Mois : octobre 2010

  • Le peuple sahraoui déterminé à poursuivre sa lutte «pacifique»

    Le Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique, M. Abdelkader Taleb Omar, a affirmé que le conflit opposant son pays à l’occupant marocain va à l’encontre de la stabilité dans la région du Maghreb.

    La célébration du 35e anniversaire de la proclamation de l’Union nationale sahraouie s’est déroulée dans la localité de Mijek, située dans le sud-est du Sahara Occidental (territoires libérés). Le Premier ministre de la République arabe sahraouie démocratique, M. Abdelkader Taleb Omar, dans son allocution d’ouverture, hier mardi, des festivités commémoratives de l’évènement, a affirmé que le conflit opposant son pays à l’occupant marocain va à l’encontre de la stabilité dans la région du Maghreb. Il a, de ce fait, exprimé son regret face à la situation dans laquelle est plongée la région à cause du refus du Maroc de respecter les résolutions du Conseil de sécurité et permettre la tenue d’un référendum d’autodétermination. 

     
    En outre, a-t-il indiqué, « le Maroc continue de tourner le dos aux droits légitimes des Sahraouis dans le recouvrement de leur indépendance et liberté ». La persistance du statut quo n’arrange aucune des parties, ni ne peut permettre une stabilité dans la zone du Sahel, a-t-il dit. Le conflit du Sahara Occidental bloque le processus de coopération entre les pays maghrébins, notamment en matière de lutte contre la criminalité, le terrorisme et la contrebande, a estimé le haut responsable de la RASD. En 35 ans de lutte, le peuple sahraoui, a-t-il affirmé, dispose de nombreux acquis qui lui permettent, aujourd’hui, de faire face à l’occupant marocain, dans la légalité et le respect des lois internationales. « Nous pouvons constater, aujourd’hui, les grands acquis et réalisations du peuple sahraoui au long des 35 années de lutte contre l’occupation marocaine », a-t-il dit à ce propos. 
     
    M. Abdelkader Taleb Omar n’a pas manqué de rappeler à l’occupant marocain la détermination de son peuple à poursuivre son combat «pacifique ». Un combat que, a-t-il ajouté, les forces coloniales tentent de décréditer, mais vainement. « Le Maroc a essayé, à maintes reprises, et ce, depuis la trêve en 1991 et l’annonce du cessez-le-feu, de nous combattre sur plusieurs fronts, diplomatique, médiatique et sécuritaire, dans l’objectif d’exercer une pression sur nous, utilisant tous les moyens et appareils dont il dispose afin d’intenter à la cohésion de notre front interne », a-t-il souligné. « Le peuple sahraoui est proche de son objectif et l’ennemi accentue son entêtement mais aussi en répandant son venin pour cacher ses échecs » a-t-il poursuivi. Le Premier ministre de la RASD a, à cet effet, tenu à affirmer que « le peuple sahraoui reste favorable aux solutions démocratiques et à un contrôle internationale des droits de l’Homme », en particulier dans les territoires occupés. Dans ce cadre, M. Taleb Omar a appelé les institutions internationales et l’ONU à faire pression sur le gouvernement marocain afin de l’amener à respecter la légalité internationale. 
     
    Un hommage a été rendu aux prisonniers sahraouis détenus dans les geôles marocaines. Ces derniers, rappelons-le, sont pour la plupart détenus de manière illégale risquant la peine de mort à tout instant sans qu’aucune cour ose prononcer leur jugement. Les festivités ont été marquées par la participation exceptionnelle d’une délégation de 13 activistes des droits de l’Homme venus des territoires occupés. Cette délégation, a-t-on constaté sur les lieux, a bravé tous les obstacles et défier l’occupant marocain en se rendant sur les territoires libérés. Plusieurs activités sont prévues au courant de ce 35e anniversaire, entre autres l’organisation d’un séminaire de la communauté nationale sahraouie établie à l’étranger et présente en force à Mijek.

    La lutte contre le crime organisé, credo de l’armée sahraouie 

     
    Le commandant de la 3e région militaire de l’Armée populaire de libération sahraouie (ALPS), Hamdi Khalil Miara, a souligné, mardi à Mijek, que les unités militaires de sa région coopèrent avec la représentation de la MINURSO dans « le respect mutuel » et joue un rôle « efficace » dans la lutte contre le trafic et le crime sous toutes ses formes, à l’instar de la contrebande et l’émigration clandestine. Le commandant Hamdi, qui passait en revue un détachement militaire de la 3e région militaire de l’ALPS, en compagnie du Premier ministre sahraoui, M. Abdelakader Taleb Omar, à l’occasion de la commémoration du 35e anniversaire de la Déclaration de l’union du peuple sahraoui, a mis l’accent sur la coopération dans un « respect mutuel » entre les unités militaires installées à Mijek et le représentation de la Minurso, soulignant que « les unités de la Gendarmerie nationale joue un rôle efficace sur le terrain de la lutte contre le crime transnational, à l’image du trafic sous tous ses formes, la contrebande et l’émigration clandestine ».

    Par : notre envoyé spécial à Mijek (territoire libérés du Sahara Occidental) Massinissa Benlakehal
    Le Midi libre, 13/10/2010
  • L’ONU réaffirme le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui

    Les débats de la 4e commission de l’ONU chargée des questions politiques spéciales et de la décolonisation ont été couronnés lundi à New York par l’adoption de plusieurs projets de résolution, dont celui réaffirmant le droit à l’autodétermination du Sahara occidental.

    Un projet de décision, par lequel l’assemblée générale proclamerait la période 2011-2020 troisième décennie internationale de l’élimination du colonialisme, a été également adopté.

    L’adoption de la résolution sur le Sahara occidental a été suivie par l’annonce de la tournée qu’effectuera l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région à partir du 18 octobre, en vue de parvenir à un règlement du conflit du Sahara occidental.

