Mois : octobre 2010

  • Rencontre interparlementaire entre l’Algérie et l’UE

    Une importante délégation algérienne, composée de députés et de sénateurs, est venue à Bruxelles pour rencontrer les parlementaires européens.  C’est la 19ème rencontre du genre entre l’UE et l’Algérie, qui a eu lieu les 6 et 7 octobre et qui a permis aux deux parties de se pencher sur l’état de la coopération dans divers domaines.

    La délégation algérienne est chapeautée par Kheira Leila Ettayeb, membre du conseil de la nation qui, lors de l’ouverture des débats, a mis le doigt sur les sujets sensibles chers à l’Algérie à savoir les questions du Sahara Occidental et de la Palestine. Mme Ettayeb a rappelé les positions fermes algériennes à savoir le respect du droit international ainsi que le respect des décisions de l’ONU.

    En ce qui concerne le Sahara Occidental, Mme Ettayeb a souligné l’importance du référendum affirmant que les algériens accueilleraient avec respect le choix des Sahraouis. C’est aux Sahraouis de se prononcer via un référendum sous l’égide de l’ONU, rejoindre le royaume du Maroc ou l’autodétermination.
    Quant à la question palestinienne, la chef de la délégation algérienne a réitéré la position d’Alger pour un Etat palestinien souverain avec comme capitale Jérusalem.
    En ce qui concerne les relations algéro-européennes, le représentant de la commission européenne M. Olivier Laroussilhe a expliqué que l’accord d’association avec l’Algérie relève de la première génération et que beaucoup de secteurs et de domaines n’ont pas encore été exploités. Il a par ailleurs reproché à Alger la propension protectionniste avec la préférence nationale. Il a ajouté que l’accord d’association n’a pas bouleversé le sens des échanges et que l’économie algérienne est insuffisamment diversifiée.
    Le directeur du département du commerce de l’exécutif européen a ainsi déclaré que l’UE est très préoccupée par l’Algérie en matière de politique commerciale, ajoutant même que la situation se détériorait. Il a également tenu à rappeler les effets dissuasifs de la loi de finances complémentaire algérienne. M.  Laroussilhe a conclu en affirmant qu’un certain nombre de mesures étaient en contradiction avec l’accord d’association. Le directeur du département commerce de la commission ne s’attendait certainement pas à la réponse de la partie algérienne, habitué à ce qu’on les caresse dans le sens du poil. L’intervention de M. Abdelkrim Harchaoui , ancien ministre des finances, a été on ne peut plus claire, de manière ferme et courtoise, succincte, explicite et motivée.
    M. Harchaoui, qui connaît bien sa matière, jonglant avec les chiffres, a expliqué que l’Algérie a respecté tous ses engagements de 2005 à 2009 par contre l’UE n’a pas respecté les siens et principalement en ce qui concerne les IDE (Investissement Direct Européen), notamment en rappelant l’article 1 alinéa 5 de l’accord d’association qui stipule que l’accord devra promouvoir la coopération dans les domaines économiques, social, culturel et financier.
    M. Harchaoui a interpellé l’UE lui demandant de tenir compte de la réalité de chaque pays et de la fragilité de l’économie algérienne qui dépend à plus de 90% des hydrocarbures et que dans ce contexte l’IDE devrait plutôt intéresser les entreprises qui créent de la richesse.

    En matière de sécurité, et de lutte antiterroriste ainsi que de la situation au Sahel, M. Abdelkader Bounekraf a tenu à souligner l’importance de l’expérience algérienne dans cette matière.

    Gilles de Kerchove, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’UE a reconnu qu’à cet égard l’Algérie est un partenaire stratégique de l’UE.

    Le second jour, les discussions entre parlementaires algériens et européens se sont focalisées sur l’énergie. L’UE a rappelé donc l’importance de la fiabilité de l’Algérie qui reste un fournisseur stable.

    M. Harchaoui a tenu à rappeler les difficultés de l’entreprise algérienne Sonatrach à pénétrer le marché européen tel que prévu dans les accords.

    Suite à ces discussions, les Européens ont reconnu donc la spécificité algérienne sur laquelle ils devraient dorénavant tenir compte. Probablement que l’approche des investisseurs évoluera en s’intéressant de plus près à l’Algérie.
    Ouest Tribune, 9/10/2010
  • Le plaideuse à l’ONU d’un responsable sahraoui

    Le représentant du Front Polisario aux Nations unies, Ahmed Boukhari, a lancé  appelé jeudi dernier devant les membres de l’ONU et, en particulier, les membres de son Conseil de sécurité, un plaidoyer pour la cause sahraouie.

    Il a à cet égard, appelé ces membres à «  assumer leurs obligations quant au processus de décolonisation du Sahara occidental et à la protection des droits de l’homme ». dans son intervention, Boukhari a indiqué que « les membres de l’ONU et, en particulier, les membres du Conseil de sécurité ont des obligations claires à remplir non seulement pour le processus de décolonisation, mais aussi pour la nécessité urgente d’instaurer un mécanisme permettant la protection et la surveillance des droits de l’homme au Sahara occidental ». 

    Il faut rappeler que l4ème commission de l’ONU auditionne depuis prèsd’une semaine des de pétitionnaires de plusieurs pays (Algérie, Etats-Unis, Europe, Afrique…) qui ont appelé au « respect des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental et à l’organisation d’un référendum d’autodétermination sous la supervision de l’ONU ». Boukhari a estimé que « en dépit de l’injustice découlant de l’occupation illégale de notre pays et de la répression brutale que pratique le Maroc dans les territoires occupés, nous n’avons jamais insulté l’avenir », ajoutant que « cette région mérite la paix et la stabilité pour relever les défis économiques et de sécurité auxquels elle fait face. D’où la nécessité de résoudre ce conflit ». 

    Il a par aileurs rappelé que « l’ONU avait clairement établi que le peuple du Sahara occidental avait le droit à l’autodétermination, le représentant du Front Polisario a soutenu que compte tenu de ce principe, et après une guerre sanglante de 16 ans, le Front Polisario et le Maroc ont conclu un accord pour résoudre le conflit, en vertu duquel la solution est soit l’indépendance, soit l’intégration, et ce à travers un référendum organisé et supervisé par les Nations unies en coopération avec l’Union africaine (UA) ». 

