Mois : octobre 2010

  • Les craintes de Ross sont justifiées

    A l’issue de son entrevue lundi avec le monarque marocain, l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, a annoncé que la troisième réunion informelle entre le Maroc et le Polisario aura lieu en novembre prochain. Mais en prenant la précaution d’ajouter qu’il y a «impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations».

    Or, la tension est précisément très lourde au Sahara Occidental, où entre quinze et vingt mille personnes se sont retranchées dans un campement de toile près de la ville de Laayoun pour protester contre leurs conditions sociales et les violations répétées de leurs droits par les forces d’occupation et qu’un blocus établi par celles-ci prive de tout approvisionnement en nourriture, eau et médicaments. Situation qui a déjà dérapé avec la mort d’un adolescent tué par les auxiliaires du Makhzen, alors qu’il tentait, avec d’autres qui ont été blessés, de rejoindre ses compatriotes retranchés.

    Mais elle risque de tourner à la catastrophe humanitaire au cas où il n’y aurait pas d’intervention urgente de la part de la communauté internationale en faveur de ces milliers de personnes livrées à l’arbitraire barbare du Makhzen. Si cette catastrophe humanitaire sur laquelle le Polisario a mis en garde devait effectivement survenir, l’on voit mal comment pourrait avoir lieu une rencontre, fût-elle informelle, entre les représentants légitimes de cette population sauvagement réprimée par le Makhzen et ceux de ce dernier.

    Ce n’est pas à atténuer la tension, comme demandé par Christopher Ross, qu’agissent les autorités marocaines en affamant et réprimant les personnes qui se sont regroupées pacifiquement près de Laayoun. Elle l’exacerbe au contraire.

    Car le Polisario ne peut rester sans réagir d’une façon ou d’une autre devant les agissements marocains. La réaction à laquelle le Makhzen voudrait le pousser est justement celle de renier l’engagement obtenu de lui par l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies d’aller en novembre à un troisième round de négociations informelles. Ce qui ferait claironner à la propagande de Rabat l’antienne de la mauvaise foi du Polisario.

    La manœuvre est cousue de fil blanc mais révélatrice du désarroi dans lequel se trouvent le trône et les autorités marocaines, avec ces milliers de Sahraouis regroupés dans le camp «Istiqlal» et les défiant pacifiquement en revendiquant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et un Front Polisario conforté par leur courageuse détermination et donc sans esprit de concession au fameux projet royal de statut de décentralisation pour le Sahara Occidental.

    Si tension il y a qui risque de remettre en cause la rencontre de novembre, elle n’est pas le fait du Front Polisario, mais celui du Makhzen qui n’hésite pas à mettre en péril l’intégrité physique de milliers de citoyens sahraouis qui n’ont pour tort que de protester pacifiquement contre l’occupation et ses néfastes conséquences.

    C’est à la communauté internationale d’agir vite et fermement pour empêcher la survenue de la catastrophe humanitaire annoncée et contraindre le Maroc au respect de la légalité internationale que l’ONU a traduite par ses résolutions pertinentes sur le Sahara Occidental.
    par Kharroubi Habib
    Le Quotidien d’Oran, 27/10/2010
  • Provocations marocaines: Des milliers de Sahraouis menacés

    De plus en plus de voix s’élèvent pour appeler la communauté internationale à intervenir pour sauver la vie de milliers de sahraouis installés dans des camps isolés de Gdeim Izik près de la ville occupée d’El-Ayoun, depuis le début du mois en cours. Hier encore, un militant mexicain des droits de l’homme, Antonio Velazquez, a indiqué que des dizaines de colons marocains et des policiers en civil se sont installés au camp pour «provoquer et justifier» l’intervention des forces armées et incendier les khaïmas abritant plus de 20.000 Sahraouis. La population sahraouie avait quitté la ville le 9 octobre dernier pour protester contre ses conditions de vie «précaires» et son insécurité du fait de l’occupation marocaine.

    Le militant mexicain, cité par le journal espagnol ABC qui l’a joint par téléphone, a précisé qu’une «caravane de 30 véhicules transportant des familles est entrée dans le camp sans être autrement inquiétée par le poste de contrôle des forces armées marocaines». Le militant mexicain a précisé que les colons «cherchent à provoquer l’intervention des forces de sécurité» et s’est alarmé sur l’intention des colons «d’utiliser de l’essence pour incendier les khaïmas installées en plein désert». Selon le même militant, «la situation est grave, parce que l’armée empêche l’entrée de nourriture et de l’eau dans le camp». M. Velazquez a rappelé que la dernière action de répression des forces marocaines est «la levée d’un mur de terre autour du camp, avec des bulldozers, visant à empêcher l’entrée des aides alimentaires et la circulation des personnes souhaitant se joindre à la manifestation» qui est une forme pacifique de lutte contre la colonisation. «Il y a un hélicoptère qui survole le camp en permanence. Dans la soirée, il ne nous laisse pas dormir. D’autres hélicoptères et de petits avions survolent les lieux pour intimider la population sahraouie, simulant des atterrissages sur les khaïmas. Les troupes au sol entrent aussi dans la nuit pour harceler la population sahraouie», a rapporté le militant mexicain qui vit dans ce camp depuis une semaine. «La tension est à son paroxysme depuis la mort d’un jeune Sahraoui de 14 ans fauché par les tirs de mitraillette. Sept autres de ses compatriotes ont été gravement blessés, actuellement isolés dans un hôpital militaire à El-Ayoun», a par ailleurs indiqué à l’agence sahraouie de presse SPS l’un des coordinateurs de l’administration du camp.

    Ces événements interviennent alors même que la tournée de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, dans la région, a pris fin par l’annonce de la tenue de la troisième réunion informelle en novembre prochain entre les deux parties en conflit, dans le cadre d’un règlement garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. Cette réunion, a-t-il déclaré, après son entrevue avec le roi du Maroc, aura lieu entre «le royaume du Maroc et le Front Polisario en présence des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie, pour parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara Occidental le droit d’autodétermination, et ce avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins». M. Ross a précisé que «les responsables ont exprimé, lors des quatre étapes à savoir l’Algérie, les camps de réfugiés sahraouis, la Mauritanie et le Maroc, leur entière disposition à appuyer mes efforts et ceux des Nations unies en général».