    Lors de la dernière journée des débats au sein de la commission onusienne de décolonisation, plusieurs pays ont réitéré leur appel pressant pour parvenir à une «solution politique juste, durable et mutuellement acceptable» qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    Dans son intervention, l’ambassadeur permanent de l’Algérie à l’ONU, Mourad Benmehidi, a souligné qu’en Afrique, le peuple du Sahara occidental attendait toujours de pouvoir exercer son droit à l’autodétermination dans des conditions de régularité, de liberté et de probité internationalement garanties.

    Sur ce point, il a regretté que la question du Sahara occidental soit une question de décolonisation qui «n’a pas été dûment menée à son terme».
    Seul un référendum libre…

    L’ambassadeur algérien a fait valoir que les Etats d’Afrique ont œuvré avec constance au rétablissement du peuple du Sahara occidental dans ses droits.

    «C’est-là tout le sens du message que l’Union africaine a voulu adresser au moment de la proclamation de l’année 2010, année de la paix en Afrique», a-t-il noté.

    «L’Union africaine, assumant pleinement ses responsabilités au regard de la situation au Sahara occidental, a appelé à l’intensification des efforts en vue de la tenue d’un référendum pour permettre au peuple sahraoui de choisir entre l’option de l’indépendance et celle de l’intégration dans le royaume du Maroc», a-t-il relevé.

    Faisant référence à la résolution 1754, adoptée en 2007 par le Conseil de sécurité en vue de relancer les négociations «sans conditions préalables» afin de sortir le conflit du Sahara occidental de l’impasse, M. Benmehidi a souligné que cette résolution reposait sur un équilibre nécessitant qu’une égale attention soit accordée aux propositions respectives du Maroc et du Front Polisario.

    A ce propos, il a affirmé qu’il était bien connu que des divergences d’interprétation sur la finalité des négociations ont accaparé tous les efforts lors des quatre premières séries de négociations formelles. Cependant, a-t-il ajouté, à l’instar de la communauté internationale,

    «l’Algérie se réjouit de la reprise en août 2009 et en février 2010 des pourparlers informels préparatoires destinés, avant de nouvelles négociations formelles, à aplanir les divergences qui n’ont rien d’insurmontable dès lors que les deux parties (Maroc et Front Polisario) ont initialement souscrit à l’objectif de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permette l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

    M. Benmehidi a aussi rappelé que l’Algérie avait participé à ces pourparlers «en tant que pays observateur et voisin, conformément aux termes de référence établis par le secrétaire général».

    Il a soutenu que l’Algérie apportera son soutien à la mise en œuvre de mesures permettant d’établir la confiance entre les deux parties et renouvelait son appel aux Nations unies et aux membres de la communauté internationale en vue de les élargir au domaine de la surveillance des droits de l’homme.

    Soutien de l’Afrique du Sud, de l’Ouganda, de la Zambie et de l’Equateur à l’autodétermination
    Au cours des débats sur la question de la colonisation du Sahara occidental, l’ambassadeur permanent de l’Afrique du Sud, Baso Sangqu, a déploré que 50 ans après l’adoption par l’assemblée générale de la déclaration sur l’octroi de l’indépendance aux pays et aux peuples coloniaux, les Nations unies restaient engluées dans des délibérations sans fin sur le «fardeau honteux du colonialisme».

    Il a ajouté que la promesse contenue dans la charte et la déclaration n’avait pas encore été pleinement respectée en ce qui concerne l’Afrique, du fait de la situation au Sahara occidental, «dernière colonie d’Afrique».

    Il a souligné que l’Afrique du Sud était préoccupée par la poursuite de l’occupation illégale du Sahara occidental par le Maroc, rappelant les avis de la Cour internationale de justice (CIJ) et du conseiller juridique des Nations unies qui, tous deux, ont rejeté les prétentions territoriales du Maroc sur le territoire.

    Il s’est également dit «inquiet» de la poursuite des violations des droits de l’homme au Sahara occidental, notamment celles perpétrées sous le couvert de la lutte contre le terrorisme, appelant en ce sens le Haut commissariat aux droits de l’homme à étudier «plus attentivement» ces violations.

    «Nous trouvons étrange que le deux poids, deux mesures persiste lorsque des atrocités dans de nombreuses régions du monde sont condamnées, mais que le silence soit gardé sur celles qui sont commises au Sahara occidental», a-t-il martelé, en condamnant toute exploitation des ressources naturelles du Sahara occidental qu’il a qualifiée d’«illégale».

    Pour sa part, le représentant permanent de l’Equateur à l’ONU, Diego Morejon, a souligné le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination.

    Le représentant de la Zambie, Muyambo Sipangune, a réaffirmé, quant à lui, son soutien aux plans de l’Union africaine et des Nations unies concernant le Sahara occidental, souhaitant que les efforts de la commission puissent accélérer le processus menant à l’exercice de l’autodétermination par le peuple du Sahara occidental.

    De son côté, l’ambassadeur de l’Ouganda auprès des Nations unies, Ruhakana Rugunda, a constaté «avec regret» que le Sahara occidental soit le dernier territoire du continent africain dont la décolonisation n’a toujours pas été achevée.

    Il a souligné que son pays appuyait le droit inaliénable du peuple sahraoui à l’autodétermination, tout en exprimant ses préoccupations pour les violations répétées des droits de l’homme au Sahara occidental.

    En outre, il a également demandé au Maroc d’engager des négociations constructives qui ouvrent la voie à un référendum d’autodétermination, tout en réaffirmant le plein soutien de son pays à tous les efforts internationaux visant à éliminer toutes les formes de colonialisme.

  • Nouvelle tournée de Christopher Ross dans le Maghreb

    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, effectuera une tournée dans la région le 18 octobre dans le cadre des efforts des Nations unies en vue de parvenir à un règlement du conflit du Sahara occidental.

    Au cours de sa visite dans la région, M. Ross mènera des consultations avec les parties en conflit, le Front Polisario et le Maroc, et les Etats voisins, l’Algérie et la Mauritanie, et ce, en préalable de la prochaine série de réunions informelles prévues en novembre.

