Mois : octobre 2010

  • L’envoyé personnel de l’ONU annonce une rencontre entre le Front Polisario et le Maroc

    Elle se tiendra en novembre prochain

    L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross a annoncé lundi la tenue en novembre prochain d’une troisième réunion informelle entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario.

    M. Ross qui en a fait l’annonce à l’issue de sa tournée dans la région a affirmé que cette rencontre entre «dans le cadre d’un règlement garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination».

    Cette réunion, a-t-il déclaré, après son entrevue avec le roi du Maroc, rapporte l’APS, aura lieu entre « le royaume du Maroc et le Front Polisario en présence des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie, pour parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara Occidental le droitd’autodétermination, et ce, avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins ».

    M. Ross a précisé que « les responsables ont exprimé, lors des quatre étapes à savoir l’Algérie, les camps de réfugiés sahraouis, la Mauritanie et le Maroc, leur entière disposition à appuyer mes efforts et ceux des Nations unies en général ».

    Soulignant que sa visite au Maroc s’inscrivait dans le prolongement de sa quatrième tournée dans la région dans le cadre de la mission dont l’a chargé le secrétaire général de l’ONU, M. Ross a indiqué que ses entretiens au Maroc portaient sur « la nécessité de dépasser la situation actuelle, des modalités de l’opération des négociations et du déroulement de la gestion des mesures d’édification de la confiance ».

    L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental a par ailleurs déclaré que ses entretiens au Maroc ont également porté sur « l’impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations qui, je l’espère, permettra d’ouvrir la voie à des pas tangibles vers le règlement escompté ». Avant le Maroc, M. Ross s’est rendu à Alger, dans les camps de réfugiés sahraouis et à Nouakchott. L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental avait déjà annoncé, après ses entretiens avec les responsables sahraouis dans les camps de réfugiés, qu’un nouveau round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc est prévu début novembre, sous les auspices de l’ONU.

    Le Conseil de sécurité avait demandé, dans sa dernière résolution (1871), au Maroc et au Front Polisario de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’ONU, « sans conditions préalables et de bonne foi », en vue de parvenir à une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, dont quatre rounds ont eu lieu depuis à Manhasset, près de New York, et deux réunions informelles à Vienne à New York, sans aboutir à une avancée réelle.

    La dernière réunion informelle sur le Sahara Occidental a eu lieu à New York, en février dernier, date à laquelle les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible.

    La quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies chargée de la décolonisation a adopté à l’unanimité, lundi dernier à New York, une résolution qui réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, rappelle-t-on. Le Sahara Occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.
    Par : Lakhdari Brahim
    Le Midi Libre, 27/10/2010

  • Réfugiés dans leur propre pays

    En dressant un camp de toile pour plus de 10 000 personnes à la périphérie d’Al Ayoune, les populations des territoires sahraouis sous occupation marocaine ont tenu à lancer un message à la communauté internationale sur leur état de réfugiés dans leur propre pays.

    Rabat minimise le sens du camp de toile
    Les autorités marocaines ne s’attendaient visiblement pas à cette nouvelle forme de protestation qui risque une fois de plus de mettre leur pays au ban de la communauté internationale, un peu comme l’a fait Aminatou Haider par la grève de la faim qu’elle avait observée durant 33 jours à la fin 2009.

    Prises de court, elles ont essayé de minimiser la portée de cette manifestation originale qu’elles veulent voir comme une simple revendication sociale. C’est là toute l’erreur de Rabat dont la gendarmerie, à la gâchette facile, n’a pas hésité à tirer sur un groupe de jeunes dont elle n’ignorait pas le sentiment indépendantiste qui est, du reste, celui de tous occupants du camp de toile mis sous état de siège permanent.

    La propagande officielle qui tente de réduire l’événement, comme l’a fait maladroitement le porte-parole du gouvernement marocain, à un simple climat de tension sociale, n’a pas porté.

    Beaucoup de journalistes espagnols se sont déplacés sur place pour relater l’assassinat du jeune adolescent sahraoui de 15 ans, tué dimanche par la gendarmerie marocaine au moment où il tentait de pénétrer dans le camp de toile, mais ont été, comme ils s’y attendaient, bloqués ou carrément refoulés de l’aéroport d’Al Ayoune.

