Mois : octobre 2010

  • Encore une fois, le Roi Mohamed VI met marche arrière dans sa politique

    Mohamed VI: «Je serai heureux de vous accueillir dans de  meilleures circonstances» 

    Je serai heureux de vous accueillir dans de meilleures circonstances». C’est avec cette expression courtoise et diplomatique que le roi du Maroc a ajourné sa rencontre avec le chef de l’Etat israélien, Shimon Pérès. Ce dernier n’a pas trouvé mieux que d’annuler sa visite prévue au royaume chérifien officiellement pour prendre part au congrès économique de Davos qui se tiendra normalement à Marrakech, la semaine prochaine. Le chef de l’entité sioniste a déclaré par la même occasion qu’il ne saurait visiter un Etat sans être reçu par son chef d’Etat. 

    Dans une lettre d’excuse du roi du Maroc, publiée et commentée par le quotidien israélien « Idoot Ahronot », envoyée à Pérès dans laquelle il considère ce boucher de l’humanité comme « personnalité très estimée au Maroc » mais dit-il en regrettant que les circonstances actuelles, marquées par les négociations israélo-palestiniennes achoppées par le refus du gouvernement israélien de geler la construction des colonies, ne permettent pas cette rencontre. Le jeune monarque souhaite en concluant qu’il le rencontrera dans une meilleure occasion ». Autrement dit, le roi du Maroc a refusé la rencontre de son homologue sioniste par honte ou par peur d’affronter l’opinion publique arabe qui verra en cette visite une vraie trahison de leur cause principale.

    La Palestine. Shimon Pérès, rappelons-le, a été reçu au Maroc, à Ifrane précisément en 1987 par feu Hassan II. C’était un geste qui avait suscité un tollé à l’époque, alors que Pérès était Premier ministre. Les relations secrètes entre le palais royal à Rabat et l’Etat d’Israël est devenu un secret de polichinelle. Ces relations ne se limitent malheureusement pas à l’Etat sioniste mais sont élargies aux milieux sionistes les plus redoutables en Europe et en Amérique. Des témoignages documentés attestent l’existence de relations douteuses entre le royaume chérifien et le sionisme international et ce, depuis l’indépendance du pays. C’est grâce à ces relations, expliquent certains observateurs, que la monarchie marocaine a résisté aux vents et marées. Le Maroc a toujours été le sous-marin d’Israël » pour reprendre l’expression du feu Simon Maley (Afrique-Asie).

    D’ailleurs, les sinistres accords de Camp David ont pris naissance à Ifrane avant de voir leur aboutissement en Egypte. Hassan II était l’artisan principal de ce traité de capitulation des Arabes après trois décennies de luttes et de résistances. Le royaume chérifien n’est pas aussi Charif comme son titre veut l’indiquer. 
  • Ross appelé «à accélérer l’organisation du référendum»

    Des propos qui interviennent à la veille de la visite qu’effectue aujourd’hui Christopher Ross aux camps des réfugiés sahraouis, à Tindouf en Algérie durant laquelle il rencontrera les représentants du Front Polisario et les responsables de la République arabe sahraouie démocratique. Mohamed Salem Ould Salek a rappelé dans ses propos que le mandat assigné en 1991 à la mission onusienne (Minurso) au Sahara Occidental illustre à lui seul la voie par laquelle s’articulera la solution au conflit opposant le Front Polisario et le Maroc sur ce territoire. Il s’agit de mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental. 

    A ce propos, pour le Front Polisario et le gouvernement sahraoui, il est attendu des Nations unies qu’«elles assument leurs pleines responsabilités à l’égard du peuple sahraoui» et de «mettre un terme à l’occupation marocaine du Sahara Occidental, par l’exercice du peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et mettant ainsi fin à la répression systématique contre les Sahraouis dans les territoires occupés», a indiqué M. Ould Salek. Réaffirmant que la partie sahraouie «est disposée à travailler avec Christopher Ross et à l’aider dans l’accomplissement de sa mission, à savoir la décolonisation du Sahara Occidental», le ministre sahraoui a, en outre, souligné que «l’entrave marocaine avec l’appui de la France» bloque le processus de décolonisation du Sahara Occidental induisant un statu quo intenable. 

