Mois : septembre 2010

  • POLITIQUE DE LA PEUR : La menace terroriste : info ou intox ?

    La menace terroriste : info ou intox ? Cette question vient immanquablement à l’esprit à la seule vue du ministre de l’Intérieur, Brice Hortefeux, nous faire une déclaration dramatique sous la tour Eiffel, exactement là où une fausse alerte à la bombe avait eue lieue quelques heures plutôt. Nous savons tous, intuitivement, que la peur joue un rôle dans la vie politique d’un pays. Et pas seulement lors d’événements exceptionnels comme les attentats du 11 septembre à New York. Mais, parce qu’il est humiliant d’avoir peur et de se l’avouer, nous en minimisons irrésistiblement l’influence, préférant nous réfugier derrière des explications plus « rationnelles » du comportement des gouvernants comme des citoyens. 
     
    Le maître-livre de Corey Robin déchire ce voile d’ignorance. Dans une analyse à la fois brillante et provocante, très largement saluée lors de sa récente publication aux États-Unis, il montre en quoi la peur constitue un levier fondamental de pouvoir, même dans une démocratie libérale comme la nôtre. L’auteur conjugue ici une analyse historique de l’idée de peur (de Hobbes à Hanna Arendt en passant par Montesquieu et Tocqueville) avec une description concrète, menée sans complaisances, de la vie politique américaine actuelle. Il s’en dégage une démonstration particulièrement efficace qui déborde le cadre strictement américain pour s’appliquer à tout fonctionnement démocratique. 
     
    Si cette thèse originale trouble certainement notre confort intellectuel, elle peut aussi nous dessiller politiquement les yeux pour des lendemains mieux libérés de la peur. L’Etat Français, du sentiment d’insécurité à la marchandisation des risques Si les leaders de la Gauche et la Droite françaises sont désormais presque unanimes pour affirmer que la sécurité est la première des libertés, ce sont maintenant les conditions dans lesquelles s’exerce cette sécurité qui font débat. Notamment du fait que d’ici 2014, les effectifs de la sécurité privée dans notre pays dépasseront ceux cumulés de la police et de la gendarmerie nationales. Quel rôle restera-t-il à l’Etat en la matière ? Quelles seront les conséquences pour le citoyen devenu client, consommateur de sécurité ? Quelles incidences cela aura-t-il sur notre modèle de société ? Au-delà des stricts enjeux de sûreté, c’est bien une analyse prospective sur l’avenir de notre collectivité nationale que propose cet ouvrage. 
     
    Avec à la clé une indispensable réflexion sur ce qui constituera demain le cœur de notre pacte républicain.Cet ouvrage expose, traite, analyse les peurs multiples de l’homme dans notre société. La peur monopolise notre existence dans tous les domaines, politique, économique, psychologique, sociologique. C’est une véritable maladie contemporaine. La peur évoque toute l’histoire de l’humanité. Les usages politiques de la peur, son invocation et son instrumentalisation qui furent le privilège des régimes de terreur, ne peuvent plus servir aujourd’hui de critère discriminant entre les démocraties et les régimes, dont, par principe, elles devraient être distinctes. Dans tous les domaines de l’existence, les citoyens sont affectés par la «culture» dont elle fait l’objet – une culture qui les conduit à tolérer des discours et des pratiques qu’ils n’auraient pas cru pouvoir ni devoir accepter auparavant. Ainsi se sédimente dans nos vies «l’inacceptable», au nom d’une exigence démultipliée de protection et de sécurité. 
     
    La question alors est de savoir quelle est, dans cette exigence, la part du besoin de «sécurité humaine», dont aucun discours politique ne devrait faire l’économie, et celle de «la sécurité de l’État». S’il est vrai que leur frontière indécise se joue, à chaque fois, dans le choix et le calcul des «cibles de l’insécurité», au double sens d’un génitif subjectif et objectif, l’avenir de la démocratie appelle une critique ininterrompue de ces choix et de ces calculs – à plus forte raison quand ils se portent sur la figure de l’étranger. Gouverner par la peur De toutes parts montent les discours de la peur, des peurs. Peur de l’insécurité, de la précarité, du chômage. De la violence, de la marginalisation, d’être délocalisé. Peur de l’ouvrier chinois, du plombier polonais, de son collègue de travail, du terroriste. Peur aussi de ce que l’on mange, de ce que l’on boit, de son corps. Peur du changement climatique. Peur intime et peur publique. Peur de tout. 
     
    Cette montée de la parole collective sur l’angoisse pourrait être positive : connaître et énoncer ses peurs, c’est déjà les combattre. Il suffirait de changer de regard, de déchausser les lunettes de la morosité ambiante pour prendre une mesure apaisée des évolutions positives comme des risques encourus par nos sociétés contemporaines. Or c’est tout le contraire qui se passe : loin de se réduire, nos peurs grandissent chaque jour un peu plus. Pourquoi a-t-on tant de mal à les affronter, dans un contexte qui est loin de s’être autant détérioré qu’on voudrait nous le faire croire ? 
     
    L’exploitation de l’angoisse rapporte, et parfois beaucoup, au sens propre. Mais qui a intérêt à gouverner par la peur ? Quelles formes de résistance et quelles alternatives peut-on y opposer ?. Non seulement les individus pris isolément, mais les collectivités et les civilisations elles-mêmes sont engagées dans un dialogue permanent avec la peur. Celle-ci prend toutefois des visages différents, depuis les terreurs médiévales jusqu’à l’obsession contemporaine de la sécurité. Jean Delumeau montre à la fois les continuités et les ruptures, ainsi que la diversité des formes prises par la peur en Occident. Des peurs collectives, comme celles engendrées par la peste, aux séditions populaires, des visages de Satan aux procès en sorcellerie, ce livre a profondément renouvelé l’histoire des mentalités et des comportements. 
     
    Cet ouvrage inaugure ainsi la grande enquête consacrée par Jean Delumeau à l’histoire des représentations collectives, des inquiétudes et des espoirs de l’humanité occidentale, qui s’est poursuivie par l’exploration du péché et de la culpabilité, puis par celle de la rédemption et du paradis. La politique aime les couleurs, mais le bourgeois vomit le « rouge ». La peur sociale provoque les « effrois », les émeutes et les « folles commotions » des populations révoltées dès le Moyen Age. Elle est la peur de ceux qui sapent les colonnes de la société, comme les partageux du premier XIXe siècle, avides de redistribution des richesses et de substitution du socialisme au capitalisme. Aux environs de 1840, en effet, la Révolution industrielle prend son essor, un prolétariat en naît et, avec lui, se nouent les tensions sociales, liées à toute croissance économique brutale. La politique aime les couleurs, mais le bourgeois vomit le « rouge », fier de son travail. Après la phobie des attentats anarchistes de la fin du XIXe siècle, l’homme du XXe siècle a eu bien davantage de craintes politiques et sociales, d’abord multipliées par les affiches du « moujik hirsute » de 1919, qui concrétise la hantise des « rouges », version bolcheviks cette fois-ci. Il a connu – pas forcément éprouvé – la hantise de la Guerre froide, du « camp communiste », de l’Armée rouge, des « gauchistes » et des « étés chauds » Qui a réellement « profité » de cette peur ? Les « rouges » ont-ils été manipulés ? Et la « cible » n’a-t-elle pas totalement changé avec la drogue, les banlieues « à risque », le terrorisme ? 
     
