Mois : octobre 2010

  • L’Afrique du Sud insiste sur la nécessité du référendum d’autodétermination pour le peuple sahraoui

    New York (Nations unies) 12/10/2010 (SPS) Le Représentant permanent de l’Afrique du Sud auprès des Nations unies, Baso Sangqu, a souligné devant la Commission politique spéciale et de la décolonisation (Quatrième Commission) la nécessité d’organiser un référendum d’autodétermination du peuple sahraoui.

    « Les officiels sud-africains regrettent le retard dans la mise en œuvre du référendum d’autodétermination au Sahara Occidental », a-t-il dit, appelant l’Organisation des Nations Unies à « jouer un rôle significatif pour faire aboutir ce processus » a indiqué M. sangqu.

    Il a également appelé les deux parties au conflit, le Front Polisario et le Maroc à engager des négociations sérieuses, de bonne foi et sans conditions préalables pour parvenir à « une solution juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental « .

    M. Sangqu a exprimé sa préoccupation au sujet de la détérioration de la situation des droits de l’homme dans les territoires occupés du Sahara Occidental, appelant le Conseil de sécurité à inclure la surveillance des droits de l’homme dans le territoire dans les prérogatives de la MINURSO.

    Enfin diplomate sud africain a dénoncé le pillage illicites des ressources naturelles du Sahara Occidental par le Maroc. (SPS)

  • Goodluck Jonathan : soutien ferme au peuple sahraoui pour le parachèvement de sa souveraineté national

    Abuja, 12/10/2010 (SPS) Le Président nigérien, Goodluck Jonathan, a réaffirmé, mardi à Abuja, le soutien ferme de son pays au peuple sahraoui pour « le parachèvement de sa souveraineté » sur tout son territoire national, au cours d’une séance de travail entre les deux délégations gouvernementales sahraouie et nigérienne présidée par les chefs d’Etat des deux pays.

    « La position du Nigeria demeure constante dans le soutien du droit du peuple sahraoui à la liberté, à l’indépendance et au parachèvement de sa souveraineté sur toute l’entendu de son territoire nationale à l’instar de tous les peuple d’Afrique », a souligné M. Goodluck Jonathan.

    Il a en outre relevé que la commémoration récente du 50 ème anniversaire de l’indépendance de son pays a été une occasion pour « interpeller sur les souffrances du peuple sahraoui sous le joug colonial marocain » et « la nécessité d’organiser un référendum d’autodétermination libre et transparent sous l’égide de l’ONU ».

    M. Goodluck Jonathana a souligné que le soutien de son pays à l’indépendance et la liberté du peuple sahraoui constitue « un prolongement naturel de son soutien à tous les mouvement de libération en Afrique », affirmant que le Nigeria, en partenariat avec les autres pays d’Afrique, jouera son rôle entier pour « faire entendre la voix du continent au sein du Conseil de sécurité ».

    Le Président nigérien a enfin exprimé la disponibilité de son pays à « renforcer les relations bilatérales » entre le Nigeria et la RASD dans l’intérêt des deux pays et dans « tout ce qui peut garantir l’urgence de la décolonisation du Sahara Occidental ».

    Le Président sahraoui est arrivé mardi à Abuja en visite officielle de deux jours sur invitation de son homologue nigérien, Goodluck Jonathan en compagnie d’une forte délégation ministérielle, rappelle-t-on. (SPS)

  • La visite du Président sahraoui au Nigeria : un événement important dans le développement des relations bilatérales (MAE)

    Abuja, 12/10/2010 (SPS) La visite du Président sahraoui, Mohamed Abdelaziz, au Nigeria constitue un événement important dans le développement des relations bilatérales entre les deux pays, a pronostiqué le ministre nigérien des Affaires étrangères Henry Odein Ajumogobia au cours de la réception que lui a accordée le Chef de l’Etat sahraoui dans sa résidence à Abuja.

