Mois : août 2010

  • Un discours agressif à l’égard de l’Algérie à l’occasion de la fête du trône : Que veut le Maroc ?

    Des «efforts de concertation et de coordination avec les Etats maghrébins frères (…) en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Voilà qui est dit.
    Le roi du Maroc, à l’occasion de la fête du trône, a forcément rappelé une des constantes de la politique internationale marocaine, la question de sa souveraineté territoriale, contestée au niveau international et même auprès de toutes les instances légales dans le monde.
    Mais dans le discours marocain, ce n’est pas un problème de revendication nationale exprimée dans les territoires sous occupation marocaine et violemment matée à chaque occasion par les services de l’ordre du royaume, mais juste une question politique à régler avec le voisin de l’Est, à savoir l’Algérie. Le roi Mohamed VI a dit espérer que l’Algérie «renonce à ses manœuvres désespérées visant à vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud» et dans tout cela, pas un mot sur ceux qui portent les revendications territoriales et avec qui le Maroc a connu plusieurs phases de négociations. Le projet d’autonomie est avant tout dénoncé par les sahraouis et le Front Polisario.
    Il est toutefois intéressant de noter que le discours royal se tient en guise de réponse au message protocolaire adressé par le président Bouteflika au roi du Maroc à l’occasion de cette fête nationale marocaine. Le président algérien avait écrit : «Il m’est agréable, au moment où le peuple marocain frère célèbre le 11e anniversaire de votre intronisation, d’adresser à Votre Majesté, au nom de l’Algérie, gouvernement et peuple, et en mon nom personnel, mes vœux les meilleurs, priant Le Tout-Puissant de vous garder et de vous accorder santé et bien-être pour poursuivre votre glorieuse démarche à édifier le Maroc du progrès, de la prospérité et de la gloire». Ajoutant : «Je tiens à réaffirmer ma ferme détermination à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères et au service de leur prospérité et progrès».
    A l’encontre de l’histoire
    Il est évident que la prospérité et le progrès du Maroc ne passent pas par l’annexion d’un territoire que l’histoire moderne a déterminé comme dépendant de la seule solution que préconiserait la population qui l’habite.
    Certes, accuser l’Algérie d’être l’instigatrice des tensions et l’entité responsable de ce qui se passe au Sahara occidental est particulièrement méprisant pour ces «sujets» pour lesquels on a échafaudé un plan d’autonomie, lui-même aveu que les territoires ne sont sous la souveraineté marocaine que par le jeu du statu quo et le fait accompli installé dans le temps.
    Il est tout de même aberrant d’évoquer la logique de l’histoire lorsqu’on parle du Sahara occidental devenu par la force les provinces du sud, quand ces mêmes provinces étaient à un moment partagées au nom de la même logique historique entre deux pays, le Maroc et la Mauritanie, au sud. La logique de l’histoire voudrait que le Maroc ne revendique plus alors la portion qu’il a admis comme étant partie intégrante du nord de la Mauritanie.
    Ce même entêtement à vouloir défendre une souveraineté facilement contestable sur des territoires revendiqués par ceux-là mêmes qui les habitent, frise le ridicule lorsqu’on sait qu’aucun pays n’a reconnu la dite souveraineté marocaine sur ne serait-ce qu’un centimètre carré du territoire du Sahara occidental. La profusion de drapeaux rouges marqués d’une étoile verte semés au Sahara occidental ne trompe personne. Et puis, qu’est-ce que ce tissu de contradictions politiques et diplomatiques ? A l’occasion de la célébration du 5 juillet, fête de l’indépendance en Algérie, le roi Mohammed VI avait, dans un message adressé au président Bouteflika, appelé à renforcer davantage les relations bilatérales entre le Maroc et l’Algérie. Le roi Mohammed VI évoquait l’œuvre pour le rapprochement et la solidarité entre les deux pays, la complémentarité et l’intégration. Par ailleurs, au moment du décès du frère du président Bouteflika, le royaume s’était distingué en envoyant une importante délégation ministérielle marocaine à Alger pour transmettre un message de condoléances du roi Mohammed VI au Président Bouteflika. Une délégation officielle pour un événement familial qui touche le président algérien, c’est un signe, et qui n’est pas à inscrire dans la même veine que les propos véhéments du souverain marocain à l’égard de l’Algérie dans son discours du trône.
    Le juste rappel du Polisario
    On notera toutefois l’absence de réaction officielle en Algérie aux propos du souverain chérifien. Dans le même temps, le gouvernement de la RASD a rappelé dans un communiqué que «les résolutions de la légalité internationale sont claires vis-à-vis de la question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, et dont la solution réside dans l’application du principe d’autodétermination et du respect des frontières héritées du colonialisme». Rappel utile et qui évite largement les amalgames.
    Les représentants sahraouis ont appelé également l’ONU à ce qu’elle agisse pour accélérer la «mission de décolonisation au Sahara occidental», et permettre ainsi au peuple sahraoui «d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance». L’ONU seul recours aujourd’hui, les autorités sahraouies n’hésitent pas à demander que les Nations unies fassent pression sur le gouvernement marocain pour qu’il respecte la légalité internationale et fasse cesser les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental.
