Mois : août 2010

  • Un marocain vendeur de drogue se livre aux services de securité

    Par : Samih. B / V. F. Hakim Benyahia

    La commune de Ouled Mimoune, sise à de 35 km à l’est de la wilaya de Tlemcen, a vécu le week-end dernier un incident bizzar. En effet, un jeune Marocain s’est rendu aux services de la gendarmerie nationale, sachant qu’il était dans un état lamentable, portant des vêtements sales, une barbe mal taillée et des cheveux touffus.
    Tout le monde le prenait pour un terroriste qui voulait se livrer, surtout qu’il s’est directement dirigé vers la brigade de la gendarmerie nationale du centre ville. Les investigations menées par la gendarmerie nationale de la daïra de « Ouled Mimoune » ont révélé que le jeune était de nationalité Marocaine, venu en Algérie de manière clandestine. Ce jeune homme avait en sa possession 10 gr de kif traité de très bonne qualité. Les aveux du jeune homme arrêté, dont le nom n’a pas été révélé, ont été très surprenants. En effet, ce jeune homme a affirmé qu’il travaillait dans un champ pour la culture de la drogue au Maroc, mais il a été menacé de mort par le baron qui l’employait, après avoir découvert qu’il lui volait de petites quantités de la drogue et les revendait aux consommateurs. Se voyant hanté par une peur terrible, ce jeune n’a rien trouvé de mieux que de fuir vers l’Algérie pour rester en vie, surtout que la mort l’accueillerait au Maroc si jamais il venait à y retourner. Le jeune homme était blessé, affirmant que les barrons de la drogue mettent des « Signes » sur les corps de leurs employés afin de les avoir dans leur coté pour toute la vie. Les agriculteurs refusent d’être recrutés par peur de la réaction des barrons de la drogue, qui monopolisent de grandes régions au nord du royaume marocain où « aucune voix ne s’élève que les siennes »
    Le jeune marocain sera présenté devant le tribunal d’Ouled Mimoun, accusé d’immigration clandestine et de possession de drogue.

  • Sahara : Rabat passe à la vitesse supérieure

    Même si c’est un scénario périodique auquel les autorités marocaines nous ont habitués, les évènements des derniers jours ont un signe clair d’escalade. Les espagnols sont unanimes : Derrière les agissements marocains il y a un objectif précis qui n’a rien à voir avec les plaintes officielles du gouvernement marocain et cet objectif est lié à la question du Sahara Occidental. Pour l’opinion publique espagnole, le voyage du ministre de l’intérieur espagnol à Rabat vise à calmer les responsables marocains qui n’occultent pas leur malaise quant à l’évolution du conflit du Sahara. 
    L’Espagne, en tant que dernière puissance colonisatrice a toujours défendu que la solution du conflit passe par le référendum, une position qui a changé avec l’arrivée de Zapatero au pouvoir, même si la diplomatie espagnole n’a pas encore donné le pas définitif voulu par le Maroc. 
    Mohamed VI, à l’instar de son père, manipule les conflits pour mettre de l’ordre à l’intérieur de son pays. Même s’il sait que Ceuta et Melilla n’ont jamais été espagnoles, dans le cas du Sahara, il l’occupe par la force et considère que le temps joue en sa faveur et n’a pas l’intention de céder tant qu’il croit au chantage et à la provocation. 
    Avec l’expulsion d’Aminatou Haidar, les relations hispano-marocaines ont changé. Malgré le communiqué franco-espagnol dans lequel Madrid et Paris reconnaissent que la loi marocaine gère le territoire sahraoui, une déclaration de la Secrétaire d’Organisation du PSOE affirmant que le parti socialiste espagnol n’a pas changé d’opinion sur le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui ne pouvait pas passer inaperçu à Rabat qui fait du dossier sahraoui la cause de son existence. « Le communiqué approuvé avec d’autres pays, ne signifie pas la reconnaissance de la souveraineté du Maroc sur le Sahara Occidental », avait précisé Pajin. Le Maroc a dû encaisser ces déclarations en plus du retour d’Aminatou à sa ville natale. 
    Une fois passée la tempête Haidar, Mohamed VI n’a pas attendu pour sa vengeance. Déjà, au mois de mai dernier, Abbas El Fassi avait demandé devant le parlement un dialogue sur les enclaves espagnoles. Madrid n’a pas réagi. Rabat passe alors à la vitesse supérieure en faisant recours à des méthodes qui relèvent quasiment du terrorisme : blocage de la frontière avec Melilla, provocation verbale et physique, insultes aux femmes policières, etc. Des provocations que le Maroc n’aurait jamais osé faire avec la France, le pays qui défend depuis le début l’annexion sauvage du Sahara Occidental par le Maroc et le génocide du peuple sahraoui. 
    L’opinion publique espagnole est unanime : Les agissements du gouvernement marocain visent à serrer l’étau sur l’Espagne pour voir ce qu’il peut obtenir. Une vieille stratégie qui a permis à Hassan II d’avancer dans la direction qui lui convenait le plus. Des fois, c’est la question des eaux territoriales et les accords de pêche, des fois l’immigration ou les relations avec l’Europe, mais à chaque fois il y avait un objectif fondamental pour la monarchie : la stabilité interne pour inculquer du patriotisme dans la population marocaine. Il n’y a rien de plus que rincer un ennemi extérieur et soulever des revendications inatteignables pour faire que les marocaines oublient la corruption du régime, les violations des droits de l’homme, le manque de liberté publiques, la liberté de presse… et ainsi ignorer les tentations des intégristes. Personne n’ignore que tout ce qui touche aux poins sensibles dans les relations hispano-marocaines vient du palais. Chaque geste marocain est un message envoyé. 

