Mois : octobre 2010

  • Guerre secrète du renseignement marocain contre l’Algérie: utilisation d’Internet et infiltration des journalistes influents – 5e partie –

    Dans sa guerre contre l’Algérie, le renseignement marocain utilise tous les stratagèmes pour arriver à ses fins. Internet et les médias, après l’échec de la presse marocaine à former une opinion favorable au Plan d’autonomie, constituent ses autres points de fixation.

    «Les services de renseignements marocains ont axé sur les médias pour propager les idées du Makhzen. Un département spécialisé dans la presse en général, la presse en ligne en particulier a été créé. Il existe une équipe spécialisée dans le commentaire des informations publiées dans les journaux et sur la toile, elle focalise sur les sites les plus en vogue comme Echoroukonline, Al Jazeera.net et Al Arabiya.net ».


    «Certains m’ont même affirmé que pour Echorouk On Line, tout un staff a été mobilisé pour suivre et commenter les informations et articles qui y sont publiés. Ces personnes sont chargées de défendre les choix du Maroc en faisant croire qu’elles sont la voix du peuple afin de permettre la publication de leurs commentaires. Elles se font même passer pour des sahraouis parfois».

    Une équipe est également mobilisée pour les forums de discussions et les sites interactifs comme Facebook et Twiter. Ces « agents » s’y inscrivent sous des faux noms et des photos de personnes décédées ou emprisonnées. Ils s’emploient à établir un large réseau de relations pour enrôler un maximum de monde, particulièrement les personnes influentes tels les militaires».

    «Un autre bureau est chargé des blogs et des comptes personnels appuyés par le son et l’image. Quelqu’un se charge de mener et d’orienter les débats dans le sens voulu».

    «En suivant nombre de sites et de forums s’intéressant à la région du Maghreb ou disposant d’une rubrique sur le Maghreb Arabe, comme le forum d’Echorouk, le forum d’Al Jazeera et autres, j’ai eu la certitude que ces équipes sécrètes œuvrent à semer la zizanie et la haine entre les deux peuples algérien et marocain. Ces réseaux de renseignements font tout pour faire croire que les algériens détestent les marocains, ce qui explique la démarche du palais royal surtout lorsqu’il s’agit de la question sahraouie. Et à travers mon propre site « La voix de l’exil », je peux affirmer sans aucune hésitation que les commentaires contradictoires parviennent d’un seul lieu, le Maroc, et certains vont jusqu’à se faire passer pour des algériens».

    «Les autorités marocaines interdisent aux médias du territoire marocain de publier ou de promouvoir des directives contraires à leur thèse sur le Sahara Occidental qu’elles assiègent. Les correspondants agréés doivent avoir l’aval des services de la sûreté et subissent des contrôles réguliers quelque soient leurs patrons au Makhzen. Les journalistes opposants ou free-lance sont interdits d’entrée au Sahara occidental et les journalistes étrangers ne peuvent avoir aucun contact avec les sahraouis, ni avec les nomades ni dans les grandes villes telles El-Ayoun où foisonnent les postes de contrôle de la gendarmerie royale très rigoureux et les patrouilles de soldats».

    «Les services secrets marocains tentent d’infiltrer les chaines telles Al-Jazzera et d’acheter des journalistes de grandes agences de presse ou de grands journaux. Par ailleurs, le journaliste autorisé à se rendre au Sahara occidental n’a aucune liberté d’action sauf en cas de comportement adéquat, et ceux qui reviennent chanter les louanges du Makhzen ont soit subi des pressions, soit touché des pots-de-vin».

    «Quant à la presse et aux organes d’information marocains qui refusent de se soumettre au Makhzen, ils subissent de fortes représailles à travers les poursuites judiciaires, la mauvaise publicité et même la banqueroute pour qu’il ne reste rien qui puisse confondre le système dirigeant et démasquer les familles du Makhzen qui ont la mainmise sur toutes les fortunes et procèdent à un pillage flagrant des richesses du pays».
    Par Anouar Malek/V.française Zineb A. 
    Echourouk Online, 7/10/2010
  • Les défenseurs des droits humains ne doivent pas être emprisonnés !

    Stockholm, Suède, le 7 octobre 2010.

    Les anniversaires sont pas tous une fête. Vendredi est le premier anniversaire de la détention de Brahim Dahane, qui a reçu lE prix Anger 2009 par le gouvernement suédois. Il a été emprisonné par les autorités marocaines, avec six autres sahraouis éminents défenseurs des droits de l’homme.

    Quatre ont été libérés, mais Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et Hammadi Naciri sont toujours détenus. Un an plus tard, la date de leur procès a été fixée, censé se dérouler à Casablanca le 15 octobre 2010.

    Le Sahara occidental est la dernière colonie d’Afrique, occupé par le Maroc depuis les années 1970. Depuis 35 ans les Sahraouis manifestent contre l’occupation marocaine. L’ONU a déclaré que les Sahraouis ont le droit à l’autodétermination, déclaration qu’il est illégal d’exprimer au Maroc.

    Les sept défenseurs des droits humains, qui ont été arrêtés il y a un an, sont accusés d’avoir nuit à la sécurité nationale lors d’une visite dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.