    Discours, réactions, tout cela paraît à la limite dérisoire quand on sait que le simple fait de continuer à affirmer haut et fort que le Maroc ne négociera pas sa souverainement sur les territoires du Sahara occidental, on comprend que la situation de blocage ne peut que perdurer. Les issues stériles des rounds de négociations de Manhasset ne sont finalement que le résultat de cet entêtement à refuser toute discussion sur l’annexion des territoires du Sahara occidental par le Maroc en 1975. De refuser toute évocation du référendum d’autodétermination avec pour option l’indépendance. On se demande alors à quoi peuvent bien servir les négociations qui n’aboutissent à rien si ce n’est à entériner le statu quo. Dans le même temps, on comprend aisément que devant le refus de la communauté internationale d’entériner un fait accompli, le Maroc joue sur le temps. Reste à savoir si le temps est forcément en faveur de la monarchie ?
    Par Amine Esseghir
    Les Débats, 4/8/2010
  • Rabat continue de se cacher derrière la question sahraouie

    Relations algéro-marocaines : Rabat continue de se cacher derrière la question sahraouie
    Au moment où Alger montre une volonté de booster les relations algéro-marocaines, Rabat continue de se cacher derrière la question du Sahara occidental. Et pourtant, le droit d’autonomie pour ce peuple est reconnu par la plus haute institution mondiale, en l’occurrence l’Organisation des Nations unies(ONU).
    Depuis quelque temps, l’anniversaire de l’intronisation du roi Mohamed VI est devenu une occasion pour le souverain marocain d’accuser l’Algérie de chercher à torpiller l’initiative d’autonomie marocaine. Des accusations qui interviennent juste après un message en faveur de la normalisation des relations entre les deux pays adressé par le président de la République,     Abdelaziz Bouteflika.  Dans un message qu’il a adressé à l’occasion du 11e anniversaire de l’intronisation du  souverain marocain, il a affirmé  sa ferme détermination de hisser les relations bilatérales. Le président Bouteflika  dira dans son message : «Il m’est agréable au moment où le peuple marocain frère célèbre le 11e anniversaire de votre intronisation, d’adresser à Votre Majesté, au nom de l’Algérie, gouvernement et peuple, et en mon nom personnel, mes vœux les meilleurs, priant Le Tout- Puissant de vous garder et de vous accorder santé et bien-être pour poursuivre votre glorieuse démarche à édifier le Maroc du progrès, de la prospérité et de la gloire». Avant d’écrire :  «Tout en me joignant à vous en cette heureuse occasion, je tiens à réaffirmer ma ferme détermination à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères au service de leur prospérité et progrès». Sachant que l’Algérie qui tient à sa position portant sur le droit d’autonomie du peuple sahraoui, le président Bouteflika n’a à aucun moment évoqué la question du Sahara occidental dans son message. Mais s’agit-il juste d’une initiative protocolaire ou bien est-ce une volonté d’aller vers l’amélioration de la qualité des relations entre les deux pays ? C’est la question que posent plusieurs observateurs qui suivent le processus de cette relation. Un processus jugé «complexe» et dont  les conséquences touchent  toute la région du Maghreb, notamment la construction de l’union du Maghreb uni bloquée depuis 20 ans. En tout cas, durant la dernière réunion du conseil consultatif abrité par l’Algérie il y a quelques mois, les responsables algériens ont insisté sur la relance de la coopération maghrébine, en particulier économique, tout en dépassant les divergences politiques. Mais qui pourra dépasser l’aspect politique et prendre comme modèle l’union européenne pour améliorer les conditions de vie des citoyens maghrébins ? 
    Les délires de Mohamed VI
    La réponse à cette question n’est pas aussi facile que ça si on revient l’attitude du royaume marocain. Et le discours tenu par Mohamed VI vendredi dernier dans un discours à la nation  à l’occasion de la fête du trône montre que la situation de blocage est toujours d’actualité. En tout cas, le roi marocain n’a pas hésité à accuser l’Algérie «de chercher à torpiller l’initiative d’autonomie marocaine».  Ainsi, la question sahraouie reste un mur de fer que Rabat ne compte pas dépasser et met sur le dos de l’Algérie les conséquences. Mohamed VI accusera l’Algérie d’aller à l’encontre de «la logique historique» dans le dossier du Sahara occidental. Dans ce cadre, il ajoutera que  «le Maroc reste attaché à sa souveraineté sur le Sahara occidental et ne cédera pas un pouce de son Sahara». Selon lui, le Maroc continuera les «efforts de concertation et de coordination avec les Etats maghrébins frères,  en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Ainsi, Rabat veut apparemment isoler l’Algérie du processus maghrébin en se cachant derrière la question sahraouie.  Dans ce contexte, le roi marocain a affiché son souhait que  l’Algérie  renonce à ce qu’il a appelé «ses manœuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud ». Une manière pour le souverain marocain de faire allusion au «projet d’autonomie proposé par Rabat au Sahara occidental». Il est à savoir que ce  projet est rejeté  par le Front Polisario qui tient à arracher  un référendum d’autodétermination.
    Le gouvernement sahraoui dénonce
    Par ailleurs, l’Algérie n’a pas répondu aux «provocations» et « délires» de Rabat,  mais le gouvernement sahraoui a  dénoncé les propos sur le Sahara occidental contenus dans le discours du roi du Maroc.