    Réaction de Christopher Ross

    La brutalité marocaine n’est pas passée inaperçue puisque les premières réactions ont commencé à être enregistrées un peu partout à travers le monde. Parmi celles-ci, l’appel lancé visiblement à l’adresse du Maroc, par Christopher Ross, invitant les autorités marocaines à «l’urgente nécessité de ne pas raviver la tension au Sahara» pour ne pas compromettre la tenue de pourparlers informels qui devront avoir lieu du 3 au 5 novembre à New York.

    Certaines «sources diplomatiques» s’interrogent sur l’usage de la force au lendemain même du retour de M. Ross de sa tournée maghrébine. Des observateurs de la situation dans la région estiment, quant à eux, que le recours à la violence par les forces de sécurité marocaines apporte la preuve que le mouvement de protestation de ces milliers de Sahraouis n’a rien d’exclusivement social, même si pour éviter la répression policière les organisations du camp de toile ont évité de trop mettre en avant la question de l’indépendance.

    Dénoncer, cependant, le pillage des ressources sahraouies est en soi le slogan le plus politique qui soit, estime-t-on dans les milieux parlementaires européens, où le renouvellement de l’accord de pêche UE-Maroc est plus jamais remis en cause par la Commission européenne.

    Ils ne sont pas rares, au moment où le mouvement de protestation prend de l’ampleur et plus de signification nationaliste, ceux qui en Espagne pensent que l’incident de dimanche aurait été prémédité par les Marocains, de moins en moins motivés à aller vers de nouvelles négociations avec le Front Polisario à New York.

    Rabat aurait perdu tout espoir de faire de son plan d’autonomie pour le Sahara occidental la seule base de travail, parce que ses deux principaux alliés ne peuvent plus rien pour lui. La France est trop occupée avec sa crise sociale, alors que l’Espagne est sous haute surveillance par les influentes ONG pro-Front Polisario.

    Madrid lance un appel à Rabat

    En Espagne, les premières réactions de condamnation de cette nouvelle vague de répression marocaine contre les populations civiles sont virulentes. Outre les organisations civiles, le Parti populaire a qualifié, hier, de très grave l’assassinat du jeune Sahraoui et la répression qui s’est abattue depuis lundi sur les populations locales.

    La brutalité de Rabat a mis mal à l’aise la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Trinidad Jimenez, aussi pro-marocaine son prédécesseur à ce poste, Miguel Angel Moratinos. Depuis le Luxembourg, où elle assistait aux travaux du Conseil européen des MAE, Mme Jimenez, «a demandé aux autorités marocaines d’entretenir des contacts avec les organisateurs du camp de protestation sociale pour éviter toute dérive de violence».

    Un appel qui est intervenu trop tard, apparemment, puisque le climat de tension ne cesse d’augmenter à Al Ayoune, d’où il risque de s’élargir à tout le territoire sahraoui. «Il faut s’attendre à présent à ce que le Maroc sortira alors sa vieille recette du complot» algérien, fait observer un militant de Ceas, l’ONG qui milite activement pour la cause sahraouie. A cette campagne, Mourad Medelci semble avoir déjà répondu par anticipation, lundi, lors de l’émission «Questions d’actu» de Canal Algérie :

    «Le processus de décolonisation du Sahara occidental continue de se heurter à de graves obstacles (dressés par le Maroc), malgré la pertinence des résolutions du Conseil de sécurité.» Pour Efe, l’Algérie a des arguments qui se tiennent puisqu’elle «a toujours soutenu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, un principe que les autorités algériennes ont rappelé, une fois de plus, à Christopher Ross, lors de sa dernière tournée maghrébine».
    Par Hamid A

    Le Temps d’Algérie, 26/10/2010
  • L’autodétermination, encore et toujours

    Le roi et ceux de ses copains possédant une riche expérience colonialiste savent à quoi s’en tenir, et c’est pour cela qu’ils continueront à considérer que l’autodétermination est aussi obsolète que l’ONU et que c’est bel et bien cette option qui constitue la principale «entrave» à la solution.

