Mois : août 2010

  • Le véto français

    Encore une fois la France de Sarkozy se démarque par son attitude au Conseil de Sécurité. Elle s’est faite l’avocate d’un ordre colonialiste tout nouveau, tout en s’opposant à la protection des droits du peuple Sahraoui.
    La France, de par son attitude vient encore une fois de bafouer et de mettre à terre les principes sur lesquels s’est fondée la République française. La France n’est plus ce pays des droits de l’homme, titre, que le monde entier lui reconnaissait et lui enviait. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Le texte adopté la semaine dernière à l’ONU avait donné lieu à de très vifs échanges, certains membres du Conseil de Sécurité ayant vainement réclamé, comme le Polisario, l’instauration d’un mécanisme permettant à la Minurso d’enquêter sur d’éventuelles violations des droits de l’homme, mais hélas, cette proposition a été bloquée et le grand responsable de ce scandale n’est autre que le gouvernement français, qui a montré cette fois-ci sa détermination à soutenir un ami colonisateur, faisant fi de toutes les règles internationales et se met en travers de tout droit à l’autodétermination du peuple Sahraoui, pourtant reconnu par l’assemblée générale de l’ONU. Le peuple Sahraoui ne fait que réclamer l’indépendance de son territoire annexé par le Maroc en 1975, mais Sarkozy ne l’entend pas de cette oreille, il est tenu de maintenir sa position partiale et partisane pour services rendus, car Nicolas Sarkozy est aussi « achetable». Cette position française a fait grincer même les dents à des dizaines d’élus régionaux et locaux de l’Hexagone et se sont indignés sur l’attitude de l’Etat français envers ce problème de colonisation, d’où d’ailleurs, plus de 150 entre élus régionaux et locaux de différentes couleurs politiques y compris de l’UMP, se sont rendus dans les territoires occupés pour dénoncer la position de leur pays et crier haut et fort « que l’attitude de la France est une honte et un scandale, cette position s’inscrit en contresens des principes mêmes qui ont été à l’origine de la fondation de la République française ». Pour sa part, le président Sahraoui a estimé que cette visite d’élus municipaux et régionaux français intervient pour atténuer une image ténébreuse de la France officielle, imprimée dans la mémoire du peuple sahraoui depuis son alignement inconditionnel sur les thèses coloniales de l’occupant marocain. Par ailleurs, Paris doit savoir que ce soutien inconditionnel, ne peut que prolonger dans la durée les souffrances du peuple sahraoui, sans toutefois entamer sa détermination et son courage à lutter pour défendre son droit légitime à l’autodétermination et à l’indépendance. L’histoire retiendra, que la France d’un certain Nicolas Sarkozy, a été pour beaucoup dans le génocide de tout un peuple désarmé. Les peuples du Maghreb garderont aussi longtemps cette image terne de la France officielle, et conserveront aussi cette autre image splendide et admirable du peuple français pour sa solidarité au peuple sahraoui. Si le peuple sahraoui mérite amplement son indépendance, la France, par contre ne mérite pas un chef d’Eta pareil.

    Réflexion, 6 Mai 2010

  • La confusion «terroriste»

    Par CHEKLALIA Malik
    Il aurait suffi d’un simple enregistrement audio de l’émir, Droukdel, pour créer une grande confusion. Et pourtant, il ne s’agit que d’une tempête dans une tasse de café. Tout cela parce que le boss de l’organisation terroriste a laissé entendre que l’exécution du vieux Germaneau  ne serait que la résultante d’une fausse manœuvre de la France. Le sinistre Abou Mossâab a laissé croire qu’au moment où les négociations auraient été entamées, l’armée française a tenté le coup en tuant six de ses éléments. Mais le hic dans cette affaire, pourquoi dans le premier audio diffusé sur la chaîne «Al Djazira», Droukdel n’en avait pas parlé alors qu’il annonçait l’exécution du vieillard? Question de négociation, il est plus que certain que la France négociait d’une manière directe et indirecte. Il faut le dire aujourd’hui, qui sont tous ces intermédiaires qui négocient? On nous a toujours laissés entendre que ce serait les chefs de tribu du Mali qui proposent leurs services ou tout simplement ils sont sollicités pour jouer les intermédiaires. Ce qui confirme que le Mali ne serait pas  trop engagé dans la lutte contre le terrorisme car n’ayant pas les moyens et en plus ne maîtrisant pas les tribus dont certains entretiendraient de bonnes relations avec  l’ex-GSPC. Pour revenir à cette histoire de déclarations de Droukdel, il est important de relever que cette exécution n’a pas bien été accueillie même sur les sites djihadistes car l’Islam interdit de tuer les vieillards civils, les enfants, les religieux et de couper les arbres. Sur des sites, l’acte a été fortement condamné et aucun des «muftis» djihadistes n’a pu donner le moindre alibi autorisant l’exécution d’un vieillard sauf de souligner que l’Occident tue enfants et vieillards que ce soit en Afghanistan ou en Irak. Ce qui explique pourquoi Droukdel tente de semer la confusion. Cette sortie médiatique laisse supposer que l’AQMI craindrait une politique offensive de la part de la France au Sahel. La France ne jure que de venger son otage. Officiellement, la France n’a jamais nié des liens de négociation. Bernard Kouchner a avoué: «Franchement nous n’avons jamais été optimistes. Aucune de nos tentatives de dialogue n’a abouti, nous avons tenté de lui faire passer des médicaments pour son cœur, car il était malade, et même ça, les ravisseurs l’ont refusé. Nous étions face à des gens déterminés à assassiner Michel Germaneau».  L’AQMI recherchait la confusion pour continuer à sévir au Sahel.
    Le Carrefour d’Algérie, 1/8/2010
  • Sahel : La lourde responsabilité de la France