    Dans un communiqué publié samedi dernier  par le ministère sahraoui de l’Information, rapporté par l’Agence de presse sahraouie (SPS), le gouvernement sahraoui a souligné que le discours du roi du Maroc prononcé à l’occasion de la fête du trône concernant le Sahara occidental «ne dénote d’aucune volonté sincère de coopérer de manière constructive en faveur d’une paix durable et définitive conformément à la légalité internationale».
    Selon la même source, «le discours du roi du Maroc consacre la politique expansionniste marocaine adoptée depuis plus de 35 ans, à même d’attiser le feu de la guerre et des tensions dans la région». A ce titre, le gouvernement sahraoui a déploré  le fait que cette attitude soit la poursuite de l’intransigeance, du non-respect des résolutions des Nations unies et de la violation de la légalité internationale et des droits de l’Homme».
    En outre, il a rappelé que  les résolutions de la légalité internationale «sont claires vis-à-vis de la question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique et dont la solution réside dans l’application du principe d’autodétermination et du respect des frontières héritées du colonialisme». Par ailleurs, le ministère sahraoui de l’Information a appelé le gouvernement marocain à assumer sa responsabilité «quant aux conséquences de cette position». Avant d’inviter  les Nations unies à accélérer sa mission dans la décolonisation du Sahara occidental afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance et de faire pression sur le gouvernement marocain pour l’amener «à respecter la légalité internationale et à cesser ses violations des droits de l’Homme au Sahara occidental».
    La fermeture de la frontière terrestre pénalise  le Maroc
    Il faut dire que le conflit sahraoui reste une carte de  justification utilisée par le Maroc pour rendre plus complexes les relations algéro-marocaines et pourtant, les potentialités d’une coopération fructueuse ne manquent pas entre deux Etats voisins. Mais les messages protocolaires ne sont pas suffisants pour rendre cette relation plus simple et aller vers un développement des relations bilatérales, notamment économiques, sachant que les enjeux de celles-ci sont très importantes. Il est à savoir que Rabat est plus pénalisé que l’Algérie par des pertes économiques  à cause de la  dégradation des relations avec l’Algérie, surtout après la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays depuis 2004. Une décision qui est intervenue  à la suite d’un attentat islamiste à Marrakech, que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. A ce propos, des  experts affirment que «la fermeture des frontières pénalise plus le Maroc que l’Algérie et représente un manque à gagner annuel qui se chiffre en milliards de dollars pour l’économie marocaine.
    Ainsi, le Maroc a toujours montré un acharnement à ouvrir ses frontières surtout que  la situation socioéconomique des Marocains est en dégradation donc il faut bien la justifier  par «la dégradation des  relations avec l’Algérie, notamment sur le plan économique et commercial». A rappeler que l’année dernière,  le roi marocain  avait fustigé ce qu’il a appelé «l’obstination des autorités algériennes à maintenir la fermeture unilatérale des frontières terrestres». Mais Alger  n’a pas répondu à cet appel. Toutefois, l’Algérie a montré sa volonté de booster la coopération économique dans le cadre de l’Union du Maghreb uni.
    Par Nacera  Chenafi 
    Les Débats, 4/8/2010
  • Le président Abdelaziz appelle l’ONU à intervenir pour la libération de trois Sahraouis détenus au Maroc

    Par Ghada HamroucheLe président de la République arabe sahraouie démocratique (RASD), M. Mohamed Abdelaziz, multiplie les appels pour attirer l’attention de la communauté internationale sur la détérioration des droits de l’Homme au Sahara Occidental ainsi que l’état de santé des trois Sahraouis détenus arbitrairement par les autorités d’occupation marocaine. Donc, c’est à partir de Bir Lahlou en territoires libérés que le président saharoui et secrétaire général du Front Polisario a appelé le secrétaire général de l’ONU, M. Ban Ki-moon, à intervenir auprès des autorités marocaines pour la libération de trois détenus politiques sahraouis.  M. Mohamed Abdelaziz, qui a dénoncé «les violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés», a appelé les autorités marocaines à «libérer ou à juger» les trois détenus sahraouis qui attendent d’être jugés par un tribunal militaire depuis octobre dernier à la prison de Salé.  Dans une lettre citée par l’Agence de presse sahraouie (SPS) et reprise par l’Agence de presse algérienne (APS), M. Abdelaziz a sollicité l’intervention urgente de M. Ban Ki-moon pour mettre fin à la détention «arbitraire» de tous les prisonniers sahraouis détenus dans les geôles marocaines. M. Abdelaziz a également rappelé dans sa lettre que les violations des droits de l’Homme dans les territoires sahraouis occupés ont été dénoncées par plusieurs organisations et associations des droits de l’Homme internationales et marocaines à l’instar d’Amnesty International, Human Rights Watch, l’Association marocaine des droits de l’Homme, l’Organisation marocaine des droits de l’Homme et le Forum marocain des droits de l’Homme. M. Abdelaziz a souligné dans sa lettre que les autorités marocaines maintiennent volontairement les prisonniers politiques en détention, estimés à plus de quarante détenus, et ce, en dépit de leur état de santé physique et psychique, «faisant fi des appels pour leur libération et du droit humanitaire international». Le président sahraoui a enfin souligné, dans sa lettre adressée à M. Ban Ki-moon, la nécessité de trouver un mécanisme onusien afin de protéger et contrôler les droits de l’Homme au Sahara Occidental, mettre un terme à l’exploitation des ressources naturelles au Sahara occidental et démanteler le mur de séparation. L’organisation Human Rights Watch avait demandé mardi aux autorités marocaines de libérer les trois militants sahraouis des droits de l’Homme et de leur assurer un procès «juste» et «transparent».  Le président sahraoui avait adressé des lettres similaires au président de la commission de l’Union africaine, le président de la commission de l’ONU pour les droits de l’Homme, le président de la commission africaine des droits de l’Homme et des peuples ainsi qu’aux grandes personnalités et organisations régionales et internationales. Les trois détenus sahraouis avaient été arrêtés avec trois autres accusés à Casablanca à leur retour des camps des réfugiés sahraouis. A noter que trois des six accusés ont bénéficié de la liberté provisoire
  • Destruction de 200 mines dans le Nord de la Mauritanie

    Une unité du Génie de l’armée mauritanienne a déterré et détruit mercredi quelque 200 mines antipersonnel et antichars dans le nord-ouest du pays, a déclaré jeudi le coordinateur du Programme humanitaire de déminage pour le développement, le lieutenant-colonel Aly Ould Mohamed El Hacen.