    Pour le responsable sahraoui, « cette solution et la voie qui y mène ont été approuvées par le Conseil de sécurité en 1991, 1997 et 2003 », en regrettant que le Maroc n’ait pas respecté « ses propres engagements et obligations et a décidé de faire dérailler tous les efforts de l’ONU ». Pourtant, a-t-il dit, feu le roi Hassan II du Maroc, « rendant compte de l’illusion de sa politique expansionniste contre des pays voisins, avait déclaré en 1969 dans un discours à la nation, se demandant alors pourquoi nous obstinerions-nous à présenter le Maroc comme un pays intransigeant refusant de coexister avec aucun de ses voisins”. Pour lui, « depuis cette date jusqu’à octobre 1973, le Maroc reconnaissait devant l’Assemblée générale et le Comité spécial chargé de la Sahara occidental à l’indépendance qu’il a, toutefois, envahi deux ans plus tard ». Mais, a-t-il ajouté, « en dépit de l’injustice prolongée provenant de l’occupation illégale de notre pays et la répression brutale pratiquée par le Maroc dans les territoires occupés, nous n’avons jamais insulté l’avenir. 

    Cette région mérite la paix et la stabilité qui sont nécessaires à relever les défis économiques et de sécurité auxquelles elle fait face. D’où la nécessité de résoudre le conflit du Sahara occidental ». Sur ce point, le responsable a souligné que « le Maroc, qui veut l’annexion du Sahara occidental à travers ce qu’il appelle la proposition d’autonomie », indiquant que « le processus de négociation en cours, dirigé par l’ambassadeur Christopher Ross, devrait servir uniquement et exclusivement à cette fin, et est allé jusqu’à déclarer publiquement que le Conseil de sécurité et la communauté internationale considéraient comme sérieuse et crédible, sa proposition ». Pour lui et « contrairement à ce que le Maroc revendique, le Conseil de sécurité et l’Assemblée générale appuient, jusqu’à maintenant, l’idée fondamentale de référendum ». Boukhari a estrimé en outre que « si le résultat de ce référendum est l’indépendance, nous offrons alors au Maroc la possibilité de discuter des bases d’une relation bilatérale bénéfique dans les domaines économique et de la sécurité, et ce, comme un prélude à l’intégration du Maghreb ». La balle est ainsi dans le camp de Rabat, mais aussi de l’ONU qui néglige ses responsabilités.

    Salim Ouali 
    Le Citoyen, 09/10/2010
  • Guerre secrète du renseignement marocain contre l’Algérie : le patron des services secrets marocains affirme qu’Echorouk le dérange au plus haut degré – 6e et 7e parties-

    Par la force des choses, et un peu par habitude, ces agents sont devenus des acteurs de premier plan dans les activités suspectes et invisibles, qui touchent à l’intégrité territoriale de l’Algérie et à sa sécurité. Ces agents sont tout aussi actifs concernant la contrebande de la drogue, des armes et des explosifs vers l’Algérie via les monts de l’ouest marocain.

    Les plans préparés pour tenter de créer des tensions en Algérie constituent à la fois un aspect très important et très dangereux des modes opératoires des services secrets marocains. C’est même un axe autour duquel s’article tout le travail secret du renseignement du Makhzen. C’est dans ses sous-sols secrets que se décident des choses d’une extrême gravité, dont l’objectif est de maintenir l’attitude du Palais en l’état, combien même elle est sujette à des contestations populaires graves. 

    Préparation des plans pour attiser les tensions en Algérie

    La mobilisation d’agents traitants à l’intérieur et à l’extérieur du Maroc constitue la première fixation du renseignement marocain. Ces agents sont « traités », orientés et mobilisés autour d’un ou de plusieurs objectifs, sur lesquels les agents sont tenus d’apporter des informations sans cesse mises à jour par le biais de rapports et de compte-rendu épisodiques ou réguliers.
    Par la force des choses, et un peu par habitude, ces agents sont devenus des acteurs de premier plan dans les activités suspectes et invisibles, qui touchent à l’intégrité territoriale de l’Algérie et à sa sécurité. Ces agents sont tout aussi actifs concernant la contrebande de la drogue, des armes et des explosifs vers l’Algérie via les monts de l’ouest marocain.

    Pour le moment, nous ne disposons pas d’informations précises concernant ces réseaux, mais on sait bien –à la faveur de la fausse information de l’arrestation de cinq délégués du Polisario – qu’ils sont très actifs dans l’espionnage contre l’Algérie.

    Une autre fourberie est mise à contribution par les services secrets marocains pour venir à bout de l’Algérie : c’est l’utilisation à leur profit des opposants, des mécontents et des victimes de la décennie sanglante en Algérie. Pour ceux-là, ils mettent plusieurs circuits pour les attirer puis pour les utiliser dans des missions et des agendas précis.

    Le mode opératoire des services marocains envers ces personnages est de commencer à diffuser leurs contestations, désapprobations ou exigences. Des entretiens interviennent par la suite pour mener « l’opposant à déballer le sac ». La colère de cet opposant est évidemment mise à profit pour lui en faire dire plus et le pousser à dire même plus loin que sa pensée véritable. L’entretien est publié sous une forme qui donne toujours à croire qu’en Algérie, il existe une opposition sérieuse à la politique officielle de l’Etat, notamment concernant le Sahara occidental, position inchangée depuis 35 années.

    Chez les services secrets de Sa Majesté

    Dans un de mes périples marocains, j’ai eu à faire une rencontre « intéressante » avec les services secrets du Palais. Un jour, rendez-vous me fut donné. Lorsque je pointais, je trouvais un chauffeur à ma rencontre, lequel m’informa que notre ami commun l’attendait un peu plus loin. Je montais dans la voiture et me retrouva quelques minutes plus tard à l’intérieur d’une villa grand standing. Le chauffeur, d’une cinquantaine d’années, freina juste devant une porte gardée par trois hommes en civil, dont le commandant Ahmed, et de par les aspects coquets des lieux, j’en conclus que je devais être devant une résidence officielle de l’Etat.

    Je fus dispensé par le commandant de passer devant le scanner, mais je dus éteindre le téléphone dès l’entrée, car les directives étaient strictes en ce sens. Je ne dus pas attendre très longtemps, car cinq minutes seulement après m’avoir fait asseoir dans un salon, cinq hommes pointèrent devant moi, et je reconnus immédiatement celui qui devait être le patron des services secrets marocains : Mohamed Yassine Al Mansouri. Celui-ci devançait les autres et prit immédiatement la parole : « Bienvenue dans votre deuxième pays, le Maroc, bienvenue ! ». Le commandant me le présenta, et je confirmais qu’il s’agissait bel et bien du puissant patron des services marocains Mohamed Yassine Al Mansouri, un des hommes forts du pays, et un des plus proches collaborateurs de Sa Majesté le Roi Mohamed VI.