    Après avoir souligné que sa visite au Maroc s’inscrivait dans le prolongement de sa quatrième tournée dans la région, M. Ross a indiqué que ses entretiens au Maroc portaient sur «la nécessité de dépasser la situation actuelle, des modalités de l’opération des négociations et du déroulement de la gestion des mesures d’édification de la confiance». L’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental a par ailleurs déclaré que ses entretiens au Maroc ont également porté sur «l’impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations qui, je l’espère, permettra d’ouvrir la voie à des pas tangibles vers le règlement escompté».

    Dans la nuit de dimanche à lundi, un jeune Sahraoui a été tué et sept autres ont été blessés par l’armée marocaine près du camp des exilés d’El-Ayoun. L’armée marocaine a mitraillé la voiture à bord de laquelle se trouvaient les Sahraouis, alors qu’ils acheminaient de la nourriture, de l’eau et des médicaments vers ce camp. El-Garhi Najem (14 ans) a été tué sur le coup dans la voiture, alors que les sept autres ont été blessés, dont son frère, un ancien prisonnier politique, El-Garhi Daoudi. Les victimes ont été pourchassées par l’armée marocaine depuis leur sortie de la ville pour être immobilisées à deux kilomètres du camp des exilés de Gdeim Izik.

    Par ailleurs, le vice-ministre des Relations extérieures de l’Argentine, M. Alberto Pedro D’Alotto, a affirmé hier à Alger que son pays n’a pas changé sa position de soutien au Sahara Occidental et aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son représentant personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. «L’Argentine a toujours soutenu le Sahara Occidental dans le cadre de l’Assemblée générale de l’Onu et du Conseil de sécurité», a-t-il dit, estimant que «c’est une position qui a toujours été la même dans le cadre des lois internationales et des principes des Nations unies».

    par Djamel Belaïfa

    Le Quotidien d’Oran, 27/10/2010

  • A quel temps se conjuguent les «sans conditions préalables» ?

    Christopher Ross pour la reprise des négociations maroco-sahraouies
    A quel temps se conjuguent les «sans conditions préalables» ?
    Les prochains pourparlers entre les Sahraouis et les Marocains sont prévus début novembre 2010.

    La récente visite de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région, est destinée à faire avancer le processus de paix dans la dernière colonie africaine, classée « territoire non autonome » par l’ONU depuis 1966. La tournée régionale, la quatrième du genre depuis la nomination du diplomate américain en janvier 2009, fait suite à de nombreux rounds de discussions restés sans résultat, du fait des positions inconciliables entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario. Cette fois, Ross a estimé que le statu quo dans la question du Sahara occidental est « intenable à long terme », en faisant référence aux « coûts et (…) dangers qu’il entraîne ».
    S’appuyant sur la dernière résolution (1871) du Conseil de sécurité, il a appelé le Polisario et le Maroc à faire preuve « maintenant » de volonté politique nécessaire pour le surmonter, en les invitant à engager des négociations « sans conditions préalables » et de « bonne foi », afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui garantit l’autodétermination du peuple sahraoui. Même si la référence au droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination a été réaffirmée par le représentant onusien, sa façon de mettre dos à dos l’occupant et l’occupé a fait réagir rapidement la partie sahraouie.
    En effet, lors d’une conférence de presse, organisée le 18 octobre, au siège de l’ambassade de la RASD à Alger, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a déclaré que les autorités de la RASD et le Front Polisario attendent des Nations unies qu’elles assument « leurs pleines responsabilités à l’égard du peuple sahraoui » et ce, en mettant un terme à l’occupation, en accélérant l’organisation du scrutin référendaire et en mettant fin à la répression systématique perpétrée par les forces coloniales marocaines à l’encontre des Sahraouis des territoires occupés, restés sans défense.
    Comme pour répondre à l’exigence suggérée par Ross, le diplomate a tenu à apporter certaines précisions. Il a ainsi rappelé que la création en 1991 de la Mission de l’ONU, c’est-à-dire la Minurso, et le mandat de celle-ci obéissent à l’objectif d’organisation du référendum dans l’ex-colonie espagnole. M. Ould Salek a également souligné la disponibilité de la partie sahraouie à travailler avec Christopher Ross et à l’aider, non sans insister sur la finalité de la mission de ce dernier, à savoir la décolonisation du Sahara occidental. Par ailleurs, le ministre sahraoui est revenu sur le processus de paix et a fait part d’un constat connu de tous : l’entrave de ce processus est, selon lui, « marocaine, avec le soutien de la France ». Mais, le conférencier ne s’est pas arrêté là, il a revisité l’après-cessez-le-feu, qui a engendré un statu quo sans cesse favorable aux forces d’occupation. Sur ce registre, il a alors abordé les desseins du Makhzen qui, tout ce temps, a usé du pillage des ressources naturelles, des transferts massifs des Marocains vers les villes sahraouies occupées, mais aussi de l’isolement des zones occupées du Sahara occidental du monde extérieur et du recours à « la liquidation physique, aux violations des droits de l’homme et aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité », en espérant mettre fin à la volonté d’indépendance du peuple sahraoui.

    Le poids des événements et des fondements

    Depuis juin 2007, le Maroc et le Front Polisario ont engagé de nouvelles négociations, sous l’égide de l’ONU, dont 4 rounds ont eu lieu à Manhasset, près de New York, et 2 réunions informelles à Vienne et à New York, sans aboutir à une avancée réelle. Lors de la dernière réunion informelle, qui s’est tenue en février dernier, les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible. Huit mois sont déjà passés !