    « Cette visite sera un événement important dans le développement des relations bilatérales et leur diversification dans tous les domaines pour en faire un modèle d’un partenariat Afrique/Afrique sur la base du respect des droits des peuples à la liberté et la souveraineté », a indiqué M. Ajumogobia.

    Il a en outre ajouté que la République fédérale du Nigéria « a toujours plaidé et plaidera en faveur de la lutte du peuple sahraoui pour la liberté et l’indépendance, partant des principes de soutien aux peuples coloniaux pour leur liberté, un principe fondamental dans la politique étrangère du pays ».

    Le Président sahraoui est arrivé mardi à Abuja en visite officielle de deux jours sur invitation de son homologue nigérien, Goodluck Jonathan.

    Le Chef de l’Etat est accompagné d’une forte délégation comprenant le ministre de la défense, Mohamed Lemin Bouhali, le ministre de la coopération, Salek Baba Hacena, le Chargé du dossier du référendum, Mhamed Khadad, le ministre du développement, Nema Saaid Joumani, le Secrétaire d’Etat chargé de l’environnement et de l’eau, Ahmed Fall Mohamed Yehdih, la Secrétaire d’Etat chargée de l’Assistance sociale et de l’émancipation de la femme, Mahfoudha Rahal, , le représentant du Front Polisario en Roumanie, Hamadi Bechir, Mme Soukeina Larabass, Chargée de mission à la Présidence et l’ambassadeur sahraoui au Nigeria Ubbi Bachir.

  • ONU : Nouvel échec politique et diplomatique marocain

    4e Commission de l’ONU: résolution réaffirmant le droit à l’autodétermination du Sahara occidental

     

    NEW YORK (Nations Unies)- Les débats de la 4e Commission de l’ONU chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation ont été couronnés lundi à New York par l’adoption de plusieurs projets de résolutions dont celui réaffirmant le droit à l’autodétermination du Sahara occidental. Un projet de décision par lequel l’Assemblée générale proclamerait la période 2011-2020 troisième décennie internationale de l’élimination du colonialisme a été également adopté. 
     
    L’adoption de la résolution sur le Sahara occidental a été suivie par l’annonce de la tournée qu’effectuera l’Envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, dans la région à partir du 18 octobre en cours en vue de parvenir à un règlement au conflit du Sahara occidental. 
     
    Ce projet de résolution sera, sans doute, approuvé par l’Assemblée Générale dans sa prochaine réunion.
     
    Le roi du Maroc a dû se déplacer à New York pour essayer d’empêcher une résolution pareille. Par conséquent, l’adoption de ce projet constitue un échec cuissant pour Rabat qui voit dans le principe d’autodétermination son pire cauchemar.
  • Frontière algéro-marocaine: Alger refuse de répondre aux accusations de Rabat

    Le ministre marocain des Affaires étrangères Tayeb Fassi Fihri a accusé aujourd’hui à Syrte l’Algérie de ne pas vouloir la réouverture de la frontière entre les deux pays, une accusation à laquelle a refusé de répondre son homologue Mourad Médelci. Interrogé par la chaîne de télévision Al-Jazeera, le chef de la diplomatie marocaine a demandé une nouvelle fois la réouverture de la frontière fermée en août 1993, rendant l’Algérie responsable de ce statu-quo. Invité par la même chaîne à commenter ces accusations, M. Médelci a botté en touche affirmant seulement qu’il souhait du bien aux « frères marocains ».

    Le Maroc fait pression depuis des années pour la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays fermée en 1993 après un attentat visant l’hôtel Atlas Asni de Marrakech. Accusant le DRS d’avoir organisé cet attentat, le Maroc avait mené une chasse implacable aux Algériens qui étaient des centaines de milliers à passer leurs vacances dans le royaume. Rabat avait donné aux Algériens un délai de 48 heures pour quitter son territoire et avait décidé de réintroduire le visa de circulation supprimé en 1989. 