    Il a indiqué que cette opération vise à sécuriser une ceinture autour de la ligne de chemin de fer qui relie les villes de Nouadhibou et Zouerate par laquelle passent chaque année 10 millions de tonnes de minerais de fer produites par la Société nationale minière (SNIM).
    « La présence de ces mines est un danger constant pour la population de la zone et une réelle entrave aux efforts de développement », déclare, le lieutenant-colonel El Hacen.
    Le Nord de la Mauritanie a été le théâtre d’une guerre, au milieu des années 1970, opposant ce pays au Front Polisario qui lutte pour l’autodétermination au Sahara Occidental dont une partie est encore occupée par le Maroc.
    Pour déminer cette zone, la Mauritanie bénéficie de l’aide des Nations unies.

  • No man’s land ?

    Par Tarik Hamza
    L’intervention française au Mali, aux côtés des troupes mauritaniennes, puis l’assassinat de l’otage français Michel Germaneau, qui s’en est suivi, ont braqué les projecteurs de l’actualité sur la région du Sahel, un immense territoire qui chevauche entre plusieurs pays. Sans être un no man’s land, loin s’en faut, ce vaste territoire ne manque pas d’attirer les convoitises des puissances étrangères, au vu des richesses qu’il recèle.

    Aujourd’hui, on parle de terrorisme et d’El Qaida au Maghreb, et cela justifie tous les dépassements. Dans la réalité, le terrorisme n’est qu’un prétexte et El Qaida est une couverture commode. On a là toute une région où le grand banditisme se livre à toutes sortes de trafics, depuis les cigarettes Marlboro jusqu’au commerce des armes, en passant par la drogue et autres produits.
    Alors que les potentats locaux, qui ont passé des contrats douteux avec les firmes étrangères pour l’exploitation des richesses minières de la région, ont assis leur pouvoir sur la corruption et la répression, les populations locales font face à la misère, aux famines et aux maladies.
    Une grave sécheresse a décimé les troupeaux et plus rien ne pousse sur les sols privés de la moindre goutte d’eau. Il n’y a plus de mil, de riz ni de lait à donner aux enfants, qui souffrent de malnutrition.
    En déclarant la guerre à El Qaida, Nicolas Sarkozy fait mine d’oublier que c’est la misère qui fait le lit de la révolte et qui nourrit les rangs des groupes armés, portés sur les enlèvements et sur tous types de ventes illicites. Cette même misère est la cause de la migration clandestine, qui vient grossir et allumer les banlieues françaises.
    Les solutions proposées par Nicolas Sarkozy de déchoir de leur nationalité certains citoyens français issus de l’immigration comme lui, ou de s’attaquer aux populations du Sahel, ne font que mettre le feu aux poudres, et ne résoudront jamais la quadrature du cercle du phénomène de la violence et de la migration clandestine en provenance du Sahel.
    Il aurait mieux valu consacrer une partie de l’énergie et des moyens mis en œuvre à aider les pays du Sahel à se développer. En effet, seul le développement économique peut aider ces régions du Sahel à sortir de la spirale de la violence dans laquelle le tourbillon de la misère est en train de les attirer inexorablement.
    Bien entendu, peut-on demander à un président de la droite française, plus proche des thèses lepénistes que du devenir de sa propre population des banlieues, de songer à faire le bonheur des gens du Sahel ? C’est presque un non-sens.
    Il reste seulement à espérer que ses gesticulations seront sanctionnées par une bonne partie de l’électorat français, et que son discours droitier sera la cause de son naufrage aux élections présidentielles de 2012. Il n’y a qu’à voir sa descente aux enfers dans les sondages pour comprendre qu’il en sera ainsi, sauf si l’opposition socialiste n’arrive pas à surmonter ses divisions et lui laisse le champ libre pour une fois de plus enfourcher le cheval de bataille de la xénophobie raciale et de la préférence pour les stars du Cac 40, par le biais d’un nouveau bouclier fiscal.
    La Tribune des Lecteurs, 4/8/2010
  • Le Polisario ressuscite Rocher Noir

    C’est la ville de Boumerdès (ex-Rocher Noir) qui a hébergé l’Exécutif du Gouvernement provisoire algérien de Abderrahmane Farès, le (GPRA) en 1962 qui accueille depuis le 3 août l’université d’été organisée au profit de quelque 600 cadres de la Rasd et du Front Polisario.