    La récente tournée régionale de Christopher Ross, amorcée le 18 octobre dernier, a mené l’émissaire onusien chez les deux parties en conflit, au Maroc et auprès du Polisario, dans les camps de réfugiés, ainsi que dans les pays observateurs du processus de paix, à savoir l’Algérie et la Mauritanie. Elle participe d’une volonté de renouer les fils du dialogue entre Sahraouis et Marocains, un dialogue annoncé pour le 4 octobre dernier, puis reporté au début novembre 2010. Avec cette fois, la suggestion glissée par Ross relative à la question des relations de « bon voisinage » au Maghreb et le déplacement du secrétaire général de l’ONU en personne, à Marrakech pour discuter avec le roi du Maroc sur le dossier du Sahara occidental, sinon le convaincre à rejoindre la table des négociations. D’ailleurs, on est tenté d’approcher ces éléments en prenant en compte le contexte actuel, marqué par la célébration du 60è anniversaire de la Déclaration 1514 des Nations unies du 14 décembre 1960 consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un principe qui, aujourd’hui, pose avec acuité la question de crédibilité du Conseil de sécurité, surtout après la récente réaffirmation du droit au peuple sahraoui à l’autodétermination, par la IVè Commission onusienne de décolonisation. En outre, il faut croire que la célébration, par la RASD, membre fondateur de l’Union africaine, du 35è anniversaire de la déclaration de l’unité du peuple sahraoui, et surtout la mise à nu du régime de Rabat, par la résistance sahraouie des territoires sous occupation, ne sont pas étrangères à la pointe d’impatience perçue chez Ross.

    Mais, pour coller aux événements, il serait bon de rappeler que c’est la partie marocaine, ayant accepté le plan de règlement de l’ONU de 1991, participé à différents cycles de négociations avec le Front Polisario et signé les accords de Houston, en 1997, qui a déserté le chemin de la légalité internationale, en tournant le dos à ses engagements. Conforté par l’organigramme onusien, qui date pratiquement de la Seconde Guerre mondiale, et donc par la complicité de pays membres influents du Conseil de sécurité, notamment la France, le Maroc, qui n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, ne veut plus entendre parler de référendum d’autodétermination. Encore moins un scrutin comprenant le choix d’indépendance parmi les options à présenter. Ce qui ne veut pas dire que ce pays ne se prépare à une éventuelle consultation, mais avec une carte humaine complètement remodelée.

    ONU : la médiation au détriment des responsabilités ?

    En juin 2010, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU a rédigé une lettre, révélée deux mois plus tard, par le journal espagnol El Pais, dans laquelle il demandait l’aide de l’Espagne qui, aux yeux du droit internationale, est la puissance administrante au Sahara occidental, ainsi qu’au tout nouveau « Club des Amis du Sahara Occidental » (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Espagne), pour sortir les négociations de l’impasse. Dans la missive qu’il leur adressait, Ross avait fait état de l’intransigeance marocaine et de l’absence de volonté de dialogue « sans préalable » auquel avait pleinement souscrit le Front Polisario. Un constat conforté par le discours du roi alaouite, prononcé en août dernier, à l’occasion du 11è anniversaire de son accession au trône. En déclarant que son pays ne renoncera pas au moindre pouce du Sahara occidental et en remettant sur le tapis la proposition d’une large autonomie dans ce territoire, Mohammed VI a en effet fermé toutes les portes de la négociation, en poussant au pourrissement et en jetant surtout un sérieux doute sur la volonté du Maroc de coopérer réellement avec Ross. Un doute qui n’est pas prêt d’être levé, en l’absence d’initiatives onusiennes, en matière de climat de confiance et de protection de la population sahraouie des territoires occupés. Cela a d’ailleurs été relevé par le Polisario qui pense que « l’ONU ne peut se contenter du rôle de médiateur », alors qu’elle a des responsabilités envers le peuple sahraoui et le territoire non autonome du Sahara occidental.

    L’ONU, plus particulièrement son Conseil de sécurité, par manque de volonté, a tenté depuis 2000, de trouver une solution, en empruntant une 3è voie, entre l’intégration au Maroc et l’indépendance du territoire. A aucun moment, le Conseil n’a voulu exercer des pressions sur le Maroc, pour l’obliger à se remettre sur les rails de la légalité internationale. De plus, il n’a pas mandaté la Minurso, l’unique Mission onusienne pour un référendum dans un territoire non autonome, pour les questions relevant des droits des l’homme et de la protection de la population civile sahraouie. Lors de leur passage, les deux prédécesseurs de Ross, James Baker et Peter Van Walsum, ont essayé de redéfinir la souveraineté et l’autodétermination. Si Baker a maintenu d’une certaine manière le principe de la consultation référendaire, en l’élargissant à une partie des Marocains établis dans le territoire sahraoui occupé, Van Walsun a, quant à lui, cherché à effacer complètement toute trace du peuple sahraoui. L’actuel envoyé spécial de l’ONU au Sahara Occidental, dont la nomination coïncide avec l’émergence d’un groupe de 5 pays, connus sous le nom de « Club des Amis du Sahara Occidental », veut certainement éviter un semblable sort. Son appel de Nouakchott, pour la recherche d’une solution politique avec l’aide des seuls pays de la région, remettra-t-il les pendules à l’heure ? Parviendra-t-il à faire bouger le Conseil de sécurité, dans le sens de l’ouverture de meilleures perspectives pour les Sahraouis, avant que l’irréparable ne se produise ?

    S’agissant de la dernière colonie africaine, il y a d’abord urgence à expliciter la notion de négociations « sans conditions préalables », dans le cadre de la recherche d’une solution « mutuellement acceptable ».
    Par Z’hor Chérief
    Les Débats, 27-2/10/2010
  • Sahara Occidental : Meurtre à huis clos