    Christopher Ross , l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, a terminé hier sa tournée en redessinant le cadre de la solution par laquelle tout le monde doit passer mais que Rabat cherche à éviter… vainement. Le diplomate americain annonce un prochain round de pourparlers informels et dit mot pour mot que l’objectif est de «parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara occidental le droit à l’autodétermination, et ce avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins». Et voilà ! L’autodétermination est si solidement plantée qu’aucun des arrache-clous alaouites n’arrive à l’arracher. Ni d’ailleurs les cocoricos du coq protecteur.
    Le makhzen ne cesse de répéter que les populations sahraouies sont acquises au trône et qu’elles sont en constante rébellion contre le Front Polisario. Des déclarations contredites par ce qui se passe depuis une quinzaine de jours dans les villes occupées du Sahara occidental. Particulièrement dans la banlieue d’El-Ayoun, au camp de Gdeim Izik, théâtre dans la nuit de dimanche à lundi derniers de l’assassinat de Garhi Najem, un Sahraoui de 14 ans, tué par balle par les forces d’occupation alors qu’il acheminait des vivres à ses compatriotes assiégés. Le makhzen dit que les camps levés par les populations autochtones expriment des revendications strictement socioéconomiques. Mais à quoi doit-on s’attendre de la part de gens qui rejettent aussi spectaculairement leur condition, au cas où ils étaient appelés à un référendum d’autodétermination ?
    Le roi et ceux de ses copains possédant une riche expérience colonialiste savent à quoi s’en tenir, et c’est pour cela qu’ils continueront à considérer que l’autodétermination est aussi obsolète que l’ONU et que c’est bel et bien cette option qui constitue la principale «entrave» à la solution. Une entrave à la guerre aussi tant qu’elle laisse de l’espoir, tant qu’elle n’est pas écartée. Du moins d’ici à la fin de 2011.

    Le Jeune Indépendant, 27/10/2010
  • La tournée de Ross intervient à un moment « crucial » de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance (Polisario)

    Paris, 27/10/2010 (SPS) La dernière tournée dans le Maghreb de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, intervient à un moment « crucial » de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, a indiqué mardi le représentant du Front Polisario à Paris.

    Cette lutte « pacifique » se manifeste aujourd’hui par les campements dressés hors des villes des territoires occupés et « réprimés dans le sang » par les forces militaires marocaines, a indiqué Omar Mansour, signalant que ces campements qui regroupent quelque 20.000 Sahraouis, ont été érigés pour exprimer le « mal-être » de ses compatriotes sur « leur propre sol ».

    La tournée de Ross s’est achevée lundi au Maroc où il a été reçu par le roi Mohammed VI avec l’objectif de préparer une rencontre informelle avec le Front Polisario, prévue début novembre. Ross s’était rendu auparavant à Alger, puis dans les camps des réfugiés sahraouis et à Nouakchott.

    Selon le représentant du Polisario à Paris, la tâche de Ross est « ardue » car devant emmener les deux parties en conflit vers un nouveau round de négociations qui, a-t-il souhaité, débouchera sur des « solutions concrètes et non pas sur un autre ajournement » des pourparlers, ce qui a fait dire à l’envoyé onusien, lors de son passage à Alger, que le statu quo au Sahara occidental était « intenable ».

    « Cela ferait perdre aux Nations unies leur crédibilité et aux Sahraouis leur foi en une sortie de crise juste, conforme aux résolutions onusiennes », a-t-il prévenu.

    Revenant sur le climat « tendu » dans les territoires occupés, Omar Mansour dit vouloir attirer l’attention de l’opinion internationale sur les conditions « inhumaines » endurées par les Sahraouis dans les campements érigés ces derniers jours hors des villes d’El Aaiun, Boujdour et Smara.

    « Selon les témoignages que nous recevons au quotidien, ces campements s’apparentent aux anciens centres d’internement d’Auschwitz où les populations, coupées du monde extérieur, subissent la répression des forces marocaines », a-il regretté, rappelant que cette répression a déjà fait un mort et une vingtaine de blessés.

    Pour le représentant du Polisario en France, « nous sommes dans une situation d’affrontement, voire de guerre, que les Sahraouis ont du mal à supporter ».

    Les déclarations d’Omar Mansour interviennent à deux jours de la tenue en France de la 36e conférence de solidarité européenne avec le peuple sahraoui à laquelle prendra part le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz.

    En préambule à ces assises, prévues au Mans du 29 au 31 octobre, une conférence se tiendra jeudi à l’Assemblée nationale sur le thème de « la décolonisation du Sahara occidental : responsabilité des Nations unies et rôle de la France ». (SPS)

  • Les Sahraouis sont devenus des citoyens de « troisième classe » dans leur propre pays (députée européenne)

    Strasbourg, 26/10/2010 (SPS) Les Sahraouis sont devenus des citoyens de « troisième classe » dans leur propre pays, a relevé la députée européenne et écologiste française Nicole Kiil-Nielson.

