Mois : octobre 2010

  • Pour Rabat, les « lignes rouges » ont été franchies : le Maroc suspend les activités d’Al Jazeera sur son territoire

    C’est le ministère de la communication, Khalid Naciri, qui vient d’annoncer, vendredi 29 octobre, la suspension des activités de la chaîne d’informations « Al Jazeera » au Maroc, ordonnant également le retrait des accréditations de toute l’équipe d’Al Jazeera sur l’ensemble du territoire de Sa Majesté.

    Al Jazeera ne couvrira plus les événements d’actualité au Maroc. La nouvelle, presque surprenante dans un pays, qui se réclamait d’une démocratie sans faille au Maghreb, alors que les deux « pays voisins », la Tunisie et l’Algérie, interdisent les activités d’Al Jazeera sur leur territoire, étonne même les Marocains.
    En fait, c’est le ministère de la communication, Khalid Naciri, qui vient d’annoncer, vendredi  29 octobre, la suspension des activités de la chaîne d’informations « Al Jazeera » au Maroc, ordonnant également le retrait des  accréditations de toute l’équipe d’Al Jazeera sur l’ensemble du territoire de Sa Majesté. A Al Jazeera, il est reproché le fait de « traitement irresponsable réservé aux affaires marocaines et qui a sérieusement altéré l’image du Maroc et porté manifestement préjudice à ses intérêts supérieurs, à leur tête la question de l’intégrité territoriale ».
    Al Jazeera avait, rappelons-le, fait l’objet de pareille mesure en 2009, lorsque l’ancien directeur du bureau d’Al Jazeera à Rabat a été condamné en première instance à une amende de 50 000 DH. Il lui était notamment reproché la  « diffusion de fausses informations et complicité » à propos des incidents de Sidi Ifni, et ce en vertu de l’article 42 du Code de la presse et de l’édition. La chaîne Al Jazeera avait rapporté en 2008 des informations, à propos des incidents de Sidi Ifni, faisant état de morts, en dépit du démenti des autorités publiques, parvenu plutôt au bureau d’Al Jazeera à Rabat.
    Démocratie « du sur mesure », le Maroc disposait avec Al Jazeera d’une tribune qui lui seyait, mais les « lignes rouges » ont été vite franchies, faisant intervenir la lourde machine du Makhzen. Le jeu d’équilibre entre Al Jazeera et le Makhzen a tourné court. En fait, il s’agissait d’un curieux exercice de style et d’un équilibrisme équidistant dont les enjeux et les concessions ont déjà atteint leurs limites depuis fort longtemps.
    Echourouk OInline, 29/10/2010

  • Abdelaziz, de la France : "La situation est grave et peut déraper d’un moment à l’autre"

    Le cadre était on ne peut plus symbolique : c’est du haut d’une tribune de l’Assemblée nationale française que Mohamed Abdelaziz, qui prenait part à une rencontre en préambule à la 36e Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui (Eucoco), qui devait s’ouvrir vendredi dans la ville du Mans, face à des parlementaires européens mais aussi venus de très loin (Brésil, Angola, Nicaragua, Mexique…), a interpellé la France, et son alignement incompréhensible sur les thèses marocaines, comme il a averti les Etats et institutions internationales sur la situation faite par le royaume du Maroc aux Sahraouis, notamment ces derniers temps, qui «constitue une réelle menace pour la paix dans la région» et risque «de rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc». Aminatou Haider, militante sahraouie des droits de l’Homme qui a vécu directement les affres de l’occupant, a pris part à cette rencontre.