    Le Maroc empêche les correspondants de TVE et TV3, du journal El Mundo et de l’Agence EFE qui sont accrédités à Rabat de se rendre au Sahara Occidental pour couvrir l’enterrement d’Elgarhi Nayem, un enfant de 14 ans, tué par un tir nourri de mitraillettes des forces marocaines sur le véhicule qui le transportait avec cinq de ses compatriotes alors qu’ils se dirigeaient vers de Gdeim Izik, un camp des manifestants pour leur apporter de la nourriture et de l’eau. Son frère ainé, Elgarhi Zuber, ancien prisonnier politique, Alaoui Lagdaf, Alaoui Salek, Daudi Ahmed et Hemdaiti Abay Ahmed Hammadi qui ont été blessés grièvement ont été hospitalisés et…isolés.
    Royal Air Maroc (RAM) a annulé leurs billets pour le vol AT0483 entre Casablanca et El Aaiún. Interpelée par les Espagnols, la compagnie chérifienne réplique «quelqu’un a annulé les réservations». Qui ? Elle refuse de donner des détails. Les journalistes pourraient se rendre à El Aaiun vendredi prochain selon les autorités qui ont décidé d’étouffer le camp de la protestation dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Le correspondant de la Cadena SER, dont le billet n’avait pas été annulé, s’est vu retirer sa carte d’embarquement, après avoir pu accéder à la salle d’embarquement. Comme ses collègues, il n’a pas pu suivre la «Journée de deuil national» décrétée par les sahraouis dans les camps de réfugiés et la «minute de silence» observée hier à 12 heures en la mémoire des victimes dans les Territoires sahraouis.
    Ce crime crapuleux a irrité aussi des parlementaires britanniques. Dans une pétition remise à leur ministre britannique des Affaires étrangères, ils ont dénoncé les «agissements» du Maroc et fait part leurs «vives inquiétudes» sur la situation qui prévaut au Sahara occidental. «Cette mort est une tragédie. Il est à craindre que ce n’est que le début » déclare le député Jonathan Evans. Comme ses collègues du Parlement, il suggère au Conseil de sécurité, de mettre en œuvre en urgence la surveillance des droits de l’homme au Sahara Occidental.
    Horizons, 27/10/2010
  • Les craintes de Ross sont justifiées

    A l’issue de son entrevue lundi avec le monarque marocain, l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies, Christopher Ross, a annoncé que la troisième réunion informelle entre le Maroc et le Polisario aura lieu en novembre prochain. Mais en prenant la précaution d’ajouter qu’il y a «impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations».

    Or, la tension est précisément très lourde au Sahara Occidental, où entre quinze et vingt mille personnes se sont retranchées dans un campement de toile près de la ville de Laayoun pour protester contre leurs conditions sociales et les violations répétées de leurs droits par les forces d’occupation et qu’un blocus établi par celles-ci prive de tout approvisionnement en nourriture, eau et médicaments. Situation qui a déjà dérapé avec la mort d’un adolescent tué par les auxiliaires du Makhzen, alors qu’il tentait, avec d’autres qui ont été blessés, de rejoindre ses compatriotes retranchés.

    Mais elle risque de tourner à la catastrophe humanitaire au cas où il n’y aurait pas d’intervention urgente de la part de la communauté internationale en faveur de ces milliers de personnes livrées à l’arbitraire barbare du Makhzen. Si cette catastrophe humanitaire sur laquelle le Polisario a mis en garde devait effectivement survenir, l’on voit mal comment pourrait avoir lieu une rencontre, fût-elle informelle, entre les représentants légitimes de cette population sauvagement réprimée par le Makhzen et ceux de ce dernier.

    Ce n’est pas à atténuer la tension, comme demandé par Christopher Ross, qu’agissent les autorités marocaines en affamant et réprimant les personnes qui se sont regroupées pacifiquement près de Laayoun. Elle l’exacerbe au contraire.

    Car le Polisario ne peut rester sans réagir d’une façon ou d’une autre devant les agissements marocains. La réaction à laquelle le Makhzen voudrait le pousser est justement celle de renier l’engagement obtenu de lui par l’envoyé personnel du Secrétaire général des Nations unies d’aller en novembre à un troisième round de négociations informelles. Ce qui ferait claironner à la propagande de Rabat l’antienne de la mauvaise foi du Polisario.

    La manœuvre est cousue de fil blanc mais révélatrice du désarroi dans lequel se trouvent le trône et les autorités marocaines, avec ces milliers de Sahraouis regroupés dans le camp «Istiqlal» et les défiant pacifiquement en revendiquant le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination et un Front Polisario conforté par leur courageuse détermination et donc sans esprit de concession au fameux projet royal de statut de décentralisation pour le Sahara Occidental.

    Si tension il y a qui risque de remettre en cause la rencontre de novembre, elle n’est pas le fait du Front Polisario, mais celui du Makhzen qui n’hésite pas à mettre en péril l’intégrité physique de milliers de citoyens sahraouis qui n’ont pour tort que de protester pacifiquement contre l’occupation et ses néfastes conséquences.

    C’est à la communauté internationale d’agir vite et fermement pour empêcher la survenue de la catastrophe humanitaire annoncée et contraindre le Maroc au respect de la légalité internationale que l’ONU a traduite par ses résolutions pertinentes sur le Sahara Occidental.
    par Kharroubi Habib
    Le Quotidien d’Oran, 27/10/2010
  • Provocations marocaines: Des milliers de Sahraouis menacés

    De plus en plus de voix s’élèvent pour appeler la communauté internationale à intervenir pour sauver la vie de milliers de sahraouis installés dans des camps isolés de Gdeim Izik près de la ville occupée d’El-Ayoun, depuis le début du mois en cours. Hier encore, un militant mexicain des droits de l’homme, Antonio Velazquez, a indiqué que des dizaines de colons marocains et des policiers en civil se sont installés au camp pour «provoquer et justifier» l’intervention des forces armées et incendier les khaïmas abritant plus de 20.000 Sahraouis. La population sahraouie avait quitté la ville le 9 octobre dernier pour protester contre ses conditions de vie «précaires» et son insécurité du fait de l’occupation marocaine.

    Le militant mexicain, cité par le journal espagnol ABC qui l’a joint par téléphone, a précisé qu’une «caravane de 30 véhicules transportant des familles est entrée dans le camp sans être autrement inquiétée par le poste de contrôle des forces armées marocaines». Le militant mexicain a précisé que les colons «cherchent à provoquer l’intervention des forces de sécurité» et s’est alarmé sur l’intention des colons «d’utiliser de l’essence pour incendier les khaïmas installées en plein désert». Selon le même militant, «la situation est grave, parce que l’armée empêche l’entrée de nourriture et de l’eau dans le camp». M. Velazquez a rappelé que la dernière action de répression des forces marocaines est «la levée d’un mur de terre autour du camp, avec des bulldozers, visant à empêcher l’entrée des aides alimentaires et la circulation des personnes souhaitant se joindre à la manifestation» qui est une forme pacifique de lutte contre la colonisation. «Il y a un hélicoptère qui survole le camp en permanence. Dans la soirée, il ne nous laisse pas dormir. D’autres hélicoptères et de petits avions survolent les lieux pour intimider la population sahraouie, simulant des atterrissages sur les khaïmas. Les troupes au sol entrent aussi dans la nuit pour harceler la population sahraouie», a rapporté le militant mexicain qui vit dans ce camp depuis une semaine. «La tension est à son paroxysme depuis la mort d’un jeune Sahraoui de 14 ans fauché par les tirs de mitraillette. Sept autres de ses compatriotes ont été gravement blessés, actuellement isolés dans un hôpital militaire à El-Ayoun», a par ailleurs indiqué à l’agence sahraouie de presse SPS l’un des coordinateurs de l’administration du camp.