    Le Sahel dans une zone de turbulences : La lourde responsabilité de la France
    1 Août 2010
    Par Sadek Belhoucine
    La France amnésique a oublié que l’Algérie avait, à maintes reprises, lancé des alertes sur le caractère transnational du terrorisme. Peu d’Etats de la communauté internationale ont prêté une oreille attentive aux mises en garde d’Alger. Paris se voit maintenant contraint de parer au plus pressé faute d’avoir su ou voulu anticiper sur les évènements.
    L’opération franco-mauritanienne du 22 juillet dernier contre l’Aqmi n’a pas encore révélé tous ses secrets. Les déclarations des autorités mauritaniennes et françaises sur cette action sont en effet contradictoires. Pour les premiers, l’action coordonnée avec les Français avait pour seul objectif de prévenir une attaque de l’Aqmi sur son territoire, programmée le 28 juillet. Pour les seconds, l’opération militaire franco-mauritanienne visait à libérer l’otage français Michel Germaneau, détenu depuis avril par l’Aqmi. Des déclarations qui ne font d’obscurcir davantage les tenants et aboutissants de cette opération menée contre le groupe terroriste et qui a mis dans la gêne les autorités de la région. Les gouvernements de ces Etats ont réagi de manière assez prudente, ne condamnant pas le raid raté de l’armée française contre un campement de terroristes, en vue de libérer l’otage français, pour les uns, tandis que les autres ont souhaité qu’il y ait plus de « coordination » avec les Etats de la région du Sahel, à l’avenir pour ce genre d’opération, qui a tourné au drame, puisque l’otage aurait été exécuté le lendemain même par ses ravisseurs. Plus que cela, il y a la déclaration de guerre, faite par le président français, Nicolas Sarkozy, au lendemain de la confirmation de l’exécution de Michel Germaneau qu’il faut retenir. La France a beaucoup d’intérêts économiques dans cette région désertique qu’elle est appelée à défendre contre les attaques des groupes terroristes qui activent dans la bande sahélo-sahélienne. L’argument sera ainsi brandi par la puissance française pour revenir s’implanter durablement dans son ancienne chasse-gardée sous le prétexte du « devoir d’ingérence » cher à Bernard Kouchner, oubliant par là que les pays de la région sont engagés depuis fort longtemps, avec le peu de moyens dont ils disposent, contre les groupes terroristes. Que fera maintenant la France ? « Le crime ne restera pas impuni », avait menacé Nicolas Sarkozy, au lendemain de l’exécution de l’otage français. La France amnésique, a oublié que l’Algérie avait, à maintes reprises, lancé des alertes sur le caractère transnational du terrorisme. Peu d’Etats de la communauté internationale ont prêté une oreille attentive aux mises en garde d’Alger. Paris se voit maintenant contraint de parer au plus pressé faute d’avoir su ou voulu anticiper sur les évènements. La France a ainsi fait classé à la rubrique « pertes et profit » la libération de l’agent des services français, Pierre Camatte obtenue contre la libération de quatre terroristes par le Mali, doublée du versement d’une rançon se chiffrant en millions d’euros. « Nous allons poursuivre et renforcer notre lutte contre Aqmi », a suggéré, vendredi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, confirmant par ailleurs ce qui était un secret de Polichinelle la présence militaire française dans certains pays de la région. «  Nos militaires forment déjà des forces d’intervention locales », a-t-il avoué, admettant qu’ « il est essentiel qu’il y ait une collaboration plus étroite entre les pays de la région ». Tout n’est pas parfait, selon Bernard Kouchner qui souligne la nécessité de faire « des progrès dans la mutualisation des moyens » pour faire face aux menaces terroristes qu’il qualifie d’« inquiétantes ». Inquiétantes les menaces, elles le sont en grande partie et la France tout autant que certains pays occidentaux en porte la lourde responsabilité en ce sens qu’ils ont encouragé les groupes terroristes dans leur sale besogne durant la décennie noire en isolant du reste du monde un pays qui faisait face, seul, aux terroristes islamistes. L’effet boomerang est à méditer pour ceux qui ont cru être à l’abri de l’activisme de l’Aqmi ou de tout autre groupe terroriste qui font fi des frontières géographiques.
    Le Midi Libre, 1/8/2010

  • Nous embrasserons la terre sur laquelle vous avez marché !

    Par amar.khelifa
    Le hasard étant pour moi une notion trop dangereuse, je suis donc parfaitement averti de la nécessité de l’extraire définitivement de l’histoire des luttes des peuples, ce domaine où même la langue enfile la tenue de combat, prend les armes et tire dans la foule ou à bout portant. Sans jeu de mots, si l’histoire du hasard constitue, à mes yeux, une suite interminable de leurres linguistiques destinés à humaniser la plus immonde et la plus abjecte des formes de domination qu’est l’occupation, le hasard de l’histoire ne peut être qu’une vulgaire calomnie d’intellectuel. Selon cette vision, tout acte, banal soit-il, comporte une grande part de rationnel que la majorité des historiens français renie quand il s’agit d’évoquer la guerre d’Algérie. En essayant de mettre en ordre les idées et leur mise en forme, avant la rédaction de cet édito consacré aux glorieux moudjahidine, ces faiseurs de miracles, j’ai eu entre les mains un numéro de la revue française, l’Express du 14 mars 2002, un numéro portant le titre « Algérie, 172 ans de drames et de passions ». A travers les propos exprimés par Annie Rey-Goldzeiguer, présentée comme étant « une historienne parmi les meilleurs spécialistes de la période », tout Algérien nourri de la sève de Novembre peut distinguer facilement les pièges et les traquenards tissés par des mots à double tranchant. Ce que cette historienne appelle sournoisement « l’aventure franco-algérienne » représente en vérité le soulèvement de tout un peuple déterminé à en finir avec une colonisation, la plus destructrice qu’a connue l’humanité, dirigé par des moudjahidine qui avaient su élever le sens du sacrifice à des niveaux jamais égalés. Ces hommes promus par la logique de la résistance et inspirés des valeurs sûres de l’être humain ont écrit les pages glorieuses de l’histoire contemporaine de l’Algérie, à une époque où il était vraiment périlleux de s’embarquer dans le mouvement libérateur. Nous devons tout à ces martyrs et à ces icônes vivantes de la lutte de libération nationale dont certains avaient carrément tourné le dos à une vie aisée et sans problèmes majeurs pour se consacrer définitivement aux idéaux de la liberté. Ils avaient tout abandonné, femme, enfants et aisance matérielle, pour se donner à fond à une cause juste devant laquelle toutes les tentations s’étaient effacées. Ils ont dit non à une existence dans l’ombre d’une puissance coloniale arrogante. Ils ont fini par adresser un « bras d’honneur » à la « paix des braves » et aux autres offres que leur faisait une France ébranlée par le courage et l’audace des hommes de Novembre, ces géants sortis des douars des Aurès, du Dahra, de l’Ouarsenis, du Djurdjura, des Babors et des monts de Tlemcen qui avaient choisi en toute conscience de « mourir vertical ». Ils ont arraché l’indépendance à la troisième puissance militaire de l’époque, en administrant à ses généraux, à ses services spéciaux et à ses paras, une leçon de bravoure, d’engagement et de génie à faire étudier dans toutes les écoles de formation militaire. Les générations de l’indépendance sont aujourd’hui tout à fait conscientes de l’immense dette qu’elles ont envers ces héros authentiques aux pieds bien enracinés dans cette terre pour laquelle ils ont consenti tous les sacrifices, et dont la tête a atteint les étoiles. Notre reconnaissance à ces hommes doit être à la hauteur de leur énorme sacrifice et nous en sommes conscients. Après avoir libéré le pays de la barbarie coloniale, la majorité d’entre eux a refusé magistralement de s’abandonner à un repos bien mérité. Ils se sont engagés corps et âmes dans la bataille de l’édification d’un pays laissé en décombres par les concepteurs de la terre brûlée et leurs pyromanes de service. C’est une question de tempérament ; ces hommes sont nés pour écrire l’Histoire et prendre en mains le destin de leur pays. Trente ans après l’indépendance, ce sont encore eux qui se mobilisent pour éteindre le feu d’une « fitna » allumée par des revanchards et leurs alliés. Et c’est bel et bien grâce à leur intervention salvatrice que l’Algérie est restée debout face à un odieux complot planifié par des stratèges de la déstabilisation et exécuté par des hordes de sanguinaires sans foi ni loi. Nous leur devons plus que notre vie. Nous leur devons notre dignité et nos espoirs. Nous nous prosternerons avec une immense joie afin d’embrasser le sol sur lequel ils ont marché en les implorant de ne pas nous en vouloir, si nous n’avons pas encore atteint la grandeur de nos pères et grands-pères.
    El Djazair, août 2010 
  • De Quesada : « Le Président Bouteflika est une éminente personnalité du tiers-monde »