    La pré-conférence qui a eu lieu dans l’enceinte de l’Assemblée nationale française, grâce au concours de parlementaires de gauche français, membres de l’Eucoco, a été ouverte par Pierre Galand (militant inlassable de la cause de libération du peuple sahraoui et de celle du peuple de Palestine). La décolonisation du Sahara occidental, responsabilité des Nations unies et rôle de la France vus au travers du contexte juridique du droit de la décolonisation de l’autodétermination et de la résistance ; les droits de l’Homme et le rôle de la Minurso et du Conseil des droits de l’Homme ; la protection des ressources naturelles et enfin l’Europe et le Sahara occidental ont tour à tour constitué les socles de cette conférence animée par de brillants intervenants et déclinés quasi exclusivement sur la base des textes du droit international et de son piétinement par la force occupante marocaine avec souvent la complicité évidente de certains états et de l’ONU et de l’Union européenne. Les exposés des participants ont été précédés par l’intervention de Mohamed Abdelaziz, très applaudie, parce que ferme et mettant institutions et Etats devant leurs responsabilités.
    Dans quelques jours, cela fera 35 ans que le Sahara occidental connaît l’occupation militaire marocaine, devait rappeler M. Abdelaziz, «35 ans d’illégalité, de transgression du droit, de violations des droits de l’homme et d’affront à la communauté internationale». Mais 35 ans aussi de résistance d’un peuple et surtout de respect de ses engagements internationaux. Et en dépit de «toutes les difficultés de la guerre qui nous a été imposée, nous avons été toujours fermement attachés à la paix et avons loyalement coopéré pour la mise en application du plan onusien de 1991 et des engagements pris en 1997» de cessez-le-feu. Pour s’en convaincre et pour rappel, le président sahraoui retracera toutes les péripéties par lesquelles est passé à la trappe marocaine l’arsenal juridique constitué par la série de résolutions de l’ONU qui n’ont connu aucune application, y compris la dernière proposition de 2003 du Conseil de sécurité, mais dès la publication par la commission d’identification de la liste provisoire des électeurs devant prendre part à la consultation du peuple sahraoui, le Maroc a décidé de refuser le principe même de la consultation du peuple sahraoui pour décider de son destin.
    La décision d’autonomie prônée aujourd’hui unilatéralement par le Maroc est un déni du droit international. Ce qui l’est autant sinon plus, explique-t-il, «c’est que le Maroc se comporte au Sahara occidental en terrain conquis». Mieux encore, le président sahraoui, et pour ne prendre que la situation qui prévaut actuellement au Sahara occidental, évoque aux participants «les milliers de Sahraouis victimes de la répression, de tortures, de disparitions forcées, de dizaines de prisonniers politiques» encore détenus dans les geôles marocaines. Face à ce déni de justice et de droit, M. Abdelaziz appelle, encore une fois, les institutions internationales et des droits de l’Homme à la libération des prisonniers, à la présentation au plus tôt devant la justice pour des procès équitables de ceux qui attendent depuis des lustres leurs procès. Si les droits de l’Homme sont bafoués par l’occupant marocain dans l’indifférence de ceux qui sont chargés de les appliquer, l’exploitation des ressources du territoire sahraoui est un autre scandale, une autre violation du droit international, perpétrée par le Maroc, sans que ni l’ONU, ni l’Union européenne ne s’en préoccupent.
    Le Sahara occidental, ayant un statut de pays non-autonome, ses ressources naturelles ne peuvent être exploitées qu’en respectant la volonté et au bénéfice des habitants autochtones du territoire, et ce, selon le droit international. Or, que fait-on ? Dans un avis juridique, jusqu’ici confidentiel, le service juridique du Parlement européen a déclaré que la pêche des navires européens dans les eaux du Sahara occidental représente une violation du droit international. Or, cette même Union européenne a signé un accord de pêche avec le Maroc qui exploite, sans être inquiété, les ressources halieutiques du peuple sahraoui, qui n’a, à aucun moment, été consulté, comme l’exige le droit international en la matière. Pour le phosphate, dont les rentrées pour le Maroc sont colossales, la situation est identique. «L’Europe a une grande responsabilité dans la pérennisation du conflit parce qu’elle ferme les yeux et participe au pillage des ressources naturelles du territoire. Mais que ce soit au niveau du Conseil de sécurité de l’ONU ou au niveau de la politique européenne à l’égard du conflit, la position prédominante de la France, quitte à renoncer aux principes des droits de l’Homme, a toujours privilégié l’alignement sur les thèses de l’autre partie au conflit au détriment de la légalité et de relations équilibrées avec tous les peuples de l’Afrique et du nord-ouest du Maghreb.
    Quant à la situation de ces dernières semaines, au Sahara occidental, l’intervenant rappelle que face au blocage marocain et à l’inertie des institutions internationales, 20 000 Sahraouis ont décidé de s’exiler collectivement dans plus de 8 000 tentes dans les environs d’El Ayoun, à l’extérieur du territoire occupé : «La situation y est très préoccupante et ne cesse de se dégrader, les forces marocaines d’occupation y ont même tiré à balles réelles sur des citoyens sans défense, tuant un enfant de 14 ans et blessant 5 autres». Et de s’indigner : «Une telle situation où habitent des milliers de Sahraouis innocents est un danger et constitue une réelle menace pour la paix dans la région et risque d’anéantir les efforts consentis à ce jour par l’ONU et rendre improbable la reprise des négociations entre le Front Polisario et le Maroc.» Notons que l’Algérie était représentée à cette rencontre par M. Benaoum, le second de l’ambassade, et que des parlementaires algériens sont venus d’Alger, pour prendre part à la 36e Conférence européenne de coordination du soutien au peuple sahraoui, qui poursuit des travaux jusqu’à dimanche dans la ville du Mans.
    De notre bureau de Paris, Khedidja Baba-Ahmed