    Evidemment, j’ai été surpris et un peu désappointé par cette façon de faire, car personne ne m’avait prévenu de cette rencontre. Toutefois, Mohamed Yassine Al Mansouri fit vite de me rassurer que cela a été nécessaire pour des raisons évidentes de sécurité. Il dit aussi qu’il souhaitait personnellement cette entrevue après l’échec de la première rencontre à Lisbonne, s’attardant volontiers sur mes entretiens données à des chaines satellitaires qu’il dit apprécier et suivre avec tout l’intérêt possible.

    Il engagea la conversation dans le sens qu’il souhaitait, concernant ma situation en France et les conditions de mon séjour aussi. Il parla aussi de l’opposition algérienne à l’étranger, qu’il dit beaucoup respecter.

    Il chercha à connaître des détails de mes années dans l’armée, mais je dus lui affirmer qu’il s’agissait pour moi d’une période passé et d’un chapitre clos. Alors, il enchaina sur Boujerra Soltani, et me dit qu’il a suivi toutes les péripéties de l’affaire et qu’il était à mes cotés jusqu’à ce que je recouvre l’intégralité de mes droits dans cette affaire.

    Mon livre sur « le Déluge de corruption et l’avancée de Ben Laden en Algérie » a été aussi un de ses sujets de discussions, et il m’avoua avoir lu le livre avec beaucoup d’intérêt. Mais sa fixation a été plus sur les réunions de Genève concernant les manquements aux droits de l’Homme et l’incrimination de l’Algérie dans ces délits. Pour lui, c’est une avancée importante que l’Algérie soit incriminée dans des accusations pour tortures et disparitions forcés, et me demanda d’aider les gens qui veulent faire entendre leurs voix dans ce sens précis.

    Je me hasardais alors à lui poser une question relative au « Maroc de l’Est », qui revenait souvent dans la presse marocaine, et il me dit alors, qu’il était disposé à fermer les yeux sur ce sujet, « mais alors l’Algérie devrait aussi fermer les yeux sur les séparatistes et les rebelles du Sahara Marocain ». Pour ce faire, il dit qu’il avait sous la main des cartes de pression, comme par exemple faire sortir des dossiers encombrants sur les généraux au sujet du Sahara et sur le terrorisme international qui prend source à partir de l’Algérie ». Il dit enfin, qu’il respectait et aimait l’Algérie et le peuple algérien, mais qu’il aimait plus son pays, et que la question sahraouie était de toute évidence une question de souveraineté ».

    Concernant la possibilité que les Nations Unies contraignent les parties du conflit à aller vers une solution de l’autodétermination, il répondit à l’aise : « Cela ne se fera jamais, car les Nations Unies ne sont qu’une annexe entre les mains des grandes puissances, dont principalement les USA, et que Dieu merci !- les Américains sont nos alliés ».
     
    Avant de nous séparer, le sujet versa sur les médias, les querelles entre l’Algérie et l’Egypte à travers leurs journaux, et là, il montra de la colère envers les Egyptiens qui ont versé dans des insultes de bas étage contre les chouhada, mais fit vite de revenir à Echorouk, qui les « dérange au plus haut degré par son appui aux séparatistes», le qualifiant de « journal de fitna que les autorités algériennes ont tout intérêt à fermer », du moins « jusque après la coupe d’Afrique, pour atténuer les tensions entre les deux peuples ».

    Lorsque je lui dit que j’y écrivais de temps à autre, et que sa rédaction n’est pas aussi déplaisante qu’il le dit, il répondit : « Je le sais, mais ce journal ne publie pas tes écrits sur les séparatistes. En fait, ce journal veut seulement se donner l’air d’être une tribune qui donne la parole à tous ».
    Echourouk Online, 9/10/2010
  • Le mouvement berbère visé par Israël

    Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire à retrouver une émission de Jean Corcos sur Judaïques FM

    Jean Corcos au micro depuis le studio de Judaïques FM recevait Kamal Hachkar et Arrik Delouya le 29 Aout 2010

    Bonjour amis auditeurs,
    Jean Corcos au micro pour ce direct depuis le studio de Judaïques FM.

    Ravi de vous retrouver, après je l’espère des vacances bien reposantes pour la majorité d’entre vous, loin du stress des actualités. Pour cette émission de reprise, j’ai choisi un numéro qui apporte vraiment une bouffée d’optimisme, et qui nous fera voyager un petit peu puisqu’un de nos invités est à Jérusalem au bout du téléphone, bonjour Kamal Hachkar. Alors Kamal vous êtes un jeune franco-marocain de 33 ans, chercheur et professeur d’histoire. Nous-nous sommes connus à l’occasion d’une journée organisée par l’association « Shalom-Paix-Salam », et on peut vraiment dire que l’amitié entre Juifs et Musulmans vous tient à cœur puisque vous êtes cet été en Israël pour vous perfectionner en hébreu, et ce n’est d’ailleurs pas votre premier voyage là-bas. Nous parlerons de votre projet de film sur le Mellah disparu de Tinghir, ce village berbère du Sud Marocain qui est aussi le berceau de votre famille.

    A mes côtés, Arrik Delouya, bonjour Arrik. Arrik, nous-nous sommes connus à la « Commission pour les relations avec les Musulmans » du CRIF, commission que j’ai l’honneur de présider depuis maintenant un an. Tu es le président d’une association culturelle, « Permanences du Judaïsme marocain », que tu nous présenteras tout à l’heure. Disons simplement en introduction que tu es un chercheur franco-israélien, travaillant infatigablement à préserver le patrimoine 2 fois millénaire de cette communauté aujourd’hui dispersée, et qui était jadis forte de centaines de milliers de personnes ; alors des chercheurs et historiens de plusieurs pays contribuent à vos travaux, mais tu as surtout obtenu la coopération d’intellectuels marocains, berbères comme notre ami Kamal : ce sera donc notre sujet d’aujourd’hui, « Juifs et Berbères du Maroc, une mémoire brisée, en éveil et retrouvée ».