    « Le Président Bouteflika est une éminente personnalité du tiers-monde »
    Ricardo Alarcon de Quesada, président de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire de la République

    Par L. B.
    Entre Alger et La Havane existe une longue tradition de lutte et de combat en faveur de la liberté des peuples, qui s’est fondée dans le mouvement des non alignés, dont le doyen reste Fidel. 
    Avant toute chose, comment se porte « El Comandante » pour qui les Algériens ont une affection toute particulière ? 
    Ricardo Alarcon de Quesada : Fidel se trouve comme toujours aux premières lignes du combat. Il consacre une bonne partie de son temps à étudier les problèmes les plus sérieux en particulier les menaces pour la paix et la survie de l’espèce humaine. Il publie fréquemment ses Réflexions, les plus récentes sont celles consacrées à démasquer les ultimes provocations impérialistes dans la péninsule coréenne et surtout les plans d’une agression des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran. Il ne se lasse pas d’avertir que nous vivons des jours très dangereux qui pourraient être l’antichambre d’une hécatombe nucléaire. 
    Votre visite en Algérie est une excellente opportunité pour une évaluation du partenariat algéro-cubain qui s’étend à de nombreux domaines : scientifique, technique, culturel et sportif. Y a-t-il d’autres perspectives pour l’avenir de cette coopération multiforme et d’une solidarité exemplaire ? 
    RADQ : Dans votre édition de juin El Djazaïr.com a interviewé l’ambassadeur cubain Eumelio Caballero qui a évoqué différents aspects importants de la coopération entre l’Algérie et Cuba, qui se basent sur les excellentes relations politiques surgies d’une solidarité cultivée durant de longues années de lutte commune pour la liberté et l’indépendance. Les deux pays ont conquis leur émancipation au prix d’un combat douloureux qui s’est soldé par de grands sacrifices. Nous avons obtenu la victoire presque en même temps et depuis nous impulsons le Mouvement des Pays non alignés dont l’objectif majeur est de promouvoir la solidarité entre tous pour atteindre un monde meilleur. Les perspectives de la coopération algéro-cubaine sont illimitées. Ma visite me donnera l’occasion privilégiée d’évaluer avec les frères algériens les résultats jusque là atteints, les consolider et engager de nouvelles actions que je suis sûr nous saurons entreprendre avec succès. 
    Sur le plan politique et sécuritaire international, Alger et La Havane ont des convergences de vues et luttent pour la dignité et la justice. Vous qui avez été vice-président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à l’ONU et du Comité des 24 (décolonisation), que vous inspire l’attitude du Maroc vis-à-vis du problème sahraoui ? 
    RADQ : Le peuple sahraoui (Sahara Occidental envahi par le Maroc en 175, ndlr) a un droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance Inaliénable veut dire que c’est un droit qui ne peut être cédé et auquel on ne peut renoncer. L’attitude du Maroc est inadmissible, il agit avec l’arrogance des pires colonisateurs, cette attitude doit être rejetée et condamnée. C’est une attitude comparable à l’agression sioniste contre le peuple palestinien et l’imposition du colonialisme nord-américain du peuple de Porto Rico. On assiste actuellement à l’émergence de certains pays latinos faisant partie de l’ALBA, dont l’objectif est de prendre leur destin en main. Quel est l’avenir de ce processus d’intégration dont vous faites partie ? L’ALBA est la résultante des luttes des peuples d’Amérique latine pour leur indépendance qu’ils ont commencée il y a deux siècles. Possesseurs d’une histoire commune et d’une même culture, nous avons toujours été inspirés par l’idéal de Simon Bolivar d’unir toutes les nations en une grande Patrie, celle que José Marti appela « Notre Amérique ». Ce fut une aspiration qui anima des générations successives durant de longues années. Ce qui paraissait d’antan un rêve commence aujourd’hui à être réalité. L’Amérique latine vit une nouvelle époque où avancent des processus transformateurs autonomes répondant aux caractéristiques et conditions spécifiques de chaque pays, mais unis par une forte solidarité exprimée dans des projets concrets, au bénéfice de millions d’individus, sur des questions vitales comme la santé et l’éducation. Des groupes séculairement exclus – comme les populations autochtones, les afro descendants et bien avant relégués à une extrême pauvreté – campent aujourd’hui des rôles protagonistes dans le changement social et dans le développement d’une démocratie authentique, participative. L’Amérique latine vit une nouvelle époque parce qu’ici le néolibéralisme – la dictature du marché et le capitalisme sauvage – a été complètement défait. L’avenir de l’ALBA est prometteur. Il l’est pour tout le continent. L’année prochaine à Caracas, la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes, sera formellement constituée, celle dont tous les pays de Notre Amérique font parties et dans laquelle, pour la première fois de notre histoire, les Etats-Unis, ne sont pas présents. 
    Ne pensez-vous pas que la politique états-unienne a recours à la coercition économique pour réaliser des objectifs politiques? Déstabiliser le pays à l’intérieur et déformer l’image de Cuba à l’extérieur? Que pouvez-vous nous dire du blocus que vous qualifiez de guerre économique? 
    RADQ : En 1959, année du triomphe révolutionnaire, lorsque Washington étudiait ses premières actions agressives – la suppression de nos ventes de sucre –, le Secrétaire d’Etat, Christian Herter décrivait cette mesure comme une « guerre économique ». Cette guerre a été pratiquée par tous les gouvernements nord-américains, d’Eisenhower jusqu’à Obama. C’est une politique de génocide, antidémocratique. Son propos est de faire souffrir le peuple cubain, de le punir pour son appui à la Révolution. C’est ainsi qu’ils l’ont reconnu cela fait un demi-siècle dans un document officiel récemment déclassé : « La majorité des cubains appuie Castro… L’unique manière prévisible de lui ôter l’appui interne, c’est à travers le désenchantement et l’insatisfaction qui surgiront du malaise économique et de difficultés matérielles … Il faut user rapidement de tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique de Cuba… Une ligne d’action, la plus astucieuse et discrète possible, pour priver Cuba d’argent et d’approvisionnement, pour réduire ses recours financiers et les salaires réels, provoquer la faim, la désespérance et la chute du gouvernement … » (1) 
    Où en est- on aujourd’hui du sort réservé aux cinq Cubains emprisonnés aux USA pour avoir infiltré des groupes terroristes de Miami afin de prévenir leurs crimes ? 
    RADQ : Le 12 septembre prochain, Gerardo Hernández, Ramón Abanino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González auront passé 12 ans, dans des prisons nord-américaines, soumis à des conditions de détention très dures, parfois confinés à de longues périodes d’isolement, éloignés de leurs familles et de leur pays. Deux d’entre eux, Gerardo et René, se sont vu refuser la visite de leurs épouses. Ils ont été arrêtés et soumis à un procès, bourré de violations et d’irrégularités, accusés seulement « de s’être infiltrés dans des groupes terroristes de Miami afin de prévenir leurs crimes » comme vous le dites si justement, dans votre question. Ils ont rempli cette héroïque mission, désarmée, sans employer la force ou la violence, sans causer de mal à personne. Ils se sont limités à découvrir les plans des terroristes, à en informer Cuba, contribuant ainsi à sauver de nombreuses vies. Pour ce « délit », ils ont écopé au total de 4 condamnations à perpétuité et à plus de 77 ans de prison. L’injustice dont sont victimes les cinq et leur perpétuation au jour d’aujourd’hui ont une signification politique évidente. D’Eisenhower à Obama, les gouvernants nord-américains ont favorisé ou toléré le terrorisme contre Cuba. Le sort des cinq dépendra de notre capacité à défaire cette politique. Nous continuerons à tenter d’utiliser les maigres recours encore disponibles dans le système juridique nord-américain. Toutefois, nous ne pouvons compter sur cette voie. Seule la solidarité des peuples, celle des Etats-Unis incluse, nous mènera à la victoire. La dénonciation constante et la mobilisation croissante sont indispensables pour obliger Washington à mettre fin à cette infamie en ordonnant la libération immédiate des cinq personnes qui n’auraient jamais dû être privées de leur liberté. 
    La presse occidentale offre très peu la possibilité à Cuba de s’exprimer et de répondre aux attaques répétées dont elle est la cible, pourquoi ? 
    RADQ : Parce que, en grande partie, cette presse n’est autre que l’instrument docile de la propagande impérialiste. N’oublions pas la prophétie formulée il y a de cela 40 ans par quelqu’un de très informé, Zbigniew Brzezinski. Pour lui, la fonction principale des grands médias serait de « manipuler les sentiments et de contrôler la raison ». Pour arriver à cela, ils cachent la vérité ou la dénaturent et disséminent le mensonge. Cuba cumule un demi-siècle d’expérience à ce sujet. Le cas des cinq que nous venons d’évoquer en est la preuve la plus récente. Pour beaucoup, en Occident, ce cas n’existe pas parce que les médias occidentaux l’occultent. 
    L’ONU, vous connaissez pour y avoir occupé un certain nombre de postes. Ne pensez-vous pas que le Conseil de sécurité devrait être révisé ? 
    RADQ : Pour réformer la charte de l’ONU, il faut le consentement de tous les membres permanents du Conseil de sécurité. Toutefois, la charte même donne à l’Assemblée générale des facultés qu’elle n’a pas exercées entièrement. Parmi ces facultés, la plus importante peut-être est celle d’examiner le travail du Conseil de sécurité et de le soumettre à une évaluation systématique. Selon la charte, le Conseil doit rendre des comptes à l’Assemblée et non l’inverse. Arriver à ce que l’Assemblée assume réellement sa responsabilité, telle est la clef pour la démocratisation des Nations unies, objectif auquel ne doivent jamais renoncer les pays non alignés. 
    L’Algérie vous a-t-elle semblé un pays insécurisé ? 
    RADQ : J’ai déjà évoqué auparavant le rôle de certains médias. J’ai connu l’Algérie, à distance, lorsque son peuple livrait une bataille héroïque pour l’indépendance et la liberté qui a servi d’exemple a beaucoup de pays à travers le monde. A l’époque, sous la domination coloniale, l’Algérie était un pays insécurisé pour les Algériens. Après l’indépendance, lorsque j’étais ambassadeur auprès de l’ONU, j’ai eu le privilège de visiter l’Algérie en différentes occasions. Je me suis déplacé en de nombreux lieux de ce beau pays, incomparablement plus tranquille et sûr que la ville de New York où je vivais alors. Je souscris complètement à la réponse formulée par notre ambassadeur à la même question dans l’entretien publié par El Djazaïr.com 
    Quelle image a le peuple cubain du peuple algérien et de son Président Abdelaziz Bouteflika ? 
    RADQ : L’image d’un peuple dévoué, combatif, un peuple frère pour lequel nous ressentons admiration et affection et à qui nous souhaitons bonheur et succès. Le Président Abdelaziz Bouteflika est, pour les Cubains, le dirigeant capable et conséquent de ce peuple et l’une des plus éminentes personnalités du tiers-monde. Je partage évidemment cette appréciation des Cubains. Toutefois, j’aimerai ajouter une note personnelle. Parmi les plus grands privilèges de ma vie, celui d’avoir livré plusieurs batailles diplomatiques aux côtés de Abdelaziz Bouteflika, lorsque j’étais ambassadeur et lui chancelier (ndlr : ministre des Affaires étrangères). Je garde envers lui une immense gratitude parce que j’ai beaucoup appris de sa sagesse et de son engagement, toujours ferme et lucide, à la cause de son peuple et de celles des autres peuples, de sa généreuse amitié. 
    Ricardo Alarcon, vous êtes un homme politique mais aussi professeur de philosophie. Ces deux disciplines ne donnent-elles pas une certaine hauteur à votre vision du monde ? 
    RADQ : Je vous remercie pour le compliment contenu dans votre question. Peut-être que l’un des problèmes majeurs du monde contemporain a à voir avec cette séparation entre les deux disciplines. Dans l’Antiquité, il était fréquent de trouver son efficace conjonction. Avec le développement du capitalisme, à présent globalisé, de nombreux politiques sont tels des acteurs dans un étrange retable où la politique est à chaque fois plus mercantilisée. Ce n’est pas un hasard qu’un grand philosophe autrichien, Hans Kelsen, a averti il y a de cela presque un siècle que la nommée « démocratie représentative » était un dogme occidental, c’est un régime fictif, son essence étant « la fiction de la représentation ». La philosophie est indispensable pour interpréter le monde qui nous entoure et aider à le transformer.
    El Djazair, 1/8/2010
  • Mohamed VI appelle l’Algérie à cesser son soutien au Polisario