    Brahim Dahane, Ali Salem Tamek, et Hammadi Naciria ont été emprisonnés à plusieurs reprises pour leur engagement pour le droit sahraoui à l’autodétermination. Dahane a également été victime de disparition forcée. En prison, les prisonniers ont effectué une série de grèves de la faim pour attirer l’attention sur leur situation, dont l’une a duré 41 jours. La grève de la faim a pris fin après une discussion avec les autorités marocaines concernant le règlement de la situation.

    Les défenseurs des droits humains ont droit à la protection et la sécurité. Le Maroc a signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et doit respecter le droit de chacun à travailler librement sur ces droits sans crainte de représailles. L’Union Européenne a aussi une responsabilité. Les lignes directrices de l’UE sur la protection des défenseurs des droits de l’homme stipulent que les défenseurs des droits ont un rôle clé dans la protection des droits de l’homme et que l’UE doit travailler activement pour contribuer à leur sécurité.

    Nous allons suivre de près l’affaire contre Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et Hammadi Naciria et nous soulignons l’importance que des observateurs internationaux assistent au procès. Nous sommes satisfait de ce que le procès n’aura pas tenu par la tribunal militaire comme indiqué précédemment et nous appelons le Maroc à assurer un procès équitable et transparent ouvert aux observateurs internationaux.

    Nous appelons l’UE et le monde à prêter attention à la situation des défenseurs des droits humains et à aider à créer une pression pour leur libération !

    Les premiers signataires de l’appel :
    Anna Hedh, Member of the European Parliament, the Social Democratic Party Hans Linde, Member of the Swedish Parliament, Left, Party Annie Johansson, Member of the Swedish Parliament, Centre Party Jens Holm, Member of the Swedish Parliament, Left Party Hillevi Larsson, Member of the Swedish Parliament, the Social Democratic Party Fredrik Malm, Member of the Swedish Parliament, Liberal Party Olle Schmidt, Member of the European Parliament, Liberal Party Eva-Britt Svensson, Member of the European Parliament, Left Party Åsa Westlund, Member of the European Parliament, the Social Democratic Party
    Eskil Franck, Director, The Living History Forum Cecilia Asklöf, Chairperson, the Swedish Section of The International Commission of Jurists Lise Bergh, Secretary-general, the Swedish Section of Amnesty International, Julia Finér, Chairperson, Emmaus Stockholm Elisabeth Lundgren, Secretary-general, the Swedish Fellowship of Reconciliation Jens Orback, Secretary-general The Olof Palme International Center Gertrud Rydén, United Nations Association, district of Värmland-Torsby The Solidarity Commitee at Jakobsbergs folkhögskola Jan Strömdahl, chairperson, The Western Sahara Association in Sweden The Western Sahara Action-network in Sweden 

    Source : APSO, 7/10/2010
  • Béchar : Séminaire régional de formation sur la prise en charge des toxicomanes

    Le séminaire est organisé conjointement par le ministère de la Santé et l’ONLCDT (Office national de lutte contre la drogue et la toxicomanie). Il est présidé par Mme Hadjira Lezzar, sous-directrice de la prévention à l’ONLCDT. Le but est de former des médecins chargés de la prise en charge des toxicomanes au niveau des différents centres qui vont ouvrir prochainement. Abdennouri Salah, directeur d’études, d’analyse et d’évaluation, a, dans son intervention, cité les paramètres de l’évolution de la situation de la drogue en Algérie et les efforts de lutte. Le trafic de drogue est un phénomène mondial (3 à 5% de la population mondiale consomme de la drogue, soit 200 millions de personnes), 5 millions de personnes sont atteintes du sida suite à la consommation de la drogue. 
     
    La drogue la plus consommée est le cannabis (150 millions de personnes), suivi des psychotropes. L’interconnexion entre le crime, le trafic de drogue et les autres formes de criminalité organisée, telles que le terrorisme, le blanchiment d’argent, la corruption, l’immigration clandestine, est établie. On signale que c’est le deuxième marché économique mondial avec 500 milliards de dollars (après les armes, bien avant le pétrole), 50 milliards de dollars seulement sont consacrés annuellement par la communauté internationale à la lutte contre la drogue. Le rapport de l’ONUDC a montré qu’il y a 3 filières en Afrique : la culture, le trafic et la consommation. Le taux de prévalence très important est pour le cannabis, un véritable problème (34 millions de consommateurs). 
     
    Le continent était épargné : pas de production, pas de culture et pas de consommation. Depuis 2004, la situation a changé. Le continent est attaqué par les trafiquants. Il y a culture de cannabis en Afrique, notamment au Maroc, il y a de plus en plus de consommation. Le continent est caractérisé par une augmentation significative de production et de consommation des drogues de synthèse. L’Afrique de l’Ouest est devenue une véritable zone franche de trafic de drogue. Abdennouri Salah dira que l’Afrique attire de plus en plus les trafiquants, le continent est utilisé comme zone de stockage et de transit des drogues. Les côtes africaines sont assiégées, en 2006 et 2007, 40 tonnes de cocaïne saisies en Europe ont transité par l’Afrique. Le transit du cocaïne devient une menace pour les gouvernements de l’Afrique de l’Ouest. 
     