    Première série de questions à l’attention de Kamal Hachkar, avant d’aborder la thématique de votre film et le fond de l’interview : ce n’est pas commun pour un Musulman, même français, de choisir Israël comme destination. Pourquoi ces voyages successifs ? Dans quel cadre se fait cet apprentissage de l’hébreu ? Et est-ce que vous vous sentez à l’aise, en parcourant le pays comme vous le faites ?
    Arrik Delouya, peux-tu présenter en quelques minutes l’Association « Permanences du Judaïsme Marocain » : combien avez-vous de membres, en France, en Europe, au Maroc, au Canada, en Espagne, aux USA et en Israël ? Quelles sont vos méthodes de travail, la « préservation du patrimoine » est un objet bien vaste, j’imagine que vous cherchez à conserver à la fois des vestiges matériels – synagogues, cimetières – mais aussi une mémoire, avec des témoignages écrits et oraux : en quoi la coopération des Marocains est-elle indispensable ? Est-ce que les Autorités vous soutiennent ?

    Arrik Réponse à Question 2: Notre association l’APJM et sa p’tite sœur en Israël « Zohar » ont pour but de « faire connaître la richesse du Judaïsme Marocain sous ses divers aspects au passé et au présent par tous les moyens possibles et contribuer ainsi à sa permanence. On pourra éditer, faire traduire des ouvrages et organiser aussi tous types de rencontres culturelles tels que congrès, colloques, séminaires ou think tanks mais surtout mettre en avant le travail de mémoire qui est le nôtre avec nos côtés nos amis musulmans arabes et berbères du Maroc»

    Notre vocation est surtout de faire connaître le judaïsme marocain sous ses multiples aspects, longtemps méprisé, ignoré ou occulté.

    Au total nous comptons plus de 3000 sympathisants issus d’une dizaine de pays dont notamment plus de 500 Membres en France qui viennent en turn – over à nos réunions, 400 autres en Israël et plus de 200 au Maroc juifs et musulmans sans lesquels rien n’est possible.

    Les projets :

    1 Projet de Sauvetage du Patrimoine Juif dans les environs de Marrakech. Reconstruction et rénovation / restauration de l’infrastructure parmi 134 cimetières juifs marocains ruraux arpentés par Charles de Foucauld en 1884

    2 On vient de mettre en ligne les photos des 1800 tombes juives du cimetière de Marrakech. Ils planifient de faire la même chose avec tous les cimetières marocains ! Cesite actuellement achevé est entièrement opérationnel avec des textes et analyses sur la Slat Azama, le Rav vénéré le Grand Saint Itzhak Delouya venant de la ville de Loja d’Andalousie. 70% des tombes recensées sont donc lisibles.

    2 Mise sur pied et enclenchement du Projet : Combien de temps reste-t-il avant que « Marrakech-la-Juive » ne disparaisse à jamais ? Il est donc plus qu’impératif aujourd’hui de réaliser non pas un livre, un film ou des photos, mais le livre-le film-les photos qui recèleront l’ultime témoignage d’une des plus vieilles communautés juives en exil localement présente depuis 22 siècles. Ce projet, « Marrakech la Juive » est vraisemblablement une dernière bouée jetée dans les filets de l’Histoire des juifs de Marrakech.

    3 Coaching et soutien total de doctorants jusqu’à leur soutenance

    4 Organisation de 4 colloques et un 5° en cours pour Octobre prochain : à Marrakech et 2 autres à Cordoue en Andalousie :

    – ”Résistance et Persistance du Judaïsme Marocain: Mémoire brisée, mémoire en éveil et mémoire retrouvée”

    – Continuité et / ou Discontinuité du Judaïsme Marocain ? Existe-t-il une Coexistence Pacifique Judéo – Musulmane à partir de l’exemple du Maroc ?

    – « Sépharade : Géographies et Regards de la Mémoire »

    – « Sépharade : Mémoires, Identités et Diasporas »

    – Prochain colloque sur « la mémoire juive de Cordoue”
    Alors Kamal, dans le synopsis de votre film que vous m’avez envoyé, vous racontez une étrange rencontre en 2005 en Israël, dans un petit village de Galilée du nom de Pki’in, où coexistent des Juifs, des Druzes et des Arabes. Là-bas vous vous sentez « comme au bled » écrivez-vous, et puis vous y faites la connaissance de Yossi Ben Chetrit, sabra mais dont la mère est née à Tinghir, le village d’où vous êtes originaire ; vous la rencontrez et de fil en aiguille, vous faites la connaissance d’autres Juifs qui sont partis dans les années 50 et 60 puisque toute la communauté a disparu en 1964 : pourriez-vous évoquer pour nos auditeurs ces échanges avec eux ; qu’est-ce qui vous a frappé en leur parlant ?

    Arrik, notre ami Kamal parle d’une manière très émouvante dans son synopsis des maisons en terre de Tinghir où vivaient autrefois des Juifs, de l’ancienne école de l’Alliance et de la Synagogue aujourd’hui disparues, et il évoque ces chants hébraïques que l’on n’entend plus. Il dit : « Depuis le départ de cette communauté juive, les gens qui sont restés ne les ont pas oubliés » – il a interviewé par exemple sa grand-mère, Zimba, qui se souvient très bien d’une voisine juive, pleurant au moment des adieux et lui disant « Dieu vous protège ». N’est-ce pas trop beau, ou est-ce que d’autres personnes âgées comme sa grand-mère, ont gardé ce genre de souvenirs ? Et quid des jeunes Marocains, qui dans leur écrasante majorité n’ont jamais rencontré de Juifs de leur vie ?

    Arrik Réponse à Question 4: dans les villes et dans les campagnes, particulièrement dans le Haut-Atlas et les oasis du Sud marocain, les personnes âgées vous parlent des juifs avec beaucoup de nostalgie. Ils vous parlent de leurs amis, voisins et partenaires de commerce juifs avec qui ils entretenaient des relations amicales, voire fraternelles et dont ils n’hésitent pas à vous dire qu’ils regrettent leur départ. Tous vous diront que depuis leur départ, l’activité économique et commerciale du village a chuté et que bien des métiers artisanaux, notamment la joaillerie a disparu. « Un souk sans juifs est un souk sans témoins » dit l’adage marocain pour expliquer le sérieux et l’animation économique que des acteurs juifs apportaient dans les échanges commerciaux.

