Les nuits de noces des Saoudiennes ressemblent aux nôtres… Il y a 30 ans, dans les centres urbains et aujourd’hui, dans les campagnes. Plutôt barbares, saignantes et mettant en valeur la virilité des hommes. « Il a mis sa main sur ma tête et il a lu la sourate : “Quiconque parmi vous acquiert une femme, un serviteur ou une bête, qu’il pose sa main sur son front et dise : O Allah, je te quémande son bienfait et sa prédisposition à faire du bien et protège-moi contre sa malfaisance et sa prédisposition à faire du mal’’ », raconte Salma, l’une des quatre Saoudiennes. Il l’a ensuite possédée sauvagement. Il s’est avéré par la suite qu’il était homosexuel. Quant aux autres, ce n’est pas mieux, le rituel est le même. Visiblement aux yeux des Saoudiens, leur femme est avant tout la future mère de leurs enfants. Leur plaisir, ils vont le chercher ailleurs. Leila B. nous livre un récit cru, réaliste et sans concessions. Sex and the medina est un ouvrage à ne pas manquer !


    Bahaa Trabelsi




    Trois questions à Bassima Hakkaoui, députée PJD et militante associative


    « Le gouvernement doit réagir »


    ACTUEL. Dans les médias comme auprès de l’opinion publique arabe, la Marocaine est souvent assimilée à une prostituée. Comment expliquez-vous cette image négative ?


    BASSIMA HAKKAOUI. Nous assistons à une véritable campagne stigmatisant les femmes marocaines et les réduisant à une seule fonction, celle de filles de joie. Il y a certes du vrai, nombre de Marocaines, chez nous comme dans les pays du Golfe, ont fait de la prostitution leur métier, mais cet a priori est nourri davantage par une totale ignorance de la société marocaine.


    Cette perception se traduit malheureusement par des restrictions telles que l’interdiction pour une jeune Marocaine de se rendre à Al Omra…


    Ce sont de pures injustices. Je me réjouis cependant de la réaction de nombreuses associations et des médias marocains quant à cette stigmatisation. C’est pour moi l’occasion de nous poser la question quant aux véritables raisons de cette perception et d’essayer de rectifier le tir. Pour cela, il faut, à mon avis, commencer par présenter le vrai visage de la femme marocaine.


    Que pensez-vous de la timidité de la réaction de nos officiels ?


    L’image de la femme marocaine est une affaire d’Etat. Le gouvernement doit assumer toutes ses responsabilités de cette perception dans la mesure où il n’a pas su protéger ses citoyennes. Sinon, comment expliquer qu’on ait laissé des Marocaines partir dans les pays du Golfe avec de faux contrats pour qu’elles se retrouvent otages de réseaux mafieux, dans des situations de quasi-captivité, sans passeport et sans droits ? Le tout au vu et au su de nos services consulaires. Qui a permis à des mafias de s’installer au Maroc et d’y recruter des prostituées ? Et qu’est-ce qui empêche notre ministère des Affaires étrangères de réagir ?


    Propos recueillis par Tarik Qattab







    Entretien de Leila B.


    « J’espère que le fait d’avoir levé le voile sur un pan de leur vie pourra les aider à s’émanciper »


    Elle a la plume alerte et pas la langue dans sa poche. Ce n’est pas une œuvre littéraire, mais un témoignage. En exclusivité, Leila B. répond à actuel.


    Les héroïnes saoudiennes du récit vont-elles se reconnaître ?


    LEÏLA B. : Le contraire m’étonnerait. Cela dit, elles n’iront pas le crier sur les toits. Si ça doit animer leurs conversations secrètes, elles n’ont pas intérêt à divulguer qu’elles ont été mes amies. Ni qu’elles ont lu le livre, si elles l’ont lu. Ce qui ne veut pas dire qu’elles renient cette amitié. Car, au fond d’elles-mêmes, elles savent que c’est dans leur intérêt que j’ai écrit. Par ailleurs, j’ai pris la précaution de changer les noms, de forcer certains traits et de confondre ou d’intervertir les destins afin de les protéger. Et puis, ce qui leur arrive est assez courant dans la société saoudienne, les cas de ce genre sont légion et beaucoup de bourgeoises saoudiennes pourraient se reconnaître dans mon témoignage.


    Que pensez-vous des réactions de certaines Marocaines qui vous reprochent de dévoiler la vie secrète de leurs sœurs musulmanes ?


    Est-ce qu’on me reprocherait, à moi ou à d’autres, de parler de la vie secrète des Marocaines ? Non ? Alors ? Les Saoudiennes seraient-elles plus sacrées ou plus musulmanes que les Marocaines ? Et, d’une façon générale, pourquoi est-ce que les musulmanes devraient être les seules au monde à demeurer secrètes et leur vie cachée, si ce n’est pour conforter l’obsession des hommes de nier leur existence. Les Saoudiennes, comme toutes les femmes, ont des sentiments, un corps, un sexe, des envies, des défauts, des qualités et des fantasmes. Leur vie n’est pas plus à préserver que d’autres. Et le harem, c’est fini ! Enfin, expliquez-moi ce qu’est cette vie secrète à cacher ? On cache les délits, les coups tordus, mais pas la vie au quotidien de femmes qui, au fond d’elles, aspirent à vivre au grand jour comme tout le monde.


    Le fait que les Saoudiennes pensent que les Marocaines sont « des putes sorcières, voleuses de maris» les empêche-t-il de les envier ?


    Les Saoudiennes qui ne sont pas instruites, celles qui adhèrent aux convictions de leur mari et ne voient qu’à travers leur ornière, croient peut-être à cette version qui porte atteinte aux femmes de mon pays. D’autres aiment faire aux Marocaines cette réputation, parce qu’elles ont véritablement peur pour leurs maris. Il faut bien trouver des défauts à des femmes libres et perçues comme des rivales. Il faut bien aussi que les Saoudiennes fassent croire qu’elles sont un modèle de vertu. Je crois, enfin, que c’est leur façon de se consoler de ce que les autres ont et qu’elles n’ont pas. Mais au fond, je pense que si elles avaient le choix, elles opteraient pour le mode de vie des Marocaines. S’il leur était possible d’avoir notre liberté de mouvement, notre accès au travail, notre volonté de gagner notre vie, elles ne se feraient pas prier. Vous connaissez l’histoire de l’animal qui ne réussissant pas à attraper le bon fruit préfère penser qu’il est pourri…


    La modernité n’a-t-elle pas touché les nouvelles générations de Saoudiennes ?


    En apparence et à en juger par le rythme de vie des plus aisées, si. Beaucoup de jeunes filles sont éduquées, d’autres étudient à l’étranger et tant qu’elles sont loin de leur pays, elles se comportent en femmes modernes. Beaucoup sont conscientes des droits qui leur manquent, également. Mais, revendiquer, militer est une autre affaire. Certaines rentrent avec l’intention de tout changer, mais la pression masculine est telle, le poids de la charia est si grand qu’elles ont peur de défrayer la chronique et donc de se faire désigner du doigt ainsi que leur famille. Au final, on a l’impression que les Saoudiennes ne se raccordent à la modernité que lorsqu’il s’agit de progrès technologiques ou de produits de consommation et non lorsqu’il s’agit de révolutionner les mentalités ou de réclamer leurs droits.


    Comment le livre a-t-il été accueilli dans les pays du Golfe ?


    Je ne cherche pas à savoir. Je veux seulement que mes amies restent anonymes et j’espère que le fait d’avoir levé le voile sur un pan de leur vie pourra les aider à s’émanciper.