    Pour rappel, la dernière réunion informelle sur la question du Sahara occidental a eu lieu à New York en février. Les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible.

    Les discussions informelles ont lieu conformément à la résolution 1871 du Conseil de sécurité, qui a appelé les parties à poursuivre leur dialogue sous les auspices du secrétaire général de l’ONU, sans conditions préalables, pour atteindre «une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui permettra l’autodétermination du peuple du Sahara occidental».

    La mission des Nations unies pour l’organisation d’un référendum au Sahara occidental (Minurso) est déployée depuis septembre 1991 afin de surveiller le cessez-le-feu et d’organiser ce référendum.

    A souligner que la quatrième commission de l’assemblée générale des Nations unies chargée de la décolonisation a adopté à l’unanimité lundi à New York une résolution qui réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination. Suite à cette résolution, le ministre des Affaires étrangères de la République sahraouie,

    Mohamed Salem Ould Salek, s’est félicité de l’adoption de cette résolution, soulignant que durant une semaine, les membres des Nations unies, individuellement ou collectivement, «ont multiplié les appels pour l’exercice du droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ainsi que pour l’organisation
    du référendum dans les plus brefs délais en vue de mettre fin à l’occupation illégale de notre pays par le Maroc».

    «Plusieurs pays ont aussi tenu à dénoncer les violations systématiques des droits de l’homme par l’occupant marocain ainsi que le pillage des ressources naturelles du Sahara occidental», a-t-il affirmé.

    Ainsi, «le gouvernement de la République sahraouie et le Front Polisario se félicitent de cette nouvelle démonstration du consensus international autour du droit du peuple sahraoui à la liberté et à l’indépendance en conformité avec la lettre et l’esprit de la résolution 1514 (XV) de l’assemblée générale», a-t-il ajouté.

    Pour lui, «cette résolution intervient au moment où le secrétaire général et son envoyé personnel intensifient leurs efforts pour la poursuite des négociations entre le Front Polisario et le Maroc afin d’arriver à une solution pacifique du conflit qui garantisse le droit inaliénable de notre peuple à l’autodétermination». Ce projet de résolution sera soumis à l’adoption de l’assemblée générale de l’ONU en décembre.

    Des manifestants sahraouis blessés et séquestrés à Dakhla
    Au moins deux jeunes Sahraouis ont été blessés et plusieurs autres séquestrés dans la ville de Dakhla après une violente intervention des forces d’occupation marocaines contre des manifestants qui scandaient des slogans appelant à l’autodétermination et à l’indépendance, a indiqué lundi l’Agence de presse sahraouie (SPS).

    Des dizaines de citoyens sahraouis avaient organisé deux marches pacifiques au niveau des quartiers Oum Tounsi et Aksikisate avant que les forces d’occupation n’interviennent violemment, précise SPS, soulignant que deux jeunes «ont été blessés et emmenés de force au poste de police».

    Les forces d’occupation marocaines ont ensuite investi plusieurs maisons de citoyens sahraouis alors qu’une patrouille avait séquestré le militant sahraoui Ahmed Moussa Hamia.

    «Les forces d’occupation marocaines encerclent la ville qui a été visitée la semaine dernière par la caravane de la résistance composée de dizaines de véhicules avec à leur bord une délégation de juristes qui ont démarré d’Alger où ils ont pris part à la conférence sur le droit des peuples à la résistance : cas du peuple sahraoui.»

  • Ross à l’assaut du statu quo

    L’envoyé personnel du Secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, entamera, le 18 octobre, une nouvelle tournée dans la région pour voir comment relancer les pourparlers maroco-sahraouis sur la solution du conflit du Sahara occidental et en terminer avec un statu quo qui ne peut plus durer, selon M. Ban Ki-moon. Le SG de l’ONU devrait justement précéder M. Ross au Maroc où il doit prendre part à une conférence sur la gouvernance et, bien entendu, y rencontrer le roi Mohammed VI. 
     
    Une rencontre qui se tient après les débats de la 4e Commission sur le Sahara dont la résolution adoptée à l’unanimité revient une fois de plus sur l’autodétermination du peuple sahraoui, un passage qu’il faudra quand même prendre un jour ou l’autre si on veut une solution durable pour régler un conflit vieux déjà de 35 ans. Cependant, plus la communauté internationale réclame l’inclusion de l’autodétermination dans toute formule de règlement, plus le Maroc s’entête à dire que l’autodétermination, c’est terminé et qu’elle est morte de sa belle mort depuis la fin de la guerre froide… Comme si c’étaient les Russes qui sont à l’origine de ce merveilleux type d’arbitrage entre les humains et non pas les Américains. 
     
    Le commandeur des croyants refuse l’autodétermination même pour l’autonomie qu’il propose aux Sahraouis dans leurs terres que lui occupe. Que doivent-ils négocier alors les résistants du Polisario ? Une capitulation, eux qui par le passé avaient fait la preuve par 2 000 prisonniers pour nous convaincre que les FAR étaient prenables ? Faudrait-il rééditer la chose pour que Mohammed VI arrive, comme feu son père, à la conclusion qu’ »un mauvais accord vaut mieux qu’un bon procès » ? 
     
    Pour le moment, le trône ne semble pas près de quitter ses œillères. Qu’il accentue les dangers sur une région des plus convoitées par les prédateurs les plus sophistiqués de la scène mondiale ne semble pas le déranger outre mesure. Un danger que seule la RASD dénonce, les autres Etats du Maghreb n’osant pas la vérité. A Mejik, dans les territoires sous contrôle sahraoui, le Premier ministre de la RASD, Abdelkader Taleb Omar, mettait justement en garde contre un prolongement du statu quo. Sa persistance risque de conduire la région à une catastrophe, disait-il en substance.
    M. Z. ( mohamed_zaaf@yahoo.fr)
    Le Jeune Indépendant, 13/10/2010
  • Le sens d’une fête nationale

    Pour les Sahraouis, surtout le Front Polisario, la célébration du 12 octobre revêt une importance toute particulière.