    Ne manquant pas à ce propos d’appeler les Nations unies à faire preuve de responsabilité et de «voir d’où vient le problème», selon M. Salem Ould Salek. Concernant la situation dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, le responsable sahraoui a rappelé que le gouvernement sahraoui et le Font Polisario avaient lancé un appel «pressant» aux Nations unies, au HCR, au CICR et à toutes les organisations de défense des droits de l’homme pour «empêcher les forces coloniales marocaines de commettre un massacre massif» et ce, au vu de l’oppression et de la répression qui s’abat sur les Sahraouis des territoires occupées. 

    Une politique coloniale qui à été à l’origine de la réaction des Sahraouis des territoires occupés qui ont été «poussés à fuir les villes occupées, symboles de misère, de répression et d’humiliation». Les habitants d’El-Ayoun occupée ont dressé dans la région de Gdem Izik, à 18 Km au sud-est de la ville, un campement de fortune où «croupissent, dans des conditions inhumaines, des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes», selon les propos de M. Salem Ould Salek. L’explosion de la situation socio-économique dans les territoires occupés est le «résultat immédiat de la politique de l’occupant marocain durant les trois dernières décennies», a affirmé le ministre sahraoui. 

    M. Ould Salek en soulignant que la politique coloniale marocaine a été aussi à l’origine du «pillage des ressources naturelles (phosphate, pêche, agriculture, etc.) pour financer la guerre et équiper l’armée d’agression». Aussi, pour ce même responsable, le «transfert massif des citoyens marocains vers les villes sahraouies occupées dans le cadre d’une politique de peuplement de colons». Une politique propre à tout système colonial qui vise à apporter des changements sur la donne démographique à propos de laquelle, le responsable sahraoui, a indiqué «que les colons marocains sont aujourd’hui largement majoritaires sur le plan numérique». Autre élément évoqué : «les tentatives du colonisateur marocain de liquider l’identité nationale sahraouie» par le biais d’«une politique globale qui va de la liquidation physique aux violations des droits de l’homme et aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dans l’objectif de mettre fin à la volonté d’indépendance du peuple sahraoui», a averti le ministre sahraoui des AE. D’où la politique coloniale marocaine de «l’isolement des territoires occupés du monde extérieur par les autorités d’occupation marocaines» via l’interdiction des observateurs étrangers, de la presse internationale, ainsi que des ONG pour cacher la réalité.
    R. I.
    La Nouvelle République, 20/10/2010
  • Rabat fera-t-il machine arrière sur son plan d’autonomie

    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a mis, hier à Alger, le Maroc et le Front Polisario devant leurs responsabilités en exigeant la tenue de négociations sans préalable entre les deux parties, car le statu quo sur cette question est « intenable », estime-t-il. La proposition d’autonomie marocaine avancée comme seule base de négociations avec le Front Polisario, et considérée par ce dernier comme un préalable, bloque toute avancée dans les discussions entre les deux parties. 

    Après ses entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, l »envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a appelé le Maroc et le Front Polisario à entamer des négociations « sans conditions préalables » et de « bonne foi », tenant compte des efforts déployés depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis cette date, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l »autodétermination du peuple du Sahara occidental. Il écarte ainsi toute condition préalable à ces négociations, d’où l’obligation pour le Maroc de revoir sa position basée essentiellement sur la proposition d’autonomie qu’il veut imposer comme seule base des discussions. 