    L’Afrique de l’Est constitue une porte d’entrée pour l’héroïne (24 t consommées en Afrique et 120 t en Europe). Durant les 3 dernières années, il y eu stabilisation de la situation de la drogue en Amérique et en Europe et pas en Afrique. Désormais, cela représente un problème de sécurité, donc de développement. Le danger nous guette. C’est notre jeunesse qui est ciblée par le monstre permanent, le Maroc qui est le plus grand producteur de cannabis au monde. 230 % d’augmentation entre 2007 et 2008, dans la saisie de cannabis, 74 tonnes en 2009. Le cannabis est la drogue la plus consommée dans le monde suivi des psychotropes, un danger en évolution. 
     
    L’Algérie, pays de transit depuis des années à destination de l’Europe via la frontière Est ou par les grands ports algériens. L’Ouest du pays est le plus touché par le trafic (48%), qui se fait par route, généralement à bord de 4X4 ou de camions. Tout cela se joue par des stratégies des trafiquants et la toxicomanie reste toujours une attitude vectorielle dérivative vers l’anti-social. D’autres spécialistes dans leurs interventions ont abordé des questions éthiques et déontologiques dans le domaine des adductions, des modalités de prise en charge des toxicomanes ainsi que les troubles du comportement et les risques de l’usage des drogues.
    Mohammed Smaïl
    La Nouvelle République, 7/10/2010
  • La violence en milieu scolaire prend des proportions alarmantes au Maroc

    RABAT, 7/10/2010 – Pas moins de 1000 cas de violence en milieu scolaire au niveau national ont été recensés au Maroc en 2009 selon les dernières statistiques du Centre des droits des gens (CDG) qui précise que les violences corporelles viennent en tête avec 400 cas (40%), suivies des violences psychologiques (350 cas). Selon cette association, les violences sexuelles arrivent en troisième position avec 126 cas (12,6 pc) et pour la seule région de Fès-Boulemane, 126 cas ont été dénombrés dont 81 cas pour les violences corporelles (64,28%) 36 cas pour les violences psychologiques (28, 57%) et 9 cas pour les violences sexuelles (7,14%). 
     
    Les violences physiques sont essentiellement des châtiments corporels allant de la gifle aux coups avec des tuyaux, règle en fer, fils électriques, bâtons, coups de pied, note le CDG qui ajoute que la violence psychologique, difficilement quantifiable, se manifeste essentiellement à travers les insultes qui touchent la dignité de l’enfant.

    Quant à la violence sexuelle, elle concerne, selon le CDG, les attouchements et les viols. Cette violence en milieu scolaire est générée, selon Bouchaib Karoumi, pédopsychiatre, par une interaction de plusieurs facteurs qui implique la famille, les établissements scolaires et la société. Les jeunes souffrent de problèmes familiaux, violence de leurs parents, pères trop autoritaires, pauvreté, problèmes dans leurs quartiers, a-t-il déclaré avant de préciser que « c’est ce malaise qui pousse certains élèves à la consommation de la drogue qui est aussi une des causes de la violence ». Cette consommation de drogue est due à la présence de revendeurs, aux alentours et au sein même de l’établissement scolaire, a-t-il précisé.

    Cette violence est engendrée, également, par des causes structurelles comme la surcharge dans les classes (vacarme, désobéissance, négligence) qui rendent le travail de l’enseignant difficile ainsi que le manque d’infrastructures (terrains de sport, bibliothèque, ateliers) à même de canaliser l’énergie des élèves dans des activités extra-scolaires. Cette situation produit un manque de dialogue entre l’enseignant et l’élève d’où une situation de tension qui ne permet pas à l’enfant de s’exprimer face au comportement jugé sévère de l’enseignant.

    De son coté, Jamel Chahdi, président du CDG évoque d’autres cas de violence telles que la violence entre les élèves, les élèves sur leurs enseignants, des responsables administratifs envers les enseignants et celle des enseignants envers leurs collègues. Enfin, M. Chahdi cite également la violence économique matérialisée par les cours supplémentaires que certains enseignants proposent avec insistance à leurs élèves, engendrant ainsi une discrimination et une inégalité des chances: beaucoup de ces élèves, ne peuvent se permettre ces cours pour des raisons financières.

    La dernière enquête menée par le ministère de l’éducation nationale marocain avec l’appui de l’Unicef en 2005 avait révélé que 87% des enfants marocains disent avoir été frappés, 60% d’entre eux ont subi des coups en tous genres. La violence dans les écoles peut avoir de graves conséquences sur les enfants en termes de déperdition scolaire, de troubles psychologiques et propagation d’infections sexuellement transmissibles, souligne-t-on. (APS)

  • Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

    M. Nicolas Sarkozy
    Président de la république française
    Objet : lettre ouverte de Sahraouis prisonniers politiques
    Monsieur le Président,

    Compte tenu du rôle historique de la France comme berceau des droits de l’homme, et étant donné le rôle actuel du pays dans la promotion et la protection de la démocratie et des droits de l’homme dans le monde entier, nous souhaitons vous exposer ici notre cas.