  • La «rahma» du roi plane sur El Aaiun

    Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun

    El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental occupé, continue d’être le théâtre d’une sauvage répression des populations sahraouies. Une autre fois, les forces de l’ordre chargent brutalement les manifestants et violent et saccagent leurs domiciles. La ville est prise ces jours-ci dans un cycle manifestation-répression qui coûte à chaque round beaucoup de blessés aux manifestants. La trouvaille du makhzen, c’est de charger des policiers en civils d’aller bastonner les manifestants dans le quartier de Maatallah, devenu l’arène privilégiée des heurts. On fait habiller les policiers en civil lorsqu’il s’agit de faire le sale boulot pour ne pas charger plus que ça l’image d’une police déjà assez flétrie. Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun. La répression marocaine nécessite plus de discrétion maintenant que Rabat a le statut avancé de l’UE et que l’Organisation européenne l’a invitée publiquement à s’améliorer sur la question des droits de l’homme. Donc, ce sont des « civils » qui firent usage d’arme blanche contre M. Mokhtar Akhnabella, un vieillard de 61 ans, qui a vu son domicile violé, sa porte d’entrée brûlée et ses affaires et meubles vandalisés. Une autre provocation declencha samedi dernier un autre rassemblement pacifique à Maatallah. Les manifestants drapeaux – sahraouis et non pas marocains – en main, demandaient comme toujours, le départ de l’occupant et l’application d’une consultation référendaire au Sahara occidental. Une demande aussi ancienne que simple, mais que le trône redoute encore, bien qu’on ne cesse d’affirmer, ces derniers temps à Rabat, que les populations sahraouies sont acquises au trône. Or, tout le monde sait que la majorité des Sahraouis occupés et l’ensemble des Sahraouis « séquestrés » ne sont pas du tout des royalistes amateurs de baisemain, mais bien des républicains. Autant sinon plus que l’admirable Nadia Yassine. Et l’expérience a démontré que la répression et les violences ne peuvent y changer grand-chose.
    M. Z. (Mohamed_zaaf@yahoo.fr )
    Le Jeune Indépendant, 17/8/2010