    L’Algérie répliquait par une mesure réciproque aggravée par la fermeture de la frontière. L’arrestation des auteurs de l’attentat a montré que l’Algérie n’était pas concernée. Depuis, elle conditionne la réouverture de la frontière au dédommagement de ses ressortissants dont les terres ont été confisquées par le gouvernement chérifien.

  • Frontière algéro-marocaine: Alger refuse de répondre aux accusations de Rabat

    Le ministre marocain des Affaires étrangères Tayeb Fassi Fihri a accusé aujourd’hui à Syrte l’Algérie de ne pas vouloir la réouverture de la frontière entre les deux pays, une accusation à laquelle a refusé de répondre son homologue Mourad Médelci. Interrogé par la chaîne de télévision Al-Jazeera, le chef de la diplomatie marocaine a demandé une nouvelle fois la réouverture de la frontière fermée en août 1993, rendant l’Algérie responsable de ce statu-quo. Invité par la même chaîne à commenter ces accusations, M. Médelci a botté en touche affirmant seulement qu’il souhait du bien aux « frères marocains ».

    Le Maroc fait pression depuis des années pour la réouverture de la frontière terrestre entre les deux pays fermée en 1993 après un attentat visant l’hôtel Atlas Asni de Marrakech. Accusant le DRS d’avoir organisé cet attentat, le Maroc avait mené une chasse implacable aux Algériens qui étaient des centaines de milliers à passer leurs vacances dans le royaume. Rabat avait donné aux Algériens un délai de 48 heures pour quitter son territoire et avait décidé de réintroduire le visa de circulation supprimé en 1989. 

    L’Algérie répliquait par une mesure réciproque aggravée par la fermeture de la frontière. L’arrestation des auteurs de l’attentat a montré que l’Algérie n’était pas concernée. Depuis, elle conditionne la réouverture de la frontière au dédommagement de ses ressortissants dont les terres ont été confisquées par le gouvernement chérifien.

  • Nichane est mort, vive le Makhzen !