    La peur, la mort et les médias Quel est le rôle social de ces récits de mort et de violence, qui remplissent nos écrans et nos journaux, telle est la question que posent les différents articles de cet ouvrage, qui vont du questionnement théorique sur « la peur, les médias, le lecteur » ou sur les stratégies narratives de la peur au cinéma, à l’étude minutieuse d’une enquête du quotidien bruxellois « La Dernière Heure, fondée sur la thématique de l’insécurité ».Comment la peur surgit-elle face à l’inconnu ? Comment exprime-t-elle la crainte des autres – peur de l’étranger, de l’ennemi, du monstre, du différent – ainsi que la volonté d’écarter de soi l’irréductible altérité qui habite tous les êtres humains ? L’auteur montre ici que la peur est souvent instrumentalisée par les pouvoirs politiques, jusqu’à devenir un moyen de contrôle et de gouvernement. Ainsi est-elle utilisée pour bâtir des politiques sécuritaires qui « institutionnalisent » la méfiance de chacun à l’égard de tous. Mais, même si elle renvoie à la fragilité et à la contingence de la condition humaine, la peur n’est pas invincible : elle ne réduit pas nécessairement notre marge de manoeuvre. Une fois admise l’idée que tout ne peut pas être « contrôlé » et que l’ « inattendu » est une composante de la vie, nous pouvons tenter de construire des relations de confiance qui, tout en ne nous mettant pas à l’abri de l’inconnu ou de l’imprévu, nous permettent aussi d’aller vers les autres, de même que de renouer avec notre propre altérité. Déclassement le mot est aujourd’hui sur toutes les lèvres et sous toutes les plumes Mais, au-delà de son caractère incontournable, il recouvre deux réalités bien distinctes. La plus évidente a trait aux ruptures qui conduisent des individus à voir leur position se dégrader La deuxième est encore plus décisive : c’est la peur du déclassement. Cette angoisse sourde, qui taraude un nombre croissant de Français, repose sur la conviction que personne n’est » à l’abri « , que tout un chacun risque à tout moment de perdre son emploi, son salaire, ses prérogatives, en un mot son statut. 
     
    En rendant la menace plus tangible, les crises portent cette anxiété à son paroxysme. Source de concurrence généralisée et de frustrations, la peur du déclassement est en train de devenir l’énergie négative de notre société. A partir de ce constat, Eric Maurin fonde une sociologie des récessions et propose une lecture radicalement neuve de la société française, tout en aidant à repenser les conditions de sa réforme.

    La Rédaction
    Réflexion, 30 Septembre 2010

  • Aqmi cherche à s’étendre jusqu’aux Shebab somaliens

    Tandis que les pays saharo-sahéliens se noient dans des politiques politiciennes : Aqmi cherche à s’étendre jusqu’aux Shebab somaliens

    L’affaire des otages français enlevés au Niger vient brutalement rappeler l’urgence d’une stratégie commune dans les pays saharo-sahéliens. La voie a été tracée par Alger à Tamanrasset, mais il reste à passer à la phase réalisation. Pour cela, il faut de la volonté politique. Et pendant ce temps, Aqmi menace de dépasser son cadre saharo-sahélien. De s’enfoncer en Afrique sub-saharienne et, plus dangereux encore, de faire jonction avec les Shebab somaliens.

    Al-Qaïda, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, fait parler d’elle en Afrique par Aqmi et les Shebab, deux organisations qui se sont accolées la marque Ben Laden, pour mieux frapper les esprits. Disposant de capacités de nuisance, elles se déploient sur des zones éminemment géostratégiques où elles puisent toutes leurs ressources. L’Islam, pour les deux franchises d’Al-Qaïda, ne serait, selon tous les spécialistes, qu’un paravent pour cacher des activités plutôt liées au grand banditisme. 


    Pour faire court, Aqmi tente de contrôler les réseaux de la drogue vers l’Europe, ceux des armes et des cigarettes, ainsi que le trafic des êtres humains, y compris la traite des blanches. Traqués par les forces de sécurité algériennes, les terroristes ont ouvert un front en Afrique subsaharienne. Une aubaine parce que les États de la région saharo-sahélienne ne sont pas assez forts pour chasser les intrus. Combattre le terrorisme dans cette région est d’autant plus difficile que le Sahel désertique, qui s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge, est une terre d’irrédentisme : l’occupation du Sahara occidental par le Maroc est, en soi, un facteur d’instabilité au Maghreb ; les rébellions touareg sévissent dans le nord du Mali et du Niger pour exiger le développement de leurs régions ; les Toubous du Tchad réclament leur indépendance et les musulmans du nord du Nigeria exigent un meilleur partage du pactole pétrolier. En outre, des événements ont révélé de long en large tous les jeux auxquels s’adonnent certains pays de la région et qui, force est de le constater, encouragent l’instabilité. Tergiverser sur les capacités et la solidarité nationale au sein de la région saharo-sahélienne, et cela après s’y être solennellement engagés, pour s’abandonner entièrement à des voies tracées hors continent et que tout le monde suspecte d’ingérences pour se mettre sous la main non seulement la vaste scène sur laquelle se déploie Aqmi, c’est offrir sur un plateau des motifs de convenances et de complicités sinon de neutralité aux populations de la vaste bande saharienne à l’égard du terrorisme. 

    Quant aux Shebab, ils ont pour eux la piraterie dans le golfe d’Aden, la principale autoroute maritime du commerce international. Le Sahel a également vu son importance grandir avec les matières premières de ses membres et de son voisinage. La Somalie est un no man’s land, une région de non-droit au cœur de la Corne de l’Afrique tandis que le Sahel est un vaste ensemble peu peuplé, donc peu administré. Difficiles à sécuriser, les deux régions sont, pour ainsi dire, livrées à elles-mêmes. C’est la raison pour laquelle le terrorisme s’y est incrusté alors que partout ailleurs, plusieurs organisations jihadistes ont renoncé à la lutte armée face aux coups portés contre leurs membres et surtout à la désaffection des populations vis-à-vis d’une idéologie, quelles ont fini par considérer pour le moins de suicidaire. Le dernier groupe à rendre l’âme est le Groupe islamique combattant libyen (GICL), en mars 2010.

    Aujourd’hui, Al-Qaïda est confrontée à un problème de recrutement, les candidats au jihad s’étant raréfiés et la question de sa violence sans distinction en débat, y compris dans les milieux radicaux. La première brèche au sein des groupes jihadistes dans le monde arabe est apparue entre le milieu et la fin des années 1990 avec l’autodissolution de la Gamaâ Al-Islamiyya, qui était le plus important groupe armé en Égypte. Et pourtant, le numéro deux d’Al-Qaïda est un Égyptien, Ayman Al-Zawahiri, la tête pensante de Ben Laden. Et le groupe islamiste égyptien a été également cofondateur du Front islamique international pour le djihad contre les juifs et les croisés. Le cadre de l’idéologie jihadiste, qui a légitimé dans les années 1980 le recours aux armes pour renverser les régimes apostats. Les cheikhs religieux du monde entier se sont détournés des assassinats industriels commis au nom de l’Islam.
    Certains ont même avoué s’être fourvoyés, notamment en ce qui concerne les évènements d’Algérie auxquels ils avaient consentis auparavant. Rejeté par la population et vaincus militairement, les GIA abdiqueront à leur tour. À leur annonce de cesser leurs activités séditieuses, les autorités algériennes répliquèrent en décrétant la réconciliation nationale. Al-Qaïda en Arabie Saoudite en fera de même et ses irréductibles iront en Irak. Leurs attentats à la bombe sur la terre des lieux de l’Islam avaient provoqué indignation et colère, dans le pays qui s’enorgueillit de l’idée que son application de la chari’a assurait la sécurité de ses citoyens, et pouvaient lui aliéner l’ensemble de la communauté musulmane.
    Il a fallu, il est vrai, le 11 septembre 2001 et les mises en garde des États-Unis, pour que l’establishment religieux saoudien mette un bémol à l’exportation de son wahhabisme et adopte, à son tour, des positions fermes contre le terrorisme d’Al-Qaïda. Mais, le terrorisme n’est pas pour autant tari. Cependant, les pays aux prises avec ses agissements ne peuvent plus déplorer l’absence de stratégies réalistes pour traiter les causes réelles du terrorisme. Il est unanimement admis que l’Islam n’en est qu’un prétexte. Les causes qui sous-tendent le phénomène du terrorisme sont la pauvreté, le chômage, l’exclusion et, surtout, l’absence de réformes politiques. Et l’on comprend pourquoi, l’adhésion à un centre international de lutte contre le terrorisme ou à de vagues résolutions, non contraignantes, remporte plus facilement le soutien que, par exemple, le renforcement des contrôles sur les organisations religieuses, ou encore pour de vraies réformes dans le système éducatif pour la connaissance scientifique, la modération et la tolérance. Il reste qu’en perte de vitesse, malgré les apparences, y compris en Irak où la procession d’attentats est le revers de luttes entre factions au pouvoir, au Pakistan où c’est la même logique avec des tensions entre la classe politique et les militaires, et en Afghanistan où la réapparition des taliban est à lier au régime corrompu de Karzaï, le jihadisme radical s’est donc déporté sur le continent africain où il existe de nombreuses facteurs d’instabilité. 