  • La «rahma» du roi plane sur El Aaiun

    Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun

    El-Ayoun, la capitale du Sahara occidental occupé, continue d’être le théâtre d’une sauvage répression des populations sahraouies. Une autre fois, les forces de l’ordre chargent brutalement les manifestants et violent et saccagent leurs domiciles. La ville est prise ces jours-ci dans un cycle manifestation-répression qui coûte à chaque round beaucoup de blessés aux manifestants. La trouvaille du makhzen, c’est de charger des policiers en civils d’aller bastonner les manifestants dans le quartier de Maatallah, devenu l’arène privilégiée des heurts. On fait habiller les policiers en civil lorsqu’il s’agit de faire le sale boulot pour ne pas charger plus que ça l’image d’une police déjà assez flétrie. Il est quand même gênant pour Rabat de pleurnicher sur des impairs qu’aurait commis la police espagnole à Melilla contre des ressortissants marocains de retour au pays et de laisser libre cours aux instincts de sa propre police à El-Ayoun. La répression marocaine nécessite plus de discrétion maintenant que Rabat a le statut avancé de l’UE et que l’Organisation européenne l’a invitée publiquement à s’améliorer sur la question des droits de l’homme. Donc, ce sont des « civils » qui firent usage d’arme blanche contre M. Mokhtar Akhnabella, un vieillard de 61 ans, qui a vu son domicile violé, sa porte d’entrée brûlée et ses affaires et meubles vandalisés. Une autre provocation declencha samedi dernier un autre rassemblement pacifique à Maatallah. Les manifestants drapeaux – sahraouis et non pas marocains – en main, demandaient comme toujours, le départ de l’occupant et l’application d’une consultation référendaire au Sahara occidental. Une demande aussi ancienne que simple, mais que le trône redoute encore, bien qu’on ne cesse d’affirmer, ces derniers temps à Rabat, que les populations sahraouies sont acquises au trône. Or, tout le monde sait que la majorité des Sahraouis occupés et l’ensemble des Sahraouis « séquestrés » ne sont pas du tout des royalistes amateurs de baisemain, mais bien des républicains. Autant sinon plus que l’admirable Nadia Yassine. Et l’expérience a démontré que la répression et les violences ne peuvent y changer grand-chose.
    M. Z. (Mohamed_zaaf@yahoo.fr )
    Le Jeune Indépendant, 17/8/2010

  • Le CRS appelle les pays donateurs à accélérer l’acheminement d’aides humanitaires aux réfugiés sahraouis

    Chahid El Hafed (camps de réfugiés), 16/08/2010 (SPS) Le Croissant Rouge sahraoui (CRS) a appelé dimanche les pays donateurs et les organisations internationales compétentes pour accélérer l’acheminement d’aide alimentaire aux réfugiés sahraouis, selon le président du CRS, Bouhoubeini Yahya, dans une déclaration rendue publique dimanche par la radio algérienne. 
    M. Bouhoubeini, a indiqué que les conditions humanitaires sont difficiles dans les camps de réfugiés notamment au cours du mois sacré du Ramadan, en plus des graves pénuries dans certaines matières de base, notamment le lait et les dattes. 
    Plus de 30.000 familles sont en besoin urgent d’aide alimentaire, alors que des milliers d’enfants et de femmes souffrent d’anémie et de malnutrition en raison du manque d’aide alimentaire. (SPS) 
    Les réfugiés sahraouis ont fui en 1975 la sauvage agression par le Maroc du Sahara Occidental. Depuis, ils sont organisées près de la ville de Tindouf, su sud-ouest algérien.
  • Espagne – Maroc : les vents chauds du Sahara