    Ces événements interviennent alors même que la tournée de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross, dans la région, a pris fin par l’annonce de la tenue de la troisième réunion informelle en novembre prochain entre les deux parties en conflit, dans le cadre d’un règlement garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination. Cette réunion, a-t-il déclaré, après son entrevue avec le roi du Maroc, aura lieu entre «le royaume du Maroc et le Front Polisario en présence des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie, pour parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara Occidental le droit d’autodétermination, et ce avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins». M. Ross a précisé que «les responsables ont exprimé, lors des quatre étapes à savoir l’Algérie, les camps de réfugiés sahraouis, la Mauritanie et le Maroc, leur entière disposition à appuyer mes efforts et ceux des Nations unies en général».

    Après avoir souligné que sa visite au Maroc s’inscrivait dans le prolongement de sa quatrième tournée dans la région, M. Ross a indiqué que ses entretiens au Maroc portaient sur «la nécessité de dépasser la situation actuelle, des modalités de l’opération des négociations et du déroulement de la gestion des mesures d’édification de la confiance». L’envoyé spécial du secrétaire général de l’Onu pour le Sahara Occidental a par ailleurs déclaré que ses entretiens au Maroc ont également porté sur «l’impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations qui, je l’espère, permettra d’ouvrir la voie à des pas tangibles vers le règlement escompté».

    Dans la nuit de dimanche à lundi, un jeune Sahraoui a été tué et sept autres ont été blessés par l’armée marocaine près du camp des exilés d’El-Ayoun. L’armée marocaine a mitraillé la voiture à bord de laquelle se trouvaient les Sahraouis, alors qu’ils acheminaient de la nourriture, de l’eau et des médicaments vers ce camp. El-Garhi Najem (14 ans) a été tué sur le coup dans la voiture, alors que les sept autres ont été blessés, dont son frère, un ancien prisonnier politique, El-Garhi Daoudi. Les victimes ont été pourchassées par l’armée marocaine depuis leur sortie de la ville pour être immobilisées à deux kilomètres du camp des exilés de Gdeim Izik.

    Par ailleurs, le vice-ministre des Relations extérieures de l’Argentine, M. Alberto Pedro D’Alotto, a affirmé hier à Alger que son pays n’a pas changé sa position de soutien au Sahara Occidental et aux efforts du secrétaire général des Nations unies et de son représentant personnel pour le Sahara Occidental, Christopher Ross. «L’Argentine a toujours soutenu le Sahara Occidental dans le cadre de l’Assemblée générale de l’Onu et du Conseil de sécurité», a-t-il dit, estimant que «c’est une position qui a toujours été la même dans le cadre des lois internationales et des principes des Nations unies».

    par Djamel Belaïfa

    Le Quotidien d’Oran, 27/10/2010

  • L’envoyé personnel de l’ONU annonce une rencontre entre le Front Polisario et le Maroc

    Elle se tiendra en novembre prochain

    L’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, M. Christopher Ross a annoncé lundi la tenue en novembre prochain d’une troisième réunion informelle entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario.

    M. Ross qui en a fait l’annonce à l’issue de sa tournée dans la région a affirmé que cette rencontre entre «dans le cadre d’un règlement garantissant au peuple sahraoui son droit à l’autodétermination».

    Cette réunion, a-t-il déclaré, après son entrevue avec le roi du Maroc, rapporte l’APS, aura lieu entre « le royaume du Maroc et le Front Polisario en présence des deux pays voisins, l’Algérie et la Mauritanie, pour parvenir à un règlement politique juste, durable et convenu entre les deux parties, garantissant au peuple du Sahara Occidental le droitd’autodétermination, et ce, avec l’appui des pays de la région, particulièrement les deux pays voisins ».

    M. Ross a précisé que « les responsables ont exprimé, lors des quatre étapes à savoir l’Algérie, les camps de réfugiés sahraouis, la Mauritanie et le Maroc, leur entière disposition à appuyer mes efforts et ceux des Nations unies en général ».

    Soulignant que sa visite au Maroc s’inscrivait dans le prolongement de sa quatrième tournée dans la région dans le cadre de la mission dont l’a chargé le secrétaire général de l’ONU, M. Ross a indiqué que ses entretiens au Maroc portaient sur « la nécessité de dépasser la situation actuelle, des modalités de l’opération des négociations et du déroulement de la gestion des mesures d’édification de la confiance ».

    L’envoyé spécial du secrétaire général de l’ONU pour le Sahara Occidental a par ailleurs déclaré que ses entretiens au Maroc ont également porté sur « l’impérieuse nécessité d’atténuer la tension qui prévaut et d’éviter tout ce qui est de nature à assombrir le climat ou à entraver le progrès lors du prochain round des négociations qui, je l’espère, permettra d’ouvrir la voie à des pas tangibles vers le règlement escompté ». Avant le Maroc, M. Ross s’est rendu à Alger, dans les camps de réfugiés sahraouis et à Nouakchott. L’envoyé spécial du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara Occidental avait déjà annoncé, après ses entretiens avec les responsables sahraouis dans les camps de réfugiés, qu’un nouveau round de négociations entre le Front Polisario et le Maroc est prévu début novembre, sous les auspices de l’ONU.