    Lors de son discours à l’occasion de la fête du Trône
    Mohamed VI appelle l’Algérie à cesser son soutien au Polisario
    Le roi du Maroc a déclaré que son pays «accorde la priorité, dans ses relations extérieures, à son voisinage et à son environnement proche et diversifié». Mohamed VI a, par ailleurs, déclaré lors de son discours à l’occasion du 11ème anniversaire de son accession au trône, qu’il poursuivrait les «efforts de concertation et de coordination avec les Etats maghrébins frères», appelant l’Algérie à cesser de contrarier «la logique de l’histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité» au sujet du Sahara Occidental.
    Le roi espère voir l’Algérie «renoncer à ses manœuvres désespérées visant à vainement torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud», faisant référence au projet d’autonomie proposé par Rabat au Sahara occidental. «Constamment animé par la volonté de donner une expression tangible à son appartenance africaine, le Maroc continuera de mettre en oeuvre une politique africaine cohérente, au service du développement humain et de la consolidation de la sécurité régionale, inscrivant son action, notamment, dans le cadre de la coopération engagée avec les pays du Sahel et du Sahara, et les Etats d’Afrique atlantique, en vue de faire face aux multiples menaces qui pèsent sur la région» a-t-il, en outre, déclaré sur la question du terrorisme au Sahel. Il est à noter, enfin, que Rabat a demandé à prendre part à la coordination sécuritaire entre les pays du Sahel, depuis le mois de mars dernier, que supervise l’Algérie. Cette dernière a, toutefois, refusé la demande marocaine qui n’appartient selon elle pas à la région du Sahel sur le plan géographique. Les deux parties en conflit, le Maroc et le Front Polisario, se sont engagées dans un processus de négociations sans condition sous l’égide de l’ONU depuis 2007, processus devant aboutir au règlement du conflit sahraoui. Evoquant les camps de réfugiés sahraouis de Tindouf, Mohamed VI s’est montré très menaçant à l’égard de l’Algérie. «Nous déploierons des efforts accrus pour la levée du blocus imposé à nos citoyens dans les camps de Tindouf, pour leur permettre d’exercer leur droit légitime au retour à la mère patrie pour y retrouver leurs familles et leurs proches, conformément aux conventions internationales pertinentes», a-t-il averti.
    Ce discours royal n’est pas pour apaiser des relations tendues entre Alger et Rabat. Bien au contraire, il est de nature à envenimer des rapports déjà marqués par des années d’hostilités et du coup retarder la construction d’un Maghreb arabe. Depuis la fermeture des frontières, en 1994, les relations entre les deux pays voisins n’ont pratiquement jamais connu de période d’entente.
    Abed Tilioua
  • Sahel : La lourde responsabilité de la France

    Le Sahel dans une zone de turbulences : La lourde responsabilité de la France
    1 Août 2010
    Par Sadek Belhoucine
    La France amnésique a oublié que l’Algérie avait, à maintes reprises, lancé des alertes sur le caractère transnational du terrorisme. Peu d’Etats de la communauté internationale ont prêté une oreille attentive aux mises en garde d’Alger. Paris se voit maintenant contraint de parer au plus pressé faute d’avoir su ou voulu anticiper sur les évènements.
    L’opération franco-mauritanienne du 22 juillet dernier contre l’Aqmi n’a pas encore révélé tous ses secrets. Les déclarations des autorités mauritaniennes et françaises sur cette action sont en effet contradictoires. Pour les premiers, l’action coordonnée avec les Français avait pour seul objectif de prévenir une attaque de l’Aqmi sur son territoire, programmée le 28 juillet. Pour les seconds, l’opération militaire franco-mauritanienne visait à libérer l’otage français Michel Germaneau, détenu depuis avril par l’Aqmi. Des déclarations qui ne font d’obscurcir davantage les tenants et aboutissants de cette opération menée contre le groupe terroriste et qui a mis dans la gêne les autorités de la région. Les gouvernements de ces Etats ont réagi de manière assez prudente, ne condamnant pas le raid raté de l’armée française contre un campement de terroristes, en vue de libérer l’otage français, pour les uns, tandis que les autres ont souhaité qu’il y ait plus de « coordination » avec les Etats de la région du Sahel, à l’avenir pour ce genre d’opération, qui a tourné au drame, puisque l’otage aurait été exécuté le lendemain même par ses ravisseurs. Plus que cela, il y a la déclaration de guerre, faite par le président français, Nicolas Sarkozy, au lendemain de la confirmation de l’exécution de Michel Germaneau qu’il faut retenir. La France a beaucoup d’intérêts économiques dans cette région désertique qu’elle est appelée à défendre contre les attaques des groupes terroristes qui activent dans la bande sahélo-sahélienne. L’argument sera ainsi brandi par la puissance française pour revenir s’implanter durablement dans son ancienne chasse-gardée sous le prétexte du « devoir d’ingérence » cher à Bernard Kouchner, oubliant par là que les pays de la région sont engagés depuis fort longtemps, avec le peu de moyens dont ils disposent, contre les groupes terroristes. Que fera maintenant la France ? « Le crime ne restera pas impuni », avait menacé Nicolas Sarkozy, au lendemain de l’exécution de l’otage français. La France amnésique, a oublié que l’Algérie avait, à maintes reprises, lancé des alertes sur le caractère transnational du terrorisme. Peu d’Etats de la communauté internationale ont prêté une oreille attentive aux mises en garde d’Alger. Paris se voit maintenant contraint de parer au plus pressé faute d’avoir su ou voulu anticiper sur les évènements. La France a ainsi fait classé à la rubrique « pertes et profit » la libération de l’agent des services français, Pierre Camatte obtenue contre la libération de quatre terroristes par le Mali, doublée du versement d’une rançon se chiffrant en millions d’euros. « Nous allons poursuivre et renforcer notre lutte contre Aqmi », a suggéré, vendredi le chef de la diplomatie française, Bernard Kouchner, confirmant par ailleurs ce qui était un secret de Polichinelle la présence militaire française dans certains pays de la région. «  Nos militaires forment déjà des forces d’intervention locales », a-t-il avoué, admettant qu’ « il est essentiel qu’il y ait une collaboration plus étroite entre les pays de la région ». Tout n’est pas parfait, selon Bernard Kouchner qui souligne la nécessité de faire « des progrès dans la mutualisation des moyens » pour faire face aux menaces terroristes qu’il qualifie d’« inquiétantes ». Inquiétantes les menaces, elles le sont en grande partie et la France tout autant que certains pays occidentaux en porte la lourde responsabilité en ce sens qu’ils ont encouragé les groupes terroristes dans leur sale besogne durant la décennie noire en isolant du reste du monde un pays qui faisait face, seul, aux terroristes islamistes. L’effet boomerang est à méditer pour ceux qui ont cru être à l’abri de l’activisme de l’Aqmi ou de tout autre groupe terroriste qui font fi des frontières géographiques.
    Le Midi Libre, 1/8/2010

  • Nous embrasserons la terre sur laquelle vous avez marché !

