Mois : octobre 2010

  • Appel à la levée du blocus imposé par le Maroc

    Assemblée nationale française et plus précisément la salle Jean- Jaurès – Léon Blum, a vécu, jeudi, un événement historique majeur avec la présence du président Sahraoui Mohammed Abdelaziz, qui a présidé un colloque sur l’évolution de la situation au Sahara Occidental. Un colloque qui a vu la participation de parlementaires européens, des députés et sénateurs algériens et plusieurs personnalités françaises de premier plan soutenant la lutte du peuple Sahraoui. Ce colloque intervient à un moment crucial du combat libérateur sahraoui qui a pris une forme nouvelle de résistance avec l’exode de milliers de Sahraouis hors des villes occupées du Sahara Occidental.
    Et c’est précisément depuis la tribune du temple de la démocratie française que le président Abdelaziz a lancé un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines dans les campements sahraouis dans les territoires occupés. » Je lance, du haut de cette tribune, un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines à ces campements afin de permettre l’acheminement de médicaments et de vivres, et la visite de la presse et des observateurs internationaux». Le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a estimé que la situation dans ces campements de fortune , qui accueillent quelque 20 000 Sahraouis répartis dans 8 000 tentes, de «préoccupante et ne cesse de se détériorer ». Il a rappelé que l’armée marocaine a «tiré à balles réelles sur des citoyens sahraouis sans défense, tuant un enfant de 14 ans, El Garhi Najem, et blessant cinq autres».
    Pour le président Abdelaziz, une telle situation constitue «une réelle menace pour la paix dans la région et risque d’anéantir les efforts consentis à ce jour, par l’Onu et rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc». Une troisième rencontre informelle entre les deux parties en conflit est prévue début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l’Onu, Christopher Ross, qui a effectué la semaine dernière une tournée dans la région pour convaincre les belligérants à retourner à la table des négociations. À propos du colloque , qui se tient a l’Assemblée nationale française il a observé qu’il se tient à un moment «important» du conflit et au moment où la situation critique de milliers de Sahraouis dans les environs de la ville occupée d’El Ayoun «interpelle la conscience humaine». «C’est la démonstration manifeste de l’attachement de notre peuple à ses droits, mais aussi un cinglant démenti à la propagande marocaine sur une prétendue prospérité dans les territoires occupés. Un rejet du fait accompli », at- il dit.
    Le président Sahraoui a interpelé les dirigeants Européens et en particulier la France alliée inconditionnel du Maroc pour éviter une tragédie et pour que cesse les souffrances du peuple Sahraoui, estimant que l’Union Européenne «ferme les yeux devant la situation désolante actuelle et participe au pillage des ressources naturelles du territoire», en flagrante contradiction avec les lois internationales et les résolutions de l’Onu. Il a fustigé la position «prédominante» de la France qui, «quitte à renoncer aux principes des droits de l’Homme, a toujours privilégié l’alignement sur les thèses de l’autre partie au conflit au détriment de la légalité et d’une relation équilibrée avec tous les peuples de l’Afrique du Nord-Ouest et du Maghreb».
    La conférence à l’Assemblée française s’est tenue en présence notamment d’élus et de députés Européens, Algériens, de l’Asie et de l’Amérique latine, du président de l’Eucoco, Pierre Galand, et de militants des droits de l’Homme sahraoui dont Aminatou Haïdar., la Gandhi Sahraoui. Elle a tenu à cette occasion à remercier chaleureusement la nation française pour le soutien qu’elle lui a apporté avant d’évoquer la terrible répression qui s’abat sur le peuple Sahraoui. L’intervention de la passionaria sahraouie aux côtés du président Abdelaziz , dans l’enceinte même de l’Assemblée française est d’autant plus importante qu’elle intervient à la suite d’une visitemascarade organisée par le Palais royal marocain à l’intention de sénateurs Français, dont une sénatrice d’origine Algérienne, frappés de cécité lors de leur visite des territoires sahraouis occupés et qui se sont répandus en éloges sur les vertus de l’occupation marocaine.
    De Paris, Mokhtar Bendib
    Le Courrier d’Algérie, 30/10/2010
  • Des nouvelles du campement sahraoui assiégé par la police marocaine

    – Avant-hier deux journalistes espagnols ont pu rentrer et ressortir avec des images qui passent sur les TV et médias nationaux en Espagne où le sujet commence à être suivi.– Du coup les militaires sont à l’affut des internationaux et des journalistes et resserent les contrôles,ils fouillent beaucoup plus et contrôlent les identités. Hier une journaliste espagnole refoulée, et le photographe qui travaille avec moi également quand il tentait de rentrer cette nuit. Il y a une dizaine de journalistes espagnols présents à Laâyoune (capitale du Sahara Occidental, ndds) ou au Maroc et ils n’ont pas l’autorisation de rentrer.