    Que pensez-vous de la montée du fondamentalisme dans les pays arabo-musulmans ?


    En Arabie, on a l’impression que le fondamentalisme a toujours été là, qu’il se maintient et n’aura aucun mal à perdurer. Le problème est qu’il s’exporte chez nous par le biais d’aides économiques, d’opportunités de travail offertes, de supports médiatiques et de prêches en tout genre. C’est pour ça que nous tombons dans le piège. J’en suis sortie édifiée. Je ne mettrai jamais le voile après avoir vu là-bas à quel point ce vêtement n’a rien à voir avec la religion et combien de vices il cache. Si le fondamentalisme guette du côté de chez nous, je sais, personnellement, où jaillit sa source. A laquelle je ne boirai pas.


    Propos recueillis par Bahaa Trabelsi




    Interview Abdelbaki Belfqih, sociologue et anthropologue


    « Un Saoudien veut une épouse certifiée halal »


    Pour le sociologue et anthropologue Abdelbaki Belfqih, professeur à l’université de Ben Msik spécialisé en communication et en interculturalité, cloisonnement social et excès sont les deux faces d’une même médaille… Avec des hommes dominateurs d’un côté et des femmes qui se « distraient » comme elles peuvent de l’autre, l’expression « faire avec les moyens du bord » semble prendre tout son sens dans les pays du Golfe. L’autre mauvaise nouvelle, c’est que les choses ne sont pas vraiment près de changer.


    Beaucoup de Saoudiennes sont peu désireuses de changer leurs conditions sociales. Pourquoi selon vous ?


    ABDELBAKI BELFQIH : On dit très souvent que les femmes sont les premières gardiennes de la tradition. Cette affirmation vient du fait qu’un bon nombre d’entre elles envisagent le respect et l’entretien des coutumes comme les seuls moyens d’assurer la pérennité de leur « pouvoir ». Une mère de famille par exemple aura l’impression que son influence sur son époux, ses enfants et ses domestiques passe nécessairement par la reconduction des choses d’hier, quelle qu’en soit la contrepartie…


    Comment décririez-vous les rapports de couple dans une famille saoudienne ?


    Encore une fois les rapports sont noyés dans la tradition. Ce qu’un homme souhaite, c’est une épouse certifiée « halal ». Une femme docile et irréprochable qui assurera l’éducation de ses enfants et se pliera à ses quatre volontés. Toutes ces femmes acceptent d’être commandées pourvu que quelques prérogatives leur soient conférées (possibilité de faire du shopping, de mener la belle vie et d’avoir des domestiques).


    Quelles sont les « échappatoires » dont disposent ces femmes ?


    C’est simple, il y a de tout. D’un côté, elles vont se distraire en dépensant de grosses sommes d’argent sur leur corps, et de l’autre on pourra aussi observer certaines déviances sexuelles. Les femmes vont parfois avoir recours à des attouchements entre elles, parce que les contacts avec le sexe opposé sont réduits à leur minimum pour ne pas dire prohibés.


    Comment les hommes saoudiens justifient-ils les excès (recours aux prostituées, alcool) auxquels ils s’adonnent ?


    L’intensité des interdits a été atténuée par l’invention et la légitimation de certaines pratiques. Plusieurs types de mariages ont été créés pour permettre aux hommes aisés de faire des choses en principe bannies. Le « jawaz moutâa » (mariage de plaisir à durée déterminée) en est la parfaite illustration. Ce sont surtout les classes sociales élevées qui sont les plus sujettes à de tels comportements, car moins soumises aux contrôles que les autres. L’alcool est la seule chose qui n’ait pas été légitimée, mais là encore, qui viendra vérifier à votre domicile ?


    D’où vient la triste réputation des Marocaines dans les pays du Golfe ?


    Ce phénomène a débuté dans les années 70. Ils ont commencé à nous prêter de l’argent et leurs ressortissants se sont mis à venir chez nous en tant que touristes. Le fait est que tous ces gens n’avaient pas de culture touristique à proprement parler. Visiter le Maroc voulait dire visiter des cabarets remplis de danseuses et d’ouvreuses. Petit à petit, de nouveaux métiers ont vu le jour, marquant le début du tourisme sexuel khaligien et des clichés sur les Marocaines. A partir du moment où l’on exerce une certaine domination économique sur quelqu’un, on se croit tout permis et surtout on s’autorise à le traiter légèrement. En somme, je dirai que cette réputation est pour beaucoup inhérente au développement des pratiques touristiques.


    Sabel Da Costa



    Vécu : Bienvenue à Tartuffe City


    La bigoterie poussée à son paroxysme apparaît paradoxalement… diabolique. Intolérance, ignorance et perversion : c’est aussi ça la terre du Prophète.


    ***


    Il est trois heures du matin. Après trois heures de route sous une chaleur torride à partir de Koweït City, le minibus s’arrête au poste frontière qui mène à Hafr Al Batin en Arabie saoudite. Bien que l’aube qui marque le début du jeûne soit encore loin, les policiers sont de mauvais poil : un enseignant égyptien qui avait osé hausser le ton pour protester contre la lenteur des procédures se fait passer un savon sous nos yeux avant de voir son passeport jeté au loin. Notre chauffeur, un Yéménite, nous demande de ne pas intervenir. Cela n’a pas empêché les policiers en rogne de démonter notre véhicule. « Marocains ? » La question avait suffi au douanier de service pour exiger de vérifier si on n’avait pas aménagé des caches pour le convoyage de haschich. L’opération va prendre trois bonnes heures durant lesquelles les policiers et les gabelous narquois, sirotant un thé noir, nous observaient à travers les vitres d’un bureau climatisé. « Vous allez effectuer la Omra, pourquoi vous ne portez pas des vêtements décents ? » Le reproche est fait à une dame d’un certain âge qui avait juste un fichu porté négligemment sur la tête. On aura régulièrement droit à des remarques désobligeantes de ce style ; un barbu de service va même nous reprocher de porter pantalon et chemise. C’est « makrouh » explique-t-il avec force hadiths, autrement dit, ce n’est pas complètement haram mais c’est tout comme.


    Un ghoulam de service


    On redémarre, direction Buraydah, on nous avait prévenus : la traversée du désert de Dahna est particulièrement ardue même si les autoroutes dans le saint des saints feraient pâlir de jalousie n’importe quel bolide américain. Le problème, c’est le paysage, un paysage sidéral, aucune espèce de végétation si ce n’est des ronces et des cailloux à perte de vue ; et de temps à autre une aire de repos. La station service, couplée avec une gargote, et la mosquée transpirent la saleté. « C’est le fief des camionneurs qui ne sont pas particulièrement portés sur la propreté », explique l’un des passagers qui nous précise que, souvent, les chauffeurs de poids lourd sont accompagnés d’un jeune adolescent : « C’est le ghoulam de service, il est bon à tout faire, il fait fonction autant de graisseur que d’exutoire sexuel pour des chauffeurs qui sont parfois obligés de s’absenter du domicile conjugal plusieurs jours », renchérit Rachid, un prof qui a passé près de quinze ans à Oman. Effectivement, on ne verra pratiquement pas de femmes durant notre séjour. Juste quelques silhouettes fantômes enveloppées de noir au détour d’une ruelle, spectres sans visage.