    Le Conseil de sécurité avait demandé, dans sa dernière résolution (1871), au Maroc et au Front Polisario de poursuivre les négociations sous les auspices du secrétaire général de l’ONU, « sans conditions préalables et de bonne foi », en vue de parvenir à une « solution politique juste, durable et mutuellement acceptable » qui pourvoit à l’autodétermination du peuple du Sahara Occidental. Le Maroc et le Front Polisario ont engagé en juin 2007 des négociations directes, sous l’égide de l’ONU, dont quatre rounds ont eu lieu depuis à Manhasset, près de New York, et deux réunions informelles à Vienne à New York, sans aboutir à une avancée réelle.

    La dernière réunion informelle sur le Sahara Occidental a eu lieu à New York, en février dernier, date à laquelle les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible.

    La quatrième Commission de l’Assemblée générale des Nations unies chargée de la décolonisation a adopté à l’unanimité, lundi dernier à New York, une résolution qui réaffirme le droit du peuple sahraoui à l’autodétermination, rappelle-t-on. Le Sahara Occidental est la dernière colonie en Afrique. Il est considéré comme territoire non-autonome par l’Onu depuis 1966.
    Par : Lakhdari Brahim
    Le Midi Libre, 27/10/2010

  • Réfugiés dans leur propre pays

    En dressant un camp de toile pour plus de 10 000 personnes à la périphérie d’Al Ayoune, les populations des territoires sahraouis sous occupation marocaine ont tenu à lancer un message à la communauté internationale sur leur état de réfugiés dans leur propre pays.

    Rabat minimise le sens du camp de toile
    Les autorités marocaines ne s’attendaient visiblement pas à cette nouvelle forme de protestation qui risque une fois de plus de mettre leur pays au ban de la communauté internationale, un peu comme l’a fait Aminatou Haider par la grève de la faim qu’elle avait observée durant 33 jours à la fin 2009.

    Prises de court, elles ont essayé de minimiser la portée de cette manifestation originale qu’elles veulent voir comme une simple revendication sociale. C’est là toute l’erreur de Rabat dont la gendarmerie, à la gâchette facile, n’a pas hésité à tirer sur un groupe de jeunes dont elle n’ignorait pas le sentiment indépendantiste qui est, du reste, celui de tous occupants du camp de toile mis sous état de siège permanent.

    La propagande officielle qui tente de réduire l’événement, comme l’a fait maladroitement le porte-parole du gouvernement marocain, à un simple climat de tension sociale, n’a pas porté.

    Beaucoup de journalistes espagnols se sont déplacés sur place pour relater l’assassinat du jeune adolescent sahraoui de 15 ans, tué dimanche par la gendarmerie marocaine au moment où il tentait de pénétrer dans le camp de toile, mais ont été, comme ils s’y attendaient, bloqués ou carrément refoulés de l’aéroport d’Al Ayoune.

    Réaction de Christopher Ross

    La brutalité marocaine n’est pas passée inaperçue puisque les premières réactions ont commencé à être enregistrées un peu partout à travers le monde. Parmi celles-ci, l’appel lancé visiblement à l’adresse du Maroc, par Christopher Ross, invitant les autorités marocaines à «l’urgente nécessité de ne pas raviver la tension au Sahara» pour ne pas compromettre la tenue de pourparlers informels qui devront avoir lieu du 3 au 5 novembre à New York.

    Certaines «sources diplomatiques» s’interrogent sur l’usage de la force au lendemain même du retour de M. Ross de sa tournée maghrébine. Des observateurs de la situation dans la région estiment, quant à eux, que le recours à la violence par les forces de sécurité marocaines apporte la preuve que le mouvement de protestation de ces milliers de Sahraouis n’a rien d’exclusivement social, même si pour éviter la répression policière les organisations du camp de toile ont évité de trop mettre en avant la question de l’indépendance.

    Dénoncer, cependant, le pillage des ressources sahraouies est en soi le slogan le plus politique qui soit, estime-t-on dans les milieux parlementaires européens, où le renouvellement de l’accord de pêche UE-Maroc est plus jamais remis en cause par la Commission européenne.

    Ils ne sont pas rares, au moment où le mouvement de protestation prend de l’ampleur et plus de signification nationaliste, ceux qui en Espagne pensent que l’incident de dimanche aurait été prémédité par les Marocains, de moins en moins motivés à aller vers de nouvelles négociations avec le Front Polisario à New York.

    Rabat aurait perdu tout espoir de faire de son plan d’autonomie pour le Sahara occidental la seule base de travail, parce que ses deux principaux alliés ne peuvent plus rien pour lui. La France est trop occupée avec sa crise sociale, alors que l’Espagne est sous haute surveillance par les influentes ONG pro-Front Polisario.

    Madrid lance un appel à Rabat

    En Espagne, les premières réactions de condamnation de cette nouvelle vague de répression marocaine contre les populations civiles sont virulentes. Outre les organisations civiles, le Parti populaire a qualifié, hier, de très grave l’assassinat du jeune Sahraoui et la répression qui s’est abattue depuis lundi sur les populations locales.

    La brutalité de Rabat a mis mal à l’aise la nouvelle ministre espagnole des Affaires étrangères, Mme Trinidad Jimenez, aussi pro-marocaine son prédécesseur à ce poste, Miguel Angel Moratinos. Depuis le Luxembourg, où elle assistait aux travaux du Conseil européen des MAE, Mme Jimenez, «a demandé aux autorités marocaines d’entretenir des contacts avec les organisateurs du camp de protestation sociale pour éviter toute dérive de violence».

    Un appel qui est intervenu trop tard, apparemment, puisque le climat de tension ne cesse d’augmenter à Al Ayoune, d’où il risque de s’élargir à tout le territoire sahraoui. «Il faut s’attendre à présent à ce que le Maroc sortira alors sa vieille recette du complot» algérien, fait observer un militant de Ceas, l’ONG qui milite activement pour la cause sahraouie. A cette campagne, Mourad Medelci semble avoir déjà répondu par anticipation, lundi, lors de l’émission «Questions d’actu» de Canal Algérie :

    «Le processus de décolonisation du Sahara occidental continue de se heurter à de graves obstacles (dressés par le Maroc), malgré la pertinence des résolutions du Conseil de sécurité.» Pour Efe, l’Algérie a des arguments qui se tiennent puisqu’elle «a toujours soutenu le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui, un principe que les autorités algériennes ont rappelé, une fois de plus, à Christopher Ross, lors de sa dernière tournée maghrébine».
    Par Hamid A

    Le Temps d’Algérie, 26/10/2010
  • A quel temps se conjuguent les «sans conditions préalables» ?