    Le déploiement s’est fait de façon parallèle jusqu’à se demander s’il y a eu des concertations entre Aqmi et les Shebab. Le mode d’installation est identique : un groupuscule avec armes et prédicateurs, et le tour a été joué pour tendre leurs tentacules. Les Shebab en Somalie où ils ont rapidement supplanté les corsaires qui prenaient en otages tous ceux qui passaient dans le golfe d’Aden, y compris les géants des mers que sont les pétroliers. Le pays a été une proie facile : plus d’État, rien que des chefs de guerre. La situation est différente dans le Sahel, une large bande saharienne enserrée entre l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Tchad, avec ses profondeurs (Sénégal, Burkina Faso et Côte d’Ivoire). Là, ce n’est pas l’absence de pouvoir mais le dénuement et le sentiment d’abandon de franges de populations qui constituent un terrain propice à la présence d’Aqmi. L’idéologie d’Al-Qaïda, à en croire des observateurs, n’a pas prospéré, mais le groupe radical peut y circuler comme un poisson dans l’eau, d’autant qu’il a développé une véritable économie (kidnapping, trafic de la drogue, d’armes, de cigarettes et de candidats africains à l’émigration vers l’Occident). Aqmi et les Shebab convergent également sur le plan tactique pour élargir, par cercles concentriques, leur influence. Pour Aqmi, l’objectif est de descendre plus au Sud, jusqu’en Côte d’Ivoire dont le Nord-Est musulman, au Burkina Faso, où Paris avait, dans les années 1990, assigné à résidence ses propres islamistes. Les Shebab, eux, ont tenté, lors de la Coupe du monde de football, une sortie hors Somalie, avec les attentats en Ouganda qui s’apprêtait à organiser le sommet ordinaire de l’Union africaine laquelle combat par des contingents africains le terrorisme en Somalie. Les Shebab ont averti d’élargir leur champ d’action partout en Afrique du Centre et de l’Est. Depuis que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), créé en 1998 par Hassan Hattab, a fait allégeance, en janvier 2007, au chef spirituel d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, la franchise a gagné des galons dans le cercle des radicaux africains. A. Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, l’“émir” d’Aqmi, surnommé le “Ben Laden du Maghreb”, recrute, selon des spécialistes du terrorisme, ses hommes dans la bande saharo-sahélienne, jusqu’en Somalie. Droukdel a multiplié les appels au djihad en direction des pays de l’Afrique subsaharienne, proposant, entre autres, d’encadrer et d’entraîner les potentiels candidats à la guerre sainte. Son groupe compterait près de 300 membres organisés en groupes mobiles qui opèrent par surprise, essentiellement constitués de Somaliens, Mauritaniens et Nigérians et qui ont adopté le mode de vie des autochtones. Aqmi a métastasé, pour donner naissance à d’autres groupuscules locaux qui se sont également spécialisés dans le rapt, les taxes prélevées sur les caravanes et les prises d’otages d’Occidentaux. Il y aurait dans la région de multiples réseaux qui travaillent de leur propre initiative pour Aqmi. Ce serait, en quelque sorte, des franchises d’Aqmi. Tout cela reste évidemment à démontrer. Washington, dans un rapport sur le terrorisme islamiste dans le Sahel, conclut que les menaces pèsent dans quatre pays : le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, et que ce sont leur instabilité et la pauvreté qui ont offert une visée à l’islamisme radical et violent. Ce que ne dit pas le rapport, c’est le mécontentement suscité dans le Sahel par l’initiative américaine “Plan Sahel”, un programme par lequel le Pentagone a pris pied dans les quatre pays sahéliens, un minuscule budget de 6,5 millions de dollars. Et comme si le sentiment antiaméricain était insuffisant, voilà la France de Sarkozy qui y apporte sa part. Le sentiment antifrançais qui s’est développé depuis l’arrivée à l’Élysée de Nicolas Sarkozy avec sa politique d’immigration, s’est renforcé avec l’envoi d’armadas aériennes françaises en Mauritanie, au Niger et au Mali pour faire la chasse à Aqmi. Les populations de ces pays ne sont pas dupes, pour elles, c’est de l’ingérence. L’intervention de la France est ressentie comme une humiliation d’autant que leurs pays célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance. 

    En raison de ses richesses naturelles – uranium, pétrole, gaz –, le Sahel a suscité la convoitise pas que de la France et des États-Unis. L’Allemagne, l’Espagne, la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, tous ces pays veulent aussi leur part. L’Algérie, qui a de l’expérience en matière de lutte antiterroriste, consciente des limites de certains pays saharo-sahéliens et face à l’extension d’Aqmi, notamment à sa probable entente avec les rébellions touareg, a prôné l’élaboration entre les pays saharo-sahéliens d’une stratégie commune de lutte contre le terrorisme, avec un commandement régional. Les démarches sont en cours mais elles traînent, faute de convergences politico-diplomatiques. Et tandis que les pays concernés ne parviennent pas à s’entendre pour se défendre, Aqmi continue de tisser sa toile.

    Par : D. B.
    Liberté, 30/9/2010

  • Témoignages sur la répression marocaine au Sahara occidental

    Plusieurs défenseurs des droits de l’homme et militants sahraouis ont présenté, dimanche à Alger, leurs témoignages sur la répression dont ils font l’objet ainsi que leur peuple sans défense de la part du régime marocain dans les territoires sahraouis occupés. Lors de la conférence internationale sur « Le droit des peuples à la résistance: cas du peuple sahraoui », des Sahraouis ont présenté leur témoignage sur la répression qu’exercent les forces d’occupation marocaines sur le peuple sahraoui et la torture pratiquée quotidiennement, des témoignages confirmés par des militants internationaux des droits de l’homme et des militants d’associations de soutien à la cause sahraouie. 
     
    Les participants ont écouté le témoignage du plus ancien détenu politique sahraoui dans les prisons marocaines, Mouloud Eddeche, qui a relaté les cas d’enlèvement enregistrés et les conditions de détention dans les prisons marocaines « sans procès ou suite à des procès factices ». 
     
    De son côté, un autre militant sahraoui Hassène Abba a évoqué « la répression dont fait l’objet le peuple sahraoui » et les souffrances de l’étudiant sahraoui empêché par les autorités marocaines de poursuivre ses études supérieures « de peur de voir se propager les idées de résistance et du droit du peuple sahraoui à l’autodétermination en milieu universitaire ».Il a également rappelé « l’expulsion directe et indirecte de jeunes sahraouis au Maroc ainsi que l’immigration clandestine à laquelle recourent certains jeunes sahraouis qui fuient le régime marocain » appelant l’UE à « prendre une position claire et sans ambiguïté vis-à-vis de la cause sahraouie et mettre un terme à la spoliation des richesses de la région à travers les conventions conclues avec le Maroc ».
     
    Un journaliste mexicain blessé par les forces marocaines en août dernier lors d’attaques contre la ville sahraouie d’El Ayoune a, quant à lui, plaidé pour une plus grande solidarité avec le peuple sahraoui exprimant sa « préoccupation quant au sort des militants sahraouis participant à la conférence une fois de retour dans les territoires occupés ». »Nous ne pouvons pas savoir ce qui les attend », a-t-il ajouté appelant les participants à engager une action médiatique d’envergure pour faire connaître les souffrances que subit le peuple sahraoui.Pour leur part, Oum el Mouminine, Meriem, Malek Amidane, et bien d’autres ont apporté leur témoignage sur l’enlèvement par les forces de sécurité marocaines des membres de leurs familles qui ont été torturé, sous leur re affirmant que ces pratiques « n’altéraientt » en rien leur volonté et leur détermination à poursuivre leur résistance ni leur foi en l’indépendance des territoires sahraouis occupés. 
     