    « Avec la colonisation marocaine au Sahara occidental, les habitants de ce territoire sont non seulement victimes d’une répression énorme dès qu’ils revendiquent des droits, mais aussi de discriminations et d’abus de toute sorte », a affirmé Kiil-Nielson, membre de l’Intergroupe Sahara occidental du Parlement européen (PE).

    « Ils sont devenus des citoyens de troisième classe dans leur propre pays », a-t-elle souligné, ajoutant que « les Sahraouis des zones occupées assistent à l’épuisement et au pillage de leurs ressources naturelles (pêche, phosphate), sans obtenir aucun avantage de leur exploitation illégale ».

    Pour la députée européenne, le droit à l’autodétermination est « inaliénable » et « seul un référendum libre et équitable organisé par l’Onu permettra de sortir par le haut de ce conflit qui dure depuis trop longtemps ».

    Elle a appelé, en conséquence, l’Union européenne d’exclure le territoire du Sahara occidental, y compris ses eaux territoriales, de l’accord bilatéral de pêche avec le Maroc ».

    Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.

    Le Conseil de sécurité avait demandé, dans sa dernière résolution (1871), au Maroc et au Front Polisario de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’Onu, « sans conditions préalables et de bonne foi », en vue de parvenir à une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’Onu, dont quatre rounds ont eu lieu depuis à Manhasset, près de New York, et deux réunions informelles à Vienne et à New York, sans aboutir à une avancée réelle. La dernière réunion informelle sur le Sahara occidental a eu lieu à New York, en février dernier, date à laquelle les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible.

    L’Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, a affirmé le 18 octobre que le statu quo caractérisant la question du Sahara occidental est « intenable ». « Il n’y a pas de doute que le statu quo (dans la question du Sahara occidental) est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne », a déclaré M. Ross à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la algérien, M. Abdelaziz Bouteflika. (SPS)

  • Le Maroc enterre en cachette le jeune mort d’El Aaiun pour empêcher une escalade de la tension.

    Des sources proches de la famille du jeune sahraoui mort d’une balle de la police marocaine lorsqu’il essayait de rejoindre le camp de la protestation de Gdeym Izik ont raconté que le père de la victime a reçu la visite de deux agents en civil qui lui ont demandé de les accompagner et l’ont amené au cimetière où son fils a été inhumé, non loin de celle de Hamdi Lembarki, un autre sahraoui décédé sous les coups de la police de sa majesté en 2007. Ont assisté aussi à la cérémonie deux mercenaires sahraouis corrompus par l’administration coloniale. L’un parent de la victime et l’autre chef de sa fraction tribale. Les deux mercenaires ont été fortement réprimandés par la population pour cet acte ignoble qui n’a aucun respect pour les sentiments de la famille du martyr.

    Cela arrive au moment où l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental vient de quitter la capitale du Maroc après une quatrième tournée dans la région en quête d’une « solution basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », selon ses propres termes.

    Cette visite et la protestation sociale sahraouie ont créé un climat de tension à Rabat qui peut avoir de graves répercussions sur la population civile sahraouie qui appelle la communauté internationale à la protection de leur intégrité physique et morale. Le blocus médiatique est un mauvais présage. Des journalistes espagnols ont été empêchés de rejoindre les villes sahraouies. Les réactions violentes ont déjà abouti à un mort et des dizaines de blessés.

    L’ONU, Ban Ki-moon, Christopher Ross et le Conseil de Sécurité vont-ils continuer leur silence sur les atrocités marocaines?

  • L’autodétermination, encore et toujours

    Le roi et ceux de ses copains possédant une riche expérience colonialiste savent à quoi s’en tenir, et c’est pour cela qu’ils continueront à considérer que l’autodétermination est aussi obsolète que l’ONU et que c’est bel et bien cette option qui constitue la principale «entrave» à la solution.