    Les services secrets du CJDM ont reçu une lettre de la part d’un haut fonctionnaire de la direction nationale du makhzen politico-économique. Bien entendu, cette lettre est aussi authentique que la vision collective du visage de Mohammed V sur la lune.
    La presse est le réceptacle de tous les ferments nauséabonds. Elle fomente les révolutions, elle reste le foyer toujours ardent où s’allument les incendies. Elle deviendra seulement utile le jour où l’on aura pu la dompter et employer sa puissance comme un instrument gouvernemental…[ZOLA]
    Il aurait mieux valu que vous soyez des illettrés.
    [HASSAN II]
    Chers compatriotes,
    J’ai appris avec beaucoup de satisfaction la fermeture du magazine polisariophone[pdf] Nichane. Mais avant de vous exposer les raisons de ma joie, que je vous oblige à partager, permettez-moi de vous faire un bref aperçu du paysage médiatique marocain.
    Dans notre pays, les journalistes sont des militaires comme les autres. Leur mission est de défendre les intérêts du régime. D’ailleurs la mission de tous les sujets de Sa Majesté est de défendre les intérêts du régime. Ainsi, cinq cent employés de l’agence de presse nationale travaillent jour et nuit à produire des dépêches que personne ne lit mais que Le Matin du Sahara et du Reste reproduit quand même en une.
    Les chaines nationales, à leur tour, font du marketing idéologique avec beaucoup de zèle. C’est ainsi que j’ai découvert, à ma grande satisfaction, que le journal télévisé d’hier était presque exclusivement consacré à la défense de Moustafa Ouald Sidi Mouloud, érigé en héros national.
    Bien entendu, je ne regarde pas les chaines marocaines et j’interdis à mes enfants de le faire. Mais vous, chers compatriotes, continuez à subir les ondes électro-magnétiques makhzenistes. Votre servitude volontaire sera maintenue et mes différentes grimas avec.
    Seulement, parmi ces journalistes, certains sont à la solde d’intérêts étrangers et évoquent l’absurde droit à la libre expression pour pointer du doigt les problèmes de notre pays.
    Quand je dis notre pays, je parle de nous, pas de vous, misérables tax-payers. Car votre misère nous permet de maintenir nos privilèges et franchement, j’y tiens. Je viens de prendre un crédit sur vingt ans pour ma villa secondaire à Souissi et j’ai donc besoin d’un cashflow conséquent (que mes privilèges m’assurent … ce que vous êtes lents à comprendre.)
    Vous comprenez maintenant les raisons de ma joie. Nous avons réussi en dix ans à faire taire à peu près toutes les voix dissidentes de ce pays. Nous avons diversifié nos actions, procès, saisies illégales, intimidations … Nous avons monté les journalistes les uns contres les autres. Vous vous rendez compte, dans une profession souvent accusée de corporatisme primaire, rares sont les journalistes qui soutiennent leurs collègues quand ils subissent une injustice. N’est ce pas le plus beau pays du monde ? Vous m’en voyez heureux.
    Vous vous posez sûrement cette question : pourquoi cette lettre ? n’est-il pas dangereux pour la survie du régime que d’en exposer publiquement les méthodes ? Les marocains ne risqueraient-ils pas de se révolter en lisant la présente ?
    Vos craintes sont infondées, chers compatriotes. D’abord parce que la moitié d’entre vous ne sait ni lire ni écrire. Votre accès à l’information est donc limité, voire nul. C’est, vous en conviendriez, une belle réussite dont je suis modestement fier.
    Par ailleurs, l’autre moitié de la population a appris à lire et à écrire, certes, mais au sein de nos établissement scolaires. Vous avez appris pendant toute votre enfance à tricher, à corrompre, à vous soumettre. Il vous arrive parfois de manifester quelque désaccord avec nous. Mais vous n’avez à votre disposition aucun moyen de faire connaitre vos idées. Je vous le rappelle, nous vous avons éduqué. Vous ne maitrisez aucune langue. Vous ne connaissez aucun moyen démocratique de protester. Vous maitrisez par contre l’art de l’insulte et de la diffamation, ce qui vous décrédibilise.
    J’ai parlé l’autre fois à un fonctionnaire de mon administration. Un petit type moustachu qui est au SMIC depuis 1426 je crois. Vous voyez, le genre de gars qui orne les murs de sa maison avec les photos de Sa Majesté. Il m’avait confié ceci : Benchemsi encourage les pédés et la prostitution. Le fassad n3am a’ss. Il veut pervertir nos filles. Mon petit fonctionnaire n’a jamais lu un journal, encore moins Nichane. Je me réjouis de constater l’efficacité de nos méthodes.
    Vous pouvez reprendre une activité normale.
    PS. : Vous pouvez faire comme moi et vous branler devant les manifestations spontanées de convictions en lisant les commentaires de cet article.
    Signé : Ch’lgaham Moustash, chargé de propagande auprès du Makhzen (qui n’existe pas)
    Source : CJDM, 2/10/2010
  • A Salé, des meurtriers boivent un café.