    Pour Meriem, la femme sahraouie est « un symbole de la résistance et un cadre important de la lutte du peuple sahraoui ». »Elle souffre au même titre que l’homme sahraoui des actes de torture et de détention perpétrés par le système marocain », a-t-elle ajouté .Elle évoque dans ce contexte, les épreuves endurées par Kjadijatou qui a perdu son enfant lors de sa détention, en sus des cas de viols, soulignant que « les femmes sont en mesure de confirmer la répression et les actes arbitraires marocains car ayant elles même été victimes de ces actes ».
     
    Certaines femmes ont évoqué la perte de leurs maris et le refus des autorités marocaines de les indemniser, appelant les organisations internationales à intervenir rapidement pour que cessent les souffrances de la femme et de l’enfant dans les territoires occupés. Dans ce contexte, l’avocate de l’activiste sahraouie Aminatou Haidar, l’espagnole Ines Miranda, a estimé que la conférence d’Alger « est une étape historique importante pour le peuple sahraoui et une fenêtre qui s’ouvre pour faire découvrir au monde l’horreur de la répression que subissent les Sahraouis dans les territoires occupés ».
     
    Les militants des droits de l’homme effectuent régulièrement, des visites dans les territoires occupés depuis 2001, a-t-elle indiqué,soulignant « qu’ils assument pleinement leur responsabilité dans l’aide du peuple ».Le régime marocain « ne respecte pas la légalité internationale » et  » soumet les détenus sahraouis dans ses prisons à des lois injustes », a déploré l’avocate espagnole qui a préconisé une action médiatique en faveur des disparus et des personnes enlevées pour faire cesser le génocide perpétré contre le peuple sahraoui dans sa lutte pacifique ».
     
    La conférence internationale sur « le droit des peuples à la résistance »,co-organisée par le CNASPS et l’Union des juristes sahraouis,a vu la participation de 304 activistes des droits de l’homme et universitaires venus de quatre continents et plus de 70 militants des droits de l’homme issus des territoires occupés sahraouis et une forte délégation du Front Polisario conduite par le Premier ministre, M. Abdelkader Taleb Omar. (APS) 
    ENTV, 24/9/2010
  • Le Polisario et les conseillers du roi

    Durant trente cinq ans maintenant, les sahraouis ont, par tous les moyens légaux, essayé de faire connaître leur cause, et ils ont réussi à gagner la sympathie d’un grand nombre de pays libres. Ils sont reconnus par la communité internationale, à commencer par notre continent. Bien sur, pour les intérêts économiques et politiques les liant au royaume, certains pays préfèrent ignorer la légalité internationale pour se positionner soit carrément au coté de leur allié, soit faire semblant de ne pas comprendre réellement le problème. Pourtant, les mensonges multiples du Maroc sont très clairs. 
     
    On répète ici et là, que le Polisario est une fabrication algérienne, en commettant l’erreur flagrante de présenter des cadres sahraouis comme étant des ex leaders sahraouis, créateurs du mouvement de libération, revenus à leur raison et ayant compris que la seule issue pratique aujourd’hui est de revenir au maroc. Evidemment, à l’ère de l’Internet, les peuples ne sont plus les marginaux qu’ils étaient, et tout le monde a accès à l’information. Bien sur, théoriquement quelques sahraouis peuvent très bien choisir de vivre avec le Maroc, comme d’autres peuvent très bien refuser cette option. Ce qui est certain, c’est que le royaume sait très bien que la grande majorité cherche l’indépendance payée au prix de leur sang, et donc continue à rejeter le referendum. Ce qui est certain également, c’est que les archives montrent bien qu’avant 1975, le Maroc entretenait de bonnes relations amicales avec le régime espagnol, au moment même ou les sahraouis portaient les armes pour libérer leur territoire. On ne peut pas être ami et ennemi à la fois.
     
    Donc il s’agit bien d’un autre mensonge marocain que tout le monde comprend. Bien sur, les monarques à travers l’histoire, ont tous pratiqué cette politique de création d’un ennemi pour occuper les populations, mais les temps ont changé et les vérités ne peuvent être cachées. Le peuple marocain lui-même comprend aujourd’hui que la marche verte était tout simplement une colonisation d’un petit pays voisin affaibli après des années de guerre. 
     
    De mensonge en mensonge, et de contradiction en contradiction, les conseillers du roi cherchent à semer le flou et gagner du temps en espérant que l’usure affaiblisse beaucoup plus les sahraouis. Ces pauvres malheureux, fuyant les armes du roi n’avaient d’autre choix que les pays voisins. Une fois de plus, on cherche à faire croire que l’Algérie est pour quelque chose. Pourtant, ce qui s’est passé récemment est bien simple. 
     
    Un officier du Polisario se comportant comme un traître a été arrêté par sa hiérarchie, ce qui est tout à fait naturel. Ce qui reste incompréhensible dans toute cette affaire, c’est que le royaume a tout à gagner en allant au referendum. Si le Sahara opte pour l’indépendance, c’est bien aux citoyens marocains qu’il fera appel, vu la proximité géographique, pour ne citer que ce paramètre. C’est bien également tout le Maghreb qui se stabilisera au profit de son peuple, et au profit des voisins européens. Cette région déjà sous développée et enflammée, a-t-elle besoin d’un autre conflit de cette envergure ? Si le Sahara opte pour le Maroc, c’est tant mieux et c’est toute la région qui sortira gagnante. 
     
    Bien sur, sans les frontières politiques, un sahraoui, un marocain, un algérien, un mauritanien, un tunisien, un libyen ou autre ne ferait qu’une seule personne. Et quelque soit l’origine, la couleur ou la tribu, ces gens ont vécu des siècles ensemble. Aujourd’hui, ce sont donc des petites familles qui peuvent vivre en bon voisinage et former ensemble un bloc pour le bien des citoyens. La question donc qui reste posée, ces conseillers du roi sont–ils pour le bien de nos peuples ou cherchent-ils autre chose que nous devons déchiffrer ?

    par Ghris Djillali

    Le Quotidien d’Oran, 30/9/2010

  • L’Algérie déjoue un scénario de faux-journalistes marocains dans les camps des réfugiés de Tindouf

    Selon les informations en possession d’Echorouk, les deux journalistes sont des membres de l’association « Sahara marocaine ». L’un étant son honorable correspondant dans la ville de Kalmim, l’autre un agent du Makhzen. Les deux comparses se sont aventurés au profit de la cause marocaine dans le territoire algérien. Dès leur arrivée à Alger, les deux marocains se sont envolés vers Tindouf, afin de « fabriquer » des reportages portant atteinte à l’Algérie et concernant ses manquements aux droits de l’Homme, en réponse à ceux faits par Echorouk pendant le mois d’aout dans la ville imprenable –jusqu’alors- de Dakhla. 

    Aussitôt rentrés au Maroc, les deux journalistes qui s’étaient fait passer pour des touristes, se sont empressés de « dénoncer la pression psychologique subie en Algérie et les tortures dont ils furent l’objet », alors que la vérité est qu’ils étaient maintenus dans un hôtel et soumis à un questionnaire d’usage en pareilles circonstance, vu qu’ils usaient de subterfuges pour passer en Algérie, sans ordre de mission, ni accréditation dûment signée par les parties concernées.
    Selon les informations en possession d’Echorouk, les deux journalistes sont des membres de l’association « Sahara marocaine », l’un étant son correspondant dans la ville de Kalmim, l’autre un agent de l’administration, et qui se sont aventurés pour la « bonne cause » dans le territoire algérien. Dès leur arrivée à Alger, les deux marocains se sont envolés vers Tindouf, afin de « fabriquer » des reportages portant atteinte aux autorités algériennes en réponse à ceux faits par Echorouk pendant le mois d’aout dans la ville imprenable –jusqu’à alors- de Dakhla.