    INTERVIEW EXPRESS DU PRÉSIDENT MOHAMED ABDELAZIZ
    «Notre cause ne peut laisser indifférent»

    A l’issue de la pré-conférence de jeudi dernier à Paris, le président Abdelaziz a bien voulu répondre à deux questions du Soir d’Algérie.

    Le Soir d’Algérie : A l’issue de votre présence effective durant cette pré-conférence qui a réuni de très nombreux parlementaires et amis de la RASD venus de tous les continents, pensez-vous que vos appels vont être entendus ?

    Mohamed Abdelaziz : Je suis heureux de cette présence ici au siège de l’Assemblée nationale française, c’est très significatif. Je peux dire que l’appel lancé à partir d’El Ayoun, à travers des campements et des sit-in qui ont été organisés ce mois d’octobre, ont trouvé écho en France et à travers le monde entier.
    Les parlementaires latino-américains ont émis l’idée d’organiser prochainement le même type de conférence qui réunirait les pays de ce continent pour promouvoir l’indépendance du peuple sahraoui. Comment avez-vous perçu cette proposition ?

    C’est bien, là, la preuve que l’écho des appels du peuple sahraoui se renforce et que les soutiens à notre peuple viennent de partout, notre cause étant juste et ne peut laisser indifférent.
    Pensez-vous que le pouvoir français actuel peut changer de position et ne plus s’aligner sur les thèses marocaines ?
    Le gouvernement français est invité à agir le plus rapidement possible. Il y a une occasion qu’offrent aujourd’hui les Nations Unies. L’effort que développent Christopher Ross et le secrétaire général de l’ONU est une opportunité sans pareille pour que la France agisse dans le sens de la paix et ne reste pas dans cette position qui encourage le Maroc à continuer dans son intransigeance.
    K. B.-A.

    INTERVIEW EXPRESS DU PRÉSIDENT MOHAMED ABDELAZIZ
    «Notre cause ne peut laisser indifférent»

    A l’issue de la pré-conférence de jeudi dernier à Paris, le président Abdelaziz a bien voulu répondre à deux questions du Soir d’Algérie.

    Le Soir d’Algérie : A l’issue de votre présence effective durant cette pré-conférence qui a réuni de très nombreux parlementaires et amis de la RASD venus de tous les continents, pensez-vous que vos appels vont être entendus ?

    Mohamed Abdelaziz : Je suis heureux de cette présence ici au siège de l’Assemblée nationale française, c’est très significatif. Je peux dire que l’appel lancé à partir d’El Ayoun, à travers des campements et des sit-in qui ont été organisés ce mois d’octobre, ont trouvé écho en France et à travers le monde entier.
    Les parlementaires latino-américains ont émis l’idée d’organiser prochainement le même type de conférence qui réunirait les pays de ce continent pour promouvoir l’indépendance du peuple sahraoui. Comment avez-vous perçu cette proposition ?
    C’est bien, là, la preuve que l’écho des appels du peuple sahraoui se renforce et que les soutiens à notre peuple viennent de partout, notre cause étant juste et ne peut laisser indifférent.
    Pensez-vous que le pouvoir français actuel peut changer de position et ne plus s’aligner sur les thèses marocaines ?
    Le gouvernement français est invité à agir le plus rapidement possible. Il y a une occasion qu’offrent aujourd’hui les Nations Unies. L’effort que développent Christopher Ross et le secrétaire général de l’ONU est une opportunité sans pareille pour que la France agisse dans le sens de la paix et ne reste pas dans cette position qui encourage le Maroc à continuer dans son intransigeance.
    K. B.-A.

  • Deux blessés sahraouis mis derrière les barreaux et un troisième regagne l’hôpital (source judiciaire sahraouie)

    El Aaiun (territoires occupés) 30/10/2010 (SPS) Trois jeunes sahraouis disparus mardi depuis l’hôpital militaire d’El Aaiun, ont comparu vendredi devant le tribunal d’occupation marocaine à El Aaiun, a rapporté le collectif des défenseurs sahraouis des droits humains (CODESA).