    Cette date de l’année 1975 est marquée d’une pierre blanche, en ce sens qu’elle a consacré l’unité de toutes les tribus sahraouies pour faire face à l’occupant marocain.
    Cette fusion pour un idéal national s’est traduite, il y a 35 ans, par la création du Front Polisario, seul et unique représentant politique du peuple sahraoui. C’était juste après l’invasion militaire marocaine des territoires sahraouis après le retrait des troupes espagnoles. Pour le peuple sahraoui et sa jeune armée, c’est le début d’une longue lutte militaire d’abord, puis diplomatique contre l’occupant marocain.

    35 ans après et malgré l’incroyable cécité de la communauté internationale ainsi que la redoutable machine de propagande marocaine, le peuple sahraoui résiste stoïquement à cette entreprise de spoliation de sa terre et de ses richesses. Mieux encore, la mobilisation et l’aura du Front Polisario restent intactes.


    La ferveur observée hier à Mijek témoigne admirablement de cet attachement viscéral à l’autodétermination, mais surtout à la terre, quitte à verser encore du sang. Signe de la permanence de cette mobilisation, les Sahraouis ont suivi avec beaucoup d’intérêt le riche programme des activités politiques et culturelles concocté à l’occasion.
    Hassan Moali
    El Watan, 13/10/2010
  • Les sahraouis clarifient l’équation

    Les festivités commémoratives du 35e anniversaire de la Déclaration de l’unité du peuple sahraoui, qui se sont ouvertes hier à Mijek (territoires libérés), constituent un repère important dans la lutte pour l’autodétermination.

    Mijek (Territoires libérés du Sahara occidental).
    De notre envoyé spécial

    Le Premier ministre sahraoui, Abdelkader Taleb Omar, qui a présidé les festivités, en l’absence du président Abdelaziz en déplacement au Nigeria, a en tout cas clarifié certains enjeux et pris son peuple et la communauté internationale à témoins.


    Son message ? La République sahraouie indépendante n’est et ne sera jamais un repaire pour les terroristes d’Al Qaîda et encore moins une zone de transit pour l’immigration clandestine et le trafic de drogue. La mise au point est aussi claire que l’ont été les accusations marocaines. Le Premier ministre sahraoui avait à cœur de préciser, hier, devant un bataillon de 1200 soldats de la 3e région militaire, que la République sahraouie est soucieuse, au même titre que tous les pays du Maghreb et du Sahel, de lutter contre les fléaux menaçant la stabilité de la région. La preuve ? Le choix de Mijek située à seulement 18 km de la frontière mauritanienne – plaque tournante du trafic en tout genre, de la contrebande et de l’immigration clandestine – est décliné comme un symbole de l’engagement de la RASD à assumer sa part de responsabilité dans la lutte contre ces facteurs qui constituent de potentielles sources de crise dans toute la région. Le geste se veut être, à la fois, un engagement vis-à-vis des pays occidentaux et un défi à la propagande marocaine qui tend à présenter les Sahraouis comme des alliés objectifs d’Al Qaîda.

    Or le Premier ministre sahraoui a inversé complètement l’hypothèse en faisant remarquer que le non-règlement du conflit conformément à la légalité internationale est précisément un risque majeur pour la stabilité. «La persistance du conflit retarde forcément la coopération entre les pays du Maghreb dans la lutte contre des fléaux transnationaux, comme la drogue, le terrorisme, et l’immigration clandestine», a–t-il mis déclaré.

    Mais pas seulement, puisque «désormais, même les intérêts vitaux des pays européens et du monde sont sérieusement menacés», assènera encore Abdelkader Taleb Omar. Au plan régional, le Premier ministre sahraoui s’est fait fort d’affirmer que «la politique d’expansion marocaine constitue un frein à la construction maghrébine et sape les liens entre les peuples».
    C’est pourquoi, il a appelé l’Espagne à assumer sa «responsabilité historique» dans le processus de décolonisation du Sahara et la France à œuvrer au «respect du droit international et des droits de l’homme au Sahara occidental au lieu de saborder les initiatives de ce genre».

    Démonstration de force

    A l’ONU, le Premier ministre sahraoui lui demande «d’enclencher une dynamique politique pour régler le conflit». Parce que, le peuple sahraoui, a-t-il observé, n’entend pas rester les bras croisés et se lamenter sur son sort. «Il faut éviter l’irréparable», tonne Abdelkader Taleb Omar dans un message subliminal à une possible reprise des armes, si d’aventure l’autodétermination devenait illusoire dans le cadre de la légalité internationale. Et cette mise en garde aura été le clou de cette démonstration de force hier à Mijek, façon de dire au monde que le peuple sahraoui et son représentant, le Polisario, savent respecter le droit international et la négociation, mais savent également manipuler les armes s’ils y sont obligés.


    C’est, en effet, devant une foule nombreuse et survoltée que les différentes unités du bataillon de la 3e région militaire ont paradé sous le regard fier et solennel du Premier ministre de la RASD qui a procédé à la revue des effectifs, debout à bord d’une jeep de l’Armée de libération populaire sahraouie (ALPS). Le commandant en chef de la 3e région militaire, Hamdi Khalil Miara, a annoncé la couleur, dans son allocution, en soulignant que «ses troupes étaient prêtes».

    Lui aussi a insisté sur le fait que les unités de l’ALPS luttent sur plusieurs fronts, notamment le trafic de drogue et l’immigration clandestine, confirmant ainsi les engagements politiques de la RASD.

    Il a assuré également que ses troupes entretiennent d’«excellents» rapports avec la mission de l’ONU à Mijek et «respectent» le cessez-le-feu depuis sa proclamation. Jusqu’à quand encore ? Les milliers de Sahraouis, dont certains sont venus d’Amérique latine, qui assistaient hier au défilé sous un soleil de plomb, ne se font, certes, pas d’illusions sur le processus politique, mais l’ont crié bruyamment et sans allusions : «Al Maghrib Barra !» (Maroc dehors !) et «La lilhoukm Edhati, Al Istiqlal Ati» (Non à l’autonomie, l’indépendance arrivera !).