    Nous sommes des Sahraouis, défenseurs des droits de l’homme. Nous avons déjà subi beaucoup d’épreuves du fait de nos opinions et de nos activités en faveur des droits de l’homme. Aujourd’hui, cela fait un an que nous sommes en prison et les autorités marocaines n’ont procédé ni à notre jugement ni à notre libération malgré les demandes le nombreuses organisations dans le monde entier. Dans ce cas particulier, l’État marocain ne respecte pas le droit international, qui garantit le droit à un procès équitable dans un délai raisonnable et acceptable.

    Nous vous écrivons à propos de la persistance des violations graves des droits de l’homme dans la partie du Sahara Occidental occupée par le Royaume du Maroc. Nous sommes d’autre part très préoccupés du pillage continuel des ressources naturelles de notre territoire.

    Monsieur le Président,

    Le 8 octobre 2009, nous avons été arrêtés par les autorités marocaines dans l’aéroport Mohammed V de Casablanca, en particulier par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire, en présence des différents services de sécurité et de renseignement. Nous revenions d’une visite aux campements de réfugiés sahraouis du sud-ouest algérien. Après avoir été arrêtés, nous avons été emmenés au siège de la brigade nationale de la police judiciaire, où nous avons subi huit jours d’un interrogatoire uniquement politique. Cet interrogatoire a été caractérisé par une série de violations, dont la violation de la confidentialité de l’interrogatoire quand les fonctionnaires ont tenté d’influencer le cours de l’enquête en lançant une campagne médiatique diffamatoire contre nous.

    L’arrestation n’a pas été basée sur des faits criminels, contrairement à ce qu’a dit la campagne de calomnie lancée par l’État marocain contre nous. Un large éventail d’institutions de la société civile se sont engagés dans cette campagne : la majorité des partis politiques, syndicats, quelques organisations marocaines des « droits de l’homme » et l’ensemble des médias populaires du Maroc. En outre, des représentants du gouvernement et des parlementaires ont fait des déclarations incitant à la haine, nous qualifiant de « traîtres », « ennemis » et « espions algérien». Cela contrastait fortement avec la façon dont d’autres organisations marocaines et internationales de défense des droits percevaient notre cas.

    Ce n’est pas la première fois que le gouvernement marocain qui contrôle les médias marocains, fabrique des accusations contre les Sahraouis qui s’expriment. Dans la plupart des cas, les sahraouis défenseurs des droits humains sont dépeints comme «espions», «comploteurs» et «terroristes» – des qualifications qui ont été constamment réfutées par des organisations sérieuses, marocaines et internationales, de défenses des droits humains, ainsi que par les commissions d’enquête internationales qui ont visité le territoire du Sahara Occidental. En outre, la lutte pacifique des Sahraouis pour l’autodétermination a toujours été l’objet de tentatives de déformation. Dans tous les cas, le choix de la protestation non-violente contre l’occupation de notre patrie par le Maroc est une indication des valeurs humanistes des Sahraouis et de notre croyance fondamentale dans le dialogue et la justice.

    Monsieur le Président,

    Le 15 octobre suivant, nous avons été amené devant le juge d’instruction du tribunal militaire de Rabat, qui a ordonné de nous mettre en détention préventive dans la prison locale de Salé.

    Un précédent dangereux est créé lorsque des civils qui défendent les droits fondamentaux de l’homme doivent être jugés par un tribunal militaire. Cela démontre clairement comment les autorités marocaines traitent les partisans du droit légitime des Sahraouis à l’autodétermination. Après presque un an de prison, le 21 septembre 2010, le tribunal militaire a déclaré son incompétence sur notre cas, et les accusations de trahison ont été abandonnées. Par la suite nous avons été transférés à un tribunal civil à Casablanca, où notre cas sera présenté le 15 octobre de cette année. Pourtant, les autorités marocaines ont toujours à présenter le premier élément de preuve contre nous.

    Monsieur le Président,

    Le Maroc a acquis un statut avancé auprès de l’Union Européenne et a des liens importants avec une quantité de puissances internationales. Pourtant, le partenariat avancé accordé au Maroc et les liens privilégiés avec de nombreux États n’ont pas réussi à convaincre Rabat de mettre fin à ses politiques d’oppression, ni n’ont réussi à mettre le pays plus en phase avec les normes des pays européens et leurs critères élevés en matière de droits de l’homme. Au lieu de cela, le changement de statut est utilisé par les autorités marocaines comme couverture aux violations flagrantes et répétées des droits de l’homme. Tout en maintenant l’image d’un pays démocratique, il opprime les voix dissidentes et continue à opprimer les sahraouis qui s’opposent ouvertement à la présence illégale et indéfendable du Maroc au Sahara Occidental.