    C’est la seule solution pour faire avancer le dossier, car le diplomate américain a affirmé, après l’audience que lui a accordée le chef de l’État algérien, qu’ »il n »y a pas de doute que le statu quo dans la question du Sahara occidental est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu »il entraîne ». Ross a souligné que « les parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) doivent maintenant faire preuve de volonté politique nécessaire pour le surmonter (statu quo) », avant d’ajouter que « ceci exige des négociations sans conditions ». L »envoyé personnel du secrétaire général de l »ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a également indiqué que « comme lors de mes visites précédentes, cette nouvelle tournée a pour but principal de m »aider à déblayer le chemin vers des négociations constructives entre le royaume du Maroc et le Front Polisario avec la coopération des États de la région, y compris les pays voisins, dont le Conseil de sécurité a émis le vœu à maintes reprises ». Il a déclaré que « les échanges avec le président Bouteflika et son équipe ont porté sur les aspects principaux du dossier, ainsi que sur la nécessité de relancer les mesures de confiance actuelles et de mettre en œoeuvre les nouvelles mesures prévues par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ». 

    Dans le même ordre d’idées, l’émissaire onusien a révélé, au sujet de ses discussions avec le président algérien : « Nous avons également évoqué le climat politique dans le région. » Concernant les détails de cette quatrième tournée qu’il effectue dans la région, il dit : « Dans les jours à venir, je me rendrai dans la région de Tindouf (Algérie), en Mauritanie et au Maroc, afin de poursuivre les préparatifs de la 3e réunion de pourparlers informels prévue pour le mois de novembre et qui vise à préparer la voie à des négociations formelles. » Il émettra l »espoir de voir les parties sortir de l »impasse actuelle et entamer les négociations intensives et substantielles sur l »avenir du Sahara occidental. 

    La veille, Christopher Ross a été reçu par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Il s »efforce de faire redémarrer des pourparlers directs sous l »égide de l »ONU entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis sur l »avenir du territoire. Des représentants des deux parties s »étaient séparés en février après une réunion informelle de deux jours près de New York, sans parvenir à surmonter leurs désaccords.
    Hi, Algérie, 19/10/2010
  • Un petit tour et puis s’en va ?

    «Il n’y a pas de doute que le statu quo est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne», a déclaré hier à la presse l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la République, Abdelaziz Bouteflika. Cette déclaration est lourde de sens et de significations, a fortiori émanant d’un si haut placé. Celui-là même qui a hérité de cet épineux dossier pour tenter de dépasser précisément l’impasse qui le caractérise depuis plus de 30 ans. 

    Après l’infructueuse gestion qui en a été faite par son prédécesseur, Peter Van Walsum, ce dernier se doit de donner un coup d’accélérateur aux négociations qui sont censées aboutir à une solution définitive à ce conflit, considéré comme étant le denier cas de décolonisation en Afrique. Or, il est à craindre, encore une fois, que ce cinquième round des négociations ne connaisse le même sort que les précédents en raison de l’absence de possibilité de consensus, dès lors que les positions des parties antagonistes sont opposées sur le principe d’autodétermination du peuple sahraoui. Une position que le Maroc se refuse à concéder en vue de faire avancer les pourparlers, cela au moment où le Front Polisario et le peuple sahraoui sont déterminés à poursuivre leur résistance jusqu’à la libération de leurs territoires de la présence marocaine.

    Lorsque Ross évoque la difficulté du statu quo, il nous renvoie nécessairement vers le vécu des milliers de familles sahraouies qui endurent au quotidien en tentant de survivre face à des conditions climatiques et sociales des plus atroces. Censés les abriter pour une durée provisoire, les camps des réfugiés érigés, dans la précipitation depuis l’invasion marocaine du territoire sahraoui ont fini par s’inscrire dans la durée. La nouvelle génération qui y a vu le jour et y a grandi n’aura pas connu plus que l’horizon bouché de la parcelle de terrain et de ciel à laquelle elle a droit sur notre sol, et ce, à la faveur de la solidarité et l’hospitalité qui lui ont été offertes par le gouvernement algérien. Les Sahraouis des camps de Tindouf survivent, pour ainsi dire, au jour le jour en dépendant exclusivement de la générosité des pays et autres organismes humanitaires donateurs. Lorsque les dons se raréfient, le spectre d’une famine plane alors sérieusement sur ces camps de fortune. Le vécu des Sahraouis dans les territoires occupés est autrement plus intenable si l’on considère que ces derniers sont surtout privés de l’élément essentiel de se sentir véritablement libres chez eux. 