    Quant aux jeunes aujourd’hui, la propagande autour du conflit du Proche-Orient a intoxiqué et influencé leurs esprits, à tel point qu’ils ne gardent du juif que l’aspect négatif de « l’occupant sioniste » de la Palestine. Néanmoins nous pensons qu’il ne faut pas désespérer car de jeunes voix de plus en plus nombreuses s’élèvent,surtout parmi les étudiants et les intellectuels berbères (Amazighs) pour revendiquer la culture judéo-berbère qu’ils estiment et à juste titre faire partie de leur identité et patrimoine culturels. Des associations naissent partout dans les villes, les villages et dans les douars pour défendre cette mémoire millénaire. L’ouverture démocratique du Royaume a ouvert la voie de la recherche de la mémoire et stimule le désir de relecture de l’Histoire et de retrouvailles. Cette semaine des activistes panarabistes ont organisé à Essaouira (Mogador) une manifestation anti-sioniste et des associations amazighs ont organisé une manifestation contre l’anti-sémitisme.

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    Kamal Hachkar, vous écrivez au début de votre synopsis : « un pays démocratique se mesure aussi à la manière dont il inclut les minorités au récit national, ainsi qu’à la façon dont il reconnait les richesses dont ces mêmes minorités sont porteuses ». Clairement, et en pensant à une émission récente consacrée au tabou juif en Algérie, on peut dire que votre pays est plus démocratique que vos voisins. Mais, au delà des Juifs, qui ne sont plus aujourd’hui au Maroc qu’une toute petite minorité de quelques milliers de personnes, il y a l’identité berbère : numériquement, les habitants de souche berbère ou parlant une des langues berbères sont majoritaires, mais leur expression culturelle ne l’est pas dans le Royaume qui se revendique d’abord comme arabe. Or on sent une affection particulière des Berbères pour ce passé partagé avec les Juifs, il y a les universitaires qui travaillent avec l’association d’Arrik Delouya mais il y a aussi, par exemple, les 18 enseignants amazighs sont allés l’année dernière visiter le Yad Vashem à Jérusalem : comment l’expliquez-vous ?
    Alors Arrik Delouya même question, mais cette fois en essayant d’apporter un éclairage historique : au fond d’où venaient ces « Juifs berbères » ? Vous nous aviez dit un jour que 95 % de la population vivant dans les palmeraies au Sud de Marrakech étaient juive jusqu’aux années 40, cela semble énorme: que penser de la théorie selon laquelle beaucoup de tribus de l’Atlas ont été convertis au Judaïsme à l’origine ? Ou alors est-ce que, en sens inverse, beaucoup de Juifs se sont convertis à l’islam, on entend aussi certains Berbères marocains dire qu’ils sont des descendants de Juifs et qu’ils n’ont rien de commun avec les Arabes ?

    Arrik Réponse à Question 6: D’après les historiens,le contact entre les deux peuples remonte à plus de 2960 années(calendrier berbère: 950 Av-JC) quand le Roi juif Salomon (970/937 av jc),qui régnait en terre sainte demanda la main de la fille du roi Berbère Sheshonq, fondateur de la 22ème dynastie des Pharaons en Egypte.Cette alliance avait permis au Roi Saloman d’arrêter les appétits du Pharaon sur Jérusalem. Et c’est ainsi que la fille du Roi Phraon Amazigh devint la première épouse du Grand Roi et prophète du peuple hébreu. La fille de Sheshonq, épouse de Salomon donna naissance aux premiers Hébreu-amazigh de l’Histoire. Les mêmes chroniques nous rapportent que les premiers missionnaires, commerçants, aventuriers juifs furent arrivés jusqu’à la côte atlantique sud marocaine du temps du même Roi Salomon.

    Quant à la question de savoir si les juifs amazighs sont des juifs berbérisés ou des berbères judaïsés, l’Histoire nous enseigne encore une fois que le seul royaume juif, en dehors de la terre sainte se trouvait en Afrique du Nord sous le règne de la Reine Berbère Deia que les Arabes conquérants appelaient la Kahéna (la sorcière).

    C’est notamment la thèse de N. SLOUSCHZ (1909). P. MONCEAUX (1902) affirme également : « A l’arrivée des Arabes, nombre de tribus berbères étaient plus ou moins judaïsées, surtout en Tripolitaine, dans l’Aurès et dans les ksours du Sahara ». D’ailleurs le grand rabbin Eisenbeth (1936) reprend très largement l’hypothèse des berbères judaïsés; il est suivi par de nombreux auteurs plus récents : CHOURAQUI, CHEMOUILLI

    Shlomo Elbaz : « La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme »: [ ‘…La société berbère semble avoir été l’une des rares à n’avoir pas connu l’antisémitisme. Le droit berbère, Izerf, dit « coutumier », contrairement au droit musulman (et au droit juif, soit dit en passant), est tout à fait indépendant de la sphère religieuse. Il serait, par essence, « laïque » et égalitaire, et n’impose aucun statut particulier au juif, alors que la législation musulmane fixe le statut du juif (et du chrétien) en tant que dhimmi, « protégé », soumis à certaines obligations et interdictions. ….. 

    Dans les oasis et dans les ksours du sud du Maroc, la présence juive a été prédominante jusqu’à la domination assez tardive de l’Islam. Des historiens rapportent que les populations blanches de ces ksours (Kasbahs) étaient de confession juive. L’âge des cimetières juifs qu’on y recense encore aujourd’hui atteste de cette présence ancienne. Un autre indicateur de taille de cette présence est la multitude de Saints communs vénérés aussi bien par les musulmans que par les juifs encore aujourd’hui. Cette caractéristique capitale se trouve partout au Maroc, aussi bien dans les villes que dans les campagnes, au nord comme au sud
    Kamal, la question classique que l’on se pose c’est « pourquoi presque tous les Juifs sont partis, et pourquoi en majorité en Israël » : vous donnez, au moins en ce qui concerne les Juifs berbères, une explication simple, « ils étaient très religieux, ils attendaient le Messie. Le retour sur la terre de Sion fut l’élément déclencheur ». Alors, cela fera aussi la richesse de votre film, vous avez interviewé deux personnalités qui se considèrent d’abord comme marocains et ensuite comme juifs, ils sont d’ailleurs tous les deux d’anciens militants communistes, Simon Lévy et Edmond Amran El Maleh et eux sont restés dans le pays. Est-ce que, entre ces personnalités qui sont tout à fait minoritaires et la masse, à la fois pauvre et religieuse qui est partie, il n’y avait pas d’autres trajectoires personnelles, et d’autres motivations au départ, des raisons économiques, ou la peur de rester dans un pays arabe ?
    Arrik Delouya, en conclusion est-ce qu’on peut donner quelques éléments pour quantifier l’intérêt des nouvelles générations de Marocains pour ce passé juif : combien d’étudiants ont appris l’hébreu, comme notre ami Kamal ? Combien ont fait des thèses portant sur le patrimoine judéo-marocain ? Et est-ce que, au final, ce n’est pas en préservant le passé que l’on pourra aider à mieux partager l’avenir entre Juifs et Musulmans ?