    – Trois militants sahraouis connus pour leurs activités en faveur des droits de l’hommes ont été arrêtés par la police. Ceux présents dans le campement qui avaient prévu de se rendre en Europe n’osent pas sortir de peur de ne pas pouvoir re-rentrer ou d’être arrêtés comme ils ont l’habitude de l’être pour leurs activités militantes.

    – De mannière générale les militaires laissent les gens sortir mais les empêchent de rentrer car ils veulent vider le campement. Or les gens ont besoin de sortir pour réapprovisionner le campement, pour se laver, se soigner, pour communiquer des nouvelles à leurs proches.

    – L’eau est un problème car il n’y a que deux puits qui délivrent une eau impropre à la consommation sur le campement. Ils limitents à deux bidons/par famille mais ils ne savent pas combien de temps il pourra fournir (voir vidéo 4). Ils dépendent donc des approvisionnements en eau depuis la ville. Depuis hier les militaires fouillent les véhicules et empêchent celles transportant de la nourriture et de l’eau d’entrer. Ils les obligent à décharger. L’objectif est clair il s’agit d’affamer la population pour la forcer à sortir. Quand on sait la détermination des personnes à rester, cela fait craindre le pire.

    – L’alimentation qui arrive de l’exterieur est entreposée dans un « magasin » à l’interieur du campement où les familles viennent chercher ce dont elles ont besoin. Cela est auto-géré et se fait sans échange d’argent.

    – Les sahraouis dans le campement assurent une sécurité interne et des contrôles et fouilles à l’entrée également (voir vidéo 4) car ils se méfient de toute intrusion de marocains infiltrés qui viendrait semer le trouble en interne pour déstabiliser le campement ou pour donner une occasion aux militaires d’intervenir (agression…). Ils ont déjà découvert un pocilier/gendarme ( ? ) qui avait infiltré le campement. Ils l’ont évaquer.

    – Concernant le jeune décédé et enterré sans le consentement de la famille :

    – toujours pas de nouvelles des autres blessés et s’ils ont succombé à leurs blessures ou pas, trois ont été transférés à Rabat pour des interrogatoires. L’hopital est toujours sous surveillance et on ne peut pas voir les blessés ou avoir de leurs nouvelles.

    – le gouvernement propose aux membres de la famille de l’argent pour étouffer l’affaire

    – ils communiquent par le biais des médias nationaux marocains une fausse histoire en disant que ces personnes sont membres de la mafia, ou bien qu’elles transportaient des armes ou bien qu’elles avaient été rejeté du campement par les sahraouis suite à une tentative de viol… bref ils manipulent l’information pour étouffer l’affaire.

    – A l’interieur du campement, les sahraouis ont dressé des drapeaux noirs en signe de deuil, observe des minutes de silence et parlent de leur premier martyr depuis le début du campement.

    – Des membres du gouvernenement seraient présents pour entamer des négociations. Ils communiquent à la presse que celles-ci sont bien avancées alors qu’elles n’ont même pas commencer. Le gouvernement a demandé aux membres du campement de réaliser un recensement ce qu’ils sont en train de faire. Pour les revendications du campement je vous laisse voir la vidéo 3 (voir plus haut)

    – En ce qui nous concerne : nous sommes un peu épuisés et nous aimerions que la presse française vienne prendre le relai. Nous esperons qu’elle traite au moins un minimum le sujet et diffuse les vidéos que nous faisons, sinon notre travail et les risques que nous prenons n’ont pas d’intérêts. Nous sommes enfermés dans une maison sans pouvoir sortir car la police nous surveille. Si nous sortons, nous serons arrêtés et sans possibilité de continuer ce travail ou de pouvoir retourner dans le campement. Nous pouvons éventuellement avoir des problèmes pour continuer notre voyage vers la Mauritanie où nous sommes censés nous rendre. Des internationaux présents dans le campement et réalisant le même travail que nous depuis quelques temps ont déjà reçu des menaces (retrait du passeport, emprisonnement, torture) et ont eu des altercations violentes avec la police lors de leurs arrestations. Leur objectif est bien sur d’intimider les internationaux pour qu’ils partent et qu’il n’y ai ainsi plus aucune information à sortir du campement.

    Toujours la même question à se poser : s’il s’agit d’une manifestation pacifique de civils sahraouis; pourquoi les assiéger, pourquoi les encerclés d’un mur, pourquoi bloquer l’entrée au campement et l’approvisionnement en vivres, pourquoi empêcher la presse internationale de faire son travail ?

  • «Silence on tue» !

    Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel.
    Rabat a annoncé hier sa décision de suspendre les activités de la chaîne satellitaire Al Jazeera au Maroc et d’annuler les accréditations de son staff exerçant dans le pays du commandeur des croyants. Le Maroc avance des raisons plus farfelues les unes que les autres pour justifier son geste hostile envers une télévision qui, pourtant, ménage le makhzen au point de se limiter à nous montrer à chaque fois deux tentes en poils de chameau, toujours les mêmes, plantées vraisemblablement dans l’un des souks d’El-Ayoun, lorsqu’elle informe sur l’immense camp de Gdeim Izik où quelque 20 000 Sahraouis ont choisi de s’exiler volontairement et se trouvent cernés depuis une vingtaine de jours, manquant d’eau, de vivres et de médicaments.
    Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel. Mais à voir les petites misères faites à Al Jazeera, ne vaut-il pas mieux avoir affaire à la sainte MAP plutôt qu’à ses dieux ? Surtout depuis qu’El-Ayoun et ses environs se trouvent sous haute tension après le meurtre de Najem El-Guareh, un jeune Sahraoui de 14 ans, tué par balle parce qu’il a eu l’audace de vouloir introduire quelques vivres aux manifestants.
    Bien que sa mort tragique ait été moins médiatisée que, par exemple, l’emprisonnement de Shalit, le makhzen ne veut pas qu’on en parle du tout. Egal à lui-même, il met donc Gdeim Izik en quarantaine et empêche la presse étrangère de venir se rendre compte sur place, y compris en recourant aux basses manœuvres, comme ce fut le cas avec les médias espagnols. Le cas de «Pequeno Najem» ?

    Le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïb Fassi Fihri, s’est déclaré «surpris» par l’importance qu’accordaient les médias espagnols à sa mort brutale. Un événement qui «ne mérite pas autant d’intérêt». Ce n’est qu’un bédouin, aurait-il pu résumer dans son entretien à EFE, l’agence espagnole qui n’a pas été accusée, à l’instar des autres médias ibériques, de faire état d’une seule version à propos de l’assassinat du jeune Najem. Comme si la vérité était multiple et non pas une ! Une chose est certaine : s’il savait sa version crédible, le makhzen aurait, plutôt que d’imposer un black-out, rameuté à ses frais la presse du monde entier. Celle du Polisario en tête !

  • Soutien au peuple sahraoui : Une conférence sous tension au Mans

    La 36ème édition de la coordination de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) a débuté hier en début de soirée dans la ville du Mans, à 200 km au sud-ouest de Paris.

    Des centaines de parlementaires européens, africains, d’Amérique latine et d’Asie ont pris part à cet événement organisé d’habitude en Espagne.

    C’est dans un climat tendu et une organisation catastrophique que la conférence internationale a débuté dans le palais des congrès de la ville du Mans. L’association française «les amis de la RASD», qui chapeaute l’organisation, a eu toutes les peines du monde pour faire face aux délégations, pour cause d’absence de logistique.

    C’est le cas notamment des journalistes algériens, dont certains ont carrément passé la nuit à la belle étoile à Paris, à leur arrivée à l’aéroport d’Orly, alors que les organisateurs de la conférence avaient clairement fait savoir qu’il y avait une prise en charge. Ils ont vécu un autre cauchemar une fois arrivés dans la ville du Mans dans la nuit du 28 au 29 octobre.

    Les noms des journalistes algériens, pourtant accrédités, ne figuraient sur aucune liste. Pire, l’envoyée spéciale de la radio nationale tombée sur le trottoir a été tout simplement abandonnée à l’hôpital du Mans alors qu’elle venait de subir un «traumatisme crânien» qui lui a valu une intervention dans le bloc opératoire de l’hôpital du Mans. La journaliste de la radio n’a pu se soigner que grâce à la «compassion» des médecins de l’hôpital qui ont bien voulu la prendre en charge sans assurance médicale en France. Aucune indication ni information ne nous a été fournie ni par les responsables des «amis de la RASD» ni par le représentant du Front Polisario à Paris. Au moment où toutes les délégations ont été prises en charge, y compris les journalistes d’autres pays, les représentants des médias algériens étaient hier toujours livrés à eux-mêmes.

    Le président sahraoui au Parlement français

    A l’initiative des socialistes, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, est intervenu jeudi dernier au Parlement français. La présence du président sahraoui est d’autant plus symbolique que la position officielle de la France est plutôt en faveur du Maroc. Mohamed Abdelaziz a affirmé par ailleurs que c’est avec une grande fierté qu’il s’exprime au sein de l’Assemblée et d’un pays dont la démocratie remonte à plusieurs siècles.

     Il soulignera que la responsabilité des Nations unies, de l’Espagne et de la France en particulier, est importante dans le règlement du conflit au Sahara Occidental.

    «Le Maroc veut imposer une solution unilatérale», a dénoncé en outre le président sahraoui. Et d’affirmer que malgré 35 années d’occupation, de répression, de violation des droits de l’homme et de pillage des richesses du Sahara Occidental, le peuple sahraoui tient à la paix. «Plus de 20.000 Sahraouis ont fui la ville d’El-Ayoun et sont refugiés à travers 8.000 camps de fortune», a déclaré Mohamed Abdelaziz devant une centaine de députés venant de tous les continents. Le responsable du Polisario a averti que la position belliqueuse du royaume du Maroc rend improbable la reprise des négociations. De son côté, Aminatou Haider a remercié les Français pour lui avoir permis de s’exprimer à l’Assemblée nationale. La militante des droits de l’homme, qui était en grève de la faim à Lanzarote (Espagne) en 2009, est revenue longuement sur les conditions de vie déplorables des Sahraouis dans les territoires occupés et les camps de refugiés.