    Pour ceux qui se refusent à la solution d’autonomie prônée par le royaume chérifien, ce dernier réplique par une sévère répression policière, des arrestations et emprisonnements sans procès préalable. Lorsque Ross déclare que le statu quo est intenable, cela l’engage à prendre ses responsabilités, et celles de l’organisation qu’il représente, en permettant à la légalité internationale de prendre le dessus sur les manœuvres et autres de certaines puissances en vue de retarder la solution équitable. Si la tournée de Ross dans la région du Maghreb était très attendue, elle n’aura néanmoins de sens que si elle diffère des précédentes et qu’elle apporte une raison d’espérer aux Sahraouis qui redoutent un énième flop. Ces derniers appréhendent qu’il s’agisse encore une fois d’un «petit tour et puis s’en va». Ce qui ne serait pas pour déplaire au Makhzen… 
    Mekiousssa Chekir, 18/10/2010
  • Encore une fois, le Roi Mohamed VI met marche arrière dans sa politique

    Mohamed VI: «Je serai heureux de vous accueillir dans de  meilleures circonstances» 

    Je serai heureux de vous accueillir dans de meilleures circonstances». C’est avec cette expression courtoise et diplomatique que le roi du Maroc a ajourné sa rencontre avec le chef de l’Etat israélien, Shimon Pérès. Ce dernier n’a pas trouvé mieux que d’annuler sa visite prévue au royaume chérifien officiellement pour prendre part au congrès économique de Davos qui se tiendra normalement à Marrakech, la semaine prochaine. Le chef de l’entité sioniste a déclaré par la même occasion qu’il ne saurait visiter un Etat sans être reçu par son chef d’Etat. 

    Dans une lettre d’excuse du roi du Maroc, publiée et commentée par le quotidien israélien « Idoot Ahronot », envoyée à Pérès dans laquelle il considère ce boucher de l’humanité comme « personnalité très estimée au Maroc » mais dit-il en regrettant que les circonstances actuelles, marquées par les négociations israélo-palestiniennes achoppées par le refus du gouvernement israélien de geler la construction des colonies, ne permettent pas cette rencontre. Le jeune monarque souhaite en concluant qu’il le rencontrera dans une meilleure occasion ». Autrement dit, le roi du Maroc a refusé la rencontre de son homologue sioniste par honte ou par peur d’affronter l’opinion publique arabe qui verra en cette visite une vraie trahison de leur cause principale.

    La Palestine. Shimon Pérès, rappelons-le, a été reçu au Maroc, à Ifrane précisément en 1987 par feu Hassan II. C’était un geste qui avait suscité un tollé à l’époque, alors que Pérès était Premier ministre. Les relations secrètes entre le palais royal à Rabat et l’Etat d’Israël est devenu un secret de polichinelle. Ces relations ne se limitent malheureusement pas à l’Etat sioniste mais sont élargies aux milieux sionistes les plus redoutables en Europe et en Amérique. Des témoignages documentés attestent l’existence de relations douteuses entre le royaume chérifien et le sionisme international et ce, depuis l’indépendance du pays. C’est grâce à ces relations, expliquent certains observateurs, que la monarchie marocaine a résisté aux vents et marées. Le Maroc a toujours été le sous-marin d’Israël » pour reprendre l’expression du feu Simon Maley (Afrique-Asie).