    Mon ami Y. a récidivé. Pour la deuxième fois, il m’envoie un texte loin d’être drôle. Mais peut-on rire lorsqu’on est dégoûté ? Peut-on rire lorsqu’on a peur ? Peut-on rire lorsqu’il y a mort d’homme ?  Peut-on rire lorsque la petite lueur d’espoir, celui d’un Maroc à peu près démocratique, à peu près développé, garantissant à peu près quelques droits fondamentaux à ses citoyens, semble s’éteindre ? Peut-on rire lorsque cette évidence laisse de marbre la plupart de nos compatriotes, sombrant dans le confort de leur servitude volontaire, espérant que la prochaine victime soit quelqu’un d’autre ?
    Peut-on rire lorsque nos impôts servent à torturer et à tuer des innocents, faisant de nous des complices de ces abjects crimes ?
    A Salé, des meurtriers boivent un café.
    Concernant Fodail, la première nouvelle et la seule qui vaille : ses meurtriers courent toujours.
    Accordons-leur un doute, un seul : ce sont des meurtriers par inadvertance. Ils n’ont « pas fait exprès ». A force de taper souvent et sur tout le monde, ils ont mis un coup de trop et s’en repentent peut être.
    Ce n’est pas suffisant.
    Ce fut un meurtre crapuleux,  certainement accidentel, mais profondément vain et crapuleux. Voyez : Fodail n’a pas été tué en résistant aux forces de l’ordre, il n’était ni révolutionnaire, ni anarchiste, ni terroriste. Il fumait un joint sur sa moto, il l’a payé de sa vie. Rien qui ne puisse romancer  un peu sa tragédie. On a simplement voulu lui rabattre le caquet, lui montrer qui est le chef. Chaque Marocain sait ce que s’est que de se trouver devant une âme médiocre qui possède un pouvoir ridicule, et qui entend en user jusqu’à l’écœurement. « Reviens un autre jour », disent-ils, les petits salopards.
    En un mot ? Ça s’appelle l’hogra. Fodail s’en est plaint, il en est mort.
    « Comment ? Il ose réclamer son dû ? Demander sa moto en présentant ses papiers ? On lui refuse, et il s’énerve ? Il ne devrait donc pas ? C’est qu’il ne sait pas qui commande ici. Ici, c’est la Police ».
    Nous voulons que dorénavant, nous puissions dire, « ici, c’est la loi ».
    D’autre part mais dans la même veine,  il faut réagir de suite à ce non-argument déguisé : « le Roi sait-il cela ? Parce qu’il suffirait de lui faire savoir pour que… »
    Non.
    Cette affaire ne concerne en rien Sa Majesté. Une affaire de droit commun, la plus tragiquement banal du monde ne nécessite pas que la tête de l’Etat s’en charge. Il ne faut pas qu’un fonctionnement régulier soit remplacé par des exceptions régulières. Sinon quoi ? Pour que ce pays marche, faudrait-il donc qu’il marche sur sa tête ? Si c’est le cas, alors que Dieu l’assiste effectivement.