    Christopher Ross , l’envoyé personnel du SG de l’ONU pour le Sahara occidental, a terminé hier sa tournée en redessinant le cadre de la solution par laquelle tout le monde doit passer mais que Rabat cherche à éviter… vainement. Le diplomate americain annonce un prochain round de pourparlers informels et dit mot pour mot que l’objectif est de «parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara occidental le droit à l’autodétermination, et ce avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins». Et voilà ! L’autodétermination est si solidement plantée qu’aucun des arrache-clous alaouites n’arrive à l’arracher. Ni d’ailleurs les cocoricos du coq protecteur.
    Le makhzen ne cesse de répéter que les populations sahraouies sont acquises au trône et qu’elles sont en constante rébellion contre le Front Polisario. Des déclarations contredites par ce qui se passe depuis une quinzaine de jours dans les villes occupées du Sahara occidental. Particulièrement dans la banlieue d’El-Ayoun, au camp de Gdeim Izik, théâtre dans la nuit de dimanche à lundi derniers de l’assassinat de Garhi Najem, un Sahraoui de 14 ans, tué par balle par les forces d’occupation alors qu’il acheminait des vivres à ses compatriotes assiégés. Le makhzen dit que les camps levés par les populations autochtones expriment des revendications strictement socioéconomiques. Mais à quoi doit-on s’attendre de la part de gens qui rejettent aussi spectaculairement leur condition, au cas où ils étaient appelés à un référendum d’autodétermination ?
    Le roi et ceux de ses copains possédant une riche expérience colonialiste savent à quoi s’en tenir, et c’est pour cela qu’ils continueront à considérer que l’autodétermination est aussi obsolète que l’ONU et que c’est bel et bien cette option qui constitue la principale «entrave» à la solution. Une entrave à la guerre aussi tant qu’elle laisse de l’espoir, tant qu’elle n’est pas écartée. Du moins d’ici à la fin de 2011.

    Le Jeune Indépendant, 27/10/2010
  • La tournée de Ross intervient à un moment "crucial" de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance (Polisario)

    Paris, 27/10/2010 (SPS) La dernière tournée dans le Maghreb de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, intervient à un moment « crucial » de la lutte du peuple sahraoui pour son indépendance, a indiqué mardi le représentant du Front Polisario à Paris.

    Cette lutte « pacifique » se manifeste aujourd’hui par les campements dressés hors des villes des territoires occupés et « réprimés dans le sang » par les forces militaires marocaines, a indiqué Omar Mansour, signalant que ces campements qui regroupent quelque 20.000 Sahraouis, ont été érigés pour exprimer le « mal-être » de ses compatriotes sur « leur propre sol ».

    La tournée de Ross s’est achevée lundi au Maroc où il a été reçu par le roi Mohammed VI avec l’objectif de préparer une rencontre informelle avec le Front Polisario, prévue début novembre. Ross s’était rendu auparavant à Alger, puis dans les camps des réfugiés sahraouis et à Nouakchott.

    Selon le représentant du Polisario à Paris, la tâche de Ross est « ardue » car devant emmener les deux parties en conflit vers un nouveau round de négociations qui, a-t-il souhaité, débouchera sur des « solutions concrètes et non pas sur un autre ajournement » des pourparlers, ce qui a fait dire à l’envoyé onusien, lors de son passage à Alger, que le statu quo au Sahara occidental était « intenable ».

    « Cela ferait perdre aux Nations unies leur crédibilité et aux Sahraouis leur foi en une sortie de crise juste, conforme aux résolutions onusiennes », a-t-il prévenu.

    Revenant sur le climat « tendu » dans les territoires occupés, Omar Mansour dit vouloir attirer l’attention de l’opinion internationale sur les conditions « inhumaines » endurées par les Sahraouis dans les campements érigés ces derniers jours hors des villes d’El Aaiun, Boujdour et Smara.

    « Selon les témoignages que nous recevons au quotidien, ces campements s’apparentent aux anciens centres d’internement d’Auschwitz où les populations, coupées du monde extérieur, subissent la répression des forces marocaines », a-il regretté, rappelant que cette répression a déjà fait un mort et une vingtaine de blessés.

    Pour le représentant du Polisario en France, « nous sommes dans une situation d’affrontement, voire de guerre, que les Sahraouis ont du mal à supporter ».

    Les déclarations d’Omar Mansour interviennent à deux jours de la tenue en France de la 36e conférence de solidarité européenne avec le peuple sahraoui à laquelle prendra part le président de la RASD, Mohamed Abdelaziz.