    Il s’agit de : Salek Elalaoui, Hammadi Hamdeity et Zoubeir Elgarhi blessés dimanche dernier par les forces marocaines et interpellés mardi après midi depuis l’hôpital militaire d’El Aaiun où ils étaient admis et depuis cette date ils étaient portés disparus, a souligné la même source.

    Les deux premiers ont été différés à la prison d’El Aaiun (carcel negra), alors que le troisième (frère de Najem Elgarhi) a regagné l’hôpital militaire dans la même ville, sachant qu’il souffre des blessures graves au niveau du pied droit.

    Mme Menna Hameidi, la mère du martyr Elgarhi Najem, avait relevé que son fils Zoubeir Elgarhi avait été brutalement torturé et ses dents cassées à l’intérieur de l’hôpital militaire.

    Les trois jeunes sahraouis ont été blessés le 24 octobre dernier, lorsque l’armée a tiré sur la voiture qui les transportait en compagnie d’Ahmed Daoudi et Sidi Mohamed Laghdaf Elalaoui, près du camp de Gdeim Izik, (12 km) à l’Est d’el Aaiun occupée, pour apporter de la nourriture et de l’eau au camp.

    Un mexicain, militant des droits humains qui se trouve sur place depuis l’installation de ce camp a indiqué vendredi dans une déclaration à la presse espagnole, que « les autorités d’occupation marocaines ont essayé d’extorquer des aveux des blessés, selon lesquels ils portaient des armes et ont ouvert le feu sur les forces marocaines, afin de justifier l’assassinat du martyr Algarhi Najem ». (SPS)

  • Le président sahraoui appelle à desserrer l’étau autour du camp de Gdeim Izizk

    Le Mans (France), 29/10/2010 (SPS) Le président sahraoui, secrétaire général du Front Polisario, M. Mohamed Abdelaziz, a alerté vendredi au Mans, sur la grave situation du camp de Gdeim Izik, soumis par le Maroc à un blocus alimentaire, militaire et médiatique, appelant à y desserrer l’étau.

    « Nous ne cesserons pas de lancer des appels à la communauté internationale pour desserrer l’étau en ouvrant le territoire aux observateurs et journalistes du monde entier pour dénoncer cette situation intenable », a-t-il dit, devant un parterre de plus de 400 délégués présent à la 36ème édition de la conférence de la coordination européenne de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO), qui se tient au Mans du 29 au 31 octobre.

    « Nous nous trouvons devant une situation flagrante de violation des droits de l’homme qui a conduit des milliers de réfugiés sahraouis à fuir leur camps et se réfugier dans le désert, pour échapper à la marginalisation et la pauvreté imposée par les forces d’occupation marocaine ».

    Une situation qui interpelle l’ONU sur « l’urgence d’un règlement juste et équitable, dans le cadre de la légalité internationale »du conflit du Sahara Occidental, a-t-il insisté.

    Il a également appelé à doter la Minurso, à l’image des autres missions de l’Onu, des prérogatives qui lui font défaut, lui permettant de surveiller le respect des droits humains dans les territoires occupés ».

    « La nouvelle forme de résistance pacifique menée par le peuple sahraoui suscitera certainement des échos et engendrera un élan de solidarité internationale et un soutien juste à la cause sahraoui », a-t-il dit.

    Par ailleurs, le Président sahraoui a également exprimé la volonté du Front Polisario pour une troisième rencontre informelle avec le Maroc, début novembre, à la demande du représentant personnel du secrétaire général de l’ONU, Christopher Ross, qui vient d’achever une tournée dans la région pour convaincre les deux parties en conflits (le Maroc et Front Polisario) à reprendre les négociations.

    « Nous restons ouverts au dialogue, pour peu que le Maroc soit réceptif aux préoccupations du peuple sahraouis sur son droit à l’autodétermination ». La conférence qui se tient au Mans, a-t-il conclu, n’est pas une rencontre organisée contre le Maroc, mais « un acte de solidarité et de paix construit sur les intérêts réels des peuples sahraouis et marocains ». (SPS)

  • Des intérêts économiques poussent certains pays de l’UE à retarder l’issue dans le conflit du Sahara (F. Polisario)

    Londres, 30/10/2010 (SPS) Des intérêts économiques avérés avec le Maroc poussent certains pays de l’UE à retarder l’issue du conflit qui perdure au Sahara occidental depuis des décennies, a affirmé vendredi le représentant du Front Polisario à Londres, M. Lamine Baali.