     Par ailleurs, «Ouest Républicain» a fait état dans son édition d’hier d’une tension entre la communauté marocaine établie dans la ville du Mans et le maire pour avoir permis l’organisation de la 36ème Eucoco dans sa ville. Sous le titre «Sahara occidental : congrès sous haute tension au Mans», le journal soutient que la conférence internationale de soutien au peuple sahraoui fait réagir un «collectif d’amis du Maroc». Ce dernier a organisé hier une «journée d’information» sur le Sahara Occidental et comptait également organiser hier un gala-surprise gratuit près du circuit des 24 heures du Mans au profit des Marocains établis dans cette ville. La présidente de l’association des amis de la RASD a qualifié le concert de «propagande nationaliste malsaine».

     Il faut savoir par ailleurs que le maire socialiste de la ville du Mans, Jean-Claude Boulard, a clairement affiché sa position en faveur de la cause sahraouie et affirme «s’inscrire dans la résolution de l’ONU, qui n’a jamais renoncé au principe de l’autodétermination et que c’est la deuxième fois que sa ville accueille cette conférence» en rappelant que la première fois en 1991, le roi du Maroc avait accepté le principe du référendum.

     A noter que la 36ème Eucoco dont les travaux se dérouleront jusqu’au 31 octobre a réuni cette année quelque 400 parlementaires, membres d’ONG, de professeurs d’université et de juristes. Quatre thèmes principaux seront débattus à l’occasion de cette conférence. Il s’agit de «Politique, information et ressources naturelles», «Droits de l’homme, juristes et territoires occupés», «Coopération : santé, aide alimentaire, aide humanitaire, territoires libérés, formation et villes» et enfin «Solidarité populaire : jeunesse, éducation, culture, femmes et syndicats».
    par Notre Envoyé Spécial Au Mans (France): Z. Mehdaoui

  • Assassinat d’ Elgarhi Najem par l’armée marocaine : La communauté internationale exige une enquête

    Personnalités parlementaires, organisations non gouvernementales et militants des droits de l’Homme appellent depuis Mans où s’est tenue hier après-midi la 36e Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui à exercer des pressions au niveau institutionnel et à sensibiliser l’opinion internationale sur l’urgence d’œuvrer pour l’autodétermination du peuple sahraoui, après l’assassinat, dimanche dernier, du jeune Elgarhi Najem par l’armée marocaine.

    Des parlementaires espagnols demandent à la Minurso à se rendre dans les campements et à enquêter sur la situation des réfugiés. Donald M. Payne, congresseman américain et président du sous-comité de l’Afrique auprès de la Chambre des représentants demande l’ouverture d’une enquête exhaustive sur la mort du jeune Najem. Il appelle à la surveillance de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental.

    Francis Jacob, parlementaire français, estime que son pays doit jouer un rôle particulier pour que la question de décolonisation des territoires occupés revienne à l’actualité. Maya Salhi, la députée italienne, estime qu’il revient à l’Onu et l’Union européenne de mettre un terme à ce qu’elle appelle un cas de «décolonisation». Elle explique la complexité du cas sahraoui par le fait que les territoires occupés se sont retrouvés devant une autre puissance occupante alors qu’ils venaient d’être décolonisés.
    Pierre Galand, le président de la Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui propose de saisir par lettres le président français, le secrétaire général de l’Onu et le président du Conseil des droits de l’Homme. La coordination des associations espagnoles d’amitié et de solidarité avec le peuple sahraoui appelle l’UE à annuler le statut avancé avec le Maroc pour non-respect des droits de l’Homme et demande à l’Onu d’intervenir. L’association marocaine des droits de l’Homme demande une enquête indépendante et impartiale sur cet assassinat que le président sahraoui, qui lance un appel urgent à l’Europe responsable en grande partie, à ses yeux, de la pérennisation du conflit pour lever le blocus et intervenir pour mettre un terme à la répression, qualifie de violation flagrante et grave. Aminatou Haidar, la militante des droits de l’Homme établit un constat accablant.
    Elle affirme que des centaines de Sahraouis sont victimes de disparitions forcées et des dizaines d’autres sont enterrés dans des fosses communes. Ce qui laisse penser à des massacres non dénoncés.
    n Djamel O.
    Horizons, 29/10/2010