    Un événement d’une portée symbolique ou un simple signe du destin? Les Sahraouis, en quête d’indépendance, sont sur les traces du premier gouvernement provisoire de l’Algérie indépendante. Le ministre sahraoui de la Justice, Hamada Selma, qui a présidé la cérémonie d’ouverture de cette rencontre, a appelé la communauté internationale à «exercer plus de pression sur le Maroc pour l’amener à se conformer à la légalité internationale afin de permettre au peuple sahraoui l’exercice de son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance».
    (Note de Diaspora Saharaui : Le Sahara Occidental, colonie espagnole jusqu’à 1975 a été envahie par le Maroc après le retrait du colonisateur espagnol)
    L’Expression, 5/8/2010
  • Le Sénat américain réclame un rapport

     Par Massinissa Benlakehal
    Une commission du Sénat américain a appelé le département d’Etat (ministère américain des Affaires étrangères) à établir un rapport sur la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental. La même commission a également souligné la nécessité d’inclure, dans ce même rapport, les mesures prises par l’Etat marocain visant l’amélioration de cette situation durant l’année écoulée, a indiqué, jeudi dernier, la représentative sahraouie à Washington, citée par l’agence de presse sahraouie (SPS). La situation des droits de l’Homme dans les territoires occupés s’est vue, dernièrement, empirer davantage. Elle ne date pas d’aujourd’hui, faut-il le dire. Et pour preuve, la multiplication des agressions à l’égard des délégations de militants sahraouis par les différents services sécuritaires marocains, à leur retour de l’étranger, notamment de l’Algérie. La dernière en date à avoir été agressé était la 6e délégation des militants sahraouis à son retour d’ El Aaiun, après avoir participé aux travaux de la seconde édition de l’université d’été de la jeunesse et des étudiants sahraouis en fin juillet. La population sahraouie, elle non plus, n’est pas épargnée. Elle subit toutes les injures lors des regroupements pour l’accueil des délégations à la ville d’El Aaiun, capitale occupée du Sahara Occidental.Pour justement faire la lumière sur ce qui se passe réellement dans ces territoires, la commission des crédits budgétaires a invité le département d’Etat américain à présenter le rapport dans un délai n’excédant pas 45 jours dans lequel il doit «détailler les pas franchis par le gouvernement marocain durant l’année dernière sur la situation des droits de l’Homme au Sahara Occidental». La commission du Sénat a, par ailleurs, insisté sur la nécessité de mentionner dans ce rapport si l’Etat marocain permet «aux individus de défendre, en toute liberté, leurs opinions sur la situation et l’avenir du Sahara Occidental par le biais de l’exercice de leur droit pacifique d’expression, de constitution d’associations et de consignation des violations des droits de l’homme sans contrainte aucune», a-t-on ajouté de même source. 
  • Un discours agressif à l’égard de l’Algérie à l’occasion de la fête du trône : Que veut le Maroc ?

    Des «efforts de concertation et de coordination avec les Etats maghrébins frères (…) en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Voilà qui est dit.
    Le roi du Maroc, à l’occasion de la fête du trône, a forcément rappelé une des constantes de la politique internationale marocaine, la question de sa souveraineté territoriale, contestée au niveau international et même auprès de toutes les instances légales dans le monde.
    Mais dans le discours marocain, ce n’est pas un problème de revendication nationale exprimée dans les territoires sous occupation marocaine et violemment matée à chaque occasion par les services de l’ordre du royaume, mais juste une question politique à régler avec le voisin de l’Est, à savoir l’Algérie. Le roi Mohamed VI a dit espérer que l’Algérie «renonce à ses manœuvres désespérées visant à vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud» et dans tout cela, pas un mot sur ceux qui portent les revendications territoriales et avec qui le Maroc a connu plusieurs phases de négociations. Le projet d’autonomie est avant tout dénoncé par les sahraouis et le Front Polisario.
    Il est toutefois intéressant de noter que le discours royal se tient en guise de réponse au message protocolaire adressé par le président Bouteflika au roi du Maroc à l’occasion de cette fête nationale marocaine. Le président algérien avait écrit : «Il m’est agréable, au moment où le peuple marocain frère célèbre le 11e anniversaire de votre intronisation, d’adresser à Votre Majesté, au nom de l’Algérie, gouvernement et peuple, et en mon nom personnel, mes vœux les meilleurs, priant Le Tout-Puissant de vous garder et de vous accorder santé et bien-être pour poursuivre votre glorieuse démarche à édifier le Maroc du progrès, de la prospérité et de la gloire». Ajoutant : «Je tiens à réaffirmer ma ferme détermination à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères et au service de leur prospérité et progrès».
    A l’encontre de l’histoire
    Il est évident que la prospérité et le progrès du Maroc ne passent pas par l’annexion d’un territoire que l’histoire moderne a déterminé comme dépendant de la seule solution que préconiserait la population qui l’habite.
    Certes, accuser l’Algérie d’être l’instigatrice des tensions et l’entité responsable de ce qui se passe au Sahara occidental est particulièrement méprisant pour ces «sujets» pour lesquels on a échafaudé un plan d’autonomie, lui-même aveu que les territoires ne sont sous la souveraineté marocaine que par le jeu du statu quo et le fait accompli installé dans le temps.