    Cette affaire relève de la police, de la Justice, et dans le cas où ni l’une ni l’autre ne saurait se montrer à la hauteur de leurs fonctions, alors elle concernera les représentants de la Nation. Et si ceux-là aussi ne savent se montrer à la hauteur, alors enfin, nos regards se tourneront vers les sommets.
    « Majesté, on tue vos sujets impunément.» Voila ce qu’il faudra dire. Et toutes les manifestations n’auront plus pour but de saisir des autorités qui ne sont pas compétente, mais la seule autorité qui vaille. Triste réalité du monde féodal : lorsque les institutions ne peuvent rien, on se prend à rêver que le Souverain peut tout. Du décollage économique au règlement d’affaires de droit commun.
    Voila donc où nous en sommes : au sein de nos institutions, nous cherchons une solide pair de couilles. Un homme capable de poursuivre un ministère, de faire du bruit pour faire justice. Nous prendrons ou plutôt l’Histoire retiendra tout type de profil, sauf le profil bas. Assez de bassesse. Le Maroc a besoin de grands hommes, qu’ils se manifestent. Sommes-nous déjà une civilisation de fonctionnaires asservis et de citoyens muets ? Mais d’abord, lorsque l’on tue impunément, sommes-nous en civilisation, et y tue-t-on des citoyens ? On arrête les meurtriers, ou alors on vit parmi eux, quitte à perdre tout respect de soi. De quoi a-t-on donc peur ? D’un corps constitué ? Qu’on le démembre, il pourrit. D’une puissance occulte ? Qu’on la mette à la lumière, on verra ses faiblesses.
    Et nous, citoyens ordinaires, petits Fodail en puissance, que pouvons-nous faire ?
    D’abord commencer par l’ouvrir. Une pétition circule, il faut la lire et signer. Si une association s’exprime, il faut la soutenir et faire passer. Se taire, c’est encore perpétuer. Les méfaits qui se reproduisent ne le peuvent que parce que tout le monde se la ferme. Que l’attention publique déverse sur eux toute la honte qu’ils méritent, et on les verra se tarir.
    Que personne ne s’y trompe : nous sommes en train d’écrire ou de manquer d’écrire une page importante de notre Histoire commune. Trêve des ratifications bidon de traités contre la torture, de déclarations solennelles sur une prétendue nouvelle ère. Dirons-nous dans 20 ans « en 2010, pour la première fois, une commission d’enquête parlementaire a été mise sur pied pour faire la lumière sur le meurtre d’un citoyen dans un commissariat. En 2010 et pour la première fois, le Parlement a osé utiliser le peu de pouvoir que lui accordait la constitution de 1996, et il a fait condamner les coupables » ?
    Si nous ne pouvons pas le dire dans 20 ans, alors dans 20 ans nous serons toujours là à dénoncer d’autres meurtriers d’autres Fodail. Et on aura manqué cette page d’Histoire, on sera resté sur la même, grise comme l’arbitraire.
    En attendant, le frère de Fodail a vu les meurtriers de son frère, attablés à la terrasse d’un café à Salé.
    Source : CJDM, 4/10/2010
  • Chic, une petite bonne !