    Plus d’une journée pour traverser cette région inhospitalière avant d’arriver à Médine. La ville est plutôt agréable et les gens sont d’une chaleur incroyable. La cité du Prophète semble avoir gardé une sérénité à toute épreuve, les cafetiers vous servent le sourire aux lèvres et les gens se plient en quatre pour vous être agréables. Trois jours plus tard, nous allons déchanter. De Médine à Jeddah, il nous faudra endurer presque douze heures de route avec les mêmes paysages de désolation. De multiples contrôles policiers nous font perdre jusqu’à une demi-heure par arrêt. Une fois dans la ville sainte, nous voilà la proie des requins de l’immobilier, des Asiatiques à la solde de patrons saoudiens. Après de sordides marchandages, nous sommes obligés de nous entasser à dix dans une maison de quatre chambres, payée l’équivalent de 3 000 dirhams la nuit.


    Le lendemain, à trois heures du matin, la ville sainte est particulièrement animée ; les commerçants chinois ont du mal à satisfaire la demande. Quand tout ce beau monde trouve-t-il le temps de se consacrer aux rituels ? Un hôtelier, ayant pignon sur rue à Marrakech, a eu le malheur d’accompagner sa maîtresse dans le quartier des bijoutiers. Il baisse les yeux, contrit, car il espérait passer incognito. A la porte Ibn Abdelaziz, sur l’escalier qui mène à l’intérieur de la Mosquée sacrée, un « moutawaa » (agent de la police religieuse) m’arrache violemment le journal que je tiens à la main : « Haram ! » C’était pourtant un quotidien en langue arabe.


    Abdellatif El Azizi



    Extraits de Sex and the medina


    « Mon bourreau n’est pas le GI ni le juif, c’est mon propre frère de sang ! »


    […] Le Maroc n’est certes pas le meilleur pays où il fait bon vivre, mais il est l’éden à côté de certains pays du Golfe. Bienvenue dans l’enfer des Saoudiennes. […]


    Nuit de noces saoudienne


    […] Vous devez vous en douter, ce fut un vrai cauchemar ! Sitôt qu’il a prononcé la formule : « Bénis-la pour moi et bénis-moi pour elle », il m’a foncé dessus et m’a arraché mes vêtements. J’ai voulu fuir dans la chambre d’à côté, mais il m’en a empêchée. Je ne savais même pas à l’époque comment était fait un sexe de femme, ni comment Dieu l’avait scellé. Il m’a coincée au fond de la chambre et m’a portée de force jusqu’au lit. En deux mouvements, il a arraché ma robe et il s’est rué sur moi. J’ai crié, il a mis une main sur ma bouche et de l’autre il a relevé son thobe. Il y est allé de plus en plus fort, avec des gestes de sauvage. Je criais mais il ne voulait pas savoir qu’il me faisait mal, seul le tenaillait le souci d’assouvir son appétit. Je me suis évanouie. Quand je me suis réveillée, j’ai vu le sang qui coulait entre mes jambes et j’ai vomi. Je me suis dit : si c’est ça faire l’amour, eh bien, je n’en veux plus. […]


    Saoudiennes au lit


    […] Farah : Et comment le voulez-vous au lit ?


    Joumana : Empressé et patient à la fois.


    Soha : Respectueux et poète en ce qu’il peut me dire des mots d’amour.


    Salma : Qui n’a jamais couché avec une autre, je serais sa première.


    Farah : Ça vous en fait un couple, ça ? Deux puceaux au lit, avec un prospectus si ça se trouve ! […]


    Objet sexuel


    […] —Les hommes aiment aussi les filles expérimentées et qui savent s’occuper d’eux, a avancé Soha sur un ton d’hésitation.


    —Oui, mais pas trop, comme dit belle-maman. Il faut toujours leur laisser croire qu’ils sont les maîtres à bord. Et que ton expérience, elle vient de te tomber dessus, comme ça, par magie, parce que c’est lui, ton inspirateur suprême. A partir du moment où un homme croit que tu consommes comme lui, il se cabre. S’il s’aperçoit qu’il sert d’objet sexuel, sa virilité en prend un coup. […]


    Chirurgie esthétique


    […] Tu verras, tu auras la plastique de Haïfa Wahbi, en mieux », a assuré Farah. Soha, qui adorait la chanteuse libanaise, a eu l’air satisfait.


    Il faut dire qu’elle n’est pas la seule à être fascinée par ces femmes refaites, blanches et dodues, qui chantent à l’écran comme on fait l’amour sur une banquette, avec mimiques et simulations lascives, vêtues de robes échancrées jusqu’à la raie des fesses, parfois de nuisettes transparentes, sans pour autant être dotées d’un vrai talent. […]


    Politique


    […] Joumana : Vous suivez le feuilleton le plus sordide des vôtres, en vous plaignant d’être des victimes. Moi, mon ennemi ce n’est pas l’Amérique, c’est la bande à Saddam. Mon bourreau n’est pas le GI ni le juif, c’est mon propre frère de sang ! Cette fois, même moi, je me suis sentie mal à l’aise et j’ai eu des soupçons quant à la fibre arabe de mon amie. […]


    Aphrodisiaques


    […] J’exposais tout le savoir sexuel de mon pays sous les yeux de mes amies, comme on exhibe les preuves de bonne santé ou les bonnes références d’un candidat à l’embauche. Nous étions assises autour de la petite mallette dont je sortais et nommais au fur et à mesure les produits, avant d’en détailler la composition et les conseils d’usage. Il y avait là de quoi faire lever les verges les plus paresseuses, m’avait juré Nora, du lamsakhen (à base d’écorce de noix de muscade) à profusion, du sanouje (nigelle) sous forme de miel, du gingembre, à cuire de préférence avec un hérisson, du sellou, gâteau bourré d’amandes et de graines de sésame. Sans oublier le carvi et le poivre à semer en abondance dans les mets. […]


    Les beurettes


    […] Celles que les Français appellent les « beurettes » sévissent dans les lieux de débauche comme à Damas, je l’avais vu de mes propres yeux. Elles vous arrachent un client en deux tours, leur font perdre l’esprit en dignes héritières des sortilèges de harems, se font glisser les dollars entre les seins, s’installent sur les genoux des vieux du Golfe afin de mieux les plumer, le vin coulant jusqu’à leur nombril ! […]


    Copyright Plon 2010


    Editing actuel


    Comment garder un mari, selon une grand-mère saoudienne


    […] Pour garder son mari, il convient de bien faire la cuisine, les hommes, on les tient par le ventre, le sexe vient après. Y aller des compliments, les hommes sont des narcissiques et leur image compte plus que le reste, il faut leur faire croire qu’ils sont les meilleurs. S’intéresser à ce qui intéresse son époux, fût-ce par hypocrisie. Que ce soit la politique, l’argent ou le foot, faire semblant d’être passionnée parce qu’il l’est d’une de ces activités. Lui donner l’impression qu’il est le plus beau, le plus sympathique, le plus intelligent. Lui offrir le cadeau qui le lui prouve. L’encourager dans ce qu’il entreprend pour montrer que sa réussite vous importe plus que la vôtre. Etre aux petits soins avec sa famille, il n’aura plus de problèmes de conscience. Aimer sa mère, même du bout des lèvres. Lui montrer que l’homme c’est lui, pour tout ce qui est prise de décision, travail pénible et toute autre initiative de responsabilité déclarée. Au lit, lui faire croire que c’est lui le chef d’orchestre et que votre talent ne relève pas de la pratique mais d’une sorte de révélation que vous lui devez.[…]


    Source : Actuel, 18/9/2010

  • Plus de la moitié des fédérations sportives marocaines ne sont pas couvertes par une assurance sportive

    Les fédérations continuent de demander au ministère de prendre en charge l’assurance des sportifs, alors que celui-ci appelle à l’application pure et simple des lois en vigueur dans ce domaine qui stipulent que chaque club qui perçoit une assurance sur toute licence livrée doit la verser à la fédération qui la verse à son tour à l’assureur.