    L’un des deux faux-journalistes s’appelle Reda Toundji, agent des renseignements marocains, n’ayant ni peu, ni prou des relations avec la presse. Il est aussi le responsable de l’association « Sahara marocaine », et il est connu pour n’avoir jamais rédigé lui-même ses éditoriaux, qu’il remettait à un journaliste, ne faisant que signer de son nom, et moyennant une forte rémunération pour le « nègre » de service. Cet étrange personnage prétend avoir reçu une autorisation dûment signée par les autorités algériennes concernant son travail en Algérie, chose qui s’avéra être, après vérification, pure fabulation. Pour comprendre mieux ses mobiles, il faut savoir que c’est lui qui a rédigé le fameux communiqué contre Anouar Malek, le menaçant d’intenter contre lui des actions en justice. L’information trouva alors un large écho dans la presse marocaine, et on comprend mieux dès lors son action dans le territoire algérien. Il faut savoir aussi que c’est toujours lui qui a falsifié un document dans lequel il fait dire à Anouar Malek qu’il se lavait les mains de tout ce qu’Echorouk a écrit en son nom.

    Les reportages d’Anouar Malek à l’intérieur même de la ville « inexpugnable » de Dakhla, avaient fait mal à Rabat, et certains zélateurs avaient promis de rendre la pareille à l’Algérie, en s’introduisant à Tindouf pour arracher des témoignages qui ajouteraient foi aux accusations marocaines contre Alger. Les deux énergumènes pensaient s’introduire à Tindouf et « fabriquer » des entretiens et des reportages avec les réfugiés sahraouis dans les camps, mais leur stratagème fut vite percé, et les deux comparses se dévoilèrent au grand jour, avant d’être « manu militari » reconduit aux frontières.

    Des informations recoupées précisent que lorqu’Echorouk avait pu pénétrer à Dakhla, pour faire parler les Sahraouis sur place, lesquels se sont exprimés sur les oppressions qu’ils subissaient, des associations marocaines du genre « Sahara marocaine » avaient avaient été alors soumis à de grosses pressions de la part du Palais royal et de ses relais, qui leur reprochaient d’avoir invité Anouar Malek, lequel avait rédigé par la suite des reportages pour Echorouk. Suite à quoi l’éventualité de rendre « la monnaie de la pièce » germa dans la tête des zélateurs du Palais.

    L’objectif était de décrédibiliser Echorouk par le biais d’articles sur la situation des réfugiés sahraouis en Algérie, et aussi de se redorer le blason. Ainsi, le dénommé Réda Toundji se réuni avec son staff dans les tous premiers jours du mois de septembre et décida qu’on devait aller dans le cœur même de Tindouf, prendre des photos avec des réfugiés et prouver par là même le « scoop », qui devait de toute évidence être orienté résolument et absolument contre l’Algérie.

    Percés à jours, découverts par les autorités algériennes, les deux journalistes rentrèrent au Maroc bredouilles. Pour cacher son désarroi, Réda Toundji fit vite d’ameuter les organes de presse et les ONG, comme RSF, et se mit à dénoncer les manquements à la liberté de la presse, alors que la vérité était toute autre.

    Concernant le parcours tortueux de ce personnage, Echorouk avait déjà, en avril dernier, fait état de ses liens très forts avec le Makhzen, l’administration marocaine au service du Palais royal, et dénoncé ses accointances avec le chanteur kabyle Ferhat M’henni, au profit de qui il organise intercession et médiation avec le Makhzen, lui fourni de l’argent et les moyens afin de tenter de mettre en péril l’unité nationale. Ceux là n’étant que de simples marionnettes, il existe de toute évidence, un puissant lobby politique derrière tout cela…
    Echourouk Online, 24/9/2010
     
  • Le jeu trouble du Mali

    Le Mali est revenu hier à la charge en tentant d’imposer l’introduction du Maroc au sein du comité lors du débat des chefs du renseignement du comité sur la méthode et les mécanismes de lutte contre AQMI au Sahel. Si tous les spécialistes de la lutte antiterroriste s’accordent à présenter le nord du Mali comme une base de repli pour les troupes de Belmokhtar et de Abou Zeïd, le Mali, qui a par ailleurs reçu des aides financières des Etats-Unis d’Amérique, d’Allemagne, d’Espagne, de Libye, de l’Union européenne et des différents organismes de l’ONU, ne cesse d’affirmer que son pays est «pauvre» et qu’«il ne peut assumer seul la lutte contre le terrorisme».  
    Pour bénéficier encore des aides françaises qu’on promet plus conséquentes à l’avenir, il sous-traite, au bénéfice de la France, l’introduction du Maroc au sein du comité d’état-major opérationnel conjoint. Hier, ce pays est encore revenu à la charge, en tentant d’imposer, lors du débat des chefs du renseignement du comité sur la méthode et les mécanismes de lutte contre AQMI au Sahel, l’introduction du Maroc à ce comité. Selon l’AFP basée à Bamako, qui cite par ailleurs une source probablement malienne, le Mali avance l’idée que compte tenu de l’immensité du Sahel, d’autres pays comme le Tchad, la Libye et le Maroc «doivent intégrer le club». 
    Si pour la Libye et le Tchad la question ne se pose même pas, car possédant tous deux des frontières avec les pays voisins du Sahel, le Maroc, qui est excentré au nord-ouest du continen, n’a aucun argument géostratégique à faire valoir et qui plus est ne possède aucune expérience en la matière. Cette source, parlant au nom de la délégation malienne, a fait également savoir qu’elle allait  aborder ce sujet lors de la rencontre des chefs du renseignement de l’Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie qui se tient depuis hier à Alger : «Nous allons faire la proposition». Il va de soi que l’Algérie qui insiste sur le fait que les problèmes de la zone doivent concerner essentiellement les pays de la zone, n’acceptera jamais une pareille proposition.  
    L’Algérie avait déjà répondu aux protestations marocaines en expliquant que, sur le plan géographique et géostratégique, le Maroc «n’appartient pas à cette région» et qu’il n’est, de ce fait, pas concerné par la coopération sécuritaire et militaire. 

    Les chefs du renseignement d’Algérie, de Mauritanie, du Niger et du Mali se sont réunis pour élaborer un centre commun de renseignement afin de lutter contre l’augmentation des actes terroristes dans la région du Sahara-Sahel.  Il y a accord «sur l’essentiel pour que le centre commun de renseignement soit basé à Alger», a indiqué à l’AFP un membre d’une délégation qui a participé à cette réunion.
    Mahmoud Tadjer
    Le Jeune Indépendant,  30/9/2010
    Commentaire de Diaspora Saharaui :
    La France vise, à travers l’infiltration du Maroc dans ces réunions, à saper le leadership algérien dans la lutte contre la mouvance contrebandiste.
    En échange de sa fidélité à la FRance, le Maroc jouit de son soutien dans le conflit du Sahara Occidental. Bref, la France et le sionisme internnational ne veulent pas d’autre puissance que le Maroc dans la région.
  • Aqmi cherche à s’étendre jusqu’aux Shebab somaliens

    Tandis que les pays saharo-sahéliens se noient dans des politiques politiciennes : Aqmi cherche à s’étendre jusqu’aux Shebab somaliens

    L’affaire des otages français enlevés au Niger vient brutalement rappeler l’urgence d’une stratégie commune dans les pays saharo-sahéliens. La voie a été tracée par Alger à Tamanrasset, mais il reste à passer à la phase réalisation. Pour cela, il faut de la volonté politique. Et pendant ce temps, Aqmi menace de dépasser son cadre saharo-sahélien. De s’enfoncer en Afrique sub-saharienne et, plus dangereux encore, de faire jonction avec les Shebab somaliens.