    Par amar.khelifa
    Le hasard étant pour moi une notion trop dangereuse, je suis donc parfaitement averti de la nécessité de l’extraire définitivement de l’histoire des luttes des peuples, ce domaine où même la langue enfile la tenue de combat, prend les armes et tire dans la foule ou à bout portant. Sans jeu de mots, si l’histoire du hasard constitue, à mes yeux, une suite interminable de leurres linguistiques destinés à humaniser la plus immonde et la plus abjecte des formes de domination qu’est l’occupation, le hasard de l’histoire ne peut être qu’une vulgaire calomnie d’intellectuel. Selon cette vision, tout acte, banal soit-il, comporte une grande part de rationnel que la majorité des historiens français renie quand il s’agit d’évoquer la guerre d’Algérie. En essayant de mettre en ordre les idées et leur mise en forme, avant la rédaction de cet édito consacré aux glorieux moudjahidine, ces faiseurs de miracles, j’ai eu entre les mains un numéro de la revue française, l’Express du 14 mars 2002, un numéro portant le titre « Algérie, 172 ans de drames et de passions ». A travers les propos exprimés par Annie Rey-Goldzeiguer, présentée comme étant « une historienne parmi les meilleurs spécialistes de la période », tout Algérien nourri de la sève de Novembre peut distinguer facilement les pièges et les traquenards tissés par des mots à double tranchant. Ce que cette historienne appelle sournoisement « l’aventure franco-algérienne » représente en vérité le soulèvement de tout un peuple déterminé à en finir avec une colonisation, la plus destructrice qu’a connue l’humanité, dirigé par des moudjahidine qui avaient su élever le sens du sacrifice à des niveaux jamais égalés. Ces hommes promus par la logique de la résistance et inspirés des valeurs sûres de l’être humain ont écrit les pages glorieuses de l’histoire contemporaine de l’Algérie, à une époque où il était vraiment périlleux de s’embarquer dans le mouvement libérateur. Nous devons tout à ces martyrs et à ces icônes vivantes de la lutte de libération nationale dont certains avaient carrément tourné le dos à une vie aisée et sans problèmes majeurs pour se consacrer définitivement aux idéaux de la liberté. Ils avaient tout abandonné, femme, enfants et aisance matérielle, pour se donner à fond à une cause juste devant laquelle toutes les tentations s’étaient effacées. Ils ont dit non à une existence dans l’ombre d’une puissance coloniale arrogante. Ils ont fini par adresser un « bras d’honneur » à la « paix des braves » et aux autres offres que leur faisait une France ébranlée par le courage et l’audace des hommes de Novembre, ces géants sortis des douars des Aurès, du Dahra, de l’Ouarsenis, du Djurdjura, des Babors et des monts de Tlemcen qui avaient choisi en toute conscience de « mourir vertical ». Ils ont arraché l’indépendance à la troisième puissance militaire de l’époque, en administrant à ses généraux, à ses services spéciaux et à ses paras, une leçon de bravoure, d’engagement et de génie à faire étudier dans toutes les écoles de formation militaire. Les générations de l’indépendance sont aujourd’hui tout à fait conscientes de l’immense dette qu’elles ont envers ces héros authentiques aux pieds bien enracinés dans cette terre pour laquelle ils ont consenti tous les sacrifices, et dont la tête a atteint les étoiles. Notre reconnaissance à ces hommes doit être à la hauteur de leur énorme sacrifice et nous en sommes conscients. Après avoir libéré le pays de la barbarie coloniale, la majorité d’entre eux a refusé magistralement de s’abandonner à un repos bien mérité. Ils se sont engagés corps et âmes dans la bataille de l’édification d’un pays laissé en décombres par les concepteurs de la terre brûlée et leurs pyromanes de service. C’est une question de tempérament ; ces hommes sont nés pour écrire l’Histoire et prendre en mains le destin de leur pays. Trente ans après l’indépendance, ce sont encore eux qui se mobilisent pour éteindre le feu d’une « fitna » allumée par des revanchards et leurs alliés. Et c’est bel et bien grâce à leur intervention salvatrice que l’Algérie est restée debout face à un odieux complot planifié par des stratèges de la déstabilisation et exécuté par des hordes de sanguinaires sans foi ni loi. Nous leur devons plus que notre vie. Nous leur devons notre dignité et nos espoirs. Nous nous prosternerons avec une immense joie afin d’embrasser le sol sur lequel ils ont marché en les implorant de ne pas nous en vouloir, si nous n’avons pas encore atteint la grandeur de nos pères et grands-pères.
    El Djazair, août 2010 
  • De Quesada : « Le Président Bouteflika est une éminente personnalité du tiers-monde »

    « Le Président Bouteflika est une éminente personnalité du tiers-monde »
    Ricardo Alarcon de Quesada, président de l’Assemblée nationale du pouvoir populaire de la République