    A cette ferveur militante, le Premier ministre répondra sagement : «Attendons le 13e congrès du Polisario, l’année prochaine, pour décider de ce que nous allons faire.» 
    Hassan Moali
    El Watan, 13/10/2010
  • L’influence du lobby pro-israélien aux États-Unis. Et en France… ?

    Le journal Le Monde du 03/09/2010, et Libération du 01/09/2010, ont consacré chacun un article de près d’une page sur le poids du lobby sioniste aux États-Unis, et son influence sur la politique étrangère américaine. Nous apprenons ainsi que pour resserrer les liens entre l’administration Obama et Israël, Susan Sher, secrétaire générale de Michelle Obama (l’épouse du Président), a été chargée de faire la liaison entre les élus juifs et les associations du même type. De leur côté, Dan Shapiro, responsable du dossier israélo-palestinien au Conseil national de Sécurité, et Dennis Ross, conseiller spécial du Président, participent chaque semaine à une conférence téléphonique avec les dirigeants des principales organisations sionistes américaines. On apprend également, par une note du département d’État, que l’administration Obama a accordé cette année 3 milliards de dollars à Israël pour sa sécurité, avec un engagement sur 10 ans. Cette somme représente plus de la moitié de l’aide militaire internationale des États-Unis. Par ailleurs au début du mois de juillet, Dan Shapiro avait fait mention des mesures prises par Obama pour garantir la supériorité militaire d’Israël, comme par exemple la demande de 205 millions de dollars au Congrès pour la production du système israélien de défense anti-roquettes « Iron Dome ».

    Connaissez-vous Alan Solow ? Il a été élu en décembre 2008 (après l’élection d’Obama), à la tête de la Conférence des Présidents des principales organisations juives américaines. C’est un vieil ami d’Obama depuis sa période à Chicago, et il est ce que l’on appelle en France depuis l’affaire Bettencourt un « grand donateur » de la campagne électorale démocrate. En 2008, Alan Solow avait promis : « Obama sera le premier Président juif des États-Unis » (Libération du 01/09/2010, p.5). Il ajoute aujourd’hui : « Obama comprend parfaitement l’histoire du peuple juif et l’importance de l’existence d’Israël. Comme nous, il sait aborder les choses dans toutes leurs perspectives ». A qui renvoie ce « nous » ? Au peuple américain ou aux sionistes ?

    Tout cela nous en dit long sur le prétendu changement de la politique américaine avec Obama, qui a pu faire illusion quelques temps auprès des bobos parisiens. Stephen Walt, co-auteur de l’excellent ouvrage « Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine », paru en français aux éditions La Découverte, précise par ailleurs : « à cause de ce lobby pro-israélien, Obama ne peut pas faire vraiment pression sur Israël. Il ne peut pas menacer de réduire l’aide militaire à Israël. Le Congrès ne le laisserait pas faire ». Cet écrivain a tout à fait raison, mais malgré son courage et son intelligence il oublie de poser la bonne question : peut-on être investi et ensuite élu à la présidence des États-Unis, sans le soutien du lobby pro-israélien à qui on a dû donner au préalable tous les gages nécessaires de bons et loyaux services ? Ce type de lobby n’a en effet pas pour habitude de faire confiance sur parole, et à la légère…

    Deux des principaux quotidiens français se sont donc intéressés, en même temps, au lobby sioniste des États-Unis et à son influence sur la politique étrangère américaine. L’un d’eux – Le Monde – va même jusqu’à évoquer le poids de « l’électorat juif » en Floride. La teneur de ces articles confirme le bien-fondé de l’appellation « USraël » lorsque nous parlons des États-Unis. Avec ou sans Obama, toute l’administration américaine est sous la coupe de ce lobby. Son Président actuel n’a fait que donner une meilleure image de la politique américaine après la période Bush. En réalité, il s’agit bel et bien de la même politique mais par d’autres moyens, plus insidieux, plus dissimulés, et ce dans un contexte d’affaiblissement de l’Empire USraélien. D’ailleurs personne n’attend quoi que ce soit des manœuvres diplomatiques de cette administration, et en particulier des négociations qui ont commencé à Washington entre « l’Autorité palestinienne » et l’entité sioniste.

    La presse française, comme on vient de le voir, a ainsi le courage et le savoir-faire pour expliquer à ses lecteurs le fonctionnement du lobby sioniste aux États-Unis, et l’inévitable soumission du Président américain à Israël et à son lobby. Félicitations, même si nous nous en doutions déjà un peu ! Mais quand aurons-nous dans ces mêmes quotidiens des articles équivalents sur le lobby sioniste dans notre pays, et son influence sur la politique française ? Pourquoi la grande presse et la classe politique dans son ensemble sont-elles si gênées quand on aborde ce sujet ? D’où vient la difficulté à voir et à désigner ce lobby ? Peut-être n’existe-t-il pas diront certains naïfs, ou d’autres qui font semblant de l’être ! Mais alors, pourquoi une telle soumission au CRIF, à la LICRA et à toutes ces organisations sionistes qui font régner leur loi dans l’enseignement, la magistrature, les médias et la politique ? A moins que ce ne soit dû à la peur : peur des procès, peur d’être qualifié d’antisémite, peur d’être exclu des médias et plateaux télévisés, peur de se voir stigmatisé et poursuivi… Demandez donc à M. Dieudonné ce qu’il en pense !