    Il est tout de même aberrant d’évoquer la logique de l’histoire lorsqu’on parle du Sahara occidental devenu par la force les provinces du sud, quand ces mêmes provinces étaient à un moment partagées au nom de la même logique historique entre deux pays, le Maroc et la Mauritanie, au sud. La logique de l’histoire voudrait que le Maroc ne revendique plus alors la portion qu’il a admis comme étant partie intégrante du nord de la Mauritanie.
    Ce même entêtement à vouloir défendre une souveraineté facilement contestable sur des territoires revendiqués par ceux-là mêmes qui les habitent, frise le ridicule lorsqu’on sait qu’aucun pays n’a reconnu la dite souveraineté marocaine sur ne serait-ce qu’un centimètre carré du territoire du Sahara occidental. La profusion de drapeaux rouges marqués d’une étoile verte semés au Sahara occidental ne trompe personne. Et puis, qu’est-ce que ce tissu de contradictions politiques et diplomatiques ? A l’occasion de la célébration du 5 juillet, fête de l’indépendance en Algérie, le roi Mohammed VI avait, dans un message adressé au président Bouteflika, appelé à renforcer davantage les relations bilatérales entre le Maroc et l’Algérie. Le roi Mohammed VI évoquait l’œuvre pour le rapprochement et la solidarité entre les deux pays, la complémentarité et l’intégration. Par ailleurs, au moment du décès du frère du président Bouteflika, le royaume s’était distingué en envoyant une importante délégation ministérielle marocaine à Alger pour transmettre un message de condoléances du roi Mohammed VI au Président Bouteflika. Une délégation officielle pour un événement familial qui touche le président algérien, c’est un signe, et qui n’est pas à inscrire dans la même veine que les propos véhéments du souverain marocain à l’égard de l’Algérie dans son discours du trône.
    Le juste rappel du Polisario
    On notera toutefois l’absence de réaction officielle en Algérie aux propos du souverain chérifien. Dans le même temps, le gouvernement de la RASD a rappelé dans un communiqué que «les résolutions de la légalité internationale sont claires vis-à-vis de la question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique, et dont la solution réside dans l’application du principe d’autodétermination et du respect des frontières héritées du colonialisme». Rappel utile et qui évite largement les amalgames.
    Les représentants sahraouis ont appelé également l’ONU à ce qu’elle agisse pour accélérer la «mission de décolonisation au Sahara occidental», et permettre ainsi au peuple sahraoui «d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance». L’ONU seul recours aujourd’hui, les autorités sahraouies n’hésitent pas à demander que les Nations unies fassent pression sur le gouvernement marocain pour qu’il respecte la légalité internationale et fasse cesser les violations des droits de l’Homme au Sahara occidental.
    Discours, réactions, tout cela paraît à la limite dérisoire quand on sait que le simple fait de continuer à affirmer haut et fort que le Maroc ne négociera pas sa souverainement sur les territoires du Sahara occidental, on comprend que la situation de blocage ne peut que perdurer. Les issues stériles des rounds de négociations de Manhasset ne sont finalement que le résultat de cet entêtement à refuser toute discussion sur l’annexion des territoires du Sahara occidental par le Maroc en 1975. De refuser toute évocation du référendum d’autodétermination avec pour option l’indépendance. On se demande alors à quoi peuvent bien servir les négociations qui n’aboutissent à rien si ce n’est à entériner le statu quo. Dans le même temps, on comprend aisément que devant le refus de la communauté internationale d’entériner un fait accompli, le Maroc joue sur le temps. Reste à savoir si le temps est forcément en faveur de la monarchie ?
    Par Amine Esseghir
    Les Débats, 4/8/2010
  • L’Algérie gagne la bataille de l’eau face au Maroc

    La décision a été prise suite aux techniques utilisées par la direction de l’hydraulique et qui ont permis de déjouer les plans marocains consistant à puiser de la nappe phréatique située à l’intérieur du territoire algérien. Il faut souligner que les autorités marocaines ont ouvert des chantiers similaires dans le but de priver l’Algérie de ses ressources en eau, situées dans cette zone frontalière. Selon les études effectuées par les services techniques de la direction de l’hydraulique, les Marocains ne pourront plus puiser l’eau de cette nappe phréatique, sachant qu’ils puisaient, déjà, dans la nappe phréatique de Naâma dont la superficie est estimée à 200 km2. Pour faire face à cette situation, le département de Abdelmalek Sellal a entrepris des études en 2008, aboutissant à la réalisation de 53 puits dont la profondeur est de 1 600 mètres. Il n’y a pas d’accord avec le Maroc pour l’exploitation de la nappe de Chott el Gharb (40 millions de mètres cubes). Pour le Sud du pays, il y a le projet de transfert vers les Hauts-Plateaux. 