    Par L. B.
    Entre Alger et La Havane existe une longue tradition de lutte et de combat en faveur de la liberté des peuples, qui s’est fondée dans le mouvement des non alignés, dont le doyen reste Fidel. 
    Avant toute chose, comment se porte « El Comandante » pour qui les Algériens ont une affection toute particulière ? 
    Ricardo Alarcon de Quesada : Fidel se trouve comme toujours aux premières lignes du combat. Il consacre une bonne partie de son temps à étudier les problèmes les plus sérieux en particulier les menaces pour la paix et la survie de l’espèce humaine. Il publie fréquemment ses Réflexions, les plus récentes sont celles consacrées à démasquer les ultimes provocations impérialistes dans la péninsule coréenne et surtout les plans d’une agression des Etats-Unis et d’Israël contre l’Iran. Il ne se lasse pas d’avertir que nous vivons des jours très dangereux qui pourraient être l’antichambre d’une hécatombe nucléaire. 
    Votre visite en Algérie est une excellente opportunité pour une évaluation du partenariat algéro-cubain qui s’étend à de nombreux domaines : scientifique, technique, culturel et sportif. Y a-t-il d’autres perspectives pour l’avenir de cette coopération multiforme et d’une solidarité exemplaire ? 
    RADQ : Dans votre édition de juin El Djazaïr.com a interviewé l’ambassadeur cubain Eumelio Caballero qui a évoqué différents aspects importants de la coopération entre l’Algérie et Cuba, qui se basent sur les excellentes relations politiques surgies d’une solidarité cultivée durant de longues années de lutte commune pour la liberté et l’indépendance. Les deux pays ont conquis leur émancipation au prix d’un combat douloureux qui s’est soldé par de grands sacrifices. Nous avons obtenu la victoire presque en même temps et depuis nous impulsons le Mouvement des Pays non alignés dont l’objectif majeur est de promouvoir la solidarité entre tous pour atteindre un monde meilleur. Les perspectives de la coopération algéro-cubaine sont illimitées. Ma visite me donnera l’occasion privilégiée d’évaluer avec les frères algériens les résultats jusque là atteints, les consolider et engager de nouvelles actions que je suis sûr nous saurons entreprendre avec succès. 
    Sur le plan politique et sécuritaire international, Alger et La Havane ont des convergences de vues et luttent pour la dignité et la justice. Vous qui avez été vice-président du Comité pour l’exercice des droits inaliénables du peuple palestinien à l’ONU et du Comité des 24 (décolonisation), que vous inspire l’attitude du Maroc vis-à-vis du problème sahraoui ? 
    RADQ : Le peuple sahraoui (Sahara Occidental envahi par le Maroc en 175, ndlr) a un droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance Inaliénable veut dire que c’est un droit qui ne peut être cédé et auquel on ne peut renoncer. L’attitude du Maroc est inadmissible, il agit avec l’arrogance des pires colonisateurs, cette attitude doit être rejetée et condamnée. C’est une attitude comparable à l’agression sioniste contre le peuple palestinien et l’imposition du colonialisme nord-américain du peuple de Porto Rico. On assiste actuellement à l’émergence de certains pays latinos faisant partie de l’ALBA, dont l’objectif est de prendre leur destin en main. Quel est l’avenir de ce processus d’intégration dont vous faites partie ? L’ALBA est la résultante des luttes des peuples d’Amérique latine pour leur indépendance qu’ils ont commencée il y a deux siècles. Possesseurs d’une histoire commune et d’une même culture, nous avons toujours été inspirés par l’idéal de Simon Bolivar d’unir toutes les nations en une grande Patrie, celle que José Marti appela « Notre Amérique ». Ce fut une aspiration qui anima des générations successives durant de longues années. Ce qui paraissait d’antan un rêve commence aujourd’hui à être réalité. L’Amérique latine vit une nouvelle époque où avancent des processus transformateurs autonomes répondant aux caractéristiques et conditions spécifiques de chaque pays, mais unis par une forte solidarité exprimée dans des projets concrets, au bénéfice de millions d’individus, sur des questions vitales comme la santé et l’éducation. Des groupes séculairement exclus – comme les populations autochtones, les afro descendants et bien avant relégués à une extrême pauvreté – campent aujourd’hui des rôles protagonistes dans le changement social et dans le développement d’une démocratie authentique, participative. L’Amérique latine vit une nouvelle époque parce qu’ici le néolibéralisme – la dictature du marché et le capitalisme sauvage – a été complètement défait. L’avenir de l’ALBA est prometteur. Il l’est pour tout le continent. L’année prochaine à Caracas, la Communauté des Etats d’Amérique latine et des Caraïbes, sera formellement constituée, celle dont tous les pays de Notre Amérique font parties et dans laquelle, pour la première fois de notre histoire, les Etats-Unis, ne sont pas présents. 
    Ne pensez-vous pas que la politique états-unienne a recours à la coercition économique pour réaliser des objectifs politiques? Déstabiliser le pays à l’intérieur et déformer l’image de Cuba à l’extérieur? Que pouvez-vous nous dire du blocus que vous qualifiez de guerre économique? 
    RADQ : En 1959, année du triomphe révolutionnaire, lorsque Washington étudiait ses premières actions agressives – la suppression de nos ventes de sucre –, le Secrétaire d’Etat, Christian Herter décrivait cette mesure comme une « guerre économique ». Cette guerre a été pratiquée par tous les gouvernements nord-américains, d’Eisenhower jusqu’à Obama. C’est une politique de génocide, antidémocratique. Son propos est de faire souffrir le peuple cubain, de le punir pour son appui à la Révolution. C’est ainsi qu’ils l’ont reconnu cela fait un demi-siècle dans un document officiel récemment déclassé : « La majorité des cubains appuie Castro… L’unique manière prévisible de lui ôter l’appui interne, c’est à travers le désenchantement et l’insatisfaction qui surgiront du malaise économique et de difficultés matérielles … Il faut user rapidement de tous les moyens possibles pour affaiblir la vie économique de Cuba… Une ligne d’action, la plus astucieuse et discrète possible, pour priver Cuba d’argent et d’approvisionnement, pour réduire ses recours financiers et les salaires réels, provoquer la faim, la désespérance et la chute du gouvernement … » (1) 