    D’ailleurs, les sinistres accords de Camp David ont pris naissance à Ifrane avant de voir leur aboutissement en Egypte. Hassan II était l’artisan principal de ce traité de capitulation des Arabes après trois décennies de luttes et de résistances. Le royaume chérifien n’est pas aussi Charif comme son titre veut l’indiquer. 
  • SAHARA OCCIDENTAL Le calepin de Christopher Ross

    Depuis un bon bout de temps, l’on observe sur le dossier sahraoui un petit phénomène côté marocain. Du moins, côté officiel marocain.

    C’est celui de la mise sous le coude du «plan d’autonomie» pour soi-disant régler la question. Sahraouie, bien évidemment. Ce zapping du plan qui était censé apporter de fortes doses de solution au calvaire du peuple sahraoui — si l’on croit, toutefois, les thèses marocaines sur le dossier — est, subitement, renvoyé aux calendes grecques. Aux maghrébines, ce qui serait encore plus aléatoire. Cette donne n’est pas, l’on s’en doute bien, fortuite. Elle est le résultat de plusieurs éléments concordants. Le rejet par la partie sahraouie, attitrée par la communauté internationale pour parler au nom du peuple des nuages (Polisario et RASD) du plan marocain. Il y a eu, ensuite, le peu d’engouement, à tout le moins, du Conseil de sécurité de l’ONU pour l’immense fascicule du palais royal. 

    La France a tenté, tant bien que mal, plutôt mal que bien, de porter le dossier marocain, rien n’y fit et rien n’y fera. Le Conseil de sécurité, l’Assemblée générale et la 4e Commission de l’ONU — cette dernière chargée précisément de la décolonisation — ont rappelé à l’ordre le couple franco-marocain. La question sahraouie est un problème de décolonisation et seul un référendum d’autodétermination peut apporter la réponse au différend entre le Maroc et le Polisario. La troisième raison, enfin, qui a contraint Paris et Rabat de retirer le «plan d’autonomie» est son entêtement à nier le problème-clé, central autour duquel pivote tout le dossier. L’existence d’un peuple et d’une entité sahraouis intrinsèques, réels, qui ne sont ni Marocains, ni Algériens, ni quoi que ce soit d’autres. La souffrance du peuple des Ténèbres n’est pas finie pour autant. 

    Pour de multiples raisons dont la principale est sans doute la démission du Maroc par rapport à la gestion du dossier sahraoui. Depuis la mort de Hassan II et l’avènement de Mohammed VI, une véritable révolution tectonique a eu lieu en l’affaire. Le dossier est devenu dans sa conception, son traitement une affaire typiquement française. Rabat n’étant que le prestataire de services, ce qui a compliqué les choses. La France faisant du Sahara occidental un autre dossier à chantage contre l’Algérie. Ce qui n’était pas le cas dans les dernières années de la vie de feu Hassan II. Ce dernier, l’on s’en souvient, avait accepté trois grands principes, tous favorables au Polisario. Négociations directes entre la direction sahraouie et le roi, référendum d’autodétermination et définition — sous l’égide de l’ONU — du corps électoral sahraoui. Autant d’avancées, réelles, que le couple franco-marocain actuel a dilapidées. 

    Christopher Ross, qui entame une tournée dans la région, a pour mission de ramener les uns et les autres à rapprocher leurs points de vue. En essayant de coller le plus possible aux résolutions de l’ONU et au droit international. Difficulté majeure : Paris et Rabat veulent contourner l’ONU et faire d’Alger un interlocuteur direct à la place du peuple sahraoui. Christopher Ross en est conscient. Ban Ki-moon aussi. Cette tournée de l’envoyé spécial du secrétaire général de l’organisme onusien dirigeant a, cependant, un grand mérite. Elle ne part pas de zéro puisque depuis Ross, plusieurs rencontres entre le Polisario et le Maroc ont eu lieu (Manhasset, Vienne, New York). Elle intervient aussi dans un contexte particulier. Le bourbier dans lequel se trouve la France au Sahel. Cet enlisement de Paris dans cette région du monde sera-t-il le déclic —majeur — qui lui permettra de lâcher du lest par rapport au dossier sahraoui ? C’est à espérer. 
    Par Aziouz Mokhtari