  • Appel à la levée du blocus imposé par le Maroc

    Assemblée nationale française et plus précisément la salle Jean- Jaurès – Léon Blum, a vécu, jeudi, un événement historique majeur avec la présence du président Sahraoui Mohammed Abdelaziz, qui a présidé un colloque sur l’évolution de la situation au Sahara Occidental. Un colloque qui a vu la participation de parlementaires européens, des députés et sénateurs algériens et plusieurs personnalités françaises de premier plan soutenant la lutte du peuple Sahraoui. Ce colloque intervient à un moment crucial du combat libérateur sahraoui qui a pris une forme nouvelle de résistance avec l’exode de milliers de Sahraouis hors des villes occupées du Sahara Occidental.
    Et c’est précisément depuis la tribune du temple de la démocratie française que le président Abdelaziz a lancé un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines dans les campements sahraouis dans les territoires occupés. » Je lance, du haut de cette tribune, un appel urgent pour que soit levé le blocus imposé par les forces marocaines à ces campements afin de permettre l’acheminement de médicaments et de vivres, et la visite de la presse et des observateurs internationaux». Le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd) a estimé que la situation dans ces campements de fortune , qui accueillent quelque 20 000 Sahraouis répartis dans 8 000 tentes, de «préoccupante et ne cesse de se détériorer ». Il a rappelé que l’armée marocaine a «tiré à balles réelles sur des citoyens sahraouis sans défense, tuant un enfant de 14 ans, El Garhi Najem, et blessant cinq autres».
    Pour le président Abdelaziz, une telle situation constitue «une réelle menace pour la paix dans la région et risque d’anéantir les efforts consentis à ce jour, par l’Onu et rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc». Une troisième rencontre informelle entre les deux parties en conflit est prévue début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l’Onu, Christopher Ross, qui a effectué la semaine dernière une tournée dans la région pour convaincre les belligérants à retourner à la table des négociations. À propos du colloque , qui se tient a l’Assemblée nationale française il a observé qu’il se tient à un moment «important» du conflit et au moment où la situation critique de milliers de Sahraouis dans les environs de la ville occupée d’El Ayoun «interpelle la conscience humaine». «C’est la démonstration manifeste de l’attachement de notre peuple à ses droits, mais aussi un cinglant démenti à la propagande marocaine sur une prétendue prospérité dans les territoires occupés. Un rejet du fait accompli », at- il dit.
    Le président Sahraoui a interpelé les dirigeants Européens et en particulier la France alliée inconditionnel du Maroc pour éviter une tragédie et pour que cesse les souffrances du peuple Sahraoui, estimant que l’Union Européenne «ferme les yeux devant la situation désolante actuelle et participe au pillage des ressources naturelles du territoire», en flagrante contradiction avec les lois internationales et les résolutions de l’Onu. Il a fustigé la position «prédominante» de la France qui, «quitte à renoncer aux principes des droits de l’Homme, a toujours privilégié l’alignement sur les thèses de l’autre partie au conflit au détriment de la légalité et d’une relation équilibrée avec tous les peuples de l’Afrique du Nord-Ouest et du Maghreb».
    La conférence à l’Assemblée française s’est tenue en présence notamment d’élus et de députés Européens, Algériens, de l’Asie et de l’Amérique latine, du président de l’Eucoco, Pierre Galand, et de militants des droits de l’Homme sahraoui dont Aminatou Haïdar., la Gandhi Sahraoui. Elle a tenu à cette occasion à remercier chaleureusement la nation française pour le soutien qu’elle lui a apporté avant d’évoquer la terrible répression qui s’abat sur le peuple Sahraoui. L’intervention de la passionaria sahraouie aux côtés du président Abdelaziz , dans l’enceinte même de l’Assemblée française est d’autant plus importante qu’elle intervient à la suite d’une visitemascarade organisée par le Palais royal marocain à l’intention de sénateurs Français, dont une sénatrice d’origine Algérienne, frappés de cécité lors de leur visite des territoires sahraouis occupés et qui se sont répandus en éloges sur les vertus de l’occupation marocaine.
    De Paris, Mokhtar Bendib
    Le Courrier d’Algérie, 30/10/2010
  • Des nouvelles du campement sahraoui assiégé par la police marocaine

    – Avant-hier deux journalistes espagnols ont pu rentrer et ressortir avec des images qui passent sur les TV et médias nationaux en Espagne où le sujet commence à être suivi.– Du coup les militaires sont à l’affut des internationaux et des journalistes et resserent les contrôles,ils fouillent beaucoup plus et contrôlent les identités. Hier une journaliste espagnole refoulée, et le photographe qui travaille avec moi également quand il tentait de rentrer cette nuit. Il y a une dizaine de journalistes espagnols présents à Laâyoune (capitale du Sahara Occidental, ndds) ou au Maroc et ils n’ont pas l’autorisation de rentrer.

    – Trois militants sahraouis connus pour leurs activités en faveur des droits de l’hommes ont été arrêtés par la police. Ceux présents dans le campement qui avaient prévu de se rendre en Europe n’osent pas sortir de peur de ne pas pouvoir re-rentrer ou d’être arrêtés comme ils ont l’habitude de l’être pour leurs activités militantes.