    Où en est- on aujourd’hui du sort réservé aux cinq Cubains emprisonnés aux USA pour avoir infiltré des groupes terroristes de Miami afin de prévenir leurs crimes ? 
    RADQ : Le 12 septembre prochain, Gerardo Hernández, Ramón Abanino, Antonio Guerrero, Fernando González et René González auront passé 12 ans, dans des prisons nord-américaines, soumis à des conditions de détention très dures, parfois confinés à de longues périodes d’isolement, éloignés de leurs familles et de leur pays. Deux d’entre eux, Gerardo et René, se sont vu refuser la visite de leurs épouses. Ils ont été arrêtés et soumis à un procès, bourré de violations et d’irrégularités, accusés seulement « de s’être infiltrés dans des groupes terroristes de Miami afin de prévenir leurs crimes » comme vous le dites si justement, dans votre question. Ils ont rempli cette héroïque mission, désarmée, sans employer la force ou la violence, sans causer de mal à personne. Ils se sont limités à découvrir les plans des terroristes, à en informer Cuba, contribuant ainsi à sauver de nombreuses vies. Pour ce « délit », ils ont écopé au total de 4 condamnations à perpétuité et à plus de 77 ans de prison. L’injustice dont sont victimes les cinq et leur perpétuation au jour d’aujourd’hui ont une signification politique évidente. D’Eisenhower à Obama, les gouvernants nord-américains ont favorisé ou toléré le terrorisme contre Cuba. Le sort des cinq dépendra de notre capacité à défaire cette politique. Nous continuerons à tenter d’utiliser les maigres recours encore disponibles dans le système juridique nord-américain. Toutefois, nous ne pouvons compter sur cette voie. Seule la solidarité des peuples, celle des Etats-Unis incluse, nous mènera à la victoire. La dénonciation constante et la mobilisation croissante sont indispensables pour obliger Washington à mettre fin à cette infamie en ordonnant la libération immédiate des cinq personnes qui n’auraient jamais dû être privées de leur liberté. 
    La presse occidentale offre très peu la possibilité à Cuba de s’exprimer et de répondre aux attaques répétées dont elle est la cible, pourquoi ? 
    RADQ : Parce que, en grande partie, cette presse n’est autre que l’instrument docile de la propagande impérialiste. N’oublions pas la prophétie formulée il y a de cela 40 ans par quelqu’un de très informé, Zbigniew Brzezinski. Pour lui, la fonction principale des grands médias serait de « manipuler les sentiments et de contrôler la raison ». Pour arriver à cela, ils cachent la vérité ou la dénaturent et disséminent le mensonge. Cuba cumule un demi-siècle d’expérience à ce sujet. Le cas des cinq que nous venons d’évoquer en est la preuve la plus récente. Pour beaucoup, en Occident, ce cas n’existe pas parce que les médias occidentaux l’occultent. 
    L’ONU, vous connaissez pour y avoir occupé un certain nombre de postes. Ne pensez-vous pas que le Conseil de sécurité devrait être révisé ? 
    RADQ : Pour réformer la charte de l’ONU, il faut le consentement de tous les membres permanents du Conseil de sécurité. Toutefois, la charte même donne à l’Assemblée générale des facultés qu’elle n’a pas exercées entièrement. Parmi ces facultés, la plus importante peut-être est celle d’examiner le travail du Conseil de sécurité et de le soumettre à une évaluation systématique. Selon la charte, le Conseil doit rendre des comptes à l’Assemblée et non l’inverse. Arriver à ce que l’Assemblée assume réellement sa responsabilité, telle est la clef pour la démocratisation des Nations unies, objectif auquel ne doivent jamais renoncer les pays non alignés. 
    L’Algérie vous a-t-elle semblé un pays insécurisé ? 
    RADQ : J’ai déjà évoqué auparavant le rôle de certains médias. J’ai connu l’Algérie, à distance, lorsque son peuple livrait une bataille héroïque pour l’indépendance et la liberté qui a servi d’exemple a beaucoup de pays à travers le monde. A l’époque, sous la domination coloniale, l’Algérie était un pays insécurisé pour les Algériens. Après l’indépendance, lorsque j’étais ambassadeur auprès de l’ONU, j’ai eu le privilège de visiter l’Algérie en différentes occasions. Je me suis déplacé en de nombreux lieux de ce beau pays, incomparablement plus tranquille et sûr que la ville de New York où je vivais alors. Je souscris complètement à la réponse formulée par notre ambassadeur à la même question dans l’entretien publié par El Djazaïr.com 
    Quelle image a le peuple cubain du peuple algérien et de son Président Abdelaziz Bouteflika ? 
    RADQ : L’image d’un peuple dévoué, combatif, un peuple frère pour lequel nous ressentons admiration et affection et à qui nous souhaitons bonheur et succès. Le Président Abdelaziz Bouteflika est, pour les Cubains, le dirigeant capable et conséquent de ce peuple et l’une des plus éminentes personnalités du tiers-monde. Je partage évidemment cette appréciation des Cubains. Toutefois, j’aimerai ajouter une note personnelle. Parmi les plus grands privilèges de ma vie, celui d’avoir livré plusieurs batailles diplomatiques aux côtés de Abdelaziz Bouteflika, lorsque j’étais ambassadeur et lui chancelier (ndlr : ministre des Affaires étrangères). Je garde envers lui une immense gratitude parce que j’ai beaucoup appris de sa sagesse et de son engagement, toujours ferme et lucide, à la cause de son peuple et de celles des autres peuples, de sa généreuse amitié. 
    Ricardo Alarcon, vous êtes un homme politique mais aussi professeur de philosophie. Ces deux disciplines ne donnent-elles pas une certaine hauteur à votre vision du monde ? 
    RADQ : Je vous remercie pour le compliment contenu dans votre question. Peut-être que l’un des problèmes majeurs du monde contemporain a à voir avec cette séparation entre les deux disciplines. Dans l’Antiquité, il était fréquent de trouver son efficace conjonction. Avec le développement du capitalisme, à présent globalisé, de nombreux politiques sont tels des acteurs dans un étrange retable où la politique est à chaque fois plus mercantilisée. Ce n’est pas un hasard qu’un grand philosophe autrichien, Hans Kelsen, a averti il y a de cela presque un siècle que la nommée « démocratie représentative » était un dogme occidental, c’est un régime fictif, son essence étant « la fiction de la représentation ». La philosophie est indispensable pour interpréter le monde qui nous entoure et aider à le transformer.
    El Djazair, 1/8/2010
  • Les dessous d’une rengaine