    Le Soir d’Algérie, 20/10/2010 

  • Ross appelé «à accélérer l’organisation du référendum»

    Des propos qui interviennent à la veille de la visite qu’effectue aujourd’hui Christopher Ross aux camps des réfugiés sahraouis, à Tindouf en Algérie durant laquelle il rencontrera les représentants du Front Polisario et les responsables de la République arabe sahraouie démocratique. Mohamed Salem Ould Salek a rappelé dans ses propos que le mandat assigné en 1991 à la mission onusienne (Minurso) au Sahara Occidental illustre à lui seul la voie par laquelle s’articulera la solution au conflit opposant le Front Polisario et le Maroc sur ce territoire. Il s’agit de mission des Nations unies pour le référendum au Sahara Occidental. 

    A ce propos, pour le Front Polisario et le gouvernement sahraoui, il est attendu des Nations unies qu’«elles assument leurs pleines responsabilités à l’égard du peuple sahraoui» et de «mettre un terme à l’occupation marocaine du Sahara Occidental, par l’exercice du peuple sahraoui de son droit inaliénable à l’autodétermination et mettant ainsi fin à la répression systématique contre les Sahraouis dans les territoires occupés», a indiqué M. Ould Salek. Réaffirmant que la partie sahraouie «est disposée à travailler avec Christopher Ross et à l’aider dans l’accomplissement de sa mission, à savoir la décolonisation du Sahara Occidental», le ministre sahraoui a, en outre, souligné que «l’entrave marocaine avec l’appui de la France» bloque le processus de décolonisation du Sahara Occidental induisant un statu quo intenable. 

    Ne manquant pas à ce propos d’appeler les Nations unies à faire preuve de responsabilité et de «voir d’où vient le problème», selon M. Salem Ould Salek. Concernant la situation dans les territoires sahraouis encore sous occupation marocaine, le responsable sahraoui a rappelé que le gouvernement sahraoui et le Font Polisario avaient lancé un appel «pressant» aux Nations unies, au HCR, au CICR et à toutes les organisations de défense des droits de l’homme pour «empêcher les forces coloniales marocaines de commettre un massacre massif» et ce, au vu de l’oppression et de la répression qui s’abat sur les Sahraouis des territoires occupées. 

    Une politique coloniale qui à été à l’origine de la réaction des Sahraouis des territoires occupés qui ont été «poussés à fuir les villes occupées, symboles de misère, de répression et d’humiliation». Les habitants d’El-Ayoun occupée ont dressé dans la région de Gdem Izik, à 18 Km au sud-est de la ville, un campement de fortune où «croupissent, dans des conditions inhumaines, des milliers de femmes, d’enfants et d’hommes», selon les propos de M. Salem Ould Salek. L’explosion de la situation socio-économique dans les territoires occupés est le «résultat immédiat de la politique de l’occupant marocain durant les trois dernières décennies», a affirmé le ministre sahraoui. 

    M. Ould Salek en soulignant que la politique coloniale marocaine a été aussi à l’origine du «pillage des ressources naturelles (phosphate, pêche, agriculture, etc.) pour financer la guerre et équiper l’armée d’agression». Aussi, pour ce même responsable, le «transfert massif des citoyens marocains vers les villes sahraouies occupées dans le cadre d’une politique de peuplement de colons». Une politique propre à tout système colonial qui vise à apporter des changements sur la donne démographique à propos de laquelle, le responsable sahraoui, a indiqué «que les colons marocains sont aujourd’hui largement majoritaires sur le plan numérique». Autre élément évoqué : «les tentatives du colonisateur marocain de liquider l’identité nationale sahraouie» par le biais d’«une politique globale qui va de la liquidation physique aux violations des droits de l’homme et aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité, dans l’objectif de mettre fin à la volonté d’indépendance du peuple sahraoui», a averti le ministre sahraoui des AE. D’où la politique coloniale marocaine de «l’isolement des territoires occupés du monde extérieur par les autorités d’occupation marocaines» via l’interdiction des observateurs étrangers, de la presse internationale, ainsi que des ONG pour cacher la réalité.
    R. I.
    La Nouvelle République, 20/10/2010
  • Rabat fera-t-il machine arrière sur son plan d’autonomie