    En préambule à ces assises, prévues au Mans du 29 au 31 octobre, une conférence se tiendra jeudi à l’Assemblée nationale sur le thème de « la décolonisation du Sahara occidental : responsabilité des Nations unies et rôle de la France ». (SPS)

  • Les Sahraouis sont devenus des citoyens de "troisième classe" dans leur propre pays (députée européenne)

    Strasbourg, 26/10/2010 (SPS) Les Sahraouis sont devenus des citoyens de « troisième classe » dans leur propre pays, a relevé la députée européenne et écologiste française Nicole Kiil-Nielson.

    « Avec la colonisation marocaine au Sahara occidental, les habitants de ce territoire sont non seulement victimes d’une répression énorme dès qu’ils revendiquent des droits, mais aussi de discriminations et d’abus de toute sorte », a affirmé Kiil-Nielson, membre de l’Intergroupe Sahara occidental du Parlement européen (PE).

    « Ils sont devenus des citoyens de troisième classe dans leur propre pays », a-t-elle souligné, ajoutant que « les Sahraouis des zones occupées assistent à l’épuisement et au pillage de leurs ressources naturelles (pêche, phosphate), sans obtenir aucun avantage de leur exploitation illégale ».

    Pour la députée européenne, le droit à l’autodétermination est « inaliénable » et « seul un référendum libre et équitable organisé par l’Onu permettra de sortir par le haut de ce conflit qui dure depuis trop longtemps ».

    Elle a appelé, en conséquence, l’Union européenne d’exclure le territoire du Sahara occidental, y compris ses eaux territoriales, de l’accord bilatéral de pêche avec le Maroc ».

    Le Sahara occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.

    Le Conseil de sécurité avait demandé, dans sa dernière résolution (1871), au Maroc et au Front Polisario de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’Onu, « sans conditions préalables et de bonne foi », en vue de parvenir à une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » qui pourvoie à l’autodétermination du peuple du Sahara occidental.

    Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’Onu, dont quatre rounds ont eu lieu depuis à Manhasset, près de New York, et deux réunions informelles à Vienne et à New York, sans aboutir à une avancée réelle. La dernière réunion informelle sur le Sahara occidental a eu lieu à New York, en février dernier, date à laquelle les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible.

    L’Envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, a affirmé le 18 octobre que le statu quo caractérisant la question du Sahara occidental est « intenable ». « Il n’y a pas de doute que le statu quo (dans la question du Sahara occidental) est intenable à long terme étant donné les coûts et les dangers qu’il entraîne », a déclaré M. Ross à la presse à l’issue de l’audience que lui a accordée le président de la algérien, M. Abdelaziz Bouteflika. (SPS)

  • Le Maroc enterre en cachette le jeune mort d’El Aaiun pour empêcher une escalade de la tension.

    Des sources proches de la famille du jeune sahraoui mort d’une balle de la police marocaine lorsqu’il essayait de rejoindre le camp de la protestation de Gdeym Izik ont raconté que le père de la victime a reçu la visite de deux agents en civil qui lui ont demandé de les accompagner et l’ont amené au cimetière où son fils a été inhumé, non loin de celle de Hamdi Lembarki, un autre sahraoui décédé sous les coups de la police de sa majesté en 2007. Ont assisté aussi à la cérémonie deux mercenaires sahraouis corrompus par l’administration coloniale. L’un parent de la victime et l’autre chef de sa fraction tribale. Les deux mercenaires ont été fortement réprimandés par la population pour cet acte ignoble qui n’a aucun respect pour les sentiments de la famille du martyr.

    Cela arrive au moment où l’envoyé spécial de l’ONU pour le Sahara Occidental vient de quitter la capitale du Maroc après une quatrième tournée dans la région en quête d’une « solution basée sur le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination », selon ses propres termes.

    Cette visite et la protestation sociale sahraouie ont créé un climat de tension à Rabat qui peut avoir de graves répercussions sur la population civile sahraouie qui appelle la communauté internationale à la protection de leur intégrité physique et morale. Le blocus médiatique est un mauvais présage. Des journalistes espagnols ont été empêchés de rejoindre les villes sahraouies. Les réactions violentes ont déjà abouti à un mort et des dizaines de blessés.

    L’ONU, Ban Ki-moon, Christopher Ross et le Conseil de Sécurité vont-ils continuer leur silence sur les atrocités marocaines?