    Les prétextes marocains pour faire pression sur l’Espagne s’enchaînent depuis les temps peu glorieux de la tristement célèbre Marche Verte dans lesquels Hassan II et ses alliés avaient profité de l’agonie du Général Franco pour envahir le Sahara Occidental. L’objectif principal de tous les agissements du Makhzen est de consolider ses positions au Sahara Occidental. 
    Même s’il a trouvé dans le gouvernement de Zapatero un allié fidèle pour faire valoir sa proposition d’autonomie pour le Sahara Occidental, qui attend toujours un référendum d’autodétermination depuis 1975, l’épisode de la militante sahraouie Aminatou Haidar a blessé l’égo des deux figures principales du gouvernement espagnol : Zapatero et Moratinos. Pour le Maroc, contrairement à la France et les Etats-Unis, l’Espagne n’avait aucun poids. 
    Ceuta et Melilla constituent deux formidables manœuvres de distraction et deux excellents moyens pour tendre la corde de temps à autre. L’année passée, le scénario marocain, bien ourdi dans les coulisses du pouvoir, propagea la rumeur selon laquelle, avec une perfidie ancestrale, les occupants espagnols sont en train de construire une grande base navale à Ceuta, à deux pas du nouveau port militaire marocain de Ksar Sghir, qui sera opérationnel dans deux ans. 
    Aujourd’hui, nouveau scénario : les marocains sont maltraités par la police espagnole. Ces évènements arrivent trois mois après l’intervention du Premier Ministre marocain Abbas El Fassi devant le parlement demandant l’Espagne d’initier un dialogue sur l’avenir de Ceuta et Melilla « occupées ». 
    Le Maroc est aussi prié par l’Union Européenne d’apporter des preuves confirmant que la population sahraouie bénéficie de l’argent rapporté par l’accord de pêche qui expire au mois de mars 2011. Et apparemment, les autorités marocaines n’ont pas l’intention de répondre à la demande européenne. 
    Cela arrive aussi à quelques mois de la proposition du transfuge sahraoui Ahmeddou Souilem ambassadeur du Maroc en Espagne. L’Espagne a exprimé sa réticence, les espagnols ne voyaient pas de quoi ils pouvaient parler avec lui avec tous les contentieux sur table. 
    L’Espagne, 36 ans après l’avoir lâchement quitté, n’est pas épargnée par les vents chauds qui soufflent de son ancienne colonie. C’est un fait que le gouvernement espagnol n’osera jamais reconnaître.

  • Le CRS appelle les pays donateurs à accélérer l’acheminement d’aides humanitaires aux réfugiés sahraouis

    Chahid El Hafed (camps de réfugiés), 16/08/2010 (SPS) Le Croissant Rouge sahraoui (CRS) a appelé dimanche les pays donateurs et les organisations internationales compétentes pour accélérer l’acheminement d’aide alimentaire aux réfugiés sahraouis, selon le président du CRS, Bouhoubeini Yahya, dans une déclaration rendue publique dimanche par la radio algérienne. 
    M. Bouhoubeini, a indiqué que les conditions humanitaires sont difficiles dans les camps de réfugiés notamment au cours du mois sacré du Ramadan, en plus des graves pénuries dans certaines matières de base, notamment le lait et les dattes. 
    Plus de 30.000 familles sont en besoin urgent d’aide alimentaire, alors que des milliers d’enfants et de femmes souffrent d’anémie et de malnutrition en raison du manque d’aide alimentaire. (SPS) 
    Les réfugiés sahraouis ont fui en 1975 la sauvage agression par le Maroc du Sahara Occidental. Depuis, ils sont organisées près de la ville de Tindouf, su sud-ouest algérien.
  • Espagne – Maroc : les vents chauds du Sahara