    Al-Qaïda, qui n’est plus que l’ombre d’elle-même, fait parler d’elle en Afrique par Aqmi et les Shebab, deux organisations qui se sont accolées la marque Ben Laden, pour mieux frapper les esprits. Disposant de capacités de nuisance, elles se déploient sur des zones éminemment géostratégiques où elles puisent toutes leurs ressources. L’Islam, pour les deux franchises d’Al-Qaïda, ne serait, selon tous les spécialistes, qu’un paravent pour cacher des activités plutôt liées au grand banditisme. 


    Pour faire court, Aqmi tente de contrôler les réseaux de la drogue vers l’Europe, ceux des armes et des cigarettes, ainsi que le trafic des êtres humains, y compris la traite des blanches. Traqués par les forces de sécurité algériennes, les terroristes ont ouvert un front en Afrique subsaharienne. Une aubaine parce que les États de la région saharo-sahélienne ne sont pas assez forts pour chasser les intrus. Combattre le terrorisme dans cette région est d’autant plus difficile que le Sahel désertique, qui s’étend de l’océan Atlantique à la mer Rouge, est une terre d’irrédentisme : l’occupation du Sahara occidental par le Maroc est, en soi, un facteur d’instabilité au Maghreb ; les rébellions touareg sévissent dans le nord du Mali et du Niger pour exiger le développement de leurs régions ; les Toubous du Tchad réclament leur indépendance et les musulmans du nord du Nigeria exigent un meilleur partage du pactole pétrolier. En outre, des événements ont révélé de long en large tous les jeux auxquels s’adonnent certains pays de la région et qui, force est de le constater, encouragent l’instabilité. Tergiverser sur les capacités et la solidarité nationale au sein de la région saharo-sahélienne, et cela après s’y être solennellement engagés, pour s’abandonner entièrement à des voies tracées hors continent et que tout le monde suspecte d’ingérences pour se mettre sous la main non seulement la vaste scène sur laquelle se déploie Aqmi, c’est offrir sur un plateau des motifs de convenances et de complicités sinon de neutralité aux populations de la vaste bande saharienne à l’égard du terrorisme. 

    Quant aux Shebab, ils ont pour eux la piraterie dans le golfe d’Aden, la principale autoroute maritime du commerce international. Le Sahel a également vu son importance grandir avec les matières premières de ses membres et de son voisinage. La Somalie est un no man’s land, une région de non-droit au cœur de la Corne de l’Afrique tandis que le Sahel est un vaste ensemble peu peuplé, donc peu administré. Difficiles à sécuriser, les deux régions sont, pour ainsi dire, livrées à elles-mêmes. C’est la raison pour laquelle le terrorisme s’y est incrusté alors que partout ailleurs, plusieurs organisations jihadistes ont renoncé à la lutte armée face aux coups portés contre leurs membres et surtout à la désaffection des populations vis-à-vis d’une idéologie, quelles ont fini par considérer pour le moins de suicidaire. Le dernier groupe à rendre l’âme est le Groupe islamique combattant libyen (GICL), en mars 2010.

    Aujourd’hui, Al-Qaïda est confrontée à un problème de recrutement, les candidats au jihad s’étant raréfiés et la question de sa violence sans distinction en débat, y compris dans les milieux radicaux. La première brèche au sein des groupes jihadistes dans le monde arabe est apparue entre le milieu et la fin des années 1990 avec l’autodissolution de la Gamaâ Al-Islamiyya, qui était le plus important groupe armé en Égypte. Et pourtant, le numéro deux d’Al-Qaïda est un Égyptien, Ayman Al-Zawahiri, la tête pensante de Ben Laden. Et le groupe islamiste égyptien a été également cofondateur du Front islamique international pour le djihad contre les juifs et les croisés. Le cadre de l’idéologie jihadiste, qui a légitimé dans les années 1980 le recours aux armes pour renverser les régimes apostats. Les cheikhs religieux du monde entier se sont détournés des assassinats industriels commis au nom de l’Islam.
    Certains ont même avoué s’être fourvoyés, notamment en ce qui concerne les évènements d’Algérie auxquels ils avaient consentis auparavant. Rejeté par la population et vaincus militairement, les GIA abdiqueront à leur tour. À leur annonce de cesser leurs activités séditieuses, les autorités algériennes répliquèrent en décrétant la réconciliation nationale. Al-Qaïda en Arabie Saoudite en fera de même et ses irréductibles iront en Irak. Leurs attentats à la bombe sur la terre des lieux de l’Islam avaient provoqué indignation et colère, dans le pays qui s’enorgueillit de l’idée que son application de la chari’a assurait la sécurité de ses citoyens, et pouvaient lui aliéner l’ensemble de la communauté musulmane.
    Il a fallu, il est vrai, le 11 septembre 2001 et les mises en garde des États-Unis, pour que l’establishment religieux saoudien mette un bémol à l’exportation de son wahhabisme et adopte, à son tour, des positions fermes contre le terrorisme d’Al-Qaïda. Mais, le terrorisme n’est pas pour autant tari. Cependant, les pays aux prises avec ses agissements ne peuvent plus déplorer l’absence de stratégies réalistes pour traiter les causes réelles du terrorisme. Il est unanimement admis que l’Islam n’en est qu’un prétexte. Les causes qui sous-tendent le phénomène du terrorisme sont la pauvreté, le chômage, l’exclusion et, surtout, l’absence de réformes politiques. Et l’on comprend pourquoi, l’adhésion à un centre international de lutte contre le terrorisme ou à de vagues résolutions, non contraignantes, remporte plus facilement le soutien que, par exemple, le renforcement des contrôles sur les organisations religieuses, ou encore pour de vraies réformes dans le système éducatif pour la connaissance scientifique, la modération et la tolérance. Il reste qu’en perte de vitesse, malgré les apparences, y compris en Irak où la procession d’attentats est le revers de luttes entre factions au pouvoir, au Pakistan où c’est la même logique avec des tensions entre la classe politique et les militaires, et en Afghanistan où la réapparition des taliban est à lier au régime corrompu de Karzaï, le jihadisme radical s’est donc déporté sur le continent africain où il existe de nombreuses facteurs d’instabilité. 