    L’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara occidental a mis, hier à Alger, le Maroc et le Front Polisario devant leurs responsabilités en exigeant la tenue de négociations sans préalable entre les deux parties, car le statu quo sur cette question est « intenable », estime-t-il. La proposition d’autonomie marocaine avancée comme seule base de négociations avec le Front Polisario, et considérée par ce dernier comme un préalable, bloque toute avancée dans les discussions entre les deux parties. 

    Après ses entretiens avec le président Abdelaziz Bouteflika et le ministre algérien délégué aux Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, l »envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a appelé le Maroc et le Front Polisario à entamer des négociations « sans conditions préalables » et de « bonne foi », tenant compte des efforts déployés depuis 2006 et des faits nouveaux survenus depuis cette date, en vue de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui pourvoie à l »autodétermination du peuple du Sahara occidental. Il écarte ainsi toute condition préalable à ces négociations, d’où l’obligation pour le Maroc de revoir sa position basée essentiellement sur la proposition d’autonomie qu’il veut imposer comme seule base des discussions. 

    C’est la seule solution pour faire avancer le dossier, car le diplomate américain a affirmé, après l’audience que lui a accordée le chef de l’État algérien, qu’ »il n »y a pas de doute que le statu quo dans la question du Sahara occidental est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu »il entraîne ». Ross a souligné que « les parties en conflit (le Maroc et le Front Polisario) doivent maintenant faire preuve de volonté politique nécessaire pour le surmonter (statu quo) », avant d’ajouter que « ceci exige des négociations sans conditions ». L »envoyé personnel du secrétaire général de l »ONU pour le Sahara occidental, Christopher Ross, a également indiqué que « comme lors de mes visites précédentes, cette nouvelle tournée a pour but principal de m »aider à déblayer le chemin vers des négociations constructives entre le royaume du Maroc et le Front Polisario avec la coopération des États de la région, y compris les pays voisins, dont le Conseil de sécurité a émis le vœu à maintes reprises ». Il a déclaré que « les échanges avec le président Bouteflika et son équipe ont porté sur les aspects principaux du dossier, ainsi que sur la nécessité de relancer les mesures de confiance actuelles et de mettre en œoeuvre les nouvelles mesures prévues par le Haut-commissariat pour les réfugiés (HCR) ». 

    Dans le même ordre d’idées, l’émissaire onusien a révélé, au sujet de ses discussions avec le président algérien : « Nous avons également évoqué le climat politique dans le région. » Concernant les détails de cette quatrième tournée qu’il effectue dans la région, il dit : « Dans les jours à venir, je me rendrai dans la région de Tindouf (Algérie), en Mauritanie et au Maroc, afin de poursuivre les préparatifs de la 3e réunion de pourparlers informels prévue pour le mois de novembre et qui vise à préparer la voie à des négociations formelles. » Il émettra l »espoir de voir les parties sortir de l »impasse actuelle et entamer les négociations intensives et substantielles sur l »avenir du Sahara occidental. 

    La veille, Christopher Ross a été reçu par le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Il s »efforce de faire redémarrer des pourparlers directs sous l »égide de l »ONU entre le Maroc et les indépendantistes sahraouis sur l »avenir du territoire. Des représentants des deux parties s »étaient séparés en février après une réunion informelle de deux jours près de New York, sans parvenir à surmonter leurs désaccords.
    Hi, Algérie, 19/10/2010
  • Pire qu’à Gaza !