    Les prétextes marocains pour faire pression sur l’Espagne s’enchaînent depuis les temps peu glorieux de la tristement célèbre Marche Verte dans lesquels Hassan II et ses alliés avaient profité de l’agonie du Général Franco pour envahir le Sahara Occidental. L’objectif principal de tous les agissements du Makhzen est de consolider ses positions au Sahara Occidental. 
    Même s’il a trouvé dans le gouvernement de Zapatero un allié fidèle pour faire valoir sa proposition d’autonomie pour le Sahara Occidental, qui attend toujours un référendum d’autodétermination depuis 1975, l’épisode de la militante sahraouie Aminatou Haidar a blessé l’égo des deux figures principales du gouvernement espagnol : Zapatero et Moratinos. Pour le Maroc, contrairement à la France et les Etats-Unis, l’Espagne n’avait aucun poids. 
    Ceuta et Melilla constituent deux formidables manœuvres de distraction et deux excellents moyens pour tendre la corde de temps à autre. L’année passée, le scénario marocain, bien ourdi dans les coulisses du pouvoir, propagea la rumeur selon laquelle, avec une perfidie ancestrale, les occupants espagnols sont en train de construire une grande base navale à Ceuta, à deux pas du nouveau port militaire marocain de Ksar Sghir, qui sera opérationnel dans deux ans. 
    Aujourd’hui, nouveau scénario : les marocains sont maltraités par la police espagnole. Ces évènements arrivent trois mois après l’intervention du Premier Ministre marocain Abbas El Fassi devant le parlement demandant l’Espagne d’initier un dialogue sur l’avenir de Ceuta et Melilla « occupées ». 
    Le Maroc est aussi prié par l’Union Européenne d’apporter des preuves confirmant que la population sahraouie bénéficie de l’argent rapporté par l’accord de pêche qui expire au mois de mars 2011. Et apparemment, les autorités marocaines n’ont pas l’intention de répondre à la demande européenne. 
    Cela arrive aussi à quelques mois de la proposition du transfuge sahraoui Ahmeddou Souilem ambassadeur du Maroc en Espagne. L’Espagne a exprimé sa réticence, les espagnols ne voyaient pas de quoi ils pouvaient parler avec lui avec tous les contentieux sur table. 
    L’Espagne, 36 ans après l’avoir lâchement quitté, n’est pas épargnée par les vents chauds qui soufflent de son ancienne colonie. C’est un fait que le gouvernement espagnol n’osera jamais reconnaître.

  • Un 14 juillet révélateur (I)