    – De mannière générale les militaires laissent les gens sortir mais les empêchent de rentrer car ils veulent vider le campement. Or les gens ont besoin de sortir pour réapprovisionner le campement, pour se laver, se soigner, pour communiquer des nouvelles à leurs proches.

    – L’eau est un problème car il n’y a que deux puits qui délivrent une eau impropre à la consommation sur le campement. Ils limitents à deux bidons/par famille mais ils ne savent pas combien de temps il pourra fournir (voir vidéo 4). Ils dépendent donc des approvisionnements en eau depuis la ville. Depuis hier les militaires fouillent les véhicules et empêchent celles transportant de la nourriture et de l’eau d’entrer. Ils les obligent à décharger. L’objectif est clair il s’agit d’affamer la population pour la forcer à sortir. Quand on sait la détermination des personnes à rester, cela fait craindre le pire.

    – L’alimentation qui arrive de l’exterieur est entreposée dans un « magasin » à l’interieur du campement où les familles viennent chercher ce dont elles ont besoin. Cela est auto-géré et se fait sans échange d’argent.

    – Les sahraouis dans le campement assurent une sécurité interne et des contrôles et fouilles à l’entrée également (voir vidéo 4) car ils se méfient de toute intrusion de marocains infiltrés qui viendrait semer le trouble en interne pour déstabiliser le campement ou pour donner une occasion aux militaires d’intervenir (agression…). Ils ont déjà découvert un pocilier/gendarme ( ? ) qui avait infiltré le campement. Ils l’ont évaquer.

    – Concernant le jeune décédé et enterré sans le consentement de la famille :

    – toujours pas de nouvelles des autres blessés et s’ils ont succombé à leurs blessures ou pas, trois ont été transférés à Rabat pour des interrogatoires. L’hopital est toujours sous surveillance et on ne peut pas voir les blessés ou avoir de leurs nouvelles.

    – le gouvernement propose aux membres de la famille de l’argent pour étouffer l’affaire

    – ils communiquent par le biais des médias nationaux marocains une fausse histoire en disant que ces personnes sont membres de la mafia, ou bien qu’elles transportaient des armes ou bien qu’elles avaient été rejeté du campement par les sahraouis suite à une tentative de viol… bref ils manipulent l’information pour étouffer l’affaire.

    – A l’interieur du campement, les sahraouis ont dressé des drapeaux noirs en signe de deuil, observe des minutes de silence et parlent de leur premier martyr depuis le début du campement.

    – Des membres du gouvernenement seraient présents pour entamer des négociations. Ils communiquent à la presse que celles-ci sont bien avancées alors qu’elles n’ont même pas commencer. Le gouvernement a demandé aux membres du campement de réaliser un recensement ce qu’ils sont en train de faire. Pour les revendications du campement je vous laisse voir la vidéo 3 (voir plus haut)

    – En ce qui nous concerne : nous sommes un peu épuisés et nous aimerions que la presse française vienne prendre le relai. Nous esperons qu’elle traite au moins un minimum le sujet et diffuse les vidéos que nous faisons, sinon notre travail et les risques que nous prenons n’ont pas d’intérêts. Nous sommes enfermés dans une maison sans pouvoir sortir car la police nous surveille. Si nous sortons, nous serons arrêtés et sans possibilité de continuer ce travail ou de pouvoir retourner dans le campement. Nous pouvons éventuellement avoir des problèmes pour continuer notre voyage vers la Mauritanie où nous sommes censés nous rendre. Des internationaux présents dans le campement et réalisant le même travail que nous depuis quelques temps ont déjà reçu des menaces (retrait du passeport, emprisonnement, torture) et ont eu des altercations violentes avec la police lors de leurs arrestations. Leur objectif est bien sur d’intimider les internationaux pour qu’ils partent et qu’il n’y ai ainsi plus aucune information à sortir du campement.

    Toujours la même question à se poser : s’il s’agit d’une manifestation pacifique de civils sahraouis; pourquoi les assiéger, pourquoi les encerclés d’un mur, pourquoi bloquer l’entrée au campement et l’approvisionnement en vivres, pourquoi empêcher la presse internationale de faire son travail ?

  • «Silence on tue» !

    Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel.
    Rabat a annoncé hier sa décision de suspendre les activités de la chaîne satellitaire Al Jazeera au Maroc et d’annuler les accréditations de son staff exerçant dans le pays du commandeur des croyants. Le Maroc avance des raisons plus farfelues les unes que les autres pour justifier son geste hostile envers une télévision qui, pourtant, ménage le makhzen au point de se limiter à nous montrer à chaque fois deux tentes en poils de chameau, toujours les mêmes, plantées vraisemblablement dans l’un des souks d’El-Ayoun, lorsqu’elle informe sur l’immense camp de Gdeim Izik où quelque 20 000 Sahraouis ont choisi de s’exiler volontairement et se trouvent cernés depuis une vingtaine de jours, manquant d’eau, de vivres et de médicaments.
    Au début du mois, c’était l’AFP qui en avait pris pour son grade lorsque la MAP s’attachait à lui montrer comment être… professionnel. Mais à voir les petites misères faites à Al Jazeera, ne vaut-il pas mieux avoir affaire à la sainte MAP plutôt qu’à ses dieux ? Surtout depuis qu’El-Ayoun et ses environs se trouvent sous haute tension après le meurtre de Najem El-Guareh, un jeune Sahraoui de 14 ans, tué par balle parce qu’il a eu l’audace de vouloir introduire quelques vivres aux manifestants.
    Bien que sa mort tragique ait été moins médiatisée que, par exemple, l’emprisonnement de Shalit, le makhzen ne veut pas qu’on en parle du tout. Egal à lui-même, il met donc Gdeim Izik en quarantaine et empêche la presse étrangère de venir se rendre compte sur place, y compris en recourant aux basses manœuvres, comme ce fut le cas avec les médias espagnols. Le cas de «Pequeno Najem» ?

    Le ministre marocain des Affaires étrangères, Taïb Fassi Fihri, s’est déclaré «surpris» par l’importance qu’accordaient les médias espagnols à sa mort brutale. Un événement qui «ne mérite pas autant d’intérêt». Ce n’est qu’un bédouin, aurait-il pu résumer dans son entretien à EFE, l’agence espagnole qui n’a pas été accusée, à l’instar des autres médias ibériques, de faire état d’une seule version à propos de l’assassinat du jeune Najem. Comme si la vérité était multiple et non pas une ! Une chose est certaine : s’il savait sa version crédible, le makhzen aurait, plutôt que d’imposer un black-out, rameuté à ses frais la presse du monde entier. Celle du Polisario en tête !

  • Enterré par la police et sans le consentement de ses parents

    Le Front Polisario dénonce, dans un communiqué, que Elgarhi Nayem – le jeune sahraoui assassiné, dimanche dernier, à coup de balles par la police marocaine – a été enterré durant la nuit du lundi, sans le consentement de sa famille, “pour éviter un enterrement populeux”. Du côté marocain, seul le silence a répondu à nos questions sur ces faits.

    Le ministère des Territoires Occupés du Polisario affirme que la police – les assassins de Elgarhi étaient des militaires – n’a informé ses parents qu’une fois le sépulcre achevé. Ils dénoncent que le cadavre de l’enfant “a été séquestré” et que “la famille n’avait point donné son consentement”. En outre, ils ajoutent que “sa mère n’a pu voir une dernière fois le visage de Elgarhi”.

    Le Polisario considère l’action une “ruse cruelle” et dit qu’on n’avait pas permis à ses parents, ni à ses voisins, “de lui faire leurs derniers adieux et de lui montrer leur respect”.

    Du côté marocain, seul le silence a, encore une fois, répondu à nos questions sur ces faits.

    Guinguinbali, 26/10/2010

  • Mehdi Ben Barka : le mort qui dérange toujours, 45 ans après

    C’était le vendredi 29 octobre 1965, il y a 45 ans jour pour jour. Le plus célèbre opposant marocain, Mehdi Ben Barka, était enlevé en plein coeur de Paris, devant la brasserie Lipp. Un rassemblement y aura lieu ce soir, à 18h30, selon la volonté de la veuve et des fils de l’ancien leader tiers mondiste.

    Quarante-cinq ans après, cette disparition reste une énigme. Le roi Hassan II a-t-il commandité l’enlèvement ? Les services français ont-ils été complices ? La mort de l’opposant n’avait-elle pas été planifiée ? Qu’est devenu son corps ?

    Beaucoup de questions restent sans réponse.

    Malgré les pressions dont il ferait l’objet, un juge, Patrick Ramaël garde l’espoir de connaître un jour la vérité. Il est le huitième magistrat à hériter de ce dossier.

    Il y a quelques semaines, il a réussi à mener une perquisition à la DGSE, les services secrets français. Il a fait saisir 23 dossiers classés « secret défense ». Ces archives du Sdece (service de documentation extérieure et de contre-espionnage) viennent d’être déclassifiées. Hervé Morin, le ministre de la Défense, a donné son feu vert. Ces documents concernent des personnalités marocaines et d’anciens truands français qui pourraient être mêlés à l’enlèvement de Ben Barka.

    Raison d’Etat

    Bachir Ben Barka, l’un des fils de l’opposant à Hassan II espère que ces documents permettront de répondre aux questions que sa famille se pose depuis 45 ans. « Tant qu’on n’aura pas les réponses, on ne pourra pas faire notre deuil », assure-t-il. « Toutes les responsabilités ont-elles été établies ? Il y a eu une volonté politique, marocaine, d’éliminer mon père. Et cette volonté à trouver des complicités. Beaucoup de questions restent sans réponse car il y a une raison d’Etat qui fait que l’action de la justice ne peut pas aller jusqu’au bout. Comment se fait-il qu’aujourd’hui encore, la justice ne puisse interroger un certain nombre de personnes au Maroc ? Il y a eu des pressions ! », tempête Bachir Ben Barka.