    Il devient de plus en plus difficile pour notre peuple de croire en la justice fondamentale, lorsque la revendication du Maroc sur notre territoire est soutenue par une série d’accords commerciaux bilatéraux qui comprennent notre terre. En vendant nos ressources naturelles et en utilisant l’argent pour nous réduire au silence, le Maroc noircit l’image des nations démocratiques, comme la France, en les rendant complices d’un vol. Comme il est stipulé dans l’avis juridique de 2002 des Nations Unies sur la question, et répété en 2009 dans l’avis juridique du Parlement européen, les ressources sahraouies ne peut être exploitées que si cela est conforme à la volonté du peuple Sahraoui et à son intérêt. Monsieur le Président, nous n’avons jamais eu voix au chapitre dans cette exploitation, et le seul résultat de ces accords économiques pour notre peuple, c’est que nos voix sont encore davantage étouffées, puisque le Maroc se sent soutenu par l’Union Européenne dans sa revendication illégale et non fondée sur notre patrie.

    Monsieur le Président,

    Nous demandons respectueusement que tous les accords avec le Maroc excluent clairement notre terre, conformément au droit international. Quant à notre situation personnelle, nous vous demandons d’appeler le gouvernement du Maroc à assumer ses responsabilités et nous juger rapidement dans un procès équitable en présence d’observateurs internationaux ou nous libérer ainsi que tous les défenseurs sahraouis des droits de l’homme et prisonniers d’opinion dans les prisons marocaines.

    En vous remerciant de prendre le temps de considérer ce courrier, recevez, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération,

    Les Défenseurs des droits de l’homme, prisonniers d’opinion
    Ali Salem Tamek, Brahim Dahane; Ahmed Naciri

    Prison locale de Salé / Maroc, le 8 octobre 2010.

    Note : une copie de ce courrier a été adressée au :
    – président de l’assemblée Nationale M. Bernard Accoyer.
    – président du sénat M. Gérard Larcher.
    – ministre français des affaires étrangères M. Bernard Kouchner.
    – le représentant permanent de la France à l’ONU M. Gerard Araud.
    – le Secrétaire Général des Nations Unies M. Ban Ki-Moon.
    – le Représentant Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies M. Christopher Ross.

    Source : APSO, 7/10/2010
  • Incidents à la frontière marocaine : Des journalistes se démarquent

    La manifestation hostile à l’Algérie, organisée au poste frontalier Zoudj Beghal, dimanche dernier, par le Syndicat national de la presse marocaine, section d’Oujda (Maroc oriental), sous l’intitulé «Solidarité avec Mustapha Selma Ould Sidi Mouloud», a fait réagir certains de nos confrères de l’autre côté de la barrière qui estiment que le comité de soutien au détenu du Polisario «n’avaient pas besoin de les mettre (les journalistes) sur la première ligne pour défendre sa cause. 
     
    En réalité, le syndicat n’est pas l’instigateur de cette manifestation, mais certains journalistes en ont fait partie et cela n’engage que leur personne». Et d’ajouter : «Ce n’est pas de cette manière, et sans préavis, que les Marocains vont libérer Ould Selma, pas en empiétant sur le poste frontalier, lequel n’est gardé que par un policier.» Un autre journaliste, qui avait reconnu le manifestant qui tenait le mégaphone, témoigne : «JOE, un déporté de 1975, fidèle à son serment et à sa tradition, qui est sa valise, a tenu à accompagner ses semblables pour apporter son soutien à Ould Selma.» 
     
    C’est dire que les organisateurs ont joué sur les sentiments du peuple marocain pour le manipuler et faire passer cet individu, par exemple, pour un journaliste. En vérité, cette «caravane de solidarité» a pris le départ du Nord marocain, de Tétouan, en passant par Chefchaouen, Ouazzane et Taza, avant d’arriver à Oujda pour charrier tout sur son passage et s’exhiber face au territoire algérien. Un scénario ridicule a été concocté par le makhzen.

    Chahredine Berriah

    El Watan, 8/10/2010 
  • Guerre secrète du renseignement marocain contre l’Algérie: utilisation d’Internet et infiltration des journalistes influents – 5e partie –

    Dans sa guerre contre l’Algérie, le renseignement marocain utilise tous les stratagèmes pour arriver à ses fins. Internet et les médias, après l’échec de la presse marocaine à former une opinion favorable au Plan d’autonomie, constituent ses autres points de fixation.

    «Les services de renseignements marocains ont axé sur les médias pour propager les idées du Makhzen. Un département spécialisé dans la presse en général, la presse en ligne en particulier a été créé. Il existe une équipe spécialisée dans le commentaire des informations publiées dans les journaux et sur la toile, elle focalise sur les sites les plus en vogue comme Echoroukonline, Al Jazeera.net et Al Arabiya.net ».


    «Certains m’ont même affirmé que pour Echorouk On Line, tout un staff a été mobilisé pour suivre et commenter les informations et articles qui y sont publiés. Ces personnes sont chargées de défendre les choix du Maroc en faisant croire qu’elles sont la voix du peuple afin de permettre la publication de leurs commentaires. Elles se font même passer pour des sahraouis parfois».

    Une équipe est également mobilisée pour les forums de discussions et les sites interactifs comme Facebook et Twiter. Ces « agents » s’y inscrivent sous des faux noms et des photos de personnes décédées ou emprisonnées. Ils s’emploient à établir un large réseau de relations pour enrôler un maximum de monde, particulièrement les personnes influentes tels les militaires».