    Un constat que seuls nos amis nihilistes peuvent contester : la femme marocaine est désormais l’égale de l’homme (même qu’elle l’est un peu trop, selon certains). Bien entendu, cette égalité est loin du concept occidental de l’émancipation de la femme, qui a conduit, comme chacun peut le constater, à la décadence dont nos voisins occidentaux souffrent actuellement.
    Voici donc que la marocaine fait des études et accède sans entraves au marché du travail. Seulement, nos traditions sacrées imposent les corvées ménagères aux dames, que Dieu a naturellement destiné à ces nobles tâches. D’où l’utilité des petites bonnes : souvent mineurs, pauvres, analphabètes, inconscientes de leurs droits, elles représentent une main d’oeuvre très abordable et extrêmement docile.
    Prenons l’exemple de Kharya Kaaya, jeune ingénieur chez P&G, mariée bien entendu puisqu’elle est mère du charmant Souhail, 7ans. Kharya a un emploi du temps assez chargé : Repas, linge, repassage, vaisselle, aspirateur, en plus des courses et des tâches exceptionnelles lorsque le couple reçoit. Sans oublier que chaque soir, elle doit aider son fils à faire ses devoirs, avant de s’allonger sur le lit conjugal pour faire les siens.
    Mais sa vie a changé depuis qu’elle a fait appel aux services d’un intermédiaire, le samsar Chmata, pour se procurer une petite bonne. Après avoir lui avoir exposé les différents modèles disponibles sur le marché, le choix de Kharya s’est porté sur la petite Warda pour les qualités dont voici la liste non exhaustive :
    • Warda est très maigre. En d’autres termes, Warda n’est pas gourmande. Elle va donc certainement grossir, chose que l’on va développer plus bas
    • Warda est très discrète. Elle n’importune pas le champs visuel de ses maîtres par sa misérable existence.
    Arrêtons-nous un moment pour prendre conscience de l’impolitesse intrinsèque de la misère. Franchement, dépenser des sommes importantes afin de décorer et embellir les centre-villes, pour se retrouver en fin de compte avec une horde de miséreux crasseux au regard bêtement béa se pavanant munis de leurs ridicules conjointes habillées en jean’s déjà old fashioned en 1987 ou en djellaba couleur jaune m’as-tu-vu, on n’en a marre !
    De même, dépenser des centaines de milliers de dirhams en mobilier et en décoration de sa villa, et devoir subir la pauvreté grossière d’une petite bonne, c’est une chose qu’un esprit sain ne peut le tolérer.
    Revenons-en à notre marchandise, susnommée Warda.
    • Warda, ou plutôt ses parents, sont très pauvres et habitent très loin. Pour les amateurs, cela signifie que les géniteurs ne viendront pas perturber la quiétude du couple avec leurs visites (et le lot d’odeurs de pauvreté que cela impose à leurs nez).
    • Mais surtout, Warda est analphabète, on verra en quoi c’est intéressant.
    Donc tandis que Kharya et son mari H’marran mettent en exergue le postulat le Maroc Bouge en allant prendre un café à 6.8 SMIC en passant par un bidon-ville et en ignorant le gamin de 4ans qui fait la manche, la petite Warda fait la vaisselle avant de manger les restes du repas du couple avant de couper les oignons avant de passer la serpillière avant de laver les caleçons de Monsieur avant d’étendre le linge tout en s’occupant du petit Souhail à peine plus jeune qu’elle.
    Plus tard, Warda servira d’urinoir séminal à notre petit Souhail. Comme à beaucoup d’entre vous d’ailleurs, n’est ce pas ? ^^
    Mais qu’en pensent ses bienfaiteurs Kharya et H’marran ?
    “ Je crois que Warda a eu beaucoup de chance de tomber sur des gens bien, comme nous. Nous lui offrons des conditions de vie dont elle n’aurait jamais pu rêver. Tu sais que quand elle est arrivée, elle n’avait jamais mangé de crevettes ? Sans parler des jouets … Nous lui laissons l’après midi du dimanche entre 17h et 19h, quand on va acheter une glace à Souhail, pour s’amuser avec sa poupée. Tiens, en parlant de ça, j’ai déboursé 100dh sur ce jouet, oui monsieur, et je ne vais même pas le crier sur tout les toits … Il faut que tu saches que je fais tout cela pour Allah, parce que j’ai pitié de la petite.” a déclaré H’marran.
    Son épouse d’ailleurs le rejoint dans son analyse et ajoute :
    “ Si elle ne se montre pas ingrate, je compte la garder encore quelques années, et je vais la marier à un homme bien. D’ailleurs, tu sais, je la prépare déjà à cela : je lui acheté un produit qui fortifie les cheveux. Tu connais les bouzeux, ils concentrent toute la beauté de la femme dans ses cheveux. En plus ça ne coûte pas cher. Je compte bien sauver cette petite fille.”
    Mais ce que Kharya n’a pas dit au micro de CJDM-tv, c’est l’aspect un peu bourgeois mais pas trop, un peu altruiste mais pas trop, un peu de gauche mais pas trop, un peu con et d’ailleurs un peu trop, que procure la possession de cet accessoire humain. Par exemple, Kharya affiche un beau sourire quand sa copine Hamda lui fait remarquer  :
    C’est la même bonne que la dernière fois ? Warda c’est bien ça ? Elle a grossi, tbakallah 3lik tu prends bien soin d’elle. Franchement je vais m’en procurer une moi aussi, mais je ne risque pas de la traiter aussi bien, tu sais, je n’ai pas ta patience Kharya.
    Chic, n’est ce pas ?
    Update : Chic, H’marran à Paris (avant qu’il ne fasse connaissance avec Kharya, la fille halal)
    Source : CJDM, 11/10/2010
  • Nichane est mort, vive le Makhzen !