    12 000 personnes auraient déjà quitté les villes et troqué la vie citadine contre le dénuement total des «Camps de la liberté».

    Ban Ki-moon, le secrétaire général des Nations unies, plaidait récemment, à partir du royaume, pour une amélioration des relations entre les deux pays voisins, l’Algérie et le Maroc. M. Ban ki-moon n’a jamais été avare de ce genre de plaidoiries qu’il sait pertinemment sans suite. « Ça ne mange pas de pain », comme on dit. En revanche, l’homme a pris soin d’éviter de parler ou même de faire ne serait-ce qu’une petite allusion aux choses révoltantes qui se déroulaient à ce moment, aux alentours de certaines villes occupées du Sahara occidental. Des lieux que rejoignent volontairement les populations autochtones par milliers depuis le 14 du mois courant. 

    Pour dénoncer leur condition de colonisées avec son lot de discriminations et de misères ajoutées à la répression permanente. Une situation désastreuse maintenue sous embargo par le makhzen. 12 000 personnes auraient déjà quitté les villes et troqué la vie citadine contre le dénuement total des « Camps de la liberté ». Des camps de fortune, cernés par les forces marocaines, dans un siège qui s’avère plus inhumain que celui des sionistes à Gaza. Diverses sources sahraouies confirment que les gens du makhazen brutalisent les familles sur les lieux, y font des blesses et empêchent l’approvisionnement des camps en eau, en nourriture et même en médicaments. 

    Une situation inacceptable qui a fait réagir les dirigeants sahraouis, notamment le président Mohamed Abdelaziz, pour saisir les instances indiquées. Mais plus inacceptable est le silence observé par les ONG et autres objecteurs de conscience qui vociféraient à qui mieux mieux sur l’affaire du « Mouseilima » sahraoui ou du policier traître si on préfère. Une atteinte aux droits les plus élémentaires des populations civiles sous occupation, au moment même où Ban Ki-moon fait ses politesses au commandeur des croyants, alors que Christopher Ross, son envoyé personnel pour le Sahara occidental, entame une nouvelle tournée dans la région. Un silence inexplicable qui gagne à ses auteurs le titre de complice. Un silence détestable, sauf peut-être pour Paris, seule capitale qui se risque à protéger au Sahara occidental, les atteintes… aux droits de l’homme.
    M. Z. (mohamed_zaaf@yahoo.fr)
  • Appel de détresse des Sahraouis affamés près d’El Aaiun occupée

    El Aaiun (territoires occupés) 19/10/2010 (SPS) Les citoyens sahraouis campant à Gdeim Izik (12km) à l’Est d’El Aaiun ont lancé lundi « appel de détresse » aux organisations internationales, en particulier l’Organisation des Nations Unies pour les réfugiés(HCR) , afin de leur fournir une assistance en eau, en nourriture et en médicaments, en raison de l’état de siège imposé par les autorités marocaines, selon un communiqué rendu publique mardi.

    « Certaines personnes souffrent des maladies chroniques comme le diabète, l’asthme, des allergies graves et tout retard dans l’approvisionnement en médicaments, en eau et en nutrition pourra provoquer une catastrophe humanitaire », a averti le communiqué parvenu à SPS.

    Il a également lancé un appel aux organisations internationales à intervenir pour sauver la vie de ces personnes de « telles conséquences qui peuvent en découler de cet état de siège ».

    Selon les derniers rapports du ministère des territoires occupés et des communautés les chiffres ont atteints plus de 14.000 personnes déplacées des villes occupées d’El Aaiun, Dakhla, Boujdour et Smara, pour protester contre la marginalisation, l’oppression et la paupérisation du peuple sahraoui sous l’occupation. (SPS)