    « L’accord de pêche signé en 2006 entre le Maroc et l’UE profite largement à l’Espagne et au Portugal, dont les flottes opèrent quotidiennement dans les eaux sahraouies, tandis que la France bénéficie de cet accord sur le plan politique », a déclaré M. Baali, cité par l’APS.

    « Aujourd’hui, les ressources naturelles de la République arabe sahraouie démocratique (RASD) sont pillées par le Maroc au mépris de la légalité internationale », a dénoncé le diplomate sahraoui, précisant que le Maroc a engrangé quelque 140 millions d’euros à la faveur de cet accord, sous la protection de certains pays européens.

    Sur le terrain cela se traduit par des flottes étrangères qui viennent pêcher quotidiennement des tonnes de poissons appartenant aux Sahraouis pour les exporter vers l’Europe au même titre que d’autres ressources comme le phosphate, a expliqué M. Baali.

    Toutefois, a-t-il dit, l’UE subit de plus en plus de pressions pour mettre un terme à l’exploitation illégale de ces ressources, rappelant que dans le Droit international, « les peuples non autonomes ont le droit jouissance sur leurs richesses naturelles ».

    « Même le sable sahraoui est exporté par l’Espagne pour garnir les plages des îles Canaries, tandis que la marginalisation économique de la population sahraouie (dans les territoires occupés) bat son plein avec 90% de chômeurs », a encore dénoncé M. Baali. L’Europe a une « grande responsabilité » dans la tragédie que vit la région, a-t-il souligné.

    Pour le représentant du Front Polisario, « la Grande-Bretagne membre du Conseil de sécurité de l’ONU peut inciter l’UE à favoriser un processus d’autodétermination du peuple sahraoui ». (SPS)

  • La MAP invente un meurtre à Melilla

    Des sources officielles de Melilla ont démenti à ABC la mort de Younes, un adolescent musulman, qui selon l’agence officielle marocaine de presse, MAP, est décédé hier suite à un coup de feu d’un gardien civil espagnol, au milieu des troubles de ce qu’elle appelle « ville occupée de Melilla ».

    Selon l’agence, qui cite des sources de « divers médias » (sans préciser lesquels), le jeune de 16 ans a succombé à ses blessures « après l’échec d’une tentative de le ranimer in situ » et elle ajoute, son cadavre « a été porté par des éléments des forces de l’ordre vers une destination inconnue ». La dépêche est encore pendu sur la page Web de l’agence 
    L’agence marocaine soutient que la situation à Melilla continue d’être « tendue » bien qu’aujourd’hui aucun incident ne se soit enregistré. La nouvelle a été propagée hier dans les informations de la nuit, et devant les rumeurs suscités dans le royaume alaouite, les autorités espagnoles se sont mises en contact avec le Nord du Maroc..

    Cette semaine les quartiers de Melilla de La Cañada de Hidum, de Montecristina et Cabrerizas ont connu  une série de troubles, comme le brûlage de containers d’ordures ou le lancement de pierres contre la Police, menés par des jeunes d’origine marocaine. Les gamins voulaient se manifester contre les hauts taux de chômage et les médias marocains ont suivi avec intérêt les nouvelles.

    La fausse mort de Younes rappelle la mort tragique de Nayem Elgarhi, un jeune de 14 ans qui a perdu la vie dimanche dernier près d’El Aaiún (Sahara Occidental), suite aux décharges de la police marocaine, ce qui a provoqué le rétrécissement du cercle policier autour de Gdaim Izik, le campement sahraoui de protestation.
    ABC, 30/10/2010
  • Une question de justice