    «Un autre bureau est chargé des blogs et des comptes personnels appuyés par le son et l’image. Quelqu’un se charge de mener et d’orienter les débats dans le sens voulu».

    «En suivant nombre de sites et de forums s’intéressant à la région du Maghreb ou disposant d’une rubrique sur le Maghreb Arabe, comme le forum d’Echorouk, le forum d’Al Jazeera et autres, j’ai eu la certitude que ces équipes sécrètes œuvrent à semer la zizanie et la haine entre les deux peuples algérien et marocain. Ces réseaux de renseignements font tout pour faire croire que les algériens détestent les marocains, ce qui explique la démarche du palais royal surtout lorsqu’il s’agit de la question sahraouie. Et à travers mon propre site « La voix de l’exil », je peux affirmer sans aucune hésitation que les commentaires contradictoires parviennent d’un seul lieu, le Maroc, et certains vont jusqu’à se faire passer pour des algériens».

    «Les autorités marocaines interdisent aux médias du territoire marocain de publier ou de promouvoir des directives contraires à leur thèse sur le Sahara Occidental qu’elles assiègent. Les correspondants agréés doivent avoir l’aval des services de la sûreté et subissent des contrôles réguliers quelque soient leurs patrons au Makhzen. Les journalistes opposants ou free-lance sont interdits d’entrée au Sahara occidental et les journalistes étrangers ne peuvent avoir aucun contact avec les sahraouis, ni avec les nomades ni dans les grandes villes telles El-Ayoun où foisonnent les postes de contrôle de la gendarmerie royale très rigoureux et les patrouilles de soldats».

    «Les services secrets marocains tentent d’infiltrer les chaines telles Al-Jazzera et d’acheter des journalistes de grandes agences de presse ou de grands journaux. Par ailleurs, le journaliste autorisé à se rendre au Sahara occidental n’a aucune liberté d’action sauf en cas de comportement adéquat, et ceux qui reviennent chanter les louanges du Makhzen ont soit subi des pressions, soit touché des pots-de-vin».

    «Quant à la presse et aux organes d’information marocains qui refusent de se soumettre au Makhzen, ils subissent de fortes représailles à travers les poursuites judiciaires, la mauvaise publicité et même la banqueroute pour qu’il ne reste rien qui puisse confondre le système dirigeant et démasquer les familles du Makhzen qui ont la mainmise sur toutes les fortunes et procèdent à un pillage flagrant des richesses du pays».
    Par Anouar Malek/V.française Zineb A. 
    Echourouk Online, 7/10/2010
  • Les artistes algériens se mobilisent pour le Sahara Occidental

    Le ministère de la Culture de la République arabe sahraouie démocratique et l’Association d’amitié avec le peuple sahraouie de Séville organisent du 16 au 30 octobre une rencontre internationale d’art en territoires libérés du Sahara occidental.

    Le travail artistique sera réalisé à Tifariti et exposé à leur retour à Alger. La contribution algérienne se traduira par le projet «Tres de Mayo», performance multidisciplinaire basée sur la célèbre œuvre de Francisco de Goya, devenue le symbole de la lutte du peuple espagnol contre l’occupation française, témoignant ainsi des honneurs de la guerre. 

     
    Dans le contexte sahraoui, c’est une façon de rendre hommage aux artistes qui se sont soulevés contre les injustices tout au long de l’histoire. La performance se divise en deux parties : la première consiste en une action «Painting» sur la toile servant d’écran à la projection, accompagnée par une ambiance sonore. La seconde, en une projection vidéo/sons de fragments d’œuvres artistiques traitant de la guerre.
    Nina Sellés
    El Watan, 8/10//2010
  • Les défenseurs des droits humains ne doivent pas être emprisonnés !

    Stockholm, Suède, le 7 octobre 2010.

    Les anniversaires sont pas tous une fête. Vendredi est le premier anniversaire de la détention de Brahim Dahane, qui a reçu lE prix Anger 2009 par le gouvernement suédois. Il a été emprisonné par les autorités marocaines, avec six autres sahraouis éminents défenseurs des droits de l’homme.

    Quatre ont été libérés, mais Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et Hammadi Naciri sont toujours détenus. Un an plus tard, la date de leur procès a été fixée, censé se dérouler à Casablanca le 15 octobre 2010.

    Le Sahara occidental est la dernière colonie d’Afrique, occupé par le Maroc depuis les années 1970. Depuis 35 ans les Sahraouis manifestent contre l’occupation marocaine. L’ONU a déclaré que les Sahraouis ont le droit à l’autodétermination, déclaration qu’il est illégal d’exprimer au Maroc.

    Les sept défenseurs des droits humains, qui ont été arrêtés il y a un an, sont accusés d’avoir nuit à la sécurité nationale lors d’une visite dans les camps de réfugiés sahraouis en Algérie.