    Les services secrets du CJDM ont reçu une lettre de la part d’un haut fonctionnaire de la direction nationale du makhzen politico-économique. Bien entendu, cette lettre est aussi authentique que la vision collective du visage de Mohammed V sur la lune.
    La presse est le réceptacle de tous les ferments nauséabonds. Elle fomente les révolutions, elle reste le foyer toujours ardent où s’allument les incendies. Elle deviendra seulement utile le jour où l’on aura pu la dompter et employer sa puissance comme un instrument gouvernemental…[ZOLA]
    Il aurait mieux valu que vous soyez des illettrés.
    [HASSAN II]
    Chers compatriotes,
    J’ai appris avec beaucoup de satisfaction la fermeture du magazine polisariophone[pdf] Nichane. Mais avant de vous exposer les raisons de ma joie, que je vous oblige à partager, permettez-moi de vous faire un bref aperçu du paysage médiatique marocain.
    Dans notre pays, les journalistes sont des militaires comme les autres. Leur mission est de défendre les intérêts du régime. D’ailleurs la mission de tous les sujets de Sa Majesté est de défendre les intérêts du régime. Ainsi, cinq cent employés de l’agence de presse nationale travaillent jour et nuit à produire des dépêches que personne ne lit mais que Le Matin du Sahara et du Reste reproduit quand même en une.
    Les chaines nationales, à leur tour, font du marketing idéologique avec beaucoup de zèle. C’est ainsi que j’ai découvert, à ma grande satisfaction, que le journal télévisé d’hier était presque exclusivement consacré à la défense de Moustafa Ouald Sidi Mouloud, érigé en héros national.
    Bien entendu, je ne regarde pas les chaines marocaines et j’interdis à mes enfants de le faire. Mais vous, chers compatriotes, continuez à subir les ondes électro-magnétiques makhzenistes. Votre servitude volontaire sera maintenue et mes différentes grimas avec.
    Seulement, parmi ces journalistes, certains sont à la solde d’intérêts étrangers et évoquent l’absurde droit à la libre expression pour pointer du doigt les problèmes de notre pays.
    Quand je dis notre pays, je parle de nous, pas de vous, misérables tax-payers. Car votre misère nous permet de maintenir nos privilèges et franchement, j’y tiens. Je viens de prendre un crédit sur vingt ans pour ma villa secondaire à Souissi et j’ai donc besoin d’un cashflow conséquent (que mes privilèges m’assurent … ce que vous êtes lents à comprendre.)
    Vous comprenez maintenant les raisons de ma joie. Nous avons réussi en dix ans à faire taire à peu près toutes les voix dissidentes de ce pays. Nous avons diversifié nos actions, procès, saisies illégales, intimidations … Nous avons monté les journalistes les uns contres les autres. Vous vous rendez compte, dans une profession souvent accusée de corporatisme primaire, rares sont les journalistes qui soutiennent leurs collègues quand ils subissent une injustice. N’est ce pas le plus beau pays du monde ? Vous m’en voyez heureux.
    Vous vous posez sûrement cette question : pourquoi cette lettre ? n’est-il pas dangereux pour la survie du régime que d’en exposer publiquement les méthodes ? Les marocains ne risqueraient-ils pas de se révolter en lisant la présente ?
    Vos craintes sont infondées, chers compatriotes. D’abord parce que la moitié d’entre vous ne sait ni lire ni écrire. Votre accès à l’information est donc limité, voire nul. C’est, vous en conviendriez, une belle réussite dont je suis modestement fier.
    Par ailleurs, l’autre moitié de la population a appris à lire et à écrire, certes, mais au sein de nos établissement scolaires. Vous avez appris pendant toute votre enfance à tricher, à corrompre, à vous soumettre. Il vous arrive parfois de manifester quelque désaccord avec nous. Mais vous n’avez à votre disposition aucun moyen de faire connaitre vos idées. Je vous le rappelle, nous vous avons éduqué. Vous ne maitrisez aucune langue. Vous ne connaissez aucun moyen démocratique de protester. Vous maitrisez par contre l’art de l’insulte et de la diffamation, ce qui vous décrédibilise.
    J’ai parlé l’autre fois à un fonctionnaire de mon administration. Un petit type moustachu qui est au SMIC depuis 1426 je crois. Vous voyez, le genre de gars qui orne les murs de sa maison avec les photos de Sa Majesté. Il m’avait confié ceci : Benchemsi encourage les pédés et la prostitution. Le fassad n3am a’ss. Il veut pervertir nos filles. Mon petit fonctionnaire n’a jamais lu un journal, encore moins Nichane. Je me réjouis de constater l’efficacité de nos méthodes.
    Vous pouvez reprendre une activité normale.
    PS. : Vous pouvez faire comme moi et vous branler devant les manifestations spontanées de convictions en lisant les commentaires de cet article.
    Signé : Ch’lgaham Moustash, chargé de propagande auprès du Makhzen (qui n’existe pas)
    Source : CJDM, 2/10/2010