600 millions de mètres cubes seront transférés du nord d’El Goléa vers les Hauts-Plateaux. D’autres transferts sont envisagés de Oued Namous et de Ouargla. Pour l’Algérie, aux dires de ses responsables, le défi majeur est de gagner la bataille de la sécurité alimentaire. Dans ce but, 65 % des capacités en eau sont orientés vers l’agriculture. Un office spécialement destiné à ce défi, l’ONID (Office de l’irrigation et du drainage), va créer des filiales pour mieux gérer l’eau pour l’agriculture. D’autre part, il faut souligner que le transfert des eaux de la bande ouest de la wilaya de Tlemcen, dont les travaux débuteront dans une année, constitue l’un des grands projets stratégiques pour cette région et qui permettra de renforcer les capacités d’approvisionnement de la population. Ainsi, la réalisation de ce projet permettra l’approvisionnement d’un million d’habitants des wilayas de Tlemcen, Sidi Bel-Abbès et Naâma. Cette bonne nouvelle coïncide avec la réelle exploitation du barrage de Boughrara, au même titre que des stations de dessalement de Honaïne et de la zone du lac de Souk El Tenine au nord de la wilaya de Tlemcen qui seront opérationnelles dans les prochains mois, comme celle du barrage Sakkak d’Aïn Youcef. Par ailleurs, il faut souligner que nos voisins marocains puisaient dans un passé récent de nos ressources en eau tout en jetant des eaux usées au barrage de Boughrara. Il faut préciser que l’eau est l’un des points de discorde, de conflits et même de guerre, comme c’est le cas entre Israël et certains pays arabes ou la Turquie et ses voisins, ou même l’Egypte avec les pays situés sur le Nil. En mars 2009, le cinquième Forum mondial de l’eau, tenu à Istanbul en Turquie avait discuté de cette problématique des eaux souterraines ou superficielles partagées par plusieurs pays et dont l’exploitation risque de conduire à des conflits, voire, dans le pire des cas, à des guerres. Il faut rappeler que les ressources en eaux souterraines du Sahara septentrional sont contenues dans deux immenses nappes aquifères qui sont le continental intercalaire (CI) et le complexe terminal (CT). Ce sont des réserves fossiles dont la durabilité dépend de la façon dont elles sont exploitées. L’Algérie, la Tunisie et la Libye sont associées dans le cadre du Système aquifère du Sahara septentrional (SASS), pour contrôler les prélèvements de la nappe phréatique commune à ces trois pays. Le SASS recouvre une superficie de plus d’un million de km2 répartis sur les territoires de l’Algérie, de la Tunisie et de la Libye. La plus grande surface du SASS se trouve en Algérie avec 700 000 km2, suivie de la Libye avec 250 000 km2 et de la Tunisie 80 000 km2. Les réserves d’eau de ce système aquifère sont estimées à 60 000 milliards de m3 dont 40 000 milliards de mètres cubes environ en Algérie. L’Observatoire du Sahel et du Sahara, organisme international, s’occupe de la supervision scientifique du SASS. L. A. Voir sur Internet ..

  • Rabat continue de se cacher derrière la question sahraouie

    Relations algéro-marocaines : Rabat continue de se cacher derrière la question sahraouie
    Au moment où Alger montre une volonté de booster les relations algéro-marocaines, Rabat continue de se cacher derrière la question du Sahara occidental. Et pourtant, le droit d’autonomie pour ce peuple est reconnu par la plus haute institution mondiale, en l’occurrence l’Organisation des Nations unies(ONU).
    Depuis quelque temps, l’anniversaire de l’intronisation du roi Mohamed VI est devenu une occasion pour le souverain marocain d’accuser l’Algérie de chercher à torpiller l’initiative d’autonomie marocaine. Des accusations qui interviennent juste après un message en faveur de la normalisation des relations entre les deux pays adressé par le président de la République,     Abdelaziz Bouteflika.  Dans un message qu’il a adressé à l’occasion du 11e anniversaire de l’intronisation du  souverain marocain, il a affirmé  sa ferme détermination de hisser les relations bilatérales. Le président Bouteflika  dira dans son message : «Il m’est agréable au moment où le peuple marocain frère célèbre le 11e anniversaire de votre intronisation, d’adresser à Votre Majesté, au nom de l’Algérie, gouvernement et peuple, et en mon nom personnel, mes vœux les meilleurs, priant Le Tout- Puissant de vous garder et de vous accorder santé et bien-être pour poursuivre votre glorieuse démarche à édifier le Maroc du progrès, de la prospérité et de la gloire». Avant d’écrire :  «Tout en me joignant à vous en cette heureuse occasion, je tiens à réaffirmer ma ferme détermination à hisser les relations bilatérales et à raffermir les liens de fraternité et de bon voisinage qui unissent nos deux peuples frères au service de leur prospérité et progrès». Sachant que l’Algérie qui tient à sa position portant sur le droit d’autonomie du peuple sahraoui, le président Bouteflika n’a à aucun moment évoqué la question du Sahara occidental dans son message. Mais s’agit-il juste d’une initiative protocolaire ou bien est-ce une volonté d’aller vers l’amélioration de la qualité des relations entre les deux pays ? C’est la question que posent plusieurs observateurs qui suivent le processus de cette relation. Un processus jugé «complexe» et dont  les conséquences touchent  toute la région du Maghreb, notamment la construction de l’union du Maghreb uni bloquée depuis 20 ans. En tout cas, durant la dernière réunion du conseil consultatif abrité par l’Algérie il y a quelques mois, les responsables algériens ont insisté sur la relance de la coopération maghrébine, en particulier économique, tout en dépassant les divergences politiques. Mais qui pourra dépasser l’aspect politique et prendre comme modèle l’union européenne pour améliorer les conditions de vie des citoyens maghrébins ? 