    En fait, la famille Ben Barka a acquis la certitude que tout est fait pour empêcher le juge Patrick Ramaël de mener à bien ses investigations. « On tente de l’écarter car son enquête heurte les intérêts diplomatiques« , dit aussi l’avocat de la famille. « Le régime actuel français est toujours très lié avec le Maroc : vacances à Marrakech, échanges, tentatives de vente d’avions au Maroc, etc. Ces relations économiques et commerciales font que Ben Barka est un mort qui gêne ! », affirme maître Maurice Buttin.

    Le juge, objet d’une enquête

    Coïncidence ou pas, on a appris il y a quelques jours que le juge Ramaël faisait l’objet d’une enquête admnistrative à demande de la ministre de la Justice. La juge Corinne Goetzmann, membre de l’Association française des magistrats instructeurs (Afmi), y voit une tentative de destabilisation de Patrick Ramaël. « Il y a trois ans, le juge avait décerné des mandats d’arrêt contre des personnalités marocaines », raconte Corinne Goetzmann. « A cette époque, il aurait été qualifié d’irresponsable par sa hiérarchie selon un article paru dans la presse. Cela démontre bien que les actes judiciaires qu’il accomplit sont critiqués par sa hiérarchie et aussi par le politique », conclut la magistrate.

    Il faut dire qu’il y a trois ans, le pouvoir avait pu s’agacer de la méthode employée par le juge. Un vrai « coup » médiatique : il avait délivré ces quatre mandats d’arrêts internationaux le jour même où le président Nicolas Sarkozy atterrissait au Maroc, accompagné par la ministre de la Justice Rachida Dati, pour un voyage officiel. Au risque de créer un incident diplomatique.

    Reste qu’à la demande du Parquet, ces mandats n’ont jamais été diffusés. Ils sont bloqués depuis trois ans. « Les documents transmis à Interpol ne sont pas assez complets et pas assez motivés », nous explique-t-on à la Chancellerie.

    Le juge Patrick Ramaël n’a jamais pu entendre ces personnes qu’il soupconne d’être mêlées a l’enlèvement de Ben Barka. Parmi elles, le général Hosni Benslimane, ex-capitaine, actuel chef de la gendarmerie royale, et Miloud Tounsi. Le juge a fait appel à un expert en graphologie pour prouver que Miloud Tounsi, un Marocain de 75 ans vivant à Rabat (à quelques centaines de mètres de l’avenue Ben Barka, pour la petite histoire) n’est autre que Larbi Chtouki, membre présumé du commando marocain auteur de l’enlèvement du 29 octobre 1965.

    Un charnier à Rabat ?
    Le juge aurait également souhaité pouvoir visiter ce que certains appellent le « PF 3« , dont l’existence est niée par le Maroc. Le « point fixe 3″ serait une prison secrète de Rabat, dont l’existence a été confirmée par plusieurs témoins du dossier. Selon eux, les quatre truands français mêlés à la disparitions de Ben Barka y auraient été enfermés, exécutés, puis enterrés. C’est là aussi que serait enterrée la tête de Mehdi Ben Barka, ramenée comme preuve au roi après que l’enlèvement à Paris a mal tourné.

    Le juge Patrick Ramaël n’a jamais pu accéder au « PF 3″, mais un grand reporter de France 3 l’a retrouvé, il l’a même filmé. Joseph Tual est le seul à avoir obtenu des images des ruines de cette ancienne prison où, selon lui, serait enterrée une centaine d’opposants à Hassan II. Un charnier sur lequel aujourd’hui poussent des orangers, entre des murs de béton et des barbelés.

    Ces révélations ont valu à Joseph Tual des pressions et des menaces. « Cet endroit est la boîte de Pandore d’Hassan II, vu tous les ennuis qu’on m’a faits après avoir filmé cet endroit ! », lâche le grand reporter de France Télévisions. Le journaliste marocain qui l’a aidé à localiser le « PF 3″ aurait été incarcéré pendant huit mois, il n’aurait plus le droit d’exercer. Jospeh Tual a reçu des menaces verbales. Il a été le destinataire par la Poste de cercueils en papier.

    Malgré ces pressions, la vérité sur les circonstances de la mort de l’opposant marocain peut encore éclater. Mais il faut aller vite. Les acteurs présumés de l’enlèvement Ben Barka qui seraient toujours en vie sont âgés. « Peu importe ce qui leur arrive », confie Bachir Ben Barka, « on ne souhaite pas qu’ils soient condamnés. Ce qu’on veut, c’est qu’ils nous apportent leur part de vérité ».
    Elodie Guéguen

    Le Quotidien d’Algérie, 29/10/2010