    Elle s’est rendue au Sahara occidental pour, disait-elle, promouvoir le commerce équitable, mais ce que cette jeune Française a découvert sur place, l’aura marquée pour longtemps. La preuve, elle n’ose même pas révéler son identité pour échapper aux forces marocaines d’occupation. Elle a peur pour elle-même parce qu’elle a brisé la loi du silence imposée à ce territoire d’où rien ne sort, et même les entrées sont filtrées pour éviter les regards indiscrets. Des parlementaires européens ont subi eux aussi ce traitement, et leur seule réaction a été de différer leur voyage. Un bien curieux comportement à l’endroit d’une cause considérée comme une question de décolonisation, et l’Europe ne s’y est jamais opposée en votant toutes les résolutions au moins depuis 1990.
    Cette jeune bénévole a, en quelques lignes, démonté en démenti tout le discours marocain. Ce qu’elle rapporte de la révolte actuelle des Sahraouis des territoires occupés devrait au moins retenir l’attention de la communauté internationale. Populations encerclées et meurtre de sang-froid. Elle apporte même la preuve de ce qu’elle a vu, sous la forme d’un diaporama, qui a déjà fait le tour de la planète. Un témoignage de plus sur la situation imposée au peuple sahraoui qui a opté pour toutes les formes de lutte. Un combat qui met aussi en relief l’échec de toutes les politiques menées par l’occupant depuis 1975, et visant justement à étouffer le sentiment nationaliste.

    Plus clairement, l’occupant n’a pas réussi à faire des Sahraouis des sujets loyaux. Cela a été constaté dès 1991, quand le Maroc, pourtant signataire avec le Front Polisario de l’accord de paix, a commencé à se rétracter et renier sa signature, ou quand des têtes connues sont tombées pour manque de réussite. Elles sont nombreuses, et ceux qui avaient pour charge de persister dans cette voie se rendent eux aussi à l’évidence. On ne fait pas de bons Sahraouis en recourant à autre chose que la force. Les Sahraouis n’ont jamais été aussi proches qu’auparavant, et le monde entier a connu et apprécié le combat de Aminatou Haidar. Et pourtant, l’Europe a été interpellée aussi bien sur son mutisme que sur son empressement à conclure avec la puissance occupante des accords incluant les eaux territoriales sahraouies. Elle affiche un incroyable immobilisme, mais, apprend-on, elle a décidé de réduire de 40% l’aide accordée aux Sahraouis. C’est surtout une impression, et elle est fausse. Que dire aussi de cette discrétion par rapport aux valeurs qu’elle déclare défendre, pour ne pas dire cette politique des deux poids, deux mesures concernant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental ? En agissant de la sorte, l’Europe aide à perpétuer le statu quo colonial que tout le monde sait intenable, voire dangereux, même si par endroits, certains de ses membres ont affiché quelques signes d’agacement à l’égard d’une telle situation et de ce qu’elle offre comme perspectives. Très peu, car il s’agit de rendre justice au peuple sahraoui.
    Mohamed Larbi
    El Watan, 30/10/2010

  • Soutien au peuple sahraoui : Une conférence sous tension au Mans

    La 36ème édition de la coordination de soutien au peuple sahraoui (EUCOCO) a débuté hier en début de soirée dans la ville du Mans, à 200 km au sud-ouest de Paris.

    Des centaines de parlementaires européens, africains, d’Amérique latine et d’Asie ont pris part à cet événement organisé d’habitude en Espagne.

    C’est dans un climat tendu et une organisation catastrophique que la conférence internationale a débuté dans le palais des congrès de la ville du Mans. L’association française «les amis de la RASD», qui chapeaute l’organisation, a eu toutes les peines du monde pour faire face aux délégations, pour cause d’absence de logistique.

    C’est le cas notamment des journalistes algériens, dont certains ont carrément passé la nuit à la belle étoile à Paris, à leur arrivée à l’aéroport d’Orly, alors que les organisateurs de la conférence avaient clairement fait savoir qu’il y avait une prise en charge. Ils ont vécu un autre cauchemar une fois arrivés dans la ville du Mans dans la nuit du 28 au 29 octobre.

    Les noms des journalistes algériens, pourtant accrédités, ne figuraient sur aucune liste. Pire, l’envoyée spéciale de la radio nationale tombée sur le trottoir a été tout simplement abandonnée à l’hôpital du Mans alors qu’elle venait de subir un «traumatisme crânien» qui lui a valu une intervention dans le bloc opératoire de l’hôpital du Mans. La journaliste de la radio n’a pu se soigner que grâce à la «compassion» des médecins de l’hôpital qui ont bien voulu la prendre en charge sans assurance médicale en France. Aucune indication ni information ne nous a été fournie ni par les responsables des «amis de la RASD» ni par le représentant du Front Polisario à Paris. Au moment où toutes les délégations ont été prises en charge, y compris les journalistes d’autres pays, les représentants des médias algériens étaient hier toujours livrés à eux-mêmes.