    Arrik Réponse à Question 8: C’est tout à fait dans cette direction que nous avançons. Selon les chiffres avancés par mon ami le Professeur Riveline revu à peine ce Vendredi, plus de 400 étudiants marocains musulmans sont passés par l’Université Paris 8 pour l’étude de l’hébreu et du judaïsme Marocain. Au moins 200 étudiants auraient soutenu le diplôme de Maîtrise et une bonne 100 d’étudiants sont docteurs. La plupart de ces diplômés enseignent dans une dizaine d’Université au Maroc l’hébreu, le judaïsme marocain, la littérature Hébraïque et notamment la littérature israélienne.

    Ces mêmes anciens étudiants viennent nous revoir au Maroc lors de nos colloques et y participent très souvent.

    Le travail de mémoire et la « passage des pouvoirs et des relais » à nos amis musulmans locaux au Maroc pour la sauvegarde de notre patrimoine laissé là-bas. De plus, le Roi du Royaume du Maroc Mohammed VI vient de mettre sa main à la poche pour offrir une somme colossale à l’entretien des lieux saints juifs du Maroc depuis Tanger jusqu’à Tinghir et après jusqu’à Merzouga. Je dois rappeler ici et à cet effet le récent discours plein de courage et de bon sens sur la Shoah et les juifs lors de la conférence de lancement du projet Aladin en Mars 2009 pour un dialogue interculturel fondé sur la vérité historique, la connaissance et le respect mutuel, qui s’est ouverte en Mars 2009 au siège de l’UNSECO à Paris : « Ma lecture de l’holocauste et celle de Mon Peuple ne sont pas celle de l’amnésie. Notre lecture est celle d’une blessure mémorielle que nous savons inscrite dans l’un des chapitres les plus douloureux, dans le Panthéon du Patrimoine universel….. »
    Hassan Majdi, 34 ans, récent docteur en anthropologie avec la mention très honorable et les félicitations du jury de Paris en Décembre dernier est auteur de la sainteté juive au Maroc en travaillant à nos côtés sur notre patrimoine et le tourisme judaïque marocain.
    Tilila Baida, 25 ans, étudiante marocaine titulaire d’un Master en Médiation culturelle de l’art et de la science, obtenu en octobre 2009 avec mention Bien, à l’Université Mohamed V – Souissi.

    Passionnée de diversité culturelle et particulièrement de culture juive marocaine, l’axe de recherche que vous dirigez à Paris 8 m’intéresse particulièrement. Je souhaiterais vivement faire partie des étudiants que vous encadrez. Elle travaille sur les sujets suivants :

    – Présence juive dans les festivals artistiques au Maroc

    – Les relations intercommunautaires dans le film marocain d’expression amazighe

    – Patrimoine immatériel judéo-marocain, recensement et perspectives d’avenir

    Mes sentiments concernant mon court séjour avec vous tous à Marrakech sont très partagés. J’ai été très heureuse de rencontrer les différents participants de faire connaissance avec certains, de partager des opinions, de raconter des anecdotes, rire, chanter, danser et surtout d’apprendre. Je suis donc repartie à Rabat le coeur gros. D’une part car, « maskhitch », j’aurais voulu continuer le voyage pour continuer à essayer de combler ce manque dont je souffre depuis toujours (étant née en 1986, je n’ai pas eu le chance de grandir auprès d’enfants de confession juive). D’autre part, car je ne pouvais m’empêcher de penser que mes enfants n’auront pas la chance de vivre ce que j’ai vécu. En effet, l’héritage culturel judéo marocain perd peu à peu sa marocanité. D’abord on perd son accent, puis sa langue et peu à peu, ses habitudes et traditions (principalement celles qui ne sont pas liées directement à la religion).

    J’ai réalisé que si le « judaïsme marocain »est encore et sera bien vivant pour encore quelques siècles, ce n’est malheureusement pas le cas des « juifs marocains ». Bientôt, il n’y aura plus de juifs marocains, il n’y aura plus que des juifs d’origine marocaine. Pourtant il est très simple de rester ou de redevenir marocain tout en demeurant français, canadien, espagnol ou israélien.

    Kamal Hackar, 32 ans, Son film part à la rencontre de cette mémoire enfouie auprès de la génération qui a connu cette présence juive, mais très vite cette recherche me mène en Israël où je retrouve quelques-unes des familles originaires de Tinghir. Entre ici et là-bas, ces anciens me racontent d’une même voix leurs vies passées et répondent à mes interrogations : Comment nos deux communautés ont-elles cohabité ? Comment et pourquoi cette séparation si soudaine et définitive ? Pourquoi un tel silence ?

    Khouloud Kebali Sajid, 28 ans, Journaliste Responsable marocaine de la communication de notre association Reporter Magazine Economique du Maroc Atlantic Radio a réalisé plusieurs reportages sur les Juifs au Maroc et continue de s’intéresser à notre travail et présence au Maroc.

    Mounim Tarik, 26 ans, acteur de cinéma (film “Adieu Mères”) ? un scénario co-écrit avec Reine Danane, traitant une page d’histoire controversée du Maroc moderne : l’immigration massive de la communauté juive marocaine au début des années soixante. C’est l’histoire de deux familles, une musulmane et une juive, à travers laquelle nous voulons mettre en valeur la cohabitation paisible entre communautés au Maroc, mais c’est aussi l’histoire de 300.000 juifs qui ont quitté, clandestinement pour la plupart d’entre eux, le territoire national a la poursuite de promesses sans lendemain… La paix peut régner avec des efforts mutuels de compréhension de l’autre. 

    En plus de 8 thésards Marocains musulmans et surtout d’obédience berbères inscrits chez moi et chez le prof Ephraim Riveline du département d’hébreu de l’Université de Paris 8
    Projet humanitaire « Sauvons une Oasis du Haut-Atlas marocain – Goulmima en Danger » entre l’APJM et Zohar que je représente et l’association berbère« Arraw N’Ghriss » (’Les Enfants de Ghriss en Amazigh, Berbère) qu’animent Ali et Moha nos amis avec lesquels nous tissons des relations professionnelles et amicales depuis 1986 (et notamment un projet agricole de formation avec le Centre Peres pour la Paix)
    Source : Terre d’Israël, 29/8/2010
  • Makhzen. Torture. Grima

    Le titre (ci-dessus) résume les trois « synonymes », loin d’être originaux , qui détermineraient l’identité d’une personne qui parle du Maroc comme d’un pays à peu près normal. Sur un plan strictement psychanalytique c’est intéressant. Vraiment. Brève explication : si tu dis Royaume en lieu et place de Makhzen; bavure policière au lieu de torture; garde-à-vue au lieu d’enlèvement; sahara ou sud marocain au lieu d’occidental; de certains progrès malgré certaines régressions, alors tu es forcément en quête du graal, ou pour rester dans le vocabulaire limite primitif : tu ne rêves que de grima. En plus clair, d’être récompensé par le dit « makhzen » pour vivre tranquillement jusqu’à la fin de tes jours.