    Brahim Dahane, Ali Salem Tamek, et Hammadi Naciria ont été emprisonnés à plusieurs reprises pour leur engagement pour le droit sahraoui à l’autodétermination. Dahane a également été victime de disparition forcée. En prison, les prisonniers ont effectué une série de grèves de la faim pour attirer l’attention sur leur situation, dont l’une a duré 41 jours. La grève de la faim a pris fin après une discussion avec les autorités marocaines concernant le règlement de la situation.

    Les défenseurs des droits humains ont droit à la protection et la sécurité. Le Maroc a signé le Pacte international relatif aux droits civils et politiques et doit respecter le droit de chacun à travailler librement sur ces droits sans crainte de représailles. L’Union Européenne a aussi une responsabilité. Les lignes directrices de l’UE sur la protection des défenseurs des droits de l’homme stipulent que les défenseurs des droits ont un rôle clé dans la protection des droits de l’homme et que l’UE doit travailler activement pour contribuer à leur sécurité.

    Nous allons suivre de près l’affaire contre Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et Hammadi Naciria et nous soulignons l’importance que des observateurs internationaux assistent au procès. Nous sommes satisfait de ce que le procès n’aura pas tenu par la tribunal militaire comme indiqué précédemment et nous appelons le Maroc à assurer un procès équitable et transparent ouvert aux observateurs internationaux.

    Nous appelons l’UE et le monde à prêter attention à la situation des défenseurs des droits humains et à aider à créer une pression pour leur libération !

    Les premiers signataires de l’appel :
    Anna Hedh, Member of the European Parliament, the Social Democratic Party Hans Linde, Member of the Swedish Parliament, Left, Party Annie Johansson, Member of the Swedish Parliament, Centre Party Jens Holm, Member of the Swedish Parliament, Left Party Hillevi Larsson, Member of the Swedish Parliament, the Social Democratic Party Fredrik Malm, Member of the Swedish Parliament, Liberal Party Olle Schmidt, Member of the European Parliament, Liberal Party Eva-Britt Svensson, Member of the European Parliament, Left Party Åsa Westlund, Member of the European Parliament, the Social Democratic Party
    Eskil Franck, Director, The Living History Forum Cecilia Asklöf, Chairperson, the Swedish Section of The International Commission of Jurists Lise Bergh, Secretary-general, the Swedish Section of Amnesty International, Julia Finér, Chairperson, Emmaus Stockholm Elisabeth Lundgren, Secretary-general, the Swedish Fellowship of Reconciliation Jens Orback, Secretary-general The Olof Palme International Center Gertrud Rydén, United Nations Association, district of Värmland-Torsby The Solidarity Commitee at Jakobsbergs folkhögskola Jan Strömdahl, chairperson, The Western Sahara Association in Sweden The Western Sahara Action-network in Sweden 

    Source : APSO, 7/10/2010
  • Lettre ouverte à Nicolas Sarkozy

    M. Nicolas Sarkozy
    Président de la république française
    Objet : lettre ouverte de Sahraouis prisonniers politiques
    Monsieur le Président,

    Compte tenu du rôle historique de la France comme berceau des droits de l’homme, et étant donné le rôle actuel du pays dans la promotion et la protection de la démocratie et des droits de l’homme dans le monde entier, nous souhaitons vous exposer ici notre cas.

    Nous sommes des Sahraouis, défenseurs des droits de l’homme. Nous avons déjà subi beaucoup d’épreuves du fait de nos opinions et de nos activités en faveur des droits de l’homme. Aujourd’hui, cela fait un an que nous sommes en prison et les autorités marocaines n’ont procédé ni à notre jugement ni à notre libération malgré les demandes le nombreuses organisations dans le monde entier. Dans ce cas particulier, l’État marocain ne respecte pas le droit international, qui garantit le droit à un procès équitable dans un délai raisonnable et acceptable.

    Nous vous écrivons à propos de la persistance des violations graves des droits de l’homme dans la partie du Sahara Occidental occupée par le Royaume du Maroc. Nous sommes d’autre part très préoccupés du pillage continuel des ressources naturelles de notre territoire.

    Monsieur le Président,

    Le 8 octobre 2009, nous avons été arrêtés par les autorités marocaines dans l’aéroport Mohammed V de Casablanca, en particulier par la Brigade Nationale de la Police Judiciaire, en présence des différents services de sécurité et de renseignement. Nous revenions d’une visite aux campements de réfugiés sahraouis du sud-ouest algérien. Après avoir été arrêtés, nous avons été emmenés au siège de la brigade nationale de la police judiciaire, où nous avons subi huit jours d’un interrogatoire uniquement politique. Cet interrogatoire a été caractérisé par une série de violations, dont la violation de la confidentialité de l’interrogatoire quand les fonctionnaires ont tenté d’influencer le cours de l’enquête en lançant une campagne médiatique diffamatoire contre nous.

    L’arrestation n’a pas été basée sur des faits criminels, contrairement à ce qu’a dit la campagne de calomnie lancée par l’État marocain contre nous. Un large éventail d’institutions de la société civile se sont engagés dans cette campagne : la majorité des partis politiques, syndicats, quelques organisations marocaines des « droits de l’homme » et l’ensemble des médias populaires du Maroc. En outre, des représentants du gouvernement et des parlementaires ont fait des déclarations incitant à la haine, nous qualifiant de « traîtres », « ennemis » et « espions algérien». Cela contrastait fortement avec la façon dont d’autres organisations marocaines et internationales de défense des droits percevaient notre cas.