    Voilà donc un sujet de reportage qui serait du plus haut intérêt pour nos compatriotes français, et qui leur permettrait sans doute de mieux comprendre certaines réalités. Par exemple, pourquoi nous parle-t-on abondamment du soldat franco-israélien prisonnier de guerre, Gilad Shalit, et jamais des 11 000 résistants palestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes ? Pourquoi le gouvernement français soutient-il systématiquement Israël, et ne demande jamais d’inspection de son arsenal nucléaire ? Ces questions suffisent à justifier des reportages sur le lobby sioniste en France. Et si les journalistes d’investigation ne savent pas trop où aller pour réaliser ces reportages, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter, nous leur fournirons les bonnes adresses !

    Yahia Gouasmi,
    Président du Parti Anti Sioniste. 

    PAS, 9/9/2010
  • Ce que j’ai vu

    Personnellement, je n’ai jamais entendu grand chose sur des patriotismes, mais de liberté, oui. Et plus je connais la réalité du peuple sahraoui, mieux je comprends l’intime relation qui ont, dans leur cas, les deux concepts. Laissez-moi m’expliquer.

    Le mois de juillet dernier, après avoir longtemps entendu que les délégations d’activistes sahraouis des droits de l’homme qui avaient commencé à rendre visite aux camps de Tindouf, étaient reçus par la police marocaine avec beaucoup de violence lors de leurs retours à El Aaiun (le fameux Groupe des Sept a été arrêté et trois de ses membres séjournent encore en prison) nous avons décidé de voyager pour le vérifier.

    Ce que nous avons vu alors depuis une fenêtre, à quelques mètres, c’est que, en effet, ces accueils sont des actes revendicatifs de l’indépendance du Sahara Occidental, oui. Les activistes descendent des véhicules au milieux des slogans et bradant un drapeau et, avant d’entrer dans le logement où leurs amis et parents les attendent, sont passés à tabac.

    C’est un passage à tabac annoncé. Ils savent que cela va arriver. Parce que la maison est assiégée par des centaines de policiers quelques heures avant leur arrivée. Mais, dans un territoire occupé en attente d’un référendum qui lui donne un titre de propriété, les défenseurs de l’une des positions, ne devraient-ils pas pouvoir la revendiquer pacifiquement? Cela serait la liberté.

    La semaine passée, 72 activistes se sont déplacés à Alger et sont revenus accompagnés d’une dizaine d’observateurs internationaux. Ils l’ont fait en trois groupes et dans le deuxième accueil, lorsque l’acteur Willy Toledo essaya de filmer à l’aéroport, plusieurs policiers se sont jetés sur lui et lui ont arraché la caméra en effaçant le contenu, et ont frappé, avec plus de violence qu’avec lui, plusieurs activistes. Une des femmes sahraouies, une fois terminé la raclée, avait une petite blessure dans le pied, et une heure après, la jambe enflammée.

    Les forces de sécurité du Maroc avaient, selon la presse de ce pays, « des ordres de ne pas tomber dans les provocations des observateurs internationaux ». Et à cette occasion, la provocation, selon le ministre de la communication, était filmer la police. Et là-dessus, il y en a qui veulent centrer le débat.

    Moi, si vous permettez, je peux ajouter des détails. Lorsqu’il n’y a pas d’observateurs, non pas à cause du poids médiatique qu’ils avaient à cette occasion, la violence se déchaîne en quelques secondes. Cette fois-ci, la police n’a pas chargé contre les activistes, mais les a entourés, leur a fait des gestes avec l’index sur le cou, les a criés dessus et poussés. Je ne peux pas confirmer les menaces parce que ce sont les sahraouis qui m’en ont fait la traduction. Peut-être qu’ils étaient en train de saluer, mais je peux vous transmettre l’attitude agressive. Ça, je l’ai vu.

    Les espagnols, à aucun moment, n’ont répondu à ces agressions et, croyez-moi, ni Willy ni personne qui ne soit pas là, qui vive cette réalité au quotidien, aurait le courage de le faire, de provoquer plus de 100 policiers. Pardon, je rectifie, il peut y avoir des insensés avec un désir de protagonisme, je ne veux pas en parler. Mais ce n’était pas le cas. Ça, je peux l’affirmer, parce que je l’ai vu.

    J’ai vu un groupe d’espagnols d’âge moyen, à coté de trois autres jeunes et Toledo en personne ou le conseiller de la Région de Canaries Carmelo Ramirez, se poster devant la porte d’une maison pleine de sahraouis et face aux agents –habillés en civil et, parfois, ils laissent entrevoir une matraque en dessous des vêtements- et supporter ces gestes et basculades sans bouger un sourcil. Et sans fuite, ni en avant ni en arrière.

    Je les ai vus aussi regarder stupéfiés une protestation pacifique d’une centaine d’activistes sahraouis qui, profitant de leur présence, voulaient crier au monde leur souffrance. Et qu’ils n’ont pas trouvé meilleure façon de l’exprimer – et à mon avis, c’était génial – que le silence.

    On dit que ce n’est pas nécessaire d’avoir du courage pour faire quelque chose, lorsque ce quelque chose c’est la seule chose que tu peux faire. Et ainsi, l’un pense que les sahraouis se trouvent entre l’épée et le mur. Mais c’est vrai qu’ils ont une autre option : celle de se taire, ne pas protester, ne pas revendiquer. Il n’y a que de la sorte qu’ils éviteraient les coups. Mais, n’est-ce pas cela de la répression?

    Il ne s’agit pas seulement des plaintes de Toledo ou Ramirez, d’un doigt cassé ou d’une photo inopportune, mais des plaintes de centaines d’organisations, de Human Rights Watch, d’Amensty International, de groupes de parlementaires européens. La dernière que j’ai entendue était celle d’un haut commandement de la MINURSO déjà retraité, qui raconte à qui veut l’écouter comment il a vu avec ses propres yeux les autorités marocaines commettre tout genre de brutalités contre la population sahraouie en 2005, « sans pouvoir rien faire ». Parce que ce n’était pas dans ses prérogatives.

    Telle est la réalité des faits, non pas une mise en scène : la résistance sahraouie, au moins celle de ceux qui vainquent la peur, c’est un exercice de liberté. La liberté d’aspirer à récupérer sa patrie. Et faire taire ces aspirations avec des coups, cela s’appelle répression. Comment quelques-une peuvent le retourner en affaire aussi compliquée? 
    Laura Gallego

    Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui
  • L’influence du lobby pro-israélien aux États-Unis. Et en France… ?