    Le déploiement s’est fait de façon parallèle jusqu’à se demander s’il y a eu des concertations entre Aqmi et les Shebab. Le mode d’installation est identique : un groupuscule avec armes et prédicateurs, et le tour a été joué pour tendre leurs tentacules. Les Shebab en Somalie où ils ont rapidement supplanté les corsaires qui prenaient en otages tous ceux qui passaient dans le golfe d’Aden, y compris les géants des mers que sont les pétroliers. Le pays a été une proie facile : plus d’État, rien que des chefs de guerre. La situation est différente dans le Sahel, une large bande saharienne enserrée entre l’Algérie, la Libye, la Mauritanie, le Niger, le Mali et le Tchad, avec ses profondeurs (Sénégal, Burkina Faso et Côte d’Ivoire). Là, ce n’est pas l’absence de pouvoir mais le dénuement et le sentiment d’abandon de franges de populations qui constituent un terrain propice à la présence d’Aqmi. L’idéologie d’Al-Qaïda, à en croire des observateurs, n’a pas prospéré, mais le groupe radical peut y circuler comme un poisson dans l’eau, d’autant qu’il a développé une véritable économie (kidnapping, trafic de la drogue, d’armes, de cigarettes et de candidats africains à l’émigration vers l’Occident). Aqmi et les Shebab convergent également sur le plan tactique pour élargir, par cercles concentriques, leur influence. Pour Aqmi, l’objectif est de descendre plus au Sud, jusqu’en Côte d’Ivoire dont le Nord-Est musulman, au Burkina Faso, où Paris avait, dans les années 1990, assigné à résidence ses propres islamistes. Les Shebab, eux, ont tenté, lors de la Coupe du monde de football, une sortie hors Somalie, avec les attentats en Ouganda qui s’apprêtait à organiser le sommet ordinaire de l’Union africaine laquelle combat par des contingents africains le terrorisme en Somalie. Les Shebab ont averti d’élargir leur champ d’action partout en Afrique du Centre et de l’Est. Depuis que le Groupe salafiste pour la prédication et le combat (Gspc), créé en 1998 par Hassan Hattab, a fait allégeance, en janvier 2007, au chef spirituel d’Al-Qaïda, Oussama Ben Laden, la franchise a gagné des galons dans le cercle des radicaux africains. A. Droukdel, alias Abou Moussab Abdelwadoud, l’“émir” d’Aqmi, surnommé le “Ben Laden du Maghreb”, recrute, selon des spécialistes du terrorisme, ses hommes dans la bande saharo-sahélienne, jusqu’en Somalie. Droukdel a multiplié les appels au djihad en direction des pays de l’Afrique subsaharienne, proposant, entre autres, d’encadrer et d’entraîner les potentiels candidats à la guerre sainte. Son groupe compterait près de 300 membres organisés en groupes mobiles qui opèrent par surprise, essentiellement constitués de Somaliens, Mauritaniens et Nigérians et qui ont adopté le mode de vie des autochtones. Aqmi a métastasé, pour donner naissance à d’autres groupuscules locaux qui se sont également spécialisés dans le rapt, les taxes prélevées sur les caravanes et les prises d’otages d’Occidentaux. Il y aurait dans la région de multiples réseaux qui travaillent de leur propre initiative pour Aqmi. Ce serait, en quelque sorte, des franchises d’Aqmi. Tout cela reste évidemment à démontrer. Washington, dans un rapport sur le terrorisme islamiste dans le Sahel, conclut que les menaces pèsent dans quatre pays : le Mali, la Mauritanie, le Niger et le Tchad, et que ce sont leur instabilité et la pauvreté qui ont offert une visée à l’islamisme radical et violent. Ce que ne dit pas le rapport, c’est le mécontentement suscité dans le Sahel par l’initiative américaine “Plan Sahel”, un programme par lequel le Pentagone a pris pied dans les quatre pays sahéliens, un minuscule budget de 6,5 millions de dollars. Et comme si le sentiment antiaméricain était insuffisant, voilà la France de Sarkozy qui y apporte sa part. Le sentiment antifrançais qui s’est développé depuis l’arrivée à l’Élysée de Nicolas Sarkozy avec sa politique d’immigration, s’est renforcé avec l’envoi d’armadas aériennes françaises en Mauritanie, au Niger et au Mali pour faire la chasse à Aqmi. Les populations de ces pays ne sont pas dupes, pour elles, c’est de l’ingérence. L’intervention de la France est ressentie comme une humiliation d’autant que leurs pays célèbrent le cinquantenaire de leur indépendance. 

    En raison de ses richesses naturelles – uranium, pétrole, gaz –, le Sahel a suscité la convoitise pas que de la France et des États-Unis. L’Allemagne, l’Espagne, la Russie, la Chine, le Brésil, l’Inde, tous ces pays veulent aussi leur part. L’Algérie, qui a de l’expérience en matière de lutte antiterroriste, consciente des limites de certains pays saharo-sahéliens et face à l’extension d’Aqmi, notamment à sa probable entente avec les rébellions touareg, a prôné l’élaboration entre les pays saharo-sahéliens d’une stratégie commune de lutte contre le terrorisme, avec un commandement régional. Les démarches sont en cours mais elles traînent, faute de convergences politico-diplomatiques. Et tandis que les pays concernés ne parviennent pas à s’entendre pour se défendre, Aqmi continue de tisser sa toile.

    Par : D. B.
    Liberté, 30/9/2010

  • Plusieurs centaines de Marocains organisent un sit-in de dénonciation de la torture

    Suite à la mort sous la torture du jeune Fodail Abrkane, une grande mobilisation a été initiée au niveau de Facebook où a été créée une page intitulée  » Nous sommes tous des martyrs de la torture comme Fodail Abrkane ». Plusieurs centaines d’adhérents ont exprimé leur écœurement face à ce crime qualifié d’odieux et ont affiché leur solidarité avec la famille de la victime.

    Plusieurs centaines de personnes, venues des quartiers défavorisés de la ville de Salé (Rabat) et de plusieurs villes du royaume, se sont rassemblées devant les locaux du commissariat de Hay Salem pour dénoncer la torture et la mort de Fodail Abrkane des suites d’actes de répression, a-t-on appris à Rabat. En présence de femmes, hommes, jeunes et vieux, les participants à ce sit-in, organisé vendredi devant les locaux du commissariat où le jeune a succombé, ont revendiqué le droit à la vie et appelé les autorités concernées à enquêter sur « ce crime affreux ». 

    Les manifestants ont arboré des pancartes et banderoles de solidarité avec la famille de la victime et exprimé leur rejet de toute forme de torture dans le Maroc d’aujourd’hui. Ils ont également appelé à la poursuite judiciaire des responsables de la torture et de la mort de Fodail Abrkane. 

    La mort de ce jeune Slaoui (habitant de Salé) témoigne des résistances anti-démocratiques qui traversent actuellement le Maroc, ont tenu à affirmer les manifestations ajoutant qu’ils « refusaient un retour en arrière et qu’il était temps de mettre fin à ce genre d’atrocités ». 
    Un jeune membre de la jeunesse de l’Union socialiste des forces populaires (USFP), a déclaré à la presse que l’initiative de l’organisation de ce sit-in visait à « alerter l’opinion publique pour qu’elle se mobilise contre la torture dans les commissariats ». 

    « A travers cette protestation, nous comptons faire entendre la voix des jeunes et celle de la jeunesse qui appellent à ce que soit mis fin à la torture au Maroc » a souligné un autre jeune de Salé avant de s’exclamer : « Nous sommes tous des Fodail Abrkane »! 

    Par ailleurs, une grande mobilisation a été initiée au niveau de Facebook où a été créée une page intitulée  » Nous sommes tous des martyrs de la torture comme Fodail Abrkane ». Dans ce réseau social du Web plusieurs centaines d’adhérents ont exprimé leur écœurement face à ce crime qualifié d’odieux et ont affiché leur solidarité avec la famille de la victime. Fodail Abrkane, rappelle-t-on, est mort samedi 18 septembre après avoir subi les affres de la torture au commissariat de Salé. Âgé de 37 ans, il ne souffrait d’aucune maladie, selon ses proches. 

    Il a été arrêté la veille de l’Aïd el-Fitr par la police sous l’accusation de consommation de cannabis avant d’être libéré quarante-huit heures après. 

    Convoqué plusieurs fois au commissariat, situé à quelques mètres du tribunal de première instance, la victime a été accusée d’outrage à agent dans l’exercice de ses fonctions avant qu’il ne soit torturé. 

    Son frère Mustapha a témoigné devant la presse qu’il a vu, lors d’une visite rendue à son frère au commissariat, des agents qui frappaient Fodail devant tout le monde en plein couloir. 

    « J’ai voulu intervenir pour faire cesser les coups meurtriers qui s’abattaient sur mon frère, des policiers m’ont pris par le bras, m’ont mis dehors et m’ont ordonné de ne jamais revenir au commissariat », a-t-il affirmé à la presse. 

    La cérémonie d’enterrement de Fodail Abrkane a été contrôlée par les différents services de police qui ont interdit photos et enregistrements vidéo, a indiqué la presse. 

    Le Midi Libre, 28/9/2010
  • L’Algérie déjoue un scénario de faux-journalistes marocains dans les camps des réfugiés de Tindouf

    Selon les informations en possession d’Echorouk, les deux journalistes sont des membres de l’association « Sahara marocaine ». L’un étant son honorable correspondant dans la ville de Kalmim, l’autre un agent du Makhzen. Les deux comparses se sont aventurés au profit de la cause marocaine dans le territoire algérien. Dès leur arrivée à Alger, les deux marocains se sont envolés vers Tindouf, afin de « fabriquer » des reportages portant atteinte à l’Algérie et concernant ses manquements aux droits de l’Homme, en réponse à ceux faits par Echorouk pendant le mois d’aout dans la ville imprenable –jusqu’alors- de Dakhla. 