    Christopher Ross pour la reprise des négociations maroco-sahraouies
    A quel temps se conjuguent les «sans conditions préalables» ?
    Les prochains pourparlers entre les Sahraouis et les Marocains sont prévus début novembre 2010.

    La récente visite de l’envoyé personnel du secrétaire général des Nations unies pour le Sahara occidental, Christopher Ross, dans la région, est destinée à faire avancer le processus de paix dans la dernière colonie africaine, classée « territoire non autonome » par l’ONU depuis 1966. La tournée régionale, la quatrième du genre depuis la nomination du diplomate américain en janvier 2009, fait suite à de nombreux rounds de discussions restés sans résultat, du fait des positions inconciliables entre les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario. Cette fois, Ross a estimé que le statu quo dans la question du Sahara occidental est « intenable à long terme », en faisant référence aux « coûts et (…) dangers qu’il entraîne ».
    S’appuyant sur la dernière résolution (1871) du Conseil de sécurité, il a appelé le Polisario et le Maroc à faire preuve « maintenant » de volonté politique nécessaire pour le surmonter, en les invitant à engager des négociations « sans conditions préalables » et de « bonne foi », afin de parvenir à une solution politique juste, durable et mutuellement acceptable qui garantit l’autodétermination du peuple sahraoui. Même si la référence au droit légitime du peuple sahraoui à l’autodétermination a été réaffirmée par le représentant onusien, sa façon de mettre dos à dos l’occupant et l’occupé a fait réagir rapidement la partie sahraouie.
    En effet, lors d’une conférence de presse, organisée le 18 octobre, au siège de l’ambassade de la RASD à Alger, le ministre sahraoui des Affaires étrangères, Mohamed Salem Ould Salek, a déclaré que les autorités de la RASD et le Front Polisario attendent des Nations unies qu’elles assument « leurs pleines responsabilités à l’égard du peuple sahraoui » et ce, en mettant un terme à l’occupation, en accélérant l’organisation du scrutin référendaire et en mettant fin à la répression systématique perpétrée par les forces coloniales marocaines à l’encontre des Sahraouis des territoires occupés, restés sans défense.
    Comme pour répondre à l’exigence suggérée par Ross, le diplomate a tenu à apporter certaines précisions. Il a ainsi rappelé que la création en 1991 de la Mission de l’ONU, c’est-à-dire la Minurso, et le mandat de celle-ci obéissent à l’objectif d’organisation du référendum dans l’ex-colonie espagnole. M. Ould Salek a également souligné la disponibilité de la partie sahraouie à travailler avec Christopher Ross et à l’aider, non sans insister sur la finalité de la mission de ce dernier, à savoir la décolonisation du Sahara occidental. Par ailleurs, le ministre sahraoui est revenu sur le processus de paix et a fait part d’un constat connu de tous : l’entrave de ce processus est, selon lui, « marocaine, avec le soutien de la France ». Mais, le conférencier ne s’est pas arrêté là, il a revisité l’après-cessez-le-feu, qui a engendré un statu quo sans cesse favorable aux forces d’occupation. Sur ce registre, il a alors abordé les desseins du Makhzen qui, tout ce temps, a usé du pillage des ressources naturelles, des transferts massifs des Marocains vers les villes sahraouies occupées, mais aussi de l’isolement des zones occupées du Sahara occidental du monde extérieur et du recours à « la liquidation physique, aux violations des droits de l’homme et aux crimes de guerre et crimes contre l’humanité », en espérant mettre fin à la volonté d’indépendance du peuple sahraoui.

    Le poids des événements et des fondements

    Depuis juin 2007, le Maroc et le Front Polisario ont engagé de nouvelles négociations, sous l’égide de l’ONU, dont 4 rounds ont eu lieu à Manhasset, près de New York, et 2 réunions informelles à Vienne et à New York, sans aboutir à une avancée réelle. Lors de la dernière réunion informelle, qui s’est tenue en février dernier, les parties ont réaffirmé leur engagement à poursuivre leurs négociations dès que possible. Huit mois sont déjà passés !

    La récente tournée régionale de Christopher Ross, amorcée le 18 octobre dernier, a mené l’émissaire onusien chez les deux parties en conflit, au Maroc et auprès du Polisario, dans les camps de réfugiés, ainsi que dans les pays observateurs du processus de paix, à savoir l’Algérie et la Mauritanie. Elle participe d’une volonté de renouer les fils du dialogue entre Sahraouis et Marocains, un dialogue annoncé pour le 4 octobre dernier, puis reporté au début novembre 2010. Avec cette fois, la suggestion glissée par Ross relative à la question des relations de « bon voisinage » au Maghreb et le déplacement du secrétaire général de l’ONU en personne, à Marrakech pour discuter avec le roi du Maroc sur le dossier du Sahara occidental, sinon le convaincre à rejoindre la table des négociations. D’ailleurs, on est tenté d’approcher ces éléments en prenant en compte le contexte actuel, marqué par la célébration du 60è anniversaire de la Déclaration 1514 des Nations unies du 14 décembre 1960 consacrant le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes. Un principe qui, aujourd’hui, pose avec acuité la question de crédibilité du Conseil de sécurité, surtout après la récente réaffirmation du droit au peuple sahraoui à l’autodétermination, par la IVè Commission onusienne de décolonisation. En outre, il faut croire que la célébration, par la RASD, membre fondateur de l’Union africaine, du 35è anniversaire de la déclaration de l’unité du peuple sahraoui, et surtout la mise à nu du régime de Rabat, par la résistance sahraouie des territoires sous occupation, ne sont pas étrangères à la pointe d’impatience perçue chez Ross.