    Simpliste et politiquement populiste. 

    Un individu, même marocain, peut en fonction de ce qu’il est, choisir de parler de son pays comme il le conçoit sans rien attendre de ce dernier. La raison est assez simple (et non simpliste) : il observe le monde, compare ce qui s’y passe avec le lieu où il vit et ce qu’il est. Il est généralement conscient que son pays est loin d’être parfait et exprime une opinion non pas pour faire plaisir ou s’attendre à être récompensé, mais par conviction. Il a lu quelques livres, visité quelques pays et pas seulement les sites touristiques, constaté que même la misère est stratifiée dans le monde, compris qu’il n’y aurait pas de dictature du prolétariat, et non plus pas de lutte des classes, observé le repli identitaire qui touche à peu près tous les pays de cette petite planète où le gap entre riches et pauvres se creuse de plus en plus, que la liberté d’expression dépend de qui l’on est et de ce que l’on exprime, etc…et il se dit qu’il n’existe pas de pays idéal. 

    En conclusion : autant vivre dans son pays ou ailleurs, cela n’a pas d’importance, en parler sans en avoir honte et surtout sans en attendre quoi que ce soit, parce qu’il n’existe une nouvelle fois pas de pays idéal. Peter Pan n’est qu’un adorable personnage fictif.

    Voilà, c’est tout.

  • Les autorités marocaines répriment une manifestation pacifique des diplômés sahraouis à Rabat

    Rabat (Maroc) 08/10/2010 (SPS) Les autorités marocaines ont réprimé jeudi une manifestation pacifique organisé par un groupe de diplômés chômeurs sahraouis qui devait avoir lieu devant le siège du ministère de l’Intérieur du Maroc à Rabat, a rapporté une source du ministère sahraoui des territoires occupés et des communautés.

    Les forces marocaines d’ »intervention rapide » ont intervenue « violemment » pour disperser les manifestants qui ont sillonné les rues de la capitale marocaine, pour réclamer leur droit au travail, a indiqué la même source.

    Cette intervention a fait au moins quatre arrestations parmi les diplômés sahraouis, il s’agit Majid Nzoula qui se trouvent actuellement en cas d’arrestation et Lahcen elmaghribi, Hicham Izgan et Souleiman Iich, libérés plus tard après quelques heures d’interrogatoires. 

    D’autres diplômés ont été blessés, Naima Tayar, Sahel Zahra, Abdel Hadi Rafiki et Hmednah Khansali, a ajouté la même source. (SPS)
  • Des parlementaires britanique appellent Londres à presser Rabat pour la libération des bagnards de Salé

    Londres, 09/10/2010 (SPS) Une délégation de parlementaires britanniques a remis vendredi a Londres une lettre au Premier ministre David Cameron lui demandant d’exercer des pressions diplomatiques sur Rabat en vue d’une libération inconditionnelle de trois détenus sahraouis. 

    Des artistes de renom notamment le cinéaste Ken Loach, qui a obtenu récemment la palme d’or, se sont joints à la délégation qui s’est rendue au 10 Downing street. 

    Les trois détenus sahraouis, en l’occurrence Brahim Dahane, Ali Salem Tamek et Hamadi Naciri, « n’ont commis aucun crime et doivent par conséquent être relâchés », lit-on dans la lettre parue dans le quotidien « The Gardian ». 

    Ils avaient été arrêtés il y a un an, jour pour jour, à Casablanca et accusés de trahison, un délit menant droit à la peine de mort. 

    Les trois activistes sahraouis sont détenus sans jugement ce qui a suscité la protestation et la condamnation de l’Observatoire des Droits de l’Homme et d’Amnesty International. 

    Par ailleurs, le directeur de la campagne de sensibilisation au problème sahraoui en Grande Bretagne, M. Stefan Simanowitz, a indiqué que « la situation de ces prisonniers illustre bien l’urgence de trouver une solution politique au problème oublié du Sahara Occidental qui dure depuis plus de trente ans ». 

    « Aujourd’hui, déclare-t-il, nous venons sensibiliser M. Cameron et le ministre des Affaires étrangères, M. Hague, pour soulever ce problème et faire pression sur ceux qui sont en train d’ignorer le Droit international et le blocage par le Maroc du referendum pour l’autodétermination du peuple sahraoui ».Sahara Occidental-média (SPS)
  • Un activiste sahraoui des droits humains appelle depuis Napoli à la libération des prisonniers politiques sahraouis

    Napoli (Italie) 08/10/2010 (SPS) Le militant sahraoui des droits humains et ex prisonnier d’opinion, Yahzih Ettarrouzi, a appelé depuis Napoli à la libération des prisonniers politiques sahraouis des prisons marocains, notamment les trois qui se trouvent dans les bagnards de salé (Maroc) depuis une année sans jugement.

    M . Ettarouzi qui assistait à une conférence à Napoli autour de la solidarité avec le peuple sahraoui , a demandé à exercer des pressions sur le Maroc pour la libération d’Ali Salem Tamek, Ibrahim Dahan, Naasiri Hammadi, arrêtés depuis octobre dernier , à leur retour d’une visite de leur proche dans les camps de réfugiés sahraouis, ainsi que tous les prisonniers politiques sahraouis qui croupissent encore dans les prisons marocaines.

    Il a également insisté pour la création d’un mécanisme onusien devant garantir la protection des civils sahraouis sans défense se trouvant dans les territoires occupés du Sahara occidental de la répression marocaine.