    Aussitôt rentrés au Maroc, les deux journalistes qui s’étaient fait passer pour des touristes, se sont empressés de « dénoncer la pression psychologique subie en Algérie et les tortures dont ils furent l’objet », alors que la vérité est qu’ils étaient maintenus dans un hôtel et soumis à un questionnaire d’usage en pareilles circonstance, vu qu’ils usaient de subterfuges pour passer en Algérie, sans ordre de mission, ni accréditation dûment signée par les parties concernées.
    Selon les informations en possession d’Echorouk, les deux journalistes sont des membres de l’association « Sahara marocaine », l’un étant son correspondant dans la ville de Kalmim, l’autre un agent de l’administration, et qui se sont aventurés pour la « bonne cause » dans le territoire algérien. Dès leur arrivée à Alger, les deux marocains se sont envolés vers Tindouf, afin de « fabriquer » des reportages portant atteinte aux autorités algériennes en réponse à ceux faits par Echorouk pendant le mois d’aout dans la ville imprenable –jusqu’à alors- de Dakhla.

    L’un des deux faux-journalistes s’appelle Reda Toundji, agent des renseignements marocains, n’ayant ni peu, ni prou des relations avec la presse. Il est aussi le responsable de l’association « Sahara marocaine », et il est connu pour n’avoir jamais rédigé lui-même ses éditoriaux, qu’il remettait à un journaliste, ne faisant que signer de son nom, et moyennant une forte rémunération pour le « nègre » de service. Cet étrange personnage prétend avoir reçu une autorisation dûment signée par les autorités algériennes concernant son travail en Algérie, chose qui s’avéra être, après vérification, pure fabulation. Pour comprendre mieux ses mobiles, il faut savoir que c’est lui qui a rédigé le fameux communiqué contre Anouar Malek, le menaçant d’intenter contre lui des actions en justice. L’information trouva alors un large écho dans la presse marocaine, et on comprend mieux dès lors son action dans le territoire algérien. Il faut savoir aussi que c’est toujours lui qui a falsifié un document dans lequel il fait dire à Anouar Malek qu’il se lavait les mains de tout ce qu’Echorouk a écrit en son nom.

    Les reportages d’Anouar Malek à l’intérieur même de la ville « inexpugnable » de Dakhla, avaient fait mal à Rabat, et certains zélateurs avaient promis de rendre la pareille à l’Algérie, en s’introduisant à Tindouf pour arracher des témoignages qui ajouteraient foi aux accusations marocaines contre Alger. Les deux énergumènes pensaient s’introduire à Tindouf et « fabriquer » des entretiens et des reportages avec les réfugiés sahraouis dans les camps, mais leur stratagème fut vite percé, et les deux comparses se dévoilèrent au grand jour, avant d’être « manu militari » reconduit aux frontières.

    Des informations recoupées précisent que lorqu’Echorouk avait pu pénétrer à Dakhla, pour faire parler les Sahraouis sur place, lesquels se sont exprimés sur les oppressions qu’ils subissaient, des associations marocaines du genre « Sahara marocaine » avaient avaient été alors soumis à de grosses pressions de la part du Palais royal et de ses relais, qui leur reprochaient d’avoir invité Anouar Malek, lequel avait rédigé par la suite des reportages pour Echorouk. Suite à quoi l’éventualité de rendre « la monnaie de la pièce » germa dans la tête des zélateurs du Palais.

    L’objectif était de décrédibiliser Echorouk par le biais d’articles sur la situation des réfugiés sahraouis en Algérie, et aussi de se redorer le blason. Ainsi, le dénommé Réda Toundji se réuni avec son staff dans les tous premiers jours du mois de septembre et décida qu’on devait aller dans le cœur même de Tindouf, prendre des photos avec des réfugiés et prouver par là même le « scoop », qui devait de toute évidence être orienté résolument et absolument contre l’Algérie.

    Percés à jours, découverts par les autorités algériennes, les deux journalistes rentrèrent au Maroc bredouilles. Pour cacher son désarroi, Réda Toundji fit vite d’ameuter les organes de presse et les ONG, comme RSF, et se mit à dénoncer les manquements à la liberté de la presse, alors que la vérité était toute autre.

    Concernant le parcours tortueux de ce personnage, Echorouk avait déjà, en avril dernier, fait état de ses liens très forts avec le Makhzen, l’administration marocaine au service du Palais royal, et dénoncé ses accointances avec le chanteur kabyle Ferhat M’henni, au profit de qui il organise intercession et médiation avec le Makhzen, lui fourni de l’argent et les moyens afin de tenter de mettre en péril l’unité nationale. Ceux là n’étant que de simples marionnettes, il existe de toute évidence, un puissant lobby politique derrière tout cela…
    Echourouk Online, 24/9/2010
     
  • Le jeu trouble du Mali

    Le Mali est revenu hier à la charge en tentant d’imposer l’introduction du Maroc au sein du comité lors du débat des chefs du renseignement du comité sur la méthode et les mécanismes de lutte contre AQMI au Sahel. Si tous les spécialistes de la lutte antiterroriste s’accordent à présenter le nord du Mali comme une base de repli pour les troupes de Belmokhtar et de Abou Zeïd, le Mali, qui a par ailleurs reçu des aides financières des Etats-Unis d’Amérique, d’Allemagne, d’Espagne, de Libye, de l’Union européenne et des différents organismes de l’ONU, ne cesse d’affirmer que son pays est «pauvre» et qu’«il ne peut assumer seul la lutte contre le terrorisme».  
    Pour bénéficier encore des aides françaises qu’on promet plus conséquentes à l’avenir, il sous-traite, au bénéfice de la France, l’introduction du Maroc au sein du comité d’état-major opérationnel conjoint. Hier, ce pays est encore revenu à la charge, en tentant d’imposer, lors du débat des chefs du renseignement du comité sur la méthode et les mécanismes de lutte contre AQMI au Sahel, l’introduction du Maroc à ce comité. Selon l’AFP basée à Bamako, qui cite par ailleurs une source probablement malienne, le Mali avance l’idée que compte tenu de l’immensité du Sahel, d’autres pays comme le Tchad, la Libye et le Maroc «doivent intégrer le club». 
    Si pour la Libye et le Tchad la question ne se pose même pas, car possédant tous deux des frontières avec les pays voisins du Sahel, le Maroc, qui est excentré au nord-ouest du continen, n’a aucun argument géostratégique à faire valoir et qui plus est ne possède aucune expérience en la matière. Cette source, parlant au nom de la délégation malienne, a fait également savoir qu’elle allait  aborder ce sujet lors de la rencontre des chefs du renseignement de l’Algérie, du Mali, du Niger et de la Mauritanie qui se tient depuis hier à Alger : «Nous allons faire la proposition». Il va de soi que l’Algérie qui insiste sur le fait que les problèmes de la zone doivent concerner essentiellement les pays de la zone, n’acceptera jamais une pareille proposition.  
    L’Algérie avait déjà répondu aux protestations marocaines en expliquant que, sur le plan géographique et géostratégique, le Maroc «n’appartient pas à cette région» et qu’il n’est, de ce fait, pas concerné par la coopération sécuritaire et militaire. 

    Les chefs du renseignement d’Algérie, de Mauritanie, du Niger et du Mali se sont réunis pour élaborer un centre commun de renseignement afin de lutter contre l’augmentation des actes terroristes dans la région du Sahara-Sahel.  Il y a accord «sur l’essentiel pour que le centre commun de renseignement soit basé à Alger», a indiqué à l’AFP un membre d’une délégation qui a participé à cette réunion.
    Mahmoud Tadjer
    Le Jeune Indépendant,  30/9/2010
    Commentaire de Diaspora Saharaui :
    La France vise, à travers l’infiltration du Maroc dans ces réunions, à saper le leadership algérien dans la lutte contre la mouvance contrebandiste.
    En échange de sa fidélité à la FRance, le Maroc jouit de son soutien dans le conflit du Sahara Occidental. Bref, la France et le sionisme internnational ne veulent pas d’autre puissance que le Maroc dans la région.