    Le président sahraoui au Parlement français

    A l’initiative des socialistes, le président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), Mohamed Abdelaziz, est intervenu jeudi dernier au Parlement français. La présence du président sahraoui est d’autant plus symbolique que la position officielle de la France est plutôt en faveur du Maroc. Mohamed Abdelaziz a affirmé par ailleurs que c’est avec une grande fierté qu’il s’exprime au sein de l’Assemblée et d’un pays dont la démocratie remonte à plusieurs siècles.

     Il soulignera que la responsabilité des Nations unies, de l’Espagne et de la France en particulier, est importante dans le règlement du conflit au Sahara Occidental.

    «Le Maroc veut imposer une solution unilatérale», a dénoncé en outre le président sahraoui. Et d’affirmer que malgré 35 années d’occupation, de répression, de violation des droits de l’homme et de pillage des richesses du Sahara Occidental, le peuple sahraoui tient à la paix. «Plus de 20.000 Sahraouis ont fui la ville d’El-Ayoun et sont refugiés à travers 8.000 camps de fortune», a déclaré Mohamed Abdelaziz devant une centaine de députés venant de tous les continents. Le responsable du Polisario a averti que la position belliqueuse du royaume du Maroc rend improbable la reprise des négociations. De son côté, Aminatou Haider a remercié les Français pour lui avoir permis de s’exprimer à l’Assemblée nationale. La militante des droits de l’homme, qui était en grève de la faim à Lanzarote (Espagne) en 2009, est revenue longuement sur les conditions de vie déplorables des Sahraouis dans les territoires occupés et les camps de refugiés.

     Par ailleurs, «Ouest Républicain» a fait état dans son édition d’hier d’une tension entre la communauté marocaine établie dans la ville du Mans et le maire pour avoir permis l’organisation de la 36ème Eucoco dans sa ville. Sous le titre «Sahara occidental : congrès sous haute tension au Mans», le journal soutient que la conférence internationale de soutien au peuple sahraoui fait réagir un «collectif d’amis du Maroc». Ce dernier a organisé hier une «journée d’information» sur le Sahara Occidental et comptait également organiser hier un gala-surprise gratuit près du circuit des 24 heures du Mans au profit des Marocains établis dans cette ville. La présidente de l’association des amis de la RASD a qualifié le concert de «propagande nationaliste malsaine».

     Il faut savoir par ailleurs que le maire socialiste de la ville du Mans, Jean-Claude Boulard, a clairement affiché sa position en faveur de la cause sahraouie et affirme «s’inscrire dans la résolution de l’ONU, qui n’a jamais renoncé au principe de l’autodétermination et que c’est la deuxième fois que sa ville accueille cette conférence» en rappelant que la première fois en 1991, le roi du Maroc avait accepté le principe du référendum.

     A noter que la 36ème Eucoco dont les travaux se dérouleront jusqu’au 31 octobre a réuni cette année quelque 400 parlementaires, membres d’ONG, de professeurs d’université et de juristes. Quatre thèmes principaux seront débattus à l’occasion de cette conférence. Il s’agit de «Politique, information et ressources naturelles», «Droits de l’homme, juristes et territoires occupés», «Coopération : santé, aide alimentaire, aide humanitaire, territoires libérés, formation et villes» et enfin «Solidarité populaire : jeunesse, éducation, culture, femmes et syndicats».
    par Notre Envoyé Spécial Au Mans (France): Z. Mehdaoui

  • Assassinat d’ Elgarhi Najem par l’armée marocaine : La communauté internationale exige une enquête

    Personnalités parlementaires, organisations non gouvernementales et militants des droits de l’Homme appellent depuis Mans où s’est tenue hier après-midi la 36e Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui à exercer des pressions au niveau institutionnel et à sensibiliser l’opinion internationale sur l’urgence d’œuvrer pour l’autodétermination du peuple sahraoui, après l’assassinat, dimanche dernier, du jeune Elgarhi Najem par l’armée marocaine.

    Des parlementaires espagnols demandent à la Minurso à se rendre dans les campements et à enquêter sur la situation des réfugiés. Donald M. Payne, congresseman américain et président du sous-comité de l’Afrique auprès de la Chambre des représentants demande l’ouverture d’une enquête exhaustive sur la mort du jeune Najem. Il appelle à la surveillance de la situation des droits de l’Homme au Sahara occidental.