    Seules 22 fédérations sportives sur les 45 existantes au Maroc sont couvertes par une assurance sportive et seulement 190.985 sportifs ont bénéficié d’une assurance lors de l’exercice 2009/2010, a-t-on appris hier à Rabat. Une journée d’information et d’évaluation sur l’assurance sportive organisée à Bouznika (40 km au sud de Rabat) par le ministère de la Jeunesse et des Sports marocain a levé le voile sur plusieurs anomalies qui grèvent cette assurance mise en place il y a deux ans. 

    La première d’entre elles est celle du mode de règlement non encore clarifié. En effet, les fédérations continuent de demander au ministère de prendre en charge l’assurance des sportifs, alors que celui-ci appelle à l’application pure et simple des lois en vigueur dans ce domaine qui stipulent que chaque club qui perçoit une assurance sur toute licence livrée doit la verser à la fédération qui la verse à son tour à l’assureur. De plus, cette assurance dont le taux de couverture est de 20 dirhams par an et par personne ne couvre que 6.023 encadrants, arbitres et entraîneurs alors qu’ils sont eux aussi susceptibles d’être victimes d’accidents lors de leur travail, a-t-on indiqué. 

    Au cours de cette journée l’accent a été mis sur la nécessité de situer les responsabilités des uns et des autres (ministre, fédérations, comité olympique, ligue) pour que les sportifs marocains aient une vraie assurance qui les protège. Il a été également question d’une culture de solidarité pour que l’ensemble des sportifs, dirigeants et entraineurs puisent être pris en charge en cas de problème de santé. Enfin, il a été question de la mobilisation de fonds conséquents pour que les primes en cas de problème soit substantielles, et ce, en commençant par le doublement du taux de couverture qui est actuellement de 20 DH (2,4 US dollar) par adhèrent. 
    APS
    Le Midi Libre, 30/9/2010
  • Une conférence pour rétablir la vérité

    «J’ai été témoin à Laâyoune de la démolition de maisons de Sahraouis. Cela m’a rappelé le regroupement forcé de la population noire par le régime de l’apartheid des années 1950», a témoigné un ancien responsable de la Minurso.

    Le Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Abdelkader Taleb Omar, a souligné, hier, samedi, à Alger, que le choix du cas de son pays comme thème de la conférence internationale sur Le droit des peuples à la résistance était à même de rétablir les faits face à l’opinion publique internationale. Il a ajouté dans une allocution prononcée à l’ouverture de cette rencontre de deux jours à laquelle prennent part plus de 70 résistants sahraouis, militants des droits de l’homme et des représentants d’associations de soutien à la cause sahraouie, que «le régime royal au Maroc joue toutes les cartes pour cacher sa véritable image en tant que force d’occupation répressive et inique». Il s’est dit convaincu que cette conférence «contribuera à mettre à nu les allégations mensongères de l’occupant et de ses alliés» grâce, notamment, à la participation d’un nombre important d’activistes sahraouis dont la plupart ont subi toutes les formes de répression et de torture. 

    Le Premier ministre sahraoui a affirmé, à cet effet, que la répression n’avait pas touché uniquement les Sahraouis, mais même certains défenseurs des droits de l’Homme. M. Taleb Omar a précisé que 500 personnes enlevées sont portées disparues, ajoutant que l’on recense également 151 prisonniers de guerre et d’autres encore qui sont détenus dans les prisons marocaines. 

    «J’ai été témoin à Laâyoune de la démolition de maisons de Sahraouis. Cela m’a rappelé le regroupement forcé de la population noire par le régime de l’apartheid des années 1950 (…) Les Sahraouis ont protesté et leurs protestations ont été accueillies avec une opposition rigide. Ils ont été battus et des bulldozers ont été utilisés pour démolir leurs maisons», a dit l’ancien chef de la direction du personnel militaire (CMPO) de la Minurso, le général Esegbuyota Okiti, qui a dénoncé la répression «féroce» exercée par le Maroc contre la résistance pacifique du peuple sahraoui des territoires occupés. «Certains Sahraouis ont été même battus d’une manière inhumaine. Nous ne pouvions rien faire étant donné que notre mandat n’inclut pas la surveillance des violations des droits de l’Homme», a-t-il poursuivi. 

    Abondant dans le même sens, l’ambassadeur d’Afrique du Sud et représentant de ce pays auprès de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Joseph Kotane, a affirmé que «le peuple sahraoui subit la même infamie» que le peuple d’Afrique du Sud à l’époque de l’apartheid. Par ailleurs, les participants à cette conférence ont dénoncé les positions de certaines puissances occidentales dans le processus de règlement du conflit. 

    Dans ce sens, l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Autriche, Erwin Lanc, a rappelé la position de l’Espagne, ancienne puissance coloniale au Sahara occidental, qui a livré le territoire au Maroc.

    Algeria ISP, 27/9/2010
  • Guerre déclarée entre les femmes marocaines et saoudiennes

    La vie sexuelle des Saoudiennes… racontée par une Marocaine 

    Les pays du Golfe intensifient leurs attaques contre nos concitoyennes qu’ils assimilent à des prostituées ou à des sorcières. Un livre choc, bientôt disponible dans nos librairies, révèle la réalité des alcôves de la péninsule arabique.


    Une Marocaine a osé le faire ! Sex and the medina est un livre témoignage édité chez Plon, écrit par une hôtesse de l’air marocaine qui a préféré garder l’anonymat. Souvenez-vous, en 2004, ces mêmes éditions Plon avaient réalisé un coup de maître en publiant le premier roman érotique écrit par une Arabe, L’Amande de Nedjma, suivi de La Traversée des sens, du même auteur. Les deux livres ont été traduits dans une douzaine de langues, mais pas en arabe. Et aujourd’hui, voilà cette Marocaine qui lève le voile sur les femmes saoudiennes, leurs longues journées oisives, les bavardages incessants autour de leur vie sexuelle, leurs recettes de beauté pour captiver leurs maris, leurs rêves, leurs fantasmes, leurs liaisons secrètes, et surtout leur regard sur les Marocaines, « ces putes sorcières aux mœurs débridées, voleuses de maris ». Elles leur font peur mais les Saoudiennes ne peuvent s’empêcher de les envier. Elles ont le droit de conduire des voitures, de travailler, de parler avec des hommes sans lien de parenté avec elles, de voyager seules, sans tuteur. Un privilège qui ne leur est pourtant pas accordé par l’Arabie saoudite, la Jordanie ou la Syrie. Le PJD a même appelé le ministère des Affaires étrangères marocain à intervenir pour faire cesser un tel abus dans le traitement des Marocaines et rendre la dignité aux familles touchées par cette exclusion. Il a demandé cet été aux autorités marocaines d’ouvrir le dialogue avec leurs homologues saoudiens pour éclaircir la situation (voir nos questions à Bassima Hakkaoui). Pour les Saoudiennes rencontrées par l’auteur de Sex and the medina, les Marocaines sont avant tout « le pétrole de leur pays ».