    Ce n’est pas la première fois que le gouvernement marocain qui contrôle les médias marocains, fabrique des accusations contre les Sahraouis qui s’expriment. Dans la plupart des cas, les sahraouis défenseurs des droits humains sont dépeints comme «espions», «comploteurs» et «terroristes» – des qualifications qui ont été constamment réfutées par des organisations sérieuses, marocaines et internationales, de défenses des droits humains, ainsi que par les commissions d’enquête internationales qui ont visité le territoire du Sahara Occidental. En outre, la lutte pacifique des Sahraouis pour l’autodétermination a toujours été l’objet de tentatives de déformation. Dans tous les cas, le choix de la protestation non-violente contre l’occupation de notre patrie par le Maroc est une indication des valeurs humanistes des Sahraouis et de notre croyance fondamentale dans le dialogue et la justice.

    Monsieur le Président,

    Le 15 octobre suivant, nous avons été amené devant le juge d’instruction du tribunal militaire de Rabat, qui a ordonné de nous mettre en détention préventive dans la prison locale de Salé.

    Un précédent dangereux est créé lorsque des civils qui défendent les droits fondamentaux de l’homme doivent être jugés par un tribunal militaire. Cela démontre clairement comment les autorités marocaines traitent les partisans du droit légitime des Sahraouis à l’autodétermination. Après presque un an de prison, le 21 septembre 2010, le tribunal militaire a déclaré son incompétence sur notre cas, et les accusations de trahison ont été abandonnées. Par la suite nous avons été transférés à un tribunal civil à Casablanca, où notre cas sera présenté le 15 octobre de cette année. Pourtant, les autorités marocaines ont toujours à présenter le premier élément de preuve contre nous.

    Monsieur le Président,

    Le Maroc a acquis un statut avancé auprès de l’Union Européenne et a des liens importants avec une quantité de puissances internationales. Pourtant, le partenariat avancé accordé au Maroc et les liens privilégiés avec de nombreux États n’ont pas réussi à convaincre Rabat de mettre fin à ses politiques d’oppression, ni n’ont réussi à mettre le pays plus en phase avec les normes des pays européens et leurs critères élevés en matière de droits de l’homme. Au lieu de cela, le changement de statut est utilisé par les autorités marocaines comme couverture aux violations flagrantes et répétées des droits de l’homme. Tout en maintenant l’image d’un pays démocratique, il opprime les voix dissidentes et continue à opprimer les sahraouis qui s’opposent ouvertement à la présence illégale et indéfendable du Maroc au Sahara Occidental.

    Il devient de plus en plus difficile pour notre peuple de croire en la justice fondamentale, lorsque la revendication du Maroc sur notre territoire est soutenue par une série d’accords commerciaux bilatéraux qui comprennent notre terre. En vendant nos ressources naturelles et en utilisant l’argent pour nous réduire au silence, le Maroc noircit l’image des nations démocratiques, comme la France, en les rendant complices d’un vol. Comme il est stipulé dans l’avis juridique de 2002 des Nations Unies sur la question, et répété en 2009 dans l’avis juridique du Parlement européen, les ressources sahraouies ne peut être exploitées que si cela est conforme à la volonté du peuple Sahraoui et à son intérêt. Monsieur le Président, nous n’avons jamais eu voix au chapitre dans cette exploitation, et le seul résultat de ces accords économiques pour notre peuple, c’est que nos voix sont encore davantage étouffées, puisque le Maroc se sent soutenu par l’Union Européenne dans sa revendication illégale et non fondée sur notre patrie.

    Monsieur le Président,

    Nous demandons respectueusement que tous les accords avec le Maroc excluent clairement notre terre, conformément au droit international. Quant à notre situation personnelle, nous vous demandons d’appeler le gouvernement du Maroc à assumer ses responsabilités et nous juger rapidement dans un procès équitable en présence d’observateurs internationaux ou nous libérer ainsi que tous les défenseurs sahraouis des droits de l’homme et prisonniers d’opinion dans les prisons marocaines.

    En vous remerciant de prendre le temps de considérer ce courrier, recevez, Monsieur le Président, l’assurance de notre haute considération,

    Les Défenseurs des droits de l’homme, prisonniers d’opinion
    Ali Salem Tamek, Brahim Dahane; Ahmed Naciri

    Prison locale de Salé / Maroc, le 8 octobre 2010.

    Note : une copie de ce courrier a été adressée au :
    – président de l’assemblée Nationale M. Bernard Accoyer.
    – président du sénat M. Gérard Larcher.
    – ministre français des affaires étrangères M. Bernard Kouchner.
    – le représentant permanent de la France à l’ONU M. Gerard Araud.
    – le Secrétaire Général des Nations Unies M. Ban Ki-Moon.
    – le Représentant Personnel du Secrétaire Général des Nations Unies M. Christopher Ross.

    Source : APSO, 7/10/2010