    Le journal Le Monde du 03/09/2010, et Libération du 01/09/2010, ont consacré chacun un article de près d’une page sur le poids du lobby sioniste aux États-Unis, et son influence sur la politique étrangère américaine. Nous apprenons ainsi que pour resserrer les liens entre l’administration Obama et Israël, Susan Sher, secrétaire générale de Michelle Obama (l’épouse du Président), a été chargée de faire la liaison entre les élus juifs et les associations du même type. De leur côté, Dan Shapiro, responsable du dossier israélo-palestinien au Conseil national de Sécurité, et Dennis Ross, conseiller spécial du Président, participent chaque semaine à une conférence téléphonique avec les dirigeants des principales organisations sionistes américaines. On apprend également, par une note du département d’État, que l’administration Obama a accordé cette année 3 milliards de dollars à Israël pour sa sécurité, avec un engagement sur 10 ans. Cette somme représente plus de la moitié de l’aide militaire internationale des États-Unis. Par ailleurs au début du mois de juillet, Dan Shapiro avait fait mention des mesures prises par Obama pour garantir la supériorité militaire d’Israël, comme par exemple la demande de 205 millions de dollars au Congrès pour la production du système israélien de défense anti-roquettes « Iron Dome ».

    Connaissez-vous Alan Solow ? Il a été élu en décembre 2008 (après l’élection d’Obama), à la tête de la Conférence des Présidents des principales organisations juives américaines. C’est un vieil ami d’Obama depuis sa période à Chicago, et il est ce que l’on appelle en France depuis l’affaire Bettencourt un « grand donateur » de la campagne électorale démocrate. En 2008, Alan Solow avait promis : « Obama sera le premier Président juif des États-Unis » (Libération du 01/09/2010, p.5). Il ajoute aujourd’hui : « Obama comprend parfaitement l’histoire du peuple juif et l’importance de l’existence d’Israël. Comme nous, il sait aborder les choses dans toutes leurs perspectives ». A qui renvoie ce « nous » ? Au peuple américain ou aux sionistes ?

    Tout cela nous en dit long sur le prétendu changement de la politique américaine avec Obama, qui a pu faire illusion quelques temps auprès des bobos parisiens. Stephen Walt, co-auteur de l’excellent ouvrage « Le lobby pro-israélien et la politique étrangère américaine », paru en français aux éditions La Découverte, précise par ailleurs : « à cause de ce lobby pro-israélien, Obama ne peut pas faire vraiment pression sur Israël. Il ne peut pas menacer de réduire l’aide militaire à Israël. Le Congrès ne le laisserait pas faire ». Cet écrivain a tout à fait raison, mais malgré son courage et son intelligence il oublie de poser la bonne question : peut-on être investi et ensuite élu à la présidence des États-Unis, sans le soutien du lobby pro-israélien à qui on a dû donner au préalable tous les gages nécessaires de bons et loyaux services ? Ce type de lobby n’a en effet pas pour habitude de faire confiance sur parole, et à la légère…

    Deux des principaux quotidiens français se sont donc intéressés, en même temps, au lobby sioniste des États-Unis et à son influence sur la politique étrangère américaine. L’un d’eux – Le Monde – va même jusqu’à évoquer le poids de « l’électorat juif » en Floride. La teneur de ces articles confirme le bien-fondé de l’appellation « USraël » lorsque nous parlons des États-Unis. Avec ou sans Obama, toute l’administration américaine est sous la coupe de ce lobby. Son Président actuel n’a fait que donner une meilleure image de la politique américaine après la période Bush. En réalité, il s’agit bel et bien de la même politique mais par d’autres moyens, plus insidieux, plus dissimulés, et ce dans un contexte d’affaiblissement de l’Empire USraélien. D’ailleurs personne n’attend quoi que ce soit des manœuvres diplomatiques de cette administration, et en particulier des négociations qui ont commencé à Washington entre « l’Autorité palestinienne » et l’entité sioniste.

    La presse française, comme on vient de le voir, a ainsi le courage et le savoir-faire pour expliquer à ses lecteurs le fonctionnement du lobby sioniste aux États-Unis, et l’inévitable soumission du Président américain à Israël et à son lobby. Félicitations, même si nous nous en doutions déjà un peu ! Mais quand aurons-nous dans ces mêmes quotidiens des articles équivalents sur le lobby sioniste dans notre pays, et son influence sur la politique française ? Pourquoi la grande presse et la classe politique dans son ensemble sont-elles si gênées quand on aborde ce sujet ? D’où vient la difficulté à voir et à désigner ce lobby ? Peut-être n’existe-t-il pas diront certains naïfs, ou d’autres qui font semblant de l’être ! Mais alors, pourquoi une telle soumission au CRIF, à la LICRA et à toutes ces organisations sionistes qui font régner leur loi dans l’enseignement, la magistrature, les médias et la politique ? A moins que ce ne soit dû à la peur : peur des procès, peur d’être qualifié d’antisémite, peur d’être exclu des médias et plateaux télévisés, peur de se voir stigmatisé et poursuivi… Demandez donc à M. Dieudonné ce qu’il en pense !

    Voilà donc un sujet de reportage qui serait du plus haut intérêt pour nos compatriotes français, et qui leur permettrait sans doute de mieux comprendre certaines réalités. Par exemple, pourquoi nous parle-t-on abondamment du soldat franco-israélien prisonnier de guerre, Gilad Shalit, et jamais des 11 000 résistants palestiniens qui croupissent dans les prisons israéliennes ? Pourquoi le gouvernement français soutient-il systématiquement Israël, et ne demande jamais d’inspection de son arsenal nucléaire ? Ces questions suffisent à justifier des reportages sur le lobby sioniste en France. Et si les journalistes d’investigation ne savent pas trop où aller pour réaliser ces reportages, qu’ils n’hésitent pas à nous contacter, nous leur fournirons les bonnes adresses !