    Retraitée à 25 ans


    Sex and the medina, c’est Sex and the city version arabo-musulmane. Si Carry Brad-show, Samantha, Charlotte et Amanda ont été choquées par les mœurs et la culture d’Abu Dhabi, les quatre drôles de dames saoudiennes de Sex and the medina ne s’intéressent pas aux Américaines ou autres Occidentales jugées trop caricaturales. Elles se passionnent davantage pour leurs « sœurs » de la nation musulmane qui se sont émancipées, troquant les traditions pour une modernité à la thaïlandaise mêlant alcool, drogue et prostitution. Elles n’arrivent pas à croire que notre narratrice, hôtesse de l’air dans une compagnie saoudienne, soit vierge et ne se contente, à 28 ans, que de flirts, se préservant pour son futur époux. Elles fantasment sur le collègue marocain de Leila, stewart, qu’elles imaginent viril, doux et conciliant. Mais surtout, elles ont peur de ces jeunes filles prédatrices, prêtes à tout pour se faire épouser en raflant la mise.


    Nous avons rencontré l’une d’entre elles à Casablanca. A 25 ans, Badria est propriétaire d’un appartement dans un quartier plutôt chic, porte des vêtements de marques et arbore des bijoux que seules les grandes bourgeoises casablancaises peuvent s’offrir. Belle, grande, claire, séduisante à souhait, elle est pourtant déjà à la retraite. « Les Saoudiens aiment les filles jeunes, très jeunes », dit-elle en riant. « Moi, je suis déjà hors circuit. Je suis allée en Arabie saoudite à l’âge de 15 ans. Et j’ai découvert un monde souterrain que les musulmans qui vont en pèlerinage sur cette terre sacrée ne peuvent même pas imaginer. Là-bas, il n’y a pas de boîtes de nuits ou de bars, mais des caves de villa aménagées comme les plus belles discothèques du monde. Quand il y a une soirée, les filles arrivent à la porte et sont sélectionnées à l’entrée. Une caméra à l’intérieur permet aux hôtes saoudiens de faire le casting », poursuit-elle. Dans le contrat de ces filles, elles sont obligées de boire, fumer et se droguer. La plupart passeront la soirée à parader sans résultat, d’autres plus ou moins chanceuses, feront l’objet de la réalisation des fantasmes de quelques vieux pervers.


    L’homme idéal


    Pour la grand-mère saoudienne dans Sex and the medina, l’homme idéal est « celui qui s’intéresse à toi et aux tiens, qui essaie de s’approcher de ta famille. Celui qui te fait des compliments pour une belle chose que tu viens d’entreprendre. Celui qui ne compte pas l’argent avec toi et n’oublie jamais de te faire des cadeaux. » Plutôt cupide comme approche pour des femmes qui traitent les Marocaines de prostituées ! Ce à quoi répond Joumana, la plus moderne de nos amies saoudiennes : « Un bon mari est celui qui ne prend pas une seconde épouse, qui encourage sa femme à s’épanouir hors de la cuisine et à exercer un métier, qui ne voit aucun inconvénient à ce qu’elle fraie avec ses amis garçons, qui est capable d’élever la voix pour lui épargner toute loi qui la brime ou touche à sa dignité, qui marche à côté d’elle et pas devant, qui ne fait pas rire le monde entier en la présentant sous les traits de l’esclave, qui n’a pas peur de sa sexualité et apprécie son appétit comme un signe d’amour et non de débauche, qui ne la tue pas parce qu’il a découvert qu’elle n’était pas vierge. » Il est vrai que cela ressemble beaucoup à une plaidoirie de femme marocaine. Finalement, aussi bien au Maroc qu’en Arabie saoudite, les rapports du couple se noient dans la tradition, comme l’explique Abdelbaki Belfqih, sociologue (voir interview). Et les femmes en sont à la fois les principales instigatrices et les premières victimes.


    Les meilleures clientes de nos fqihs


    Elles sont prêtes à payer le prix fort nos Saoudiennes pour bénéficier des services de nos fqihs, de nos voyantes ou des recettes des Marocaines, amulettes et aphro-disiaques propres à enchaîner les maris. Dans son ouvrage, notre hôtesse de l’air raconte : « Ma cousine Nora s’est proposée de motiver la bande à magie qu’elle avait recrutée, composée de deux anciennes femmes de ménage en leur promettant un visa pour l’Arabie et la moitié des frais du pèlerinage. Elles ont mis la main sur une sahhara à la mode, une certaine Zineb que l’on disait mariée à un être de l’au-delà, instigateur de ses formules et de ses remèdes censés venir à bout de tous les maux. Elle aurait reçu les plus grands de ce monde sous sa modeste tente, certains citant le président français Jacques Chirac en personne. »


    Nous vérifions la cote des sorciers marocains auprès de Mohamed, un fqih en vogue qui tient boutique à Derb Sultan. « Je me rends à la Mecque régulièrement, trois à quatre fois par an, tous frais payés », dit-il fièrement. « Ces dames saoudiennes sont extrêmement friandes de nos compétences. Elles payent très cher pour domestiquer leurs époux, jusqu’à 40 000, voire 50 000 dirhams uniquement pour les mater », poursuit-il. Ce sont, de loin, les meilleures clientes de nos enchanteurs en tout genre.


    Nuits barbares


    Les nuits de noces des Saoudiennes ressemblent aux nôtres… Il y a 30 ans, dans les centres urbains et aujourd’hui, dans les campagnes. Plutôt barbares, saignantes et mettant en valeur la virilité des hommes. « Il a mis sa main sur ma tête et il a lu la sourate : “Quiconque parmi vous acquiert une femme, un serviteur ou une bête, qu’il pose sa main sur son front et dise : O Allah, je te quémande son bienfait et sa prédisposition à faire du bien et protège-moi contre sa malfaisance et sa prédisposition à faire du mal’’ », raconte Salma, l’une des quatre Saoudiennes. Il l’a ensuite possédée sauvagement. Il s’est avéré par la suite qu’il était homosexuel. Quant aux autres, ce n’est pas mieux, le rituel est le même. Visiblement aux yeux des Saoudiens, leur femme est avant tout la future mère de leurs enfants. Leur plaisir, ils vont le chercher ailleurs. Leila B. nous livre un récit cru, réaliste et sans concessions. Sex and the medina est un ouvrage à ne pas manquer !


    Bahaa Trabelsi




    Trois questions à Bassima Hakkaoui, députée PJD et militante associative


    « Le gouvernement doit réagir »


    ACTUEL. Dans les médias comme auprès de l’opinion publique arabe, la Marocaine est souvent assimilée à une prostituée. Comment expliquez-vous cette image négative ?


    BASSIMA HAKKAOUI. Nous assistons à une véritable campagne stigmatisant les femmes marocaines et les réduisant à une seule fonction, celle de filles de joie. Il y a certes du vrai, nombre de Marocaines, chez nous comme dans les pays du Golfe, ont fait de la prostitution leur métier, mais cet a priori est nourri davantage par une totale ignorance de la société marocaine.


    Cette perception se traduit malheureusement par des restrictions telles que l’interdiction pour une jeune Marocaine de se rendre à Al Omra…


    Ce sont de pures injustices. Je me réjouis cependant de la réaction de nombreuses associations et des médias marocains quant à cette stigmatisation. C’est pour moi l’occasion de nous poser la question quant aux véritables raisons de cette perception et d’essayer de rectifier le tir. Pour cela, il faut, à mon avis, commencer par présenter le vrai visage de la femme marocaine.


    Que pensez-vous de la timidité de la réaction de nos officiels ?