    Le 1er août 1960, la France conservait encore une partie de ses conquêtes territoriales en Afrique. Dix-sept jours plus tard, la grande France coloniale était réduite en cendres, suite à la naissance, en deux semaines, de huit nouveaux pays, qui ces jours-ci fêtent leur indépendance. C’était le bouillonnement qui annonçait la fin d’une époque… ou peut-être pas ? GuinGuinBali entame une série de trois chapitres à travers laquelle elle effleure les relations épineuses entre la France et ses ex-colonies durant les cinquante dernières années. L’Afrique est-elle vraiment libre ?
    Il y a trois semaines, Paris fêtait son 14 juillet. Cette année ont défilé, sous une pluie persistante et invités par le Président Sarkozy, les troupes de 13 pays africains, en commémoration de leurs 50 années d’indépendance. L’image surprenante, qui a fait le tour du monde et causé l’indignation de la plupart des Africains, a été celle des leaders africains avec le Président français. Comme disait dernièrement Alain Pierre, “ceux qui furent exploités le célèbrent dans la maison de l’intrus”.
    Le jeune Sénégalais Ndiawar Seck, leader du groupe musical Chapa Choly, a son opinion propre à ce sujet. “Presque tous étaient là-bas avec le président français. Il y avait des criminels, des assassins, des corrompus”, affirme-t-il. Entre autres se trouvait Idriss Déby (Tchad, 20 ans à la barre d’un pays noyé dans la guerre et la corruption), Blaise Compaoré (Burkina Faso, 23 ans comme président après avoir assassiné son prédécesseur), Paul Biya (Cameroun, 18 ans à la présidence), Faure Gnassingbé (Togo, 5 ans au pouvoir, ajoutés au 25 de son père) et Abdoulaye Wade (Sénégal, 10 ans au pouvoir, et en train de préparer le chemin de la relève à son fils Karim).
    Mais ce qui plus offense et dérange Seck, tout comme beaucoup de jeunes, c’est l’image de la soumission des leaders africains qui, à son sens, ne représentent pas le continent. “L’Afrique n’a pas besoin d’aide, mais de liberté ; elle n’a pas besoin de coopérants, mais de présidents qui croient en elle”, a dit Seck. “Pourquoi allons-nous oublier le passé colonial, si ce qu’ont vécu nos grands-parents nous le vivons aussi, mais autrement ? Nous pouvons pardonner, mais pas oublier”, ajoute-t-il.
    Le 1er août 1960, la France conservait toujours une bonne partie de ses colonies en Afrique. Seulement 17 jours plus tard, elle les avait perdues presque toutes. Nous fêtons désormais le 50e anniversaire de ces deux semaines qui ont secoué ce continent. En ces deux semaines, huit colonies se sont déclarées indépendantes de Paris pour naître en huit nouveaux pays : le Bénin, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la République Centrafricaine, la République du Congo et le Gabon.
    Les colonies restantes sont tombées dans les mois suivants. Maintenant, la question que tout le monde se pose, celle que se posent Alain Pierre, Ndiawar Seck et tant d’autres, est la suivante : “Ont-ils vraiment atteint l’indépendance ?” Et la réponse n’est pas du tout claire. “On ne peut pas parler d’indépendance si aujourd’hui nos jeunes meurent en pleine mer pour arriver en Europe”, rétorque Seck.
    Il y a une infinité de données qui révèlent que la France exerce toujours un poids et une influence décisives sur la majeure partie de ses ex-territoires d’Outre-mer, ce qui n’est pas le cas pour d’autres ex-puissances coloniales. Seul le fait que ces pays fonctionnent toujours avec une monnaie – le Franc CFA – dont les réserves sont gardées à Paris, nous donne une idée du fonctionnement des choses. Cette monnaie, née en 1945 et baptisée Franc des Colonies Françaises, existe toujours et survit, de nos jours, dans 14 pays africains (12 ex-colonies françaises, plus la Guinée Équatoriale et la Guinée Bissau).
    Actuellement, le CFA maintient un type de change fixe par rapport à l’Euro, monnaie par rapport à laquelle il est évalué, depuis que le Franc Français n’existe plus. C’est le Trésor français qui garantit sa convertibilité et c’est là aussi où l’on garde 65 % de ses réserves. En contrepartie, les autorités françaises participent à la définition de la politique monétaire des deux zones de la France (Ouest et Centre), où est en vigueur le franc CFA. Est-ce ça l’indépendance ?
    Ce contrôle économique n’est que la face la plus visible de ce qui a été dénommé Françafrique. Ce terme a d’abord été adopté par le président de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, en 1955, pour faire appel à la relation privilégiée entre la France et ses colonies. Dans son discours, ce mot portait un sens positif.
    Cependant, le fondateur de l’ONG française Survie, François-Xavier Verschave, lui a donné un sens tout à fait différent dans son livre La Françafrique, Le plus long scandale de la République (Stock, 1998), dans lequel il définissait la Françafrique comme “la criminalité secrète existant entre les hautes sphères de l’économie et de la politique françaises, où se cache une espèce de République sous-terraine.
    Guiguinbali, 8/8/2010
  • Un 14 juillet révélateur (I)