    Yahia Gouasmi,
    Président du Parti Anti Sioniste. 

    PAS, 9/9/2010
  • Ce que j’ai vu

    Personnellement, je n’ai jamais entendu grand chose sur des patriotismes, mais de liberté, oui. Et plus je connais la réalité du peuple sahraoui, mieux je comprends l’intime relation qui ont, dans leur cas, les deux concepts. Laissez-moi m’expliquer.

    Le mois de juillet dernier, après avoir longtemps entendu que les délégations d’activistes sahraouis des droits de l’homme qui avaient commencé à rendre visite aux camps de Tindouf, étaient reçus par la police marocaine avec beaucoup de violence lors de leurs retours à El Aaiun (le fameux Groupe des Sept a été arrêté et trois de ses membres séjournent encore en prison) nous avons décidé de voyager pour le vérifier.

    Ce que nous avons vu alors depuis une fenêtre, à quelques mètres, c’est que, en effet, ces accueils sont des actes revendicatifs de l’indépendance du Sahara Occidental, oui. Les activistes descendent des véhicules au milieux des slogans et bradant un drapeau et, avant d’entrer dans le logement où leurs amis et parents les attendent, sont passés à tabac.

    C’est un passage à tabac annoncé. Ils savent que cela va arriver. Parce que la maison est assiégée par des centaines de policiers quelques heures avant leur arrivée. Mais, dans un territoire occupé en attente d’un référendum qui lui donne un titre de propriété, les défenseurs de l’une des positions, ne devraient-ils pas pouvoir la revendiquer pacifiquement? Cela serait la liberté.

    La semaine passée, 72 activistes se sont déplacés à Alger et sont revenus accompagnés d’une dizaine d’observateurs internationaux. Ils l’ont fait en trois groupes et dans le deuxième accueil, lorsque l’acteur Willy Toledo essaya de filmer à l’aéroport, plusieurs policiers se sont jetés sur lui et lui ont arraché la caméra en effaçant le contenu, et ont frappé, avec plus de violence qu’avec lui, plusieurs activistes. Une des femmes sahraouies, une fois terminé la raclée, avait une petite blessure dans le pied, et une heure après, la jambe enflammée.

    Les forces de sécurité du Maroc avaient, selon la presse de ce pays, « des ordres de ne pas tomber dans les provocations des observateurs internationaux ». Et à cette occasion, la provocation, selon le ministre de la communication, était filmer la police. Et là-dessus, il y en a qui veulent centrer le débat.

    Moi, si vous permettez, je peux ajouter des détails. Lorsqu’il n’y a pas d’observateurs, non pas à cause du poids médiatique qu’ils avaient à cette occasion, la violence se déchaîne en quelques secondes. Cette fois-ci, la police n’a pas chargé contre les activistes, mais les a entourés, leur a fait des gestes avec l’index sur le cou, les a criés dessus et poussés. Je ne peux pas confirmer les menaces parce que ce sont les sahraouis qui m’en ont fait la traduction. Peut-être qu’ils étaient en train de saluer, mais je peux vous transmettre l’attitude agressive. Ça, je l’ai vu.

    Les espagnols, à aucun moment, n’ont répondu à ces agressions et, croyez-moi, ni Willy ni personne qui ne soit pas là, qui vive cette réalité au quotidien, aurait le courage de le faire, de provoquer plus de 100 policiers. Pardon, je rectifie, il peut y avoir des insensés avec un désir de protagonisme, je ne veux pas en parler. Mais ce n’était pas le cas. Ça, je peux l’affirmer, parce que je l’ai vu.

    J’ai vu un groupe d’espagnols d’âge moyen, à coté de trois autres jeunes et Toledo en personne ou le conseiller de la Région de Canaries Carmelo Ramirez, se poster devant la porte d’une maison pleine de sahraouis et face aux agents –habillés en civil et, parfois, ils laissent entrevoir une matraque en dessous des vêtements- et supporter ces gestes et basculades sans bouger un sourcil. Et sans fuite, ni en avant ni en arrière.

    Je les ai vus aussi regarder stupéfiés une protestation pacifique d’une centaine d’activistes sahraouis qui, profitant de leur présence, voulaient crier au monde leur souffrance. Et qu’ils n’ont pas trouvé meilleure façon de l’exprimer – et à mon avis, c’était génial – que le silence.

    On dit que ce n’est pas nécessaire d’avoir du courage pour faire quelque chose, lorsque ce quelque chose c’est la seule chose que tu peux faire. Et ainsi, l’un pense que les sahraouis se trouvent entre l’épée et le mur. Mais c’est vrai qu’ils ont une autre option : celle de se taire, ne pas protester, ne pas revendiquer. Il n’y a que de la sorte qu’ils éviteraient les coups. Mais, n’est-ce pas cela de la répression?

    Il ne s’agit pas seulement des plaintes de Toledo ou Ramirez, d’un doigt cassé ou d’une photo inopportune, mais des plaintes de centaines d’organisations, de Human Rights Watch, d’Amensty International, de groupes de parlementaires européens. La dernière que j’ai entendue était celle d’un haut commandement de la MINURSO déjà retraité, qui raconte à qui veut l’écouter comment il a vu avec ses propres yeux les autorités marocaines commettre tout genre de brutalités contre la population sahraouie en 2005, « sans pouvoir rien faire ». Parce que ce n’était pas dans ses prérogatives.

    Telle est la réalité des faits, non pas une mise en scène : la résistance sahraouie, au moins celle de ceux qui vainquent la peur, c’est un exercice de liberté. La liberté d’aspirer à récupérer sa patrie. Et faire taire ces aspirations avec des coups, cela s’appelle répression. Comment quelques-une peuvent le retourner en affaire aussi compliquée? 
    Laura Gallego

    Traduction non-officielle de Diaspora Saharaui