    L’image de la femme marocaine est une affaire d’Etat. Le gouvernement doit assumer toutes ses responsabilités de cette perception dans la mesure où il n’a pas su protéger ses citoyennes. Sinon, comment expliquer qu’on ait laissé des Marocaines partir dans les pays du Golfe avec de faux contrats pour qu’elles se retrouvent otages de réseaux mafieux, dans des situations de quasi-captivité, sans passeport et sans droits ? Le tout au vu et au su de nos services consulaires. Qui a permis à des mafias de s’installer au Maroc et d’y recruter des prostituées ? Et qu’est-ce qui empêche notre ministère des Affaires étrangères de réagir ?


    Propos recueillis par Tarik Qattab







    Entretien de Leila B.


    « J’espère que le fait d’avoir levé le voile sur un pan de leur vie pourra les aider à s’émanciper »


    Elle a la plume alerte et pas la langue dans sa poche. Ce n’est pas une œuvre littéraire, mais un témoignage. En exclusivité, Leila B. répond à actuel.


    Les héroïnes saoudiennes du récit vont-elles se reconnaître ?


    LEÏLA B. : Le contraire m’étonnerait. Cela dit, elles n’iront pas le crier sur les toits. Si ça doit animer leurs conversations secrètes, elles n’ont pas intérêt à divulguer qu’elles ont été mes amies. Ni qu’elles ont lu le livre, si elles l’ont lu. Ce qui ne veut pas dire qu’elles renient cette amitié. Car, au fond d’elles-mêmes, elles savent que c’est dans leur intérêt que j’ai écrit. Par ailleurs, j’ai pris la précaution de changer les noms, de forcer certains traits et de confondre ou d’intervertir les destins afin de les protéger. Et puis, ce qui leur arrive est assez courant dans la société saoudienne, les cas de ce genre sont légion et beaucoup de bourgeoises saoudiennes pourraient se reconnaître dans mon témoignage.


    Que pensez-vous des réactions de certaines Marocaines qui vous reprochent de dévoiler la vie secrète de leurs sœurs musulmanes ?


    Est-ce qu’on me reprocherait, à moi ou à d’autres, de parler de la vie secrète des Marocaines ? Non ? Alors ? Les Saoudiennes seraient-elles plus sacrées ou plus musulmanes que les Marocaines ? Et, d’une façon générale, pourquoi est-ce que les musulmanes devraient être les seules au monde à demeurer secrètes et leur vie cachée, si ce n’est pour conforter l’obsession des hommes de nier leur existence. Les Saoudiennes, comme toutes les femmes, ont des sentiments, un corps, un sexe, des envies, des défauts, des qualités et des fantasmes. Leur vie n’est pas plus à préserver que d’autres. Et le harem, c’est fini ! Enfin, expliquez-moi ce qu’est cette vie secrète à cacher ? On cache les délits, les coups tordus, mais pas la vie au quotidien de femmes qui, au fond d’elles, aspirent à vivre au grand jour comme tout le monde.


    Le fait que les Saoudiennes pensent que les Marocaines sont « des putes sorcières, voleuses de maris» les empêche-t-il de les envier ?


    Les Saoudiennes qui ne sont pas instruites, celles qui adhèrent aux convictions de leur mari et ne voient qu’à travers leur ornière, croient peut-être à cette version qui porte atteinte aux femmes de mon pays. D’autres aiment faire aux Marocaines cette réputation, parce qu’elles ont véritablement peur pour leurs maris. Il faut bien trouver des défauts à des femmes libres et perçues comme des rivales. Il faut bien aussi que les Saoudiennes fassent croire qu’elles sont un modèle de vertu. Je crois, enfin, que c’est leur façon de se consoler de ce que les autres ont et qu’elles n’ont pas. Mais au fond, je pense que si elles avaient le choix, elles opteraient pour le mode de vie des Marocaines. S’il leur était possible d’avoir notre liberté de mouvement, notre accès au travail, notre volonté de gagner notre vie, elles ne se feraient pas prier. Vous connaissez l’histoire de l’animal qui ne réussissant pas à attraper le bon fruit préfère penser qu’il est pourri…


    La modernité n’a-t-elle pas touché les nouvelles générations de Saoudiennes ?


    En apparence et à en juger par le rythme de vie des plus aisées, si. Beaucoup de jeunes filles sont éduquées, d’autres étudient à l’étranger et tant qu’elles sont loin de leur pays, elles se comportent en femmes modernes. Beaucoup sont conscientes des droits qui leur manquent, également. Mais, revendiquer, militer est une autre affaire. Certaines rentrent avec l’intention de tout changer, mais la pression masculine est telle, le poids de la charia est si grand qu’elles ont peur de défrayer la chronique et donc de se faire désigner du doigt ainsi que leur famille. Au final, on a l’impression que les Saoudiennes ne se raccordent à la modernité que lorsqu’il s’agit de progrès technologiques ou de produits de consommation et non lorsqu’il s’agit de révolutionner les mentalités ou de réclamer leurs droits.


    Comment le livre a-t-il été accueilli dans les pays du Golfe ?


    Je ne cherche pas à savoir. Je veux seulement que mes amies restent anonymes et j’espère que le fait d’avoir levé le voile sur un pan de leur vie pourra les aider à s’émanciper.


    Que pensez-vous de la montée du fondamentalisme dans les pays arabo-musulmans ?


    En Arabie, on a l’impression que le fondamentalisme a toujours été là, qu’il se maintient et n’aura aucun mal à perdurer. Le problème est qu’il s’exporte chez nous par le biais d’aides économiques, d’opportunités de travail offertes, de supports médiatiques et de prêches en tout genre. C’est pour ça que nous tombons dans le piège. J’en suis sortie édifiée. Je ne mettrai jamais le voile après avoir vu là-bas à quel point ce vêtement n’a rien à voir avec la religion et combien de vices il cache. Si le fondamentalisme guette du côté de chez nous, je sais, personnellement, où jaillit sa source. A laquelle je ne boirai pas.


    Propos recueillis par Bahaa Trabelsi




    Interview Abdelbaki Belfqih, sociologue et anthropologue


    « Un Saoudien veut une épouse certifiée halal »


    Pour le sociologue et anthropologue Abdelbaki Belfqih, professeur à l’université de Ben Msik spécialisé en communication et en interculturalité, cloisonnement social et excès sont les deux faces d’une même médaille… Avec des hommes dominateurs d’un côté et des femmes qui se « distraient » comme elles peuvent de l’autre, l’expression « faire avec les moyens du bord » semble prendre tout son sens dans les pays du Golfe. L’autre mauvaise nouvelle, c’est que les choses ne sont pas vraiment près de changer.


    Beaucoup de Saoudiennes sont peu désireuses de changer leurs conditions sociales. Pourquoi selon vous ?


    ABDELBAKI BELFQIH : On dit très souvent que les femmes sont les premières gardiennes de la tradition. Cette affirmation vient du fait qu’un bon nombre d’entre elles envisagent le respect et l’entretien des coutumes comme les seuls moyens d’assurer la pérennité de leur « pouvoir ». Une mère de famille par exemple aura l’impression que son influence sur son époux, ses enfants et ses domestiques passe nécessairement par la reconduction des choses d’hier, quelle qu’en soit la contrepartie…


    Comment décririez-vous les rapports de couple dans une famille saoudienne ?