    A chaque supplique de Mohamed VI, pour réclamer notamment la réouverture des frontières au nom de la fraternité maghrébine et du bon voisinage, succède une déclaration incongrue où le roi du Maroc jette l’opprobre sur l’Algérie. Dans son dernier discours à l’occasion de la fête du trône, le souverain alaouite accuse nommément l’Algérie (une habitude) de chercher à «torpiller l’initiative d’autonomie» marocaine que son gouvernement veut imposer en dehors du cadre onusien et auquel il ne se réfère d’ailleurs jamais. Que cacherait donc cette récurrence des attaques frontales de Rabat, que les agences et médias français reprennent systématiquement, à l’adresse de ses voisins algériens ? Avec son ton alarmé, à la fois menaçant et suppliant, ce discours sonne comme un rappel, avant de passer sans doute à un autre style de langage, qu’il a l’habitude de se réserver dans pareils cas pour accentuer la pression et le jeu des chantages, au sujet notamment du Sahara Occidental, qui demeure la clé de voûte. Sur ce point, l’Algérie peut se targuer d’être fidèle à sa ligne de conduite, depuis le déclenchement du conflit en 1975, en appelant à l’application des résolutions des Nations unies sur la question (cf. entretien entre Bouteflika et Kissinger sur WikiLeaks), lesquelles recommandent explicitement l’organisation d’un référendum. Mais au-delà de ce positionnement, le Maroc est visiblement mis à mal par l’échec de toutes les pressions que ses alliés européens tentent d’exercer sur Alger pour l’amener à accepter un «dialogue direct et ouvert » avec Rabat ; un piège que l’on veut tendre à l’Algérie pour lever toute légitimité au combat libérateur des Sahraouis. M. A.