    Mais, pour coller aux événements, il serait bon de rappeler que c’est la partie marocaine, ayant accepté le plan de règlement de l’ONU de 1991, participé à différents cycles de négociations avec le Front Polisario et signé les accords de Houston, en 1997, qui a déserté le chemin de la légalité internationale, en tournant le dos à ses engagements. Conforté par l’organigramme onusien, qui date pratiquement de la Seconde Guerre mondiale, et donc par la complicité de pays membres influents du Conseil de sécurité, notamment la France, le Maroc, qui n’a aucune souveraineté sur le Sahara occidental, ne veut plus entendre parler de référendum d’autodétermination. Encore moins un scrutin comprenant le choix d’indépendance parmi les options à présenter. Ce qui ne veut pas dire que ce pays ne se prépare à une éventuelle consultation, mais avec une carte humaine complètement remodelée.

    ONU : la médiation au détriment des responsabilités ?

    En juin 2010, l’envoyé personnel du secrétaire général de l’ONU a rédigé une lettre, révélée deux mois plus tard, par le journal espagnol El Pais, dans laquelle il demandait l’aide de l’Espagne qui, aux yeux du droit internationale, est la puissance administrante au Sahara occidental, ainsi qu’au tout nouveau « Club des Amis du Sahara Occidental » (Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Espagne), pour sortir les négociations de l’impasse. Dans la missive qu’il leur adressait, Ross avait fait état de l’intransigeance marocaine et de l’absence de volonté de dialogue « sans préalable » auquel avait pleinement souscrit le Front Polisario. Un constat conforté par le discours du roi alaouite, prononcé en août dernier, à l’occasion du 11è anniversaire de son accession au trône. En déclarant que son pays ne renoncera pas au moindre pouce du Sahara occidental et en remettant sur le tapis la proposition d’une large autonomie dans ce territoire, Mohammed VI a en effet fermé toutes les portes de la négociation, en poussant au pourrissement et en jetant surtout un sérieux doute sur la volonté du Maroc de coopérer réellement avec Ross. Un doute qui n’est pas prêt d’être levé, en l’absence d’initiatives onusiennes, en matière de climat de confiance et de protection de la population sahraouie des territoires occupés. Cela a d’ailleurs été relevé par le Polisario qui pense que « l’ONU ne peut se contenter du rôle de médiateur », alors qu’elle a des responsabilités envers le peuple sahraoui et le territoire non autonome du Sahara occidental.

    L’ONU, plus particulièrement son Conseil de sécurité, par manque de volonté, a tenté depuis 2000, de trouver une solution, en empruntant une 3è voie, entre l’intégration au Maroc et l’indépendance du territoire. A aucun moment, le Conseil n’a voulu exercer des pressions sur le Maroc, pour l’obliger à se remettre sur les rails de la légalité internationale. De plus, il n’a pas mandaté la Minurso, l’unique Mission onusienne pour un référendum dans un territoire non autonome, pour les questions relevant des droits des l’homme et de la protection de la population civile sahraouie. Lors de leur passage, les deux prédécesseurs de Ross, James Baker et Peter Van Walsum, ont essayé de redéfinir la souveraineté et l’autodétermination. Si Baker a maintenu d’une certaine manière le principe de la consultation référendaire, en l’élargissant à une partie des Marocains établis dans le territoire sahraoui occupé, Van Walsun a, quant à lui, cherché à effacer complètement toute trace du peuple sahraoui. L’actuel envoyé spécial de l’ONU au Sahara Occidental, dont la nomination coïncide avec l’émergence d’un groupe de 5 pays, connus sous le nom de « Club des Amis du Sahara Occidental », veut certainement éviter un semblable sort. Son appel de Nouakchott, pour la recherche d’une solution politique avec l’aide des seuls pays de la région, remettra-t-il les pendules à l’heure ? Parviendra-t-il à faire bouger le Conseil de sécurité, dans le sens de l’ouverture de meilleures perspectives pour les Sahraouis, avant que l’irréparable ne se produise ?

    S’agissant de la dernière colonie africaine, il y a d’abord urgence à expliciter la notion de négociations « sans conditions préalables », dans le cadre de la recherche d’une solution « mutuellement acceptable ».
    Par Z’hor Chérief
    Les Débats, 27-2/10/2010
  • Sahara Occidental : Meurtre à huis clos

    Le Maroc empêche les correspondants de TVE et TV3, du journal El Mundo et de l’Agence EFE qui sont accrédités à Rabat de se rendre au Sahara Occidental pour couvrir l’enterrement d’Elgarhi Nayem, un enfant de 14 ans, tué par un tir nourri de mitraillettes des forces marocaines sur le véhicule qui le transportait avec cinq de ses compatriotes alors qu’ils se dirigeaient vers de Gdeim Izik, un camp des manifestants pour leur apporter de la nourriture et de l’eau. Son frère ainé, Elgarhi Zuber, ancien prisonnier politique, Alaoui Lagdaf, Alaoui Salek, Daudi Ahmed et Hemdaiti Abay Ahmed Hammadi qui ont été blessés grièvement ont été hospitalisés et…isolés.
    Royal Air Maroc (RAM) a annulé leurs billets pour le vol AT0483 entre Casablanca et El Aaiún. Interpelée par les Espagnols, la compagnie chérifienne réplique «quelqu’un a annulé les réservations». Qui ? Elle refuse de donner des détails. Les journalistes pourraient se rendre à El Aaiun vendredi prochain selon les autorités qui ont décidé d’étouffer le camp de la protestation dans les territoires occupés du Sahara Occidental. Le correspondant de la Cadena SER, dont le billet n’avait pas été annulé, s’est vu retirer sa carte d’embarquement, après avoir pu accéder à la salle d’embarquement. Comme ses collègues, il n’a pas pu suivre la «Journée de deuil national» décrétée par les sahraouis dans les camps de réfugiés et la «minute de silence» observée hier à 12 heures en la mémoire des victimes dans les Territoires sahraouis.
    Ce crime crapuleux a irrité aussi des parlementaires britanniques. Dans une pétition remise à leur ministre britannique des Affaires étrangères, ils ont dénoncé les «agissements» du Maroc et fait part leurs «vives inquiétudes» sur la situation qui prévaut au Sahara occidental. «Cette mort est une tragédie. Il est à craindre que ce n’est que le début » déclare le député Jonathan Evans. Comme ses collègues du Parlement, il suggère au Conseil de sécurité, de mettre en œuvre en urgence la surveillance des droits de l’homme au Sahara Occidental.
    Horizons, 27/10/2010