    Encore une fois les rapports sont noyés dans la tradition. Ce qu’un homme souhaite, c’est une épouse certifiée « halal ». Une femme docile et irréprochable qui assurera l’éducation de ses enfants et se pliera à ses quatre volontés. Toutes ces femmes acceptent d’être commandées pourvu que quelques prérogatives leur soient conférées (possibilité de faire du shopping, de mener la belle vie et d’avoir des domestiques).


    Quelles sont les « échappatoires » dont disposent ces femmes ?


    C’est simple, il y a de tout. D’un côté, elles vont se distraire en dépensant de grosses sommes d’argent sur leur corps, et de l’autre on pourra aussi observer certaines déviances sexuelles. Les femmes vont parfois avoir recours à des attouchements entre elles, parce que les contacts avec le sexe opposé sont réduits à leur minimum pour ne pas dire prohibés.


    Comment les hommes saoudiens justifient-ils les excès (recours aux prostituées, alcool) auxquels ils s’adonnent ?


    L’intensité des interdits a été atténuée par l’invention et la légitimation de certaines pratiques. Plusieurs types de mariages ont été créés pour permettre aux hommes aisés de faire des choses en principe bannies. Le « jawaz moutâa » (mariage de plaisir à durée déterminée) en est la parfaite illustration. Ce sont surtout les classes sociales élevées qui sont les plus sujettes à de tels comportements, car moins soumises aux contrôles que les autres. L’alcool est la seule chose qui n’ait pas été légitimée, mais là encore, qui viendra vérifier à votre domicile ?


    D’où vient la triste réputation des Marocaines dans les pays du Golfe ?


    Ce phénomène a débuté dans les années 70. Ils ont commencé à nous prêter de l’argent et leurs ressortissants se sont mis à venir chez nous en tant que touristes. Le fait est que tous ces gens n’avaient pas de culture touristique à proprement parler. Visiter le Maroc voulait dire visiter des cabarets remplis de danseuses et d’ouvreuses. Petit à petit, de nouveaux métiers ont vu le jour, marquant le début du tourisme sexuel khaligien et des clichés sur les Marocaines. A partir du moment où l’on exerce une certaine domination économique sur quelqu’un, on se croit tout permis et surtout on s’autorise à le traiter légèrement. En somme, je dirai que cette réputation est pour beaucoup inhérente au développement des pratiques touristiques.


    Sabel Da Costa



    Vécu : Bienvenue à Tartuffe City


    La bigoterie poussée à son paroxysme apparaît paradoxalement… diabolique. Intolérance, ignorance et perversion : c’est aussi ça la terre du Prophète.


    ***


    Il est trois heures du matin. Après trois heures de route sous une chaleur torride à partir de Koweït City, le minibus s’arrête au poste frontière qui mène à Hafr Al Batin en Arabie saoudite. Bien que l’aube qui marque le début du jeûne soit encore loin, les policiers sont de mauvais poil : un enseignant égyptien qui avait osé hausser le ton pour protester contre la lenteur des procédures se fait passer un savon sous nos yeux avant de voir son passeport jeté au loin. Notre chauffeur, un Yéménite, nous demande de ne pas intervenir. Cela n’a pas empêché les policiers en rogne de démonter notre véhicule. « Marocains ? » La question avait suffi au douanier de service pour exiger de vérifier si on n’avait pas aménagé des caches pour le convoyage de haschich. L’opération va prendre trois bonnes heures durant lesquelles les policiers et les gabelous narquois, sirotant un thé noir, nous observaient à travers les vitres d’un bureau climatisé. « Vous allez effectuer la Omra, pourquoi vous ne portez pas des vêtements décents ? » Le reproche est fait à une dame d’un certain âge qui avait juste un fichu porté négligemment sur la tête. On aura régulièrement droit à des remarques désobligeantes de ce style ; un barbu de service va même nous reprocher de porter pantalon et chemise. C’est « makrouh » explique-t-il avec force hadiths, autrement dit, ce n’est pas complètement haram mais c’est tout comme.


    Un ghoulam de service


    On redémarre, direction Buraydah, on nous avait prévenus : la traversée du désert de Dahna est particulièrement ardue même si les autoroutes dans le saint des saints feraient pâlir de jalousie n’importe quel bolide américain. Le problème, c’est le paysage, un paysage sidéral, aucune espèce de végétation si ce n’est des ronces et des cailloux à perte de vue ; et de temps à autre une aire de repos. La station service, couplée avec une gargote, et la mosquée transpirent la saleté. « C’est le fief des camionneurs qui ne sont pas particulièrement portés sur la propreté », explique l’un des passagers qui nous précise que, souvent, les chauffeurs de poids lourd sont accompagnés d’un jeune adolescent : « C’est le ghoulam de service, il est bon à tout faire, il fait fonction autant de graisseur que d’exutoire sexuel pour des chauffeurs qui sont parfois obligés de s’absenter du domicile conjugal plusieurs jours », renchérit Rachid, un prof qui a passé près de quinze ans à Oman. Effectivement, on ne verra pratiquement pas de femmes durant notre séjour. Juste quelques silhouettes fantômes enveloppées de noir au détour d’une ruelle, spectres sans visage.


    Plus d’une journée pour traverser cette région inhospitalière avant d’arriver à Médine. La ville est plutôt agréable et les gens sont d’une chaleur incroyable. La cité du Prophète semble avoir gardé une sérénité à toute épreuve, les cafetiers vous servent le sourire aux lèvres et les gens se plient en quatre pour vous être agréables. Trois jours plus tard, nous allons déchanter. De Médine à Jeddah, il nous faudra endurer presque douze heures de route avec les mêmes paysages de désolation. De multiples contrôles policiers nous font perdre jusqu’à une demi-heure par arrêt. Une fois dans la ville sainte, nous voilà la proie des requins de l’immobilier, des Asiatiques à la solde de patrons saoudiens. Après de sordides marchandages, nous sommes obligés de nous entasser à dix dans une maison de quatre chambres, payée l’équivalent de 3 000 dirhams la nuit.


    Le lendemain, à trois heures du matin, la ville sainte est particulièrement animée ; les commerçants chinois ont du mal à satisfaire la demande. Quand tout ce beau monde trouve-t-il le temps de se consacrer aux rituels ? Un hôtelier, ayant pignon sur rue à Marrakech, a eu le malheur d’accompagner sa maîtresse dans le quartier des bijoutiers. Il baisse les yeux, contrit, car il espérait passer incognito. A la porte Ibn Abdelaziz, sur l’escalier qui mène à l’intérieur de la Mosquée sacrée, un « moutawaa » (agent de la police religieuse) m’arrache violemment le journal que je tiens à la main : « Haram ! » C’était pourtant un quotidien en langue arabe.


    Abdellatif El Azizi



    Extraits de Sex and the medina


    « Mon bourreau n’est pas le GI ni le juif, c’est mon propre frère de sang ! »


    […] Le Maroc n’est certes pas le meilleur pays où il fait bon vivre, mais il est l’éden à côté de certains pays du Golfe. Bienvenue dans l’enfer des Saoudiennes. […]


    Nuit de noces saoudienne


    […] Vous devez vous en douter, ce fut un vrai cauchemar ! Sitôt qu’il a prononcé la formule : « Bénis-la pour moi et bénis-moi pour elle », il m’a foncé dessus et m’a arraché mes vêtements. J’ai voulu fuir dans la chambre d’à côté, mais il m’en a empêchée. Je ne savais même pas à l’époque comment était fait un sexe de femme, ni comment Dieu l’avait scellé. Il m’a coincée au fond de la chambre et m’a portée de force jusqu’au lit. En deux mouvements, il a arraché ma robe et il s’est rué sur moi. J’ai crié, il a mis une main sur ma bouche et de l’autre il a relevé son thobe. Il y est allé de plus en plus fort, avec des gestes de sauvage. Je criais mais il ne voulait pas savoir qu’il me faisait mal, seul le tenaillait le souci d’assouvir son appétit. Je me suis évanouie. Quand je me suis réveillée, j’ai vu le sang qui coulait entre mes jambes et j’ai vomi. Je me suis dit : si c’est ça faire l’amour, eh bien, je n’en veux plus. […]


    Saoudiennes au lit


    […] Farah : Et comment le voulez-vous au lit ?