    Les délires de Mohamed VI
    La réponse à cette question n’est pas aussi facile que ça si on revient l’attitude du royaume marocain. Et le discours tenu par Mohamed VI vendredi dernier dans un discours à la nation  à l’occasion de la fête du trône montre que la situation de blocage est toujours d’actualité. En tout cas, le roi marocain n’a pas hésité à accuser l’Algérie «de chercher à torpiller l’initiative d’autonomie marocaine».  Ainsi, la question sahraouie reste un mur de fer que Rabat ne compte pas dépasser et met sur le dos de l’Algérie les conséquences. Mohamed VI accusera l’Algérie d’aller à l’encontre de «la logique historique» dans le dossier du Sahara occidental. Dans ce cadre, il ajoutera que  «le Maroc reste attaché à sa souveraineté sur le Sahara occidental et ne cédera pas un pouce de son Sahara». Selon lui, le Maroc continuera les «efforts de concertation et de coordination avec les Etats maghrébins frères,  en attendant que l’Algérie cesse de contrarier la logique de l’histoire, de la géographie, de la légitimité et de la légalité au sujet du Sahara marocain». Ainsi, Rabat veut apparemment isoler l’Algérie du processus maghrébin en se cachant derrière la question sahraouie.  Dans ce contexte, le roi marocain a affiché son souhait que  l’Algérie  renonce à ce qu’il a appelé «ses manœuvres désespérées visant vainement à torpiller la dynamique enclenchée par notre initiative d’autonomie pour nos provinces du sud ». Une manière pour le souverain marocain de faire allusion au «projet d’autonomie proposé par Rabat au Sahara occidental». Il est à savoir que ce  projet est rejeté  par le Front Polisario qui tient à arracher  un référendum d’autodétermination.
    Le gouvernement sahraoui dénonce
    Par ailleurs, l’Algérie n’a pas répondu aux «provocations» et « délires» de Rabat,  mais le gouvernement sahraoui a  dénoncé les propos sur le Sahara occidental contenus dans le discours du roi du Maroc.
    Dans un communiqué publié samedi dernier  par le ministère sahraoui de l’Information, rapporté par l’Agence de presse sahraouie (SPS), le gouvernement sahraoui a souligné que le discours du roi du Maroc prononcé à l’occasion de la fête du trône concernant le Sahara occidental «ne dénote d’aucune volonté sincère de coopérer de manière constructive en faveur d’une paix durable et définitive conformément à la légalité internationale».
    Selon la même source, «le discours du roi du Maroc consacre la politique expansionniste marocaine adoptée depuis plus de 35 ans, à même d’attiser le feu de la guerre et des tensions dans la région». A ce titre, le gouvernement sahraoui a déploré  le fait que cette attitude soit la poursuite de l’intransigeance, du non-respect des résolutions des Nations unies et de la violation de la légalité internationale et des droits de l’Homme».
    En outre, il a rappelé que  les résolutions de la légalité internationale «sont claires vis-à-vis de la question du Sahara occidental, dernière colonie en Afrique et dont la solution réside dans l’application du principe d’autodétermination et du respect des frontières héritées du colonialisme». Par ailleurs, le ministère sahraoui de l’Information a appelé le gouvernement marocain à assumer sa responsabilité «quant aux conséquences de cette position». Avant d’inviter  les Nations unies à accélérer sa mission dans la décolonisation du Sahara occidental afin de permettre au peuple sahraoui d’exercer son droit inaliénable à l’autodétermination et à l’indépendance et de faire pression sur le gouvernement marocain pour l’amener «à respecter la légalité internationale et à cesser ses violations des droits de l’Homme au Sahara occidental».
    La fermeture de la frontière terrestre pénalise  le Maroc
    Il faut dire que le conflit sahraoui reste une carte de  justification utilisée par le Maroc pour rendre plus complexes les relations algéro-marocaines et pourtant, les potentialités d’une coopération fructueuse ne manquent pas entre deux Etats voisins. Mais les messages protocolaires ne sont pas suffisants pour rendre cette relation plus simple et aller vers un développement des relations bilatérales, notamment économiques, sachant que les enjeux de celles-ci sont très importantes. Il est à savoir que Rabat est plus pénalisé que l’Algérie par des pertes économiques  à cause de la  dégradation des relations avec l’Algérie, surtout après la fermeture des frontières terrestres entre les deux pays depuis 2004. Une décision qui est intervenue  à la suite d’un attentat islamiste à Marrakech, que Rabat avait imputé aux services secrets algériens. A ce propos, des  experts affirment que «la fermeture des frontières pénalise plus le Maroc que l’Algérie et représente un manque à gagner annuel qui se chiffre en milliards de dollars pour l’économie marocaine.
    Ainsi, le Maroc a toujours montré un acharnement à ouvrir ses frontières surtout que  la situation socioéconomique des Marocains est en dégradation donc il faut bien la justifier  par «la dégradation des  relations avec l’Algérie, notamment sur le plan économique et commercial». A rappeler que l’année dernière,  le roi marocain  avait fustigé ce qu’il a appelé «l’obstination des autorités algériennes à maintenir la fermeture unilatérale des frontières terrestres». Mais Alger  n’a pas répondu à cet appel. Toutefois, l’Algérie a montré sa volonté de booster la coopération économique dans le cadre de l’Union du Maghreb uni.
    Par Nacera  Chenafi 
    Les Débats, 4/8/2010