    Francis Jacob, parlementaire français, estime que son pays doit jouer un rôle particulier pour que la question de décolonisation des territoires occupés revienne à l’actualité. Maya Salhi, la députée italienne, estime qu’il revient à l’Onu et l’Union européenne de mettre un terme à ce qu’elle appelle un cas de «décolonisation». Elle explique la complexité du cas sahraoui par le fait que les territoires occupés se sont retrouvés devant une autre puissance occupante alors qu’ils venaient d’être décolonisés.
    Pierre Galand, le président de la Conférence européenne de soutien au peuple sahraoui propose de saisir par lettres le président français, le secrétaire général de l’Onu et le président du Conseil des droits de l’Homme. La coordination des associations espagnoles d’amitié et de solidarité avec le peuple sahraoui appelle l’UE à annuler le statut avancé avec le Maroc pour non-respect des droits de l’Homme et demande à l’Onu d’intervenir. L’association marocaine des droits de l’Homme demande une enquête indépendante et impartiale sur cet assassinat que le président sahraoui, qui lance un appel urgent à l’Europe responsable en grande partie, à ses yeux, de la pérennisation du conflit pour lever le blocus et intervenir pour mettre un terme à la répression, qualifie de violation flagrante et grave. Aminatou Haidar, la militante des droits de l’Homme établit un constat accablant.
    Elle affirme que des centaines de Sahraouis sont victimes de disparitions forcées et des dizaines d’autres sont enterrés dans des fosses communes. Ce qui laisse penser à des massacres non dénoncés.
    n Djamel O.
    Horizons, 29/10/2010

  • Une question de justice

    Elle s’est rendue au Sahara occidental pour, disait-elle, promouvoir le commerce équitable, mais ce que cette jeune Française a découvert sur place, l’aura marquée pour longtemps. La preuve, elle n’ose même pas révéler son identité pour échapper aux forces marocaines d’occupation. Elle a peur pour elle-même parce qu’elle a brisé la loi du silence imposée à ce territoire d’où rien ne sort, et même les entrées sont filtrées pour éviter les regards indiscrets. Des parlementaires européens ont subi eux aussi ce traitement, et leur seule réaction a été de différer leur voyage. Un bien curieux comportement à l’endroit d’une cause considérée comme une question de décolonisation, et l’Europe ne s’y est jamais opposée en votant toutes les résolutions au moins depuis 1990.
    Cette jeune bénévole a, en quelques lignes, démonté en démenti tout le discours marocain. Ce qu’elle rapporte de la révolte actuelle des Sahraouis des territoires occupés devrait au moins retenir l’attention de la communauté internationale. Populations encerclées et meurtre de sang-froid. Elle apporte même la preuve de ce qu’elle a vu, sous la forme d’un diaporama, qui a déjà fait le tour de la planète. Un témoignage de plus sur la situation imposée au peuple sahraoui qui a opté pour toutes les formes de lutte. Un combat qui met aussi en relief l’échec de toutes les politiques menées par l’occupant depuis 1975, et visant justement à étouffer le sentiment nationaliste.

    Plus clairement, l’occupant n’a pas réussi à faire des Sahraouis des sujets loyaux. Cela a été constaté dès 1991, quand le Maroc, pourtant signataire avec le Front Polisario de l’accord de paix, a commencé à se rétracter et renier sa signature, ou quand des têtes connues sont tombées pour manque de réussite. Elles sont nombreuses, et ceux qui avaient pour charge de persister dans cette voie se rendent eux aussi à l’évidence. On ne fait pas de bons Sahraouis en recourant à autre chose que la force. Les Sahraouis n’ont jamais été aussi proches qu’auparavant, et le monde entier a connu et apprécié le combat de Aminatou Haidar. Et pourtant, l’Europe a été interpellée aussi bien sur son mutisme que sur son empressement à conclure avec la puissance occupante des accords incluant les eaux territoriales sahraouies. Elle affiche un incroyable immobilisme, mais, apprend-on, elle a décidé de réduire de 40% l’aide accordée aux Sahraouis. C’est surtout une impression, et elle est fausse. Que dire aussi de cette discrétion par rapport aux valeurs qu’elle déclare défendre, pour ne pas dire cette politique des deux poids, deux mesures concernant les violations des droits de l’homme au Sahara occidental ? En agissant de la sorte, l’Europe aide à perpétuer le statu quo colonial que tout le monde sait intenable, voire dangereux, même si par endroits, certains de ses membres ont affiché quelques signes d’agacement à l’égard d’une telle situation et de ce qu’elle offre comme perspectives. Très peu, car il s’agit de rendre justice au peuple sahraoui.
    Mohamed Larbi
    El Watan, 30/10/2010