    Le 1er août 1960, la France conservait encore une partie de ses conquêtes territoriales en Afrique. Dix-sept jours plus tard, la grande France coloniale était réduite en cendres, suite à la naissance, en deux semaines, de huit nouveaux pays, qui ces jours-ci fêtent leur indépendance. C’était le bouillonnement qui annonçait la fin d’une époque… ou peut-être pas ? GuinGuinBali entame une série de trois chapitres à travers laquelle elle effleure les relations épineuses entre la France et ses ex-colonies durant les cinquante dernières années. L’Afrique est-elle vraiment libre ?
    Il y a trois semaines, Paris fêtait son 14 juillet. Cette année ont défilé, sous une pluie persistante et invités par le Président Sarkozy, les troupes de 13 pays africains, en commémoration de leurs 50 années d’indépendance. L’image surprenante, qui a fait le tour du monde et causé l’indignation de la plupart des Africains, a été celle des leaders africains avec le Président français. Comme disait dernièrement Alain Pierre, “ceux qui furent exploités le célèbrent dans la maison de l’intrus”.
    Le jeune Sénégalais Ndiawar Seck, leader du groupe musical Chapa Choly, a son opinion propre à ce sujet. “Presque tous étaient là-bas avec le président français. Il y avait des criminels, des assassins, des corrompus”, affirme-t-il. Entre autres se trouvait Idriss Déby (Tchad, 20 ans à la barre d’un pays noyé dans la guerre et la corruption), Blaise Compaoré (Burkina Faso, 23 ans comme président après avoir assassiné son prédécesseur), Paul Biya (Cameroun, 18 ans à la présidence), Faure Gnassingbé (Togo, 5 ans au pouvoir, ajoutés au 25 de son père) et Abdoulaye Wade (Sénégal, 10 ans au pouvoir, et en train de préparer le chemin de la relève à son fils Karim).
    Mais ce qui plus offense et dérange Seck, tout comme beaucoup de jeunes, c’est l’image de la soumission des leaders africains qui, à son sens, ne représentent pas le continent. “L’Afrique n’a pas besoin d’aide, mais de liberté ; elle n’a pas besoin de coopérants, mais de présidents qui croient en elle”, a dit Seck. “Pourquoi allons-nous oublier le passé colonial, si ce qu’ont vécu nos grands-parents nous le vivons aussi, mais autrement ? Nous pouvons pardonner, mais pas oublier”, ajoute-t-il.
    Le 1er août 1960, la France conservait toujours une bonne partie de ses colonies en Afrique. Seulement 17 jours plus tard, elle les avait perdues presque toutes. Nous fêtons désormais le 50e anniversaire de ces deux semaines qui ont secoué ce continent. En ces deux semaines, huit colonies se sont déclarées indépendantes de Paris pour naître en huit nouveaux pays : le Bénin, le Niger, le Burkina Faso, la Côte d’Ivoire, le Tchad, la République Centrafricaine, la République du Congo et le Gabon.
    Les colonies restantes sont tombées dans les mois suivants. Maintenant, la question que tout le monde se pose, celle que se posent Alain Pierre, Ndiawar Seck et tant d’autres, est la suivante : “Ont-ils vraiment atteint l’indépendance ?” Et la réponse n’est pas du tout claire. “On ne peut pas parler d’indépendance si aujourd’hui nos jeunes meurent en pleine mer pour arriver en Europe”, rétorque Seck.
    Il y a une infinité de données qui révèlent que la France exerce toujours un poids et une influence décisives sur la majeure partie de ses ex-territoires d’Outre-mer, ce qui n’est pas le cas pour d’autres ex-puissances coloniales. Seul le fait que ces pays fonctionnent toujours avec une monnaie – le Franc CFA – dont les réserves sont gardées à Paris, nous donne une idée du fonctionnement des choses. Cette monnaie, née en 1945 et baptisée Franc des Colonies Françaises, existe toujours et survit, de nos jours, dans 14 pays africains (12 ex-colonies françaises, plus la Guinée Équatoriale et la Guinée Bissau).
    Actuellement, le CFA maintient un type de change fixe par rapport à l’Euro, monnaie par rapport à laquelle il est évalué, depuis que le Franc Français n’existe plus. C’est le Trésor français qui garantit sa convertibilité et c’est là aussi où l’on garde 65 % de ses réserves. En contrepartie, les autorités françaises participent à la définition de la politique monétaire des deux zones de la France (Ouest et Centre), où est en vigueur le franc CFA. Est-ce ça l’indépendance ?
    Ce contrôle économique n’est que la face la plus visible de ce qui a été dénommé Françafrique. Ce terme a d’abord été adopté par le président de Côte d’Ivoire, Félix Houphouët-Boigny, en 1955, pour faire appel à la relation privilégiée entre la France et ses colonies. Dans son discours, ce mot portait un sens positif.
    Cependant, le fondateur de l’ONG française Survie, François-Xavier Verschave, lui a donné un sens tout à fait différent dans son livre La Françafrique, Le plus long scandale de la République (Stock, 1998), dans lequel il définissait la Françafrique comme “la criminalité secrète existant entre les hautes sphères de l’économie et de la politique françaises, où se cache une espèce de République sous-terraine.
    Guiguinbali, 8/8/2010