    Dans ce contexte, le prisonnier politique sahraoui a parlé de son expérience dans les prisons marocaines au coté des six autres, dont les trois actuellement à Salé, arrêtés en en octobre 2009 pour avoir visité leurs familles dans les camps de réfugiés sahraouis et les territoires libérés de la RASD. (SPS)
  • Condamnation à Napoli des violations marocaines des droits de l’homme au Sahara occidental

    Napoli (Italie) 08/10/2010 (SPS) Le Maire de Napoli, Mme Rosa Lervolino a condamné les violations marocaines des droits marocain de l’homme au Sahara occidental, au cours du Symposium international de solidarité avec la lutte du peuple sahraoui, tenue récemment à Naples, sous le thème : « Naples avec la lutte du peuple sahraoui « .

    Mme Rosa a réaffirmé nécessité de redoubler l’aide destiné au peuple sahraoui, rappelant que la ville de Napoli a toujours soutenu la résistance légitime du peuple sahraoui pour le recouvrement de son indépendance et son droit à Etat indépendant.

    Rappelant que sa municipalité avait octroyé à la militante sahraouies des droits humains, Aminetou Haidar, le statut de citoyenne d’honneur, Mme Rosa a demandé une protection internationale pour les Sahraouis et à accélérer la décolonisation du Sahara occidental.

    Cette ville accueille chaque année des enfants sahraouis dans le cadre du programme ‘vacances en paix’, a-t-elle ajouté, soulignant l’envoi d’une délégation de sa commune à New York pour défendre le droit du peuple sahraoui l’auto-détermination devant la Commission de décolonisation de l’ONU.

    Pour sa part, M. Nkkola Quatrano de l’Observatoire international du respect des droits de l’homme a parlé de la situation des droits humains dans les territoires occupés du Sahara Occidental, dénonçant les procès iniques contre les prisonniers politiques sahraouis par le Maroc en l’absence des conditions d’un procès équitable.

    De son côté, le représentant du Front Polisario en Italie, Mih Omar a relevé la nécessité d’exercer des pressions contre le Maroc afin de se conformer à la légalité internationale et à permettre au peuple sahraoui de son droit à l’autodétermination et l’indépendance, ainsi qu’à la protection des droits des citoyens sahraouis des territoires occupés à travers l’élargissement des pouvoirs de la MINURSO à cette mission.

    D’autre part, des films documentaires relatant la réalité les violations marocaines des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara occidental, au sud du Maroc et dans les sites, universitaires contre les manifestations pacifiques réclamant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et à l’indépendance. (SPS)
  • Rencontre interparlementaire entre l’Algérie et l’UE

    Une importante délégation algérienne, composée de députés et de sénateurs, est venue à Bruxelles pour rencontrer les parlementaires européens.  C’est la 19ème rencontre du genre entre l’UE et l’Algérie, qui a eu lieu les 6 et 7 octobre et qui a permis aux deux parties de se pencher sur l’état de la coopération dans divers domaines.

    La délégation algérienne est chapeautée par Kheira Leila Ettayeb, membre du conseil de la nation qui, lors de l’ouverture des débats, a mis le doigt sur les sujets sensibles chers à l’Algérie à savoir les questions du Sahara Occidental et de la Palestine. Mme Ettayeb a rappelé les positions fermes algériennes à savoir le respect du droit international ainsi que le respect des décisions de l’ONU.

    En ce qui concerne le Sahara Occidental, Mme Ettayeb a souligné l’importance du référendum affirmant que les algériens accueilleraient avec respect le choix des Sahraouis. C’est aux Sahraouis de se prononcer via un référendum sous l’égide de l’ONU, rejoindre le royaume du Maroc ou l’autodétermination.
    Quant à la question palestinienne, la chef de la délégation algérienne a réitéré la position d’Alger pour un Etat palestinien souverain avec comme capitale Jérusalem.
    En ce qui concerne les relations algéro-européennes, le représentant de la commission européenne M. Olivier Laroussilhe a expliqué que l’accord d’association avec l’Algérie relève de la première génération et que beaucoup de secteurs et de domaines n’ont pas encore été exploités. Il a par ailleurs reproché à Alger la propension protectionniste avec la préférence nationale. Il a ajouté que l’accord d’association n’a pas bouleversé le sens des échanges et que l’économie algérienne est insuffisamment diversifiée.
    Le directeur du département du commerce de l’exécutif européen a ainsi déclaré que l’UE est très préoccupée par l’Algérie en matière de politique commerciale, ajoutant même que la situation se détériorait. Il a également tenu à rappeler les effets dissuasifs de la loi de finances complémentaire algérienne. M.  Laroussilhe a conclu en affirmant qu’un certain nombre de mesures étaient en contradiction avec l’accord d’association. Le directeur du département commerce de la commission ne s’attendait certainement pas à la réponse de la partie algérienne, habitué à ce qu’on les caresse dans le sens du poil. L’intervention de M. Abdelkrim Harchaoui , ancien ministre des finances, a été on ne peut plus claire, de manière ferme et courtoise, succincte, explicite et motivée.
    M. Harchaoui, qui connaît bien sa matière, jonglant avec les chiffres, a expliqué que l’Algérie a respecté tous ses engagements de 2005 à 2009 par contre l’UE n’a pas respecté les siens et principalement en ce qui concerne les IDE (Investissement Direct Européen), notamment en rappelant l’article 1 alinéa 5 de l’accord d’association qui stipule que l’accord devra promouvoir la coopération dans les domaines économiques, social, culturel et financier.
    M. Harchaoui a interpellé l’UE lui demandant de tenir compte de la réalité de chaque pays et de la fragilité de l’économie algérienne qui dépend à plus de 90% des hydrocarbures et que dans ce contexte l’IDE devrait plutôt intéresser les entreprises qui créent de la richesse.

    En matière de sécurité, et de lutte antiterroriste ainsi que de la situation au Sahel, M. Abdelkader Bounekraf a tenu à souligner l’importance de l’expérience algérienne dans cette matière.

    Gilles de Kerchove, le coordinateur de la lutte contre le terrorisme de l’UE a reconnu qu’à cet égard l’Algérie est un partenaire stratégique de l’UE.

    Le second jour, les discussions entre parlementaires algériens et européens se sont focalisées sur l’énergie. L’UE a rappelé donc l’importance de la fiabilité de l’Algérie qui reste un fournisseur stable.

    M. Harchaoui a tenu à rappeler les difficultés de l’entreprise algérienne Sonatrach à pénétrer le marché européen tel que prévu dans les accords.

    Suite à ces discussions, les Européens ont reconnu donc la spécificité algérienne sur laquelle ils devraient dorénavant tenir compte. Probablement que l’approche des investisseurs évoluera en s’intéressant de plus près à l’Algérie.
    Ouest Tribune, 9/10/2010