    Joumana : Empressé et patient à la fois.


    Soha : Respectueux et poète en ce qu’il peut me dire des mots d’amour.


    Salma : Qui n’a jamais couché avec une autre, je serais sa première.


    Farah : Ça vous en fait un couple, ça ? Deux puceaux au lit, avec un prospectus si ça se trouve ! […]


    Objet sexuel


    […] —Les hommes aiment aussi les filles expérimentées et qui savent s’occuper d’eux, a avancé Soha sur un ton d’hésitation.


    —Oui, mais pas trop, comme dit belle-maman. Il faut toujours leur laisser croire qu’ils sont les maîtres à bord. Et que ton expérience, elle vient de te tomber dessus, comme ça, par magie, parce que c’est lui, ton inspirateur suprême. A partir du moment où un homme croit que tu consommes comme lui, il se cabre. S’il s’aperçoit qu’il sert d’objet sexuel, sa virilité en prend un coup. […]


    Chirurgie esthétique


    […] Tu verras, tu auras la plastique de Haïfa Wahbi, en mieux », a assuré Farah. Soha, qui adorait la chanteuse libanaise, a eu l’air satisfait.


    Il faut dire qu’elle n’est pas la seule à être fascinée par ces femmes refaites, blanches et dodues, qui chantent à l’écran comme on fait l’amour sur une banquette, avec mimiques et simulations lascives, vêtues de robes échancrées jusqu’à la raie des fesses, parfois de nuisettes transparentes, sans pour autant être dotées d’un vrai talent. […]


    Politique


    […] Joumana : Vous suivez le feuilleton le plus sordide des vôtres, en vous plaignant d’être des victimes. Moi, mon ennemi ce n’est pas l’Amérique, c’est la bande à Saddam. Mon bourreau n’est pas le GI ni le juif, c’est mon propre frère de sang ! Cette fois, même moi, je me suis sentie mal à l’aise et j’ai eu des soupçons quant à la fibre arabe de mon amie. […]


    Aphrodisiaques


    […] J’exposais tout le savoir sexuel de mon pays sous les yeux de mes amies, comme on exhibe les preuves de bonne santé ou les bonnes références d’un candidat à l’embauche. Nous étions assises autour de la petite mallette dont je sortais et nommais au fur et à mesure les produits, avant d’en détailler la composition et les conseils d’usage. Il y avait là de quoi faire lever les verges les plus paresseuses, m’avait juré Nora, du lamsakhen (à base d’écorce de noix de muscade) à profusion, du sanouje (nigelle) sous forme de miel, du gingembre, à cuire de préférence avec un hérisson, du sellou, gâteau bourré d’amandes et de graines de sésame. Sans oublier le carvi et le poivre à semer en abondance dans les mets. […]


    Les beurettes


    […] Celles que les Français appellent les « beurettes » sévissent dans les lieux de débauche comme à Damas, je l’avais vu de mes propres yeux. Elles vous arrachent un client en deux tours, leur font perdre l’esprit en dignes héritières des sortilèges de harems, se font glisser les dollars entre les seins, s’installent sur les genoux des vieux du Golfe afin de mieux les plumer, le vin coulant jusqu’à leur nombril ! […]


    Copyright Plon 2010


    Editing actuel


    Comment garder un mari, selon une grand-mère saoudienne


    […] Pour garder son mari, il convient de bien faire la cuisine, les hommes, on les tient par le ventre, le sexe vient après. Y aller des compliments, les hommes sont des narcissiques et leur image compte plus que le reste, il faut leur faire croire qu’ils sont les meilleurs. S’intéresser à ce qui intéresse son époux, fût-ce par hypocrisie. Que ce soit la politique, l’argent ou le foot, faire semblant d’être passionnée parce qu’il l’est d’une de ces activités. Lui donner l’impression qu’il est le plus beau, le plus sympathique, le plus intelligent. Lui offrir le cadeau qui le lui prouve. L’encourager dans ce qu’il entreprend pour montrer que sa réussite vous importe plus que la vôtre. Etre aux petits soins avec sa famille, il n’aura plus de problèmes de conscience. Aimer sa mère, même du bout des lèvres. Lui montrer que l’homme c’est lui, pour tout ce qui est prise de décision, travail pénible et toute autre initiative de responsabilité déclarée. Au lit, lui faire croire que c’est lui le chef d’orchestre et que votre talent ne relève pas de la pratique mais d’une sorte de révélation que vous lui devez.[…]


    Source : Actuel, 18/9/2010

  • Ksentini : Le royaume Maroc s’est conduit d’une manière « irrationnelle »

    Le royaume marocain s’est conduit d’une manière « irrationnelle » avec l’Algérie, en particulier dans l’affaire d’Algériens expropriés de leurs terres agricoles dans les années 1970, a affirmé, jeudi à Alger, le président de la Commission nationale consultative de protection et de promotion des droits de l’homme (CNCPPDH), Me Farouk Ksentini.

    Le président de la CNCPPDH, qui intervenait à l’émission « Forum du jeudi » de la chaîne II de la Radio nationale, a affirmé que « le royaume du Maroc s’est comporté d’une manière irrationnelle avec l’Algérie, dans l’affaire de l’expropriation des terres agricoles de ressortissants algériens, dans les années 1970, en refusant d’indemniser les victimes au moment où dans d’autres cas, des ressortissants étrangers ont été indemnisés ».

    C’est ainsi qu’il a plaidé pour des négociations entre les deux pays autour de cette question, appelant les autorités marocaines à « séparer cette affaire de la question du Sahara occidental ».

    Il a également soulevé, dans ce contexte, la question du trafic de drogue qui, a-t-il dit, est en train de causer des « ravages » au sein de la jeunesse.

    « Il est impératif d’aller vers une solution dans ce dossier », a-t-il encore ajouté.

    Me Ksentini s’est interrogé, dans le même cadre, sur les raisons du « silence » observé par les pays européens dans le dossier du « trafic de drogue à partir du Maroc », estimant qu’ »une levée de boucliers aurait été vite diligentée, si l’Algérie était à l’origine de ce trafic ».

    S’agissant des allégations entretenues par des médias marocains autour de la « prétendue » arrestation de journalistes marocains en Algérie, le président

    de la CNCPPDH a souligné qu’il s’agit d’une campagne de presse diligentée contre l’Algérie pour « faire diversion des difficultés que connaît, ctuellement, la monarchie dans le dossier des droits de l’homme au Sahara occidental ».

    « Des instances et des organisations internationales ont condamné le Maroc » pour ses agissements dans les territoires sahraouis occupés, a-t-il encore relevé.

    Appelant le Maroc à faire preuve de « rationalité » dans le conflit qui l’oppose au Front Polisario, Me Ksentini a souligné que « l’époque du colonialisme est révolue ».